J'ai mis du temps à parler de ça à Eren et à lui montrer le livre mais je pense que je ne risquais pas grand chose. Il ne me frappait pas, il savait écouter et j'avais vraiment envie que quelqu'un d'autre sache à propos de l'extérieur. C'est hérétique. Oui. Peut-être qu'on prend des risques. Mes parents sont parfois un peu inquiet et regrettent de m'avoir laissé me mettre de telles idées en tête. Je sais que sortir pourrait permettre aux titans d'entrer. Oui, c'est un risque. Mais il y a des moyens de le faire correctement. Et Eren le dit lui-même, cette décision n'engage que nous.
Lui, il est bien décidé à intégrer l'armée. Moi je ne sais pas. Je veux sortir mais physiquement, pas sûr que je tiendrais dans le bataillon d'exploration. Les soldats doivent maîtriser la manœuvre tridimensionnelle, c'est Eren qui m'a expliqué tout en détail. Ça te donne un corps parfaitement musclé. Un soldat alcoolique nommé Hannes lui en parlé un jour de sobriété. Il surveille Eren et donc moi quand je suis avec lui parce que son père, le docteur Jäger, a soigné sa femme pendant l'épidémie. Ça s'est passé avant qu'on naisse. Hannes n'est pas méchant mais disons que comme la plupart des hommes des murs, il est limité. Je l'aime beaucoup mais il m'énerve vite. C'est la même chose pour Mikasa. Elle me fatigue. Elle ne comprend pas et elle a tendance à materner Eren ce qui m'irrite autant que lui. Parfois, je me demande pour qui elle se prend. Eren ne m'a jamais vraiment expliqué dans quelles circonstances elle en était venue à intégrer sa famille. Ses parents sont morts assassinés mais je n'ai pas eu droit à beaucoup de détails et je n'ose pas demander. Ça les mettrait sans doute mal à l'aise et je ne veux pas les perdre. Je peux survivre seul mais ça ne m'empêche pas de tenir à eux. Surtout à Eren. Il est fort.
Mais moi, je peux m'en sortir seul. Je sais pertinemment que je vaux quelque chose. C'est ce qui me fait tenir debout et refuser l'aide d'Eren quand il me tend la main pour me relever. Je n'ai pas besoin de lui pour me tenir droit.
Je sais que sans lui et Mikasa, mes bleus et coupures seraient encore plus nombreux, peut-être même au point d'inquiéter mes parents d'ailleurs, mais je sais qu'eux, ils n'iraient pas jusqu'à me tuer. Ce ne sont pas des titans, ce sont des garçons idiots, à peine plus grands que moi et même les titans ne m'effraient pas. Un jour je sortirai, je grimperai d'abord sur les murs et je les contemplerai tous ces crétins, puis je passerai de l'autre côté et j'irai plus loin qu'aucun homme des murs n'est jamais allé. Je galoperai jusqu'à l'océan et même au delà, loin des titans. Il n'y a sûrement pas de titans dans l'océan, et je découvrirai d'autres continents et même peut être des hommes qui ne sont pas des hommes des murs. Rien ne dit que ça existe mais ceux qui disent que ça n'existe pas sont les mêmes qui me traitent d'hérétique. C'est parce que je leur fais peur. Parce que je les bouscule. Parce que je les mets mal à l'aise. Parce que je vois plus loin et plus grand. Parce que j'ai raison et qu'ils le savent au fond. Leurs coups me confirment ma justesse.
Même s'ils font quand même mal.
Ma main tremble. Elle tremble malgré moi. Quoi que je fasse. Même quand je la maintiens avec mon autre main.
C'est fini. Cette ville. Tout. C'est fini. Les titans vont nous envahir, déferler. On a cru. Ils ont cru qu'ils étaient à l'abri derrière les murs. Moi je savais. Mais quelque part, je n'y croyais pas tout à fait. Quelque part c'était facile de dire et moins facile de le vivre.
Je ne veux pas mourir.
Je sais que je les mets tous mal à l'aise. Dès que je l'ouvre. Je jette un froid. Mais je m'en fiche. C'est comme ça. Je vais pas me retenir pour épargner leurs sentiments. Les pauvres bébés. Ils ne supportent pas la réalité. Ils m'en veulent. C'est parce que je les gêne. Parce que moi, je vois la vérité en face et je leur balance à la gueule. On veut tous être soldats pour ça souffrir un peu les bizutages et le sale boulot mais vite gravir les échelons et vivre une vie de planqués, à l'aise, en espérant que les murs ne pètent pas avant qu'on ait clamsé en paix parmi ses proches. Faut être réalistes à un moment. Il est impossible que l'humanité l'emporte. En attendant, l'essentiel, c'est de vivre du mieux qu'on peut.
Cet idiot de Marco prétend que lui, il fait ça pour le roi. Il l'a vu une fois, « en vrai », il m'a dit. « En vrai comme je te vois ». Tu m'en diras tant. J'ai vu des images, il a l'air aussi réel que le dieu des murs que les abrutis vénèrent. L'un d'entre eux a abordé ma mère au marché une fois. Elle lui a collé son panier dans la gueule quand il a commencé à être trop insistant. Vrai j'ai jamais autant aimé ma mère que ce jour là. Faudrait que je lui réponde d'ailleurs. Elle m'écrit vraiment trop. C'est pas mon truc. A côté, Marco a un tas de frères et sœurs à Jenna et il leur écrit des lettres à tous. Avec des petits mots gentils. L'idiot. Il ferait mieux de s'entraîner, il est un peu lent. Enfin, il fera pas pire que cet abruti d'Eren. Bon, il a réussi depuis mais l'imbécile s'est bien tapé la honte. « Je vais tuer tous les titans » qu'il disait et il s'est révélé incapable de tenir une seconde en suspension avec les sangles. Sans vouloir me vanter, moi, je m'en suis carrément bien sorti. J'ai juste un peu perdu l'équilibre à un moment parce que je voulais voir comment Mikasa s'en tirait. « Concentration » a beuglé Shadis. Parle pour toi. C'est difficile de rester concentré quand tu fréquentes une fille aussi classe. Ça m'énerve tellement qu'elle soit là à tout le temps coller Eren. Sérieusement. Eren quoi ? Ce type a du gruau à la place du cerveau. Et pourquoi le blond qui ressemble à une fille le suit partout aussi. C'est un crack en classe, lui, il a l'air d'avoir plus les pieds sur terre que monsieur "cœur vaillant mais mes pantalons sont tout mouillés". Qu'est-ce qu'ils foutent ensemble ?
« Ils ont vécu Shiganshina » m'a dit cet idiot de Marco. Ouais. Ils ont vu le titan colossal. Peut-être que sa vision te rend dingue. C'est la seule explication plausible parce que moi, perso, tu me mets face à un monstre pareil je file me planquer au palais. Soyons honnête deux secondes.
C'est pas possible de trouver quelqu'un de sensé dans notre brigade d'entraînement. Annie a l'air plus maligne que les autres, j'aime bien sa manière d'esquiver les entraînements, mais pour l'aborder... Le reste... soit ils sont bêtes comme des chaises façon Conny, soit ils sont trop sérieux façon Reiner... ou Marco tiens. C'est pas que Marco est bête. Il est vraiment bon dans un tas de domaines. Par exemple, moi, je repère toujours les faiblesses des gens. Quand on a des missions en équipe, je me dis toujours : « faudra pas demander à Franz un truc qui nécessite de la vitesse en manœuvre tridimensionnelle il va se manger un arbre » (c'est un exemple, j'en ai plein d'autres des comme ça). Marco, lui, il va plutôt se dire : « si on a besoin de porter des trucs lourds, faudra s'adresser à Franz ». Et en fait ça marche bien mieux comme méthode. Je le sais pertinemment. Parce que les gens sont débiles et incapables d'assumer leurs faiblesses. Faut leur montrer le verre à moitié plein sinon ils paniquent. Ils peuvent pas vivre avec le vide (moi, c'est un peu ma spécialité le vide, je suis un dieu en manœuvre tridimensionnelle. Dommage, je l'utiliserai plus dans les brigades spéciales.) Marco, lui, il voit le plein dans les verres mais ça l'empêche pas de voir le vide sauf que j'ai l'impression qu'il choisit délibérément de l'ignorer et ça m'agace. Après peut-être que je suis trop focalisé sur le vide mais soyons honnêtes, dans la plupart des cas, pour un fond de plein t'as trois quarts de vide. Voilà où l'humanité est rendue et se voiler la face comme ma mère qui continue son marché ou ce crétin d'Eren qui rêve de conquête, c'est plus idiot à ce stade. C'est suicidaire.
C'est le surnom d'Eren d'ailleurs : le fou suicidaire. C'est encore trop gentil je pense.
Je suis fatigué. Vraiment fatigué. Plus encore que quand on devait travailler dans les terres défrichées toute la journée avec la faim au ventre et le souvenir de mes parents disparus.
Au moins, maintenant que je suis là, je ne pense plus à eux. Plus du tout. Ça fait presque peur. Je suis tellement occupé tout le temps. J'ai accès à des textes passionnants, notamment le genre d'ouvrage sur l'extérieur qu'on jugerait hérétiques mais qui font partie de la formation. On me permet même de les emprunter même si, avec l'extinction des feux, je ne peux jamais lire très longtemps le soir.
Je suis faible. Vraiment vraiment faible. Je me maintiens de justesse en équilibre entre deux filins, je traîne la patte quand on court et Mikasa insiste pour se battre avec moi en corps à corps car elle sait que même Eren serait incapable de dominer sa force et me blesserait. Il y a des jours où je résiste et où j'insiste pour combattre avec quelqu'un d'autre. Mais parfois, je suis fatigué de lutter psychologiquement avec Mikasa alors je lutte physiquement avec elle. Du moins, je tente un ersatz de lutte. C'est lamentable. Parfois, les autres ont pitié de moi aussi. Ils insistent pour m'aider. Reiner a dit que c'était me renvoyer la pareille vu que je l'avais aidé en cours d'histoire de stratégie militaire. Je sais qu'il a dit ça pour épargner mon ego. Les gens ont même pitié de mon ego. Je fais vraiment pitié. Mais je tiens. Je ne serai un fardeau pour personne. Je peux me tenir seul debout quoi qu'ils disent. Je suis vivant et si les sangles me laissent de sales marques parce que ma peau est fine comme du parchemin, je sais qu'un jour ça arrêtera de saigner. Peut-être que ça arrivera des mois après les autres mais ça arrivera.
Comme Eren et Mikasa voient que je m'en sors dans la théorie, ils me disent d'en rester là. De finir la formation et de prendre un poste à la garnison où je finirai conseiller stratégique. Quelque chose comme ça. Un truc de planqué. Peut-être que je serai effectivement plus utile là-bas mais c'est tellement égoïste de leur part d'insister. Je n'ai pas vu ma mère mourir en face mais je l'ai vu mourir avec résignation. Et j'ai vu le titan. On est au même niveau et je veux toujours sortir. Je n'ai pas si peur ou du moins je ne suis pas paralysé par elle. Moi aussi je sortirai de l'enceinte des murs.
Peut-être.
J'aimerai en parler à quelqu'un qui ne m'orienterait pas immédiatement vers un poste au calme. Ce n'est pas qu'Eren est bête. Mais il ne comprend pas ce que c'est, le doute. Il le voit tout de suite comme une faiblesse mais je pense qu'une fois que j'aurai dépassé ça, je serai plus fort. Je vais m'endurcir.
Pourquoi a-t-il fallu que ça tombe sur nous ? Que ça tombe aujourd'hui ? Un peu plus et je commençais une nouvelle vie au calme derrière le mur Sina.
J'ai utilisé la mort de deux héroïques idiots pour survivre et entraîner le groupe avec moi. Rien de brave là-dedans. Pourquoi ils m'ont suivi, eux, d'ailleurs ? C'est Mikasa qui nous a entraîné parce qu'il fallait bien faire quelque chose et puis...
Et puis tout s'est enchaîné très vite et je ne sais pas comment j'en suis venu à voir mes camarades déchiquetés sans rien penser d'autre que : bordel, c'est le moment idéal pour agir. Je leur ai dit que c'était trop tard. Cette idiote... Elle a essayé de les sauver et un titan l'a chopée au vol.
Et moi j'en ai profité pour filer.
C'est immonde. Je suis immonde.
Tout le monde pense que je suis un enfoiré. Je le sais. Je ne pensais pas qu'ils avaient raison.
Je pensais que toutes les vies se valaient. Merde. Je pense toujours que toutes les vies se valent même si, clairement, certains en ont plus dans la tête que d'autres. Je n'aurai jamais cru être capable de profiter ainsi de la mort des autres.
Je n'aurai jamais cru qu'on s'en tirerait. Je n'aurai jamais cru que les autres m'écouteraient. Je n'aurai jamais cru possible. Je n'aurai jamais pensé.
Mais trop de facteurs incertains. La « victoire », si tant est qu'on puisse l'appeler ainsi, n'est pas de mon fait. Si Mikasa et Annie n'avaient pas été là pour rattraper Sasha et Conny, on se serait fait manger. Peut-être pas tous mais beaucoup. C'était une victoire collective. J'ai eu une idée. J'ai toujours des idées. Qui suis-je pour les diriger bon sang ? Je suis juste... Je ne sais pas ce que je suis. Vivant, ça c'est sûr. Vivant parce qu'Eren est mort. Par ma faute. Je n'en peux plus qu'on meure à cause de moi. Pas le moment d'être sentimental a dit Mikasa. Parle pour toi. Tu n'as jamais pleuré toi. Jamais eu à lutter pour retenir tes larmes et si tu avais pleuré, ç'aurait été moins grave parce que tu es une fille. Elle a perdu son calme aussi, à voler comme une folle. Elle a failli mourir aussi mais c'est Mikasa. Elle n'a plus peur puisque le pire est déjà arrivé. On n'a même pas le temps de réfléchir à ce deviant qui a surgi au bon moment.
Ça lui va bien de me dire de prendre confiance en moi. Son bras est infaillible même quand elle veut mourir. Son corps ne la lâche jamais.
Moi, malgré la mort d'Eren, je veux toujours vivre alors que je ne suis rien. Son bras a giclé, tranché net. Moi je l'ai senti aussi. La chaleur moite et la force irrépressible de sa bouche sur moi. Il a disparu là-dedans. J'aurai dû. Mais rien ! Rien ! Je n'aurai jamais été capable de faire quoi que ce soit.
Il est vivant.
Nom de dieu. De tous les crétins candidats à la résurrection, il a fallu que ce soit Eren qui gagne le gros lot.
S'ils pensent qu'ils vont garder ça secret les gradés, ils se mettent le doigt dans l'œil jusqu'au coccyx. Il est sorti d'un titan. Tu parles d'une renaissance. Il le contrôlait alors, ce titan ? Il était techniquement plus efficace comme ça qu'avec ses lames. Il s'est fait bouffer après trois minutes sous forme humaine. Armin nous l'a lâché en chialant ses tripes. Il l'a dit de façon formelle. Militaire jusqu'au bout. C'est absurde.
Ceci dit, le gamin est moins débile qu'il n'en a l'air. Il avait beau suivre Eren partout, il a un cerveau et il sait s'en servir. On s'en serait pas tirés sans lui. Après, qui sait combien de temps on a gagné avec ce semblant de « victoire ». Si les fous suicidaires se changent en titan, qui nous dit que ce ne sera pas bientôt notre sort à tous ? Sérieusement, est-ce qu'il le savait, qu'il pouvait faire ça ?
Tellement de trucs à penser. Je réclamerai presque un peu d'action.
En face, ces crétins de Daz et Sasha se donnent en spectacle. Un peu de décence, ce serait trop demander ? Marco essaie de tempérer. Comme d'habitude.
Bordel Marco, est-ce qu'à un moment tu arrêteras d'être parfait ?
Bon sang qu'est-ce qui se passe ?
Pourquoi est-ce que je me rappelle de tout ça maintenant ?
Eren qui fonce, Mikasa qui frappe avec précision pour me sauver. Moi. Moi ? En quoi je mérite d'être sauvé ?
Pourquoi est-ce que je me rappelle de tout ça ? Maintenant ?
Finalement, jusqu'au bout, je n'aurai été rien d'autre que... Rien... rien d'autre qu'un lâche.
J'ai perdu le compte du nombre de fois où ils m'ont sauvé et est-ce que je leur ai rendu la pareille rien qu'une fois ?
Sérieusement qu'est-ce qui se passe ?
De la fumée qui se dissipe, sa chaleur parvient jusqu'à nous, et cette énorme carcasse improbable. Un titan. Un demi titan. Ici. Sorti de nulle part. Les titans n'apparaissent pas comme ça quand on veut. C'est Eren.
C'est Armin qui sort de la brume en courant et vient se planter devant les soldats. Armin ?
Est-ce que...
C'était moi. Rien que moi qui pensais que j'étais un fardeau.
Pendant tout ce temps.
Eux n'ont jamais pensé ça.
Je peux.
Et si je ne peux pas, je mourrai en essayant.
Ma main tremble. Elle tremble malgré moi. Quoi que je fasse. Même quand je la maintiens avec mon autre main.
Marco est mort et je ne sais pas de quel bout de corps vient le fragment que je serre dans mon poing. Marco est mort sans personne pour le regarder, sans personne pour témoigner, sans personne... Marco n'est plus rien. Il ne servira pas le roi qui le faisait tant rêver, cet idiot. Il le vénérait et aurait pu mourir pour lui.
Je ne veux pas mourir.
Qu'est-ce que je peux faire maintenant ?
Je suis seul. Il était le seul à traîner avec moi. Cet idiot de Marco. Les autres sont rassemblés en groupe, un peu plus loin. Moi je suis seul avec cette merde. Je suis faible. Marco le savait mais même ça, il le voyait comme quelque chose de bien. Je suis faible donc je pourrai les diriger parce que je comprends. C'était tiré par les cheveux son raisonnement.
Saint Marco, avec ton cadavre à moitié vide, grimaçant comme un titan, tu avais enfin l'air imparfait.
Entre tous il a fallu que ce soit toi. T'étais le seul à pouvoir me sentir.
Je ne veux pas pleurer et en même temps, je voudrais pleurer plus.
Qu'est-ce que je peux faire maintenant ?
Tes paroles tournent en boucle, comme si tu me le disais maintenant encore. C'est débile. Je pensais pas que je m'en rappelais aussi bien. Je pensais pas que ça aurait de l'importance.
« Tu n'es pas fort et du coup tu comprends très bien ce que ressentent les faibles. Comme tu es très perspicace pour jauger les situations, tu sais toujours exactement quelle est la réaction adéquate à adopter. »
La réaction adéquate...
Même Jean va s'engager dans le bataillon d'exploration.
Même Jean ?
A bien y réfléchir il y aura sans doute plus sa place que moi et ses capacités seraient mieux mises à profit que dans les brigades spéciales où l'usage de la manœuvre tridimensionnelle est limitée. C'est Annie qui a pointé ce paradoxe une fois. Eren m'en a parlé. Il en était retourné. Oui, Eren, la plupart de nos camarades apprenaient à survivre face aux titans pour avoir le privilège de les éviter. On ne force personne à intégrer le bataillon d'exploration.
Annie nous demande si on obéirait si on nous dit de mourir. Je n'ai pas à réfléchir. Je sais maintenant. Je sais parce que je l'ai déjà vécu. J'ai été paralysé une fois mais ça n'arrivera plus. Je peux me tenir seul debout.
« Si je sais pourquoi je dois mourir, je mourrai. »
Elle me dit que je suis faible mais que j'ai du cran. Je suis faible oui, mais ça, c'est indubitablement un compliment.
Merde.
Il faut tenir. Allez. Je me déteste assez comme ça. Pas la peine d'en rajouter.
Putain.
Dans quel merdier je me suis fourré.
Ils sont restés. Même Jean.
Ma main tremble encore.
Note d'intention : En écrivant une fic AU et en faisant pas mal de fanarts Jearmin (ouais... j'aime les noms de ship) qui est devenu progressivement mon OTP sissi alors que jusqu'à cet été j'étais très Jearco, j'en suis venue à faire un max de relectures du manga, que ce soit avec les scans anglais ou les tomes français qui ont, au passage, une traduction de bonne facture avec des dialogues très naturels (je me base pas mal dessus quand je cite le manga même si les nécessité de la langue françaises/anglaises font fluctuer le sens de certaines phrases et dans ce cas je remanie un peu)
Bref... j'en suis venue à très très bien connaître le parcours de Jean et Armin (qui n'est pas le même que dans l'anime d'ailleurs, je trouve que l'anime en rajoute un peu sur le côté fragile d'Armin qui est frêle mais a quand même plus d'aplomb dans le manga et Jean... Jean est un peu trop lisse dans l'anime et ils en ont un peu rajouté sur sa relation avec Marco et son crush sur Mikasa. Ce sont des choix qui se tiennent mais j'ai hâte de voir ce que donnera la saison 2 qui adaptera des passages très Jearminocentrés, j'espère qu'ils ne les atténueront pas !)
Et du coup j'avais envie d'écrire une fanfic qui me lance un défi sur la forme parce que je n'écris quasiment jamais à la première personne et au présent, et sur le fond parce que je la voulais la plus canon possible. Le sujet c'est leur relation et les parallèles qu'on peut faire entre ces deux personnages qui se ressemblent beaucoup et font beaucoup échos au vécu de l'auteur lui-même (j'ai aussi lu un max sur Isayama ahah, j'ai fait mes devoirs). Il les décrit surtout comme les deux personnages les plus humains et je suis bien d'accord. Leur évolution est très intéressante et je suis même fan de la tronche de cake de Jean une case sur deux et des expressions de psychopathe d'Armin qui n'a rien d'un shota.
Les premiers chapitres seront extrêmement fidèles au canon mais à partir du 3, je commencerai à intégrer des éléments originaux sur l'avancée de leur relation. Brace yourself, après l'Angst, le fluff contrattaquera avec force joyeuseté !
