Note de l'Auteur : Me revoilà (enfin !) avec une suite à ma fic précédente, à savoir "Maux d'Amour".
Merci à tout ceux qui me laisse des commentaires et surtout à ma Sunny Sushi, ma BFF, ma... Vous aurez compris : ma Muse.
Le crédit de cette histoire revient à Maya, qui m'en a soufflé le thème principal ! :) Je posterais un chapitre par semaine, le mercredi soir !
Enjoy ! (Et non, je ne possède toujours rien de NCIS, mais j'aimerai beaucoup qu'on me revende Jen... )
PROLOGUE (fin de l'épisode précédent)
'...I want to hold you but my senses tell me to stop...' ALICE COOPER, Poison
Mardi, 18h45, Hôpital de Washington,
Gibbs avait mis un bon quart d'heure avant de rentrer dans sa chambre.
Quinze minutes qu'il avait passé à se demander si c'était une bonne idée d'être venu. D'un autre côté, elle avait été là quand lui-même s'était retrouvé allongé sur un lit d'hôpital.
Ce fut seulement quand l'infirmière, qui passait dans le couloir pour la troisième fois, et Melvin, son garde du corps aussi fidèle qu'un Saint-bernard, lui jetèrent un regard de travers qu'il se décida à rentrer dans la chambre.
Il avait peur de la trouver endormie mais elle tourna la tête vers lui en l'entendant pénétrer dans la pièce.
« Bonsoir Jen. »
Elle lui sourit.
« Jethro. » murmura-t-elle. « Je suppose que tu es venu m'expliquer un peu plus en détails ce que je fais dans ce lit d'hôpital ? »
« Tu t'es fait tirée dessus. »
« Mais encore ? »
« Si tu veux la version longue, il y en a pour un moment… »
« Tu es pressé ? »
« Non, Jen, j'ai tout mon temps. » Il vint s'assoir sur le bord du lit. « Comment te sens-tu ? » demanda-t-il d'un air concerné.
« Comme quelqu'un qui s'est pris une balle dans l'épaule ! » ironisa-t-elle.
Il la regarda, l'air grave.
« Plutôt bien, en fait. Si le chirurgien n'avait pas exigé que je reste cette nuit, je t'assure que je ne serais déjà plus là ! » ajouta-t-elle plus sérieusement.
« Tu as perdu beaucoup de sang, Jen. Un peu de repos en plus ne te fera pas de mal… »
« Oh ? Et c'est toi qui me dis ça ? Monsieur je-me-soigne-avec-un-verre-de-bourbon et c'est reparti ? »
Il haussa les épaules sans relever le sarcasme.
« Juste une nuit, ça n'est pas si long. »
«Hum ? Ça dépend de ce qu'on en fait… »
Gibbs l'observa un instant.
Ils étaient proches. Très proches.
Il laissa son regard glisser sur le visage de Jen jusqu'à ses lèvres entrouvertes…
Définitivement pas une bonne idée.
« Tu m'as fait peur, tu sais, Jen… » murmura-t-il en se penchant un peu plus vers elle.
« Ça n'était pas intentionnel, cette fois… » chuchota-t-elle, sans détacher son regard des yeux bleus de Gibbs.
Il posa ses lèvres sur les siennes, doucement, et il sentit qu'elle répondait à son baiser. Il se fit plus alors plus exigeant, l'attirant à lui jusqu'à ce que l'espace qui les séparait encore soit réduit au maximum. Il laissa descendre sa main dans le dos de Jen jusqu'au creux de ses reins avant d'interrompre leur étreinte le temps qu'ils reprennent leurs souffles. Il commença à l'embrasser dans le cou, descendant le long de la clavicule.
Elle se mordit la lèvre inférieure pour se retenir de gémir.
C'est à ce moment précis que l'infirmière entra sans ménagement dans la pièce.
Ils se séparèrent instantanément.
Il fallut quelques secondes à l'infirmière, sous le choc et ayant pris une teinte tirant sur le rouge pivoine, pour s'excuser et quitter la pièce précipitamment en balbutiant des excuses.
C'est également le temps qu'il fallut à Jen pour prendre conscience de ce qu'il venait de se passer. Que ce qu'elle avait voulu à tout prix éviter venait de se produire. Il avait fallu qu'il fiche tout en l'air, comme toujours.
Gibbs se rendit compte qu'elle cherchait délibérément à esquiver son regard. Ce qui signifiait toujours chez elle qu'elle avait quelque chose d'absolument injuste à lui reprocher.
Le silence se prolongea encore un instant.
« Pourquoi as-tu fait ça ? » finit elle par demander, glaciale.
Il resta un instant sans voix devant tant de mauvaise foi.
« Parce que tu le voulais ? » répondit-il sèchement, se levant brusquement.
« Non. » mentit-elle en détournant les yeux.
Il lui jeta un regard furibond.
« Qui est ce que tu essayes de convaincre, là, Jen ? Toi ou moi ? »
« Ça n'aurait jamais du arriver. »
« Il fallait penser à ça il y a dix ans, Jen. C'est un peu tard, maintenant, non ? »
« Tu ne peux pas laisser une bonne fois pour toute le passé là où il est, Jethro ? »
Ils s'observèrent en silence pendant un instant avant que Gibbs ne quitte la pièce, hors de lui, à la fois furieux contre elle, et contre lui. Il avait oublié qu'elle était capable de produire cet effet là sur lui, et la piqûre de rappel était douloureuse.
Mercredi, 1h57, quelque part dans un bar de Norfolk,
Le barman refusa de le servir encore une fois.
De toute façon, le bar allait fermer.
L'homme se leva péniblement et attrapa par la hanche la fille rousse, à l'allure délurée, qui avait passé avec lui une partie de la soirée.
Ils quittèrent le bar ensemble, sous le regard du barman, probablement pour finir la soirée ailleurs.
L'employé haussa les épaules, indifférent, et ajouta machinalement la note que l'homme venait de régler par-dessus les autres.
Une note signée 'L. J. Gibbs.'
CHAPITRE 1.
'...there's no blood, there's no alibi...' LINKIN PARK, What I've Done,
Mercredi, 8h02, Intérieur d'un bureau,
Au moment où l'agent Fornell eut fini de prendre connaissance du dossier rédigé à la hâte par les agents de la Crim' de Washington, un soupir lui échappa.
Pourtant, le dossier qu'il avait sous les yeux paraissait on ne peut plus simple. Presque ennuyeux.
Il se leva.
Il n'était pas encore huit heures du matin quand le téléphone avait retenti pour l'avertir qu'un agent fédéral était accusé de meurtre. Rien qu'avec cette information, il avait senti les problèmes arriver à grands pas. Quand on lui avait précisé qu'il s'agissait d'un agent du NCIS, il avait compris immédiatement qu'il ne s'était pas trompé. Et quand on lui avait annoncé le nom de l'agent en question, il avait senti son vieil ulcère à l'estomac se réveiller. Les jours à venir allaient être longs. Mais certainement pas ennuyeux.
Il fit les cent pas devant son bureau, réfléchissant à la meilleure attitude à adopter pour le moment. Prévenir aussitôt le NCIS ? Il crut déjà voir la jeune gothique qui s'occupait de leur labo accrochée à la porte menant aux cellules jusqu'à ce quelqu'un daigne lui ouvrir. Ou la petite du Mossad le regarder avec la mort au fond des yeux. Ou pire, l'agent DiNozzo tentant bêtement de faire évader son mentor. Il secoua la tête. Mieux valait attendre un petit peu. Ils risquaient juste de compliquer les choses, et, à son avis, les choses étaient déjà bien assez compliquées comme ça pour leur patron.
Il reprit le dossier, en relut quelques lignes. Ça ne se présentait pas bien du tout. N'importe qui d'autre que lui aurait déjà classé l'affaire et fait déférer le prévenu. D'ailleurs, il allait sûrement encore s'attirer des ennuis : l'intime conviction n'était pas une preuve très convaincante aux yeux de son directeur. Surtout quand vous partagiez la même ex-femme que le suspect, ce qui pouvait quand même être considéré comme un conflit d'intérêt.
Il soupira de nouveau. Reposa le dossier. Le reprit. Il était clair qu'il n'y aurait pas d'enquête plus approfondie. A moins que quelqu'un ne le veuille vraiment. Il savait ce qu'il lui restait à faire. Il jeta le dossier sur une des chaises, ouvrit la porte de son bureau et appela ses agents.
« L'agent Gibbs a été transféré ici ? » s'enquit-il.
« Oui, chef. Il est en bas… »
Le jeune agent qui avait répondu observait Fornell.
« Un problème, Corelli ? »
« Non… Mais… Vous pensez vraiment que l'agent Gibbs n'est pas coupable ? » demanda le dénommé Corelli, inquisiteur. Il avait visiblement lu le dossier avant de le confier à son patron.
« Je ne pense pas, j'en suis sûr.» répondit brusquement Fornell devant l'air suspicieux de son agent. «Et nous le prouverons. Alors, au travail, je veux que vous obteniez tout ce que la Crim' a récupéré chez la victime. Et par la même occasion, je veux plus d'infos sur ladite victime. Vite. » ordonna-t-il.
« On ne va pas interroger le suspect ? » s'étonna Mary, la plus jeune de l'équipe de Fornell et la plus récemment arrivée.
Corelli eut un léger rire. « Interroger l'agent Gibbs ? On voit que tu es nouvelle…Il est… » Mais un regard de Fornell le fit taire sur le champ. « Au travail, c'est noté, patron… »
« C'est moi qui vais aller interroger Gibbs. Et quand je reviens, je veux que tout ce que j'ai demandé soit sur mon bureau. Reçu ? »
« 5 sur 5 ! » claironna Corelli, déjà en ligne avec la police de Washington.
Mary regarda s'éloigner Fornell, l'air intrigué. Elle se demandait qui pouvait bien être l'agent Gibbs pour que son patron se donne autant de mal pour lui. Elle se promit de demander à l'agent Corelli de lui raconter ce qu'il s'était retenu de dire quelques secondes auparavant.
Gibbs se redressa péniblement du banc inconfortable sur lequel il était étendu en entendant la serrure de la porte cliqueter. L'agent qui gardait la porte de l'extérieur entra et s'effaça pour laisser pénétrer Fornell avant de refermer la porte derrière lui. Fornell s'approcha de la cellule et tendit un des deux cafés qu'il tenait dans les mains à l'agent du NCIS.
« J'ai pensé que tu pourrais avoir besoin de ça. » expliqua-t-il avec un léger sourire ironique avant de se détourner pour attraper une des chaises posées contre le mur. Il s'assit en face de Gibbs. Les deux agents restèrent un instant silencieux, appréciant leurs cafés.
Le perspicace agent du FBI profita de ce moment de quiétude pour observer son homologue du NCIS. Celui-ci portait l'uniforme orange fourni par la police de Washington, ses vêtements lui ayant probablement été retirés pour de plus amples investigations. Et clairement, l'orange n'était pas la couleur qui lui seyait le mieux. Il était pâle et avait les traits tirés et les yeux rougis de quelqu'un qui a peu dormi. Sans compter le coquard qui bleuissait sur sa pommette gauche et qui indiquait clairement qu'il était entré en collision avec le poing de quelqu'un d'autre, les traces sur ses mains indiquant,elles, qu'il n'avait pas vraiment dû se laisser faire.
Gibbs dut sentir qu'il était observé car il releva soudain la tête et fixa à son tour Fornell.
« Je ne voudrais surtout pas remuer le couteau dans la plaie, Jethro, mais je t'ai connu plus en forme. » fit remarquer Fornell.
Pour toute réponse, Gibbs se contenta de lui adresser une œillade noire.
« Qu'est ce qui s'est passé, Jethro ? » finit par demander l'agent du FBI après un nouveau silence.
Gibbs haussa vaguement les épaules sans répondre. Mais Fornell était du genre obstiné et il ne se laisserait surement pas décourager pour si peu.
« Que faisais-tu dans ce bar, pour commencer ? » insista-t-il.
« Mauvaise journée. »
« Oh, je t'en prie. On a tous déjà eu des journées exécrables, on les a même parfois vécues ensemble. Je sais comment tu aimes à finir ces journées là. Et ce n'est certainement pas dans un bar. Alors pourquoi hier soir a-t-il été si différent ? » Fornell savait qu'il poussait un peu loin, mais il tenait absolument à comprendre.
« Pour des raisons qui n'ont rien à voir avec l'affaire, Tobias. » répondit Gibbs, doucement, mais d'un ton qui indiquait clairement que c'était la fin de la discussion à ce sujet.
« J'en conclus que tu vas finalement accepter de parler de ce qui s'est passé après cette mauvaise journée ? » demanda Fornell d'un ton légèrement sarcastique.
Gibbs se leva brusquement de son banc avant de commencer à répondre.
« J'étais dans ce bar et il y avait cette fille… Ensuite… » Il s'interrompit, comme perdu dans ses pensées. Fornell décida de lui venir en aide.
« Ensuite, vous avez quitté le bar ensemble ? Quel bar était-ce, d'ailleurs ? »
Gibbs resta silencieux encore un instant.
« Je ne sais pas, Tobias. Je ne me rappelle même pas avoir quitté ce bar, ni comment. Tout ce dont je me rappelle après, c'est… Que nous étions chez elle. Dans sa chambre. » Le regard qu'il lança à cet instant à Fornell était suffisamment explicite pour le dissuader de demander davantage de détails, dont, de toute façon, l'agent du FBI préférait nettement se passer.
« Et, à ce moment là, elle était bien vivante ? » demanda-t-il, oscillant entre sérieux et ironie.
Gibbs lui décocha un regard furieux.
« Bien sûr que oui ! »
« Et quelle heure était-il, à peu près ? »
« Je n'avais pas vraiment les yeux sur le réveil, Tobias. »
« Non, bien sur… J'imagine bien ! Que s'est il passé, après heu… Hum, après ? »
« Après, j'ai été réveillé par un cri… Quelqu'un qui appelait… » Il ferma les yeux un instant, se remémorant la porte de la chambre qui s'était ouverte à la volée, laissant entrer un jeune homme portant un lourd sac à l'épaule. Gibbs avait vu le sourire du jeune homme se figer brutalement de stupeur, puis la colère se dessiner sur chacun des traits de son visage. Le sac était tombé à terre avec un bruit mat qui avait résonné douloureusement dans sa tête. Il se rappelait qu'il était totalement désorienté, incapable d'expliquer sa présence dans cette chambre. C'est à ce moment-là qu'il avait réalisé qu'il ne portait rien sur lui en dehors du drap rose qui le recouvrait. Il avait parcouru la chambre du regard à la recherche d'indices qui pourraient le renseigner sur ce qu'il pouvait bien faire là. Ses yeux s'étaient alors posés sur la forme immobile étendue à côté de lui, elle aussi en grande partie recouverte par le drap rose. La jeune femme –elle pouvait avoir à peine une vingtaine d'années- était allongée sur le dos, la tête légèrement tournée sur la droite, les yeux grands ouverts. Morte. Il avait fallu quelques secondes pour que l'entière réalisation de ce que pouvait impliquer cette information franchisse son cerveau encore brumeux. Mais avant qu'il ait pu esquisser le moindre geste, le jeune homme était revenu de sa stupeur et lui avait sauté dessus avec un cri de rage.
« Jethro ? » intervint soudain Fornell, qui commençait à s'inquiéter du silence prolongé de son interlocuteur, tirant brutalement Gibbs de ses pensées.
« Il y a un jeune homme qui est entré dans la pièce. Et cette fille… Elle était morte… » Il revit ses grands yeux gris ouverts sur l'éternité et les traces violacées qui marquaient son cou pâle. « …Etranglée. Puis, il s'est jeté sur moi, on s'est battu… Une autre jeune femme est arrivée, il lui a demandé d'appeler la police… » Il s'interrompit. « Tu connais la suite, Tobias. »
« Et, entre le moment où… ah hum… et le moment où ce jeune homme est entré, tu ne te souviens de rien ? » demanda Fornell.
« Non. » répondit sèchement Gibbs.
Fornell connaissait suffisamment bien l'ancien marin pour savoir que l'irritation qui perçait dans sa voix ne lui était pas destinée. Gibbs s'en voulait de ne pas réussir à se rappeler ce qui avait pu se passer au cours de la nuit.
« Tu avais déjà rencontré cette fille auparavant ? » interrogea Fornell.
« Non. »
« Tu te souviens de son nom ? »
Silence.
« Un détail qui t'aurait paru important ? »
« NON ! » Gibbs était clairement agacé, désormais. « Non, Tobias, aucun détail ne m'a paru important en dehors du fait que hier, cette fille était en vie et que ce matin, elle était morte ! »
« Je suis là pour t'aider, Jethro. » rappela calmement Fornell.
« Justement ! Tu n'aurais pas un autre suspect à interroger par hasard ? »
Fornell soupira, mais décida de répondre honnêtement.
« Non, malheureusement. »
« Alors, trouves-en un ! »
« C'est ce que mes agents étaient censés faire pendant que… Que nous discutions. J'ose espérer qu'ils ont pris leur tâche à cœur ! » Il se leva et s'approcha de la porte. S'arrêta pour faire de nouveau face à l'agent du NCIS qui l'observait depuis sa cellule. « Ça ne se présente pas très bien, Jethro. » ajouta-t-il, gravement.
Gibbs resta silencieux un court instant.
« Je n'ai pas tué cette fille, Tobias. »
« Je sais, ça. » répliqua Fornell en quittant la pièce.
Les agents de Fornell avaient bien travaillé. Même, trop bien travaillé.
« Comment ? » s'exclama Fornell, abasourdi. « Ce n'est pas possible ! »
Mary afficha le portrait de la jeune femme sur l'écran.
« Si. Caroline Stevenson, notre victime, est bel et bien la fille du député Stevenson. »
« Merveilleux. Il y a pire ? » demanda-t-il devant la tête contrite de l'agent Corelli.
« Deux témoins ont formellement identifié l'agent Gibbs. Aucune trace d'effraction et la porte était fermée quand Jason McBride –le fiancé de la victime- est arrivé ce matin-là et qu'il la découverte… »
« Cause du décès ? »
« Selon la première estimation, elle a été étranglée. L'autopsie n'a pas encore eu lieu, mais je leur ai dit que nous nous occupions de tout à partir de maintenant. J'ai déjà prévenu notre médecin légiste. »
« Et pour la scène de crime ? »
« Tout est au labo, plus les comptes-rendus de la police, avec les notes et les photos, sur votre bureau, agent Fornell. » répondit Corelli. « Je ne pense pas que leurs conclusions seront à votre goût… » ajouta-t-il tandis que son patron pénétrait dans son bureau et claquait la porte.
« Qu'est ce qu'il va faire ? » s'étonna Mary, désarçonnée par l'attitude de Fornell.
Corelli haussa les épaules.
« Sûrement prévenir le NCIS, et surtout les agents qui travaillent sous les ordres de l'agent Gibbs… »
« Tu les connais ? »
« Oui. Et quelque chose me dit que tu ne vas pas tarder à faire leur connaissance, toi aussi. » répondit-il, avec un sourire.
Fornell fixait le téléphone depuis 5 bonnes minutes sans parvenir à se décider à en décrocher le combiné. Il avait pourtant une longue expérience dans l'art de s'immiscer dans les affaires des autres agences fédérales, en particulier, dans celles du NCIS. Mais là, c'était quand même différent. Parce qu'il s'agissait de Gibbs, grand Dieu ! Est-ce que l'on pouvait considérer que cette fois, c'était pire que lorsque l'agent DiNozzo avait été inculpé pour avoir tué et démembré une femme ? Au moins, Caroline Stevenson avait été retrouvée entière, elle. C'était déjà ça. Et pire que l'assassinat de René Benoit ? Accuser de meurtre le directeur du NCIS avait déjà été suffisamment inconfortable comme situation. Sans parler de l'enquête interne qui avait suivi. Et dire qu'il avait cru qu'avec ça, ils avaient atteint une limite ! Visiblement, il s'était trompé. 'Ne jamais sous-estimer le NCIS' ironisa-t-il pour lui-même. Maudissant les affaires internes –toujours tordues- de l'agence fédérale, dans lesquelles il se retrouvait embringué bien malgré lui encore une fois, il composa rapidement le numéro du secrétariat de la Directrice du NCIS. Il envisageait sérieusement de le mettre en touche mémoire, histoire de gagner du temps, la prochaine fois.
Mercredi, 9h03, Open Space du NCIS,
Assis derrière son bureau, Tony faisait tourner et retourner une boulette de papier entre ses doigts, attendant le moment idéal pour la jeter sur sa coéquipière assise en face de lui et qui ne lui prêtait pas la moindre attention. Enfin, après avoir bien vérifié qu'il ne risquait pas d'être vu, il se décida à lancer son projectile.
Ziva ne releva même pas les yeux du dossier qu'elle était en train de lire. Elle rattrapa la petite sphère de papier avec sa main droite avant de la jeter négligemment dans la poubelle, tout en songeant qu'il serait grand temps que Tony envisage de renouveler ses infantilismes. Ça devenait lassant. Elle continua sa lecture, savourant le silence qui régnait dans la pièce.
« Zee-vaaah ! » appela soudain l'exaspérant personnage qui lui servait de collègue.
Elle feignit de n'avoir rien entendu, espérant qu'il allait se lasser et la laisser tranquille, tout en sachant pertinemment que c'était peine perdue.
« Ziva ! » s'exclama Tony, un peu plus fort.
Elle reposa brutalement le dossier sur son bureau.
« Quoi ! Qu'est ce qu'il y a, Tony ! »
« Tu ne trouves pas que c'est un peu trop calme, ici ? »
Elle le regarda d'un air ahuri. « Heu… ? »
« D'habitude, dès que je fais ce genre de bêtises… » Il jeta une seconde boulette de papier qui manqua Ziva d'un bon mètre. « … Gibbs arrive, me frappe et nous ordonne de nous mettre au travail vite fait. Mais ce matin, rien. Tu ne trouves pas que c'est bizarre qu'il ne soit pas encore là ? »
Elle le scruta pour savoir s'il était sérieux. Il avait l'air. Elle haussa les épaules. « Je ne sais pas, Tony. » C'est vrai que maintenant qu'il le lui faisait remarquer, elle trouvait incongrue que la chaise de Gibbs soit encore vide à cette heure-ci. « Tu as peut-être raison. » finit-t-elle par répondre.
McGee sortit de l'ascenseur sur ces entrefaites, essoufflé.
« Pardon, Boss, mais j'ai… » Il s'interrompit, étonné de ne pas voir Gibbs le fixant d'un regard sévère. Il se tourna vers Tony. « Bah, où est Gibbs ? »
Tony jeta de nouveau un regard vers Ziva. Après une seconde, ils plongèrent tous les deux sur leurs téléphones portables respectifs. Ziva fut la plus rapide. Avec un sourire de triomphe adressé à Tony, elle composa le numéro de leur patron. Tony ramassa un trombone qui trainait sur son bureau et le jeta à la jolie brune qui l'évita en se penchant un peu sur la droite. Elle lui répondit par un sourire encore plus large, puis détourna son attention de lui pour se concentrer sur le téléphone. Après quelques secondes, elle raccrocha brusquement. « Répondeur. Ça devient inquiétant… » expliqua-t-elle aux deux agents qui l'observaient.
« Peut-être qu'il ne veut tout simplement pas te parler ! » railla Tony, sans parvenir toutefois à masquer complètement la perplexité qui perçait dans sa voix. Ça ne ressemblait pas à Gibbs d'être en retard, encore moins de ne pas répondre à l'appel d'un de ses agents.
« Tu n'as qu'à essayer alors ! » rétorqua Ziva.
Il n'avait pas attendu qu'elle le lui propose, il avait déjà appuyé sur la touche mémoire 2 de son téléphone. Mais il n'eut pas plus de succès qu'elle.
Les trois agents échangèrent un regard soucieux. Tony leva les yeux vers le MTAC et le bureau du directeur du NCIS.
« N'y songe même pas, Tony ! »
« A quoi, Ziva ? » répondit-t-il en prenant un air innocent.
« Tu veux utiliser le téléphone du bureau de Jenny pour voir s'il décroche en reconnaissant le numéro du Directeur ! Et je te dis : n'y songe même pas ! »
« Pourquoi pas ? De toute façon, Jenny n'est même pas encore arrivée et… » Il s'interrompit brutalement.
« Quoi ? »
Il lui fit un grand sourire. Réalisant ce à quoi il pensait, elle leva les yeux au ciel. « Oh, Tony, je t'en prie. Elle n'est pas arrivée parce qu'elle est à l'hôpital, tu te souviens ? »
« Était. » intervint soudain McGee en désignant l'ascenseur d'un signe de tête.
Ses deux compagnons tournèrent rapidement la tête pour voir leur directrice approcher. Sans tenir compte du regard désapprobateur que Ziva lui lançait, Tony se précipita à sa rencontre.
« Bonjour, madame le Directeur. »
Surprise, elle l'examina un instant avant de répondre à son salut. Quand il prenait ce ton cérémonieux, ça signifiait en général qu'il avait une idée idiote derrière la tête.
« Comment vous sentez vous ce matin ? » continua-t-il, toujours sur le même ton.
« Bien mieux, je vous remercie, agent DiNozzo. »
Elle commençait à se demander où il voulait en venir.
« Tant mieux. Le médecin nous avait promis qu'il suffirait d'une bonne nuit de repos et qu'il n'y paraitrait plus. »
Dans son dos, Ziva secoua la tête, consternée.
« Vous pouvez constater qu'il ne vous a pas menti, alors, agent DiNozzo… Ce sera tout ? »
« Heu… Non. Est-ce que par hasard vous sauriez où est Gibbs ? » Elle resta un instant sans voix. « C'est à cause de Ziva et McGee, qui s'inquiètent qu'il ne soit pas encore là. » ajouta-t-il.
« Non, je ne sais pas où est l'agent Gibbs, DiNozzo ! » répondit Jen un peu trop vivement, ce qui n'échappa pas à la perspicacité de Ziva. « Mais c'est un grand garçon, je pense qu'il retrouvera le chemin de l'agence tout seul. Maintenant, si ça ne vous ennuie pas, j'ai du travail. Et je pense que vous aussi. »
Elle s'éloigna, laissant Tony interdit.
« Superbe, Tony. Tout en subtilité, comme toujours ! » ricana Ziva.
« Mais ? Qu'est ce que j'ai dit ? » s'étonna-t-il, pensif.
Ziva ne répondit pas. En revanche, elle lui donna un violent coup de poing dans le bras.
« Aïeuh ! Non mais ça va pas ? Qu'est ce qui te prend ? » s'écria-t-il.
« Ziva s'inquiète, hein ? » Elle lui donna une seconde estocade. Il se réfugia derrière son bureau et lui jeta un second trombone qui la frappa en plein front.
« Touché ! » triompha-t-il.
Elle attrapa l'agrafeuse qui se trouvait dans son tiroir.
« Ne m'oblige pas à en arriver là, Tony… » siffla-t-elle, menaçante.
Fornell se demandait s'il devait rire, ou pleurer. Après s'être finalement décidé à contacter le NCIS, voilà que la secrétaire lui apprenait que la directrice du NCIS n'était pas encore arrivée. Parce qu'elle avait été victime d'une tentative de meurtre la veille. Merveilleux. Jennifer Shepard avait déjà un sacré caractère en temps normal, alors après une tentative de meurtre… Il poussa ce qui lui sembla être son millième soupir de la journée.
« Très bien, dîtes lui qu'il faut qu'elle me rappelle dès son arrivée. Et dîtes lui que c'est vraiment important ! »
« Je vous le promets, agent Fornell… Oh ! » s'exclama-t-elle alors qu'il allait raccrocher. « Vous avez de la chance, Madame le Directeur vient d'arriver ! »
'De la chance… Tout dépend du point de vue où on se place…' songea l'agent du FBI avant de répondre. « Excellent. Passez la moi. »
« Très bien. Un instant, agent Fornell, je vous prie. » Elle posa le combiné et prit le courrier du jour adressé au directeur du NCIS avant de suivre Jenny qui venait d'entrer dans son bureau.
« Bonjour Madame. » Elle posa le courrier sur le bureau. « Vous allez bien ? » demanda-t-elle avec sollicitude.
« On ne peut mieux, merci, Cynthia. »
La jeune secrétaire eut un sourire rassuré. « Vous avez rendez-vous avec le Secrétaire d'État à la Marine à dix heures via le MTAC. Et vous devez déjeuner avec le Directeur des Opérations Navales. Je vous ai laissé le courrier sur votre bureau. »
« Parfait. » la remercia Jen. « Autre chose, Cynthia ? »
« Oui, Madame, l'agent Fornell, du FBI, est en ligne et il désire vous parler. Il parait que c'est vraiment important. Et très urgent. Il insiste beaucoup…»
Cette nouvelle laissa Jen perplexe. En règle générale, Fornell ne se donnait pas la peine de la prévenir qu'il allait mener une enquête au sein du NCIS. Il débarquait avec ses agents et mettait tout le monde au pied du mur, elle en avait déjà fait l'expérience. Elle fronça les sourcils, se demandant ce qui pouvait être suffisamment grave pour pousser Fornell à lui téléphoner.
« Quelle ligne ? » dit-t-elle enfin.
« La 1, Madame. » répondit Cynthia en quittant la pièce et en refermant la porte derrière elle.
« Si c'est une blague, agent Fornell, je vous assure que ça n'est vraiment pas le jour ! »
Après que Fornell lui ait exposé les raisons de son appel, il avait bien fallu deux minutes à Jenny pour s'en remettre.
« Je vous assure que je suis le premier à avoir espéré que tout ceci ne soit qu'une mauvaise plaisanterie, croyez-moi. Mais en attendant, Jethro… Je veux dire, l'agent Gibbs, est bel et bien enfermé dans une de mes cellules, soupçonné d'avoir commis un meurtre au premier degré. »
Elle ferma les yeux un instant, dans l'espoir que quand elle les rouvrirait, elle découvrirait qu'elle était en train de rêver.
« Directeur Shepard ? »
La voix de Fornell la ramena à la réalité. Autant pour le rêve.
« Qu'est ce qui s'est passé ? » s'enquit-elle.
« Hum… Et bien, l'enquête est en cours et je ne suis pas autorisé à en parler… »
« Alors pourquoi me prévenir, agent Fornell ? »
« Disons que je ne suis pas officiellement autorisé à en parler. Surtout pas au téléphone. Et j'ai pensé que vous pourriez avoir envie de voir votre agent. »
Dix minutes s'étaient à peine écoulées depuis que le Directeur était arrivée que Cynthia –à sa grande surprise- la vit ressortir avec son manteau.
« Vous sortez ? » s'écria la jeune femme, stupéfaite, se levant à moitié de sa chaise. « Madame. » ajouta-t-elle, réalisant qu'elle avait du paraître très impolie.
Mais Jenny ne s'en formalisa pas.
« Soyez gentille, Cynthia, annulez mon rendez-vous avec le secrétaire de la Marine. »
« Mais ? Mais, Madame, pourquoi ? Il ne va pas… » demanda Cynthia, déboussolée.
« Dîtes lui qu'un problème interne réclame toute mon attention pour le moment. » la coupa Jen en s'éloignant, laissant Cynthia s'interroger sur ce qui pouvait être assez sérieux pour faire lanterner un secrétaire d'État.
Tony et Ziva s'immobilisèrent aussitôt qu'ils virent leur directrice descendre les escaliers rapidement. Ils allaient probablement subir l'engueulade du siècle. Le sol autour du bureau de Tony était couvert d'agrafes et de trombones. Sans compter la boulette de papier froissé qu'il tenait encore à la main et qu'il cacha rapidement derrière son dos. McGee leva les yeux au ciel tandis que Tony jetait la petite sphère dans sa direction avant que Jenny ne parvienne à leur hauteur. Il était temps que Gibbs arrive.
« Heu… L'agent Gibbs n'est toujours pas arrivé ! » s'exclama Tony, espérant ainsi échapper à une réprimande méritée.
Mais, à leur grand étonnement, Jen ne leur accorda même pas un regard et continua jusqu'à l'ascenseur.
« Je sais, Tony. Il est au FBI. » rétorqua-t-elle, s'engouffrant dans l'appareil. « Apparemment, il aurait commis un meurtre ! »
Les trois agents regardèrent les portes de l'ascenseur se refermer dans un silence effaré, le choc les ayant pétrifiés sur place.
To Be Continued...
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