Auteur : Midou-kun (que je remercie de m'avoir permis de traduire sa fic)
Traductrice : Saturne (c'est moi) C'est ma première traduction. J'ai fait de mon mieux, alors j'espère ne pas avoir fait trop de bourdes et que l'ensemble n'est pas trop maladroit.. (dernière chose : les reviews pour l'auteur, je me charge de les lui faire parvenir.. et même les traduire si vous voulez pas écrire en anglais – enfin, tant que c'est pas trop compliqué..)
Base : Alors la base c'est le manga Hikaru no Go pour l'auteur.. Et moi je traduis..
Genre : C'est pas un slash et c'est pas super joyeux..
Disclaimer : Rien n'est à moi. Ni les persos, ni l'histoire.. Enfin si, peut-être la traduction, mais bon ça compte pas.. Et ni moi ni l'auteur ne recevons de l'argent (dommage, d'ailleurs)
CHAPITRE 1: VOIX
"La réalité n'est qu'une illusion, quoique très persistante."
Albert Einstein
Hikaru attacha fermement les boutons de sa manche et serra sa cravate dans une rigidité inconfortable. Ajustant une dernière fois son col, il se tourna vers le miroir. L'image d'un garçon mûr lui retourna son regard, ses cheveux blonds couvrant son visage, et ses brillants yeux verts transperçant la barrière dorée, emplis de détermination. Son complet bleu et sa cravate annonçaient un événement d'un grande importance. Peut-être un match de titre. Ou une interview pour le Journal Yomiuri.
Mais non, c'était beaucoup plus important que tout ça. Du moins pour lui ce l'était.
Le garçon ferma les yeux, inspirant et expirant profondément.
Trois ans. Trois ans ! Qu'avait-il eu en tête ce jour fatal où il avait promis à son rival de lui révéler son plus profond secret ? Avait-il réalisé les conséquences de ce contraignant serment, ou avait-ce été une autre action inconsidérée et impulsive de sa jeunesse, comme tant d'autres ? Ses souvenirs de cette époque, qui paraissaient si lointains, s'obscurcissaient. Tout était teinté de rose, et Hikaru ne se croyait même pas sûr de savoir ce qu'il s'était vraiment passé, alors pourquoi quelqu'un d'autre le croirait ?
'Du calme,' se dit le garçon. 'Il te croira.' Hikaru ajusta sa cravate, et ce seul geste fit taire les hargneuses voix du doute qui le tourmentaient depuis très longtemps.
Le bruit de la porte de Hikaru s'ouvrant, et de sa descente des escaliers, alerta sa mère qui sortit de la cuisine pour le voir.
"Oh, tu as un match aujourd'hui ?"
"Non." Répondit-il simplement, en saisissant une légère veste sur le portemanteau.
"Un rendez-vous ?" demanda-t-elle pleine d'espoir.
Le garçon plissa les yeux alors qu'il enfilait ses chaussures tout en toisant sa mère. "Pas du tout. Je vais au salon de Toya."
Cette nouvelle sembla la déranger quelque peu. Son sourcil se fronça vaguement d'un air désapprobateur, mais elle le réprima bien vite, et retourna travailler.
Les bruits de la ville apaisèrent les nerfs de Hikaru. Les voix de la foule contribuaient beaucoup à faire taire les voix de son propre esprit. Les voix du doute.
Il était finalement temps. Hikaru avait repoussé ça depuis trop longtemps. Ce "un jour" qu'il avait promis à Toya dans le premier préliminaire du match Honinbo était arrivé. C'était un secret qu'il ne pouvait pas garder en lui plus longtemps, de peur qu'il n'oublie même que ça ait jamais existé. Et il n'y avait, bien sûr, qu'une seule personne qui méritait de l'entendre. Une seule personne qui comprendrait, qui ressentirait ça aussi fortement que l'avait ressenti Hikaru.
Il s'interrompit dans sa marche. Lentement, il se retourna. Rebroussa le chemin.
Il ne pouvait pas faire ça. Impossible. C'était trop incroyable.
Le trajet de Hikaru était continuellement tourmenté par des voix. Des voix se querellant. "Toya-kun te croira," se dit-il. "Il l'avait deviné avant tout seul, aussi. Il est de ton côté."
"Personne ne pourrait croire ça !"
"Le crois-tu toi-même ?"
Faisant taire les voix, il se retourna une fois de plus avec détermination et parcourut le reste de la distance.
Toya Akira tourna la tête au tintement de la caisse enregistreuse. Un autre client avait été inscrit.
Pendant une seconde, Toya ne le reconnut à peine, entièrement habillé en bleu avec une cravate fantaisiste. Mais après un instant, il identifia le nouveau venu. Il haussa un sourcil amusé quand Hikaru traversa la salle et s'affala sur la chaise face à lui. "Qu'est-ce que—?" commença Akira d'un air taquin.
Hikaru leva les yeux de ses mains qui couvraient son visage, et un regard triste et terrifié croisa celui d'Akira à travers ses doigts, lui coupant le souffle. Il n'avait jamais vu son ami avec une expression aussi désespérée sur le visage.
"Shindo ! Qu'est-ce qui ne va pas ?"
"Toya-kun, il y a... quelque chose que je suis venu te dire. Il faut que tu comprennes." Sa voix était tremblante, son visage blême. Il regardait Akira avec des yeux suppliants, comme si cette rencontre lui prenait tout ce qu'il avait.
Il vacilla de confusion. "Calme-toi, qu'est-ce qui ne va pas ? Là, assieds-toi." Il invita Hikaru à s'asseoir sur la chaise de l'autre côté de la table, habituellement réservée aux élèves du jeune joueur.
"Toya-kun, est-ce que tu te rappelles..." il passa une main dans ses cheveux, calma ses nerfs. Inspirant profondément, il continua. "Est-ce que tu te rappelles ce qu'il s'est passé il y a trois ans ?"
Akira savait exactement ce qu'il y avait eu de spécial il y a environ trois ans, mais fit semblant d'y réfléchir. "Je ne sais pas... notre match préliminaire Honinbo ? La coupe Hokuto ?"
"Notre... premier match."
"Ce n'était pas notre premier match," dit Akira mal à l'aise. "On avait joué quelques fois avant ça." Mais déjà, une sonnerie d'alarme retentissait dans sa tête. Les parties d'avant avaient toutes été des parties spéciales—des parties durant lesquelles il avait senti cette autre présence, cette présence qui se manifestait encore dans les mouvements de Shindo, à chaque fois qu'ils jouaient.
"Non, c'était... notre premier vrai match." Cet aveu semblait causer à Hikaru beaucoup de souffrance.
"Je ne comprends pas," Akira continuait son jeu, mais intérieurement, il était devenu aussi tendu et en alerte que son ami. C'était ça. Finalement, il saurait.
"Tu avais raison, Toya-kun, quand tu avais dit qu'il y avait... un autre moi."
Ses yeux se réduisirent à deux fentes. Souvenirs, qui s'étaient éloignés—Sai... est en toi. L'autre toi. "Je ne comprends pas," mentit-il.
La voix de Hikaru n'était plus qu'un murmure tremblant. "Si, tu comprends..."
Toya fit lentement coulisser les deux portes derrière lui. Il retira ses chaussures de ses pieds, les envoyant valser contre le mur, manquant de plusieurs mètres l'emplacement prévu à cet effet. Il fit glisser son sac à dos de ses épaules et le laissa tomber au sol.
Il marcha lentement vers sa chambre, sans annoncer son arrivée au reste de la maisonnée. Il ne pouvait pas croire ce qu'il venait d'entendre—ça ne pouvait pas être vrai. Il n'avait pas de doute sur la fausseté du récit, mais était encore incertain quant à la sincérité de Shindo. Toya ne voulait pas considérer Hikaru comme un menteur, mais l'alternative était la folie.
Il pouvait avoir dit la vérité
Non. Voix de la démence. Il ne peut pas.
Si il le pouvait. Tu as toi-même eu la même impression il y a quelques années.
Il y a des années. Une attaque irréfléchie et manquée contre Shindo. Toya n'avait jamais cru ses propres affirmations invraisemblables. Non, bien sûr que non. Shindo avait menti.
Mais dans son esprit, Toya pouvait voir les mains tremblantes du garçon, ses pupilles dilatées, les perles de sueur accrochées sur son sourcil. Ca ne pouvait pas être simulé. Toya n'avait jamais vu son ami comme ça.
"Tu avais raison sur moi, Akira-kun," il se remémora les mots de Hikaru plus tôt cet après-midi. "Il y avait quelqu'un d'autre en moi, comme tu l'avais deviné. Cette personne avec qui tu as joué la première fois ici... à cette table. C'était l'autre moi..."
Toya ne voulait pas se souvenir du reste du discours. Shindo avait tremblé de peur tout le temps, et ça s'était terminé par Akira quittant furieux le salon pour la rue.
Il se rappela de la première partie qu'ils avaient jouée, son humiliante défaite face aux mains inexpérimentées de Shindo. L'aveu de Shindo expliquait certainement ça. Ça expliquait tout. C'était parfait.
Non, pensa Toya. Il plaisante. Mais encore, il ne pouvait arracher de son esprit les yeux paralysés de Shindo. Ils suppliaient qu'on le croie, irradiaient de sincérité. Il ne pouvait pas les ignorer. Profondément troublé, il se coucha sur ses matelas jumeaux.
Cette nuit eut un air d'éternité.
