Chapitre 1

Nous sommes jeudi midi, je m'apprête à rentrer chez moi quand Monsieur Stevens, mon professeur de Latin me retient pour m'annoncer que nous allons au musée avec Madame Ptyx, la professeur de Français et que par conséquent nous n'avons pas cours cette après-midi. Je le remercie et rentre à la maison. Je marche tranquillement dans les rues d'Athènes jusqu'à atteindre une petite maison blanche à la porte bleue. J'entre, dépose mon sac dans l'entrée et me dirige vers la cuisine pour embrasser ma mère.

-Bonjour Maman, qu'est ce que tu nous fais de bon ce midi ?

-Bonjour Juliette, nous mangeons du barbecue. Adam est en train de cuire la viande dehors mais tu peux aider ta sœur à mettre la table.

Je salive d'avance, j'adore le barbecue. Je prends les assiettes et les verres dans le placard et rejoins Leila dans la salle à manger. Elle sourit en me voyant et continue de poser les couverts. J'aime bien ma petite sœur, elle est un peu chiante par moments mais c'est le rôle de toutes les sœurs, non ? Et puis elle est toujours serviable et adore les calins. Les gens ne nous croient pas quand on leur dit qu'on est sœurs et pas seulement amies, je crois que c'est à cause de nos cheveux. Elle est tout le portrait de maman avec ses cheveux blonds comme les blés alors que je suis brune comme mon père. D'ailleurs celui-ci a disparu peu après ma naissance mais ce n'est pas grave parce que maman a trouvé Adam et il s'occupe bien de nous, en plus, grâce à lui j'ai une sœur et maman est heureuse c'est le plus important.

-Juliette, arrête de rêvasser et mange ou tu vas encore être en retard au collège, se moque-t-il gentiment.

Je lui tire la langue et terminer mon assiette. J'embrasse rapidement ma famille et file à l'école. Comme d'habitude tout le monde m'attend, pourtant je n'ai qu'une minute de retard cette fois.

-Maintenant que tout le monde est là, nous pouvons y aller, annonce Monsieur Stevens.

Nous nous rendons dans l'un des nombreux musées de la capitale grecque, regardant les statues et les tableaux en relation avec la mythologie.

-Juliette ? Peux-tu nous dire qui est représenté par cette statue ? M'interroge le professeur de Latin.

J'observe la statue. Celle-ci représente un homme barbu, debout sur un char semblant sortir des flots. Dans sa main il a un trident. Je crois que je peux répondre sans risque à cette question.

-Il s'agit du dieu des océans et créateur des chevaux, Poséidon. Les romains eux, l'appelle Neptune. On le reconnaît facilement grâce à son trident. De plus, c'est l'un des douze dieux majeurs, il est le frère de Zeus et Hadès avec qui il a partagé l'univers.

-Excellent ! s'exclame-t-il. Poursuivons. Adélaïde ? C'est ton tour, présente nous cette personne.

Adélaïde commence son exposé mais je ne l'écoute que d'une oreille. Madame Ptyx en profite pour me demander de la suivre car elle souhaite me parler. Je m'exécute et la suit jusqu'à une salle vide. Je cligne des yeux et elle disparaît, remplacée par une espèce d'oiseau avec une tête humaine, je crois qu'il s'agit d'une Harpie. J'évite de justesse son attaque en me baissant mais la voilà qui revient déjà à la charge toutes griffes dehors. Ma meilleure amie Marine ainsi que Monsieur Stevens nous rejoignent à cet instant. Ce dernier sort une épée de je ne sais où et me lance, me permettant de parer l'attaque et de riposter. Voilà que maintenant je me découvre des talents de bretteuse, ceux-ci me permettent d'en finir avec le monstre en le décapitant. Je me tourne vers les deux arrivants qui discutent à voix basse tandis que Madame Ptyx se transforme en poussière sous mes yeux ébahis.

-Quelqu'un peut m'expliquer ce qui se passe ? je demande.

-Je te raconterai plus tard, me répond mon amie.

-Raccompagne la chez elle et prévient sa mère. Vous devez rallier New York aussi vite que possible, conclut Monsieur Stevens.

-Hein ? Mais pourquoi ? demandais-je encore plus perdue.

-Ne t'inquiètes pas Juliette, on va te mettre en sécurité mais ta famille ne pourra pas venir. Par contre on va devoir attendre deux autres personnes à JFK et ça risque d'être dangereux, tente vainement de me rassurer Marine.

-JFK ? Comme l'aéroport John Fitzgerald Kennedy ? Je ne sais pas si tu es au courant Marine mais je n'ai pas de passeport, je n'en ai jamais eu. Et ne parlons pas des billets d'avion.

-C'est pour ça qu'on passe chez toi avant, explique-t-elle amusée.

On se dépêche de quitter le musée et de rentrer chez moi. Maman nous attend à la porte, un sac à la main. Elle me sert dans ses bras en souriant tristement et je lui rends son étreinte puis, elle nous fait signe de monter dans la voiture pendant qu'elle s'installe derrière le volant. Maman n'aime pas conduire alors elle s'arrange pour le faire le moins souvent possible, malheureusement, pour aller à l'aéroport il n'y a pas d'autre solution.

Après une bonne demi-heure de route nous arrivons finalement à l'aéroport. Maman se gare et nous quittons la voiture pour entrer dans le hall. Elle s'avance au guichet pour nous prendre des places avant de revenir vers nous.

-Voilà ton passeport chérie, dit-elle en me tendant un petit carnet.

-Mais je n'ai jamais eu de passeport maman.

-Je savais que ce jour arriverai alors je t'en ai fait faire un en prévision. Je dois te laisser partir maintenant. Tu vas me manquer Juliette, renifle-t-elle en me serrant une dernière fois dans ses bras.

-Toi aussi maman. Embrasse papa et Leila pour moi en rentrant et dis leur que je les aime.

Je retiens difficilement mes larmes en l'embrassant une dernière fois puis je m'avance vers le portique de sécurité, prête à partir. Marine me rejoint peu après et nous attendons patiemment que ce soit notre tour d'embarquer. Nous montons finalement dans l'avion quelques minutes plus tard. Je range mon sac au dessus de mon siège et m'installe confortablement en attachant ma ceinture. Après le rappel des règles de sécurité par les hôtesses et steward, l'avion décolle et je m'endors.