J'suis tellement éloigné de tout.

Du monde, des gens...

D'leur façon de vivre, de rire, de parler ou même de communiquer.

Genre, j'suis tellement à l'opposé du reste. J'me sens bizarre ou même étrange. J'viens peut-être d'une autre planète, qui sait ? Pourtant j'suis pas si anormal que ça.

Enfin, j'pense ?

J'ai des amis cool, une vie sociale normale, des parents qui m'aiment assez pour m'offrir c'que je veux et une routine que je ne voudrai quitter pour rien au monde.

Mais...

Il y a ce truc.

Ce truc là qui m'fais sentir différent.

Par exemple, j'me sens pas assez à l'aise pour rigoler avec tout l'monde, d'aimer les mêmes choses ou les mêmes personnes, d'avoir les mêmes centres d'intérêts et toutes ces conneries là.

Conny

[7:10]

La vi doim

bouge ton cul

Ne pas mettre de surnom ridicule ou d'affreux émoticon à ses contacts c'est paraître anormal ? Non parce que, finalement, j'me sens bizarre en pensant à toutes ces nanas qui mettent dix milles cœurs.

Moi

[7:10]

tg

j'arrive

Bon, analysons tout ça :

Mardi matin. Sept heure dix.

" Respirez grandement aide à vivre sereinement ".

Typiquement le genre de connerie que m'disais ma mère quand j'étais p'tit.

Oui, non, ok.

J'suis peut être en mode dépressif mais pas au point de suivre les conseils debiles de ma génitrice.

Nouvelle année rime avec grandes résolutions. Toujours aussi fidèle à ma routine, je reste plusieurs minutes devant le miroir de ma salle de bain en réfléchissant de tout et de rien. 'Fin surtout à un moyen de paraître " normal " pour le reste de cette année scolaire.

Ne pas me foutre la honte devant le lycée, ne pas me prendre un millième râteau, ne pas porter des vêtements affreux ou démodés, ne pas apprécier n'importe qui, ne pas, ne pas...

Toutes ces règles sont d'une importance capitale pour moi. Elles sont litteralment la clé de ma normalité (et de ma notoriété).

- Jean ! Tu descends, mon chéri ?

Respire.

Genre, profondément.

Ouais, voilà respire.

Tout va bien se passer.

Tout va être normal.

Tu vas être normal.

- Je m'habille, j'arrive !

Complètement compressé par la buée de la salle de bain, je m'éclipse rapidement et me précipite vers ma chambre. Je lance un coup d'œil à mon réveil.

Sept heure trente deux. Non mais, franchement, j'ai encore le temps. C'est pas comme si ce putain de lycée n'était pas habitué à mes retards.

En enfilant mon sweat j'entend une vibration. Je pourrai parier que c'est Conny. Si c'est pour recevoir des insultes ou des menaces de mort dés le matin, mieux ne vaut pas regarder.

- Jean ! Dépêches toi ! Conny attend !

Super, manquait plus que ma mère me mette la pression. Le temps de légèrement brosser mes cheveux, prendre mon sac et mon portable, je descend enfin les escaliers pour rejoindre ma charmante mère et le gars furieux qui me sert de meilleur ami.

- Voilà un revenant...

Rajouter un sourire à ta remarque n'arrangera rien, maman.

J'aperçois étalé sur la table de la cuisine Conny entrain de se goinfrer de tartines qu'a sûrement préparée ma mère. Je fais donc le tour pour lui dire bonjour en tendant mon poing, espérant qu'il tape dans celui-ci.

- Nich ta mère. Dit il la bouche pleine et les yeux rivés sur son téléphone.

Je souris simplement en me retournant vers ma mère qui fait sûrement une de ses activités palpitantes qu'elle sait si bien faire : le ménage.

- On y vas.

Surprise, elle laisse tomber la vaisselle dans le lavabo et relève la tête vers moi.

- Déjà ? Mais tu n'as rien pris. Mange au moins quelque chose.

- J'ai pas faim. On va être en retard t'façon.

Je reprend en enlevant le portable des mains de Conny pour le ramener à la réalité.

- Eh !

J'vais pas t'le voler ton portable tout pourri, calme toi.

Je le repose un peu plus loin sur la table. Mais Conny le reprend rapidement.

- Bon, d'accord. Passez quand même une bonne journée les garçons.

- Merci madame !

Répond l'autre imbécile en empoignant une dernière tartine. Lui devant moi, on avance jusqu'à la porte d'entrée.

- Tu sors à qu'elle heure Jean ?

- J'sais pas.

Je referme immédiatement la porte derrière moi.

Règle numéro une :

Ne jamais aborder un dialogue à long terme avec ma mère. Genre, parler plus de cinq minutes avec elle est juste inimaginable pour moi. Et même si mon comportement n'est pas apprécié par tout le monde, je m'en fiche un peu.

- T'as daronne c'est la meilleure.

- T'as du chocolat partout mec.

Trop occupé à se lécher les doigts je décide donc de passer devant lui.

Les rues sont complètement désertes. J'ai l'impression qu'il y a un épais brouillard et que le temps ne vas pas s'améliorer. Mettre un simple sweat sans rien en dessous quand il fait moins de cinquante degrés est juste la plus mauvaise idée au monde. Bravo Jean.

Conny réussit à légèrement me devancer.

Il m'a pas plus manqué que ça pendant les vacances. Sachant que l'on se voyait pratiquement tout les jours, revoir sa tête me dérangerait presque. Puis, même si on ne se serait pas vu pendant deux longs mois, je n'aurai eu aucun mal à le reconnaître.

Il n'a pas changé d'un poil.

Toujours cd putain de sourire avec cet air debile de je-suis-content-en-toutes-circonstance, la même posture d'attardé mental et toujours cette habitude de jurer dans sa langue maternelle.

Mais Conny est juste là, à s'donner un genre pour faire rire tout l'monde. Ce qui lui réussit plutôt bien parce que me faire rire est la chose la moins facile au monde.

Et évidement, son sale crâne déformé et sans un poil n'a pas changé d'un pouce. Franchement si ça ne tenait qu'à moi, j'pourrai être pote avec lui juste pour admirer son putain de crâne chauve.

- Jambon, j't'entends. Et mon crâne n'est pas chauve ! Il est juste... rasé.

Ah, je vous ai pas parlé de ça ?

C'est un sorte de " gros " défaut que j'ai. Penser que l'on parle dans sa tête tout seul puis s'apercevoir que, finalement, on parlait à voix haute.

Je déteste ça.

Et j'peux vous assurez que je ne fais pas exprès. C'est comme un sorte de super pouvoir complètement nul que je ne maîtrise pas encore. Un peu comme Luffy quand il découvre son fruit du démon, en beaucoup plus nul évidemment.

- Puis tu peux parler toi, avec ta couleur de cheveux ringard là.

- J'vois pas le rapport.

Pendant le dernier mois des vacances, j'ai eu la magnifique idée de changer de tête. Il était hors de question que j'me coupe les cheveux ou que je fasse un truc assez court qui puisse ressembler au crâne chauve de Conny.

J'ai donc fais une couleur. Genre, personnellement, j'trouve que ça me va plutôt bien. Changer de couleur de cheveux, c'est pas c'que font les gens cool ? Puis c'est pas comme si j'avais fait un truc de malade non plus. À voir comment réagit Conny, j'ai l'impression d'avoir une touffe verte ou rouge sur le crâne.

- Prépare toi à recevoir les foudres d'Eren. J'suis sûr qu'il va pas tarder à te trouver un surnom debile en rapport avec ta couleur... Jaune-moisie.

Je souffle doucement.

- M'parle pas de c'connard. Puis c'est pas " jaune-moisie" comme tu dis. C'est brun.

Il glousse quelques instants avant de lâcher un rire franc.

- Bah ouais ! C'est brun orangé ! Tu me prends pour qui ? Quelqu'un avec aucun sens de l'esthétique et du Fashion ?

Je me retiens de sourire en tournant la tête vers le trottoir de droite.

- Qu'est-ce que tu fabriques avec une voix d'fille.

- Bah quoi. J't'imite.

Je donne un coup d'poing sur l'épaule de Conny et con comme il est, il n'arrive même pas à l'esquiver. Ce qui lui fait sortir un petit cri de douleur assez marrant.

- En parlant de fille... Reprend t-il en se massant l'épaule. ... Sasha nous attend devant le portail.

Je tourne ma tête vers lui.

- Sasha ?

- Ouais. Sasha. Sasha Braus.

Ok donc là il pense vraiment que j'vais me souvenir d'une quelconque " Sasha Braus " après deux mois sans aucune vie sociale ?

- Euh... C'est qui ?

Il lève les yeux au ciel. Le pauvre, il est désespéré.

Mais, vraiment ? Il s'attendait à quoi ?

J'suis quand même Jean Kirschtein aka le mec avec le moins de mémoire au monde.

- La meuf là... avec la queue de cheval et les cheveux légèrement rouge foncé ou voilà...

Vu ma tête il semble enfin comprendre que je suis toujours autant largué.

Il souffle fortement en levant les bras.

- Mais mec, la fille ! Sasha ! Elle qui mange tout l'temps ! Qui... qui était avec nous en seconde.

Puis vînt un courant électrique. Mon cerveau se mit finalement en marche. Comme une putain de révélation.

- Ah, ok ! Elle.

Il me fixe intensément quelques secondes.

- J'ai compris Jambon. T'vois pas de qui je parle.

Il a tellement l'air anéanti que le fait qu'il ne me croit pas me dégoûterai presque.

- Non j't'assure ! Je sais qui s'est... La meuf qui s'est fait choper par Livaï entrain de bouffer. Genre, l'année dernière quoi. Dis-je en ricanant légèrement.

Il tourne la tête vers moi avec un p'tit sourire. Il à l'air tellement soulagé de savoir que j'me souvienne de cette fille.

- Et... euh... tu penses que cette Sasha traîne avec Christa ? Je demande en regardant ma montre.

Sept heure quarante sept. Ça va.

- Christa ?

Pour vous la faire courte :

Cette année, comme vous avez pu le devinez, j'ai décidé d'être le mec le plus normal au monde. Et évidemment, un garçon de mon âge ne peut pas rester éternellement célibataire ou même... genre, puceau quoi.

Oui bon, ok.

Arrêtez de rire s'il vous plaît. J'suis vraiment sérieux.

Et par je ne sais quel miracle, j'ai enfin oublié Mikasa.

Mikasa s'était cette fille aux origines asiatiques, magnifique, avec qui j'aurai pu vendre corps et âme juste pour qu'elle me remarque. Mais vous vous en doutez... ça n'a pas marché. Elle était définitivement accrochée aux basques d'Eren ( et elle l'est toujours d'ailleurs ). C'est principalement pour ça que je déteste cet enculé d'Eren. Avec ses airs de mec parfait, supérieur et tout...

Il me met hors de moi.

En outre, j'ai décidé de m'attaquer à un autre morceau cette année. Celui de la belle Christa.

Cette fille est juste " l'épouse " parfaite, si j'peux dire. Elle est quelques fois coincée du cul et beaucoup trop serviable avec les gens en mode... ouais, une vraie femme à mariée quoi. Mais c'est la seule fille qui m'intéresse vraiment. À choisir entre Annie, Ymir, Hitch ou encore... Sasha, Christa est le meilleur choix.

- Bah, j'sais pas. J'ai envie d'traîner avec elle cette année, puis -

- Wow, wow. Je t'arrêtes direct, Jean. Réussit à reprendre Conny après avoir franchement rit.

- ... Mec. J'sais pas si ces dernières années t'étais aveugle ou que pendant les vacances t'as complètement perdu la mémoire mais... Ymir still where ! Elle est pas portée disparue, hein.

Ymir c'est celle qui est plutôt garçon manqué et qui traîne vingt quatre heures sur vingt quatre avec Christa. Et vraiment j'exagère pas. C'est limite si Ymir n'habite pas chez elle. Et Conny est juste persuadé que Ymir a, comment dire... un léger faible pour Christa ?

Il est vrai que, moi aussi, j'en suis certain mais... et alors ? Si il ce passait vraiment quelque chose entre elles, ça ferait bien longtemps qu'elles seraient là, entrain d'se rouler des pelles. Puis comme le dit un vieux proverbe, c'est pas parce que il y a un gardien qu'on ne peut pas marquer !

- Qui ne tente rien n'a rien.

Conny remarque vite mon sourire rempli de détresse.

- T'es juste suicidaire mec.

Juste le temps de ricaner que nous voila enfin devant mon lycée pourri.

Oui, bienvenu en enfer.

J'ai toujouuurs étais fan des fanfictions avec Jean et Marco. Deux en particuliers et j'essaye de m'inspirer de celles-ci dans la mienne ( pour les anciens, j'espère que vous reconnaissez ). Cette fiction date quand même de 2015... J'ai décidé d'en refaire une réécriture qui sera plus agréable et espérons le, à long terme.

Merci d'avoir lu !!