Hello les louloups !

Je reviens avec une une nouvelle fic. J'ai mis le temps pour me décidé à la poster pour plusieurs raisons. Déjà parce que je ne savais pas comment gérer mes warnings entre tout vous délivrer au départ ou y aller chapitre par chapitre. Je me suis finalement décider pour l'option deux après plusieurs discussions mais bref... C'est pas très important.

Comme je l'avais annoncé il y a maintenant un an. C'est une histoire à la deuxième personne du singulier. Donc qui implique personnellement le lecteur.

Pour ne pas changer les bonnes vieilles habitude. Encore une fic qui dérange donc ici je vous le dis: Pour le sujet et pour la personne employer, si vous êtes sensible passez votre chemin. Et surtout lisez bien les warnings en début de chaque chapitre parce qu'ils changent.

La correction et relecture sur cette histoire à été effectué par Amalko et Zephire que je remercie chaleureusement pour leur contribution et patiente.

WARNING: POV Stiles. Réécriture de la saison 5. Syndrome de choc post traumatique. Tentative de meurtre. Meurtre par auto-défense.

Sur ce, et si vous décider de plonger dans l'aventure: bonne lecture!


Chapitre 1

Tu veux te réveiller


Liam te suit dans un silence presque religieux. Les quelques instants passés à discuter avec Théo t'ont vraiment semblé étranges et tu n'arrives pas à savoir pourquoi. Le mot étrange te semble même faible tant tu n'arrives pas à décrire l'état dans lequel tu t'es trouvé. Tu sais déjà que tu trouveras un autre moment pour le confondre. Il essaie trop de brouiller les pistes et tu sais, tu sais qu'il a beaucoup de choses à cacher. Quand tu arrives à la Jeep, Scott est là, et ton cœur fait un bond. Tu n'arrives même pas à savoir si c'est de colère ou de honte. Peut-être les deux. Tu n'aimes pas ce regard désolé qu'il a quand il vous voit arriver.

_ Tu as trouvé quelque chose ? te demande-t-il et le ton qu'il emploie te rappelle ton père quand il essaie de te faire comprendre que tu as merdé.

_ Nope !

Tu n'as pas envie de parler et tu rentres dans la Jeep sans un regard de plus pour ton meilleur ami.

_ Je suis tombé dans un trou, essaie Liam pour détendre l'atmosphère.

Peut-être que si tu n'étais pas aussi énervé, tu aurais trouvé ça amusant ou même adorable de sa part de vouloir esquiver la dispute de papa et maman, mais tu te retiens tout juste de balancer une réplique acerbe parce que le gosse n'y ait pour rien si Scott ne veut rien comprendre.

_ C'est le pont où sa sœur est morte, n'est-ce pas ?

Scott n'a pas non plus relevé le commentaire de Liam et s'est tout simplement approché de toi. Tu sais ce qu'il essaie de faire. Tu le connais bien. Alors... tu essaies de lui couper l'herbe sous le pied.

_ Oui. C'était très embarrassant, maintenant on s'en va.

Tu mets les clés dans le contact, mais une fois de plus ta voiture refuse de démarrer. Tu as l'impression que tout est contre toi ce soir. Tes mains tremblent.

_ Bordel...

Tu sors de l'habitacle et Scott reste sur tes talons. Tu aimerais lui hurler dessus. Il ne comprend pas. Il n'était pas là, avec vous, quand Théo vous a fait son grand numéro. Tu essaies de te raccrocher aux branches et te concentres sur la seule personne qui t'écoute encore un peu :

_ Liam. Tu peux monter dans la voiture et allumer le contact quand je te le dis ?

Le gosse ne cherche même pas à discuter. Il sent la tension palpable entre vous et préfère rester en dehors de ça. Il prend ta place et tu ouvres le capot du vieux tas de ferraille de ta mère. Tu attrapes le rouleau de scotch gris : la plus belle invention de cette foutue planète après les battes en aluminium. Tu y vas à tâtons. Trop perturbé par la présence de Scott à tes côtés. Tu espères un instant qu'il va lâcher l'affaire et respecter le fait que tu ne veuilles pas parler de ta paranoïa. Mais tu le connais vraiment par cœur.

_ Stiles ?

Ton corps se tend. Tu ne veux pas parler.

_ Une seconde, murmures-tu en essayant de te concentrer sur tes maigres connaissances en mécanique. Essaie ! cries-tu à l'intention de Liam. C'est inutile. Tu le sais. Mais tu es énervé.

_ Stiles, recommence Scott.

Tu craques.

_ Oui ! D'accord ? On l'a suivi. Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Que je suis fou ? Complètement parano ? On le sait !

Tu ne voulais pas crier comme ça. Et tu détestes ce que tu lis dans ses yeux. L'incompréhension. La déception. Tu secoues la tête. Et préfères ne pas penser à la façon dont toute cette conversation est en train de te filer entre les doigts. Tu as peur. Tu vois bien que Scott ne comprend pas, mais tu n'arrives pas à lui expliquer parce que même toi, tu ne comprends pas.

_ Tu ne lui laisses même pas le bénéfice du doute ?

Le bénéfice du doute. Ça commence vraiment à t'énerver, à croire qu'il te prend pour un con. Tu es fils de shérif. Tu sais tout ce qu'i savoir sur la loi, comment en faire ton alliée et comment la contourner.

_ Je laisse le bénéfice du doute aux gens, j'ai laissé beaucoup de bénéfice du doute. Souvent.

_ Comme avec Derek ? Kira ? Liam ?

Il a tort. Jamais avec Derek, Kira ou Liam les choses n'ont été aussi viscérales. Même si tu ne peux pas nier que tu préfères te méfier à défaut de laisser rentrer de parfaits inconnus dans ton cercle. C'est encore une fois dû à ton éducation. Les heures passées au poste avec ton père et ses collègues ne t'ont certainement pas aidé à avoir foi en l'humanité, mais c'est pire depuis l'épisode Nogitsune. Et ça, il ne peut pas le comprendre. Lui, il a toujours vu sa mère sauver des vies, lutter pour faire de son mieux. Même s'il a vu la mort et la douleur, il a vu l'espoir et la vie. Lui n'a jamais vu que le vice. La pourriture.

_ Pour Peter, j'avais raison, rétorques-tu faiblement.

Tu ne parles pas de Matt ou de Julia. Tu veux juste partir.

_ Réessaie, lances-tu à l'intention de Liam avant de te tourner vers Scott, furieux. Tu sais, je suis sûr que tu penses qu'il doit encore avoir quelque chose de bon en lui.

Parce que c'est ce que fait Scott. Il voit toujours le meilleur chez tout le monde. Le potentiel. Et c'est exactement pour cette raison qu'il t'a pardonné pour Allison. Parce qu'il ne voit pas le vide en toi.

_ Peut-être.

_ Bon Dieu...

Tu as envie de rire, de pleurer et de hurler à la fois. Tellement prévisible.

_ Réessaie ! cries-tu plus que de raison à Liam.

_ Tu fais confiance à personne, te reproche alors Scott.

Ton sang ne fait qu'un tour. Toute cette rage que tu tentais de retenir depuis tout à l'heure explose :

_ Et toi, à tout le monde !

C'est le son sale que fait ta main contre la ferraille qui te fait réaliser que tu viens de cogner. La douleur est cuisante, mais tu ne veux rien laisser paraître.

_ Est-ce que ça va ? s'inquiète ton meilleur ami.

_ Bien, grognes-tu.

Il sent le mensonge.

_ C'est cassé ! décide-t-il.

_ C'est pas cassé...

Tu commences à regretter de te disputer avec lui. Tu sais bien que le problème vient de toi. Que les rouages de ta caboche ne fonctionnent pas droit et tu aimerais être aussi optimiste que lui, tu as déjà essayé, derrière toutes ces couches de sarcasme et d'humour noir, mais tu n'es pas Scott, tu ne seras jamais Scott.

_ Montre-moi.

Tu as envie de le faire, tu as vraiment mal, et tu ne sais pas vraiment d'où vient cette envie soudaine de dormir et de le laisser faire à ta place. Tu as l'impression que cette douleur te fait du bien. Elle te réveille.

_ Je vais bien.

Ce n'est plus de la fierté mal placée ou de la colère. La culpabilité revient au galop. Tu voudrais être tout petit et disparaître. Mais il insiste :

_ Montre-moi.

Et tu cèdes. Parce que tu as besoin de lâcher. Tu voudrais t'endormir, mais ce n'est pas assez. Il manque quelque chose. La douleur s'efface doucement, c'est la première fois qu'il l'utilise sur toi. Tu es surpris de voir comme il est facile de bouger ta main et tu n'arrives pas à sortir le merci qui brûle tes lèvres. Tu aimerais lui dire que tu aurais aimé être normal et le meilleur ami qu'il aurait mérité, mais la Jeep choisit ce moment pour répondre présente et sa lumière filtre l'humidité croissante de la nuit.


OoO


Ce n'était peut-être pas le meilleur moment pour remettre le couvert. Tu sais que ce que tu es en train de faire est dangereux et très certainement stupide. Tu sais que si Scott l'apprend, ça va empirer cette tension qu'il y a entre vous depuis la rentrée. Peut-être que tu aurais dû emmener quelqu'un avec toi. Pour tout avouer, tu n'as pas vraiment réfléchi. Mais il faut que tu saches. Tu n'arrives pas à te défaire de la tête que Théo est un imposteur. Que ses « parents » sont des imposteurs. Tu ne te souviens pas dans les détails de leurs physiques, mais tu penses être capable de les reconnaître.

L'occasion est trop belle. Tu as entendu Théo dire à Corey qu'il allait passer la soirée au cinéma avec Esther. Tu gares la Jeep deux rues plus bas et tu fais le chemin à pied jusqu'à la maison Raeken. Tu regrettes un peu que ce ne soit pas la maison de son enfance. En fouillant un peu, tu aurais peut-être pu trouver des choses intéressantes. Mais les nouveaux propriétaires ont refusé de te laisser entrer. Alors tu te rabats sur la seule piste qu'il te reste.

Tu n'as pas vraiment de plan.

La seule chose que tu espères, c'est de pouvoir les apercevoir même si Théo t'ouvre la porte à leur place. Tu arrives sur le perron et déjà, la porte s'ouvre. Tu te figes alors que la silhouette de Théo se dessine devant toi. Tu ne sais pas trop à quoi tu t'attendais, ce gars a l'air de toujours savoir où tu es, ce que tu vas faire et ce que tu penses. Il est là, calme, avec son sourire, ce sourire que tu trouves affreusement faux. Tu as envie de l'arracher et cette sensation revient.

_ Stiles... Quel plaisir. Que me vaut ta présence ?

Merde. Tu as totalement oublié de trouver une bonne excuse quant à ta présence ici. Ta bouche s'ouvre et tu aimerais que les mots sortent, mais tout reste bloqué. Il est toujours là, ses yeux calculateurs et son sourire ravi. Tu te sens étrange. Étrange n'est pas assez fort. Tu n'arrives pas à savoir si tu te sens bien ou mal et ta tête tourne un peu. Envie de fuir et de te réconforter dans la chaleur. Tu as froid. Tu te sens vide... Le loup-garou face à toi semble inquiet. Son sourire a disparu et il commence à faire quelques pas vers toi.

Pourquoi es-tu venu seul ? Tu ne sais plus.

Tu as l'impression que tu pourrais hurler s'il s'approche encore, mais ton corps s'est transformé en pierre. Le vide est là et tout te semble froid. Froid. Humide. Tu as presque l'impression de devenir fou quand un épais brouillard commence à napper tes pieds. Tu sais que c'est irrationnel. Tu sais que c'est dans ta tête. Que ce n'est pas ici. Mais tes membres sont fébriles. Tu es trop lourd. Trop raide. Tu te fais avaler. Respirer est impossible.

Tu te noies.

_ STILES !

Tu te rappelles. Ton corps se rappelle. L'air arrive, trop vite, trop fort, trop. Trop. Trop.

C'est douloureux. Tes poumons brûlent et tout ton corps te fait mal. Comme si quelqu'un l'avait tanné pendant des heures. Être sur le dos est soudain insupportable et tu te tournes sur le côté pour pouvoir tousser, cracher, tu t'es noyé. Tu as encore cette impression vive sur la peau. Ça court sur toi et tu peux presque sentir les griffes acérées, le rire bas et mauvais. Ses dents contre ta nuque.

Morell avait dit que ça arriverait.

Tu réalises soudain que tu es allongé sur un canapé. Théo te tient et t'aide à te stabiliser. Tu as chaud contre lui. Chaleur de loup. Tu as presque envie de rire. Les frissons sont pourtant encore bien présents. Comme l'envie de vomir et de t'enfuir. Ta tête tourne et tu gémis d'inconfort, mais tu respires et c'est tellement rassurant que tu ne penses même pas au fait que tu es dans les bras de Théo.

_ Ça va mieux ?

_ Ouais... je crois, croasses-tu en te redressant.

La pièce tangue. Pourquoi tu es à l'intérieur ? Tu ne voulais pas rentrer. Ton cœur bat étrangement. Comme embourbé dans de la mélasse, tu l'entends trop. Tu as l'impression d'entendre un sifflement étrange dans tes oreilles, un train qui freine. Tu entends un train et le crissement devient de plus en plus strident.

Tu vomis.

Tu ne l'as pas senti arriver, mais ça ne dure pas. Tu n'avais rien dans l'estomac de toute façon. Le goût de la bile reste trop présent sur ta langue et l'odeur dans ton nez, mais les sueurs se calment, les frissons s'éloignent et la chaleur revient.

_ Je be sens bieux, gémis-tu, le nez pris.

Tu rêverais d'un mouchoir.

Théo rit et tu ne comprends pas trop pourquoi quand il est pourtant évident que tu viens de gâcher sa soirée. Il se déloge du canapé et va chercher de quoi nettoyer dans la cuisine. Tu ouvres un œil quand tu entends le son du verre contre la table basse. Il a déposé une boîte de mouchoirs et de l'eau. Tu attrapes le tout, un peu gêné, un peu reconnaissant. Surtout quand le gars nettoie tes dégâts. Tu grimaces quand tu te mouches et regardes le verre d'eau bizarrement. Tu n'es pas sûr d'avoir très envie de le porter à ta bouche. Ta méfiance revient au pas de course. Alors tu préfères le reposer et t'enfoncer dans le cuir vieilli du canapé.

_ Tes parents ne sont pas là ?

_ Partis au restaurant. C'est la première fois que mon père s'autorise une sortie depuis qu'il s'est fracturé la main.

Fracture. Pourquoi tout ça sonne trop facile ? Pourquoi te donner cette information ? Il ne te regarde pas, trop occupé. Tu sais qu'il ment, tu le sens.

_ Hmm, je crois que je vais rentrer.

_ Ouais ? Tu ne m'as même pas dit pourquoi tu étais venu.

À quoi bon trouver une excuse ? Tu as maintenant la certitude que tu ne trouveras rien de probant sur la seule piste viable qui te restait. Fracture. Tu as presque envie de rire. Peut-être qu'avec un peu de chance tu pourrais convaincre Melissa de te laisser regarder son dossier médical, mais c'est encore une fois prendre trop de risques par rapport à Scott et ce connard le sait.

_ C'est sans importance. On verra ça plus tard, je me sens encore bizarre.

_ Je vais te ramener

Plutôt mourir.

_ Non, je crois que Parrish fait encore des rondes dans le quartier, je vais l'appeler.

Tu te lèves doucement. Le sol tangue encore un peu, mais tu t'en fous. La seule chose qui t'importe c'est de pouvoir partir d'ici. Cette maison te donne des frissons.

_ Stiles ?

Tu déglutis alors que ta main est posée sur la porte. Tu as presque envie de faire comme si tu n'avais rien entendu, mais vous êtes seul dans un silence mortel. Tu te retournes donc vers lui, toujours appuyé contre la porte. Prêt à partir.

_ Ouais ?

_ J'aimerais te prouver que tu peux me faire confiance, tu sais ?

Tu le regardes. Il a presque l'air sincère, mais ce sentiment dans ta poitrine ne veut pas te quitter. Traître. Imposteur. Monstre... Tu secoues la tête et quittes les lieux sans un mot de plus.


OoO


Tu regardes Malia partir et tu te laisses retomber sur le lit. Elle te reproche d'être bizarre depuis quelques semaines. De ne rien lui dire. Comment lui dire ? Tes yeux s'égarent sur la « Louve du désert » pas tout à fait effacé. Tu aimerais qu'elle ait abandonné, mais quelque chose en toi souffle que c'est encore une illusion. Un faux-semblant. Elle cherche à t'éloigner. Tu as peur. Tu ne sais pas ce qui va lui arriver. Tu ne peux plus rien contrôler. Et tu ris. Quelle hypocrite.

Mais… Tu l'aimes cette hypocrite, et peut-être que tu réussirais à mettre des mots sur ce que tu pressens, si tu n'avais pas si peur de la voir te regarder comme Scott le fait depuis quelques mois. Tu ne veux pas qu'elle sache à quel point Théo te fait peur. Tu veux pouvoir la protéger des monstres.

Tu ne sais pas quoi faire.

Tu te sens tellement impuissant.

Pauvre, pauvre petit humain.

Tu finis par t'enrouler dans tes couvertures. Tu veux dormir et oublier. Oublier le sang partout sur le sol de la station de police. Oublier Lydia, allongée près du bureau de ton père, transpirante et pleine de sang. Oublier que Kira n'arrivait pas à obstruer la plaie, que Théo a dû utiliser sa ceinture, que Lydia avait mal. Tu veux oublier la terreur. Tu veux oublier que Scott avait besoin de toi et que tu n'y arrivais pas. Parce que Lydia ressemblait trop à Allison ce soir-là.

Et tu la vois encore.

Elle est là, devant toi.

Tu sais que tu es en train de faire une paralysie du sommeil. Tu sais que tu t'es juste endormi à ton bureau. Tu sais que rien de tout ça n'est réel. Tu sais. Tu sais. Mais ça n'empêche rien.

Tu as froid.

Tu es gelé.

Tu es assis sur ton fauteuil, les pieds nus sur le parquet. Mais tu ne vois pas le sol. Tu vois Allison. Couchée et tremblante, entourée d'un épais manteau de brouillard. Tu vois le sang qui s'écoule de son abdomen et tu l'entends résonner quand il tombe dans l'eau.

L'eau.

Avec quoi remplit-on du vide ?

Tu la sens sur tes pieds. Le sol est humide. Et le goutte-à-goutte continu. Tu n'arrives pas à bouger. Tu es incapable de bouger le moindre doigt et l'eau monte.

Tu réalises alors qu'elle va engloutir Allison, la faire disparaître et tout te semble faux. Tu ne veux pas qu'elle disparaisse. Tu ne veux pas que Scott soit triste.

Scott.

Il pleure. Tu le sens, tu le sais et les gouttes deviennent plus nombreuses. Tu sens ses griffes sur toi. Son souffle sur ta nuque et son rire bas. Il te contrôle comme un pantin. Il t'oblige.

Tu sens ses mains sur ton corps.

Scott pleure. C'est de ta faute.

Avec quoi remplit-on du vide ?

L'eau monte... et tu te noies.

L'eau te fait peur, mais ses caresses rassurantes te donnent encore plus froid. Tu ne veux pas être un pantin. Tu ne veux pas être spectateur. Tu ne veux pas être tueur.

Ton souffle se transforme en buée, en humidité.

Tu as froid.

Tu te noies.

Regarde-la.

Vois comme tu aimes ça.

Tes yeux s'ouvrent. Le cri dans ta gorge est bloqué. Les larmes ont trempé ton oreiller. Ce n'est pas grave. Ton père n'est pas là. Personne ne le saura. Tu te redresses dans ton lit. Tu te passes une main sur le visage avant de t'ébouriffer les cheveux. Tu as encore froid. Tu as transpiré et la température de la pièce te glace. Tes pieds sont gelés.

Tu vas dans la salle de bain. C'est difficile. Tes pieds sont vraiment froids. Mais tu parviens à faire bouger tes jambes et à te couler dans la baignoire.

Ce n'était qu'un rêve.

Ce n'était qu'un rêve.

Docteur Morell avait dit que ça arriverait.

L'eau est chaude et ça te fait du bien. Tu te sens petit et enfant. Tu rêves de t'endormir. De retrouver ta mère.

Tu veux dormir.

Dormir

Dormir...


OoO


Vous êtes tous en train de faire des recherches dans les livres de mythologie du lycée depuis des heures et tu n'arrives déjà plus à te concentrer. Les mots se mélangent dans ta tête et plus rien n'a de sens. Les lettres se brouillent, bougent et tu secoues la tête plusieurs fois pour parvenir à te concentrer. Tu finis par écouter Malia et Kira qui discutent doucement de voiture et de conduite. Tu te rends alors compte que ça fait un moment que tu n'as pas réellement pris de temps pour ta petite-amie. Tu ne sais même pas comment se sont déroulées ses heures de conduites. Depuis que tu lui as montré de quoi était capable sa mère, vous ne vous voyez presque plus. Elle ne reste plus dormir chez toi comme avant et tu ne sais même pas si tu dois te sentir mal ou soulagé vis-à-vis de ça. Plus rien n'a vraiment de sens en ce moment.

Docteur Morell a dit que ça arriverait.

_ Stiles ?

Tu te tournes vers Scott et t'aperçois que les filles ne sont plus là. Tu regardes autour de toi, mais ne les trouves nulle part. Avec tout ça, tu en oublies de répondre à Scott.

_ Ça va ?

Pourquoi est-il toujours inquiet ? Cette façon qu'il a de te materner t'agace des fois. C'est à toi de le protéger.

_ Hmm. Où sont les filles ?

_ Elles sont parties aux toilettes.

Tu as soudain envie de lui parler. De lui demander. Est-ce que tu as le droit ? Après ce que tu as fait ? Est-ce que c'est une chose dont vous pouvez discuter ? Tu hésites. Tes ongles sont contre tes dents avant que tu ne saches pourquoi tu stresses. Les yeux vides d'Allison sont encore inscrits dans ta psyché. Ton dernier rêve est resté trop vivace.

Allison... tu ne sais pas pourquoi, mais tu commences à te demander si Scott a le même problème que toi depuis la mort d'Allison. Tu te penches un peu vers lui, ouvres la bouche, mais tu te ravises. Il te sourit alors tu te dis que tu peux lui demander. Sauf que tu réalises que vous n'avez jamais vraiment parlé de ça. Alors tu refermes la bouche. Tu te rencognes dans ton siège et tu griffonnes n'importe quoi sur ta feuille pour donner le change. Tu espères qu'il mettra ça sur le compte de ton excentricité habituelle, mais Scott te connaît bien :

_ Tu voulais me dire quelque chose que Malia ne doit pas savoir ?

Tu relèves la tête, assez surpris et tu te mets à rougir, tu as trop honte.

_ Ouais... euh, non, rien, oublie, bégaies-tu en secouant la tête.

Mais c'est sans compter sur Scott qui insiste en cherchant ton regard :

_ Que se passe-t-il ?

_ C'est... c'est pas vraiment... c'est un peu gênant, éludes-tu en faisant mine de lire pour la sixième fois de la journée la description des Wendigos.

_ C'est Malia ?

_ Non ! Oui... peut-être, j'en sais rien... est-ce que, est-ce que ça t'est déjà arrivé de... tu sais... pas y arriver ?

Scott secoue la tête, le regard plein de questions à peine formulées, visiblement complètement largué.

_ Tu sais...

Tu essaies de lui faire comprendre en regardant alternativement vers le bas et le visage de Scott jusqu'à ce qu'il fasse le rapprochement. Hors de question que tu lui dises frontalement. Pas pour ça.

_ Ho ! Oh ! Le...

_ Oui !

_ Eumh oui, oui, c'est déjà arrivé, c'est... le stress. Ah moins que... Tu y arrivais avant ?

_ Oui, enfin... on peut pas dire que ce soit arrivé souvent, Eichen House n'est pas vraiment l'endroit où tu as envie de perdre ta carte V pour être honnête et j'ai mis du temps après... le, tu sais...

_ Ouais...

Un silence gêné et pesant commençait doucement à filtrer l'air quand Scott continua :

_ Qu'est-ce qui a changé ?

_ J'en sais rien, trouver une fac, je suppose ?

_ C'est une question ?

Stiles haussa les épaules.

_ J'en sais rien, j'aimerais que ce soit la fac, ce serait facile, normal. Et j'ai pas envie d'accepter l'éventualité que ce soit le surnaturel... parce que si c'est le cas, j'ai pas vraiment de solution, tu vois ?

Scott te fait ce regard plein de peine et de compréhension. Et tu te rappelles que si vos vies ont tant changé depuis deux ans et demi... c'est entièrement ta faute. Tu mérites ce qui est en train de se produire.

_ Je suis sûr que ce n'est pas si grave que ça.

Tu souris. Tu aimerais tant qu'il ne s'inquiète plus, qu'il n'ait plus à s'occuper de tout le monde. Et tu penses que... peut-être, dormir serait plus simple. Plus libérateur.

_ Ouais, ok, ouais... Scott ?

_ Mmh ?

_ Tu dis rien à Malia.

Tu sais que c'est stupide de lui dire, qu'il ne te trahira pas, surtout pas sur quelque chose d'aussi intime, mais tu ne peux pas t'en empêcher. Tes notions de l'intime sont faussées depuis que tu as eu quelqu'un d'autre dans ton corps.

_ J'en avais pas l'intention.

Il ne te regarde plus. Il s'est remis à prendre des notes, mais tu souris parce qu'il n'y en a pas deux comme lui.

_ Bon à savoir.

Il redresse la tête, te sourit doucement. Tu te laisses prendre et lui rends malgré toi. Ca t'avait manqué. Rien que cette réalisation te choque. Le moment est pourtant rompu par la vibration tonitruante du téléphone de Scott contre le bureau sur lequel vous travaillez tous depuis des heures. Scott l'attrape avant que qui que ce soit se plaigne du bruit et décroche précipitamment en chuchotant :

_ Oui Mam ?

Tu ne comprends pas ce que Melissa dit au téléphone, mais la tête de Scott s'est assombrie en un mélange d'inquiétude et de perplexité plutôt préoccupant. Il ne répond plus que par des onomatopées et tu sais qu'il va bientôt décoller pour se rendre à l'hôpital, parce qu'il a sa tête des mauvaises nouvelles. Il se tourne vers toi tout en raccrochant et il n'a pas le temps d'ouvrir plus la bouche que tu lui coupes l'herbe sous le pied :

_ Va, on va continuer de chercher sans toi.

_ Je prends Kira avec moi, je te tiens au courant le plus vite possible.

Et tu sais qu'il va le faire. Il le fait toujours. Tu le regardes se précipiter dans les escaliers et tu soupires. Ces recherches te minent, il n'y a rien à découvrir de nouveau et percer ce mystère n'est pas aussi exaltant sans ton acolyte de toujours. Il te semble loin le temps où vous braviez le monde sans loi ni peur.

_ Ça ne va pas ? te demande Malia.

Tu la regardes et tu te demandes si tu peux lui parler de tes rêves. Elle qui n'a pas tellement connu Allison. Mais tu te ravises au dernier moment.

_ Oui. Tout va bien. Je suis juste fatigué de relire cent fois les mêmes choses.

Elle te fait une grimace compatissante et se rassoit avec toi. Tu ne comptes même plus les heures que vous passez à tenter de recouper vos informations pour découvrir l'identité de la nouvelle chimère, mais tu te sens glisser lentement dans le sommeil et même si tu ne devrais pas, parce que tes rêves sont toujours mauvais et désagréables, la fatigue te rattrape. Tu crois entendre Malia te parler de façon lointaine, mais tu n'es pas sûr. Tout ce que tu sais, tout ce que tu sens, ce sont ces griffes acérées qui entourent ta taille. Tu entends des bruits de pas feutrés et tu voudrais lui crier de rester, mais la seule chose qui reste c'est ce froid humide et glacial qui t'entoure, comme un épais brouillard qui voudrait t'avaler et tu as peur.

Tu entends un sanglot.

Le cri que tu pousses te réveille.

La respiration difficile, des sueurs froides le long du dos, tu regardes autour de toi. La nuit est tombée, les lieux sont vides. Tu as envie de pester contre la bibliothécaire qui n'a même pas pris le temps de te réveiller et tu ramasses difficilement ta carcasse à la sortie du lycée. Tu te traînes jusqu'à ta jeep, ça te fait un peu bizarre de la voir là, si imposante dans ce parking si noir et vide. Avec des gestes las, tu l'ouvres et t'installes devant le volant, mais à peine as-tu mis le contact que la voiture émet un vrombissement étouffé avant de clapoter et claquer bruyamment. Un gros nuage de fumée s'échappe de sous le capot et ta tête s'échoue sur le volant de dépit. Tu ris, tu es à bout. Cette voiture est une des rares choses qui te reste de ta mère et elle est en train de te lâcher. Tu ris deux fois plus et te mets peu à peu à pleurer. C'est trop injuste. Ta vie n'est plus qu'une vaste blague à tes yeux et tu commences à avoir froid, là, seul dans l'habitacle. Tu essuies tes yeux nerveusement et sors précipitamment pour aller ouvrir le capot. La fumée t'aveugle. Elle te brûle la gorge. Tu ne penses que trop tard à te protéger, tes poumons crient pour de l'air et tu tousses.

La voiture continue de fumer un peu, mais tu y vois plus clair. Tu ne sais pas trop d'où vient le problème alors tu prends le scotch et y vas un peu à l'aveugle. À force de tout rafistoler, tu espères la refaire démarrer. Tu as le sentiment de bien faire, qu'elle va repartir après ça, que ce n'était pas grand-chose.

Si tu n'étais pas si concentré peut-être que tu aurais entendu les pas, mais il est trop tard quand tu sens les doigts se poser sur ton épaule. Tu n'as pas le temps de te retourner que tu sens tes chairs arrachées, dévorées. La douleur est si vive que le cri que tu pousses ne semble plus prendre fin et résonne dans tes oreilles. Tu veux te soustraire à cette douleur, mais ton assaillant te tient. Tu as peur. L'odeur pestilentielle de chair en putréfaction te donne la nausée. Tu te débats autant que tu peux, mais il est fort. Tu as besoin d'aide.

Ton sang se glace quand tu vois toutes ces dents dans la paume de sa main. Wendigo. Une chimère. Il est plus fort que toi. Tu le sais. C'est une créature surnaturelle alors que tu n'es qu'humain. Tu vas mourir. Tu le sais. Tu n'entends plus que ta respiration dans ta tête, tu ne sens plus vraiment ton corps. Tout ce que tu sais, c'est que tu as peur, que tu as mal, tu as froid, et plus rien de tout ce qui se passe ne te semble réel. Tu réalises ce que tu as fait quand tu commences à courir vers le lycée, ta clé anglaise dans la main et le souffle court. Tu le vois étendu au sol, c'est Donovan pendant un moment, tu espères que le coup était suffisant pour le mettre hors d'état de nuire, mais il se relève. La peur te saisit au ventre deux fois plus. Tu ne sais pas où aller ni quoi faire. Alors tu cours, tu cours sans vraiment réfléchir, la panique t'empêche de raisonner correctement. Tu ne sais pas pourquoi tu vas t'enfermer dans la bibliothèque. Tu espères juste qu'il ne soit pas assez fort pour défoncer la porte. Tu sursautes quand tu l'entends secouer les portes et tu préfères aller te cacher. Il avance en silence dans la pièce et tu espères que les étagères te cacheront suffisamment. Il traîne avec lui cette odeur qui te rend malade. C'est fort. Tu te sens fébrile, tu essaies de faire le moins de bruit possible, mais c'est insupportable.

Ton téléphone sonne.

Tu espères pouvoir décrocher avant qu'il n'arrive, demander de l'aide, prévenir quelqu'un... mais tu ne le trouves pas. Tu réalises alors.

_ Tu as laissé ton téléphone.

Donovan a ton portable.

_ C'est Malia, est-ce que je lui réponds ?

Tu détestes la façon qu'il a de jouer avec toi. Tu espères presque qu'il réponde par pure provocation et alors tu n'aurais qu'à gagner du temps. Mais tous tes petits espoirs se brisent lorsque tu entends le son distinct du refus d'appel. Est-ce que Malia va trouver ça étrange ? Tu l'espères. Tu voudrais que ce soit important et qu'elle insiste. Qu'elle sente qu'il y ait un problème.

_ Tu ne sais pas vraiment qui je suis, n'est-ce pas Stiles ?

Tu n'entends pas vraiment sa question. Tu attends juste que Malia rappelle, mais rien ne perturbe le jeu stupide de ce prédateur venu pour te tuer. Tu te rends compte qu'elle voulait simplement passer te voir comme à son habitude. Mais des fois, tu l'ignores. Comme Donovan, elle a appris à passer outre et tu as peur.

_ T'as peut-être entendu parler de mon père. Est-ce que ton père t'a parlé de lui ?

Tu te demandes si ce petit interrogatoire silencieux va durer longtemps. Tu ne sais pas ce qu'il cherche, mais cette attente fébrile te tue. Tu as froid. Tu es glacé et cette odeur te rend fou.

_ Le shérif Stilinski t'a parlé du temps où il était encore adjoint et où son partenaire a été pris dans une fusillade ?

Tu ne sais pas de quoi il parle. Pas que ton père ne te dise rien, mais tu ne comprends plus tout à fait ce que l'autre te dit. Ta tête tourne et tu t'accroches à la bibliothèque pour ne pas bouger. Pour ne pas tomber. Tu as froid.

_ Il t'a dit qu'une balle avait brisé la vertèbre T9 de mon père ? Elle s'est logée dans sa moelle épinière, tu sais ce que ça veut dire ? Ça signifie que tout ce qui est en dessous de sa taille ne sert plus à rien. Et ce n'est pas juste ses jambes. Je parie qu'il t'en a raconté une partie. Mais il a probablement oublié de dire qu'il était dans une voiture en train d'appeler des renforts alors que mon père y allait seul. Il t'a dit qu'il avait trop peur pour aller l'aider ?

Tu as la sensation de flotter. Plus rien n'a de sens. C'est comme si l'odeur s'amplifiait à mesure qu'il parle et le froid te fige. Tu le sens presque caresser tes pieds. Tu es bien trop concentré, tu ne veux pas vomir maintenant. Tu ignores ce vent humide. Tu fais tout pour l'ignorer. Tu y es presque.

_ Ou bien les lâches ne parlent pas de leurs échecs à leurs crétins de fils ? De leur partenaire en fauteuil roulant pour toujours à cause d'eux ?

Tu retiens ton souffle. Il monte les escaliers. Tu le regardes lentement gravir les marches une à une. Et tu te sens nébuleux. Tu flottes. Tout disparaît. Tu finis par te rappeler qu'il faut fuir et tu te déplaces un peu pour écouter ses mouvements. Tu n'as pas bien regardé, tu n'as pas bien écouté et tu n'es plus vraiment sûr de l'avoir vu monter maintenant. Tu essaies de comprendre. De capter sa présence, mais le silence se fait, tranquillement.

Tu as peur.

Un sursaut d'instinct. Trop tard. Il t'a eu par surprise. L'emprise sur ton cou est trop forte et tu n'as pas assez d'air pour te défendre correctement. Il te fait passer à travers l'étagère et te renverse sur le sol, contre les livres. Tu te bats du mieux que tu peux, mais il est plus fort. Tu n'es qu'humain. Il est plus fort. Tu es le gibier ce soir. Il te lâche un fragment de seconde et tu tentes de fuir, mais il te saisit la nuque et te colle contre l'échafaudage. Tu ne sens que le froid du métal contre toi. La douleur n'est rien. Tu veux vivre, mais tu n'es pas assez fort.

Tu ne sais pas ce qu'il s'est passé.

Tu l'entends hurler et ton premier réflexe est de grimper. Tu as peur. Tu as peur et tu ne sais plus quoi faire. Il va te tuer.

Tu n'as pas le temps d'aller très haut, tu sens sa main sur ta cuisse.

Tu cries.

Tu as peur.

_ Pas de panique Stiles, je ne vais pas te tuer, je vais juste manger tes jambes.

Tu sens que ses dents percent le coton du jean. Tu fais tout pour ne pas penser à ce qui est en train de se produire. Tu veux juste trouver une meilleure prise, une solution. Tu sens ce froid glacial sur tes jambes et tu as peur.

Tu ne veux pas mourir ce soir. Tu ne veux pas te faire dévorer lentement par ce monstre. Tu veux juste arrêter de sentir cette odeur, cette peur, ce froid.

Tu détestes tout des wendigos. Si les loups sont à craindre, ces cannibales sont sans doute les plus répugnants qui existent pour toi. Tu veux qu'il oublie. Tu veux qu'il se perde et le froid devient vent. Ta main accroche la plus haute goupille de l'échafaudage, tu ne sais pas pourquoi ça te paraît si important soudain, mais tu tires. Elle lâche.

Il lâche.

Tu ne sais pas trop si tu as vraiment entendu ce bruit humide et clair. Comme une lame.

L'odeur se dissipe.

Le froid n'est plus le même.

Tu ne te vois pas descendre. Tu ne te vois pas prendre la barre de métal dans tes mains pour t'assurer qu'il y reste. Qu'il meure. Tu as l'impression que tout est flou, que rien n'a de sens. Pourquoi fais-tu ça ? Que dirait Scott ?

Tu as peur.

Et si...

Non, elle n'est pas là. Partie. À tout jamais.

Elle est partie.

Pourtant tu sens ses griffes sur ton corps, son rire bas et le vide. Tu secoues la tête, non, plus de Nogitsune. Tu en as fini avec ça. Tu n'es plus hanté. On te l'a promis.

N'est-ce pas ?

Tu as le téléphone dans les mains. Tu réalises que tu viens d'appeler le 911. Tu ne sais plus quoi dire, ta voix est bloquée. Qu'est-ce que tu fais ? Qu'est-ce que tu dois faire ? Tu n'entends même pas ce que l'on te dit à travers le téléphone. Tu regardes Donovan toujours empalé. Tu raccroches le téléphone par automatisme. Tu regardes le sang. Tout ce sang. Tu aurais tourné de l'œil pour moins que ça il y a deux ans. À croire que se faire posséder t'a changé.

Changer.

Tu as peur.

Tu ne veux pas. Tu ne veux pas devenir quelqu'un de différent. Quelqu'un qui n'a plus sa place au côté de Scott. Il est ton meilleur ami. Ton pilier. Tu veux être le sien. Tu as toujours voulu être le sien. Mais tu regardes le sang sur tes mains. Est-ce possible à présent ?

Lui qui voulait les sauver. Ces chimères. Ce cannibale.

Tu entends des sirènes au loin et tu te figes. Tu dois fuir. Arrivé devant la porte, tu te rappelles qu'il faut une carte pour rentrer dans la bibliothèque. Tu regardes encore Donovan. Il faut qu'ils le trouvent. Il le faut. Peut-être qu'une fois qu'ils auront le corps, tu auras la force de te dénoncer. Alors tu prends un livre et bloques la porte pour les laisser entrer, mais tu l'entends encore.

Ton téléphone.

Tu l'avais complètement oublié.

Tu t'approches doucement du corps. Tu tends ta main vers la poche de son gilet, mais tu n'arrives pas à quitter son regard des yeux. Son regard vide fixé sur toi te gèle le sang. Tu sens les vibrations contre tes doigts et te concentres pour ne pas lâcher l'appareil. Ce n'est pas le moment de laisser des preuves plus accablantes encore. Malia qui appelle de nouveau. Tu rejettes l'appel et ranges le téléphone dans ta poche.

_ Stiles ? Mais que...

Tu te tournes vers Théo. Il te fait peur. Tu n'arrives plus à bouger. Il s'approche. Tu as froid.

_ Stiles, que s'est-il passé ?

Ta voix est bloquée dans ta gorge. Tu n'arrives plus à commander ton corps. Il s'approche encore. Tu ne peux que regarder sa main qui se tend vers toi, mais tu ne veux pas qu'il te touche.

Tu bondis.

Il est tellement surpris qu'il reste sur place, mais quand tu le vois commencer à tourner vers toi, tu fuis. Il va te manger. Tu le sais. Tu le sens.

Tu cours. Tu essaies d'aller le plus vite possible. La sortie du lycée n'est plus très loin. Il faut juste que tu coures plus vite.

_ Stiiiiiiles.

Il a l'air inquiet. Mais tu sais que c'est faux. Il faut que tu coures. Si tu ne cours pas assez vite ils vont... ils vont t'attraper. Ils vont te faire mal. Tu ne sais plus où tu es. Tu veux juste que ça s'arrête. Tu veux arrêter d'avoir peur. Tu entends ton cœur battre dans ta poitrine. Ton souffle court et bruyant. Il sait où tu es. Ils le savent. Tu vois la sortie. Tu vas l'atteindre, mais il te tire en arrière et tu cries. Tu ne peux pas l'empêcher. Tu ne peux pas l'arrêter. Alors tu cries.

_ Stiles, arrête de te débattre, ARRÊTE !

_ NOOOONNNN !

_ Laisse-toi faire, fais-moi confiance !

_ Noooonn ! Nooooonnn !

Il te tire quelque part. Tu ne vois pas où. Tu ne vois plus rien. Tu veux t'échapper, mais tu sens ses griffes sur ta taille. Il te fait mal. Les larmes coulent.

_ On... N.. Oon.. Kh, Hh

_ Calme-toi~

Tu l'entends loin. Il a ses mains sur toi et tout ton corps frissonne. Tu as froid. Ta tête tourne.

_ Stiles... res... ec... oi... ste... c... oi

Ta tête tourne, tu te sens mal. Sa présence te rend malade.

Tu vomis. Dans les buissons.

Tu entends vaguement la voiture de police qui se gare, sirène encore allumée. Tu entends les interférences et parasites des talkies-walkies.

La Jeep est en plein milieu du parking.

Tu veux repousser Théo. Mais l'enfoiré te tient bien. Tes bras brassent plus d'air qu'autre chose et tu sais que tu serais déjà tombé s'il ne te tenait pas en ce moment. Tu ne sais pas ce qui se passe. Tu as envie de te couler contre lui, sentir sa chaleur, mais il te donne des sueurs et la nausée. Rien n'est stable et tu te sens sur le point de t'évanouir.

_ Jeep...

C'est probablement le seul mot que tu arrives à dire avant de sombrer.


OoO


Tu te réveilles à cause de ton téléphone. Il vibre. Tu l'attrapes. Il est posé sur la table de chevet.

_ Scott ?

_ Stiles... Quelqu'un emporte les corps.

Théo vient de rentrer dans la pièce. Tu te redresses sur le lit. Tu t'accroches au téléphone comme si ta vie en dépendait. S'il se passe quoi que ce soit. Scott est là.

Scott est avec toi.

Mais Théo reste sur le seuil de la porte, silencieux. Il respecte la distance. Tu ne veux pas de lui chez toi. Tu ne sais même pas comment il a pu rentrer et tu détestes ça. Tu ne te sens plus en sécurité chez toi.

_ Stiles, t'es là ?

_ Oui, réponds-tu en défiant l'intrus de s'approcher. Euh... De quoi tu parles ?

_ Je suis à la clinique vétérinaire avec Kira. Le corps de Tracy a disparu. La serrure a été forcée de l'extérieur.

Tu repenses à Donovan. Tu te souviens à peine de l'arrivée de la police et tu ne sais pas s'ils l'ont trouvé ou pas. Tu as peur.

_ Et le corps de Lucas a disparu de la morgue. Ils l'ont cherché dans tout l'hôpital. Quelqu'un vole les corps.

Tu sens la nausée monter. Tu sais que tu vas aller vomir. Scott ne doit pas entendre ça.

_ Je... Je te rappelle.

_ Stil...

Tu as coupé la conversation. Tu jettes ton téléphone sur le lit et te précipites hors de ta chambre. Tu bouscules Théo qui n'avait toujours pas bougé et tu continues de courir vers la salle de bain. Tu bénis le ciel et ton père qui ne baisse jamais la cuvette des toilettes et tu vomis pour la seconde fois de la soirée. Tu sens une main dans tes cheveux. L'autre sur ton dos. Tu crois qu'il est accroupi à côté de toi.

_ Ne t'inquiète pas. Je veille sur toi.

Tu aimerais te fondre dans ses bras, mais cette envie te fait peur. Tu le repousses. Tu le détestes. Tu TE détestes et tu ne comprends pas. Quelque chose hurle en toi. Tu as envie de lui faire mal. De le voir souffrir. Tu te délecterais de sa douleur. Tu en tirerais une jouissance certaine et le choc de cette constatation te fige.

Tu as peur de te transformer en Nogitsune.

Tu ne comprends pas ce qu'il t'arrive.

Tu es déjà en train de penser à appeler Braeden, lui demander où est la boîte des Hale, celle qui l'enferme. Juste pour être certain de ne plus être possédé. Pas une seconde fois. Tu ne le supporterais pas.

_ Ça va mieux ?

Tu ne lui réponds pas. Tu te lèves et t'appuies au lavabo avant d'ouvrir le robinet. Il est encore derrière toi. Sa présence t'oppresse. Tu essaies de l'ignorer encore en te rinçant la bouche et le visage.

_ Stiles...

_ Est-ce que tu peux partir, s'il te plaît ?

Il soupire. Entendre sa respiration te rend fou. Tu as envie de prendre sa tête et l'encastrer dans le miroir, mais tu as aussi envie de t'excuser, de pleurer, de te laisser consoler. Tes mains serrent un peu plus le lavabo et tes jointures deviennent peu à peu blanches à force de pression.

_ Stiles, je ne suis pas ton ennemi.

_ Écoute. Je n'en ai rien à foutre de ce que tu peux faire ou croire. Je veux juste que tu partes de MA MAISON !

Il te regarde avec des yeux si tristes. La culpabilité t'assomme et tu ne sais pas comment réagir vis-à-vis de ça. Tu ne comprends pas pourquoi le blesser te tue alors que tu en rêves. Tu as le sentiment de devenir fou. Si tant est que tu ne le sois pas déjà. Tu n'en peux plus.

_ Je...

Tu voudrais t'expliquer, mais tu ne sais pas quoi dire. Tu ne sais même pas pourquoi tu en ressens le besoin. Tu sens qu'il va te détruire si tu lui laisses du terrain ?

_ Ok. J'ai compris.

Tu réagis vivement quand tu le sens se déplacer.

_ Non ! C'est...

Il s'est arrêté et tu te sens respirer. Soulagé. Il veut t'écouter.

_ C'est quoi ?

_ J'en sais rien... c'est juste... je suis désolé, ok ? J'ai juste besoin de... Besoin d'être seul et ce qui s'est passé...

Il s'approche précipitamment de toi. Tu n'as pas le temps de reculer qu'il t'a déjà acculé contre le mur. Tu as froid. Tu te sens gelé. Sa main est chaude contre ta joue. Ce contact te fait du bien. Tu détestes ça.

_ Je ne dirais rien à Scott si c'est ce qui te fait peur. C'est toi et moi maintenant.

Tu te glaces. Il te fait peur.

Il se détache de toi. Tu le vois à peine sortir de la pièce. Tu te laisses tomber au sol quand tu entends la porte d'entrée claquer. Tu ne sens plus que l'air froid autour de toi. Tout est froid et humide. Humide. Tu essuies les larmes qui coulent et tu ne comprends pas. Tu ne comprends pas pourquoi tu pleures.

Alors tu restes là.

Tu entends juste le son des gouttes tomber dans le lavabo qui résonne dans la pièce. Le carrelage froid te met mal à l'aise, mais tu n'arrives plus à bouger. Tu es seul. Tout résonne. Toi, tout ce que tu veux, c'est dormir, mais le froid te saisit et tu ne sais plus combien de temps est passé.

_ Stiles ?

Tu sursautes. C'est Malia. Tout te fait mal. Ton épaule se rappelle soudain à toi et tu geins. Elle accourt. Non. Elle ne devrait pas être là. Tu sens encore le sang. Tu sens encore la mort. Tu paniques. Tu allumes la douche et finis par crier :

_ Je finis de me laver. J'arrive !

_ Tout va bien ?

_ Oui. J'ai juste failli glisser.

_ Ok. Je t'attends dans ta chambre. Fais attention.

Tu te bats avec tes vêtements aussi vite qu'il t'ait possible de te déshabiller et c'est presque en tombant que tu rentres dans la baignoire. Heureusement, tu n'as pas fait de bruit. Tu te retiens tout juste de crier quand l'eau passe sur ta blessure. Tu essaies de faire ça vite. Tu dois encore y mettre un bandage et trouver un bon mensonge si ta copine te pose des questions.

Tu finis par sortir de la douche, encore en train de réfléchir à la raison la plus probable de t'être blessé à l'épaule. Tu ne peux pas expliquer à Malia qu'un Wendigo a tenté de se faire un en-cas avec ton épaule. Tu ne veux pas prendre le risque qu'elle en parle à la meute. Ou à ton père...

Tu trouves avec soulagement de quoi te faire un pansement dans l'armoire à pharmacie et tu bénis Melissa et son besoin viscéral de toujours vous fournir en matériel médical : Au cas où. C'est devenu beaucoup plus fréquent depuis que Scott est un loup-garou.

Tu finis par sortir, une serviette autour de la taille, une grosse compresse sur l'épaule et le cœur battant. Tu arrives dans ta chambre et Malia a l'air un peu préoccupée. Elle tient un petit livre de poche dans ses mains. Tu en oublies ton excuse toute trouvée et te focalises sur sa trouvaille.

_ Qu'est-ce que c'est ?

Elle te le tend sans vraiment te regarder au départ. Tu le prends.

_ On a trouvé ça chez Tracy. Qu'est-ce que tu t'es fait ?

Ça tourne.

Ta vision est trouble.

Tu sens le métal froid contre ta peau. Les lumières t'éblouissent. Tu entends de l'eau. De l'air. Tout est flou et tu n'arrives pas à voir qui s'occupe de toi. Es-tu à l'hôpital ? Que s'est-il passé ?

_ Rendors-toi.

Et tu te sens partir.

Tu secoues la tête. Tu ne sais pas ce que c'était. Et tu le rends à Malia un peu précipitamment. Tu n'aimes pas ce que tu viens de te rappeler. Un vieux souvenir d'opération peut-être. Tout ce que tu sais, c'est que ça t'a troublé.

_ Il est bizarre ton livre.

_ Je le montrerais à Lydia demain, avec ses pouvoirs de Banshee peut-être qu'elle va faire... ses trucs de médium

_ Lydia n'a pas de... peu importe. Ouais... C'est une bonne idée.

_ Kira a demandé si tu pouvais chercher des informations à propos de l'auteur.

Tu regardes encore ce livre. Tu ne veux plus l'avoir en main, mais tu n'as pas tellement le choix.

_ Ouais... pas de soucis.


Et voilà les lapins c'est finis pour cette semaine on se donne rendez vous samedi prochain pour un nouveau chapitre. Les choses sérieuse vont vraiment arrivé dans le second comme vous l'aurez certainement compris.

Bonne semaine à vous.

Du love, des paillettes et des pandas... bha quoi ? XD