PROLOGUE
Alors que la jeune Hae terminait son exercice de Mathématiques, elle songea que jamais elle n'avait été plus triste qu'en ce jour de début juin. Les cours se terminaient bientôt et elle saurait enfin si oui ou non elle pourrait entrer dans une école supérieure. Cependant, en plus du stress de la fin d'année qui se répercutait sur les cernes violettes, cachées vivement par du fond de teint, la jeune femme ne se trouvait décidément trop chanceuse. Ce qui était étonnant, c'est qu'elle ne l'avait jamais réellement été auparavant. Toujours très maladroite, il ne passait pas deux mois sans qu'elle ne se retrouve tantôt chez le médecin, tantôt à l'hôpital pour une petite foulure ou une grosse coupure. Non, la chance, elle ne connaissait pas vraiment ce mot. Et c'était justement ce qui la dérangeait. Aujourd'hui, elle en avait eu de la chance !
Au départ pourtant, elle avait cru que rater son métro ne lui apporterait que des ennuis. Mais, lorsqu'elle avait appris par un coup de fil de son père, mort d'inquiétude, que celui dans lequel elle était censée être avait subitement déraillé faisant trois morts, Hae n'avait pas compris pourquoi elle avait eu autant de chance et se contenta tout simplement d'oublier, jusqu'à ce qu'elle voit quelque chose de largement plus affolant. Alors qu'elle scrutait le ciel depuis son petit balcon de salon, profitant de l'air frais qui venait caresser ses joues, elle observa un drôle de phénomène. Un pigeon qui venait de se poser sur la gouttière juste au-dessus de la tête de la jeune fille se décala de trois petites enjambées d'oiseau et lui pondit une magnifique crotte sur le bras avant de s'envoler. Criant de dégoût, l'asiatique réalisa quelques secondes après que la crotte en question avait fait fuir une abeille qui s'était posée sur son bras. Et Hae était allergique au venin d'abeille. Plus tard même, alors qu'elle nettoyait encore son bras, se dépêchant pour venir en aide à son père qui déchargeait les courses, elle vit celui-ci débarquer en bourrasque, lui annonçant qu'elle avait eu de la chance de ne pas l'aider, car l'ascenseur qu'elle prenait habituellement venait subitement de tomber en panne et que si elle l'avait pris, il n'y aurait eu aucun doute sur le fait qu'elle serait encore coincée dedans !
Elle ne comprenait plus vraiment ce qu'il se passait. D'habitude, quand il lui arrivait quelque chose -et ça lui arrivait souvent !- c'était toujours de façon négative et la jeune femme avait appris à faire avec, mais depuis qu'elle s'était réveillée, ce matin-là, plus rien n'était pareil et s'était comme si la bonne étoile qu'elle n'avait jamais eu s'était subitement réveillée pour lui venir en aide. Elle n'en revenait pas, ce demandant si elle ne préférait pas son ancienne situation, lorsqu'elle comprenait encore ce qui lui arrivait. Elle soupira et jetas un œil par la fenêtre de sa chambre. De là où elle était, elle pouvait apercevoir les toits de la ville et plus loin, dans le fond, elle réussissait à entrevoir la plage. Los Angeles avait toujours été une source de réconfort pour elle, pourtant, alors que la nuit tombait, elle crut distinguer une bien étrange et inquiétante silhouette qui l'observait plus loin sur un toit voisin. Comme la jeune fille était fatiguée, elle songea qu'elle rêvait et parti se coucher, se promettant de demander à sa voisine pourquoi son époux se promenait sur les toits de la ville le soir alors qu'il avait le vertige…
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Avec un sourire satisfait, Hestia quitta son petit fauteuil et s'étira longuement. La jeune humaine qu'elle avait décidé de prendre sous son aile n'était pas une humaine ordinaire ; elle avait un don incommensurable pour s'attirer de terrible ennuis. Pourtant, et sans doute sans le vouloir, elle était terriblement attachante et Hestia comprenait maintenant pourquoi on lui avait assignée cette tâche. Cependant, alors que l'humaine dormait, elle décida qu'elle pouvait aller se divertir en compagnie d'Apollon qui, ce soir-là organisait une petite fête avec Dionysos, non loin de Thèbes. Ces deux-là avaient toujours eu le goût des festivités même s'ils en arrivaient toujours aux mains pour savoir lequel des deux pratiquait un art véritable.
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Heimdall ne quittait sa place que pour de très rares et exceptionnelles occasions. Mais cette nuit-là, c'était sur ordre d'Odin qu'il se trouvait sur ce toit d'une ville humaine. On lui avait assigné la charge de prendre soin d'une humaine, une humaine qui selon les Nornes aiderait bien des mondes à survivre à une fin proche et comme les Nornes ne se trompaient jamais lorsqu'elles parlaient du futur, on avait demandé à Heimdall de surveiller l'humaine. Il le faisait très bien de là où il était, mais il ne parvenait pas à comprendre, pourquoi, à chaque fois qu'il tentait de sauver l'enfant des griffes d'un destin tragique, cette dernière était sauvée in extremis par une force aussi puissante que la sienne. Il savait qu'une autre personne guettait la mortelle, mais il ne savait pas qui et c'était ce qui le dérangeait, alors, il avait décidé de mener son enquête. C'est pourquoi il descendit sur Midgard, la terre des humains et se rapprocha de la jeune enfant. Mais rien à ses côtés ne pouvait justifier une chance pareille et après des heures de fouilles dans la chambre de l'humaine endormie, il décida de retourner à Asgard.
Une fois là-haut et alors qu'il faisait son rapport à Odin, Loki, le fils adoptif de ce dernier eut un sourire mauvais avant de déclarer :
" - Odin, on dirait que même les sous dieux de l'Olympe tiennent à cette humaine. "
