Bonjour, mes choupinets d'amour :)
J'ai écrit un petit quelque chose que j'ai vraiment hésité à publier mais bon... Je me lance. C'est censé être un One-Shot, mais c'est pas impossible qu'un jour ça serve de prologue à une fanfiction (une fois que j'aurais trouvé le courage d'achever Leaping Waters, haha).
Bref, il y a encore un nouveau personnage, qui, je l'espère, vous plaira autant qu'à moi. J'espère aussi que j'aurais réussi à retranscrire Stiles & Derek tels que je les vois. Ainsi que Scott. Parce que j'en ai marre que tout le monde déteste Scott, du coup, j'ai eu envie de l'aimer cette fois-ci et lui donner un rôle important.
J'ai mille idées si un jour j'écris une suite à ce One Shot. Parce qu'il y a tant de choses à exploiter dans la relation entre Derek & Stiles. Puis l'idée d'imaginer Stiles à l'université, ça me plaît énormément. Voilà, voilà.
Je vous embrasse et vous souhaite une bonne lecture.
BRAVE NEW WORLD
Lorsque Stiles avait quinze ans, il s'était imaginé l'université comme un endroit dément et sensationnel. Il songeait à son premier jour là-bas comme un être humain normal pensait à la naissance de son premier enfant. Stilinski était certain que la veille de la rentrée, il devrait sans doute doubler sa dose de médicaments afin de ne pas paraître trop surexcité aux yeux de ses nouveaux camarades. Il ne voulait pas passer pour un déglingué et ruiner sa réputation en l'espace d'une seconde. Il avait déjà prouvé dans le passé qu'il était bien trop doué pour ça.
Pourtant, ce soir-là, veille de la rentrée dans la prestigieuse université de Georgetown à Washington, Stiles fixait son cacheton et commençait à réaliser que ce nouveau départ le rendait fébrile. La fac ne représentait plus un monde idéal à ses yeux. Un instant, il songea à descendre les sept étages de la résidence universitaire, à mettre le contact sur sa jeep et à faire les quatre heures de route qui le séparaient de Beacon Hills. Heureusement, son portable vibrant sur la table de nuit l'en empêcha.
- « Ça y est, je suis bien rentré. » entonna la voix.
- « Yep. »
Le silence qui s'installa par la suite fut plus brûlant que des braises ardentes. Les deux hommes savaient que cette séparation serait plus difficile pour eux que pour le commun des mortels.
- « Tu es sûr que ça va aller, fiston ? »
- « Si tu parles de l'armoire que tu n'as pas réussi à monter, je devrais m'en sortir. »
Le regard de l'adolescent se posa sur l'armoire bancale qui tenait miraculeusement sur deux pieds. Le Shérif n'avait jamais été doué en bricolage et l'avait encore une fois prouvé. A l'époque, c'était la mère de Stiles qui s'occupait de ce genre de travaux. Elle avait pour habitude de dire que son mari possédait deux mains gauches et qu'elle ne comprenait pas comment il était capable de passer les menottes aux malfrats. A ce souvenir, un sourire nostalgique s'installa sur les lèvres de Stilinski.
- « Tu sais bien que je ne parle pas de l'armoire. (...) Demain, c'est un grand jour et... Tu sais, quand je suis parti cet après-midi, j'ai bien vu que tu n'en menais pas large. »
- « Tu délires, P'pa. »
- « Ta mère serait très fi... »
- « Papa ! Tu me l'as répété au moins mille fois depuis que j'ai reçu ma lettre d'admission. »
- « Ton colocataire est arrivé ? »
Parfois, le Shérif Stilinski était le meilleur pour faire diversion et changer de conversation lorsque le sujet devenait fâcheux. Son fils l'admirait et le détestait pour cette raison.
- « Pas encore. Le gardien m'a dit qu'il arriverait demain. Il s'appelle Nick, apparemment. »
- « Chouette. »
- « Ouais, j'aurais pas dit mieux. Chouette. »
Le sarcasme baignait dans la voix de Stiles. Finalement, l'idée d'entrer à l'université ne le faisait plus sauter de joie. Au contraire, la boule de larmes enfoncée au plus profond de ses amygdales ne demandait qu'à sortir. Le jeune homme lança un regard en biais au lit vide et secoua vivement la tête. Il avait toujours rêvé de partager une chambre universitaire avec son meilleur ami, pas avec un inconnu répondant au nom de Nick.
- « Je sais que ça t'embête pour Scott. »
- « Ça ne m'embête pas. Il n'avait qu'à mieux bosser l'année dernière au lieu de batifoler avec Allison. Il aurait peut-être gagné une bourse scolaire au lieu d'attraper la syphilis. »
- « Scott a eu la syphilis ? » Le Shérif manquait clairement de s'étouffer ce qui réussit à faire naître un sourire moqueur sur les lèvres de son fils.
- « Je déconne, Papa. »
- « Décidément, je ne serais jamais le mieux placé pour comprendre ton humour. »
- « Tant mieux, mon mauvais goût pourrait te faire avoir une crise cardiaque. Ne prenons aucun risque. »
- « Ça, j'ai compris. »
Cette fois, Stiles se mit à rire en entendant son père prendre une voix satisfaite. Parler avec son paternel l'apaisait énormément. Il avait l'impression d'oublier qu'il se trouvait dans un dortoir et que le lendemain, il ferait son entrée dans le monde universitaire. Jamais il n'aurait pu rêver d'un père plus doux et plus attentionné. Parfois, il avait même de la peine pour tous ceux qui n'avait pas le Shérif Stilinski comme père. Alors, il se sentait comme le plus heureux des enfants. Parce que c'est ce qu'il était encore : un gamin.
- « Tu sais, Stiles... Tu rentreras au moins un week-end par mois. Et puis je suis sûr que Scott viendra te voir à l'improviste. »
- « Je sais, P'pa. C'est cool, t'inquiètes. »
- « Tu m'appelles demain ? »
- « Et tous les autres jours. On ne se débarrasse pas de moi comme ça. »
- « Bonne nuit, fiston. »
- « Je t'aime. »
- « Moi aussi, Stiles. Moi aussi. »
Stiles ne disait pas souvent à son père qu'il l'aimait. Pourtant, dans sa chambre d'étudiant, à des centaines de kilomètres du Shérif, il ressentait le besoin violent de lui communiquer toute la tendresse qu'il avait pour lui. Seuls ces trois mots résumaient parfaitement ce qu'il ressentait pour son père.
Cette nuit-là, Stiles ne ferma pas un oeil. Cela faisait des années qu'il ne s'était pas senti aussi seul. Même les quelques textos échangés avec Scott ne réussirent pas à lui redonner le sourire ou à le soumettre aux bras de Morphée. Alors, il avait enfouit sa tête dans l'oreiller trop dur mais avait tout de même jeté un regard à son réveil fluorescent toutes les dix minutes.
Il avait beau avoir déjà visité l'université de Georgetown en long en large et en travers, ce nouvel univers lui paraissait bien trop étranger. Il accrocha son sac à dos sur l'une de ses épaules, prit une grande bouffée d'air frais, tenta d'avoir l'air dans son élément, gratifia d'un sourire quelques inconnus et grimpa les marches qui le mèneraient vers son premier cours de l'année. Bienvenue dans la cour des grands, Stiles. Ici, c'est la vie réelle, pas un pseudo-film d'horreur pour les moins de dix-huit ans.
Le jeune homme se plaça au milieu de l'amphithéâtre et constata avec agacement que les trois-quarts des personnes présentes s'étaient déjà rassemblées en petits groupes. Cela faisait seulement quelques minutes qu'il était à l'université et il avait pourtant l'impression de ne pas avoir encore quitté le lycée. Les élèves riaient et fanfaronnaient dans tous les coins. On distinguait sans aucun mal ceux qui seraient populaires et ceux qui se retrouveraient durement bizutés puis moqués.
- « Décale ton sac, face de loutre. »
Stiles leva les yeux vers une jeune fille qui semblait bien décidée à s'asseoir près de lui. Vu le nombre de places que comptait l'amphithéâtre, l'adolescent ne comprit pas pourquoi cette fille, visiblement peu aimable, voulait s'installer à ses côtés.
- « Face de... » commença Stiles, mi-intrigué mi-vexé par ce surnom.
- « Loutre. » termina l'inconnue, balançant elle-même le sac de Stiles un peu plus loin. « C'est un compliment. C'est sympa les loutres. L'année dernière, j'ai visité un zoo où il y en avait plein. C'était assez fascinant. Mais c'est moins mignon qu'une girafe, quand même. »
- « Ouais, sans doute. Je dois te remercier pour le compliment, j'imagine ? » demanda Stiles, un brin moqueur.
- « C'est comme tu le sens. Tu sais, les compliments, on les perçoit tous différemment. Mon père avait pour l'habitude de m'appeler Souricette, parce qu'il trouve les souris mignonnes. Pour lui, c'était gentil. Moi, j'avais plus l'impression de ressembler à un mini-rat. »
Stiles se demanda un instant ce qu'il avait fait à Dieu pour écoper d'une telle cinglée à ses côtés. Les yeux de l'adolescent s'élargirent énormément mais sa voisine d'amphi ne sembla pas s'en formaliser. Elle passa la main dans ses longs cheveux. Ils étaient blonds, crépus et si indisciplinés qu'elle semblait avoir perdu tout espoir de les coiffer décemment. Sa touffe de cheveux, c'était un peu celle du Professeur Trelawney dans Harry Potter. Et c'était déconcertant.
- « Au fait, je m'appelle Rebekah. Et tout le monde m'appelle Rebekah. N'essaie même pas de me trouver un surnom sympathique à la 'Becky', ça risque de mal tourner entre nous. Ce serait dommage, non ? »
C'était sans doute la première fois de sa vie que Stiles tombait face à quelqu'un qui parlait autant que lui. Surtout pour ne rien dire. Il aurait du détester cette fille dès le moment où elle l'avait affublé du si sympathique 'face de loutre'. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher d'être fasciné par cet énergumène.
- « Moi c'est Stiles. Juste Stiles. »
- « On va bien s'entendre, toi et moi, Stiles. »
Ils avaient échangé un sourire complice et le professeur avait enfin pris la parole.
Rebekah n'avait pas menti. Stiles et elle n'auraient pas pu mieux s'entendre. Avec cette illuminée à ses côtés, il en oubliait qu'il était loin de tous ceux qu'il aimait. Il en oubliait avoir quitté Beacon Hills et ce monde surnaturel dans lequel il avait baigné pendant plusieurs mois. Les histoires de lycanthrope lui semblaient bien vieilles maintenant. Aussi étrange que cela puisse paraître, Stiles s'en voyait ravi. Avant de partir, il avait imaginé que toutes ces histoires lui manqueraient à en crever, que sa vie deviendrait banale. Pourtant, depuis qu'il avait Rebekah à ses côtés, il avait compris que la vie pouvait être tout aussi phénoménale avec de l'ordinaire.
- « Ton colocataire, Dick, c'est un vrai crétin. »
- « Nick. »
- « C'est pareil. (...) Dans un monde meilleur, les dortoirs seraient mixtes et on pourrait être colocataires. »
- « Pourquoi tu es venue vers moi, le jour de la rentrée ? »
- « T'avais l'air d'un petit oiseau tombé de sa branche, en fait. Et je crois que c'est ce que tu es, hein ? Si je n'avais pas joué le rôle de maman-oiseau, t'aurais pas tenu trois jours dans ce monde cruel. »
- « Tu sais le pire, là-dedans, Rebekah ? C'est que tu as raison. »
Rebekah avait pris un air fier et Stiles s'était marré. Cette fille, c'était une véritable bouffée d'air frais. C'était la première fois qu'il se sentait aussi libre de se confier, libre d'être lui. Plus les semaines défilaient, plus leur complicité grandissait. Ils parcouraient les fêtes des sororités en parfaits électrons libres, séchaient les cours lorsqu'ils en avaient envie et passaient des nuits entières à refaire le monde.
Peu à peu, Rebekah était devenue sa meilleure amie. Elle n'avait pas remplacée Scott, personne ne le pouvait. Stiles avait juste trouvé comment partager ses sentiments entre ces deux-là. Lorsqu'il avait annoncé la nouvelle à McCall, son meilleur ami de toujours n'avait pas vraiment compris ce que cela signifiait. Scott n'avait jamais pensé que des amis de l'université pouvaient être aussi importants que ceux d'enfance.
- « Je crois que Rebekah est encore plus lunaire que tu ne l'es. »
Stiles avait ri, fier de sa blague. Scott n'avait pas compris et avait mis un long moment avant de saisir la plaisanterie. Cela faisait déjà plusieurs mois qu'ils étaient à la fac. Même si McCall ne l'avait pas montré, rester étudier à Beacon Hills alors que tous ses amis entraient dans des universités prestigieuses, ça lui avait foutu un coup au moral. Un instant, il avait eu l'impression d'être un moins que rien. L'université de Beacon Hills, ça n'avait rien de prodigieux. Il aurait sans doute même des difficultés à trouver un boulot lorsqu'il en sortirait. Dans son malheur, il avait eu une chance inouïe de voir Isaac suivre le même chemin que lui afin de rester aux côtés de Derek. Lahey était sans doute le plus fidèle et Hale ne savait même pas comment lui montrer sa gratitude.
- « Quand est-ce que tu viens à Georgetown ? Rebekah crève d'envie de te rencontrer. »
- « On peut arrêter de parler de cette fille pendant cinq minutes ? »
Stiles avait accusé le coup silencieusement. L'agressivité dans la voix de Scott l'avait fondamentalement blessé mais il espérait sincèrement que cette discussion ne mènerait pas à une dispute. Le jeune Stilinski comprit rapidement qu'il avait manqué de tact pour annoncer l'existence de Rebekah.
- « Arrête ta jalousie, Scott. Tu sais bien que t'es irremplaçable. »
- « Ça fait quand même cinq mois qu'on ne s'est pas vus. Chaque fois que tu rentres à Beacon Hills, je suis à Berkeley pour rendre visite à Allison. Il faut qu'on s'organise mieux »
Cette fois, Stiles devait bien l'avouer, la mauvaise foi de McCall le sidérait.
- « Je ne t'ai jamais empêché de venir me rendre visite à moi aussi, tu sais. »
- « Ça me fait déjà assez de mal de voir à quel point Allison s'épanouit loin de Beacon Hills. (...) Je sais que c'est pareil pour toi et ça me tue. »
Stiles avait des milliers de choses à reprocher à Scott. Pourtant, le jeune étudiant préféra ne pas entrer dans cette conversation qui les perdrait dans les méandres de la méchanceté gratuite, de celle qui fait mal pour rien.
- « Je dois y aller, Scott. Réfléchis-y, c'est tout. »
Stilinski avait raccroché et avait longuement soupiré. Bien sûr, la présence de Scott lui manquait mais il détestait le fait que ce dernier puisse lui en vouloir de passer de bons moments loin de lui. L'égoïsme de McCall lui explosait en plein visage. Son mal-être aussi.
Stiles sursauta en se rendant compte que Rebekah se tenait derrière lui, droite comme un piquet, le visage blême et le regard dans le vague. Parfois, Rebekah était sacrément flippante et étrange, c'était à se demander si elle ne venait pas d'une autre planète.
- « T'as tout entendu ? »
Rebekah haussa les épaules et attrapa le portable de Stiles qu'il tenait toujours entre ses mains.
- « Laisse-moi régler ça. » dit-elle simplement en recherchant déjà le numéro de Scott dans les derniers appels passés.
Avant que Stiles n'ait pu réagir, Rebekah posait déjà le téléphone contre son oreille et sortait de la chambre sans un mot. Bien entendu, Stiles poursuivit son amie et tenta de lui arracher le portable des mains.
- « Scott, c'est Rebekah. Je ne vais pas pouvoir te parler longtemps parce que Stiles me court derrière pour m'empêcher de passer ce coup de fil. Là, il fait des grands gestes et ses yeux semblent prêts à sortir de son crâne. Il est tout rouge, c'est marrant. (...) Bref, si tu ramènes pas tes fesses à Georgetown le week-end prochain, t'es la personne la plus idiote du monde, Scott McCall. Et Stiles m'a parlé de toi comme étant parfois crétin, mais pas à ce point. (...) Puis tu sais, je suis pas le genre de fille à piquer le meilleur ami des autres. Je pense juste que t'es le mieux placé pour savoir à quel point c'est chouette d'avoir Stiles dans sa vie. »
Elle avait raccroché sous l'air dépité de Stiles qui soupira en constatant qu'elle avait réellement passer ce coup de téléphone. Sur le visage de la demoiselle, un grand sourire rayonnait et ses gigantesques yeux bleus-gris pétillaient. Quant à ses joues rebondies, elles étaient plus rouges que des cerises bien mûres. Le jeune étudiant attrapa la jeune femme par l'épaule et la serra contre lui pendant quelques secondes.
- « C'est vrai que c'est chouette. » murmura le jeune homme.
- « De quoi ? »
- « De t'avoir dans ma vie. »
Le week-end suivant, Scott n'avait pas manqué à l'appel. Il avait envoyé un texto à Stiles le vendredi en fin d'après-midi pour lui dire qu'il arriverait dans la soirée pour passer le week-end avec Rebekah et lui. Stiles avait été le plus heureux des étudiants, ce week-end là. Passée la rancœur des derniers échanges téléphoniques, les deux garçons avaient repris leur amitié là où ils l'avaient laissée sous le regard admiratif et tendre de Rebekah. Bien entendu, ils avaient évité de parler de lycanthropie face à l'innocente étudiante. Ils en avaient parlé de façon détournée, en quelques mots réconfortants :
- « Tout va bien. » avait assuré Scott. « Tout le monde va bien. Derek va bien. »
Stiles ne savait pas si son meilleur ami mentait et tentait de lui éviter de plier bagages pour rejoindre Beacon Hills illico-presto. Rien n'était tout à fait jamais normal dans leur ville natale. Pourtant, Stilinski préféra croire McCall, c'était sans doute ce qu'il y avait de plus raisonnable à faire.
Lorsque Scott avait repris la route au volant de sa nouvelle voiture offerte par Mélissa, Stiles avait eu l'impression que son cœur se vidait à nouveau. Alors, Rebekah était arrivée derrière lui, avait posé sa tête dans le dos du jeune homme et lui avait insufflé l'énergie suffisante pour ne pas s'effondrer.
- « Tu ne m'avais jamais parlé de Derek. »
- « Parce qu'il n'y a rien à dire. C'est juste un mec arrogant et lunatique. » avait répondu Stiles du tac o tac.
Bien sûr, Rebekah n'avait pas été dupe. Elle avait ce pouvoir pour sentir les choses. Elle savait très bien que son ami lui cachait quelque chose. Curieuse et attentionnée comme elle était, elle était bien décidée à savoir qui était ce 'Derek' dont Stiles n'avait jamais évoqué l'existence.
- « Tu m'as parlé de tous tes amis dans les moindres détails. Tu m'as parlé de Lydia dont la couleur préférée est le vert pomme. Tu m'as parlé d'Isaac qui possède une collection impressionnante de caleçons Star Wars. Tu m'as parlé de Scott, bien sûr et de sa mâchoire de travers. D'Allison et de son addiction au chocolat blanc. De Jackson, que tu n'arrives même pas à détester vraiment. De Danny, d'Erica, de Vernon... Mais tu ne m'as jamais parlé de Derek. Pourtant, hier soir, Scott a trouvé bon d'ajouter que : 'Derek va bien'. C'est que ça doit compter pour toi, non ? »
- « T'es un vrai moulin à paroles, Rebekah. »
- « Ne tente pas de t'éloigner du sujet, face de loutre. »
- « Et bien face de loutre est fatiguée et va aller se coucher. Tu ferais mieux de faire de même. »
Rebekah, vexée, avait quitté la chambre sans un mot. Les jours qui suivirent, elle n'évoqua pas la discussion 'Derek' et Stiles en fut ravi. Ce n'était certainement pas son sujet de conversation favori. Sans doute parce que Rebekah avait raison. Savoir que Derek allait bien, c'était l'une des choses qui lui importait le plus. Depuis qu'il était arrivé à Georgetown, il n'avait reçu aucune nouvelle de Hale et n'avait pas trouvé utile de lui en envoyer. Après tout, ils n'entretenaient pas une telle relation. Ils n'entretenaient rien du tout. Pourtant, ils avaient partagés beaucoup de choses ces dernières années. Ces choses les avaient rapprochés. Indéniablement. Seuls Derek et Stiles continuaient à le nier. Selon ces deux-là, ils n'étaient rien, il n'y avait pas de 'eux'. Même Scott avait compris qu'ils se voilaient la face. Chaque minutes que Derek et Stiles avaient passées ensemble les avait liés. Ils ne pourraient jamais changer ça.
Quand Stiles avait reçu sa lettre d'admission pour Georgetown, il avait pris le volant de la Jeep et avait roulé jusqu'à la bâtisse de Hale où il entraînait la meute. Stiles avait annoncé la nouvelle avec un sourire éclatant sur le visage. Tous ses amis lui avaient sauté au coup, réellement heureux pour lui. Pourtant, la seule chose donc Stiles était capable de se souvenir, c'était le visage de Derek se décomposant en entendant cette nouvelle. Cette lettre signifiait la fin du 'eux' qu'ils n'avaient même pas encore accepté d'être.
- « Tu vas me détester. » avait dit Rebekah, les mains tremblantes et le visage blême.
- « Qu'est-ce qu'il se passe ? Ne me dis pas que tu as encore piqué les clés de ma Jeep pour aller faire un tour avec et que tu l'as abîmée ?! »
- « J'ai invité tes amis à venir ce week-end. Et pour ça, je t'ai piqué ton portable, en fait. »
Stiles leva les yeux au ciel avec un sourire sur les lèvres. Il s'était attendu à bien pire lorsqu'il l'avait vu arriver face à lui, nerveuse comme elle l'avait rarement été.
- « Pourquoi je te détesterais pour ça ? T'as déjà fait bien pire, je te signale ! »
- « J'ai invité Derek. »
Cette fois, les poings de Stiles s'étaient resserrés sur eux-mêmes et Rebekah avait fait un pas en arrière, consciente qu'il allait sans doute se mettre en colère. Le jeune étudiant se laissa glissé le long du mur de sa chambre et resta un long moment assis parterre sans regarder son amie.
- « Il ne viendra pas, de toutes façons. »
- « En réalité, je viens de recevoir sa réponse. Il n'est pas franchement bavard comme type, il a juste écrit : 'Je serai là'. »
- « Tu sais quoi, Rebekah ? Un ami, ce n'est pas censé t'organiser des coups foireux derrière ton dos. »
- « Et je suis censée servir à quoi, alors ? Quand on refuse avec une telle force de parler de quelqu'un, ce n'est pas normal. Tu dois avoir quelque chose à régler avec ce 'Derek'. Je ne sais pas quoi, et en vrai, je m'en fous. Je veux juste que tu sois heureux. Parce que t'es le gars le plus passionnant que je connaisse. T'es le meilleur, Stiles. Et tu ne t'en rends même pas compte. »
Rebekah ne faisait jamais dans la demi-mesure. Lorsqu'elle parlait de sentiments, elle les évoquait avec une franchise rare. Elle n'avait honte de rien, surtout pas de ce qu'elle ressentait. Stiles avait une chance merveilleuse qu'elle l'ait choisi le jour de la rentrée. Ça non plus, il ne s'en rendait pas encore compte.
- « Je n'ai pas envie de le voir, c'est tout. »
- « Je suis plutôt persuadée du contraire, va savoir pourquoi. Parfois, on laisse s'échapper les personnes qu'on aime le plus. »
Avec grâce et légèreté, elle était sortie de la pièce sans un mot. Certaines fois, Stiles se demandait si elle existait vraiment tellement elle paraissait surréaliste.
Stiles avait compté les heures le séparant du week-end avec une certaine angoisse et une certaine excitation. Scott n'avait pas cessé de lui téléphoner pour lui dire à quel point il était heureux qu'ils puissent enfin se retrouver 'tous ensemble'. Cela accentuait encore un peu plus le stress qui envahissait le palpitant de l'étudiant de Georgetown.
Et le Jour-J était arrivé. Peut-être un peu trop vite pour le pauvre Stiles qui n'avait pas vraiment réussi à se préparer mentalement quant à la visite de Derek. D'ailleurs, il ne comprenait même plus ce qui le tourmentait autant. Après tout, il se l'était répété inlassablement : 'Ils n'étaient rien, il n'y avait pas de 'eux''. Pourtant, chaque fois qu'il s'imaginait croiser les yeux azurs de son ancien compagnon d'infortune, il sentait son cœur s'affoler dans sa poitrine. Jamais il ne saurait quoi lui dire lorsqu'ils se retrouveraient face à face. Et Stiles passerait pour un idiot, comme toujours.
La veille, Rebekah avait fait promettre à Stiles de ne rien organiser. Elle s'occupait de tout. C'était sans doute sa façon de se racheter, sa façon de lui montrer à quel point elle tenait à lui. Elle s'était arrangée avec le gardien pour obtenir la clé de la salle des fêtes qu'elle avait séparée en deux. Une partie qui servirait de dortoir pour la petite bande qui s'apprêtait à débarquer et une autre partie où ils passeraient les soirées, à boire un peu, à parler beaucoup, à danser peut-être. Elle avait décoré, avait poussé les meubles, avait installé la sono qui en ferait pâlir de jalousie les meilleurs organisateurs de fête des sororités. Enfin, elle avait enfilé sa plus belle robe, avait fait plus d'efforts pour mettre ses cheveux en ordre et avait envoyé un sms à Stiles pour lui demander de la rejoindre.
Ils étaient tous au rendez-vous. Scott, Allison, Lydia, Jackson et Danny furent les premiers à arriver. Soudain, toutes les angoisses de Stiles s'envolèrent. Il serra Scott dans ses bras avec une telle force que ce dernier manqua réellement d'étouffer. Bien vite, les autres furent assaillis par la soudaine tendresse de Stiles. Rebekah resta en retrait, observant la scène avec la douceur d'un ange gardien. Elle fut bientôt tirée de sa rêverie par une voix qui ne lui était pas vraiment inconnue.
- « Il a de la chance de t'avoir. »
- « Je te retourne le compliment, Scott. »
Les deux meilleurs amis de Stiles échangèrent un regard complice. Ils restèrent un long moment silencieux, ravis de voir leur ami heureux. Le sourire habituel de Rebekah s'effaça pourtant bien vite.
- « J'ai peur qu'il m'en veuille si ça se passe mal avec Derek. Je ne connais rien de leur passé et... Je ne dis pas ça pour que tu me racontes leur histoire, hein. Stiles a le droit d'avoir son jardin secret. C'est aussi sur ça que se base l'amitié, non ? »
Scott fut bercé par les paroles bienveillantes de Rebekah. Ce fut la première fois qu'il remarqua à quel point elle avait un visage incroyablement solaire et de grands yeux bleus étincelants. Il resta de longues secondes à l'observer, perdu dans l'immensité de ses prunelles azurées.
- « Je ne sais pas vraiment ce qui lie Derek et Stiles. Je crois que quand il sera prêt à en parler, c'est toi qu'il choisira pour se confier. Je n'ai jamais été très doué pour écouter les problèmes de Stiles et... »
- « Arrête de te sous-estimer, Scott. (...) De toutes façons, il n'y a pas de compétition entre nous deux. On sait très bien qu'il y a assez de place dans son cœur pour nous accueillir au moins tous les deux. »
Scott hocha vivement la tête et adressa un sourire franc et adorable à son interlocutrice. Encore une fois, ils restèrent silencieux, encore pendus au regard de l'autre.
- « Tu ne me présentes pas ? »
Allison, un grand sourire sur ses lèvres rosées, détourna l'attention des deux jeunes gens. Scott bredouilla quelque chose d'incompréhensible et Rebekah trouva ça touchant. Scott avait tout l'air du petit girafon qu'elle aurait adoré adopté.
- « Allison. Rebekah. Rebekah. Allison. Allison est ma petite amie. »
- « On m'a beaucoup parlé de toi, Allison. » clama Rebekah en claquant une bise sur les joues de la brunette.
- « J'ai aussi entendu parler de toi. Merci de nous avoir invités ici. Je crois qu'on avait vraiment besoin de se retrouver tous ensemble. Entre nous. »
Inconsciemment sans doute, Allison venait de faire comprendre à Rebekah qu'elle ne faisait pas partie de leur clan, de leur meute. L'étudiante de Georgetown réussit à sourire, elle n'était pas du genre à se vexer pour ce genre de réflexion. Elle savait que sa place était près de Stiles, ce n'était pas Allison qui allait la faire douter. La brune embrassa la joue droite de son petit ami et s'en alla en sautillant vers la flamboyante Lydia. Rebekah ferma les yeux quelques instants et pensa qu'en les ré-ouvrant, Scott aurait rejoint sa bien-aimée. Pourtant, il était toujours là, sa chemise blanche lui allant encore mieux que quelques minutes auparavant. C'était indécent.
- « C'est un peu compliqué entre Allison et moi, depuis qu'elle est à Berkeley. »
- « Pourquoi tu me dis ça ? » demanda Rebekah, un peu sur la défensive.
- « Je... J'en sais rien. » répondit maladroitement le jeune homme avant de rejoindre sa petite amie au buffet. Ce même buffet que Rebekah avait mis des heures à préparer en espérant que tout serait parfait.
La porte de la salle des fêtes s'ouvrit à nouveau et quatre nouvelles personnes firent leur apparition. Rebekah comprit immédiatement lequel des trois garçons répondait au nom de Derek. En retrait par rapport aux trois autres jeunes, il avait immédiatement posé son regard sur Danny, Jackson et Stiles qui étaient en train de blaguer. Derek était grand, Derek était beau, Derek portait la veste en cuir comme personne. Un instant, Rebekah eut l'impression qu'il s'apprêtait à faire demi-tour. Elle espéra de toutes ses forces qu'il ne soit pas assez lâche pour ça. Heureusement, elle le vit refermer doucement la porte de la salle et faire quelques pas peu assurés.
Stiles enlaçait Isaac, Erica et Boyd. Et Derek restait encore en retrait, visiblement mal à l'aise. Quand à Stiles, il semblait soudain tellement stressé, qu'il éternisait les retrouvailles avec les trois autres personnes. Rebekah se dirigea rapidement vers le grand brun et lui tendit la main :
- « Alors c'est toi, le fameux Derek ? »
- « Il paraît. Tu es ? »
Derek était un vrai glaçon. Il parlait comme un robot, sans émotion aucune. Du coin de l'oeil, il observait le moindre fait et geste de Stiles.
- « Stiles ! » appela Rebekah, tout sourire. « Derek veut savoir qui je suis. »
Si Stiles avait pu venir jusqu'à eux à reculons, il l'aurait fait. Il avait l'air tellement ridicule, avec ce petit air boudeur sur le visage. Lorsque Stiles fut enfin près d'eux, Rebekah s'éclipsa en un clin d'oeil, sous le regard dépité de son meilleur ami. Stilinski se faisait toujours piéger par cette fille. Parce qu'elle paraissait si angélique alors qu'elle était tout sauf innocente. Le jeune étudiant la regarda s'éloigner gracieusement et repéra immédiatement Scott qui faisait de même.
- « Stiles. » Derek venait de parler, ce qui contraint le jeune homme à tourner la tête.
- « Derek. »
C'était un début. Stiles enfonça ses mains dans les poches de son jean et soupira longuement, ne sachant pas quoi dire de plus. Il n'allait décemment pas le prendre dans ses bras ou bien se mettre à lui faire des blagues. C'était insensé. C'était Derek Hale qui était en face de lui.
- « Ça va ? » demanda alors Stilinski en haussant les épaules.
- « Ouais. »
- « Chouette. »
C'était un véritable dialogue de sourds. Cela faisait bien longtemps que Stiles ne s'était pas senti aussi gêné. Ce fut à ce moment précis que Jackson eut l'idée de génie de pousser un peu plus fort la sono, ce qui incita la plupart des invités à se mettre à danser, un verre à la main. Lydia empoigna fermement le bras de Stiles, l'entraînant au milieu de la pièce. Le regard de Stiles se perdit longuement dans les pupilles azures du loup-garou tandis qu'il s'éloignait. Derek s'approcha du buffet, échangea quelques mots avec Isaac. Stiles put distinctement lire sur les lèvres de l'Alpha : « Je n'aurais jamais du venir. ». Le cœur du jeune humain se serra bien plus qu'il ne l'aurait voulu.
La fête fut un véritable succès. Ce ne fut que vers quatre heures du matin que chacun décida de rejoindre son sac de couchage. Rebekah remarqua que tous, sauf Derek, avaient un sourire rêveur et innocent sur le visage.
Le lendemain matin, Allison, Lydia et Erica décidèrent de partir faire du shopping en ville, tandis qu'Isaac, Boyd, Danny et Jackson eurent une folle envie de découvrir le terrain de sport de Georgetown. Ils ne restaient donc plus que Scott, Derek, Rebekah et Stiles, visiblement fatigués de s'être couchés si tard. McCall semblait ne pas vraiment savoir où il était. Il restait appuyé contre le mur du couloir, les yeux à moitié fermés. Maintenant, Rebekah devait trouver une excuse valable pour l'éloigner de Derek et Stiles. C'était ça, le plan. Contraindre Derek et Stiles à se retrouver seuls. Les forcer à se parler comme des adultes qu'ils n'étaient sans doute pas vraiment. Malheureusement, avec si peu de sommeil, Rebekah avait énormément de mal à réfléchir. C'est un peu au hasard qu'elle finit par dire :
- « J'ai un projet de sciences à finir pour lundi, tu pourrais te rendre utile, Scott, ton aide me sera précieuse, j'en suis sûre. »
C'était carrément surréaliste. Parce que Stiles lui avait répété mille fois à quel point McCall était un cancre. D'ailleurs, face à cette proposition, Stilinski se pinça les lèvres pour ne pas rire, Derek fronça les sourcils en signe d'incompréhension et Scott balbutia quelques sons étranges. La situation devait être drôle à voir.
- « Pourquoi moi ? » finit par réussir à se plaindre McCall en grimaçant.
- « Pourquoi pas toi ? » rétorqua la jeune femme en attrapant vivement le garçon par le bras et en l'entraînant dans le couloir afin de l'éloigner des deux autres.
- « Parce que je suis nul en sciences. Surtout pour Georgetown. »
- « Tais-toi et marche, McCall. »
Ce fut plus fort qu'eux : Derek et Stiles échangèrent un regard et se mirent à rire face à cette scène. Ils n'étaient pas dupes et sûrement assez intelligents pour comprendre que c'était à cause d'eux que Scott allait passer la journée à faire le projet de sciences de Rebekah. Rigide comme il l'était, Derek se reprit bien vite et son visage redevint aussi morose qu'à l'accoutumée. Quant à Stiles, il continuait de regarder avec adoration ses deux meilleurs amis qui s'éloignaient.
- « Rebekah est marrante. » finit par dire Derek.
- « Je l'adore. »
- « Vous vous êtes bien trouvés. »
Si l'échange pouvait paraître banal, il ne l'était pas aux yeux de Stiles dont les pupilles se mirent à pétiller en entendant les paroles de son aîné.
- « T'es en train d'avouer entre deux mots que je suis marrant où je rêve ? »
- « Tu rêves. »
- « Toujours aussi adorable, le Derek. »
Stiles connaissait bien Hale et pourtant, il crut voir les joues du loup-garou s'empourprer très légèrement. Le jeune étudiant continua de scruter le visage de son aîné. Il n'avait pas changé. Ses traits étaient toujours aussi tendus, sa mâchoire aussi serrée et ses yeux aussi incroyablement bleus. Stiles aurait pu le regarder pendant des heures. Ce fut en observant cette tronche typique que Stilinski comprit enfin à quel point Derek lui avait manqué. Pendant des mois, il avait tenté de se convaincre que tout le monde lui manquait, sauf Derek. En réalité, Derek lui avait manqué plus que n'importe qui.
- « Tu peux arrêter de me regarder comme ça ? » grogna le loup-garou.
- « Comment ? »
- « Comme si j'étais un bout de viande. »
- « Je suis quasiment devenu végétarien, ces derniers mois. En réalité, je te regarde plus comme un brocoli. »
- « C'est dégueulasse le brocoli. »
Le visage de Derek paraissait presque taquin en cet instant et le sourire de Stiles s'illumina. Il n'en revenait pas que le lycanthrope soit rentré dans son jeu. Leur conversation était carrément insensée et pourtant, c'était leur façon de rattraper le temps perdu. L'humain mit un long moment avant d'oser la phrase qui lui trottait dans la tête mais osa finalement :
- « C'est le plus beau des légumes, le brocoli. Ça ressemble à un arbre. Et un arbre c'est solide, fier et accroché à ses racines. »
Derek ne répondit pas et enfonça les mains dans les poches de son jean. Il adorait être avec Stiles autant que ça l'agaçait et le mettait mal à l'aise. Le lycanthrope se sentait incapable de mettre un mot sur ce qu'il ressentait vraiment pour Stiles. Tout ce qu'il savait, c'était que ce compliment que l'adolescent venait de lui faire, ça le retournait littéralement. Il se sentait faible d'être incapable de parler. Il espérait que Stiles comprendrait et déciderait de parler d'autre chose.
- « Tu veux que je te fasse visiter le campus ? »
- « Ouais. »
Après tout, ils n'allaient pas rester là, plantés dans le couloir de la résidence universitaire.
- « Où tu m'emmènes ? » pesta Scott en traînant de la patte. « Je n'ai pas envie de bosser sur ton projet. »
- « Tu crois franchement que tu vas me servir de larbin alors que t'es une quiche en sciences ? J'ai au moins une dizaine de geeks de la fac qui seraient prêt à m'aider juste pour avoir leur nom à côté du mien dans ce projet. »
- « Ça veut dire quoi ? Que t'es une sorte de surdouée ? »
- « On est tous un peu surdoués, à Georgetown. A notre façon. »
- « T'as quand même l'air plus surdouée que tous les étudiants qu'on a pu croiser. »
- « Je suis désolée de paraître aussi bizarre. »
- « Je ne disais pas ça pour ça. » se reprit le jeune lycanthrope, conscient d'avoir vexé la jeune femme.
- « Je sais bien que tu me trouves bizarre. Je suis carrément l'opposé de vos trois copines. »
- « Et alors ? »
Scott s'était arrêté au milieu du parc du campus, visiblement étonné par la tournure que prenait leur conversation. Voyant qu'il ne suivait plus, Rebekah s'arrêta à son tour mais resta un long moment silencieuse à observer McCall, les bras ballants, ses yeux bruns cherchant une réponse à sa question. La jeune femme se rapprocha de Scott, lui attrapa à nouveau le bras en lui disant :
- « Ça te dirait de voir mon endroit préféré dans cette université ? »
Scott hocha la tête et se laissa entraîner. Parce qu'il en avait terriblement envie. Il voulait, plus que tout au monde, se laisser emporter dans le monde de folie que lui proposait Rebekah.
Stiles venait de passer une heure à faire visiter le campus à Derek qui n'avait même pas pris la peine de faire passer la moindre émotion sur son visage. Le jeune étudiant était donc prêt à abandonner et à planter Hale au milieu du parc en le traitant d'handicapé social. Il lui restait cependant une dernière carte à jouer. Stiles emmena son aîné dans le meilleur café de la ville, tenta de faire la conversation. Mais Derek restait impassible face aux babillages de l'adolescent. Pas même une pointe d'agacement.
En sortant du café, Derek le devança rapidement et prit l'initiative de traverser la route sans attendre le pauvre Stiles qui traînait derrière. Cette fois, c'en était trop pour l'étudiant qui sans même s'en rendre compte, s'arrêta au milieu de la chaussée, provoquant une symphonie de klaxons et d'insultes en tout genre. Cependant, Stiles ne s'en préoccupa pas un seul instant et resta bien droit, les bras le long de son corps, fixant la silhouette de Derek qui ne se retournait même pas.
- « Il faut qu'on parle, Derek. » cria Stiles.
De l'autre côté de la route, Hale prit enfin la peine de se retourner et eut un mouvement en avant en constatant le chaos qu'avait crée Stiles au milieu de l'avenue.
- « Tu crois que c'est le moment ? » pesta le loup-garou en roulant des yeux.
- « Il faut que je te dise. »
A nouveau, les yeux de Derek roulèrent, les moteurs des conducteurs mécontents continuèrent de rugir et Stiles prit un air boudeur. Cet air qu'il maîtrisait à merveille et qui agaçait profondément le lycanthrope.
- « Dépêche-toi, Stiles. Tu fais chier tout le monde, comme toujours. »
- « Je t'emmerde, Derek. »
- « C'est ça que tu voulais me dire ? Parce que si c'est ça, on peut y aller maintenant ? »
Avant de croiser ses bras sur son torse, Stiles leva son majeur en direction d'un type qui klaxonnait à tue-tête. Pour l'instant, aucun conducteur ne sortait de son véhicule pour tabasser l'adolescent, mais ça n'allait sans doute pas tarder. De nombreuses voitures lui passaient à ras le corps mais il n'avait même pas l'impression de risquer sa vie. Il savait que tant que Derek était dans les parages, il ne risquait rien.
- « Tu m'as manqué. » finit par avouer tout doucement l'étudiant, sachant que malgré le brouhaha, Derek l'entendrait quand même. « C'est ça que je voulais te dire. Que tu m'as manqué et que ça me ferait plaisir que tu arrêtes de faire cette tête d'enterrement quand on est ensemble. »
Encore une fois, Derek prit un air pincé et soupira longuement. Cet adolescent était un véritable crétin impulsif, quand il s'y mettait. Alors, comme pour faire plaisir à Stiles, le loup-garou fit un grand sourire, tellement forcé qu'on aurait dit qu'il grimaçait. Stilinski traversa enfin totalement la chaussée jusqu'à rejoindre Derek.
- « Je préférai la tête d'enterrement en fait. Là, t'as juste une tête de con. »
La claque que Stiles reçut dans le haut du crâne manqua de le faire tomber à la renverse.
Rebekah venait d'ouvrir la porte menant au toit de l'université. D'ici, ils avaient une vue imprenable sur la ville. Un instant, Scott en eut le souffle coupé. Un tel paysage était sidérant.
- « On vient souvent ici, avec Stiles. Le soir, avec une bouteille de vin piquée dans la chambre du gardien. C'est de la pissette, mais ça fait toujours l'affaire quand on veut refaire le monde. »
- « J'ai dit à Stiles que tout allait bien. »
Rebekah tourna violemment la tête vers McCall et comprit immédiatement que tout n'allait pas si bien qu'il l'avait prétendu lors de sa dernière visite. La jeune femme, attentionnée, posa une main tendre sur l'épaule de Scott et pressa un peu pour le réconforter.
- « On a quelques problèmes Derek, Isaac et moi. Et sans Stiles, on ne s'en sort pas. Mais on serait des putains d'égoïstes de lui dire de revenir à Beacon Hills. (…) Il ne faut pas qu'il sache qu'on a des emmerdes. Tu le connais aussi bien que moi. Si... »
- « Je sais. »
- « Je suis désolé de t'annoncer ça comme ça, je... Je te mets dans une position carrément délicate. »
- « M'en fous. Si ça te fait du bien. »
- « Je ne pouvais pas en parler à Allison. Je... Elle ne comprendrait pas. »
Inconsciemment peut-être, la main de Scott avait agrippé celle que Rebekah avait posé sur son épaule. Cela faisait bien longtemps qu'il ne s'était pas senti aussi bien.
- « Tu es incroyable, Rebekah. »
Les joues de Rebekah s'empourprèrent face à ce compliment et Scott trouva ça adorable. Du pouce, il caressa le dos de la main de la jeune femme et lui adressa un doux sourire.
- « T'es la seule personne que je connaisse capable d'écouter sans faire preuve d'une curiosité maladive. »
- « C'est à dire ? »
- « T'aurais déjà pu me demander cent fois quels genres de problèmes on a, Derek, Isaac et moi. »
- « Tu me l'aurais déjà dit cent fois, si tu avais voulu. »
- « Ce n'est pas que je ne veuille pas, c'est... »
- « Tu ne peux pas. Je comprends, t'en fais pas. »
Assez brutalement, Scott retira sa main, prenant sans doute conscience que cette proximité était déplacée. Il fit quelques pas pour contempler le vide puis ferma longuement les yeux. Il ne comprenait pas le moins du monde ce qui lui arrivait. Il s'en voulait énormément de ressentir de tels sentiments pour une fille qu'il connaissait à peine. Pourtant, Rebekah avait réussi le pari de bousculer son monde en l'espace de quelques heures. Sans même vraiment essayer. Rebekah pouvait être fière de n'avoir qu'à être elle-même pour tournebouler les pensées de Scott McCall.
- « Tu pourrais au moins me dire que je t'ai manqué. » râla Stiles tout en continuant de marcher dans les rues de la ville.
- « Stiles. » maugréa le lycanthrope.
- « Oui ? »
- « Ferme-là. »
Un sourire satisfait s'installa sur les lèvres de l'adolescent. Il ne pouvait pas espérer mieux de Derek.
- « Je sais que je t'ai manqué. T'as beau faire le fier, je t'ai manqué. On formait une sacré équipe, nous deux. »
- « On n'était pas une équipe. »
- « Ok. On était juste deux gars avec l'art de se mettre dans des situations improbables ensemble. »
- « Stiles. »
- « Oui, je me tais. »
S'il avait été agacé dans un premier temps, la situation amusait désormais Stiles. Jouer au chat et à la souris avec Derek, c'était intéressant et assez excitant.
- « Tu me considères comme un ami, hein ? Parce que si ce n'était pas le cas, tu serais toujours en train de bouder dans ton coin à Beacon Hills. (…) Mais vu que je suis ton ami, tu préfères bouder en ma compagnie. »
- « Je ne boude pas. »
- « J'aime retrouver ta mauvaise foi. »
- « Et retrouver ma main dans ta figure, ça te ferait plaisir ? »
Stiles s'arrêta en plein milieu du trottoir et prit un air outré, les poings sur les hanches et la bouche grande ouverte.
- « Arrête donc de me menacer, cher Derek. Tu sais bien que face à moi, tu es plus doux qu'un agneau. »
- « Stiles. »
- « Je sais que je dois me taire mais j'en ai pas envie. »
- « Stiles. »
- « Hmm ? »
- « Je vais t'arracher la langue. »
- « Pas grave, tant que tu me laisses mes oreilles pour entendre le moment où tu avoueras que je t'ai manqué. »
En cet instant, des flammes auraient pu sortir des narines de Derek. Il regardait Stiles avec une telle malveillance que ce dernier fit un pas en arrière, manquant de faire trébucher une vieille dame. Les yeux de Hale roulèrent dans les airs.
- « Tu ne vas pas lâcher l'affaire, n'est-ce pas ? »
- « Jamais. Tu ne partiras pas de Washington sans m'avoir donné satisfaction. »
- « Tu veux vraiment savoir ? »
- « Ouep. »
- « D'accord. Tu ne m'as pas manqué une seule seconde, Stiles. Parce que Beacon Hills n'a jamais été aussi tranquille depuis que tu n'es plus là-bas pour te mettre dans le pétrin. Parce que j'avais oublié à quel point t'entendre parler me donnait la migraine. Parce qu'on n'a jamais été une équipe et qu'on ne le sera jamais. »
Des éclairs rouges filèrent dans les yeux azurs du lycanthrope. Stiles déglutit difficilement et se persuada que Derek était en train de lui faire une blague, bien qu'il ne soit pas le pro de la plaisanterie.
- « Alors qu'est-ce que tu fais ici ? »
- « Tu sais quoi ? J'en sais rien. »
- « Comment tu peux te voiler la face comme ça ? C'est insensé. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi borné. T'es peut-être capable de te mentir à toi-même mais tu ne peux pas me mentir. Je n'ai peut-être pas de dons lycanthropes mais tu sais très bien que je lis en toi comme dans un livre ouvert. Je suis la seule personne encore vivante qui te connaisse vraiment. C'est ça qui te fait peur. »
- « Crois ce qui te fait plaisir. »
- « Je saurais attendre, Derek. »
- « Je suis curieux, tu attends quoi de moi ? (…) Parce que tu me fatigues à t'accrocher à moi comme une moule à son rocher. C'est épuisant.»
- « Ton amitié. Ton... Je t'attendrai. »
'Ton amour'. C'est ça que Stiles avait tant de mal à prononcer. Parce que ça lui faisait mal au sens propre comme au sens figuré. Il avait l'impression qu'une main s'amusait à lui tordre le cœur pour le faire souffrir.
Le portable de Derek vibra et après avoir lu son message, il reprit le chemin du campus sans un mot. Stiles resta volontairement en retrait et se frappa le front avec la main. Il n'était qu'un idiot de croire que Derek pouvait encore être capable de sentiments. Cela faisait bien longtemps que le loup-garou tentait d'effacer la moindre trace d'humanité qu'il restait en lui.
- « Scott, ton portable. » signifia la voix douce de Rebekah.
Les deux jeunes gens étaient assis au bord du toit, sans parler, leurs épaules se frôlant et leurs pensées connectées. A contre cœur, le jeune loup-garou attrapa son téléphone et remarqua l'appel d'Allison.
- « Tu devrais décrocher. » conseilla Rebekah.
C'était dingue. C'était comme si Rebekah avait compris qu'il aurait préféré ignorer l'appel de sa petite amie. Scott ne pouvait décemment pas faire le mort avec Allison. Il décrocha donc, presque déçu d'avoir été coupé dans un moment aussi apaisant.
- « Jackson et Isaac se sont méchamment pris la tête, apparemment. Du coup, le week-end est écourté, on va être obligés de rentrer. » annonça Allison d'une voix un peu trop chantante au goût de Scott.
- « D'accord. »
- « On se retrouve dans vingt-minutes, chéri. »
- « A tout à l'heure. »
Allison n'avait pas remarqué la déception dans la voix de Scott. Après avoir raccroché, McCall se leva d'un bond et se dirigea vers la porte permettant d'accéder au toit.
- « Qu'est-ce qu'il se passe ? » demanda Rebekah.
- « On part. »
Toute personne normale aurait demandé 'Pourquoi ?'. Décidément, Rebekah ne faisait pas partie de la population dite normale. Elle resta à observer Scott avec un fin sourire bienveillant sur les lèvres. Dieu seul savait à quel point il adorait cette fille. Il ne la connaissait pas vraiment mais il lui portait une admiration sans failles. Elle était là, face à lui, naturelle comme pas deux et elle ne posait pas de questions inutiles. Elle se contentait d'être présente et de comprendre.
Face à ce sourire, Scott ne résista pas bien longtemps. Il l'entoura puissamment de ses bras et blottit son visage au creux de son cou. C'était bien la seule consolation qu'ils pouvaient s'offrir. Après plusieurs minutes, McCall relâcha enfin son étreinte et replaça maladroitement une mèche de cheveux encadrant le visage de Rebekah.
- « Je ne suis pas sûre que la fac soit faite pour toi, Scott. Tu devrais penser à une formation professionnelle. Ils ont un tas de propositions intéressantes à Berkeley. Puis... Ça te permettrait de t'éloigner de tes 'problèmes'. Je crois que tu en as besoin. »
Bien sûr que l'université n'était pas faite pour McCall. Ce premier semestre, il avait séché la moitié des cours et avait dormi dans l'amphi l'autre moitié du temps. Il lui fallait quelque chose de plus cadré où il ne serait pas soumis à un échec cuisant. Et bien entendu, il avait besoin de quitter Beacon Hills. Quitter cette meute dont il n'avait jamais vraiment fait partie et qui partait en lambeaux.
- « T'as raison. J'ai aussi lu des propositions intéressantes sur le panneau d'affichage de Georgetown. »
- « Berkeley, Scott. Berkeley est un meilleur choix. (…) Et puis tu pourras te rapprocher d'Allison et... »
- « Pourquoi tu fais ça ? »
- « De quoi ? »
- « Me pousser à m'inscrire dans la même ville qu'Allison. Je pourrais très bien m'inscrire à Georgetown et m'éclater avec Stiles comme on l'avait toujours programmé. Puis t'es là, toi aussi. »
- « Ça serait bien la première fois que tu choisis Stiles à la place d'Allison. »
La franchise de Rebekah fit pâlir Scott. Elle avait raison, comme souvent, mais McCall prit cette révélation comme un coup de poing dans la figure.
- « Comment tu oses dire ça ? »
- « Ce n'est pas un reproche, Scott. (…) Stiles m'a tellement parlé de toi et m'a dit à quel point tu pouvais être impulsif et irréfléchi. Surtout lorsqu'il s'agit de filles. » Rebekah se mit à rire tandis que Scott la regardait avec incompréhension, se demandant où elle voulait en venir. « J'ai adoré passer cette journée avec toi. J'ai adoré t'entendre rire. Je crois même que ça va me manquer à la seconde où tu vas retourner à Beacon Hills. Mais ce que j'ai vu aujourd'hui, c'est le garçon impulsif et irréfléchi dont Stiles m'a parlé cent fois. Celui qui blottit son visage dans le cou d'une fille qui n'est pas sa petite amie et qui lui annonce qu'il serait prêt à tout larguer pour venir étudier dans son université. (…) Si tu choisis vraiment de venir à Georgetown, on sait très bien que ce n'est pas pour Stiles. »
Scott l'avait écoutée avec toute l'attention du monde. Il s'était même senti ému par ce portrait quasi-parfait que Rebekah venait d'esquisser. Il s'en voulait presque d'être aussi égoïste envers Stiles. Parce qu'encore une fois, Rebekah avait raison.
- « Comment tu fais ? » demanda Scott, décontenancé.
- « De quoi ? »
- « Pour cerner les gens en un clin d'œil. »
Rebekah avait sourit, s'était approchée de lui et avait déposé un baiser sur la joue de Scott.
- « Pour une fois, réfléchis, McCall. C'est tout ce que je te demande. (…) Je ne suis pas assez idiote pour ignorer la connexion qu'il y a entre nous. Je crois même que je n'ai jamais ressenti ça de toute ma vie. (…) C'est juste que Stiles m'a parlé d'Allison comme étant ton âme sœur. Je crois que ça vaut le coup d'y réfléchir. »
Jamais Scott n'avait entendu quelqu'un parler de sentiments aussi facilement. Sans gêne, sans fioritures. Lorsqu'il la vit prendre la porte de sortie, il sentit son cœur se serrer tandis que son portable clignotait déjà d'un nouveau message : « Qu'est-ce que tu fiches ? Tout le monde t'attend. ».
Ils se retrouvèrent tous sur le parking du campus. Les accolades allaient bon train. Lydia se répandait en excuses pour l'attitude impardonnable de Jackson, Isaac boudait dans son coin, Allison et Erica embrassaient les joues de Stiles, Boyd et Danny faisaient la bise à Rebekah en lui promettant de revenir très vite à Georgetown. Quant à Scott et Derek, ils se tenaient l'un à côté de l'autre, comme deux parfaits idiots.
Tous finirent par rejoindre leur véhicule et à abandonner Rebekah et Stiles à leur vie habituelle. Les deux amis restèrent un long moment silencieux. Ils avaient sans doute un tas de choses à dire mais ne savaient pas comment.
- « Alors ? » demanda simplement Rebekah, donnant un léger coup d'épaule à Stiles pour en savoir plus sur sa journée avec Derek.
- « Pitoyable. J'ai été pitoyable. » s'en amusa l'étudiant.
- « Chouette. »
Stiles lança un regard en biais à sa meilleure amie en fronçant les sourcils. Décidément, il avait parfois du mal à la comprendre. Pourtant, il ne put s'empêcher d'exploser de rire. Et il n'y avait qu'elle pour réussir un tel exploit.
Le portable de Stiles vibra dans sa poche.
- « Tiens, un message de Scott. »
Rebekah bailla, comme pour montrer qu'elle n'était pas du tout curieuse de ce message. Cependant, elle laissait un œil traîner au cas où ce texto puisse être intéressant.
- « Il demande ton 06, yo. »
- « Ah. »
- « C'était si chouette que ça ton projet de sciences ? »
- « Il a adoré. Il m'a même dit qu'il allait continuer les recherches et me les envoyer par mail. »
- « Tu déconnes là ? Tu ne l'as quand même pas fait bosser toute l'après-midi ? Tu as robotisé mon meilleur ami ! »
La bouche de Stiles décrivait un « O » parfait tandis que Rebekah se mit à rire face à l'attitude du jeune étudiant.
- « On n'a pas du tout bossé en fait, on a été se balader dans la fac. »
- « Et tu sais pourquoi il veut ton numéro de portable, alors ? »
- « Pour pouvoir dire du mal de toi derrière ton dos. »
- « Ah, d'accord. (…) Attends, QUOI ?»
Rebekah était déjà partie en courant vers les dortoirs des filles. Stiles se mit à rire tout seul sur le parking. Cette fille était étonnante. Et totalement givrée. Son portable vibra à nouveau. Le cœur de Stiles manqua un battement lorsqu'il vit le nom de Derek s'afficher sur l'écran. Il ouvrit le message avec appréhension.
DEREK – Stiles.
Stiles haussa un sourcil et s'assit sur le capot de sa voiture pour écrire sa réponse qui ne tenait qu'en un :
STILES – Oui ?
DEREK – Tu m'as manqué.
Stiles frappa si fort sur son capot avec son poing qu'il crut un instant l'avoir cabossé. Il n'en croyait pas ses yeux. D'ailleurs, il ne savait même pas quoi répondre à ce message. C'était tellement incompréhensible. Il savait que Derek était bizarre et socialement décalé, mais pas à ce point. Le cœur de Stiles manqua plusieurs battements avant d'entamer une course folle.
STILES – Et c'était si dur de me le dire en face ?
DEREK – T'imagines pas à quel point.
Stiles avait un sourire de bienheureux sur le visage. Il observa la nuit qui tombait et se mordit la lèvre inférieure, les yeux plus pétillants que les étoiles qui commençaient à pointer le bout de leur nez. Son portable vibra à nouveau.
DEREK – Et tu me manques déjà. Ça fait à peine dix minutes qu'on a pris la route et tu me manques déjà. Désolé d'avoir été un crétin.
STILES – Tu sais quoi Derek ? T'es tellement un crétin que tu ne me manques pas une seule seconde. Que la vie à Georgetown sans toi est beaucoup plus paisible. Que ne plus voir ta tronche d'enterrement me ravit.
Stiles rigolait comme un idiot, toujours assis sur sa voiture, désormais appuyé contre le pare-brise. Il ne pensait pas un instant de ce qu'il venait d'écrire. Mais il avait bien le droit de se comporter comme un crétin, lui aussi, non ? D'ailleurs, Derek semblait avoir capté l'ironie de Stiles, même à travers un sms.
DEREK – On est quittes, maintenant ?
STILES – On verra. Tu fais quoi le week-end prochain ?
DEREK – Je crois que j'ai oublié une chaussette dans la salle de fêtes de Georgetown.
STILES – Tu viendras la chercher ?
DEREK – Sans doute.
STILES – C'est tellement important, une chaussette. Puis comme ça, tu pourras peut-être en profiter pour me dire en face que je t'ai manqué. On pourra faire des choses que les amis font, comme aller boire un café sans faire une tête de trois kilomètres de long.
DEREK – Stiles.
STILES – Oui ?
DEREK – Ferme-là.
C'est tout pour moi :P Alors, vos impressions ?
Si jamais ça vous plaît, j'écrirai sans doute la suite, mais je ne promets pas qu'elle vienne bientôt ! :P
En tout cas, j'attends vos reviews, parce que les reviews, c'est la nourriture de l'auteur !
A très vite !
