Réveillon de Noël

A la Taverne du Cochon pendu

Enfin, nous y voilà ! Noël ! Lumières scintillantes, cadeaux au pied du sapin, buche glacée, cotillons…

Bon enfin, ça c'est pour le folklore. La vérité est parfois tout autre…ventes acharnée, affaires foireuses, jouets défectueux, prix gonflés à bloc…ah, féérie de noël !

Heureusement, là où je vous emmène, rien de tout cela n'existe ! Tout n'est que valeur, amitié, bienveillance et tolérance…

Voilà pourquoi il est aussi intéressant de passer faire un tour chez Rose à la « Taverne du cochon pendu ». Un nom peu engageant pensez-vous et pourtant…

Dans cet établissemnt hors norme ont eut lieu les repas les plus dantesques qui se puisse imaginer. Toute sorte de personnes s'y retrouvent. Des nains, des fées, des rois et des mendiants, des personnages de contes, comme ceux d'heroic fantasy. En somme, mes personnages plus le reste du monde. Un monde où tous à sa place et personne n'est exclu. Je sais, cela fait image d'Epinal, mais chez Rose, le seul passe droit reste encore un portefeuille bien garnie.

Voici la patronne Rose. Petite de taille, mais un sens des affaires hors norme. Tout ce qui brille, qui est rond, et qui tinte joyeusement au fond des poches de ses clients, l'intéresse au plus haut point.
Rose c'est un peu le capitaine d'un transatlantique, sauf qu'elle ne le laisserait pas couler elle... Seule aux commandes, elle pourrait naviguer les yeux fermés. Pour un peu elle assècherais l'océan si elle devait y perdre sa fortune.

Petite de taille, un chignon serré et haut sur la tête, des bras maigres qui moulinent sans cesse, une robe noire d'où s'échappe à l'encolure un soupçon de dentelle, mais point trop s'en faut, la donzelle n'est pas une proie facile.

Son auberge, c'est Sa Terre Promise. Attendez, je regarde à droite, à gauche, rapprochez-vous, voilà, eh bien il se murmure que sous ses jupons se cacherais sa réserve de pièces d'or. Ce fait restant à vérifier…Mais bon, je ne me risquerais à aucune manœuvre susceptible d'éclairer votre lanterne ! Chacun se fera une opinion.

La meilleure manière de dissuader un quelconque voleur, reste encore de soulever quelque peu le tissu de sa robe et laisser entrevoir ses mollets poilus et là…

Personne ne s'y risquerait, foi d'Amélie sa grande copine de quarante ans de bourlingage ! Enfin du moins pas un mâle normalement constitué. Un troll peut être…et encore ! Je lui souhaite bon courage !

L'établissement de Rose est une grande bâtisse faite de rondins de bois. Accueillante pour qui sait faire sonner la monnaie. Elle se compose d'une grande pièce principale où de confortables chaises et banquettes entourent des tables chargées de met succulents. Rose, qu'on se le dise une bonne fois pour toute, est un cordon bleu, voilà pourquoi, pour les événements d'importance, tous réservent leur table chez elle.

Dans ces occasions là, elle les revêt de jolies nappes brodées de vaisselles rutilantes, mais pas trop parce que généralement, une bonne bagarre s'invite toujours à la réception.

Dans cette grande salle, on aperçoit sur le mur nord, une immense cheminée où crépite un feu gigantesque. Le plus souvent, il n'est pas rare d'y apercevoir un cochon de lait tourner sur sa broche, alors les fumets s'échappent et embaument cet endroit paradisiaque pour ceux qui ne se contente pas d'une feuille de salade où d'un sushi aux algues de l'Océan primitif !

Cet endroit est interdit aux mannequins en tout genre. Pas assez rentable pour la Rose !

Dans un coin, sur une estrade, un joueur de luth s'escrime sur son instrument et le pauvre à bien du mérite. Mais lorsque Chaperon Rose se met à pousser la chansonnette avant de pousser plus avant son intention de faire monter la température, alors là, notre musicien se déchaîne et c'est soirée de gala pour lui.

En cette veillée de noël, il porte un beau costume avec un jabot de dentelle. Prince Charmant va apprécier le bougre !

Sur la gauche en entrant, un bar énorme où les plus grandes bière sont proposées, sans compter les alcools forts. Ici, on ne reçoit pas des mauviettes, mais des mâles virils et la boisson doit suivre…Au fond, la porte qui conduit au saint des saints : La Cuisine !

Trois cuistots de renommées mondiales sont aux ordres de la patronne. The boss c'est elle ! Qu'on se le dise une bonne fois pour toute ! Dans un coin de la salle, un majestueux escalier conduit à l'étage où des chambres sont proposées. Dans certaines … de très jolies demoiselles accompagnent le voyageur de passage et lui refont une santé et là, pas besoin de pharmacopée. Leur méthode est vieille comme le monde mais terriblement efficace aux dires de certains qui n'en ressortent pas toujours indemnes. Un tel passage entre leurs mains devrait être pris en charge par la Sécurité Sociale !

Voilà, le décor est planté. La grande salle attend ses invités et ils vont être nombreux ce soir.

Mes personnages, les internautes de ma petite communauté, ceux qui me suivent depuis le début et les autres, ceux qui me lisent pour la première fois, les nabolitos, Thorinos le roi de la lignée, etc etc etc, les elfes, dont sa Glorieuse Majesté qui fera son entrée triomphale dans un moment, quelques orques, les filous, des personnages de contes…ah ! J'allais oublier, mon ami de toujours le Grand Inquisiteur devant l'Eternel, Bernardo Gui et les…Illuminati. Ils tentent bien de passer inaperçu mais les pauvres ont fini par se faire une raison. L'anonymat, ce n'est plus pour eux ! Du moins, pas tant que je serais dans le secteur. Ah, mes nouveaux amis que j'adore !

De la place, il y en aura pour tous, même pour vous, pour ceux qui seront seuls en cette veillée de noël, face à leurs doutes et leurs désarrois. Ici, pas de place pour ce genre de sentiments, car durant une nuit, on se réconcilie avec la vie et c'est déjà beaucoup. Oui, cela fait beaucoup de monde, mais le cœur de Rose n'est, au fond, pas si coriace que cela.

Nous entrons et déjà, la panthère noire fonce vers moi :

Rose : Ah, te voilà toi ? As-tu cassé ta tirelire pour me ramener autant de monde ? Je ne fais pas la charité ma petite…

Arakïell : Bonjour quand même tiroir caisse ! T'inquiètes, tu m'connais…

Rose : Justement !

Arakïell : Je t'ai déjà laissé une ardoise impayée ?

Rose : Non, il est vrai, mais…t'as invité pas mal ce soir…

Arakïell : Tiens !

Je pose, enfin j'ai tenté de poser une belle bourse bien remplie sur la table, sauf que cette dernière n'a pas eu le temps d'effleurer le bois du meuble. Elle se trouvait déjà dans la menotte de la taulière :

Arakïell : Dis-moi ma belle, t'as pas perdu la main on dirait. Ta vélocité fait plaisir à voir.

Rose : Je couvre toujours mes arrières ma petite. Je ne tiens pas finir comme Amélie, une main devant, une main derrière…

Arakïell : …et une bien belle personne au milieu.

Rose : Hum, si on veut. Où est-elle la vieille ?

La Vieille déboule toute dent dehors :

Amélie : Pougne, ma belle ! C'est-y qu'ça fait ben plaisir d'te voir la dragonne !

Rose : Quèque t'es allez faire encore dans cette fichue aventure ?

Amélie : Ben la p'tiote Olana m'a emmené dans son rêve mon amie.

Rose : Ah, oui, chez ce roi…

Amélie : Thranduil qui s'appelle ! Une beauté c't'homme là, enfin cet elfe. La choupine en est toquée. Faut dire qu'y fait r'monter tout plein d'bons souvenirs ! Du temps où c'est-y qu'mon fondement ramenait ben des mâles avec lui…

Prince Charmant : C'était une autre ère sans doute ! Oh, suis-je bon ?

Prince Charmant, toujours aussi bariolé montre le bout de sa face enfariné :

Rose : Toujours aussi tordu l'Prince ? T'as plutôt intérêt à t'montrer tout doux avec mes filles. La dernière fois, j'en ai r'trouvé une attaché dans l'placard avec un drôle de p'tit engin qui vibrait dans un endroit qu'la décence m'interdit d'nommer !

Prince Charmant : Ah oui ? En êtes-vous sûre ma chère ? J'aurais fait un tel oubli ? Cela ne me ressemble pas du tout pourtant !

Rose : Te fous pas d'mon ganachon !

Prince Charmant : Jamais je ne me permettrais ma mie !

Oh là ! Je sors mon mouchoir, le premier de la pile en prévision de cette longue soirée. J'ai prévu large ! Avec tous ces zozos, il y aura de quoi s'éponger le front plusieurs fois durant cette douce nuit, beeellle nuitttt !

Un regain de poésie !

Les nabolitos, en grande forme montre le bout de leurs barbes. Les treize compagnons d'aventures ont les yeux qui brillent, l'estomac dans les talons et une partie de leur anatomie en forte demande d'une donzelle, voire d'un donzon, au choix du roi. Ce mot n'existe pas encore dans le dico, mais avec ces nains de pacotilles dans le secteur, cela ne saurait tarder !

Et là…bien cachés sous leurs capuches !

Arakïell : EH LES ILLUMINATIS !

Les moinillons soulèvent leurs bures et se précipitent vers moi doigt menaçant en pleine extension :

Illuminati : Mais c'est pas un peu fini de gueuler ainsi ? On vous a dit qu'on voulait rester dans l'ombre !

Arakïell : Excusez-moi belles gens, j'oublie toujours. C'est quoi votre petit nom mon ami ?

Illuminati : Illuminor !

Arakïell : Waouh ! ca en jette ça, vous devez briller de mille feux à l'intérieur de votre ordre ?

Illuminati : Plus pour très longtemps avec vous dans les parages !

Arakïell : Laissez tomber votre camouflage, on est en famille là. Il faut vous décontracter un peu.

Mic Mac : Ouais cousin, détends-toi !

Arakïell : Non lutin, inutile de fixer intensément leurs bures, ils n'ont pas de poches, donc pas de quoi chouraver. A part les grands pontes qui doivent posséder très certainement de belles montres voire quelques bagouses aux doigts, ceux-là ne possèdent rien, nib, peau d'gland !

Mic Mac : Crotte ! C'est toujours pareil ! Les gros poissons ne se montrent jamais.

Arakïell : Jamais lutinou, ils sont bien trop occupés à voler le monde !

Mic Mac : Bien dit !

Arakïell : je ne fais qu'émettre une vérité criante comme l'aurais suggéré Chaperon. Où est-elle d'ailleurs celle-ci ?

Mic Mac : Elle soigne son entrée cousine et ça va promettre j'te l'dis !

Arakïell : Je m'en doute. Luthïen est-il arrivé ?

Mic Mac : Ouais, y va apprécier lui aussi.

Arakïell : Le pauvre, il va en baver avec elle. Ceci dit, elle a trouvé à qui parler !

Aliénor, arrive, non sur son trente et un, mais sur son vingt quatre :

Mic Mac : Oh là, cousine, tu fais fort là !

Arakïell : Je m'échauffe.

La guerrière arbore une coiffure digne d'un conte de fée. Un chignon si savant que son coiffeur a dû avaler trois cachés d'aspirine. Jack, smoking rutilant s'avance vers moi :

Arakïell : Eh Mister Grey !

Jack : C'est moi Jack !

Arakïell : Ah, excuse, je t'avais pris pour l'autre bellâtre.

Jack : Celui de Seattle ? Ne me dis pas qu'il va ramener le bout de sa …

Premier essorage de sueur sur mon front perlé…ça promet ce soir :

Arakïell : Va savoir avec cette donzelle de Chaperon. Que ne ferait-elle pas pour provoquer la jalousie de son Luthïen.

Jack : Je sens que ça va ruer dans les brancards !

Opéca, robe du soir à la mode elfique se présente aux bras d'…Ëlnar ! Il n'est pas peu fier de son élève celui-là :

Arakïell : Bonsoir Opéca. Bon sang, tu es splendide.

Opéca : Merci chère amie. Il faut dire que j'ai eu un merveilleux conseiller pour orienter mon choix.

Grand silence autour d'elle. Depuis quand parle-t-elle ainsi la drôlesse ?

Opéca : Alors, z'avez vu ? Elle va en baver d'envie l'aut' pouillasse !

Arakïell : Ah, tu m'as fait peur Opéca. L'espace d'une seconde, j'ai pensé t'avoir perdu sur le bord de mon aventure…

Opéca : T'inquiètes, elle est pas prête de disparaître cette Opéca.

Ëlnar lève les yeux au ciel :

Arakïell : Mon ami, vous pouvez l'embellir, la faire resplendir, vous ne changerez pas le fond et c'est tant mieux parce que la fillette manquerait à pas mal de monde.

Ëlnar : Cela n'est pas mon souhait. Quelque part, elle ne serait plus cette charmante humaine si authentique.

Amélie : Pas faux mon gars ! C'est t'y qu'tu sais t'y prendre toi avec les femmes ?

Ëlnar : Je n'ai fait que révéler une beauté sous jacente.

Amélie et Rose se regardent :

Amélie : Quèque y dit ?

Rose : J'pense qu'il est question de beauté…après j'ai perdu le fil. Bon, c'est pas tout ça, mais j'ai du travail en cuisine et si j'les secouent pas un…

Soudain, est ouest arrive en hurlant ! Est ouest c'est Ortélïe, petite servante au service de la patronne. Un œil coté soleil levant, un œil côté soleil couchant, au sud une petite jeune fille toute simple complètement terrorisée par La Rose. Ceci dit, elle ne perd pas le nord et s'en remet toujours à son boss pour solutionner les problèmes rencontrés sur sa route.

Cette fois, il serait question de volaille partie en quenouille ou quelque chose dans le genre.

La tête du volatile encore en main, de l'autre le hachoir, l'arme du crime, c'est d'un air affolé qu'elle s'adresse à sa patronne :

Ortélïe : Ma'me Rose, Ma'me Rose !

Rose : Mais arrête donc d'brailler comme ça ! Qu'est-ce qui t'arrive encore ?

Ortélïe : J'ai coupé la tête de la dinde, comme c'est t'y qu'vous m'l'aviez ordonné, mais j'aime pas la vue du sang. J'ai fermé les yeux au moment où j'ai tranché…pis..pfff, envolée la volaille !

Rose : Comment ça envolez la volaille ?

Ortélïe : Pff envolée !

La pauvrette reste avec la tête de la dinde entre ses doigts et fixe ses mains. Sans doute imagine-t-elle la dinde réapparaître comme par magie ?

Rose : Ma pauv'fille, heureusement qu'tu t'es pas coupé une main ! Ben file à sa recherche ! Elle a pas dû aller ben loin !

Ortélïe : J'sais t'y pas ou chercher …

Rose : L'jour où une idée lumineuse sortira d'ton ganachon, j'm'en irais faire pisser les poules ma fille !

Sur ces bonnes paroles, la big boss monte sur une chaise, histoire d'être vue et se met à claironner :

Rose : Eh oh ! J'ai dit EH OH !

Le brouhaha cesse instantanément :

Rose : C'est t'y qu'on vient d'paumer une dinde…l'premier qui tombe dessus est prié d'la ramener en cuisine ! Z'avez compris ou c'est t'y qu'vous êtes déjà saouls comme des cochons ?

Tous le monde : Ouais, ouais , on a compris la Rose ! On t'la ramènera ta volaille. Tiens r'garde donc à ta droite…

Tous désignent une petite princesse de conte de fée, du moins ses vêtements la trahissent. Petite, ronde, un charmant petit diadème sur une tête où la grâce n'a pas étendu son blanc manteau, une robe en voile d'un vert criard, la petite princesse vient d'ouvrir la porte de l'auberge et se met à chanter en tournoyant :

Princesse : Un zour, mon Prin,ce viendra, un zour…

Un des convives : Eh ben, avec la gueule qu'elle a, y va pas s'presser !

Tous s'esclaffent et j'ai le plus grand mal à garder mon sérieux. Il faut dire qu'elle est disgracieuse à souhait la donzelle. Soudain, elle aperçoit Prince Charmant et s'écrit :

Princesse : Prince Sarmant ! Mon séri !

Prince écarquille les yeux :

Prince Charmant : Merdasse ! Que fait-elle ici celle-là ?

Je me retourne vers lui ébahis :

Arakïell : Non ! Ne me dites pas que c'est… votre épouse ?

Prince Charmant : Hélas pour moi ! Comprenez-vous à présent le tourment qui est mien ? Pourquoi je me vautre dans la luxure chez Rose et laisse des ardoises longues comme un jour sans fornication ?

Arakïell : Alors là Prince, je compatis. Non vraiment…

Princesse : Mon amouuur ! Vous z'êtes là ! Ze vous retrouve enfin.

Prince Charmant : Ah…ma mie ! Quelle …joie. Mais dites-moi, pourquoi n'êtes-vous pas avec votre papounet adoré et votre mamichette hum ? Vous les avez laissez tous seuls ?

Princesse : Ze voulait être avec vous amouur !

Prince Charmant : Quelle poisse…

Princesse : Vous disiez ?

Prince Charmant : Je disais, qu'elle chance !

La porte s'ouvre à nouveau…Ca y est, LE soleil fait irruption chez Rose. Sa très gracieuse Majesté Royale,Thranduil fait une apparition avec, à son bras, sa mie. Ceci dit, elle est bien plus jolie que la mie de l'autre bonze.

Evidemment, c'est Olana. Un corps moulé dans une robe d'organza pourpre, couleur des Rois et la préférée de l'ellon, la belle brille de mille feux tant son amour pour son roi la consume :

Arakïell : Tiens, Olana ! Comment va mon héroïne ? Toujours aussi…

Olana : Je l'aiiime…

Arakïell : Diantre ! La ferveur de cette passion ne s'est pas calmée. Vous êtes toujours aussi toquée de votre bellâtre.

Olana : Oh ouiii.

Le roi, le poitrail gonflé d'orgueil lisse sa magnifique chevelure pâle. Le temps s'arrête. Chacun de ses gestes est un appel à la luxure, mais Olana retient toute son attention :

Thranduil : Petit chaton ronronnant, nous connaissons notre pouvoir de séduction sur votre délicieuse petite personne, et nous en sommes si fier. Rapprochez-vous afin que de nos bras nous vous enrobions de notre amour sublime.

Amélie, Rose et moi-même nous regardons en souriant :

Amélie : Quèque y l'a dit le roi ?

Rose : M'es avis qu'ca ressemblait une p'tite gratification.

Arakïell : Gratification ?

Rose : Ouais, gratification !

Amélie : Pougne ! Il est quand même beau c'roi non ?

Rose : Eh, la vieille, arrête de soupirer. C'est plus d'ton âge tout ça !

Amélie : C'est l'roi d'Obsession. Celui qu'la p'tiote à voulu rencontrer.

Rose : Ah ! J'comprends mieux.

Amélie : Et c'est t'y qu'j'lui ai parlé. Pas vrai Arakïell ?

Arakïell : Tout à fait Amélie.

Rose : Eh ben v'la aut' chose !

Amélie : Et même qui m'a donné son mouchoir…tiens regarde.

Elle sort de son généreux décolleté un mouchoir bordé de dentelle blanche plié en quatre :

Amélie : J'l'ai gardé en souvenir. Il est trop beau pour s'moucher d'dans !

Rose : Ma pauv' Amélie. Tu changeras jamais !

Sur ces entre faits, Nimïel, l'elfe, se présente devant nos yeux l'index levé un air tout étonné sur ses traits :

Nimïel : Veuillez m'excuser, mais il me semble intéressant de soumettre à votre bon jugement un fait inattendu venant de se dérouler à l'instant sous mes yeux. Je m'en revenais des lieux d'aisance, ce qui m'a apporté un réel soulagement m'est-il permis de le signaler, lorsque je fus soumis à une vision des plus saugrenu. Là, devant mes chausses, j'ai vu passer une dinde peut être…étêtée.

Amélie et Rose se regardent à nouveau. Je ris sous cape et laisse se dérouler l'action :

Rose : Mais quèque vous avez tous à utiliser des mots aussi savants ? Y font mal à la tête et m'embrouille l'esprit !

Amélie : Tu parlais d'une dinde Nimïel, mais après ?

Nimïel : Comment ça après ?

Amélie : Ben, quèque c'est t'y qui lui est arrivé à c'te dinde ?

L'elfe diplomate, met de l'eau dans son vin et du diluant dans sa prose :

Nimïel : Je voulais dire, une dinde à laquelle une partie de son anatomie manquait. Autrement dit, sa tête.

Rose : Ah, c'est t'y qu'on la cherche la greluche. Où ça elle est partie ?

Nimïel : Excusez-moi, mais je n'ai pas pensé à le lui demander. Ceci dit, je ne vois pas comment elle aurait pu me répondre voire caqueter, puisqu'il lui manquait l'essentiel ! A mon humble avis, elle n'aura pas eu le temps de faire un bien long voyage. Sans doute est-elle gracieusement tombée au champ d'honneur !

Amélie : Et où qu'il est le champ d'honneur ?

Nimïel : Qu'en sais-je ? Fouillez du côté de la cour ou, au pire, dans l'étable…

Rose : Eh ben, heureusement qu'elle est pas allée s'jeter dans l'trou des latrines ! Elle commence à m'faire chier celle-là !

Arakïell : C'est le cas de le dire !

Jack : T'inquiètes Rose, je vais aller te la chercher !

Rose : Heureusement qu'c'est t'y qui a encore des gentlemen's dans c'bas monde.

Prince Charmant : Je viens vous éclairer de mes lumières afin de retrouver le précieux volatile.

Jack : Qu'est-ce que tu vas éclairer blaireau ?

Prince Charmant : Mais enfin…pourquoi s'adresse-t-on à moi de telle façon ?

Jack : Parce que t'as la gueule de l'emploi mon pote. Dommage hein ?

Là-dessus, coup de tonnerre. LA star fait son entrée. La porte s'ouvre en grand, un vent amène quelques flocons de neige et avec eux, le plus joli flocon de la création…Chaperon Rose !

Immédiatement les conversations s'apaisent, voire s'interrompent, et toutes les mirettes se mettent à briller. Il va s'en dire, mais était-ce utile de le préciser, qu'un garde à vous général se met en place et cela ne ressemble pas forcément à un salut militaire…A réfléchir…

Chaperon Rose : Ouh, ouh, c'est moiiiii !

Tous ce qui porte une paire de boules, comme aime à le préciser Chaperon, sourit béatement en imaginant moult péripéties s'exécutant, de préférence, en position horizontale.

Il faut dire qu'elle a mis le paquet la donzelle !

Un corset de satin rose bonbon avec tout plein de lacets, rubans, dentelles, sur une jupe patineuse toujours de la même couleur, on ne saurait se fourvoyer. Le tout est bordé de fourrure de cygne dont le moindre souffle d'air en fait virevolter les extrémités.

Ceci dit, beaucoup d'extrémités, elles aussi, aimeraient virevolter sous cette jupette.

La jeune femme porte des mitaines en dentelles blanches finement ouvragée, une coiffure savamment remontée sur le sommet de sa jolie tête bien faite et quelques mèches s'en échappe. Ses lèvres sont teintes de roses et un charmant grain de beauté ajouté avec un crayon noir, accentue son côté poupée de porcelaine.

Mais le clou de cette présentation reste…une magnifique culotte de satin rose, elle aussi, où a été cousu…un pompon de fourrure blanche.

Une phénoménale montée de testostérone s'effectue en un temps record. Il se forme comme un brouillard s'opacifiant avec le désir qu'il véhicule.

Soudain elle se penche en avant, afin de dévoiler ledit pompon et lance un tonitruant :

Chaperon Rose : Qui veut faire un vœu ?

Elle n'a pas terminé sa phrase, que déjà Luthïen, l'elfe qui lui mène la vie dure et fais travailler sa libido à la vitesse de la lumière, s'interpose entre elle et le reste du monde :

Luthïen : Le premier qui s'approche passera par le fil de mon épée !

Chaperon Rose : Et moi, s'il me plaisait que l'on me satisfasse de quelques effleurements bien dirigés ?

Le regard de l'ellon est brûlant :

Luthïen : Moi vivant, cette envie restera une utopie !

Chaperon Rose : Ouh ! Possessif on dirait…

La belle bat les mains et trépigne sur place en remuant son popotin en effectuant une danse des plus lascives :

Arakïell : Alors Chaperon, toujours fidèle à toi-même ? Prête à réveiller le moindre macchabée croisé sur ta route ?

Chaperon Rose : Tu me connais ma choupette. Je bats toujours le fer tant qu'il est chaud et de préférence avec une vigueur des plus soutenue, cela va sans dire.

Opéca la regarde un rictus mauvais sur son visage :

Opéca : On aime attirer la lumière sur soi la pouillasse ?

Chaperon Rose : C'est toujours mieux que d'attirer les mouches ma brune amie !

La jeune femme se lève en serrant ses poings. Rose intervint rapidement :

Rose : Pas de bagarre ce soir. Le premier, ou la première qui s'y risquera aura mon pied au cul !

Arakïell : Bravo Rose. Bien dit ! Votre prose vous trahit mon amie…si délicate, si subtile…

Jack : CA Y EST ! J'AI LA DINDE !

Opéca : On en a une autre ici. Prends là et enfournes-là !

Chaperon Rose ne fait aucun cas de la remarque de son ennemie de toujours et remarque soudain la Princesse de Prince Charmant. Devant ce petit tâchon, sa curiosité s'affine :

Chaperon Rose : Mais…c'est vous Princesse ? Quelle joie de vous revoir petite poupine.

La Princesse, trop heureuse de penser qu'une personne telle que Chaperon puisse lui trouver la moindre grâce, s'approche d'elle et lui fait deux bises bien sonores :

Princesse : Bonzoir ! Comment allez-vous Saperon ?

Chaperon Rose : Choupine, il n'y a pas à dire, j'adore votre cheveu d'ange sur cette langue délicate. Qu'en penses-tu Prince Charmant ?

Prince Charmant : Ce que je pense de quoi au juste ? D'elle ou de sa langue ?

Chaperon Rose : Je ne pensais pas au packaging Darling, mais bien de l'appendice…

Prince Charmant : Lorsqu'elle ne s'en sert qu'à des fins utiles…passe encore.

La Princesse, ne saisissant pas les moindres nuances de ce savoureux échange, les regardent l'un l'autre un sourire béat sur les lèvres. Cette petite est tellement innocente :

Princesse : Ze l'aime mon Prince…

Chaperon Rose : Oh, c'est trop chou !

Prince Charmant : Hélas pour moi.

La réponse, soufflée avec un désespoir chevillé au corps laisse tout le monde pantois :

Chaperon Rose : Je suis de tout cœur avec toi pervertico.

La réponse de la gourgandine amène un sourire torve sur les traits du Prince de pacotille. Pendant que sa Princesse discute avec Aliénor, Chaperon s'avance vers lui :

Chaperon Rose : Dis-moi mon ami, comment vas-tu procéder pour satisfaire les petites oies de Rose avec ta pouliche sur le terrain ?

Prince Charmant : J'ai bien tenté de la renvoyer chez son papounet, mais elle s'accroche à moi tel un morpion…

Chaperon Rose : Il ne s'agit uniquement que de ton sex appeal petit Prince pervers.

Prince Charmant : Cependant, je n'ai pas dit mon dernier mot. Je trouverais bien un petit quelque chose.

Chaperon Rose : Pour cela, je te fais confiance !

Dans les cuisines, on s'active. Les premiers plats vont être servis. Une terrine de sanglier accompagnée de saumon fumé avec sa petite louche de caviar. Une petite louchette cela s'entend.

Du caviar Impérial Beluga d'Iran ? Quoi ? Le meilleur caviar au monde ? Waouh ! Elle ne s'est pas moquée de nous la Rose ! A cent quatre-vingt euros les vingt grammes, il y a tout intérêt à en savourer le moindre grain.

Juste à temps arrivent Père Nono, dit Père Noël. Il ouvre la porte et lance son tonitruant :

Père Nono : Oh, Oh, Oh, bonsoir à tous !

Jack le regarde comme deux ronds de frite :

Jack : Excuse-moi vieux, mais je me suis toujours demandé pourquoi tu nous sors cette réplique à la con !

Père Nono : Bougre de tonnerre ! C'est ainsi que l'on m'accueille ?

Arakïell : Ne faites pas attention Père Nono…

Soudain, Chaperon Rose l'aperçoit :

Chaperon Rose : Eh ! Coucou, mon choupinou de père nounouille !

Le visage du géant habillé de rouge change du tout au tout et un sourire niais s'invite sur ses traits :

Père Nono : Oh, délicieuse enfant !

Chaperon Rose : Mais qu'est-il arrivé à ta barbe légendaire ?

Mais oui, je n'avais pas remarqué. Sur le côté gauche, il lui manque quelques poils et une auréole noirâtre, gâche cette belle masse blanche :

Père Nono : Hum, ça ? Des gamins ont mis un pétard dans les sablés posés sur la table basse près de la cheminée…P'tits morveux !

Amélie : Et toi t'as rien trouvé d'mieux qu'céder à la tentation …

Père Nono : Bougre de tonnerre ! Il est de tradition de laisser un petit encas pour moi cette nuit là. Après tout, qui se démène pour apporter tous ces cadeaux ?

Chaperon Rose : Pauvre Père Nono. Choupinou !

Père Nono : Délicieuse enfant !

Le sourire niais réapparaît sur ce visage poupin. Ce qu'il peut paraître crétin :

Opéca : Oublie-là, le vieux. Y'a déjà Luthïen sur le feu et il en bave assez comme ça crois-moi.

Un invité manque à l'appel me semble t-il et pas des moindres. Il s'agit de Mister Grey. LE Christian Grey. Chaperon Rose est en folie lorsqu'il entre enfin.

Diantre, j'en perds la parole. Son mètre quatre-vingt cinq encadre la porte avec une autorité démentielle. Tout ce qui compte une paire d'ovaires dans la salle est prêt à se prosterner devant cette icône.

Le cheveu rebelle, les yeux gris acier, le pantalon qui tombe sur les hanches…autant je trouvais ça crétin dans le bouquin, autant là…aïe, aïe, aïe. Je me demande ce que nous serions prête à laisser tomber…

Laissons l'imagination faire le reste.

Les doigts qui le démangent…les nôtres aussi d'ailleurs.

Il s'avance. Rectification, il ondule tel un serpent. Terrible reptile tentateur et dangereux à souhait.

Amélie, en laisse tomber son morceau de volaille :

Amélie : Pougne ! Quèque il est beau !

Arakïell : Ca, Amélie, ça s'appelle un fantasme sur pattes !

Amélie : Ah voui ?

Arakïell : Voui ! Et malheureusement, on ne trouve ce genre de spécimen que dans un bouquin, c'est dire sa rareté et valeur !

Pour le coup, deux mouchoirs me sont nécessaires. Après tout, au Diable l'avarice !

Le bellâtre salut tout le monde. Nous sommes toutes dans un brouillard intersidéral. Saurons-nous nous diriger sans risque dans cette dangereuse opacité ?

Pas sûr ! Beaucoup risque de se prendre un mur de face. Dommages collatéraux dirons-nous. Il n'y a que la bougresse de Chaperon Rose, pour s'en tirer la tête haute. Ceci dit, il n'est pas exclu que cette charmante tête blonde ne descende sans rappel, de quelques hauteurs vers un obscur objet de désir…Ouf, il me reste un coin de mouchoir. Ca tombe bien, un goutte de sueur perle sur l'arrête de mon nez.

Enfin, nous reprenons une bonne goulée d'air et refaisons surface.

Thranduil, a sentit le danger venir avant tout le monde, et s'avance vers lui, le poitrail gonflé tel un coq de basse cour.

Les deux mâles à l'ego surdimensionné, se toisent tels deux rivaux. Aucun des deux ne veut baisser casaque. Quelles splendeurs ces deux mâles. Je sors mon carnet histoire de compter les points. S'il y a bagarre autant faire quelques paris afin de récolter un peu de monnaie. Enfin, les dominants daignent s'adresser la parole :

Thranduil : Thranduil, roi des elfes sylvestres !

Christian Grey : Christian Grey, roi de Seattle !

Prince Charmant : Prince Charmant, Prince de la connerie ! Ceci dit, je ne désespère pas de devenir Roi un de ces jours.

Prince Charmant vient de dégoupiller une grenade et nous explosons tous de rire. Celui-là est un diplomate qui s'est raté. Chaperon Rose, les hormones en folies, lâchent un petit miaulement à rendre fou :

Chaperon Rose : J'ADORE ! Refaites cela quand vous voulez !

Tous la reluquent. Elle fait l'unanimité cela est un fait avéré. Pour énerver, plus encore, Luthïen, elle se place en bout de table afin que personne ne puisse s'assoir à ses côtés mais qu'elle puisse avoir un sentiment de domination sur cette assemblée. Radieuse, la petite poupée porte à ses lèvres un verre de vin et en boit une larmichette tout en passant, par la suite avec une lenteur toute calculée, le bout de sa langue...rose sur ses lèvres :

Opéca : Commence pas à faire ta bêcheuse poularde !

Ëlnar voit toutes ses belles résolutions tomber à l'eau. Décidément, impossible pour lui d'amener un semblant d'éducation chez cette jeune femme dès qu'elle est en présence de sa rivale :

Chaperon Rose : Et ces belles résolutions de bien s'exprimer et briller de mille feux alors ? Qu'en fait tu ma brune amie ?

Opéca : Tu fais pas partit des personnes bien nées. Pas besoin d'faire des ronds d'jambe avec toi.

Chaperon Rose : Et voilà…chassez le naturel, il revient au galop !

Satisfaite, la jeune femme entame son caviar sous le regard brûlant de Luthïen qui adorerait lui administré une correction de son acabit.

Le roi de Seattle, ne manque pas de la dévorer également des yeux. Elle en profite pour lever les yeux aux cieux, sachant pertinemment l'effet que cela ne manquera pas de provoquer chez ce mâle dominant :

Chaperon Rose : Mais dites-moi Monsieur Grey, où se trouve cette charmante Anna en cette soirée de réveillon ?

Christian Grey : Chez sa mère.

Prince Charmant : Ah, vous voyez ma mie, votre place était aux côtés de celle qui, malheureusement, vous a donné la vie ? (il l'a tellement bien chuchoté ce mot, que je l'ai à peine entendu)

Princesse : Ze n'ai pas entendu après qui… ?

Prince Charmant : Je disais, celle qui heureusement, vous a donné la vie. C'est une TELLE chance pour moi de vous avoir rencontré.

Princesse : Oh, ze vous aime mon Prince !

Prince lève les yeux. Il n'en peut plus de sa bonne petite Princesse.

Prince Charmant : Oui, je sais que je suis irrésistible. Ceci dit, vous n'avez pas répondu à ma question !

Princesse : Mais, ze voulais vous faire plaisir ?

Son sourire est touchant, mais Prince n'en a cure :

Prince charmant : Mon plaisir en sera fortement perturbé ma mie, vous pouvez le croire.

Princesse : Pourquoi ?

Prince Charmant : Pourquoi ? Mais, vous savoir si proche de moi…me perturbera au-delà du raisonnable. Je ne saurais cacher ma passion pour vous très longtemps. Par conséquent, je devrais monter à l'étage, quelques temps, histoire de …je suis un peu gêné…me ressaisir et faire baisser la pression dirons-nous afin de me montrer plus sage tout au long de la soirée.

Princesse : Mais…ze ne veux pas que votre passion pour moi s'atténue mon séri !

Prince Charmant : Enfin, ma mie, nous ne sommes point seuls. Un peu de correction tout de même.

Amélie : Penses-tu donc, fais lui plaisir à ta p'tite brioche, après tout c'est noël ce soir non ?

Prince Charmant : Mais enfin de quoi vous mêlez-vous la drôlesse ! N'interférez point dans ma vie conjugale je vous prie !

Princesse : C'est un grand timide vous savez. Quand …enfin…quand il m'honore, et bien il demande toujours à éteindre la lumière. C'est sou non ?

Chaperon Rose : C'est quoi ?

Princesse : C'est sou !

Chaperon Rose : Ah, vous voulez dire chou ma choupinette ! Ah, ce cheveux d'ange…

Gabriel, beau comme un Dieu, enfin presque, hausse un sourcil. La perfection est atteinte :

Arakïell : Gabriel, vous êtes une icône. Si Michel Ange était encore de ce monde, il vous aurait peint le portrait en récitant des psaumes !

Gabriel : Hum ? J'aime assez à le penser !

Il cabotine à fond la caisse. J'adore ! C'est mon archange. Il est définitivement à moi, c'est un fait. Princesse reprend son monologue. Aïe, je sens venir la boulette :

Princesse : C'est vrai qu'il est zoli, mais ze préfère mon Prince…

Chaperon Rose : Ma petite pipounette, nous sommes entre nous, nous sommes assemblés en cette veillée de noël et deux trois petites questions taraudent mon esprit. Vous savez que dès qu'elles me titillent, elles ne peuvent souffrir de rester sans réponses. Dites-nous, Prince est-il un bon époux ?

Prince Charmant la fusille du regard, elle lui sourit telle la louve prête à mordre :

Princesse : Oh oui, il mon époux que z 'aime.

Chaperon Rose : Oui, cela nous l'avions bien compris, d'ailleurs il faudrait être niais pour faire l'impasse sur vos sentiments, mais…

Arakïell : Chaperon ? Nous pourrions remettre cela…

Chaperon Rose : Tss, tss, tss, laissons la parole à cette admirable petite Princesse. Nous vous sommes tout ouïes…

Princesse : Bien, ze n'ose le dire…

Chaperon Rose : Mais OSEZ, que Diable !

Gabriel la toise de haut :

Princesse : Que voulez-vous savoir au zuste ?

Chaperon Rose : Prince comble t-il toutes vos attentes ? J'ai bien dit toutes ?

Amélie : Mais laisse donc c'te…

Opéca : Bois un coup la vieille, je sens qu'une révélation d'importance va être faite. Ce sera un secret bien gardé, autant que la taille de la culotte de l'autre pouillasse !

Gabriel : OPECA !

Tout le monde le fustige du regard. Tous sont suspendus aux lèvres de la Princesse :

Chaperon Rose : Merci Opéca pour cette remarquable intervention qui te vaudra une reconnaissance éternelle de ma part. Alors Princesse ?

Princesse : Oh oui, il me comble tant et si bien que ze zoui à chaque fois !

CA Y EST ! La bombe est lâchée ! Gabriel s'étouffe avec son verre de Bordeaux millésimé. Prince devient rouge. Chaperon Rose tente une dernière précision :

Chaperon Rose : Pardon ?

Princesse : Ze zoui ! A chaque fois.

Chaperon Rose : Ze zoui ? Je jouis voulez-vous dire ? Ma choupine, vous venez d'entrer, ainsi que votre précieux époux dans la postérité !

Nous nous regardons tous et laissons exploser ce rire que nous avons tous la plus grande difficulté à contenir. Amélie laisse entrevoir SA quenotte et rit tant et si bien, qu'elle est secoué de spasmes et ses attributs féminins semblent montés sur vérin hydraulique.

A mourir de rire !

Jack : 'tain Prince, tu m'en bouche un coin !

Nimïel : Je n'aurais pas mieux dit.

Aliénor : A la guerre comme à la guerre n'est ce pas Prince ?

Christian Grey : Vous avez la reconnaissance d'un dominant à un autre !

Soudain, l'orgueil et la fierté de Prince se gonfle telle une baudruche et le paon fait la roue :

Prince Charmant : Ne vous l'avais-je point dit, qu'il était fort satisfaisant de me connaitre ?

Chaperon Rose : Ceci dit, Prince, pourquoi tenez-vous tant à exercer votre devoir conjugal dans la nuit noire ?

Prince, décontenancé, fulmine :

Arakïell : Une révélation après l'autre voulez-vous ? Nous allons continuer notre repas et apprécier ces plats délicieux dont Rose nous fait l'offrande.

Rose : Qui parle d'offrande ? On fait pas la charité par ici !

Gabriel, outré, la fixe d'un air fort courroucé :

Rose : J'voulais pas irrespectueuse, mais enfin bon, j'travaille pas pour des clopinettes.

Arakïell : Elle ne voulait pas être désagréable Gabriel. Vous la connaissez.

Je fais les gros yeux à Rose. Elle se calme vite fait.

Le repas continue dans la joie et la bonne humeur. Civet de sanglier, volailles rôties, daubes en sauces…tous les estomacs y trouvent leurs comptes.

Devant Amélie, une bonne grosse dinde rôtie à souhait trône sur un plat d'argent. La bonne femme commence à la dépiauter avec un soin tout particulier. Ce soir, c'est Byzance pour elle.

Arakïell : Alors Amélie, elle est bonne ta volaille ?

Elle lève le pouce en signe d'assentiment :

Arakïell : Sinon, votre aventure en Terre du Milieu vous plaît-elle ? Cela doit vous manquer de ne plus exercer vos activités commerciales avec vos fifilles …

Nimïel : Voyons n'ayez point peur des mots Dame Arakïell, Amélie nous fournit un cheptel féminin de premier ordre. Ceci dit, n'y voyons là aucune manifestation ostentatoire, mais plutôt l'un des nombreux bienfaits des activités de ces charmantes créatures auprès de la gent masculine...
Arakïell : Nimïel, je pense que nos lecteurs ont compris. Toujours aussi diplomate. Vous êtes un grand orateur devant l'Eternel et surtout un elfe étonnamment charmeur, aux manières raffinées et au verbe haut.
Nimïel: Que voici une description des plus exactes et j'oserais même affirmer, sans aucune vantardise, assez conforme au personnage. Alors ainsi je peux me présenter à vos lecteurs ? Et où sont-ils ?
Amélie : Ben c'est t'y ben vrai çà, où qui sont donc ?
Arakïell : Eh bien là devant vous, où plutôt devrait-je dire derrière leur écran mais... enfin c'est compliqué pour vous mes amis. Disons qu'ils vous observent derrière une lucarne.

Amélie : Ah oui ? Cà alors ! Bon alors j'approche... Ah oui y m'semble ben apercevoir quèque chose là.

Amélie à le nez tout contre votre écran. Je pense qu'il est absolument impossible de manquer pareille vision. Voici qu'elle ouvre la bouche, se met à rire et nous montre la seule et unique quenotte qu'il lui reste. J'en ai un frisson :

Amélie : T'as froid ma p'tite briochette ?
Arakïell : Non, Amélie, tout va bien.

Elle s'approche, me serre très fort contre elle et me frictionne les bras pour me réchauffer. Je retrouve une chaleur maternelle, douce tel un cocon dont on ne souhaiterait s'écarter. Elle est comme çà Amélie, pas très instruite, mais débordante d'amour, et de compassion. C'est cela aimé en somme.

Après un tel moment de grâce, on remplit les verres à nouveau. Une tourné de plus et chacun de constater que tout le monde tiens une bonne descente et plus particulièrement Amélie. Les joues rosies par la chaleur du feu de cheminée et sans doute par le vin, elle s'empresse de vider le contenu de son verre en riant.

Père Nono : Diantre, elle à une bonne descente la vieille, je n'aimerais pas la remonter en vélo celle là !
Rose : Z'allez pas encore m'l'a soulez...
Jack : Mais non Rose, on va faire attention.
Rose : C'est c'que vous m'avez dit la dernière fois saligauds, résultat à la fin d'la soirée, elle était aussi ronde qu'une queue d'pelle.
Prince Charmant : Cela arrive quelquefois, il faut bien profiter des moments de félicité qui s'offre à nous. A bien l'observer, il est évident qu'elle à le vin léger et rieur.
Rose : P'être ben, mais c'est pas vous qui l'avez trouvé par terre au milieu d'la nuit. J'savais plus comment la réveiller. Evidemment, comme y'avait plus une seule personne sobre dans les parages, j'ai rien pu faire d'autres que la faire rouler comme une boule près d'la cheminée. J'ai mis une bûche dans l'âtre, une couverture sur ses épaules et j'l'ai laissé là à cuver sa vinasse. Ah mes aïeux si j'en avais eu un d'vous sous mes paluches, j'lui aurais fait tomber ses chicots dans l'heure !

Le somptueux repas continue et avec lui, des plats tous plus alléchants les uns que les autres. Un défilé de poissons à présent servis avec des petits légumes confits…un délice.

Je félicite Rose et en profite pour poser LA question qui brûle les lèvres de tous mes invités : pourquoi « L'auberge du cochon pendu » ?

Rose : Alors c'est t'y qu'vous aimeriez savoir ? Ben v'la toute l'histoire. J'avais acheté sur le marché un p'tit goret pensant l'engraisser pour en faire tout un tas de bonnes choses. Déjà, j'avais payé pour le plus têtu d'la portée. Il avait une façon d'me zieuter l'corniaud ! Avec son œil torve, j'voyais ben qui m'cherchait des pouilles, mais j'continuais à lui r'filer tout plein d'bonnes choses à bouffer…sauf que…fallait croire qui comprenait l'bonze, parce qu'au moment où les fêtes approchaient, plus moyen d'lui faire avaler quoi qu'ce soit. Du coup, j'me r'trouvais toujours en quenouille ! Même les glands y m'les repoussaient ! Au final, j'lai gavé comme une oie, et j'garde encore les marques de ses morsures.

L'jour où j'l'ai dévissé, y m'a fait courir l'corniaud ! J'lui envoyé une machette en pleine poire. Raide qu'il est tombé ! J'étais pas peu fière !

Olana porte sa serviette à ses lèvres. Thranduil, en parfait roi de la Terre du Milieu, la prend dans ses bras et lui murmure quelques paroles réconfortantes, à moins que ce ne soit …ah, mon imagination….

Rose : J'vous dis pas les boudins, sauciflards et autres joyeusetés qu'on a pu en tirer. Mais j'ai gardé l'enveloppe et l'ai fait empailler. Depuis, il trône à sa bonne place, à côté d'l'enseigne. C'est un peu comme un rappel à l'ordre pour les autres qu'j'ramène de la Foire aux bestiaux. Une petite entrée par la bonne porte, y voient l'autre accroché comme un jambon et y engraissent docilement.

Prince Charmant : Cette femme est une exception du genre humain !

Le repas n'est pas fini. Les fromages suivent et ne déméritent pas non plus. Et c'est le moment de faire à nouveau, une pause. Prince charmant s'agite sur sa chaise et n'y tenant plus appelle Mic Mac. Tous deux s'éloignent. Une sorte de conciliabule les fait parlementer un moment avant que Prince ne revienne s'assoir.

Je sens le coup fourré venir.

Deux minutes plus tard, un Mic Mac, au top du mensonge se présente devant la petite Princesse. Essoufflé, il lui sort une tirade improvisée à n'en pas douter :

Mic Mac : Princesse, votre papounet vous envoie chercher qu'il à dit. Il veut vous avoir à ses côtés, parce qu'il se langui de sa fifille adorée et aussi parce qu'il a tous pleins de cadeaux pour son petit amour de Princesse qu'il a rajouté, aussi sûr qu'deux et deux font…

Thorinos : Quatre !

Arakïell : Super mon Thorinos. Alors là, tu m'épates.

Thorinos : Je ne suis pas de la lignée de Durin pour rien.

Arakïell : Evidement !

Princesse : Oh ! Il est sou mon papounet. Cela ne vous fait rien mon séri si ze m'absente ?

Prince Charmant : Oh !

Princesse : Ze voit bien que cela vous sagrine. Ze vais rester avec vous.

Prince Charmant : NON ! Enfin, vous n'y pensez pas ma chère ! Et vos parents alors ? Que nenni. Allez les voir, prenez le temps qu'il vous faudra et nous nous retrouverons dans l'intimité de notre chambre où je vous ferais rapidement oublier ce petit désagrément.

Princesse : Petit coquinou.

Elle se rapproche de lui :

Princesse : Et vous me ferez zouir comme toutes les fois où vous me faites voir les zétoiles ?

Chaperon Rose : Que lui avez-vous dit petite poupine hum ?

Princesse : Des soses secrètes.

Chaperon Rose : Tss, pas de secrets entre nous choupine.

Elle se rapproche de Chaperon Rose et lui murmure des paroles à l'oreille. Avec un sourire radieux, elle déclame immédiatement haut et fort ce qui vient de lui être confié :

Chaperon Rose : Alors comme cela Prince, vous lui avez promis de la faire zouir encore et toujours ? Vous êtes le plus grand libertin que la Terre ait porté mon ami ! Vos exploits nocturnes vont entrer au Panthéon de la gloire !

Jack : Au Panthéon de la connerie me semblerait plus juste.

Nous éclatons tous de rire pendant que la Princesse colle un patin monstrueux à son Prince qui se dépêche de passer sa manche sur ses lèvres aussitôt qu'elle a le dos tourné.

Princesse : A plus tard mon séri !

Prince lui fait un signe et dès qu'elle franchit le pas de la porte pousse enfin un énorme soupir de soulagement :

Prince charmant : Ouf ! Enfin débarrassé de ce petit cafard disgracieux !

Arakïell : Ce n'est pas gentil Prince.

Prince Charmant : Ce n'est pas vous qui vous coltiner ce boucan dans un lit !

Amélie : Ben pourquoi qu'tu t'es marié avec elle alors corniaud ?

Prince Charmant : A votre avis ? Mes dettes de jeux !

Rose : Bien fait pour toi !

Prince charmant : Mais je ne vous permets pas !

Vexé comme un pou, il se drape dans sa dignité et se lève de son siège :

Prince Charmant : Je vais prendre l'air.

Opéca : C'est ça ! Dis plutôt qu'tu vas prendre Ophélie qui t'attend bien sagement sur sa couche…

Prince Charmant : Vos propos malfaisants ne sauraient m'atteindre ma chère !

Et le vil prinçouille s'en va retrouver sa petite pouliche à l'étage comme il était prévu avant que ne survienne sa petite Princesse adorée.

Cet individu, peu recommandable, ne perd pas le nord. Il saura toujours aller dans le sens du vent.

Tiens, je remarque que Père Nono, lui non plus, n'est plus à table. Je me lève, et je vais faire un tour en cuisine…rien. Curieux ! Je tombe sur Rose en plein rush.

Rose : Si tu cherches le vieux, il m'a semblé le voir passer dans la cour.

Arakïell : Merci Rose. Décidément, tu gardes un œil sur tout le monde !

Rose : Déformation professionnelle ma p'tiote.

Je lui souris. Seule maîtresse à bord après l'Eternel, c'est comme sur le Titanic, elle coulera à bord de son navire la tête haute et son magot bien à l'abri…sous sa féminité !

Je sors dans la cour, j'inspecte les environs…personne. Je sens l'entourloupe !

Brr, il fait un froid de canard à l'extérieur, je décide de rentrer. Chaperon Rose s'approche de moi :

Chaperon Rose : Tu as perdu quelque chose ? Ta petite vertu peut être ?

Arakïell : Très drôle ! Je cherche …

Chaperon Rose : Père Nono ? Il est toujours très demandé à cette date précise.

Arakïell : Trêve de plaisanterie. Où s'est-il caché le vieux ?

Chaperon Rose : A ton avis ? Sûrement entre …

Arakïell : Attention à ce que tu vas dire.

Chaperon Rose : Poupine, nous n'en sommes plus là ! Tu crois encore au Père Noël toi ?

Arakïell : Euh, la n'est pas la question.

Chaperon Rose : Père Noël est la plus vaste fumisterie depuis la création du Monde choupinette. Celui que nous connaissons se trouve être la grande crapule que la Terre ait porté.

Arakïell : Attention, ma belle tu vas en décevoir plus d'un et d'une !

Chaperon Rose : Oh mais, je me garderais bien de révéler à la face du Monde cette infamie chérie, lui seul se dessert à souhait !

Arakïell : Toujours réponse à tout.

Chaperon Rose : Père Nono, est un gentil poupounet, néanmoins, il n'en porte pas moins une belle paire de boules, enfin j'imagine et à partir de ce fait notoire, le reste suit…tu le trouveras avec l'une des gourgandines de Rose. Guide-toi à ton ouïe !

Là-dessus, la petite poupée s'échappe de sa démarche si particulière. On dirait un automate à qui l'on aurait remonté la clef dans le dos. De tout petits pas rapides…charmants ! Cette fille est un piège à hormones. C'est définitivement un fait avéré.

Je décide donc, de mener mon enquête, lorsque soudain, apparaît devant moi, Mic Mac, un sourire torve sur les lèvres :

Mic Mac : Eh Arakïell, quèque tu m'donnes si j't'apporte une info d'premier choix hein ?

Arakïell : Attends, laisse-moi réfléchir. Un bon coup d'pied au cul, ça te va ?

Mic Mac : Tu m'déçois cousine. Alors, ça n'éveille pas ta curiosité ?

Arakïell : Mais tu n'es qu'un sale petit voleur.

Mic Mac : Bah, on n'se refait pas !

Arakïell : Ok. Je vais voir ce que j'ai dans mes poches et crois-moi, l'info à tout intérêt à être un scoop !

Mic Mac : Aboule le fric et j'te dirais !

Je grogne mais m'exécute. Sale petit lutin ! Par moment, je lui tordrais bien le coup à celui-là. Je sors un billet de vingt euros :

Mic Mac : Quoi, c'est tout ?

Arakïell : Tiens je rajoute dix euros et tu te dépêche de cracher l'info ou je te fais cracher ton râtelier !

A mon air menaçant, il capitule :

Mic Mac : Eh, te fous pas en boule la frangine !

Arakïell : Ah, je constate que mon statut familial à changé.

Mic Mac : Vouais ! Allez viens !

Il me prend la main et me guide à l'étage. Nous accédons au premier étage puis prenons le second escalier qui au deuxième étage. Les bougies éclairent faiblement le couloir. Un tapis épais camouflent les bruits de nos pas…pas le reste.

D'étranges bruits, borborygmes, s'échappent de l'une des chambres. Je fronce les sourcils. Mic Mac rigole :

Mic Mac : Ca, c'est Prince ! Il assure pas vrai ?

Je roule les yeux :

Arakïell : Tais-toi, je ne tiens même pas à imaginer ce qui se passe derrière cette cloison de bois !

Mic Mac : Dommage ! J'ai la clef !

Je fixe le lutin :

Arakïell : Comment…

Mic Mac : Si tu files la monnaie, je t'offre le film en cinémascope avec son Dolby Digital !

Il manque se recevoir une mandale en pleine poire mais esquive le coup. Nous continuons et empruntons un petit escalier menant aux combles. Le grenier, poussiéreux est désert, mais je sens un furieux courant d'air. La trappe pour accéder sur le toit est grande ouverte.

Mic Mac : Vas-y, grimpe, tu s'ras pas déçue !

Méfiante, je fixe l'échelle, puis me décide à monter. Je sors la tête du trou, c'est le cas de le dire, mais un autre l'a emprisonnée dans le conduit de la cheminée. Père Nono…comment dire…se retrouve tête bêche dans ce trou, les bras moulinent l'air et il a le…non ! Je n'ose même pas décrire la scène.

Je sors un mouchoir, merdoum, ils sont en bas. A la guerre, comme à la guerre, je m'éponge le front avec ma manche. Dehors la tempête s'est levée. Les flocons tourbillonnent, et du coup j'en avale quelques uns. La bouche grande ouverte, je ne me suis même pas rendu compte qu'ils s'invitaient joyeusement dans ma cavité buccale. Je crachote et me retourne vers le lutin. Il est hilare :

Mic Mac : Alors, elle est pas belle l'éclipse de lune ?

Arakïell : Remets –moi tout ça à sa place je…

Soudain, des cris nous parviennent de la grande salle du rez de chaussée. Je redescends l'échelle :

Voix : AU FEU, AU FEU !

Arakïell : Reste à ses côtés !

Je me dirige vers les escaliers. Je manque me casser la margoulette et j'arrive en bas. On a l'impression de se retrouver à Londres en plein brouillard. Rose tempête :

Rose : Ouvrez les fenêtres et la porte ! Qui m'a foutu l'feu qu'je le trucide ?

Les hommes, elfes, les mâles quoi, prennent l'affaire en main. N'est-ce pas toujours ce qu'ils font ? Hum ?

Un courant d'air glacé envahit la pièce et chasse la fumée :

Jack : Et la belette ? Qu'est-ce qui t'arrive ? T'inquiètes, on a la situation bien en main !

J'ai déjà entendu ça quelque part…

Chaperon Rose, la gredine, se met à jouer la comédie de la femelle en danger qu'un mâle doit absolument rassurer. Et le plus beau c'est que….ça marche :

Christian Grey : Je suis là bébé !

Trois mots et le danger disparait instantanément. Une question existentielle s'imprime dans mon esprit. Comment font-ils pour rassurer à point ? Serait-ce inscrit dans leurs gênes ? Une enquête devra être menée prochainement. Je m'approche discrétos de Jack :

Arakïell : Jack, quelque cho…plutôt quelqu'un bouche le conduit de la cheminée !

Jack : T'es déjà torchée ma belette ?

Arakïell : Je te dis qu'il y a l'autre babo de Père Nono coincé dans la cheminée !

Il me fixe et se met à rire bruyamment, puis il se retourne vers la salle et lance en hurlant une petite poignée de mots :

Jack : Eh vous autres, le vieux est coincé dans la cheminée !

Rose vient vers moi tel un dragon prêt à me griller :

Rose : Quèque tu racontes ?

Arakïell : Merci Jack ! Eh bien en fait…Père Nono est coincé…

Je n'ai même pas terminée ma phrase que déjà la patronne à retroussé ses jupons et grimpe quatre à quatre les escaliers. La majeure partie des convives la suive.

Devant l'échelle, chacun veut accéder au sommet. Galants, les hommes, elfes, bref, les porteurs de boules nous laissent la politesse. Quelle galanterie ! Waouh ! Sauf que…

En fait, leurs mirettes se perdent sous les jupettes et robes …

Les gredins ! Ils sourient tous en se lançant des œillades de connivence. Typiquement masculin tout ça !

Ils me regardent levant les mains en signe d'excuse. Malgré tout, je souris. On ne les changera jamais ceux-là ! Ca va les gars, je suis avec vous. Ce n'est pas pour rien qu'on se laissera toujours prendre au jeu…la naïveté aussi doit être inscrite dans nos gênes !

Enfin, tous sur le toit, nous constatons l'étendue des dégâts. La paire de jambes du vieux s'agite de tous côtés. Son calebar a été remonté, ouf, l'honneur est sauf et déjà, les mâles (ce qui enrobe tous les représentants du genre masculin), se liguent pour porter secours à l'un de ses plus fameux représentants !

Ils tirent sur ses jambonneaux et réussissent à l'extirper du …trou, mais dans leur élan tombent sur le toit couvert d'une bonne épaisseur de neige et commencent à glisser. Horreur !

Les femelles commencent à hurler. C'est toujours ainsi que les choses se passent, tandis que les mâles s'attrapent au fur et à mesure que l'un des leurs glisse et passe devant eux. Sauf, qu'à la fin, il n'y a plus personne pour rattraper le dernier…

Seul le lutin reste là, les bras ballants. Il me regarde en levant les yeux au ciel :

Mic Mac : Eh, tu crois pas qu'je vais tenir toute cette grappe à moi tout seul !

Arakïell : Mais ils vont tomber du toit !

Mic Mac : Et alors ? C'est pas grave, on aura qu'à compter les morts !

Et il se met à rire bêtement. Il sait lui ! Il sait qu'a terre, une bonne couche de neige s'est accumulée et qu'au pire c'est leur fierté qui sera mise à mal.

Nous les femelles, n'avons pas encore capté. Il paraît que c'est comme cela que les choses se passent. Enfin, d'après le masculin cela s'entend, parce qu'immédiatement, nous autres, pauvres petits êtres sans défense, nous lançons dans un sauvetage improvisé.

Le fait de porter une paire d'ovaires doit y être pour quelque chose je pense. Instinct de conservation sans doute ? Nous protégeons notre portée. Et celle-là en est une de choix.

Nous tendons la main vers le dernier qui tente désespérément de s'accrocher à…rien en fait.

Chaperon Rose attrape la main de …Mister Grey ! Celle-là alors, même dans les moments périlleux, elle gagne toujours haut la main.

Sauf que…Mister Grey a ses menottes qui le démangent…le bougre ! C'était bien le moment !

Du coup, il lâche Chaperon qui pousse un miaulement à fendre l'âme et tout ce beau paquet disparaît de notre vue.

Vite vite, nous descendons en quatrième vitesse, nous mettons même le turbo en marche, enfin sauf Amélie qui roule au diesel et fait de son mieux pour suivre…dignement !

Au rez-de-chaussée, la fumée a quasiment disparu. Nous arrivons langue pendante, certains vont apprécier dont le dominant de Seattle…entre autres…et apercevons une belle brochette de mâle bien planté dans une épaisseur de neige moelleuse.

Ah, ils sont beaux ! Tellement, que je sors mon portable et leurs tire le portrait :

Arakïell : Say Cheese !

Mic Mac, resté sur le toit de l'auberge, les bombardent de boules de neiges. Le saligaud les sait emprisonnés dans la neige et se délecte ! Il a tout intérêt à prendre le maquis et rester caché le reste de la soirée.

Enfin, nous nous décidons, nous les femmes, à les sortir de leurs carcans, pour une fois, ce sera leur tour à ces pauvres prisonniers.

Nous rentrons tous à l'intérieur. Là, Prince se présente la mine en fleur, un sourire béat aux lèvres :

Prince Charmant : Ai-je raté quelque chose ?

Jack : Comme toujours guignol !

Rose, distribue des vêtements à tous, sauf…Ses Majestés Royales, Thranduil et Mister Grey, qui pour un a eu la sagesse d'écouter sa mie Olana qui la bien briefé sur toutes les catastrophes possibles et imaginables pouvant arriver chez Rose, et pour l'autre…ben c'est le dominant par excellence. Par conséquent, prévoyant dans l'âme, il sort un smoking nickel chrome, qui a dû lui coûter les deux bras, d'une housse en tissus !

Tout ce joli petit monde se réunis à nouveau autour de la table afin de savourer les desserts. Là non plus elle ne s'est pas moqué de nous la Rose !

Gâteaux, glaces, fruits en abondance, chocolats de toutes sortes…cinq kilos plus tard, chacun sirote son café, repus. Jack s'est chargé d'emmener une sono :

Arakïell : Mais Jack, Rose n'a pas l'électricité.

Jack : J'ai pensé à tout.

Il me désigne un petit groupe électrogène dans un coin de la pièce :

Arakïell : Jack, tu es un ange.

Gabriel : Pardon ?

Arakïell : Vous Gabriel, vous êtes l'exception, The Archange, l'Artiste quoi.

Son visage s'illumine. Finalement, il se voit bien en guest star mon archange. Père Nono se présente à nous l'air tout contrit :

Arakïell : Après ce sauvetage digne d'un film hollywoodien, vous nous devez bien une explication.

Père Nono : Une explication de quel ordre je vous prie ?

Jack : Tu t'fous d'not' gueule ? Raconte et vite ! C'est un conseil d'ami !

Père Nono : Bougre de tonnerre, vous n'avez pas à m'invectiver de la sorte !

Le lutin facétieux, bien caché quelque part, balance l'info. On l'entend, mais on ne le voit pas. Prudent, il s'est procuré un micro branché sur la sono et va nous faire une révélation surprenante. Le vieux bonhomme se lève d'un bond et cherche par tous les moyens possibles à couper le sifflet à ce maudit gnome.

Le pauvre n'y connait rien en matériel hi fi. Il cherche désespérément la source du problème.

Le lutin vient d'augmenter le son et le nargue au micro :

Mic Mac : Ah, tu refroidis là…allez fais un effort l' vioque. Pendant c'temps-là, je vais larguer ma bombe !

Père Nono : Mais faites-le taire, bon sang d'bois !

Arakïell : Allez, j'ose une question. Est-ce si compromettant ?

Mic Mac : A vous d'juger M'sieurs Dames…

Chaperon Rose : Oh, nous allons jouer aux devinettes….Alors, cela a-t-il un rapport avec un jeu de Dames ?

Opéca : Tu ramènes toujours tout au niveau d'la culotte pouillasse !

Chaperon Rose : Ma brune amie. Tu n'as toujours rien compris. Petite remise à niveau. Le masculin a la particularité de posséder deux cerveaux. Un principal desservant chacun des actes de sa vie quotidienne, placé dans la partie supérieure de son anatomie, et un autre, annexe, placé dans la partie inférieure de cette même anatomie, notez combien cela s'équilibre, guidant la majorité de ses fantasmes qui, je ne vous apprendrais rien là-dessus, est d'une proportion phénoménale.

Amélie : T'as tout ben compris ma fifille.

Chaperon Rose : Alors, j'avais raison.

Jack : Un binôme ?

Chaperon Rose : Mon ami, il lui est arrivé d'augmenter la donne.

Père Nono : Non mais quel toupet !

Chaperon Rose : Non mais quelle vérité !

Mister Grey : Je constate que votre connaissance sur la question est sans faille.

Chaperon Rose : Choupinou, je travaille en free lance depuis pas mal de temps. J'ai été à bonne école et je pourrais vous surprendre encore sur la nature de vos congénères.

Rose : Génère, j'sais t'y pas, mais …

Opéca : Bien joué la vieille. Y'a pas à dire, ta langue sait faire mouche.

Rose : Merci la jeunesse.

Chaperon Rose : En bonne connaisseuse de cette Gent masculine, que je savoure comme il se doit, je m'oppose à cette appréciation délictueuse.

Amélie : Quèqu'elle dit ?

Opéca : Tiens bois un coup la vieille.

Mic Mac : Alors ? Vous posez des questions où j'dis tout ?

Arakïell : Et si tu lui laissais un joker ? Après tout c'est noël ? Tu le mets au supplice.

Mic Mac : T'as raison j'vais balancer l'info directos, comme ça après on pourra danser.

Mister Grey : Avez-vous des penchants pour des pratiques sulfureuses ?

Chaperon Rose : Ouuuuhh, nous avons un spécialiste en la matière. Mister Grey, veuillez éclairez nos lanternes je vous prie. La mienne a particulièrement besoin d'être raviver. La flamme vacille. Vous possédez, il me semble, tous les atouts afin de redresser cette situation.

Les yeux gris acier du Mister virent à l'orage. Père Nono,lui, n'a pas perdu son temps. Il vient de trouver le fil reliant le micro au reste du monde, autrement dit l'amplificateur. Il tient entre ses mains, la fiche mâle et de l'autre, la fiche femelle. Avec un rire sardonique, il sépare le couple.

Mic Mac sort son porte-voix :

Mic Mac : Moi, veut pas qu'on m'emmerde, veut pas, veut pas, veut pas ! J'ai tout prévus l'ancêtre !

Père Nono : Sale petit cafard !

Arakïell : Et on dit quoi ?

Il n'y a pas à dire, je me marre. Ce lutin véreux me ravie.

Amélie : Cherche pas vieux débris, t'auras jamais l'dessus avec lui !

Mic Mac : Ouais, l'brontosaure ! Alors, un indice…si je vous dis galaxie, absorption de la matière…

Amélie : Quèque y dit ?

Mister Grey : Nous frôlons le délit du droit à la vie privé.

Opéca : De quoi tu t'mêles l'apollon ? L'père Nono, est un personnage public. Alors cette fois, on va l'griller l'vieux, y va pas s'en sortir avec une pirouette.

Arakïell : Mais enfin, tu vas briser le rêve de millions d'enfants et d'adultes !

Opéca : Ah bon, des adultes qui croient encore au Père Noël ? C'est pas un peu vicelard ?

Chaperon Rose : Voyons Opéca, fais travailler ta cervelle que Diable. Pardon Gabriel. Un bon vieux costume rouge, une douce barbe blanche, un ceinturon fabriqué dans un cuir de bonne facture ayant une fonction bien plus enrichissante que retenir une bedaine rebondie…il n'en faut pas moins pour faire galoper les imaginations.

Arakïell : Laissez-les rêver encore un peu…

Chaperon Rose : Voilà ma choupine, tu as tout dit. Je vais entretenir le rêve.

Luthïen : Tu n'entretiendras rien d'autres que ce désir qui est mien.

Chaperon Rose : Waouh ! Quelle autorité !

Je m'éponge le front. Diantre, c'est mon dernier mouchoir. Je décide de mettre fin à ce pugilat :

Arakïell : Bon, maintenant ça suffit. Il n'y aura aucune révélation concernant un personnage qui a le devoir de servir une noble cause et de représenter la symbolique de Noël !

Bernardo Gui : Ce serait bien la première fois que cette Jézabel respecterait un dogme !

Arakïell : Mon ami inquisiteur. Toujours là où on ne t'attend pas.

Bernardo Gui : Tu me connais.

Arakïell : Oh que oui ! Alors comme ça tu t'es tatoué de nouveaux sourcils ? J'ose à peine imaginer les conséquences si mon rasoir avait pris une autre direction.

Ses sourcils se froncent, il voit rouge :

Bernardo Gui : Ma pince !

Arakïell : Dis-moi, aurait-tu poussé la hardiesse à t'imposer là aussi un tatouage hum ?

Il soulève sa bure et part chercher sa trousse à torture :

Bernardo Gui : Il y a longtemps que je rêve de te rendre muette.

Arakïell : C'est noël ce soir Bernardo, c'est permis pour toi.

Gabriel : Qui est cet individu Arakïell ?

Arakïell : Vous ne connaissez pas le plus grand Inquisiteur que la terre ait porté ?

L'archange déplit ses ailes avec une grâce teintée d'une autorité impressionnante :

Gabriel : Nous avons à parler vous et moi.

Arakïell : Voilà, remontez-lui un peu les bretelles et ensuite ramenez-le, j'y tiens moi à mon nouvel ami de toujours.

Pendant ce temps, Père Nono, vient d'envoyer une clémentine sur le porte voix que tiens le lutin qui lâche sa prise. Nullement décontenancé, il met les mains autour de sa bouche, et s'éclaircit la voix :

Mic Mac : Dernière proposition avant le largage de bombe. File-moi une bourse remplie d'or et on enterre toute l'histoire.

Chaperon Rose : Une seule ? Nous allons priver ce Casanova de la moitié de ses possibilités !

Père Nono : Bougre de to…

Mic Mac : Alors ?

Père Nono : Hors de question !

Mic Mac : J'déballe tout…

Père Nono : Ca va, ça va ! Descend.

Mic Mac : Eh, tu m'prends pour un …

Père Nono, lui envoie une jolie petite bourse de velours noirs bien dodue. Le lutin, pas fou, ouvre, regarde à l'intérieur et ravit, lève le pouce en fixant le grand bonhomme vêtu de rouge. Ce dernier fulmine :

Père Nono : Tu as intérêt à ce que je ne croise pas ta route ces prochaines heures …

Mic Mac : T'inquiètes, Arakïell me ramène en Terre du Milieu avec l'aut'bonze !

Parbleu, je lance un regard vers Sa Royale Majesté qui, tout occupé à rouler des patins à sa mie, n'a pas entendu. Je m'essuie avec un coin de nappe. Ouf !

Il est temps de balancer les watts !

J'adresse un signe à Jack et ce dernier nous envoie de la musique.

Voilà, l'ambiance chauffe. Nous poussons les tables et les chaises dans un coin et commençons à nous trémousser. Certains se débrouillent très bien, d'autres moins bien, et ces deux-là…c'est de la danse ça ? J'ai un doute…

Je me demande s'ils …

Je ne cherche plus à comprendre. J'empoigne Bernardo et l'entraine sur le dance floor. Il aime se déhancher le bougre. Les nains proposent une chenille…alors là, ça devient risqué.

Je sors prendre l'air. Bien emmitouflée dans un châle de laine, je retrouve Rose :

Arakïell : Tu as été parfaite Rose, comme toujours.

Rose : Merci la p'tiote, mais tes invités…dis-moi pas ! C'était pas des cadeaux…mais bon, y'en avait quèque uns de ben beaux !

Miracle de noël, un sourire s'invite sur ce visage d'ordinaire strict et impénétrable :

Arakïell : Encore un réveillon réussie !

Rose : Encore un oui…

Je passe mon bras autour de ses épaules et lui sourit à mon tour :

Arakïell : Merci Rose…merci pour tout. Merci d'être là pour nous, merci pour la générosité que tu t'obstines à dissimuler sous tes airs revêches et qui pourtant gagne à être reconnu, merci pour être toi tout simplement.

Rose : Eh ben dis-moi pas ! T'as décidé d'me faire couler une larme ?

Arakïell : Oh ! Regarde Rose, une étoile filante…

Tête contre tête, nous la fixons filer au-delà de la ligne d'horizon :

Arakïell : As-tu fait un vœu ?

Rose : Penses-tu ! J'crois pas à ces niaiseries !

Elle me lance une œillade faussement emplie de sévérité :

Rose : Bon, j'm'en voir quelles merdouilles m'ont encore préparé tes pignoufs !

Armée de sa seule volonté et d'une autorité sans faille, elle retrousse ses manches et entre tel le matador dans l'arène.

Je reste encore un peu dehors. Mon châle me protège encore un peu, j'en profite pour laisser mon âme vagabonder…

Bientôt je retournerais en Terre du Milieu…l'aventure attend mes héros, mais cette nuit…ils sont ici, avec moi et je compte bien…

Des cris retentissants emplissent « L'auberge du cochon pendu ». Je touche la queue du cochon accroché à l'enseigne avant d'affronter le prochain cataclysme…

Eh oui, je sais, on n'se refait pas !

Mais avant de rentrer….JOYEUX NOËL A TOUS !