Amour et psyché
André se tenait auprès d'Oscar mais cette dernière ne semblait pas faire attention à sa présence. Il en était ainsi maintenant.
Elle jouait au piano, des airs tristes toujours.
Il reposa le livre qu'il venait d'achever et qui contre toute attente l'avait captivé. Les métamorphoses d'Apulée…et parmi tous ces mythes un l'avait envouté en particulier, le mythe d'amour et psyché.
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Ton père, jaloux de ta beauté, m'avait demandé de veiller sur toi, pour que personne ne t'approche, que personne ne te blesse…Car de tes sœurs tu es sans conteste la plus belle, mais tu n'es pas destiné à un époux. Tu es la vierge que la folie d'un homme à enchaîner au rocher de la vanité.
C'est moi qui me suis blessé quand tu as levé tes yeux sur moi et que tu m'as transpercé le cœur plus surement qu'une flèche…
Mais notre amour est interdit et tu ne dois jamais me voir tel que je suis…
Seules les ténèbres doivent connaitre mes soupirs, car chaque jour je dois apparaître comme l'ombre de mon amour alors que je suis l'amour lui-même.
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Oscar est sans cesse irritée car la Reine ne songe qu'à ses plaisirs et elle doit toujours la protéger car tel est son devoir. Les courtisans fuient Versailles à la recherche des plaisirs les plus extravagants, et dans cette futile recherche de personnes vaines, la dernière mode sont les bals costumés où caché derrière les masques tout est permis.
La frivole Marie-Antoinette s'est laissée persuader avec enthousiasme de céder à ce nouveau caprice…Et chaque nuit alors que le roi rejoint son lit, elle se pare d'une autre apparence, sa fée Bertin la transforme de princesse à bergère, et elle court vers la ville aux mille lumières dans son jolie carrosse. elle s'abandonne alors aux tourbillons de la fête jusqu'à l'aube.
- Oscar ! Vous ne pouvez m'accompagner ainsi, tout les monde vous reconnait et moi par la même occasion !
- mais ma reine il est de mon devoir de vous accompagner pour votre sécurité…
- taratata ! Si vous voulez m'accompagner il faudra vous déguiser !
- non, je
- Oscar, je ne vous permets pas ! Je suis la reine et il sera fait selon mon bon plaisir ! Si vous continuez à jouer les rabat-joies, je me plaindrais au roi !
Marie-Antoinette pouvait se révéler être une véritablement peste quand elle n'obtenait pas ce qu'elle voulait. Les déboires conjugaux la rendaient malheureuse et aiguisaient son appétit des plaisirs. Elle montrait comme toujours une grande inconséquence dans ses gestes et ses paroles. Elle ne pensait qu'à la menace sans comprendre qu'une telle dénonciation auprès du roi pourrait valoir de très graves ennuis à Oscar et même la disgrâce.
- Bien votre majesté.
- Mme de Tourvelles, appelez Mme Bertin je vous prie.
Mme Bertin fit une scène épouvantable quand elle apprit qu'elle devait procurer un costume dans la journée au colonel. Oscar eut honte pour elle tellement son comportement était outrancier.
-Ma reine, comme pourrais-je ? Je ne peux pas créer un costume en si peu de temps !
Mme Bertin ne fabriquait pas des vêtements, elle les « créait »…
- Que c'est ennuyeux ! Il est hors de question que je me prive de bal ce soir ! Hier nous avons eut mon frère pour le diner, quel ennui ! Je vous en prie trouver une solution !
Deux évènements incongrus survinrent scellant à jamais le destin et la sérénité au combien vacillante d'Oscar. Melle de Trèves n'aima point ses ailes de papillon, au grand scandale de la prêtresse de la mode et le dit à la reine au moment où cette dernière se rappela qu'elle était une des seules personnes à connaître le secret d'Oscar.
Le stratagème fut monté comme une tragédie en deux actes : la reine renonçait publiquement à son caprice, secrètement Oscar se transformait en un jolie papillon de nuit.
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Oscar se regardait dans le miroir de sa chambre. Elle était tiraillée entre une folle envie de rire et un désir certain de pleurer. Peut-être serait-il approprié, justifié, légitime, de piquer une de ses grosses colères dont elle avait le secret…Le choc l'avait anéantit, elle resta ainsi à contempler la dernière extravagance de la reine.
Elle portait une robe blanche à la mode grecque antique. Toute simple mais avec un sublime drapé, ce qu'avait confirmé grand-mère. Ses cheveux étaient relevés dans un chignon simple et elle portait un diadème à double bride d'or. Enfin et non des moindres, deux ailes de papillons fixées sur une fine armature partaient de sa tête jusqu'à ses genoux. C'était sans conteste un chef d'œuvre car elles étaient faîtes d'une soie arachnéenne peinte dans les couleurs du crépuscule, du violet le plus profond au rose pale, du vert clair et vers le bas c'était comme une nuit semée d'étoiles qui se déployait…
Quand elle descendit les escaliers pour rejoindre l'entrée où patientait son carrosse, elle croisa André. Ce dernier avait vivement protesté de devoir rester au château pendant qu'Oscar s'amuserait au bal masqué…
Elle le vit comme statufié. A tel point qu'aucune moquerie ne sortie de sa bouche…
- Et bien André, à rester ainsi tu vas finir par gober une mouche…
- Oscar, couvres toi car tu risques d'attraper froid…
Elle ne sut que répondre, elle rougit même, car soudain elle se sentait nue devant lui.
Grand-mère l'attendait sous le porche avec une longue cape en fourrure blanche. Elle la mit ainsi que son masque. Elle comprenait à quel point cet accessoire était important. Elle se sentait plus à l'abri derrière le loup de velours et de plume que dans un costume…
La nuit, elle le présentait, serait longue.
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Et tu m'es apparue dans un éblouissement sans fin…
Dans ta robe immaculée, ton front orné d'un ruban doré, que tu es belle…
Tu avais tort quand tu m'as annoncé plus tôt dans l'après midi les dernières frasques de la souveraine…Loin d'être ridicule tu es magnifique.
Je remercie le loup qui te dérobera aux regards des autres mais pas du mien…
