L'univers de Mass Effect appartient à Bioware! Cette histoire prend place après les événements de MASS EFFECT 3. Fin destruction, Shepard stellaire, héros de guerre, adepte et parangon, romance avec Kaidan Alenko. (Suite envisageable de "Wake up")


Préface :

Zone résidentielle de la citadelle, tout près du présidium, dans le petit hall à sa gauche, plusieurs marchands étaient agglutinés contre les murs, tentant au possible d'avoir un stand présentable. Chacun scandait à n'en plus pouvoir et ce afin d'appâter le plus petit client, ils usaient alors de nombreuses ristournes. Jamais les prix n'avaient été aussi cassés, cela revenait presque à du "tenez, c'est gratuit", mais il fallait bien trouver un moyen pour continuer à durer. En effet, les affaires allaient plus que mal depuis la fin de la guerre, six mois auparavant, plus personne n'avait le moindre crédit pour quoi que ce soit. Beaucoup de commerçant avaient pensé qu'en se rendant à la citadelle, les choses ne feraient que s'arranger, après tout hormis le fait qu'elle avait été l'espèce de caverne personnelle du catalyseur, elle demeurait tout aussi le siège de l'union concilienne, c'était indéniable. Cependant, il y avait à présent de nombreux facteurs à prendre en compte. Tout d'abord, celle-ci ne se trouvait plus dans le système de la nébuleuse du serpent. Elle avait été déplacée dans le secteur local, ou plus exactement le système Hélios et orbitait à présent au-dessus de la terre. C'était une belle perspective et une grande chance pour les humains, peut-être, mais pour le reste des espèces, il y avait là une réticence nouvelle à s'y rendre, comme si l'Homme y avait à présent déposé une sorte de droit de veto. Puis dernier facteur, celle-ci se trouvait tout simplement dans l'état le plus déplorable qui soit, une ruine volante, des travaux étaient déjà commencés depuis quelque temps, mais la reconstruction serait longue. Il y avait bien plus à faire, que le lendemain de l'attaque de Sovereign, il y avait de cela quatre ans. Néanmoins, le strict nécessaire était déjà remis en état, le but étant de remettre la station spatiale en état pour pouvoir permettre de nouveaux passages et attirer la population galactique à s'y établir de nouveau. La Citadelle se devait de redevenir le rêve inatteignable de chacun. Les baies d'amarrages avaient donc été les premières remises en service, puis les pompes d'essences, les bureaux administratifs etc…

Après quoi, les lieux s'étaient retrouvés envahies par des marchands de tout horizon, apportant tout ce qui était susceptible d'être vendu. La marchandise était étalée sur des draperies, à défaut de console électronique permettant de faire ses achats par soi-même. Il y avait les objets les plus extravagants aux plus inutiles, les armes étaient bien présentes, mais dissimulées sous chaque table. Car perçues comme une incitation à la débâcle et à la violence, après une guerre dévastatrice, dont chacun essayait de se remettre. L'alliance concilienne s'avérait être plus forte que jamais, chacun contribuait à l'effort de reconstruction, il y avait même eu quelques mains tendues entre Galariens et Krogans et vis versa. La question de l'interraciale était totalement oubliée, et chacun travaillait en parfaite harmonie sans qu'il y ait eu le moindre problème connu à cette heure. Une personne s'était distinguée en particulier, son nom commençait à filtrer à travers les conversations. Cette dernière avait été investie par l'alliance, reconnue pour ses connaissances plus qu'impressionnantes dans l'ingénierie spatiale et les nouvelles technologies, encore sur les tables de laboratoire. Beaucoup avaient cherché à savoir qui était cette petite merveille inconnue, à qui une fraction de seconde suffisait pour résoudre un problème, pirater un serveur, brancher des câbles. Elle soulevait de nombreux mystères, en intriguait plus d'un, mais ce n'était encore rien par rapport à ce qui allait suivre. Son identité fut en effet dévoilée, première surprise, elle faisait partie de la gent féminine, seconde, il s'agissait d'une drell nommée Ansa Rayto. Espèce se faisant plutôt rare et ne prenant pas vraiment partie à la vie galactique et que l'une d'entre eux en arrive à ce stade-là, était plus qu'impressionnant. C'était peut-être bien synonyme de changement, d'évolution, d'autres suivraient surement après elle.

La présence de Shepard était aussi source de motivation pour plus d'un, après avoir été gravement atteinte lors de l'attaque du rayon et de l'explosion du catalyseur, celle-ci avait déjà repris du service à bord du Normandy. Elle n'en paraissait que plus impressionnante, admirable, invincible, bref elle était idéalisée au plus haut point. On l'avait déclaré "icône officielle" de ce nouveau départ, on lui devait la victoire, c'était une héroïne, une légende, adulée par tous.

Tout allait bon train au niveau galactique certes, mais les petites gens peinaient comme jamais et les commerçants de la Citadelle, en étaient le parfait exemple. Ce matin-là, il n'y avait pas un chat ce qui était déjà un bien mauvais signe quant aux affaires de la journée, un galarien scrutait un petit écran, format poche, qu'il tenait entre ses mains. Celui-ci grésillait légèrement et affichait une sorte de vidéo, sans doute un enregistrement de caméra de surveillance. Pas un client à servir, il n'avait que cela à faire, soudain cependant, ses yeux se ravivèrent et il se releva, sa chaise tombant à la renverse.

-Ce n'est pas vrai… Elle, elle arrive ! Lâcha-t-il.

Attirés par ce brouhaha inattendu, de nombreux yeux se levèrent vers lui, personne ne semblait comprendre. Au loin, on entendait comme un raisonnement métallique, près des portes de l'ascendeur, quelqu'un descendait. Et tous avaient saisi de qui il s'agissait. Le galarien plaqua une main sur sa bouche, il venait de commettre une erreur irréparable, il avait vendu la mèche, le scoop, tout ce que vous voulez. Chacun s'accrocha de loin à la machine, attendant que celle-ci daigne s'ouvrir et après quelques minutes d'attente et quelques salives ravalées, deux battants claquèrent enfin.

-Comman… Heu non, Amiral ! Amiral, venez chez Sirta, nous faisons de réductions à en pleurer ! Oui en effet, en pleurer de détresse.

Shepard venait de faire son apparition, elle se tenait dans l'embrasure de la porte, les sourcils froncés et pleine d'appréhension. C'était bien la première fois qu'elle revenait sur cette station, depuis la déferlante du Creuset. Elle avait tenté de retarder ce passage, autant qu'elle l'avait pu. Cependant le besoin finirait tôt ou tard par la rattraper, elle avait besoin de fournitures, d'armements, tout comme elle devait répondre aux commandes de son équipage. L'ex-commandant les toisa un instant et feignant de les ignorer, elle se glissa à l'extérieur de la machine, une mine renfrognée sur le visage. Un pied devant l'autre, elle passait à présent devant les stands, tout en persistant à faire abstraction des vendeurs, hélas il allait bien falloir qu'elle les aborde, pas une seule arme n'était visible, pas le plus petit plastron en vue. Désespérée, elle s'arrêta devant le premier qui se trouvait devant elle, un sacré chanceux celui la. Shepard qui achetait des produits chez un marchand ne pouvait-être que bénéfique pour ce dernier, étant donné la réputation du personnage, la publicité était au rendez-vous, sans parler des crédits qui renfloueraient ses caisses, car d'aucun n'ignorait que la trentenaire était juste "blindée". L'amiral s'éclaircit légèrement la voix et prit un air négociateur et charmeur comme à son habitude, se faire avoir n'était pas du tout dans ces habitudes, une ristourne serait de bon augure. Surtout quand l'on sait, qu'elle traînait avec elle, toutes les notes du Normandy.

-Vous n'auriez pas quelque chose de plus… Je veux dire, vous ne pourriez pas me sortir votre stock d'armes, armurerie, enfin vous voyez ce que je veux dire ?!Dit-elle, légèrement maladroite.

Le vendeur se fendit d'un sourire, puis se baissant sous le comptoir, il en sortit une grande boîte métallique, verrouillée pas de petits cadenas. Prenant une clef qui pendait à son cou, il ouvrit chacun des verrous et tourna le tout face à Shepard. Celle-ci examina un instant la marchandise, sa tête pivotant à gauche puis à droite, de temps à autre sa main soulevait une arme, puis la reposait, elle examinait tout ce qui était possible.

-Amiral Shepard, ma très chère compagne et moi-même, nous demandions tout juste à l'instant, si vous accepteriez de nous faire l'immense honneur de représenter notre maison. Je veux dire de nous sponsoriser, nous prêter votre image, devenir notre icône, bien sûr vous toucheriez la majeure partie des bénéfices ! Et votre popularité ne ferait que croître ! Qu'en dites-vous ? C'était le marchand lui-même, qui venait d'interrompre l'héroïne en plein examen. Celle-ci se retourna et ôta sa main.

-J'en dis que niveau célébrité, j'ai déjà la bonne dose et qui me suffit amplement. Vous n'avez pas ce qu'il me faut, cependant faites expédier au Normandy un modèle réduit de la Citadelle, il manque à ma collection ! Baie d'amarrage D24 !

Shepard avait répondu d'un sourire à la fois moqueur et excédé, à présent elle s'en retournait à l'autre bout, ignorant tous les autres marchands avec style. Tant pis pour les provisions, elle ferait un tour sur Illium. Se trouver en ses lieux lui créait quelques démangeaisons, elle était mal à l'aise, des souvenirs lui revenaient à l'esprit. En outre le suicide de l'homme trouble, la mort d'Anderson, l'explosion du catalyseur, le macabre spectacle qu'elle avait trouvé à son arrivée. La Citadelle gardait une apparence encore bien mauvaise, puis certaines blessures au cœur ne s'effaceraient jamais. Le major avait tenté de la dissuader de se rendre ici même, mais elle avait jugé qu'il le fallait. Si elle n'était pas apte à se rendre dans cette station, de quoi serait-elle capable ? Face à la baie vitrée, elle pouvait apercevoir au loin le bout de la Citadelle, les bras grands ouverts, il fallait admettre qu'elle offrait une vue prenante. Mis à part ses quelques petits troubles qui pouvaient la gagner de temps à autre, l'ex-commandant avait repris du poil de la bête. Caractère implacable, elle avait récupéré cette capacité à tenir le lieutenant Vega et Joker en laisse, sans que ceux-ci ne partent en concours du blagueur le plus pitoyable. Elle sortait de nouveau quelques répliques cinglantes, bref toute sa repartie était de retour, elle pouvait à présent courir aussi longtemps qu'elle le souhaitait. Ses jambes étant totalement remises, ses implants eux aussi étaient impeccables. Shepard avait même pris une habitude pour le moins surprenante, découverte d'une leçon tirée de la guerre. Il lui arrivait à présent, quoi que très rarement, de prendre deux minutes pour elle, quand je dis deux minutes, c'est bien uniquement deux minutes, ni plus ni moins. Elle ne se faisait pas de soin du visage ou autres âneries pour se détendre non, elle se contentait de s'asseoir face à son bureau et de scruter l'aquarium à sa gauche, c'était déjà un début. L'amiral verrouillait même la porte de sa cabine à l'aide de son omnitech, si bien que l'issue était même bloquée au major Alenko. Dans le genre « je veux être seule, alors foutez le camp », il n'y a pas plus clair.

Shepard parvint enfin au bout du couloir, à son extrémité la lumière filtrait sous une grande ouverture en plein air. C'était autrefois en ses lieux que se tenait le petit café Apollon, on ne peut pas dire qu'elle s'y était rendue bien souvent, uniquement deux ou trois fois. Lorsqu'elle avait croisé quelques membres de son équipage, ou quand on l'avait conviée à pour un repas. Les lieux ne se résumaient à présent plus que par un vaste champ de ruines, des amoncèlements de pierres et de débris en tous genres. Le premier spectre humain, plaça un pied sur l'un morceau de mur étalé sur le sol, celui-ci était légèrement mouvant, loin d'être stable, il servait pourtant d'escalier pour descendre. Elle écarta les bras pour trouver plus d'équilibre, puis elle franchit cette dernière limite, atteignant enfin la terre ferme. Ce n'était pas la curiosité qui l'attisait, ni même une envie de promenade, elle ne faisait que se jauger, affronter cette limite que la Citadelle lui posait à elle-même. À deux fois elle avait vu cet endroit maculé de sang et dévastés, pour elle ses lieux représentaient quelque chose d'indicible. La clef à toute énigme et ce depuis le début, ils avaient tous eu la pièce maîtresse entre leurs mains, sans le savoir jusqu'à la fin de la guerre. Face aux bras de la Citadelle, elle se perdit un bref instant dans ses propres pensées. Mais bien assez longtemps, pour ne pas déceler la présence d'une autre personne, juste derrière elle. Une main se posa sur son épaule, un bras vint l'intercepter, un corps voltigea, pour se retrouver plaqué à même le sol, un nuage de poussière, soulevé dans l'action.

-Deuxième clef de bras que vous me fichez dans ma vie, Lola ! Souffla le lieutenant Vega, en crachant les petits graviers, qui s'étaient incrustés dans sa bouche.

Shepard reprit pleinement conscience et lâcha immédiatement sa prise, elle avait simplement cherché à se défendre, un réflexe soudain. Pourtant, son intuition ne la trompait jamais, mais en ses lieux, tout était différent, elle était comme déréglée. En proie à un doute permanent, comme si elle luttait pour sa vie et qu'elle se retrouvait soudainement six mois auparavant.

James se redressa, appuyant sa main sur le sable, il releva la tête vers Shepard qui n'avait pas daigné s'excuser, elle était tout simplement incapable du moindre mot. Elle affichait un air choqué, dégoûtée de ce qu'elle venait de faire, ses mains en tremblaient.

-Vous allez bien ? Demanda le lieutenant, passant une main devant son visage.

-Je vous prie de m'excuser... Lâcha-t-elle enfin. C'est que parfois, j'agis un peu trop vite ! Je ne vous ai pas fait mal au moins ?

-Vous rigoler, il m'en faut bien plus !

Le premier spectre humain souriait à présent à moitié, comme pour dissimuler son trouble, mais James n'était pas dupe. Il la fixa un instant, les sourcils archées et le regard compatissant, il en toucherait deux mots au major.

-Vous étiez là pour une raison précise ? S'enquit-elle.

-Ah ! Oui en effet, sachez que je ne me déplace jamais pour rien, c'est une réclamation de la première importance ! J'en ai assez de mon futon dans la baie d'amarrage, sérieux Lola je dors super mal !

-Je vous ai proposé une couchette dans le dortoir, l'offre tient toujours ! Rétorqua l'ex-commandant.

-Non mais non, vous savez très bien ce que je veux ! Pourquoi vous avez donné l'ancienne cabine de Liara au major Alenko ?! C'est injuste, j'avais demandé avant !

-Que je sache, Kaidan est votre supérieur direct, plus haut gradé que vous lieutenant !

-Ah ouais, pourtant je lui en ai touché deux mots et il m'a bien dit que dormir dans les dortoirs ne l'aurait pas dérangé ! Ce n'est pas par titre d'ancienneté que vous la lui avez accordée ?

-Vega !

-Ou encore par préférence !

-Mais qu'est-ce que vous allez chercher ? C'était simplement par ordre de hiérarchie, si vous n'êtes pas content et bien partagez la cabine à deux ! Et passez le mot au major d'ailleurs ! Puisque monsieur trouve bon de fuir les conflits et de me les renvoyer! Lança froidement Shepard.

-Shepard !

-Pas de shepard qui tienne, vous êtes en train de me prendre la tête pour une simple histoire de couchette. Vous feriez mieux de vous concentrer sur votre prochaine mission !

-Mission… mission, en attendant on est en perm à la Citadelle et croyez le ou non, je compte bien en profiter.

-Ce ne serait pas le terme exact, nous sommes plus exactement de passage. Dites-moi Vega, vous me rendriez un service ?

Le regard du lieutenant s'illumina tout à coup.

-Dites toujours, on ne sait jamais.

Shepard le regarda tout sourire, elle allait pouvoir lui refiler son sal labeur, elle n'avait aucune envie de se fatiguer les nerfs avec certaines personnes. De plus, en y réfléchissant bien, faire un détour par Illium causerait des frais superflus. Elle leva le bras et lui transmit une liste de commissions, via son omnitech.

-Soyez gentil et allez me passer ses commandes, je vous revaudrai ça ! Déclara-t-elle en le laissant derrière elle. Le temps que James comprenne dans quels sales draps il s'était fourré, il était déjà trop tard, l'amiral était à une bonne dizaine de mètres et ne répondait pas à ses appels. Le lieutenant grimaça, rien qu'en pensant à la foule titanesque de vendeurs qui l'attendait à présent. Cependant son visage se froissa davantage, le portait défait de Shepard lui revenant à l'esprit. Il s'agissait de bien plus qu'un supérieur, celle-ci était devenu une amie. Et tout ami qui se respecte, s'inquiète pour l'un de ses confrères…

Shepard semblait avoir récupéré, être redevenu celle que l'on avait toujours connue, pourtant des doutes planaient toujours autour d'elle. Dans ses moments où elle disparaissait soudainement, laissant tout le monde derrière elle, où une lueur noire traversait soudain ses yeux, lorsqu'elle semblait ailleurs. Quand elle se trouvait dans un tel état, que ses mains en tremblaient, tout comme à l'instant. Mais que pouvaient-ils y faire, comment pouvait-on aider quelqu'un qui s'obstinait à garder le silence, qui se murait dans la solitude et mettait un point d'honneur à faire bonne figure. Peut-être qu'au fond, ses soupçons étaient vains, mais néanmoins ils étaient bien là.


« Contrôle de l'alliance, Normandy, nous vous souhaitons une bonne route ! Merci pour votre visite et à bientôt sur la Citadelle ! »

-Mais c'est qu'ils font dans la politesse maintenant ! Cela change du « restez en vie », auquel on avait le droit à tout bout de champ pendant la guerre. C'est déjà bien moins morne, mais là c'est très 21ème siècle tout ça. Presque un peu bisounours !

Joker souriait à pleines dents, enclin à sa gaité habituelle, lancer des vannes et des blagues le plus souvent possible, était redevenu son hobby favori. Après tout, il avait bénéficié de près de six mois pour se refaire une santé et surtout, tourner la page. Le fait de se trouver au sein du Normandy, lui donnait une raison de continuer et la proximité de deux de ses vieux amis était d'autant plus favorable à un bon rétablissement. Joker, Kaidan et Shepard formaient un peu le bon vieux Trio du vaisseau. Il leur arrivait souvent de se retrouver autour de la table de Poker, jouant une petite partie et taillant la bavette, de vieilles anecdotes étaient alors ressorties, des souvenirs mémorables etc…

Le Normandy quittait la baie d'amarrage D-24, aux commandes le timonier tentait de reprendre sa respiration, plié en deux par ses propres répliques, cela faisait plaisir à voir. Il redonnait même le sourire à Shepard qui se trouvait à ses côtés.

-Que voulez-vous, maintenant ils donnent dans le pacifisme, je préfère ça à l'ancienne rengaine ! Mais plus je m'éloigne de la Citadelle et de l'Alliance et mieux je me porte ! Rétorqua l'ex-commandant.

-Vous les avez tous les deux en horreur ?

-Disons que l'Alliance à ses défauts comme ses qualités, pour le reste, ce n'est qu'une question de temps…

-Après ce que vous avez traversé Shepard, vous avez le droit d'éprouver quelques difficultés vous savez ! Vous êtes encore une humaine et vous le resterez à jamais, tout cela est bien la preuve que je m'étais trompé et que vous n'êtes pas un robot.

-C'est un peu ironique tout ça… Souffla-t-elle tout bas, tandis qu'elle s'éloignait en direction de la passerelle. Elle seule savait ce qu'elle-même voulait dire, toute forme de vie synthétique avait été détruite lors de l'explosion du catalyseur. Or, les implants de Shepard n'avaient subi aucun dommage apparent. Si jamais cela avait été l'inverse, elle aurait sans nul doute péri, elle avait beau être humaine, une autre partie d'elle était formatée. Même si tout ça ne changeait rien à la personne qu'elle pouvait bien être, en y réfléchissant, cela avait toujours été ainsi. Depuis l'adolescence, tout comme Kaidan ou n'importe quel biotique. À partir du moment où l'on était doté d'un implant, on était considéré comme à part. C'était le prix à payer pour bénéficier de pouvoirs biotiques, être exposé à l'élément zéro in utero et si un potentiel était alors décelé, l'on finissait implanté.

Le premier spectre humain comptait consulter son terminal, il n'y avait plus d'officier à la place de Traynor, pour lui signaler l'arrivée de nouveaux messages. Ses doigts pianotaient sur la surface holographique, émettant quelques *bips* de temps à autre. Il n'y avait pas de communications particulières, ni même d'avertissements. Les choses étaient plutôt calmes en ses temps de paix, mais quelques menaces restaient tout de même en suspens. Quelques cellules terroristes subsistaient, ou encore voyaient le jour, certains groupes contre une union inter-espèce. On pourrait penser que par conséquent, l'ex-commandant n'avait pas de grandes missions à se mettre sous la dent, là était l'erreur. Une affaire étroitement préservée se tramait, une nouvelle intrigue pour laquelle Shepard agissait dans l'ombre. Il était important de rassembler un ensemble de données avant de passer à l'action.

Elle referma le petit écran métallique, relevant les yeux au ciel, elle toisa un instant la carte galactique. Il faudrait qu'elle songe à indiquer une destination d'ici peu, enfin ce n'était pas une tâche pressante. Il lui fallait auparavant, planifier tout un plan stratégique pour agir au mieux et surtout dans l'ordre des choses. Shepard se retourna pour se trouver face à un fantôme, son bras partit en avant pour le repousser en arrière d'une tape.

-C'est une fâcheuse habitude que vous avez là, tous autant que vous êtes ! Arriver par derrière, vous avez bien de la chance que mon cœur soit loin d'être fragile. Persifla-t-elle, face au major Alenko.

-Désolé, c'est que vous sembliez occupée…

-Alors vous comptiez rester planté ici, à attendre que je me retourne.

-Non pas exactement, disons que, bref des nouvelles ?

-Rien de bien précis, de simple messages de remerciements comme d'habitude, rien de concluant. Répondit-elle, tout en s'orientant vers l'ascenseur. Vous vouliez me parler de quelque chose en particulier, pas de note de frais de spectre à remplir ou bien de compte-rendu ?

-Je voulais simplement m'assurer que vous alliez bien.

Shepard le toisa un instant, il ne lui fallut pas longtemps avant de faire le rapprochement avec les événements de la veille, le lieutenant et lui-même. Pouvait-elle seulement faire confiance à une seule personne au sein de ce vaisseau, bonne question. Son pied battait l'une des portes de l'ascenseur, attendant que celui-ci s'ouvre enfin.

-Vous, vous avez eu une conversation avec le lieutenant et je suis persuadée qu'il vous a rapporté notre petite altercation. Il s'est encore fait du mouron pour un rien et a trouvé bon de vous en toucher deux mots. Vous qui êtes la personne, considérée comme la plus à même de veiller sur moi. Mais laissez-moi vous dire que !...

-Shepard !

-Non pas de Shepard qui tienne avec moi ! Voilà-je-vous renvois l'ascenseur pour la dernière fois sur Mars ! Ici, c'est le cadre professionnel, aucun sentiment n'interfère et c'est de même pour moi ! Vous croyez sincèrement que je ne suis pas apte à commander, si jamais c'est le cas alors continuez à me coller aux basks mais vous trouverez porte close, sinon vous pouvez retourner vaquer à vos occupations.

Les battants s'ouvrirent et l'ex-commandant se glissa à l'intérieur, son bras droit donna un coup sur l'interrupteur, afin que l'engin se rende au niveau supérieur. Le major n'était pas prêt à en démordre, s'imposer était devenu l'une de ses spécialités, il se joignit donc au voyage. Le premier spectre humain se retourna face à lui, les sourcils froncés et les bras croisés.

-Vous pouvez me dire ce que vous foutez là ?

-Que je sache, c'est une zone commune à tout l'équipage, peut-être que je n'avais pas envi d'attendre que l'ascenseur repasse au niveau de la passerelle. Et peut-être que j'ai aussi deux ou trois choses à régler avec vous ! Cet endroit me semble parfait, à l'abri de tout regard, vous pouvez lever la voix autant que vous le souhaitez, personne ne vous entendra ! Répliqua le major.

Shepard le fixa froidement, des milliers d'ondes assassines, filtrant à travers ses yeux.

-Vous ne m'impressionnez pas, Shepard, du moins pas dans ce genre de circonstance, là il n'y a plus que vous et moi ! Quand est-ce que vous allez enfin vous décider à vous confier, ou affronter vos problèmes ! Je vous l'ai déjà dit, on n'arrive à rien tout seul !

-Mais je fais front, sinon pourquoi me serai-je rendu à la Citadelle, il y a certaines choses que l'on doit faire seul. Au fait, des choses à régler c'est ça ? Je suis certaine que Vega a omis de vous dire qu'à présent vous ferez chambre commune dans votre cabine. Puisque après tout, vous ne m'aviez rien demandé et que lui se sentait lésé. Si j'étais vous, je dégagerais quelques étagères et ferais de la place dans mon lit !

-Shepard n'essayez pas de changer de sujet ! Hein ? Mais quoi ?

-Vous avez bien entendu.

Kaidan était plus que décidé à garder son sang-froid, il ne céderait par aucun moyen, tout un chacun savait que l'ex-commandant était une forcenée de première. Pour arriver à quelque chose avec cette dernière, il fallait lui tenir tête, jusqu'à déceler une once de faiblesse, cela pouvait parfois prendre des heures.

-Shepard !

-Non

-Shepard ! Vous savez que vous n'êtes pas toute seule dans cette affaire, on est tous passé par des moments difficiles ses quatre dernières années ! Au fond, je crois que ça nous a tous déglingués, alors vous avez le droit d'être humaine pour une fois. Je m'inquiète sincèrement pour vous, comment je peux veiller sur vous, si vous ne m'en donnez pas les moyens !

-Vous savez très bien que personne ne peut veiller sur moi, tout ce que vous pouvez faire c'est couvrir mes arrières au mieux lors des missions ! Le reste ça me concerne, tu ne pourras rien changer à cela ! Je me suis toujours sorti moi-même de situations dangereuses, dois-je citer Elysium, Tuchanka, Rannoch, le creuset !

-Tu es morte une fois sur le Normandy et tu as été incapable de te sauver. Quant à l'assaut sur Londres, si personne n'était venu sur la Citadelle, les choses auraient totalement différentes ! La vérité, c'est que la mort te fait peur, le fait de te retrouver devant quelque chose devant lequel tu n'auras aucun pouvoir, aucune maîtrise. Tu as l'habitude de diriger, de tout contrôler, mais cela t'échappe et c'est tout simplement insupportable pour le grand commandant Shepard ! Mais je vais te dire une chose, on en est tous là ! Et quoi que tu en dises, nous t'avons sauvée plus d'une fois, tout comme tu nous as bien souvent rattrapés !

Les portes de l'ascenseur s'ouvraient enfin, Shepard partait déjà comme une furie, atterrissant dans le petit hall juste devant sa cabine personnelle. Sa colère était plus que palpable, à tel point que tout ordre hiérarchique, procédure ou règles avaient été oubliées, si bien que chacun ne faisait plus aucune politesse, plus aucune différence. Un tutoiement, qui n'était pourtant que rarement utilisé entre eux et dans des contextes bien plus éloignés de l'Alliance, de la sécurité galactique et de tout le reste. C'était un moyen d'attaque direct, de toucher l'autre par les mots. Shepard avait cru tourner la situation à son avantage en usant de cette méthode, mais le major était rentré dans son jeu. Cette dernière activa l'ouverture de sa cabine.

-J'ai tapé, j'ai raison et vous le savez, regardez l'état dans lequel vous êtes ! Vous êtes humaine Shepard, admettez-le !

-Bon d'accord, je l'admets, j'ai quelques failles. Mais en fin de compte, à quoi rime tout cela puisque vous le saviez déjà. Après tout, c'est vous-même qui m'avez demandé de vous rendre à la Citadelle à ma place. Pourquoi tergiverser là-dessus, c'est inutile. Et puis je connais aussi l'une de vos faiblesses !

-Laquelle ?

-Moi !

-C'est véridique ! Dit-il, tout sourire.

-Aller venez, je vous offre un petit verre !

Shepard lui indiqua sa cabine d'un geste du bras, puis enfin les deux portes se refermèrent derrière elle.

[…]

-Bon ce n'est pas grave, on réglera tout ça avec un bras de fer !

-Ah, ça non !

-Et pourquoi donc ?

-Parce que vous êtes ma supérieure ! Je ne peux pas…

-Vous ne pouvez pas ? Dans ce cas j´ai ma réponse. Cela explique pourquoi je le suis ! (sa supérieure)

-Oh non ce n'est pas vrai… Pas vous aussi !

-Quoi donc ?

-Rien une vieille histoire*

*(Référence à une réplique de Wrex dans ME1)