Vous êtes-vous déjà demandé comment Molly Weasley avait-elle continué de vivre alors qu'un de ses fils avait trouvé la mort durant la bataille finale ?
Le lendemain, elle vivait sur la pente de ses émotions. Les lumières étaient vives. L'effervescence était de mise.
Puis, un jour, deux jours. Et le troisième jour, Molly se sentait grasse, aspirée par la gravité. Aspirée comme une poupée disgracieuse.
Aujourd'hui vous êtes une petite grosse.
Cela arrive.
Vous avez pourtant cette impression parfois que tous vos muscles saillent rien qu'en marchant, le corps tendu en arc lorsque vous paraissez grande et élancée.
Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, vous êtes une petite grosse.
Comme une bouée de sauvetage, une grosse bouée dans l'eau saline qui dérive dans un univers saturé et lourd.
Il y a l'humidité sur vos joues qui les font se durcir, la zone autour des yeux aussi, soumise à des picotements d'aiguille, le dos avachi et les jambes en spaghettis.
Aujourd'hui votre ventre fait grève mais manger est une option qui figure en tête de liste.
Aujourd'hui, vous creusez l'envie à défaut de la silhouette.
Il est de ces jours quand tout vous échappe des mains pour une raison mystérieuse, quand le monde des objets se ligue contre vous, quand l'administration vous met sur liste noire.
Il est de ces jours gris, quand une pluie invisible vous fouette de part et d'autre, quand l'amertume reste malgré les sucreries ingérées.
Et pourtant, ce corps paraît si lourd que même une blague récurrente ne vous rend pas le sourire. Sourire que l'on retrouve cimenté dans ce parpaing qu'est la face : à peine deux trous par lesquels s'écoule le surplus de matière.
La peau a la consistance de la brique, rêche, sèche.
De la folie, on en retiendra aucune mèche.
Pas de mèche folle donc, pas de grandiloquence, ni d'évolution en fusée.
Rien que l'estomac lourd qui serre la culotte de cheval.
Le gras appelle le gras. Et la fatigue des échecs.
Bien à vous,
Camille
