Bon, j'ai à peine fini une fic à plusieurs chapitres que j'en commence une autre! Cette fois-ci ça sera un peu plus léger quand même.
Cette fic se situe dans l'AU de Reapertale tel que créé par Ren-Rin. Je conseille vivement d'aller voir son tumblr si vous ne connaissez pas cet AU, parce que sinon mon truc risque d'être un peu difficile à comprendre. Mais c'est probablement le plus bel AU pour les fans de Soriel, et j'aime vraiment beaucoup la richesse de cet univers créé de toutes pièces, de cette mythologie à la grecque et à l'égyptienne, mais aussi la richesse émotionnelle des personnages, qui ont beaucoup de profondeur en tant que divinités.
Donc je m'en inspire très fortement, évidemment j'y apporte mon interprétation personnelle à gauche et à droite.
Voilà, c'est tout pour l'intro, ça sera une histoire de romance douce-amère entre Sans et Toriel, entre la Mort et la Vie. Enjoy.
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Elle ne s'habituait pas à cette présence dans son domaine. Elle avait été seule si longtemps. Elle était seule, pleine de rancoeur et d'amertume. Pleine d'espoirs déçus. Tout ça à cause de lui.
Non, pas exactement. Pas à cause de lui. Plutôt parce qu'Asgore avait cru bon de le créer. De mettre une fin à toutes ses créations. Elle était furieuse, elle était partie du monde divin, et elle s'était réfugiée derrière toutes ces barrières magiques, dans le monde humain, qui était maintenant un monde mortel. Et sa fureur, avec les siècles, s'était changée en amertume et en regrets. Elle ne pouvait plus changer l'équilibre du monde. Tous les autres dieux s'étaient raliés à Asgore, et l'avaient aidé à le créer, lui.
La Mort.
Elle savait qu'il avait deux visages, mais elle n'en connaissait qu'un seul. C'était suffisant. Elle avait déjà suffisament de difficultés à le regarder en face.
Elle, la Vie.
La Mort s'était appuyé contre un arbre, qui s'était désséché en quelques instants à son contact. C'était un bel arbre de plusieurs siècles, qui aurait encore pu porter fruits et feuilles pendant d'autres siècles encore. Et maintenant il n'y aurait plus rien à part la décrépitude pour ce pauvre arbre qu'elle avait vu grandir depuis la graine. Un autre pourrait prendre sa place, mais elle ne pouvait redonner la vie à ce qui l'avait perdue.
Plus que tout, elle souhaitait qu'il s'en aille, mais s'il partait, cela signifiait qu'il allait faire son travail. Prendre les précieuses vies des humains. Ses enfants. Elle abhorrait sa présence, mais il valait mieux l'avoir ici.
Il dormait appuyé contre l'arbre mort. Elle ne savait pas pourquoi il prenait la peine de venir jusqu'ici si c'était pour dormir. Était-ce pour la narguer? Cela ne l'aurait pas étonnée. Même en dormant, il avait toujours ce sourire narquois estampé sur son visage de squelette. Elle tentait de s'occuper à autre chose, d'observer le monde humain à travers le miroir de l'eau du lac comme d'habitude, mais la présence de la Mort la distrayait bien malgré elle. Elle avait été complètement seule depuis si longtemps, elle avait perdu l'habitude d'une présence quelle qu'elle soit. Du moins, c'était ce qu'elle se disait intérieurement.
Elle était confrontée à la Mort, elle la Vie, et c'était insupportable.
O*O*O
Sans ne dormait plus depuis un moment, mais il n'avait toujours pas ouvert ses canaux optiques. Il savourait l'instant. La douce brise d'été qui passait sous ses robes, à travers ses os, portait une odeur de fleurs et de terre. Les feuilles des arbres autour qui bruissaient. Les pas de Toriel qui se promenait autour, probablement sans but précis.
Il ne voulait pas voir le regard haineux qu'elle lui réservait d'habitude; pas encore. Il préférait revoir dans son esprit le moment où il l'avait rencontrée pour la première fois. Enfin, les premières secondes. Elle était si belle, avec cette couronne de fleurs dans les cheveux, sa robe étalée autour d'elle alors qu'elle était à genoux au bord du lac, sa fourrure d'un blanc pur reflétant le soleil… À ce moment elle s'était tournée, Elle était surprise, curieuse, mais accueillante. Puis, elle l'avait reconnu, elle savait très bien qui il était même s'ils ne s'étaient jamais rencontré, et les choses avaient moins bien tourné. Il avait senti ses flammes le toucher, mais elles ne brûlaient pas, elles se contentait de produire une douce chaleur et de faire repousser l'herbe qui était morte autour de lui.
Elle était très différente de ce qu'il avait imaginé. Elle était grande, elle dégageait la puissance. Mais aussi la douceur, la gentillesse. Pas pour lui, pas pour la mort. Mais pour tout le reste.
Et en ce moment, pour la première fois depuis sa création, il aurait peut-être aimé être tout le reste, et recevoir la bénédiction de la Vie.
Elle le supportait malgré tout. Il ne pouvait s'empêcher de revenir la voir, maintenant qu'il l'avait trouvée. Il lui avait donné comme excuse que ses barrières magiques étaient idéales pour se cacher et faire la sieste (ce qui n'était pas faux, quand même!) mais il était surtout curieux. Il voulait la voir. Il voulait la comprendre un peu mieux.
Il était la Mort, et maintenant qu'il voyait la Vie elle-même, il ne pouvait détacher son regard.
O*O*O
Elle sursauta et se tourna vers lui lorsqu'elle l'entendit remuer. Il étira ses articulations, les faisant craquer d'un son sinistre, avant de se relever en arrangeant ses robes noires.
-Bien dormi? dit-elle sèchement.
-Très profondément, comme un mort, répondit-il en rigolant.
Toriel fronça les sourcils. Les blagues de mauvais goût allaient recommencer, comme si la simple présence de Sans n'était pas déjà insupportable…
-Et tu as besoin de venir ici pour dormir? soupira-t-elle.
-Si je vais dans le monde divin tout le monde le saura, et je ne peux pas traîner n'importe où dans le monde des humains sinon je vais me faire réprimander par mon frère. Ici, avec toutes ces barrières, c'est idéal.
-Et tu crois que tu peux toujours venir ici sans y être invité?
Il haussa les épaules.
-Je ne suis jamais invité nulle part, de toute façon.
Avec raison, songea Toriel, pleine d'amertume, mais elle ne le dit pas, et se contenta de soupirer. Elle lui tourna le dos et fit quelques pas pour s'éloigner, mais elle sentit qu'il flottait juste derrière elle, son visage souriant au-dessus de ton épaule. Il ne disait rien, il ne faisait presque aucun son, mais c'était suffisant pour l'énerver… mais elle n'allait pas s'énerver pour ça, pour les jeux d'enfant d'un dieu créé de toute pièces, non?
Elle arrosait les fleurs, elle donnait de la nourriture aux oiseaux, elle prenait soin des arbres, mais elle n'arrivait pas à faire les gestes habituels avec sérénité, quand elle sentait la Mort juste derrière elle. De plus en plus irritée, elle finit par dire entre ses dents serrées:
-Ne touche à rien, surtout!
-J'ai pas l'intention de déranger. Tu peux faire comme si j'étais pas là.
-Facile à dire…
Était-ce ainsi que les humains vivaient? Avec la présence de la Mort derrière leur épaule, souriante, insaisissable, dérangeante dans toutes leurs activités, sans savoir quand elle viendrait les prendre, eux ou leurs proches…? Et ils devaient faire comme si elle n'était pas là? Plus elle pensait au désespoir des humains devant la Mort, et plus elle se sentait elle-même désespérée, et colérique, et...
Des larmes coulaient de ses yeux, incontrôlables.
O*O*O
Sans vit Toriel tomber à genoux et enfouir son visage entre ses mains. C'était quelque chose que les humains faisaient souvent en le voyant, en voyant leurs proches mourir. Mais ce n'était pas quelque chose qu'il s'attendait à voir Toriel faire. Il se posa à côté d'elle et il l'observa pendant un moment. Des sanglots de plus en plus forts la secouaient, sa respiration était rauque et irrégulière, des gouttes scintillantes tombaient d'entre ses mains. Elle pleurait, elle pleurait vraiment.
-Woah, qu'est-ce qu'il y a soudainement, Toriel?
Elle se tourna vivement vers lui et lui jeta un regard noir, tellement plein de haine qu'il ne put s'empêcher de reculer de quelques pas. Ses yeux étaient rouges, les larmes coulaient dans la fourrure de ses joues, et elle le haïssait, et elle pleurait.
Il aurait voulu s'en aller, il n'aurait eu qu'à se téléporter, mais il ne voulait pas la laisser là, pas dans cet état. Il ne voulait pas la faire pleurer, il ne l'avait jamais voulu. Il voulait l'agacer un peu, il voulait l'observer, il était curieux, et elle était tellement belle, et même maintenant elle était encore si belle dans sa tristesse. Il aurait aimé la prendre dans ses bras, mais il n'avait jamais fait ça, prendre une déesse dans ses bras. Son toucher ne lui serait pas mortel, mais quelle chaleur, quel réconfort pourrait-il bien lui emmener, lui?
-Tu veux que je m'en aille? demanda-t-il doucement.
-Ça m'est égal, souffla-t-elle.
Et elle continua encore de pleurer pendant un long moment. Sans resta là à l'observer. Il n'aurait su dire combien de temps avait passé. Le temps était une notion bien relative pour les divinités de toute façon. Mais même si ce fut très long, il ne s'ennuyait pas. Non, il ne se lassait pas de la contempler, même quand elle pleurait.
Mais il aurait voulu la voir sourire. Sourire, comme au premier jour, au premier instant. Lui sourire, à lui, la Mort.
Il voulait qu'elle l'accepte. Lui, il l'avait acceptée dès le départ, dès sa naissance: il était né à cause d'elle. Gaster, Gerson et Asgore les avaient créés, lui et Papyrus, pour contrer le déséquilibre que Toriel emmenait avec sa création infinie dans le monde. Ils avaient été créés pour mettre fin à ce qu'elle créait. Alors avant même avant de la rencontrer, dès le tout début, il l'acceptait entièrement. Il existait à cause d'elle.
Mais elle existait bien avant lui. Elle n'aurait jamais pensé que ses créations auraient une fin, et du jour au lendemain tous ses chers enfants allaient mourir un jour ou l'autre de façon arbitraire. C'était dur. Sans le comprenait. Mais c'était il y a des siècles de ça, et il était temps que la Vie accepte la Mort.
Il se décida finalement, et se mit devant elle. Il lui prit les deux poignets et les écarta de son visage. Surprise, elle se débattait un peu, mais elle était encore trop abattue pour résister. La flamme de ses yeux était irrésistible.
-Dis-moi pourquoi tu pleures, Toriel.
-Je n'ai pas à-
-Regarde-moi en face et dis-moi pourquoi tu pleures!
Elle voulut détourner la tête, mais Sans saisit son beau visage de ses deux mains et la força à le regarder. Ce n'était pas très gentil d'abuser de sa vulnérabilité, se disait-il, mais c'était l'occasion ou jamais de parvenir à avoir une réponse, finalement.
-Regarde la Mort en face, Toriel, et dis-lui pourquoi elle te fait pleurer.
-Je pleure pour mes enfants humains, Sans, murmura-t-elle enfin. Pour ceux qui sentent ta présence peser sur leurs épaules continuellement jusqu'à ce que tu les prennes. Tu étais derrière moi à regarder tout ce que je faisais, et je me disais… que… les humains devaient toujours se… se sentir comme ça…. et...
Sa voix se brisa. Sans aurait voulu la prendre dans ses bras, plus que jamais. Il savait que ce n'était pas le moment, que ce n'était pas sa place. Mais il voulait la rassurer malgré tout. Alors il lâcha son visage, et il la prit plutôt par la patte de ses deux mains osseuses, aussi doucement que possible. À sa grande surprise, elle ne la retira pas.
-Tu sais Toriel, la plupart des humains arrivent à m'oublier la plupart du temps. Et souvent, quand je vois les conneries que font certains humains, les accidents stupides dans lesquels ils se tuent, les querelles stupides qui les poussent à s'entretuer, je me dis qu'ils devraient penser un peu plus à moi, justement. Et… ils devraient aussi penser à toi davantage.
-À moi…?
-J'ai été créé pour que les humains apprécient davantage la valeur de la vie, mais je crois que même ça, ils l'ont oublié. Il y a tant d'humains qui gaspillent leur existence, alors que s'ils te voyaient en face, s'ils pouvaient contempler à quel point tu es magnifique, Toriel, ils pourraient mener une meilleure existence, et…
Et soudain Sans réalisa ce qu'il venait de dire. Il sentit de la couleur lui monter aux joues, et il lâcha aussitôt la patte de Toriel pour se cacher le crâne avec son capuchon.
-Sans?
-J-je dois m'en aller.
Et il se téléporta. Ailleurs, n'importe où.
