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MYSTERIOUS GRAFFITI de Michaelmas54

Twilight appartient à S. Meyer

Mysterious Graffiti à Michaelmas54

Merci à Michaelmas54 de nous avoir accordé sa confiance pour la traduction

Zveka et moi vous conseillons vivement cette histoire, jusqu'à présent nous n'avions rien lu de pareil...

Cette fic est en cours dans sa version originale.

Rien ne nous appartient sauf la traduction!

Que feriez-vous si vous appreniez qu'un événement susceptible de bouleverser la vie allait se produire mais que vous ne puissiez rien faire ni dire à personne sans risquer votre vie et votre liberté.

C'est le dilemme d'Edward mais pour la première fois de sa vie, son propre bien-être n'est pas sa seule priorité

Cette histoire se passe à Seattle, il y aura beaucoup de drame, une touche d'angoisse, une dose de romance et beaucoup d'excitation

Complète en 29 Chapitres


PROLOGUE

Octobre 2016

La batterie de son téléphone était vide alors il le remit dans la poche de sa veste et devina qu'il devait être entre cinq et six heures du matin. La température de l'air avait baissé au cours de la dernière demi-heure, ce qui était le signe que l'aube approchait, alors il pensa qu'il était parti depuis au moins cinq heures, peut-être plus.

D'où il flottait, à environ huit cents mètres du rivage, le bourdonnement familier de la ville à l'horizon était difficilement audible malgré l'heure et la distance. Même les mouettes étaient silencieuses cette nuit alors le seul bruit qui brisait le silence absolu dans l'air glacial et humide était le battement constant de l'eau contre le flanc de son bateau ainsi que les gémissements et les craquements de la coque alors qu'elle dérivait.

Au-dessus de lui le ciel était clair et éclairé par une lune trempée dans du cobalt velouté. Suffisamment lumineuse pour cacher toutes les étoiles, sauf les plus brillantes mais suffisamment sombre pour permettre de voir les monolithes en verre et en béton du 21e siècle toujours allumés, éclairant inutilement le paysage urbain tentaculaire qui s'étirait le long de la côte familière.

En regardant la ville qui avait été son chez lui pendant les treize dernières années, la force de la vague scélérate* secoua le bateau par derrière. Son corps partit en avant et ses mains s'agrippèrent instinctivement à son siège bien qu'il n'y ait aucun risque qu'un marin expérimenté comme lui passe par-dessus bord.

La douce lumière de la pleine lune scintillait sur la surface sombre de la mer, ce qui permettait à

son regard de suivre la trajectoire de la vague noire coupable alors qu'elle roulait doucement vers le rivage jusqu'à ce qu'elle touche la cote, jusqu'à la prochaine, rompant le charme envoûtant que l'eau ondulante avait sur lui.

Il était évident que la marée changeait alors que la lune perdait de son influence sur le mouvement des vagues, ce qui signifiait que le bateau allait bientôt être entraîné vers la terre s'il le laissait dériver trop longtemps. Il soupira en réalisant que le moment était venu de faire le voyage de retour, même s'il n'avait pas encore digéré ce qu'il avait appris il y avait environ cinq heures, raison pour laquelle il avait cherché la solitude que l'océan sombre et désert lui offrait.

Il avait toujours été respectueux de la puissance de la mer, ce qui était évident pour quiconque vivait à proximité ou naviguait sur elle, même pendant la nuit la plus tranquille. Il avait expérimenté sa formidable énergie et avait été témoin de sa force destructrice sur terre et depuis un bateau mais ce soir, Neptune et ses nymphes n'étaient pas intéressés à tester ses limites, les dieux de l'eau lui permettant de dériver gracieusement sur la surface sereine.

Son expérience en tant que marin lui disait seulement qu'il n'y avait pas de danger immédiat. Une baleine curieuse pouvait à tout moment décider de faire surface directement sous son bateau et l'envoyer à la mer, ce qui serait une première pour lui mais pas rare dans cette zone.

Il jeta un coup d'œil à gauche par-dessus son épaule où les riches habitants de l'île de Bainbridge dormaient paisiblement dans leurs propriétés prisées, sachant que le prix de leur bien grimpait d'année en année.

A sa droite il y avait l'île de Vashon presque complètement invisible dans l'obscurité. Son rivage peu lumineux se fondait directement dans l'obscurité du continent.

Au-dessus de l'île et au-dessus de tout dans les environs, dominant l'homme ou la nature ainsi que l'horizon sans fin, le sommet glacé du mont Rainier scintillait au clair de lune. Sa masse énorme surpassait tout ce qui se trouvait devant ses impressionnantes pentes enneigées.

Rainier, le roi incontesté des Cascades et le plus haut sommet du pacifique Nord-ouest. Il faudrait qu'un humain ait vraiment un cœur de pierre pour ne pas être ému par sa magnificence.

Sa présence menaçante qui dominait le vaste paysage autour rappelait à tous ceux qui connaissaient son histoire que s'il le voulait, il avait la capacité d'effacer de la terre la ville vibrante appuyée dans son ombre.

Il fixa le volcan endormi comme s'il n'avait pas remarqué ou évalué sa proximité de chez lui avant. Quand il regarda à nouveau la ville, il se demanda si les habitants de Seattle insouciants et joyeux, ignoraient le danger que représentait la vie à proximité de l'arme la plus dangereuse de l'arsenal de Mère Nature, comme les habitants du Vésuve l'avaient fait en 79 après J.C.

Comme Seattle, l'ancienne ville italienne avait été imprudemment construite à l'ombre d'un volcan actif et fumant, s'était développée en richesse et en prospérité jusqu'au jour où le Vésuve avait explosé, consumant tout et chacun dans un nuage de cendre et de pierre ponce.

Il frémit en se souvenant de sa visite à Pompéi il y a quelques années où il avait observé les reconstitutions en plâtre des corps tordus de plusieurs habitants de Pompéi qui avaient été transformés en cendres il y a presque deux mille ans et en imaginant quelle avait été leur angoisse d'attendre la mort qui mettrait fin à leur souffrance.

Ces reliques grotesques étaient montrées sans honte pour assouvir le voyeurisme - et certains pourraient dire le voyeurisme morbide - des touristes qui visitaient le site antique et il souvint avoir secoué la tête en signe d'incrédulité devant la complaisance des gens qui passaient jour après

jour devant ces choses pathétiques.

Soit ils étaient complètement inconscients du statut actuel du Vésuve, soit totalement indifférents au fait que le même volcan qui avait pétrifié ces corps était en ce moment précis, en train de brûler de façon inquiétante à moins de huit kilomètres de là.

En y réfléchissant il savait qu'il serait pratiquement impossible que le même type de catastrophe se produise au 21e siècle dans une ville comme Seattle.

Les sismologues utilisaient un équipement de pointe et surveillaient constamment le Mont Rainier et autres volcans actifs ou dormants et détectaient les moindres signes d'une éruption imminente, ce qui signifiait que les habitants insouciants de Seattle et d'autres villes semblables pourraient continuer leur vie, sachant qu'ils recevraient un avertissement adéquat si leur voisin endormi se réveillait soudainement et décidait d'exploser.

Leur ville serait probablement détruite mais les pertes en vies humaines seraient minimes.

Il détourna les yeux du Mont Rainier et regarda la ville une fois de plus, fixant les yeux sur la balise de signalisation qui clignotait au-dessus du Space Needle, plutôt que de laisser son regard poursuivre son tour d'horizon et risquer de se laisser distraire par quelque chose qui se passait sur le rivage.

Il était venu ici pour réfléchir et espérons-le, comprendre les informations troublantes dont il avait eu connaissance il y avait quelques heures. Il avait surmonté le choc initial et l'avait presque accepté mais maintenant il devait décider quoi faire de ce qu'il venait d'apprendre et qui, si c'était vrai, changerait sa vie.

Il n'avait aucune raison de douter de la personne qui avait laissé échapper par inadvertance ce qu'elle avait essayé de lui cacher mais que faire de ce qu'il avait appris était ce qui le déchirait.

Comment pouvait–il continuer à vivre tous les jours et fonctionner comme une personne normale en sachant ce qu'il savait? Comment pourrait-il le partager avec d'autres personne sans dévoiler une part de sa vie qu'il voulait garder secrète? Et plus important encore, s'il le racontait à quelqu'un sain d'esprit, qui arriverait à le croire?

Il prit sa tête entre ses mains et se massa les tempes en essayant d'effacer de son cerveau ce

qu'il avait appris mais il réalisa qu'il ne serait jamais capable d'oublier ou même d'ignorer ce qu'il savait à présent. La seule décision qu'il fallait qu'il prenne était de savoir s'il devait ou non faire quelque chose et si c'était oui, que faire et comment et aussi si cette décision aurait un impact irréversible sur sa propre vie.

Il se moqua de lui-même puis se dit que quoi qu'il fasse sa vie allait changer, peu importait sa décision.

Si elle savait depuis un moment, il ne comprenait pas pourquoi elle le lui avait caché. Depuis quand savait-elle? Avait-elle décidé de faire quelque chose à ce sujet? L'avait-elle dit à quelqu'un d'autre? Ces questions envahissaient ses pensées alors que la lumière du Space Needle entrait dans son cerveau.

Ça ne faisait que cinq heures qu'il avait appris… et ça faisait il ne savait pas combien de temps, qu'elle gardait ça secret et il ne trouvait aucune raison pour laquelle elle ne le lui avait pas dit tout de suite. Elle avait dû réaliser qu'il le découvrirait car il était virtuellement impossible de lui cacher quelque chose alors pourquoi avait-elle choisi cette solution... c'était un mystère. Il savait qu'il devait aller la voir et obtenir plus d'informations mais avant cela il devait prendre la décision irrévocable de ce qu'il ferait ensuite.

Puis il se demanda si elle essaierait de l'empêcher de faire quoi que ce soit. Ce serait catastrophique bien sûr, alors s'il faisait quelque chose, il faudrait qu'il le fasse en secret, que personne ne sache que c'était lui, y compris elle. Mais comment pourrait-il le faire sans attirer l'attention du public?

Il avait passé la plus grande partie de sa vie à essayer de ne pas se démarquer, à faire tout ce qu'il pouvait pour ne pas se faire remarquer. En d'autres termes, il avait réussi à éviter de devenir 'quelqu'un'. Il était extrêmement talentueux à son art mais il n'avait jamais cherché à être célèbre. Il voulait juste vivre une vie médiocre et anonyme dans le monde de l'art et rester dans l'ombre.

Il était plus heureux avec sa vie actuelle qu'il ne l'avait été à n'importe quelle autre période mais il avait déjà accepté que, quelle que soit la décision qu'il prendrait, il devrait repenser son avenir plus tôt que prévu et savoir cela l'avait grandement déprimé parce que pour une fois il avait un but, quelque chose pour quoi vivre, quelque chose qui le rendait heureux.

Tandis que le bateau se balançait sur l'eau et que son esprit disséquait tous les scénarios possibles, le ciel s'éclaircit peu à peu et par conséquent, l'éclat des lumières de la ville perdit sa domination quand la première lueur du matin toucha les collines à l'est.

Quand il commença à penser à revenir sur la berge, il fut sorti de ses pensées par la corne hurlante du premier ferry allant de Bainbridge vers le continent. D'après son expérience passée, il savait qu'il devait filer rapidement loin des voies de navigation commerciales qui étaient balisées par des bouées, avant d'être fauché par quelque chose de beaucoup plus grand que son bateau.

Il soupira en s'approchant du contact d'allumage et le releva. Instantanément le moteur du bateau s'anima et remplit l'air d'un rugissement assourdissant, qui, après la paix et la tranquillité des heures précédentes lui semblaient durs et abrasifs pour ses oreilles. Ses longs et minces doigts s'agrippèrent au volant poli et glacé au toucher mais il ignora la douleur car son esprit était toujours sur son problème non résolu.

Au fur et à mesure que le bateau prenait de la vitesse, il dut virer brusquement pour éviter une

bouée qu'il n'avait pas repérée jusqu'à ce qu'il soit presque dessus, le voyant d'avertissement était cassée. Alors qu'il la contournait par sa gauche, il remarqua qu'elle avait été vandalisée par quelqu'un qui, de toute évidence, n'aimait pas un politicien local, vu le message désobligeant qui avait été peint sur les flotteurs.

Son bateau fit une embardée impressionnante et il tourna autour de la bouée plusieurs fois pour noter son numéro de série afin de pouvoir le signaler aux autorités mais aussi pour s'amuser un peu car il aimait jouer à faire des ronds, surtout s'il avait des passagers qu'il voulait impressionner.

Alors que la belle embarcation blanche et argentée rebondissait à travers la baie d'Elliott en direction de la terre, l'air âpre du matin piquait son visage et ébouriffait ses cheveux déjà mal coiffés. Mais il ne se concentrait pas sur le trajet car les premières graines d'une idée commençaient à prendre forme dans sa tête.

Comme l'esquisse se développait et commençait à devenir réalisable dans ses pensées, il commença timidement à espérer avoir trouvé une réponse au dilemme qui l'avait fait fuir loin d'elle.

Si ce qu'il envisageait était possible, cela nécessiterait une planification et une préparation minutieuses et il aurait besoin d'être discret et cachottier mais c'était peut-être la seule chance qu'il aurait de faire quelque chose et il en était arrivé à la conclusion que, quelles qu'en soient les conséquences pour lui-même, il devait faire quelque chose.

Le puissant bateau à moteur fila sans effort sur l'eau, tissant son chemin à travers l'attroupement

de marins matinaux qui attendaient patiemment dans leurs embarcations et dériveurs que le premier rayon de soleil apparaisse derrière les collines qui amènerait avec lui le vent et la chaleur nécessaires pour gonfler leurs voiles.

Alors qu'il se tournait vers la terre ferme et s'approchait de la section familière du ponton qui menait à sa maison, il pouvait la voir assise sur le ponton en bois sur la rive, ses pieds nus pendant par-dessus bord mais toujours à au moins trente centimètres de l'eau. Elle leva la tête en le voyant s'approcher mais elle ne sourit pas ni ne le salua mais attendit qu'il amarre le bateau le long de la jetée et le sécurise.

Elle le regarda fixement et il lui rendit son regard, sachant qu'elle cherchait des indices sur son visage, pour voir ce qu'il pensait. Elle parla en premier.

"Alors tu sais?"

"Oui."

"Y a-t-il quelque chose que tu veux me demander?"

"Seulement depuis combien de temps tu le sais."

"Environ une semaine pour sûr mais je m'en doutais depuis un moment."

"Tu allais me le dire?"

"A un moment donné, oui."

"Je présume qu'il était trop tard pour que je puisse faire quoi que ce soit."

"Je suppose que oui."

"Ne vas-tu pas me demander si je vais faire quelque chose, maintenant que je le sais?"

"Non."

"Pourquoi pas?"

"Parce que je ne sais pas encore si je veux savoir ce que tu penses."

Il se gratta la tête en digérant sa réponse, avant de poser la question suivante.

"Allais-tu le dire à quelqu'un d'autre?"

"Oui, mais pas encore. Tu vas cracher le morceau de toute façon?"

"Non."

"Pourquoi non?"

"Je ne sais pas. Je ne sais rien pour l'instant, à part que je veux que tu sois totalement honnête avec moi. Raconte-moi tout. Dis-moi tout ce que tu sais et je pourrai décider de ce que je dois faire ou même si je dois faire quelque chose."

"D'accord et si ça te rend plus heureux, je te promets aussi de te dire immédiatement si quoi que ce soit change d'ici là. Marché conclu?"

"D'accord."

Il monta sur la jetée et s'assit à côté d'elle, l'attirant vers lui et posant un baiser sur le dessus de sa tête. Elle soupira, saisit sa main libre et entrelaça leurs doigts, sans se soucier du fait qu'ils étaient encore glacés.

"Tout ira bien, n'est-ce pas, Edward?"

"Oui, tout ira bien, Alice, mais qu'en est-il des autres?"

"Je ne sais pas. Rien n'est coulé dans marbre, alors peut-être qu'il y a un moyen. Seul le temps le dira."

Ils étaient assis sur le ponton alors que le soleil montait lentement dans le ciel et que l'épais manteau de rosée qui recouvrait les pelouses parfaites de chaque côté de leur entrée brillait à la lumière du matin. Alors que l'air se réchauffait, elle lui dit tout ce qu'elle savait, en commençant par le moment où tout avait commencé, il y avait presque six mois.

Quand elle termina son histoire, ils restèrent assis en silence pendant qu'il digérait ce qu'il avait appris et il était maintenant encore plus déterminé à élaborer un plan. Ce qu'il avait à l'esprit était risqué mais le plus important était qu'il savait qu'il ne pouvait pas le faire tout seul, il aurait besoin de son aide pour que ce soit faisable.

Qu'elle soit prête ou non à s'impliquer, il ne pouvait pas deviner à ce moment-là, alors il devrait lui présenter un plan clair et concis une fois qu'il aurait bien tous les détails en tête et il devrait la convaincre de l'aider. Si elle refusait, il n'y avait aucun intérêt à ce qu'il commence ce périple.

Heureusement pour eux deux, le temps était de leur côté.


Bella

Lundi 24 avril 2017

Je suis sur le trottoir de la 5e Avenue en train de déglutir fort, essayant de me débarrasser de la boule logée dans ma gorge. Je sais que je n'ai pas d'autre option mais je n'arrive pas à trouver la volonté pour faire le dernier pas de ce périple difficile qui a effectivement commencé il y a trois mois, avec ce point culminant : je suis quelque part où je ne veux vraiment pas être.

Si ce trou du cul était un être vivant qui respire, je tuerais joyeusement l'homme vert vif qui m'encourage à traverser la rue. Il se moque de moi, ce salaud. Il sait que c'est ma dernière chance de m'enfuir dans la direction opposée. Si je ne m'échappe pas maintenant, je serais totalement consumée par le monstre de soixante-six étages qui me surplombe. Il remplit mon champ de vision depuis que j'ai tourné sur la 5e Avenue, comme un truc menaçant et outrancier et je ne veux vraiment pas m'approcher plus près.

Ce n'est pas ce que j'avais prévu pour ma vie après presque trois ans d'études intenses. Je devrais être en train de voltiger d'une ville européenne à l'autre, absorbant les connaissances dans les musées et les galeries d'art, passant des heures interminables à enquêter et à faire des recherches pour pouvoir écrire des livres sur les amours de ma vie.

Au lieu de ça, je suis sur ce trottoir venteux de la 5e Avenue au centre-ville de Seattle, essayant d'avoir assez de courage pour entrer dans le bâtiment municipal de la ville, pour commencer un travail qui est aussi éloigné de ma carrière de rêve... que... que…. les responsabilités de la caissière du Starbucks qui m'a servi mon café latte aux noisettes hier après-midi.

"Je ne peux vraiment, vraiment, pas faire ça, il doit y avoir un autre moyen," me dis-je en marmonnant. "J'ai juste besoin d'un sauveur ou une sorte de signe d'en haut qui va me convaincre

que je n'ai pas vraiment besoin de faire ça."

Je sens mon téléphone vibrer dans ma poche et je prends maladroitement un peu de recul par rapport à la bordure du trottoir et entre en collision avec une femme bien habillée qui me lance un regard noir parce que j'ai marché sur son pied.

"Merde, merde, merde… qui m'envoie un message maintenant?" Je marmonne après m'être excusée à profusion auprès du piéton blessé qui boitille maintenant vers l'immeuble vers lequel je me dirige.

Je sors, un peu gênée, mon vieux téléphone de ma poche et l'ouvre, imaginant que c'est le sauveur auquel je venais de penser mais je soupire quand le numéro familier apparaît sur l'écran fissuré.

J'appuie sur le bouton et lis le message sincère qui est là et la boule remonte dans ma gorge et m'étouffe presque. Il me remercie pour tout, pour mettre ma vie entre parenthèse et ne pas poursuivre mon rêve. Il sait ce que j'ai abandonné pour être avec lui, il est reconnaissant et il me dit qu'il m'aime.

Je passe ma main sur mes yeux, soulagée de ne pas avoir mis de mascara et de ne pas avoir à ressembler à un panda géant, réponds brièvement puis éteins le téléphone pour ne pas avoir à regarder la photo sur l'écran qui me rappelle tout ce que j'ai perdu.

Je prends une profonde inspiration et retourne au trottoir puis j'attends avec les autres passants qui vont travailler que le bonhomme vert apparaisse à nouveau pour que je puisse avancer vers mon destin en toute sécurité.

"Okay, Bella tu peux faire ça. Accroche-toi – ce n'est pas la fin du monde."

Par inadvertance je le dis à voix haute et jette un coup d'œil à un jeune homme étrange qui semble venir dans ma direction. Je le suis tout le long de la rue et passe encore devant un Starbucks, puis traverse Columbia Street et enfin par les portes vitrées qui s'ouvrent automatiquement à notre approche.

Il se précipite vers les ascenseurs où il se glisse pendant que les portes se referment, me laisser aller vers le bureau d'accueil pour me faire connaitre avant de pouvoir le suivre dans cette tour glaciale qui est aussi peu accueillante qu'Isengard.

La réceptionniste amicale me tend un badge de sécurité qui est miraculeusement prêt et m'attend, un plan de l'immeuble et me montre mon étage en me souhaitant bonne chance. Je marmonne un merci en m'éloignant tranquillement sur le sol en marbre et me mélange à la petite foule rassemblée devant le prochain ascenseur disponible qui arrive après deux à trois minutes.

En attendant je sens mon cœur battre dans ma poitrine, ma tension artérielle palpite dans mes oreilles et ma température commence à monter. Si j'avais trente ans de plus je penserais faire une crise cardiaque ou un AVC alors je me dis que c'est à ça que doit ressembler une attaque de panique.

Je me faufile dans l'espace confiné tout en essayant de ne pas établir de contact visuel avec mes compagnons de voyage dont la plupart ressemblent aux zombies sans vie de The Walking Dead mais je suppose que c'est parce que c'est lundi matin.

Après s'être arrêté à presque tous les étages, l'ascenseur s'ouvre au 25e où se trouve le Département des services publics de Seattle.

Je suis accueillie par une réceptionniste souriante, habillée décontracté et grande, avec des cheveux roux et couverte de tatouages qui est je suppose, à peu près de mon âge et qui m'attendait pour m'accueillir.

"Bonjour Isabella. Bienvenue à S.P.U. ou Spew* si ça te parle davantage " Elle rigole à sa blague et je ne peux m'empêcher de sourire. Sa voix est musicale avec un léger accent familier. Elle s'avance vers moi et m'attrape plutôt que de me serrer la main.

"Ça ne te dérange pas que je t'appelle Isabella, pas vrai?" dit-elle rapidement. " Nous nous appelons par nos prénoms ici. Je suis Kirsty."

"Bonjour Kirsty," dis-je d'un ton amical. "Je préfère qu'on m'appelle Bella si ça ne te dérange pas?" ajouté-je puis "on appelle tout le monde par son prénom même le chef?" m'enquis-je.

"Ah que oui! Nous sommes des employés du gouvernement mais nous ne sommes pas étouffés comme certains autres départements de ce bâtiment. Tu n'es pas obligé d'être bien habillée pour bien faire ton boulot et nous travaillons tous aussi fort que la brigade des RH ou des finances."

"Génial," réponds-je sincèrement, avoir une tenue décontractée m'arrange bien parce mon placard est plutôt tragique en ce moment.

"On aime bien s'amuser aussi," continue-t-elle avec enthousiasme. "Et ça aide vraiment car ici nous voyons vraiment le côté le moins glamour de la vie à Seattle. Si le maire ou l'un des grands pontes nous honore de sa présence alors nous nous référerons à toi comme à Mme Swan mais jusqu'à ce que cela arrive tu es juste Bella. Laisse-moi t'emmener à ton bureau ainsi tu pourras te détendre avant la réunion du personnel à dix heures. Je vais te montrer où faire du café, où sont les toilettes et les sorties de secours et ensuite je t'expliquerai les consignes de sécurité."

"Les consignes de sécurité?" demandé-je.

"Ouaip! Depuis le 11 septembre tous les grands immeubles sont censés faire des exercices d'évacuation régulièrement. Nous sommes également dans une zone sismique mais ce bâtiment peut résister jusqu'à au moins 8.5.° sur l'échelle de Richter.

"Ah, je sais tout sur les tremblements de terre, Kirsty. J'étais en Italie quand il y en a eu un fort pas très loin d'où nous étions, près de Florence."

"L'Italie! Oh mon dieu j'adorerais aller en Italie. Tous ces hommes élégants et stylés avec ce fabuleux accent. Sont-ils vraiment comme ça?"

"Oui les hommes sont très intelligents et beaux à regarder mais ils ont tendance à être petits. Je fais un mètre soixante sept et même sans talons je peux en regarder la plupart dans les yeux."

"Oh non. Je fais un mètre soixante dix-sept. Aucune chance pour moi alors."

J'admets que je suis en train de rire en retirant ma veste et en commençant à me sentir déjà plus détendue. L'accueil sympathique de Kirsty a atténué ma mauvaise humeur et chassé le nuage oppressant qui plane au-dessus de moi depuis quelques mois mais il faudra plus qu'une réceptionniste joyeuse pour m'enthousiasmer à propos de ce qui m'attend.

Je regarde rapidement mon nouveau bureau avec une vue magnifique qui ne donne malheureusement pas vers Elliott Bay et le parc national olympique. Je remarque qu'il y a deux bureaux, l'un jonché de papiers et de tasses à café non lavées et l'autre très propre. J'espère que le mien est le dernier.

"Tu as un accent Kristy. Es-tu écossaise?" demandé-je alors qu'elle se tourne pour partir.

"Oui et non. Mes parents sont de Fife mais je suis née à Seattle et je ne suis toujours pas allée en Ecosse. Maman et papa ont toujours conservé leur fort accent donc j'imite leurs phrases comme 'och' et 'aye' et les toilettes c'est 'loo' dans mon monde et évidemment j'ai hérité des cheveux ro et des taches de rousseur.

Je ris de nouveau car je sens que je vais bien m'entendre avec cette fille, d'autant plus que nous avons à présent quelque chose en commun.

"Fife?" m'exclamé-je. "J'ai passé huit mois à l'Université de St. Andrew dans le cadre de mon cursus..."

"Waouh! Vraiment? Comment c'est là-bas – évidemment je n'y suis jamais allée!"

"Pu… ça caille...! Désolée – j'ai répondu tellement de fois à cette question que je jure automatiquement. L'écosse est magnifique mais froide et plus spécialement sur la côte est. Mais j'aime bien. J'espère que tu pourras y aller un jour."

"Moi aussi. Laisse-moi une minute pour vérifier que personne ne m'attend à la réception et nous continuerons à faire le tour."

"Merci mais avant que tu y ailles avec qui je partage ce bureau?"

"Un gars qui s'appelle Jay. Il est bien – pas de sens de l'humour mais je suis sûre que tu t'entendras bien avec lui. Je reviens de suite."

Après la disparition de Kirsty le tourbillon, je regarder autour de moi afin de m'imprégner de mon nouvel environnement. Au moins, mon bureau est chaud et propre, à part celui de mon collègue absent et j'ai une belle vue si je m'ennuie mais c'est quand même une boîte moderne - pas une du 19e siècle où je remonterais le temps et convoquerais les âmes des peintres et des sculpteurs

dont les œuvres ont été exposées dans les salles silencieuses. Je secoue la tête pour déloger ces images.

Je sens des larmes se former à nouveau dans mes yeux et je respire à fond pour me calmer. la dernière chose que je veux, c'est que Kirsty ou quelqu'un d'autre voie que je suis une pleurnicharde.

"J'espère que ce n'est que temporaire," je marmonne en tentant de me calmer mais ensuite une vague de remords m'envahit alors que je contemple les implications de ces mots malheureux.

"Bonjour."

Je ne peux m'empêcher de sursauter quand j'entends la voix d'un homme derrière moi. Je tourne sur mes talons pour voir qui a bien pu interrompre mes pensées égoïstes.

Debout dans l'embrasure de la porte, tenant une tasse de café fumante, se trouve le jeune homme un peu décoiffé qui a traversé la rue avec moi. Je peux dire qu'il me scrute mais certainement pas dans un sens flippant. Il s'avance lentement vers moi, l'autre main tendue, un sourire chaleureux sur son visage.

"Salut, je suis Jay. Bienvenue au dôme de plaisir."

"Bella Swan, enchanté de te rencontrer. Es-tu un fan de Frankie par hasard?"

"Non, je ne le suis pas mais Kirsty si," répond-il. "C'est comme ça qu'elle appelle cet endroit pour

une raison quelconque ou Spew ce que je préfère et je te dirai pourquoi plus tard. Frankie Goes to Hollywood n'est "franchement" pas ma tasse de thé."

"Quel est ton goût ou c'est peut-être une question trop personnelle à poser puisque nous venons juste de nous rencontrer?"

Jay me sourit et se gratte la tête pendant qu'il décide s'il doit me donner cette information après seulement dix secondes dans notre relation de travail.

"Tu ne devrais pas avoir à demander, Bella. Nirvana, évidemment. Seattle est la ville du Grunge."

Je hoche la tête comme si Jay pourrait aussi bien se faire tatouer "grunge" sur le front. Il a un look à la Cobain, cheveux blonds longs et négligés mais élégants.

"Nirvana était un peu en avance sur mon temps, Jay mais je ne pense pas que j'aurais été fan. Jepréfère de loin la musique classique à la pop d'aujourd'hui."

Jay me regarde d'un air surpris puis se dirige vers le bureau encombré, dégage un espace pour pouvoir... poser sa tasse, jette sa veste sur le dossier de sa chaise puis s'y installe.

Il fait bouger sa souris et l'écran revient à la vie. Je peux voir une liste de mails non ouverts et je me demande s'il s'agit de nouveaux mails ou de ceux de la semaine dernière. Je ne sais pas encore quel est le travail de Jay, il n'y a pas d'indices sur son bureau, ni de plaque d'identification sur la porte. Je suis sûre que je découvrirai bientôt de quoi il est responsable.

En regardant la façon dont les bureaux sont disposés, je suis surprise qu'il n'ait pas pris mon bureau vacant, le mien avait une bien meilleure vue sur la ville. Je dois poser la question.

"Tu préfères t'asseoir loin de la fenêtre, Jay? Je te demande ça parce que j'aurais changé de place si j'avais été toi."

Jay tourne la tête vers moi et me donne une autre expression étrange, comme si j'étais folle ou quelque chose comme ça.

"Seattle est un trou à rats, Bella. Pourquoi je voudrais regarder ce taudis toute la journée ?"

"Pardon!" Je réponds et je sais que j'ai l'air choqué.

"Tu n'es pas une fille de la ville, n'est-ce pas?"

"Non, je suis de Forks, pourquoi?"

"Connais-tu bien la ville?"

"Non, pas vraiment... ce que je veux dire, je connais le marché de Pike Place et le front de mer et j'ai été à quelques matchs des Mariners et des Seahawks avec mon père. Je suis allée au Needle pour pouvoir voir toute la ville de là-haut. Je ne dirais jamais que Seattle est un trou à rats."

"Isabella Swan, de Forks, j'ai peur que tu ne voies un autre côté de Seattle quand tu commenceras à travailler ici et j'ai peur que tu reçoives un choc."

"Oh!" Je réponds, je ne vois rien à dire pour la défense de Seattle. Je n'ai emménagé dans mon minuscule studio que samedi soir et je n'avais pas eu l'occasion de jeter un coup d'œil et de faire le tour de la ville. J'espérais juste que Jay exagérait car je n'avais pas besoin de plus de négativité dans ma vie en ce moment.

Jay fait tourner son écran d'ordinateur pour me montrer la liste des e-mails qu'il regarde.

"Tu sais ce que c'est, Bella?"

Je secoue la tête car je suppose que le simple fait de "dire ce qui est évident" ne serait pas la réponse qu'il cherche à obtenir.

"Ce sont des messages de résidents ou d'entreprises en colère qui se plaignent du fait que quelqu'un sans emploi, irresponsable, idiot, probablement drogué jusqu'aux yeux, fait des graffitis partout sur leur propriété et ils veulent que ces tags soient retirés immédiatement... genre hier. C'est juste ceux qui viennent d'arriver ce week-end. Comme je l'ai dit, Seattle est un trou à rats mais notre nouveau maire, à la mode, semble penser qu'il s'agit "d'art" et que ces jeunes ne font que "s'exprimer"... et je suis sûr que c'est pour ça que tu as été engagée. Le monde est devenu fou."

"Oh!" je répète et je ressens instantanément l'envie de prendre mon sac à main, ma veste et de filer en ligne droite vers l'ascenseur. Je suis sauvée par Kirsty qui fait irruption dans le bureau, me prend par le bras et m'entraîne dans le couloir.

"N'écoute pas Jay!" dit-elle très fort pour s'assurer qu'il puisse l'entendre. "C'est un misérable crétin. Il écoute Kurt Cobain tous les weekend, alors il doit se débarrasser de toute la mélancolie qu'a absorbée son âme misérable sur quiconque croise son chemin chaque lundi matin. N'EST-CE PAS JAY?" crie-t-elle encore plus fort.

"Dégage, harpie écossaise!" rétorque-t-il, et j'entends une trace d'humour dans sa voix ce qui me remonte le moral.

Kirsty me montre où faire du café et où sont les toilettes, les photocopieuses, les plans d'évacuation d'urgence puis me fait faire le tour du département pour que je puisse dire un rapide 'Bonjour 'au reste du personnel, dont l'âge varie, mais qui semblent tous très gentils.

Une chose que j'ai cependant apprise de tous les mots amicaux et de soutien que j'ai reçus de la part de mes nouveaux collègues, c'est que j'ai déjà un titre. En d'autres termes, au lieu d'être Isabella Swan, consultante en arts urbains, c'est ainsi que le travail a été décrit sur le site Web, je ne serai apparemment appelé que ...

Isabella Swan - Graffiti Queen'*.

Je ne pensais pas que ma vie prendrait un tel tournant.

...

*Une vague côtière disproportionnée qui peut parfois apparaître dans un train de vagues sans avertissement.

*Seattle Public Utilities (services publics) qui se prononce comme to spew qui signifie vomir

Reine du Graffiti


Note de l'auteur

J'espère que vous avez aimé le premier chapitre. Désolée pour la longueur mais je voulais mettre en place les deux versions de l'histoire. Les prochains chapitres ne seront pas si longs, c'est promis (enfin, quelques chapitres plus tard le sont mais je vous préviendrai d'abord).

Bella a manifestement quelque chose dans sa vie qui l'a forcée à accepter un travail qu'elle ne

veut pas. Vous découvrirez très bientôt ce que c'est. Nous resterons avec l'histoire de Bella mais Edward rôdera autour de chaque chapitre jusqu'à ce qu'il prenne le contrôle de l'histoire.

Je ne supplie jamais pour des commentaires mais j'aime les lire et savoir ce que vous pensez de l'histoire, surtout si vous allez deviner où elle va. Dans ce cas quel est le secret qu'Edward a découvert et qu'Alice a réussi a lui cacher? Hmmmmmmm !

...