Chap. 1 Quand le hasard a son mot à dire
Blanc. Blanc sur blanc. Flocon sur ciel, flocon sur vent, flocon qui tombe. Et au milieu de cette majestieuse tempête se dresse la Congrégation de l'Ombre, fière, haute, dans toute sa splendeur.
Encore plus blancs, les beaux cheveux étincelants d'Allen s'emmêllent dans les branches du sapin.
- Lenalee, tu peux me passer quelques boules argentées silteplait ?
Un immense conifère, que Komui a ramené d'Autriche, est au beau milieu de la cantine – au détriment de Jerry, jaloux que dans ce sanctuaire de la nourriture son petit Allen chéri ne soit pas occupé à déguster des bons petits plats mais à installer les décorations de Noël. D'ailleurs, toute la bande est de service en ce matin du 3 décembre : Lavi est ravi de pouvoir aider Lenalee à déballer guirlandes et petits anges de bois, surtout que pendant que ses mains fouillent les cartons, ses yeux, eux, explorent la ravissante vue qu'offre le décolleté de la jeune fille qui se penche. Aah, crétin de Lavi… Quant à Kanda, les malheureux qui ont osé lui dire d'abandonner ses sobas pour aider à la confection de l'arbre de Noël ne sont plus là pour en parler… Cependant il a accepté, à condition qu'on lui foutte la paix le reste de la journée et que Komui ne le fasse pas rentrer dans une robe de fille pour la pièce de théâtre du réveillon. Maintenant, le voilà à couper avec l'aide de sa belle arme Mugen les épines qui dépassent, à trancher les fils d'or trop longs ou encore à vérifier que Miranda, adroite et pleine de confiance comme elle est – tousse tousse – ne brise pas trop de stalactiques artificiels afin qu'il en reste à pendre au plafond.
Sorti de sa rêverie perverse par l'entrée de Komui, Lavi s'aperçoit du problème d'Allen et propose de l'aider.
- Allen, j'ai une idée !
- J'ai peur.
- Et bien, quel entousiasme ! Ecoute : si je grandis assez mon maillet, on pourra atteindre le sommet et tu poseras l'étoile de cristal sans problème ! Attrape ma main.
- Heu, attend Lavi, à mon avis… AAaaaaAAAAAaAaAAaaaaahhh !...
Cette option aurait pu être intelligente si…Non, définitivement, Lavi est un crétin. Le maillet grandit bien plus vite que prévu, et les deux jeunes hommes sont propulsés dans le ciel… avant que la loi de la gravité ne les rappelle à l'ordre. La scène se passe au ralenti pour le public : tandis qu'une branche bien piquante s'accroche au slip ( bien évidemment blanc avec des petits cœurs rouges, pour accentuer le ridicule) de Lavi et met ainsi fin à sa chute, Allen virevolte quelques instants dans les airs. Puis, quand tout le monde se rend compte avec horreur de ce qui va se passer, il est trop tard. L'ange déchu s'é bol de porcelaine qui se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment se brise en mille morceaux, et les sobas font quelques pirouettes pour terminer, dégoulinantes, sur les murs, ou pire, sur le visage de Kanda transformé par la rage.
Silence.
Re-Silence.
- Tu es mort, Moyashi. Mort.
- Pour la dernière fois, insupportable petit kendoka geignard, ne m'appelle pas Moyashi, répondit Allen d'une voix glaciale tout en se relevant péniblement. Tu sais très bien, en plus, que si tu te retrouve à pleurer tes sobas débiles, c'est uniquement à cause de l'incompétence et l'imbécillité totale de Lavi.
- Moi ? Geignard ? Sobas débiles ?
Chers lecteurs, en raison d'un léger malentendu entre les deux héros, nous préférons prendre en compte les âmes sensibles et couper la séquance en cours.A la place, nous vous passerons quelques images de Iroshima, de tortures utilisées au Moyen-Age contre les sorcières, ou encore de « Massacre à la tronçonneuse », images qui bien entendu ne sont rien par rapport au conflit qui opposes en ce moment même deux figures de la Congrégation de l'Ombre.
Bzzzzzt. Brvvrrrt. Ah, il me semble que l'antenne nous soit rendue. Récapitulons : Kanda et Allen s'affrontent sauvagement (c'est si peu dire). A la même exacte seconde, Komui passe dans le réfectoire avec dans les bras des cartons affichant en grosses lettres rouges « MATIERES DANGEREUSES_A MANIPULER AVEC SOIN ». Il lève un instant les yeux vers le conbat des deux exorcistes et ne voit donc pas qu'il vient de renverser une bonne dose de vert fluo sur le sol. Toujours au même moment, Miranda court dans les couloirs de la Congrégation afin de récupérer des affaires qu'elle avait laissé au pied du sapin. Succession d'évenements anodins. Et pourtant…
Miranda ouvre brusquement les deux battants de la porte et propulse ainsi Allen et Kanda vers les plaques chimiques. Crissements de semelles. Caoutchouc de botte qui glisse. Puis, enfin, magnifique vol plané de la part de notre Kendoka.
Ainsi, si Lavi n'avait pas eu de fausse bonne idée, si Kenda avit posé son bol de sobas autre part, si Reever n'avait pas chargé le Grand Intendant de faire un transfert dans les laboratoires, si la pluie était tombée à peine plus tard pour rappeler à Miranda d'aller cherché son manteau quelques secondes après… Allen et Kanda ne se seraient pas retrouvés l'un sur l'autre, les lèvres liées dans un baiser accidentel.
