Samedi 2 mai 1998.
SEVERUS
J'ouvre les yeux. Il fait jour maintenant. Je suis toujours étendu sur le sol de la cabane hurlante.
Je suis resté sans connaissance pendant un long moment, mais je constate que le bézoard que j'ai avalé avant d'obéir à l'appel de Voldemort a fait son effet.
Je suis vivant.
J'essaye de me redresser. Je me rends compte que vivant et en forme ne sont pas des synonymes. Enfin, ce n'est pas la première fois que je suis blessé gravement.
Je réussi à me lever et j'emprunte le passage qui rejoint le château. Que vais-je trouver là-bas ?
J'ignore encore qui a gagné, et même si c'est terminé. Je dois rester discret, dans l'hypothèse où le vainqueur ne serait pas celui que je souhaite. Par sécurité, je me jette un sort de désillusion. Ça devrait durer assez longtemps pour que je puisse me rendre compte.
J'entre dans le château. Un brouhaha sort de la grande salle. Un bref coup d'œil me permet de constater que tous les élèves sont là. Les membres de l'ordre aussi. J'entends des rires. Potter a vaincu. Je pousse un soupir de soulagement.
Les effets du sort que je me suis jeté sont en train de disparaître. Je me demande si je dois rester là. Je ne suis pas certain que ma présence sera la bienvenue.
Je n'ai pas le temps de me jeter un autre sort. Potter m'a vu et se dirige vers moi avec un sourire. Derrière lui, j'aperçois les cheveux roux de Weasley et les boucles de Miss Granger. Pourquoi tout est devenu flou tout à coup ?
Le flou devient du noir et je sens mes genoux heurter les dalles du sol.
HERMIONE
La bataille est terminée. Au prix de nombreux morts parmi les opposants de Voldemort.
Fred Weasley, Remus et Nymphadora Tonks. Colin Crivey. Et tant d'autres….
Nous sommes réunis dans la Grande Salle, mais je n'ai pas le cœur à faire la fête. Dans l'embrasure de la porte, j'aperçois la silhouette du Professeur Snape.
Je suis surprise qu'il ait survécu à ses blessures. Harry se lève et se dirige vers lui. Ron et moi nous le suivons.
Le Professeur Snape s'effondre à terre.
Je cours chercher Madame Pomfresh. Elle l'examine, et demande à ce qu'il soit évacué d'urgence à Ste Mangouste.
Mardi 5 mai 1998.
SEVERUS
J'ouvre les yeux. Tout est silencieux autour de moi. Je constate que je ne suis pas allongé sur le sol de pierre, mais sur un lit. M'a-t-on transféré à l'infirmerie ? Non, je ne reconnais pas les lieux qui me sont familiers.
Une silhouette sombre se tient debout à côté de la porte. Elle s'approche, après s'être rendu compte que j'étais réveillé.
Je vois son visage. Il s'agit d'un auror dont je ne connais pas le nom.
Je l'interroge. « Où suis-je ? Quel jour sommes nous ? »
J'apprends que je suis à Ste Mangouste. Et que je suis resté inconscient pendant 3 jours.
J'attends la suite. Je suppose que si un auror prend soin de me garder, ce n'est pas très bon pour moi.
Pourtant il ne me dit rien de plus pour le moment. Seulement qu'un représentant du Magenmagot va venir me rendre visite.
Mercredi 6 mai 1998
SEVERUS
Ça n'a pas traîné. Je reçois la visite d'un guignol vêtu de rouge.
Il m'annonce froidement que je vais être jugé pour ma participation à la guerre des sorciers. Il me précise que compte tenu de l'ambiguïté de ma situation, je ne serai pas envoyé à Azkaban dans l'attente du procès, qui aura lieu le 3 juillet. Par Merlin ! C'est déjà ça.
Il ajoute néanmoins que je serai placé en résidence surveillée. Au 12 square Grimmaurd. C'est le trio infernal et la tribu Weasley qui seront chargés de ma surveillance.
Finalement, je me demande si je n'aurais pas préféré Azkaban.
Jeudi 7 mai 1998
SEVERUS
Après quelques examens, j'apprends que j'ai le droit de quitter l'hôpital.
Je ne suis pas totalement libre. Un auror m'accompagne jusqu'au square Grimmaurd.
Je me retrouve devant la maison que j'ai bien connu lorsqu'elle hébergeait le siège de l'Ordre.
Lorsque je pousse la porte, je repense aux piques que j'envoyais à Sirius Black, contraint de rester enfermé chez lui. A présent, c'est moi qui suis à sa place.
Je suis surpris que l'on me remette ma baguette. L'auror me précise que l'on a jeté une trace sur moi, et que toute tentative de fuite me donnera droit à un aller simple pour Azkaban.
C'est Molly Weasley qui m'accueille. Elle est curieusement cordiale. Je suis pourtant celui qui a blessé son fils Georges il y a un an. Elle ne semble pourtant pas m'en vouloir. Se pourrait il qu'elle connaisse….Oh non, pourvu que Potter n'ai pas montré les souvenirs que je lui ai confiés à d'autres personnes ! C'était bien assez humiliant comme ça !
Elle me conduit à la chambre qui m'est destinée, et me précise que le repas du soir sera servi à 19 heure et me regarde avec un air de pitié comme seule elle sait en avoir. Je sais que j'ai l'air encore plus misérable que d'habitude. Ça fait près d'une semaine que je n'ai rien mangé.
Je suis épuisé. Je m'allonge sur le lit et m'assoupis rapidement.
HERMIONE
Nous avons eu Mardi la visite d'un représentant du Magenmagot.
Il nous a expliqué que le Professeur Snape allait être jugé pour son rôle pendant la guerre. Toutefois, compte tenu des informations données par Harry, il ne serait pas placé en détention provisoire à Azkaban, mais en résidence surveillée.
Comme il a été gravement blessé, il n'est pas question qu'il reste seul. Le ministère nous demande donc de l'accueillir au Square Grimmaurd.
Harry a accepté immédiatement. Molly a eu plus de mal. Elle lui en veut pour la blessure de Georges, jusqu'à ce qu'Harry lui explique qu'en réalité le sort était destiné à blesser le mangemort qui s'attaquait à son fils.
SEVERUS
19H00. J'entends des voix dans le couloir. Je reconnais celle de Weasley junior. « Non, mais s'il ne veut pas venir, on ne va pas le forcer quand même….? ». C'est ça, qu'ils me fichent la paix. Je n'ai pas vraiment envie de me joindre à eux.
« Ron, tu es ridicule ! Il ne peut pas rester sans manger ! Puisque tu as peur, j'y vais ! » C'est la voix d'Hermione Granger.
« Je n'ai pas peur, proteste Weasley, mais je te rappelle que c'est lui qui a blessé Georges !
- Oh, tu sais bien en réalité comment ça s'est passé, non ? »
J'en étais sûr ! Potter n'a pas su tenir sa langue ! Il est aussi stupide que son père !
On frappe à la porte.
Je me lève pour ouvrir. Je foudroie du regard l'inopportune qui ose me déranger. Elle ne semble pas s'émouvoir de ma colère.
« Professeur, le repas est servit, nous n'attendons plus que vous. » Elle tourne les talons et s'éloigne, ne semblant avoir aucun doute sur le fait que je la suivrais.
Je cherche une réplique bien sentie pour la mettre mal à l'aise, puis je renonce. Après tout, j'ai vraiment faim. Je hausse les épaules et je descends à sa suite vers la grande cuisine.
HERMIONE
19H00. Snape n'est pas sorti de sa chambre. Molly nous envoie, Ron et moi, le chercher.
Evidemment, Ron renâcle. Je suis obligée d'y aller moi-même.
Je frappe à la porte de la chambre. Il me jette un regard glacial. Je décide de ne pas me laisser impressionner.
Je le fixe droit dans ses yeux noirs, et lui rappelle que nous l'attendons pour le dîner. Je m'éloigne sans me retourner. Il suit ou il ne suit pas, tant pis !
SEVERUS
21H00. Je suis remonté dans ma chambre dès ma dernière bouchée avalée. Pas que j'ai beaucoup mangé, d'ailleurs, j'ai tout de suite la nausée. Je n'ai pas envie de me ridiculiser en étant malade devant ces gens.
Par Salazar, qu'ils sont nombreux ! Leurs conversations me fatiguent. Heureusement, ils ne semblent pas attendre que j'y participe.
Seules Molly Weasley et Hermione Granger me jettent parfois un regard.
HERMIONE
Molly avait raison lorsqu'elle a dit que le Professeur Snape ressemblait à un chat affamé. Malgré son habituelle robe noire, il à l'air encore plus maigre que dans mon souvenir.
Pourtant, il ne mange pas beaucoup. Il regarde son assiette avec dégoût. Molly est pourtant une excellente cuisinière.
Samedi 9 mai 1998.
SEVERUS
Ça fait seulement trois jours que je suis là, et je me demande comment je vais tenir jusqu'au procès.
Je limite au maximum mes contacts avec les autres occupants de la maison. Mais le temps des repas est déjà plus que je ne peux supporter.
J'ai appris que la famille Malfoy allait aussi être jugée. Narcissa et Drago sont assignés à résidence chez eux, mais Lucius est à Azkaban. J'espère que Drago et sa mère s'en sortiront.
Quant à Lucius, sa position est des plus inconfortable.
Enfin, ils peuvent se payer les meilleurs avocats de la place.
HERMIONE
La vie reprend son cours. Mr Weasley et Percy sont retournés travailler au Ministère. Bill a repris son emploi à Gringott.
Harry et Ginny filent le parfait amour.
Ron envoie des hiboux quasi quotidiens à Luna. Le baiser que nous avons échangé le jour de la bataille ne nous a finalement servi qu'à nous assurer que nous n'étions que des amis.
Georges a repris le magasin du chemin de traverse. Il dit qu'il le doit en souvenir de Fred. Je passe beaucoup de temps avec Georges quand il est là.
Snape n'est pas un invité des plus cordial – mais ce n'est pas une grande surprise- il ne sort de son antre que pour manger, et remonte immédiatement s'enfermer dans sa chambre.
Peut –être prépare t-il l'audience du 3 juillet ?
Lundi 11 mai 1998
SEVERUS
Les Weasley et Potter sont partis au chemin de Traverse. J'imagine que l'on ne m'a pas laissé seul ici, mais c'est relativement plus tranquille.
Je tente une incursion dans la maison. Direction la bibliothèque.
En habitué des lieux, je fais attention de ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller le portrait de la vieille Black. Je n'ai aucune envie d'attirer l'attention sur moi.
Comme dans beaucoup de vieille demeure sorcière, la bibliothèque est particulièrement bien garnie. Je regarde le rayon dédié aux livres de potions. Non, il n'y en a aucun que je n'ai déjà lu.
En désespoir de cause, je me rabats sur un livre d'histoire de la magie. Il faut reconnaître que comme la plupart des étudiants de Poudlard, j'ai eu du mal à me passionner pour les cours du Professeur Binns….
« Professeur…. »
Hermione Granger ! Plongé dans mon bouquin, je ne l'ai pas entendu entrer dans la pièce.
Ne peut on pas me laisser seul ? Qu'elle prenne un livre et s'en aille vite !
Je lève les yeux. Elle est debout devant moi et semble vouloir engager la conversation. Misère !
Je soupire. « Oui, Miss Granger ? »
Elle reprend : « Votre procès… vous savez ce qui va se passer ? »
Je ricane. « Je suppose que je vais être reconnu en tant que Mangemort, assassin d'Albus Dumbledore et, à ce titre, condamné au mieux, à perpétuité à Azkaban, au pire, au baiser du détraqueur. Ça répond à votre question ? »
Elle est devenue toute pâle. Je m'en veux un peu. Ce n'est pas elle que je voulais blesser. C'est à moi que je voulais faire mal.
C'est sans compter sur la compassion qui est un trait principal de son caractère.
« Mais, Professeur Snape, tout cela n'est pas vrai, n'est-ce pas ? En réalité, vous étiez contre Voldemort ?
- Et qui me croira, Miss ?
- Et bien…Harry…il a … vos souvenirs…Vous ne pouvez pas vous laisser condamner comme ça, non ? Je ne vous laisserai pas faire ça. J'y passerai le temps qu'il faudra, mais je vous préparerai un dossier de défense. »
Elle quitte la pièce et je vois ses cheveux qui se balancent dans son dos.
HERMIONE
Tout le monde est parti au Chemin de Traverse. Je suis seule dans la maison.
Enfin, pas vraiment seule, mais Snape ne compte pas vraiment comme compagnie.
Je profite de ce moment pour me rendre à la bibliothèque.
Oh Merlin ! Snape est là. Je ne peux pas faire comme si je ne l'avais pas vu.
Tant pis s'il me prend pour une insatiable curieuse, mais je profite d'être seule avec lui pour lui poser la question qui me taraude depuis qu'il est arrivé. Son procès.
Je suis consternée par son détachement. Il semble se moquer de ce qui pourrait lui arriver. En le voyant, on pourrait croire qu'il est incapable d'éprouver des sentiments.
Pourtant, Harry m'a montré les souvenirs qu'il lui a confiés, et je sais qu'il n'est pas toujours aussi indifférent.
Je sens qu'il ne fera rien de lui-même.
