Tatouages 04/06/2015
Par Merirosvo

Univers : Batman; Injustice Gods Among us
L'univers de Batman et d'Injustice ne m'appartiennent pas. Ils sont la propriété de DC Comics. Je ne gagne pas d'argent avec cette fiction. J'écris par amour pour l'écriture et parce que j'aime l'univers de Batman.

Chapitre numéro 1: Katana et Assassin

« La lame du sabre »

-Tu peux avoir le monde, mon fils. Il t'appartient déjà mais il ne le sait pas encore.
-Un jour, tu guideras la Ligue des Ombres et tu dirigeras d'une main de fer ce monde qui t'appartient. Tu le domineras. Tu leur es supérieur, Damian.
-Ce que tu désires est à toi. Si tu souhaites une chose, tu dois l'obtenir, et tu l'obtiendras. Car tu es un Al'Ghul, et un Wayne.

Il avait grandi en les écoutant lui rappeler qu'il était un être exceptionnel, promit à un destin grandiose, où il pourrait dominer chaque être, comme il le devait, comme l'on lui avait appris.
Et il l'avait appris par le sang. Ce sang qu'il avait vu verser sous ses yeux, quand sa mère ou son grand-père arrachait la vie des hommes et femmes inférieurs. Ce sang qu'il avait lui-même versé.

Avec toujours la même arme.
Un sabre. Un katana.
Toujours recouvert de ce sang impur.

Et dont il fallait chaque fois nettoyer la lame du sabre ensanglantée.

« La tasse de chocolat chaud »

-Que me vaut ce plaisir ?
Mais la voix de Batman témoignait clairement de son déplaisir.
-N'es-tu donc pas heureux de me voir, mon bien-aimé ? demanda sur le même ton Talia.
Robin, aux côtés de son père, regardait tour à tour ses parents. Sa loyauté était dirigée vers son père. Et Talia n'était pas sa mère. Elle était sa génitrice. C'était différent.

Il était destiné à de grandes choses, de cela il en était sûr. Mais la question qui revenait fréquemment hanter son esprit était la suivante : lesquelles ?
Qui devait-il suivre ou écouter ? Quelle voie était la sienne ?

Mais Grayson avait dit : « Tu peux être qui tu veux, Damian. »
Richard ne le forçait pas à choisir. Il le supportait dans ses choix, il le soutenait simplement. C'était là ce qu'il avait toujours reçu de sa part : un soutien indéfectible.

Il avait été le premier. Le premier à lui donner une chance, alors qu'il ne la méritait pourtant pas. Il avait été odieux, il avait tenté de tuer Drake sur une pulsion, il avait été ingrat.

Mais Dick, tout en le sermonnant pour ses fautes, ne lui tournait pas le dos. Il l'aidait :
Autour d'un chocolat chaud préparé par Pennyworth
Devant une partie de jeux vidéo
En volant à ses côtés lorsqu'ils patrouillaient
En s'interposant entre Waynes, père et fils.

Il se souvenait peu des mots que Richard avait échangés contre son père, cette nuit-là. Il se souvenait surtout s'être retrouvé derrière Richard, alors que ce dernier le soutenait, une fois encore. La froideur de son père, l'ardeur de Dick…

Et surtout la tasse de chocolat chaud qui tombait du plateau posé juste à côté de lui. Un moment si court où il avait été inattentif sur tout ce qui l'entourait, sauf sur l'homme qui se tenait devant lui, et qui le protégeait du regard impassible de son père.

La tasse s'était écroulée par terre, se brisant en mille morceaux, et déversant son contenu chaud sur le sol. Damian avait pu alors le sentir contre ses pieds, mais il n'avait pas bougé, alors que le chocolat chaud s'était étendu tout autour de lui.

Parce qu'il n'avait pu regarder que Richard, Dick, Grayson.

« Les points de suture »

-Alfred, vite.
La voix de Batman trahissait son inquiétude. Il portait dans ses bras Nightwing, dont le bras et le haut de son torse étaient recouverts de sang.

Le katana était recouvert de sang alors qu'il venait de transpercer un homme faible.

Il fut posé sur un lit, et Alfred s'approcha prestement. Batman recula, poussant en arrière Damian avec un bras, pour laisser le champ libre à leur ami. Alfred Pennyworth avait fait cela des milliers de fois. C'étaient parfois des blessures bénignes. Mais certaines avaient déjà été plus sévères.

C'étaient des blessures bénignes, cette fois-ci. Damian le savait. Il savait exactement où Nightwing avait été touché. Mais le sang avait coulé

Tu feras couler le sang, mon fils. Et ils s'inclineront devant toi.

et Damian ne pouvait empêcher des émotions inhabituelles l'envahir. Mais étaient-elles devenues si inhabituelles, alors qu'il côtoyait Richard Dick Grayson ?

Il pourrait calculer le temps précis qu'ils avaient passé ensemble. Ce serait long. Très long. Et inutile. Parce que la conclusion serait la même. Et elle le bouleversait autant qu'elle l'effrayait.

Ça ne devrait pas être là. Mais Damian ne voulait pas que ça parte.

-Comment va-t-il, Alfred ? demanda Batman.
-Il ira bien, Maître Bruce. Beaucoup de repos, et il sera sur pied. Mais, vous comme moi savons très bien que se reposer ici se compte en minutes, plutôt qu'en heures.

Grayson irait bien. Il savait que ça n'aurait pas pu être autrement. Mais le soulagement d'entendre ces mots le fit presque chavirer. Mais Grayson n'aurait jamais dû se trouver dans ce lit, il n'aurait jamais dû être blessé.

Il n'avait pas su le protéger. Il avait été trop lent, pas assez compétent.

Tu pourras avoir tout ce que tu veux, une fois à la tête de la Ligue des Ombres. Tu pourras protéger tous tes trésors, créer l'ordre et te faire respecter.

Il vit Pennyworth s'affairer sur le bras de Grayson, lui faisant un point de suture, puis un autre… Damian pouvait les voir, nettement. Il les voyait, l'une après l'autre, recouvrir le bras à présent nettoyé du sang.

Il nettoyait son sabre ensanglanté, effaçant le sang de la lame. La rendant propre à nouveau. Jusqu'au moment où il l'utiliserait de nouveau.

Car, il le savait, le bras de Grayson serait, un jour, de nouveau recouvert de sang.

« Le costume du faible »

-Tu es venu.
-Tu voulais me voir, me voici, Mère.
-Tu as suivi mes conseils ?
-Tes ordres plutôt. Mais oui, personne ne sait que je suis ici. Pour le moment.
-Bien. Je ne suis pas ici pour me battre.
-Voilà qui est étonnant.
-Ce ton sarcastique te va à merveille, Damian.
-Va à l'essentiel.
-Tu devrais mieux couvrir tes traces, mon fils.

Yeux qui se plissent. Mâchoire qui se contracte.

-Batman sait-il que tu as déversé ta colère sur ce malfrat sans la contrôler ?
-Tu m'espionnes ? Tu me suis ?
-Je ne fais que me renseigner sur les exploits de mon fils. Mais dis-moi, Damian, pourquoi cet homme s'est-il retrouvé à l'hôpital, le visage défiguré, les bras cassés, et les mains et les jambes à jamais paralysées ?

Dents qui crispent. Sourcils qui se froncent.

-Si tu ne peux répondre, mon fils, je répondrai pour toi. Tu as accompli là une vengeance. Cet homme avait blessé Richard Grayson. Tu l'as vu recouvert de sang, son bras, son torse… Richard Grayson compte pour toi. Il est devenu le garant de ton humanité. Mais, mon fils, que se passera-t-il si un jour, ton garant succombe à ses blessures ?
-C'est une menace ?!

Voix qui hausse le ton. Poings qui se serrent. Posture qui se montre plus agressive.

-Une menace ? Non. Une possible réalité ? Oui. Il n'est pas toi, mon fils. Il n'a pas été élevé et entraîné par la Ligue des Ombres. Et, chaque jour, il affronte la mort, chaque jour il danse avec elle. L'homme que tu as envoyé à l'hôpital est toujours en vie. Et, comme lui, nombreux sont ceux qui pourraient te retirer ta source de joie.
-Grayson n'est pas faible.
-Mais le monde est cruel.
-Pourquoi es-tu là ?
-Je suis de ton côté, mon fils, même si tu ne le crois plus. Je souhaitais simplement te rappeler que le costume de Robin, que le costume de Batman ne sera jamais suffisant. L'homme que tu souhaites protéger sera toujours en danger, dans l'accoutrement qui est le tien aujourd'hui. Seul devenir la tête du Démon pourra t'aider à te montrer implacable envers ceux qui touchent celui qu'ils ne devraient pas toucher. Seul ce statut te permettra de protéger avec efficacité celui que tu as été incapable jusqu'alors de protéger.
-Je… J'y arriverai, la prochaine fois !
-Qui essaies-tu de convaincre, mon fils ?

Visage qui se crispe. Yeux qui désespèrent.

-En tant que Robin, ou en tant que Batman, tu ne tueras pas. Tu ne pourras jamais instiller la peur suffisante pour protéger celui qui est tien. Tu ne pourras jamais envoyer ce message clair, nécessaire. Et il sera toujours en danger. Sait-il seulement qu'il est tien, qu'il est sous ta protection inutile ? Un jour, il se transformera en fumée entre tes doigts, et tu sauras alors à quel point tu as été faible.

«Le pied de biche »

-Je dois dire que je préférais le tout premier moineau. Il était beaucoup plus amusant.
-Amuse-toi avec ça ! cracha Robin, le poing prêt à écraser le visage rieur du Joker.

Le Joker ne chercha pas à éviter le coup, et son rire résonna dans l'allée, en même temps que le poing qui s'enfonça dans son visage. Et plus il riait, et plus Damian le frappa.

Ce clown instillait une telle haine en lui. Elle était dévastatrice, le submergeant par vague. Il continua de frapper, mais le rire résonnait toujours tout autour de lui, il résonnait à l'intérieur de lui.

Réveillant ses pulsions. Son coup de pied fut particulièrement violent, et le Joker s'écroula sur le sol, du sang s'écoulant à la commissure de ses lèvres. A la grande horreur de Damian, le monstre lécha son propre sang.

Et il se releva, son corps blessé et meurtri titubant. Mais il se releva quand même, et sortit de l'intérieur de son costume son arme favorite. Damian plissa les yeux alors qu'il avisait le pied de biche. Il était usé, et sale.

-Dois-je prévenir Batou chéri qu'il va y avoir un autre décès dans la famille ?

Jason Todd.
Qui était revenu à la vie, qui était devenu Red Hood. Qui faisait ce que Damian –ce que Robin- avait arrêté de faire.

Tuer.

Depuis quand Damian n'avait-il pas tué ?

-Ou peut-être je tuerai l'autre oiseau ? Comment se fait-il appeler maintenant ? Red Robin, je crois ? Red, rouge, ma couleur préférée !

Le sang de Damian ne fit qu'un tour. Le monstre venait de menacer Tim Drake. Drake et lui n'étaient pas les meilleurs amis du monde. Mais Drake était Drake.

Il cria, les mains brandies, et fonça comme un enragé sur le clown qui riait. Il évita le pied de biche qui le visait, et frappa d'un coup sec la main qui tenait l'arme. Celle-ci tomba sur le sol, et le bruit fut violent.

Mais pas plus que Damian lui-même.

-Robin ! Ça suffit !

Robin se tourna vers Batman qui venait d'arriver, une main tenant le col du Joker. Le Joker qui ne bougeait plus, qui ne riait plus.

Et cela faisait tellement de bien. C'était le meilleur silence dans lequel Damian avait baigné. Plus de rire.

Il laissa tomber vulgairement le monstre qu'il tenait, et il recula tandis que Batman approchait et vérifiait qu'il était toujours en vie. Et il l'était toujours.
Cette pensée était terrible. La mâchoire serrée, ses ongles s'enfoncèrent dans la paume de ses mains, alors qu'il tremblait de colère non retenue.

Parce que si le Joker était capable de menacer de tuer Drake –le fait même qu'il souhaite essayer en prévenant Damian montrait qu'il était stupide et fou- il était aussi capable de vouloir tuer Grayson.

Et si la pensée que le Joker attente à l'existence de Drake le remplissait de haine, imaginer la mort de Dick lui donnait envie d'arracher la vie du monstre en lui infligeant les pires tortures.

Et, alors qu'il voyait Batman soulever le Joker, il sut que ses pensées noires ne trouveraient jamais le repos. Parce que le monstre serait toujours en vie pour continuer à brandir son putain de pied de biche.

« La manette »

Les paroles de sa Mère ne quittaient pas son esprit. Elles résonnaient à l'intérieur de lui, lui susurrant tout bas ses plus grandes frayeurs. Et l'idée même que Damian Al'Ghul Wayne puisse être apeuré était effrayante en soi. Sa Mère avait raison, il avait été élevé comme un Assassin, on lui avait enseigné à se battre, à vaincre, à gagner. Tout lui était possible. Aucune peur ne devrait s'infiltrer dans son corps, c'était ridicule. Il devait instiller la peur, non lui être soumise.

Et si une chose l'effrayait, il devait trouver la solution et l'appliquer pour détruire la peur. Pour s'élever encore un peu plus vers la perfection.

Mais il n'avait pas peur pour lui. C'était bien différent.

Il devait agir. Cette situation n'était plus possible. Elle devait s'arrêter. Immédiatement. C'était un ordre qu'il se donnait à lui-même. Il ne voulait plus jamais, plus jamais, voir Grayson sur une table d'opération, recouvert de sang, les yeux presque vitreux. C'était inacceptable.

-Dami ? Ça te dit une petite partie avant de dîner ? demanda Grayson alors qu'il passait la tête à travers l'entrebâillement de la porte de sa chambre.
Le sourire de Nightwing était immense, et ses yeux étaient rieurs. Comme s'il n'avait aucun doute sur la réponse à venir et qu'il en était très heureux.
-D'accord. Prépare-toi à mordre la poussière.
-La dernière fois aussi tu devais me botter les fesses, mais je te rappelle que c'est moi qui ait gagn…
-Bon, arrête de traîner ! coupa Damian.

Grayson rentra rapidement dans la chambre, et le rejoignit sur le lit tandis que Damian s'approchait de la console. Il prit une manette qu'il tendit à l'homme plus âgé, qui l'attrapa joyeusement. Saisissant une autre à son tour, il lança le jeu vidéo et s'installa à côté de Grayson sur le lit.

Il avait une décision à prendre, Damian le savait. Mais, les deux mains serrées sur la manette, alors qu'il choisissait un combattant sur l'écran, il se dit qu'elle pouvait bien attendre la fin de la partie.


Prochain chapitre : Arme à feu et Couverture