Disclaimer :
Non, Dante et Vergil ne m'appartiennent pas.
Note : Spoiler
pour Devil May Cry 3 et 1.
Mouvement numéro 1
Une amulette par terre, sur le sol froid, seul souvenir qui le rattachait à un être chère, mais qu'il laissa tout de même derrière. Il retournait à l'agence, en compagnie de Trish. Le vide le prenait à la gorge, notamment après tous ces évènements qui lui chamboulaient l'esprit. Comment avait-il pu transpercer de son épée son propre frère, le tuer ? Comment avait-il fait pour ne pas le reconnaître, malgré son apparence changée et sa peau devenue bleuâtre ? Il n'avait pas su être à la hauteur, et s'en mordait les doigts à présent. Ceci n'était que propre justice, il avait ce qu'il méritait. Mais le destin n'était-il donc pas un peu cruel de lui faire perdre une seconde fois sa moitié ?
Alors qu'il se laissait tomber sur le canapé, il regarda le feu éteint en face de lui. Des cendres, c'est tout ce qu'il restait de leur histoire. Quand donc leurs chemins avaient-ils pris de telles tournures ? Quand s'étaient-ils séparés ? Il se rappelait d'une époque où il avait essayé de l'en dépêtrer, de le tirer de cette obsession du pouvoir, mais rencontra un mur. Et il avait abandonné. Tout cela était parce qu'il n'avait pas suffisamment essayé.
Les remords, la douleur et la nostalgie se mêlaient dans son esprit torturé. Il ne savait plus où il en était, et cela le rongeait de l'intérieur, tel un molosse s'acharnant sur son os. Cette pensée fit légèrement tourner vers le haut les coins de sa bouche, en un mini sourire, se rappelant du passé, quand il avait combattu Cerbère. Et il était aussi là, toujours aussi bien vêtu et les cheveux rigoureusement coiffés en arrière, bien qu'un seul geste de main suffisait pour les mettre en place. Phénomène qui, jusqu'à ce jour, restait inexplicable.
Quoi qu'il en soit, ses pensées étaient de nouveau dirigées vers son reflet, et il se leva pour aller dans la salle de bain. Trouvant le miroir encastré dans le mur, il posa ses deux mains sur chaque côté, se regardant d'un air hagard. Du bout des doigts, il toucha la surface froide, et indirectement son visage. Restant immobile ainsi pendant quelques instants, imaginant pendant un court moment la possibilité qu'il ait survécu, il finit par lancer son poing en avant, brisant en morceaux son double. C'était impossible, il l'avait tué et vu disparaître de ses propres yeux.
- Vergil…
Trish était partie vivre sa vie, découvrir l'aspect humain en elle, alors que lui ne désirait plus que de détruire cette partie de lui. On voyait traîner de bars en bars un homme vêtu d'une longue veste rouge, commander diverses boissons, à s'en rendre saoul, et parfois s'endormir, ou même s'évanouir. Il l'aurait certainement trouvé pitoyable, à tel point qu'il lui aurait craché au visage, et donné un coup. Et étrangement, il donnerait tout pour cela, le voir apparaître au pas de sa porte, le regardant avec des yeux froids et indifférents.
C'était encore une de ces nombreuses nuits où il observait la cheminée éteinte, sur son canapé. Des jours qu'il ne faisait que boire, sans rien manger, ni même de la pizza. Il avait perdu le goût de ces enfantillages, de cette immaturité. Essayait-il de l'imiter ? Vraiment, être désespéré à ce point, il ferait mieux de se tirer une balle dans la tête, si on omettait le fait que la balle ressortirait et qu'il guérirait en quelques secondes seulement.
Ses yeux qui autrefois brillaient de malice, dans n'importe quelle situation, même les plus dangereuses, étaient à présent ternes, fatigués. Son sommeil la nuit, et même en plein jour, était agité, emplis de souvenirs, parfois heureux, parfois malheureux, mais qui laissaient toujours la même impression au réveil : la solitude. Machinalement, il se mit debout et se dirigea vers son juke-box, le mettant en marche, choisissant une chanson au hasard. Ecoutant les paroles, il l'éteignit immédiatement, s'y reconnaissant, et n'en ressortit que plus dépressif.
I
submit no excuse.
If this is what I have to do I owe you every
day I wake.
If I could I would shrink myself and sink through
your skin to your blood cells
and remove whatever makes you hurt
but I am too weak to be your cure.
Oui, il avait était trop faible pour le soigner de sa folie… Tel un être sans vie, mais forcé à revenir dans le monde des vivants, il marcha d'un pas lent et lourd, comme si chacun de ses pas était une épreuve insurmontable, et finit par tomber de nouveau dans le canapé. Il avait arraché la prise téléphonique, pour que personne ne puisse le déranger. Pas de missions, ou pourquoi pas en fait ? Il pourrait mourir au combat, il aurait au moins sauvé un minimum de son honneur.
- N'y pense même pas ou je viendrais te chercher jusqu'aux entrailles de l'Enfer pour te faire subir encore mille tourments.
Clignant des yeux, il tourna sa tête vers cette voix si familière. La phrase s'était terminée avec un ton plus radouci, et des larmes lui vinrent presque aux yeux en voyant son propre visage, à quelques mètres de lui, arborant le même sourire qu'il y a des années de cela, au moment où il allait tomber de la cascade. C'était un sourire sincère, mais si triste en même temps, et lui ne pouvait que croire que c'était, une nouvelle fois encore, un de ces maudits mais oh combien réconfortants rêves. Au réveil, il se sentirait encore pire qu'avant d'avoir sombré dans le sommeil.
- Est-ce donc une façon d'accueillir son frère, Dante ?
Non, mais que pouvait-il faire ? Il était paralysé sur place, tout semblait si réel et il voulait y croire, mais cela ne pouvait être que chimères et illusions, que son esprit mettait en place pour mieux se torturer, et se rappeler de la peine qu'il éprouvait. Les mots ne pouvant franchir ses lèvres, il secoua négativement la tête, gardant les lèvres serrés dans un fin trait, ne voulant pas laisser les larmes couler.
Il s'approcha de lui, l'air plus pâle qu'auparavant, et quelques cernes sous les yeux, comme s'il avait enduré de nombreux fardeaux pour arriver jusqu'ici. Son pas était régulier, ses bottes résonnant sur le parquet en bois, le temps semblait s'être arrêté en cet instant. Il finit par s'arrêter devant Dante, et tendit ses doigts recouverts par les mitaines, pour frôler la joue de son jumeau.
- Eh bien, j'aurais pensé que tu aurais été plus heureux d'être en ma présence, et que tu manifesterais ta joie plus… expressivement allons-nous dire.
C'est là qu'il craqua et se jeta dans ses bras, l'agrippant tel un homme à la mer s'agrippe à sa bouée, ne voulant jamais le lâcher, profitant de cette étreinte pour raviver de nouveau des souvenirs. Il renifla un moment, laissant une perle couler le long de ses joues. Il ne pouvait plus utiliser cette excuse comme quoi c'était la pluie, car il était à l'intérieur, mais il s'en fichait bien. Rien d'autre ne comptait pour le moment, juste le sentir fermement contre lui, même si ce n'était qu'un rêve.
- Je… Je suis désolé. Je ne voulais pas… Co... Comment ?
A quoi bon avoir la réponse si tout ceci n'était que mensonges ? Etre réconforté pendant ce court instant, croire jusqu'au bout, pour être mieux brisé à la fin. Mais quelques minutes de bonheur ne valaient-elles pas la peine d'endurer toute une vie de souffrance ? Son autre moitié ne répondit rien, et glissa ses bras autour de sa taille, le serrant contre lui.
Chaud et froid, cela avait toujours été ainsi, depuis leur plus tendre enfance. Lui était le feu, ardent, téméraire et indomptable, sauf pour une personne, cette même personne qu'il tenait entre ses mains. Elle qui était froide, réfléchi, mature… son contraire. Il se sentit être poussé en arrière, et retomba sur le canapé. Comme tout ses rêves, de nouveau ils feraient un, et il se réveillerait avant d'avoir complété l'acte, haletant, les yeux dilatés. De nouveau, il se sentirait seul au monde, mais il poussa ces pensées dans un coin de sa tête.
Aussi bien que ces instants étaient ceux de félicité, ils n'en étaient que douloureux après. C'est pourquoi il repoussa cette bouche qui déjà parcourait son cou, arrachant des frissons à son corps qui n'en demandait que plus, qui ne demandait qu'à pêcher encore et toujours. Un regard confus rencontra le sien, et il secoua de nouveau la tête, une expression peinée sur le visage.
- Cette fois-ci, je ne veux pas me faire avoir par une illusion, de nouveau…
Une main gantée caressa de nouveau sa joue, avec douceur, alors que le regard de son reflet s'était radouci, comprenant le sens de ces paroles prononcées dans un murmure, à peine audible aux oreilles. Son double déposa simplement ses lèvres sur les siennes dans un doux baiser, chaste, si différent de ceux qu'ils avaient échangés auparavant, mais ressemblant à leur tout premier. Un peu gauche, et pourtant expérimenté.
- Juste ta présence, même pour un court instant, même si tu ne seras plus là au réveil… Reste à mes côtés…
Sa voix tenait de la supplique, et l'autre ne fit qu'hocher la tête, l'entourant de nouveau de ses bras, en passant un autour de sa taille, l'autre autour de ses épaules. Lui accepta avec gratitude l'étreinte chaleureuse, nichant son visage dans le cou de l'autre, inhalant d'une profonde inspiration son odeur. La même que toujours, subtile, et enivrante. La fabrique du vêtement bleu entre ses doigts était douce, et pourtant rugueuse au toucher. Son reflet portait les mêmes vêtements que durant les évènements à Temen-ni-gru, et il laissa ses paupières lourdes se refermer, sombrant encore et toujours.
Le matin d'un nouveau jour, et il se retrouvait dans son lit. Les yeux fixés sur le plafond, il se releva doucement, ne regardant même pas à ses côtés, sachant parfaitement que personne n'y serait. Il avait encore rêvé, et l'illusion avait été plus que parfaite cette fois-ci. Combien de temps allait-il encore se tourmenter ainsi ?
Passant une main dans ses cheveux blancs, il finit par se lever, décidé à prendre une douche qu'il avait mise de côté depuis des jours. Il prit des vêtements de rechange, avant d'entrer dans la salle de bain, une odeur de café lui emplissant les narines. La nostalgie le prit. Lui ne buvait jamais ce breuvage amère, seule une personne le faisait, et il en détermina que ce n'était que son esprit qui lui jouait des tours, alors qu'il allumait le jet de l'eau… de nouveau.
