Allongé sur son lit du 4, Privet Drive, Harry Potter regardait le plafond comme s'il allait lui tomber dessus d'un moment à l'autre. A vrai dire, cela ne l'aurait pas étonné outre mesure. Non pas que cette maison était dans un état déplorable, loin de là, mais plutôt qu'il avait comme l'impression que tout ce qui l'entourait était voué à s'écrouler. Il avait perdu ses parents alors qu'il avait à peine un an, et quelques semaines plus tôt, c'était son parrain, Sirius Black, qui avait quitté ce monde. Il était peut-être un peu abusif d'en venir à de telles pensées, après tout, la famille Dursley qui l'hébergeait depuis la mort de ses parents n'avaient jamais eu le moindre problème –Cela dit, Harry n'était pas sûr que cette pensée soit à même à lui remonter le moral. Harry poussa un long soupir. Comme si la mort de son parrain n'était pas suffisante, il avait dû retourner à Privet Drive endurer la mauvaise humeur permanente de sa « famille », et cela depuis deux semaines déjà. Il eut un bref frisson d'horreur à l'idée d'un Voldemort associé à son oncle Vernon, avant de secouer la tête en se rendant compte de tout le ridicule de cette pensée. Il n'empêche que pour un garçon sensé être le seul capable de débarrasser l'humanité du plus maléfique Mage Noir que le monde de la sorcellerie ait connu, il était sans doute le seul de tout Poudlard contraint à préparer le petit-déjeuner pour le reste d'une famille qu'il détestait cordialement. Il avait passé le début de l'été à attendre une invitation de son ami Ron Weasley à passer le reste de l'été chez lui au Terrier, mais depuis la lettre que Ron lui avait envoyée il y a de cela trois jours, ce n'était plus la peine d'espérer. Pour la énième fois, Harry relut la lettre de son ami, comme si cela allait en changer le sens.

Harry,

J'imagine à quel point tu devais attendre d'avoir de nos nouvelles, et surtout recevoir notre invitation pour venir finir l'été chez nous. En fait, mes parents devaient juste régler quelques détails concernant ta sécurité, ton transport ; rien ne doit être laissé au hasard te concernant, surtout maintenant que le retour de Tu-sais-qui est officiel. Je me tenais prêt pour t'envoyer dès que possible la date de ton arrivée ici … Mais les évènements de ces derniers jours sont venus tout chambouler. Laisses-moi t'expliquer. Peu après mon retour au Terrier, nous avons reçu une lettre de Charlie, ce qui en soi n'a rien d'étrange, puisqu'il nous envoie régulièrement de ses nouvelles. Dedans, il nous disait que les dragons qu'ils étudient avaient un comportement étrange depuis quelques temps : un coup agressif, un coup craintif, certains disparaissant sans que Charlie et ceux qui travaillent avec lui n'ait la moindre idée d'où ils allaient (Et un dragon, c'est pas ce qu'il y a de plus discret !). Bon, à la maison, on a trouvé ça étrange, mais on ne s'est pas inquiété plus que ça. Seulement, on n'a plus eu de nouvelles de Charlie depuis. Maman commençait déjà à s'inquiéter, tu la connais, lorsqu'on a reçu une lettre d'un des « collègues » de mon frère, il y a 4 jours. Charlie semble avoir disparu et personne ne sait où il est ; un autre sorcier travaillant avec lui est dans le même cas. Dès que maman a su ça, elle s'est mise à pleurer et crier partout qu'il était arrivé quelque chose à son fils adoré ; Et honnêtement, on n'en menait pas large non plus. Papa a alors décidé qu'il fallait partir à sa recherche au plus vite ; maman était d'accord, et tellement bouleversée qu'elle n'a émis aucune objection pour qu'on les accompagne avec Fred et George ! On va donc partir dès que possible, dès que mes parents auront réussi à trouver quelqu'un pour s'occuper de Ginny (Aux dernières nouvelles, ils envisageaient de demander à ma tante Muriel… Ginny a beau être une véritable peste, je ne lui souhaite pas). Bill voulait venir avec nous, mais il n'a pas réussi à négocier un congé auprès de Gringotts, et comme il va repartir en Egypte pour deux mois, il ne peut pas héberger Ginny. D'ailleurs, ça risque de ne pas être un cadeau, vu comment elle a fait des pieds et des mains pour pouvoir venir avec nous, mais papa et maman n'ont rien voulu ne peux pas te cacher que tout cela m'inquiète beaucoup. Je suis bien déterminé à trouver ce qui est arrivé à mon frère, mais j'ai peur, Harry. Je ne sais pas combien de temps tout cela va durer. Je ne sais même pas si je serais à tes côtés pour le retour à Poudlard. Je suis désolé à l'idée de te laisser seul alors qu'Hermione va sûrement déjà commencer à te bassiner avec les ASPICS de l'an prochain ! J'essaierai de te donner des nouvelles dès que possible, mais les liaisons Roumanie-Royaume Uni sont longues pour les hiboux.

Ron

P.S : Comme je ne pense pas pouvoir te le souhaiter le jour même, je te souhaite d'avance un joyeux anniversaire, mon vieux !

P.P.S : Ne te tracasses pas avec tout cela, c'est une histoire de famille ! Cette fois, ce n'a rien à voir avec Tu-sais-qui et toi !

Une nouvelle fois, Harry eut un pincement au cœur à la lecture du dernier Post Scriptum. Il savait que Ron n'avait pas voulu le blesser, et il avait déjà eu affaire à la « maladresse » de son meilleur ami. Malgré tout, il ne pouvait s'empêcher d'avoir l'impression que Ron semblait penser que les problèmes que sa famille avait du affronter par le passé, était uniquement lié à la relation qu'il entretenait avec les Weasley. Harry pensa un instant qu'il n'avait sans doute pas tort… Harry fut tiré de ces sombres réflexions par un tapotement contre le carreau de sa fenêtre. Il se redressa et reconnut le plumage blanc de sa chouette Hedwige. Il s'empressa d'aller lui ouvrir, et constata qu'un second hibou, plus petit et de couleur fauve, était également là. Il fronça les sourcils en voyant le sceau de Poudlard sur la lettre qu'il portait. Les vacances n'étaient pas suffisamment avancées pour qu'il puisse s'agir de la liste de fournitures à avoir pour la rentrée. Harry pâlit alors à la pensée qu'il s'agissait forcément des résultats des Buses, examens qu'il avait passés à la fin de sa cinquième année. Il ne put s'empêcher d'avoir une pensée pour son ami Hermione Granger, qui devait être au bord de la crise de nerfs à ce moment-là. La main fébrile, il décacheta l'enveloppe, et s'aperçut qu'elle contenait deux parchemins. Il saisit le plus petits des deux, et eut la surprise de reconnaître l'écriture particulière d'Albus Dumbledore

Cher Harry,

Bien que je sais que tu n'as sans doute pas encore la tête à ça, il faut que nous nous ayons une discussion à propos de l'héritage de Sirius, bien que les choses soient assez simples. Je te propose donc de me retrouver le 19 juillet sur la terrasse du glacier Florian Fortarôme, sur les coups de 15h. Si cela te convient, il te suffira de poser ta main sur ton oreiller à 14h59. Il faudra aussi que nous parlions de la suite de tes vacances.

Albus Dumbledore

P.S : Permets-moi de te féliciter pour les résultats que tu as obtenus à tes BUSE.

Si l'évocation de l'héritage de Sirius avait fait passer une ombre sur le visage d'Harry, celle-ci avait été remplacée dans l'esprit d'Harry par une certaine curiosité lorsque le directeur de Poudlard avait évoqué ses vacances, puis par une sorte de joie lorsqu'il avait lu le post scriptum. Si le directeur de Poudlard le félicitait pour ses résultats, c'est que ceux-ci devaient être plutôt bons. Harry s'empressa de prendre le second parchemin, qu'il lit avec attention :

BREVET UNIVERSELLE

DE SORCELLERIE ELEMENTAIRE

Le candidat est admis s'il obtient une des notes suivantes :

Optimal (O)

Effort Exceptionnel (E)

Acceptable (A)

Le candidat est recalé s'il obtient une des notes suivantes :

Piètre (P)

Désolant (D)

Troll (T)

HARRY JAMES POTTER A OBTENU

Astronomie : A

Soins aux créatures magiques : E

Sortilèges : E

Défense contre les forces du Mal : O

Divination : P

Botanique : E

Histoire de la magie : D

Potions : E

Métamorphose : E

Pour la première fois depuis longtemps, Harry eut un vrai sourire. A part deux matières –Qu'il savait déjà avoir loupés-, il avait réussi dans toutes les autres. Certes, il n'avait pas obtenu la note maximale en potions, ce qui semblait indiquer la fin de sa carrière d'Auror avant même qu'elle ait commencé ; Mais obtenir un Optimal aurait été un vrai miracle, et Severus Rogue, son professeur de potions, aurait surement hurlé au scandale.

L'esprit plus tranquille qu'avant, bien qu'il n'avait pas beaucoup pensé à ses BUSE avant, Harry repartit s'allonger sur son lit, mais un cri strident lui rappela qu'Hedwige lui apportait aussi une lettre. Il détacha celle-ci de la patte de sa chouette, et reconnut instantanément la fine écriture d'Hermione, le dernier membre du trio. Il se sentit un peu gêné de ne pas voir écrit à sa meilleure amie avant ; Pour être honnête, il ressentait une certaine culpabilité par rapport à sa blessure à l'épaule, et surtout, il ne pouvait s'empêcher de penser que s'il l'avait écouté, Sirius serait encore en vie à présent… Harry préféra lire la lettre d'Hermione avant que ses tristes pensées ne reprennent le dessus.

Cher Harry,

J'espère que le début de tes vacances se passe aussi bien que possible. J'ai cherché pendant des heures comment formuler ce début de lettre ; te demander si ça va, si tout se passe bien, me semble tellement dérisoire alors que je sais quelle épreuve tu traverses. Mais finalement, j'ai quand même décidé de rester dans le conventionnel, d'une part parce que j'ai réellement envie de savoir comment tu vas, et d'autre part, parce que toutes ces choses futiles peuvent nous faire penser à tout ce qui nous préoccupe, tout ce qui est tellement concret. C'est pour cela que d'attendre et attendre encore les résultats de nos BUSE. C'est drôle, hein ? Après l'épisode du ministère, on pourrait penser que je m'en moquerais éperdument. Et bien, c'est raté. Tu dois trouver ça ridicule, Harry, surtout que tu dois te dire que comme d'habitude, tout ira bien pour moi à ce niveau-là (Et pourtant, je te promets que j'ai quelques doutes sur mon épreuve de Runes et la Défense contre les Forces du Mal… D'accord, j'arrête-là).Ma blessure à l'épaule a parfaitement guéri, grâce aux potions que m'a prescrites Madame Pomfresh. Elle reste un peu raide encore, mail'ids le professeur Flitwick m'a donné quelques exercices à faire pour améliorer ça, et bientôt, ce ne sera plus qu'un mauvais souvenir.

Je vais bientôt partir en vacances dans le sud-ouest de la France, près de l'océan Atlantique, dans un endroit appelé « les Landes ». A vrai dire, je devais déjà être parti, mais mes parents m'ont dit qu'ils devaient d'abord réglé quelques problèmes avec leur cabinet de dentiste. Ca m'étonne un peu, d'habitude cela ne nous empêche pas de partir en vacances à la date prévue, mais il faut croire que les problèmes dentaires sont à la mode chez les non-sorciers ! En tout cas, j'ai hâte d'y être, la France est un très beau pays, je suis sûr que tu adorerais ! J'espère pouvoir trouver quelque chose de typiquement français pour ton anniversaire.

A mon retour de France, il me restera à peine un mois pour me préparer à la rentrée. Peut-être pourrions-nous nous retrouver sur le Chemin de Traverse ? Ce serait tellement bien ! Je ne peux m'empêcher de me dire que c'est incroyable de voir comment tout ce qu'on a vécu tous les trois nous a rapprochés. Tu te rappelles de nos premières discussions ? On en a fait du chemin depuis. J'ai déjà hâte de vous revoir. Vous me manquez. Tu me manques, Harry. Etre passé si près de la mort m'aide à prendre conscience de tout cela.

Hermione

P.S : Merci encore pour ce sifflet. Quelle super idée tu as eu là !

Harry resta songeur un long moment après avoir fini la lettre d'Hermione. A vrai dire, il avait un peu de mal à assimiler tout ce qu'elle avait écrit. Il n'arrivait pas vraiment à déterminer dans quel état se trouvait le moral de son amie. Il relut avec amusement le passage sur les buses, pensant qu'à ce moment elle devait être particulièrement soulagée. Il ressentit une once de culpabilité au moment du passage concernant l'épaule de la jeune fille, puis un peu d'envie lorsqu'elle parla de ses vacances en France. Décidemment, entre elle et Ron qui partait en Roumanie, après avoir été en Egypte, il aurait bien aimé sortir un peu du Royaume-Uni lui aussi…

Il repensa au sifflet qu'Hermione évoquait à la fin de sa lettre. A la fin de l'année précédente, il avait eu l'idée de lui donner un sifflet magique, lui permettant d'appeler Hedwige, qu'importe où la chouette se trouvait. La jeune fille n'avait pas d'hibou, et Harry avait voulu ainsi s'assurer qu'elle pourrait leur écrire si jamais elle en ressentait l'envie, et visiblement, il avait bien fait. Il hésita à lui répondre tout de suite, puis se dit que cela pouvait attendre deux jours et son entrevue avec Dumbledore. Il aurait sans doute de nouvelles choses à lui dire à l'issue de celle-ci, et il était inutile d'épuiser Hedwige plus que nécessaire.

Deux jours plus tard, Harry se trouvait une fois de plus dans sa chambre, obnubilé par la crainte de rater l'heure du rendez-vous fixé par Dumbledore. Est-ce que sa montre était bien réglée ? Harry hésita à aller regarder l'horloge du salon, mais il ne voulait pas risquer de ne pas être là à l'heure. Soudain, à 14h59 précise, l'oreiller d'Harry se mit à scintiller d'une étrange lueur bleutée, qu'Harry savait être caractéristique des portoloins. Il s'empressa de poser sa main dessus, et se sentit aussitôt aspiré. Dès qu'il fut arrivé à destination, il reconnut qu'il était bien à l'endroit convenu, et que comme prévu, Albus Dumbledore se trouvait en face de lui.

-Bonjour, Harry.