Une nouvelle collab avec Daek angel…je crois que c'est notre troisième projet ensemble. On va dire que c'est le même principe que Ne pleures pas Shizuru. On a partagé les idées et dialogue lors de nos discussions. Je prends le point de vue de Shizuru, toutes ses rencontres, discussions, sa vie et émotions sera racontée sous ma plume. Histoire qui se déroule à l'époque du moyen-âge, la faute de mon coauteur qui semble adorer cette période.
PDV Shizuru.
Nous nous dirigions tranquillement vers notre destination. Le bruit des sabots égaya notre passage ardu de la terre sèche et caillouté.
Des arbres parsemaient sans fin le paysage, je levais le regard vers les branchages, les rayons solaires s'échappèrent avec difficulté de cette barrière naturelle. Je tournais un regard furtif vers mes hommes, ils semblaient être exténués bien qu'ils ne le montraient pas avec évidence, mais la manière dont leurs épaules s'affaissèrent vers l'avant sur leur cheval confirma mes dires. Je ne pouvais les en vouloir, trois jours interrompus de trajets pour arriver en ces lieux. J'étais moi-même exténuée, ce mal de dos empiétait plus que je ne le souhaitasse, j'essayais d'oublier cette désagréable sensation. Je fis signe de la tête à mon bras droit de guider en mon absence les troupes, et je me dirigeais à l'opposé de ma course.
« Maitre, excusez-moi de vous importuner, j'aimerai prendre un détour de mon côté. Je vous rejoindrai à temps si cela ne vous dérange pas. » M'enquis-je alors que j'étais au niveau de la fenêtre du carrosse royale noir, avec sur la porte, comme emblème teinté de bleu représentant un aigle avec les serres déployaient en attaque d'une charogne. Un homme brun d'une vingtaine d'année passée, les cheveux ébouriffaient par le manque de soin et avec une barbe de deux jours se mit à me sourire longuement exhibant sa parfaite dentition blanche. Il passa lascivement sa langue entre ses dents et prit une tête pensive puis me répondit :
« Oui Shizuru, tu peux y aller, mais ne tarde pas trop, nous sommes attendu. Je t'attends. » Il sortit une main de son véhicule et massa plus que nécessaire mon épaule noueuse, avec un sous-entendu rempli de suggestion. J'acquiesçais en gardant furtivement cette impression désagréable en moi. Je devais pourtant m'y habituer à sa séduction.
« Hya ! Duran ! Allons-y ! » Ordonnais-je en tapant sur le flanc de mon fidèle destrier crème m'éloignant brièvement de mes devoirs.
Je me dirigeais vers le lac que j'avais antérieurement repéré sur une carte de la région, j'avais besoin de respirer un peu. Être de la garde royale de la famille Kanzaki était un travail à plein temps. La famille Viola devait porter cette lourde responsabilité pendant de nombreuses générations, j'avais l'impression d'être emprisonné à vie à ce devoir. J'aurai pu fuir à cette fatalité en naissant femme mais la faiblesse m'en empêcha. J'empruntais sans détour la voie de ma lignée. Qu'allais-je faire si je déshonorais ma famille ? Avais-je peur d'être libre et de ne pas être apte à utiliser à bien escient cette liberté ? J'aurai pu regagner mon nom et vivre en tant qu'épouse ou mère de famille mais ce concept me paraissait étranger. L'amour…je connaissais simplement la dévotion… et l'art de tuer…d'attaquer...de créer une stratégie…de trouver un point faible à mon ennemi…d'être imperturbable qu'importent la situation… le danger…peut-être était-ce ma destinée ou dans mes gênes d'être une tueuse sans pitié ?
Mon maitre, Reito Kanzaki, comment puis-je le décrire en terme adéquat ? Arrogant, égoïste, un casanova notoire qui couche avec des prostitués dans des bordels, ivrogne par occasion et violent lorsqu'il n'avait plus conscience. Je devais surtout surveiller le prince pourri gâté, une sorte de chaperon. Il avait déjà couché avec pas mal de femmes et de mariées, leur époux réclamait vengeance, je devais continuellement me mettre en travers…quelle déchéance pour notre noble lignée.
Je plaignais déjà sa pauvre cocue de future épouse … pauvre femme…
Le seul point positif de ce déchet de mâle, il savait très bien manier l'épée, c'était un excellent combattant, mais il ne m'avait jamais terrassé en duel, et je n'avais l'intention qu'il prenne ascendance sur moi. Il tenta en vain et à de nombreuses reprises de me mettre dans son lit, comme si j'étais le trophée ultime dans son impressionnant palmarès de chasse. Hors de question que je me souille définitivement avec cet homme répugnant de vice et préjugé. Il m'avait même promis de m'épouser, de faire de moi sa reine…la dernière chose au monde que je souhaitasse, je serai à jamais captive de cette famille tout comme mes futurs successeurs. Une chose que je gardais en moi, c'était un code de bonne conduite, si Reito me demandait de tuer des enfants ou femme sans défense, je me rebellerais. J'avais déjà assez de sang sur mes mains sans en rajouter celui d'innocents.
Vous pouvez croire que je déteste mon maître mais ce n'était pas du tout le cas, c'était comme si j'avais à ma charge une irresponsable et ennuyant petit frère que je devais m'occuper. Contrairement aux autres, je voyais sa véritable nature, il jouait ce rôle de parfait prince charmant avec une éducation d'élite, ce ne fut qu'une façade. On était passé maître à ce jeu de l'apparence lui et moi.
J'entrai dans la verdure environnante, je descendis de mon cheval, je le caressais doucement sa crinière, il apprécia avec vigueur mon affection, et j'attachais ses rennes autour d'un arbre environnant, je marchais et je vis une image qui me coupa le souffle. Était-ce un mirage de mon subconscient ? La fatigue était maitre d'œuvre de cette supercherie visuelle ? Je n'avais pas l'intention d'en débattre plus longuement, je n'avais pas le temps de tergiverser. J'hésitais à empiéter vilement dans la quiétude de cette magnifique inconnue dénudée à la longue chevelure céleste, elle barbotta dans l'eau. J'attendrai plus longuement avant de me détendre. À ma destination finale, je savais qu'il y aurait des bains chauds mais…peu importe…elle répondit malgré moi à mes interrogations.
« Tu peux venir te baigner, ce lac ne m'appartient pas. » Je ne savais que rétorquer, oui j'avais besoin de relâcher toute cette pression, loin du regard inquisiteur des autres soldats. J'avais mal aux muscles, je n'avais pas non plus une agréable odeur corporal, en soit, j'étais piètrement crasseuse.
Je devais leur donner continuellement cette image impitoyable de guerrière, qui ne montra aucune défaillance sinon cela signait mon arrêt de mort, si mes hommes me voyaient comme une faible et vulgaire femme, ils me dévoreraient sans hésitation et me déposséderait de ma position si convoitée. Sinon pourquoi je porterai le qualificatif de la gracieuse assassin ? J'avais gagné ce titre durement de sanglantes batailles, je devais préserver cette dénomination.
Je me laissais guider par mon instinct, cette femme n'avait pas l'air dangereuse ? Mais était-ce une façade dont elle était experte en tromperie ? Je le découvrirai le moment venu. Je me défiai de mon armure en cuir. J'avais l'impression d'être sans défense sans mon arme favorite, ma seconde main, mon Naginata héritage familial qui avait plus d'une centaine d'année, pourtant la lame coupait comme si c'était une lame récente, peut-être était-ce dû à l'attention quotidien que j'apportais à l'objet meurtrier ? Je l'avais tellement mis à l'épreuve. Je le déposai avec précaution contre l'écorce tari d'un chêne. Je gardais ma jarretière en cuir où se tenait en évidence un tranchant poignard. Je ne pouvais me permettre d'être complètement sans défense, on ne savait pas ce qui pouvait roder dans les alentours. Je marchais dans l'eau comme un prophète…si froide et revigorante, je soupirais de béatitude quand je me fis entièrement recouvrir. C'était une bonne idée cette escapade, je me laissais guider par les flots, mes bras et jambes prirent leur aise, je nageais le crawl comme un poisson dans l'eau. Je m'approchais de cette bluette, je sentais son regard intriguer sur ma personne. J'avais l'habitude d'être dans le centre des attentions, que ce soit auprès des hommes mais surtout des femmes.
« Comment t'appelles-tu ? » Initia l'étrangère aux jades, je pris plus de précaution à les admirer ces pierres, ils brillaient d'une étrange lueur. Je ne pouvais déclarer effrontément ces banalités, mon regard sang était plus qu'étrange, je haïssais la teinte de mes pupilles. J'avais l'impression d'être un animal, un monstre.
Une belle jeune femme en apparence fut mon interlocutrice, peau proche de la teinte de la neige, svelte et un beau contour de visage. Elle semblait attendre le souffle coupé une réplique de ma part.
« Viola. » Dis-je sans m'attarder plus longuement, je n'étais pas là pour faire la causette. Je n'étais pas d'humeur. Je passais ma main dans courte chevelure apparence garçonne, lors d'un combat un de mes ennemie avait tranché ce qui resta de ma féminité apparente, à part mes courbes. Je regrettais de ne plus avoir ma longue cascade indomptable, l'habitude certainement de brosser mes doigts à l'intérieur. Mais l'avantage, c'était lors des combats, cela n'entrava pas mes mouvements.
« Moi, c'est Natsuki. » Elle était étrangement familière. Elle me tendit sa main pour me saluer. Je n'y prêtai une quelconque attention. Les politesses et moi, cela faisait deux. Asociale direz-vous ? Plutôt méfiante. Elle toussota d'embarras. Kannin na mais c'était la meilleure interaction que tu peux avoir avec moi.
« Tu n'es pas de la région, enfin, je ne t'aie jamais rencontré auparavant. »
« Comment le savez-vous ? » M'enquis-je alors que ma comparse se mit à rougir perceptiblement. Mignon.
« Je l'aurai remarqué si je t'avais déjà rencontré. » Je souris amuser lorsqu'elle cacha en vain ses couleurs florissantes sous l'eau. J'avais envie de pincer son nez par une telle démonstration. Elle devrait être plus prudente avec les inconnus, ils ne seront pas tous comme moi : respectueux mais surtout gentil. Tu pourrais facilement te faire dévorer par le grand méchant loup mon petit agneau.
« Je vous ai à ce point tapé dans l'œil ? » Elle rougit de nouveau, j'avais peur qu'elle fasse un malaise avec ce trop-plein de sang. Ça ne m'étonnerait guère.
« Non ! Un peu…je veux dire… » Elle allait se noyer avec son embarras, sauvons-la, je n'étais pas à ce point cruel... enfin…
« Vous avez raison, parfaitement raison, je viens d'arriver dans la région. »
« Tu peux me tutoyer. Tu es un soldat ? Tu portais une armure. » Tutoyer signifiait dans mon dictionnaire personnel se rapprocher de l'autre. Ce n'était pas mon intention.
« Oui. Veuillez m'excuser mais je dois y aller. Au revoir princesse. À bientôt. » Saluais-je poliment en courbant ma nuque et en m'en allant. Oui j'avais reconnu la princesse de Windbloom à cette barrette particulière et unique habillant sa chevelure, celle que possédait la famille royale, et le prénom Natsuki ne fut qu'une confirmation, je savais que le couple royal avait deux filles, une du nom de Natsuki et l'autre Alyssa. Je venais de rencontrer la plus âgé, insouciante, timide et assez bavarde… ma future reine. Je m'étonnais de la voir déambuler si tranquillement dans les environs, n'avait-elle pas des gardes pour la surveiller ? Je l'aurai remarquée si c'était le cas.
