Me revoici avec un petit (pas si petit que ça OS). Tellement pas petit que FF refuse que je le poste en une fois... Soit! Je ne m'avoue pas vaincue et le posterais en 3 bout mais à la suite! Ceci est et restera un OS ^^

Il est dans ma tête depuis un moment parce que voilà ce poster il est dans ma chambre et juste je voulais trouver le bon moment, la bonne... Etincelle pour le produire.

N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez mes petites licornes,

Bisous les canards, Sam


Stiles a 4 ans quand il voit pour la première fois ce grand portail, devant la grande maison, en plein dans les bois. Il frissonne. Ses grands loups d'acier qui hurlent à la lune lui font peur. Il accélère le pas, va saisir la main de sa maman qui le serre contre elle, sans un mot. Il se retourne une dernière fois, pour fusiller des yeux cette fermeture effrayante quand il voit, juste derrière les grilles… Une sorte de chien. Noir. Avec de grands yeux rouges qui brillent. Le garçonnet s'arrête tellement vite que ses talons dérapent dans la couverture d'aiguille de pins qui jonchent le sol ! Sa maman se tourne à son tour. Mais le chiot s'enfuit. Stiles boude.

Stiles a 5 ans quand il repasse par hasard devant le portail. Il est à vélo avec son meilleur ami pour la vie Scott. Il s'arrête, pose ses deux mains sur la tête du loup. Son ami ne s'en rend pas compte et continu de pédaler. Le jeune garçon s'approche encore, jusqu'à ce que sa tête passe entre deux barreaux. Un grondement sourd retentit sur sa droite. Un animal, à fourrure noir et aux yeux de sang. Stiles se décolle et, après un petit cri, se remet à pédaler comme un fou pour rejoindre la sortie de la forêt.

Stiles a 6 ans et ils jouent à cache-cache avec sa bande de copains. Il y a Jackson, Lydia (elle est cool même si c'est une fille), Scott bien évidemment et Isaac le nouveau. L'enfant s'éloigne pour trouver la meilleure cachette possible. Il court dans la forêt. Et il tombe nez à nez, parce qu'il a glissé sur les feuilles humides, avec la gueule hurlante d'un loup en acier bleuté. Il se rappelle qu'il n'a jamais vu personne dans la maison. Il s'avance, pose la main sur la poignée et pousse tout doucement. En s'ouvrant la grille émet un long gémissement. Stiles se fige. Derrière la véranda un jeune loup, maigre et un peu malhabile sur ses longues pattes apparaît. Il est couleur de la nuit et a des immenses yeux rubis. Il pousse un hululement qui fait fuir l'humain comme un dératé.

Stiles a 7 ans. Mais il ne pense pas au portail alors qu'il est au cimetière. Il regarde le cercueil contenant sa maman descendre dans le trou. Après la cérémonie, pleins de gens veulent le serrer contre eux, lui faire des bisous, et lui n'a pas envie. Il veut être seul. Alors il s'enfuit en courant de toute la force de ses petites jambes. Il court aveuglément et aveuglé par les larmes qui ruissellent le long de ses joues. Il hoquète. Il a mal au cœur. Il a mal à l'âme. Il se retrouve devant cette maison. Il pousse le portail sans réfléchir. Au milieu du chemin un louveteau. A fourrure longue et qui semble épaisse. Des yeux rougeoyants. L'enfant s'approche. Pose sa main sur le museau. Le museau le pousse contre l'encolure. L'enfant pleure contre le loup. A la nuit tombée le loup se redresse et le pousse en bas du dos vers la sortie, vers les voix qui l'appelle. Après une dernière caresse sur la joue lupine l'enfant s'en va.

Stiles a 8 ans. C'est enfin les vacances. Il jette son sac d'école dans l'entrée, attrape son skate et roule vers chez Scott. Il se réveille plus tard, trempé de sueur. Cauchemar. Il en fait beaucoup depuis que sa maman n'est plus là. Alors il se lève et part. Il voulait juste rentrer chez lui, prendre son père dans les bras. Mais une force l'attire vers la forêt. Il retrouve le loup, qui passe presque inaperçu dans la noirceur de cette nuit, déjà assis contre le portail. Il s'assied avec lui, tout contre sa chaleur, et ensemble, sans un mot, ils admirent les étoiles, écoutent le vent et respire l'humus.

Stiles a 9 ans. Il a découvert un sport. La crosse. Il se dépense, court et devient un petit gars. Il rentre avec Scott d'un entraînement quand il remarque la fumée qui s'élève de la cime des arbres. Il sait que ce n'est pas normal. Le vent lui souffle l'odeur étrange du bois brûlé. Ensemble, avec son fidèle acolyte, ils se dirigent vers l'endroit où ça fume le plus. Un cordon de pompier est déjà autour. Et des policiers. Dont le papa de Stiles. Il s'approche. Lui demande des informations. Qu'est ce qu'il se passe, où sont les gens de la maison, est-ce qu'ils ont vu un loup. Personne ne peut lui donner ses informations. Tout ce qu'on sait c'est que la famille s'appelle Hale et qu'il y a un survivant. A la nuit tombée Stiles court vers l'endroit. Il passe sous le ruban d'interdiction, pousse le portail déformé et marche sur le chemin autrefois lisse qui désormais est tout cabossé. Il appelle le loup. Personne ne vient. Il sent la chaleur que la maison dégage encore, des petits fumerolles déci, de là. Mais pas de trace du loup. Déçu le pré-adolescent retourne se coucher. Le lendemain il revient, avec un bouquet. Il enjambe ceux que les gens ont déjà posés et s'avance. Il n'a plus peur depuis longtemps du portail et de la maison qu'il y avait derrière. Il va jusqu'au porche et dépose le bouquet. Il s'agenouille et ouvre son cœur. Il parle peut-être seul. Ou peut-être pas. Il dit qu'il ne faut pas écouter toutes les méchantes choses que les gens racontent sur cet endroit. Il ne faut pas tenir compte des racontars. Et que lui il est là. Qu'il s'en fiche de tout ça. Qu'il veut juste l'aider parce qu'il sait ce que c'est de perdre tout le monde. Lui connaît la souffrance de la perte. Il essuie ses larmes et alors qu'il se relève il voit un arrière-train poilu disparaître entre les branches basses d'un sapin. Le cœur en miette, il referme le portail.

Stiles a 10 ans et il pense tous les jours à cette maison brûlé, au portail abandonné et au loup qui doit être tout seul. Il continue de passer devant. Peu à peu les bouquets fanent. Les gens n'en apportent plus de nouveau. Le portail rouille. Les loups perdent de leur superbe. A Noël, après les fêtes chaleureuses en famille un instinct pousse le jeune garçon a sortir. Il chausse des bottes et attrape le cadeau qu'il a trouvé au marché de noël de la ville d'à côté. La neige craque sous ses pas volontaires. Il pousse le portail qui grince comme jamais, les gongs sont à deux doigts de se décrocher. Mais il s'en fiche. Il a une mission ! Il avance et croit sentir des yeux carmin posés sur lui. Il dépose sa peluche, un petit loup noir avec une écharpe rouge autour du cou, sur les marches d'entrée de la véranda. Il conjure au loup de sortir. Qu'il ne lui veut pas de mal. Il attend. Ses mains deviennent glaciales, ses pieds engourdis, mais il attend. L'aube se lève. Il a les lèvres bleues. Enfin l'animal sort. Il marche pesamment, comme si un poids trop lourd était sur ses épaules. Il renifle la peluche, étudie l'humain et du museau repousse cette attention. La peluche roule dans la neige, jusqu'au pied de l'enfant. Calmement il la reprend, la remet en place et se relève, après un dernier regard, barbouillé de larme, dans les yeux rouges.

Stiles a 11 ans, quand il décide d'écrire un billet à chaque fois qu'il passe devant portail. Ce qu'il fait souvent sans savoir pourquoi. Il se promène toujours avec un calepin dans le sac. Il s'arrête qu'il soit seul ou non, en vélo ou en skate, il couche quelque mots sur un papier, racontant sa journée, ce qui a été, ce qui n'a pas été, ce qui lui plairait de faire ou ce qui lui pèse. Il se confie comme il ne le fait avec personne. Puis il glisse son billet dans la boîte aux lettres. Il n'a plus revu le loup. Mais il sait qu'il est là. A Noël il poste un mot plus long que les autres, disant au loup que s'il veut ne pas être seul pour les fêtes, il peut venir chez eux. Il y met tout son cœur d'adolescent. Il le glisse et y joint son adresse et tout. Il est sûr que ça va marcher. Mais le soir de Noël personne ne sonne. Déçu il retourne déposer un mot le lendemain, disant au loup qu'en fait, il peut venir quand il veut, il l'attendra toujours et un goûter sera toujours prêt pour lui.

Stiles vient d'avoir 12 ans. Il commence le collège. Et c'est dur. Très dur. Il est intelligent, sans maman, un papa policier et un ami un peu étrange avec son sourire de travers. Puis Stiles parle plus que les autres, pense plus vite et n'a jamais de cesse. Alors les grands ont décidé de faire de lui leur souffre douleur. Il encaisse moquerie, jet de boulette de papier et de nourriture, et même parfois des coups sans rien dire. Il se tait. Il rentre avec des coquards. Une lèvre fendue. Un œil poché. Une arcade abimée. Mais il ne dit rien, ne se plaint pas et continue d'aller au collège. Et il continue de venir au portail. Il continue ses mots. Il se demande si la boîte est vidée ou si les mots sont tous là, pourris par le temps. Il veut ouvrir pour vérifier mais il faut une clef. Il abandonne l'idée aussi vite qu'elle est venu de forcer la serrure. Pour les fêtes il dépose une nouvelle peluche. Un loup, assis, avec un gilet rouge qui le couvre.

Stiles a 13 ans et, de tout son haut, il refuse que les copains jouent dans la maison qui a brulé. Ok c'est Halloween, ok on joue à se faire peur, mais pas ici. Il est campé de toute sa taille face aux autres, les bras croisés, dos contre le portail, qui s'abîme encore et toujours. Les autres se moquent de lui, le font passer pour une chochotte. Mais il ne cède pas. Au bout d'un moment Jackson le pousse et il abandonne l'idée. En rigolant toujours plus fort ils s'en vont tous. Sauf Scott, qui l'attrape par le bras et le tire dans la direction opposée. Stiles se fâche d'un coup, il en a marre de passer pour un abruti, et donne un coup de pied au portail qui grince et s'entrouvre. Il tire la langue vers les loups rouillés puis croit voir des yeux rouges dans les bois autour de la maison. Pourtant il se convainc que c'est son imagination. Il n'a plus vu le loup depuis ses 10 ans.

Stiles a 14 ans, première année sans aller au portail une fois. Il y a pensé, il a flirté avec, toujours près sans y aller. Mais il n'a pas cédé. Il n'a pas été. A Noël il pense à ce loup et il ferme les yeux en serrant contre lui sa propre peluche de loup que son père lui a acheté parce que son fils semble avoir une fascination bizarre pour cet animal.

Alors que Stiles a 15 ans il trouve une nouvelle passion. Encore mieux que celle d'avant. Encore mieux que la crosse. La photo. Il est passionné par ça. Prendre les gens en photo, figer leur visage à tout jamais, garder l'écho d'un rire sur papier glacé, retrouver la douceur d'un sourire, même des années après. Ça le fascine ! Pourtant il y a bien quelque chose qu'il n'arrive pas à photographier. Ce portail et cette maison. Il passe devant, lève l'appareil mais ne le fait pas. Il continue de chercher le loup. Sans le trouver pour autant. Au printemps décide de pénétrer pour la première fois depuis des lustres sur le domaine. Il plante un lilas près de la véranda, symbole de son enfance qui est finie, mais aussi que les beaux jours reviennent toujours, que la nature refleurit même après un hiver rude… Il espère que le loup le verra et reviendra. Il lui adresse même quelques mots à haute voix, puis il se sent bête et repart sur son skate.

Stiles a 16 ans. Il vient d'obtenir son permis voiture. En passant dans sa jeep devant l'endroit, il caresse des yeux le portail mais ne s'arrête pas. Un coup d'œil lui a suffit. Le lilas est mort.

Stiles a 17 ans. Il est en plein tourment. Il a eut sa première copine et ça lui a fait réaliser qu'il n'est pas hétéro. Il a peur. Il ne sait pas ce que va dire son papa, son presque frère et ses amis. Il a tellement peur de perdre ceux qu'il aime. Alors il va planter un nouvel arbre derrière le portail. Un saule pleureur. Pour pouvoir se cacher des autres. Il décide que cette maison sera son sanctuaire. Il prend son courage à deux mains. L'annonce à papa et à Scott. Le choc est rude mais ils acceptent. Comment aurait-il pu en être autrement ? Stiles, rassuré, un peu heureux, s'en va photographier son saule sous les rayons couchant du soleil.

Stiles a 18 ans. Bac en poche, il part faire sa fac en Angleterre. Il est heureux. Il va pouvoir être qui il veut là bas. Il pourra être une personne neutre. Mais une pointe de douleur se fiche dans son cœur. La veille de son départ il vient faire des adieux à son sanctuaire. Il adresse une promesse écrite au loup que quand il reviendra il aura son chez lui et qu'il l'invitera à manger. C'est la première et la dernière fois qu'il écrit un mot qu'il glisse dans la boîte aux lettres. Il caresse l'écorce de son saule, qui a bien grandi. Le cœur lourd il referme le portail, sans avoir revu le loup.

Stiles a désormais 21 ans. Il revient d'Angleterre. Il est grand, musclé, toujours aussi blanc et constellé de grains de beauté mais il est fort et fier dans sa tête. Ce n'est plus un petit garçon, ni même un adolescent traqué. C'est un beau jeune homme. Il se ballade en forêt sans but. Appareil autour du cou. Parce que c'est son métier. Photographe. Et il l'aime son métier. Et il est bon dans ce qu'il fait. C'est au hasard d'un chemin qu'il retombe sur son portail. Usé, bouffé par rouille, les loups presque disparus. Le saule est devenu grand. C'est un bel arbre. Il prend une photo des deux éléments. Et passe à autre chose.

Stiles a 22 ans, revient s'installer définitivement à Beacon. Il s'achète un appartement. Il est fier de sa réussite. Tout va bien pour lui. Ne manque que l'amour au tableau.