Disclaimer: Rien, rien du tout, ne m'appartient. Cette histoire appartient à BajaB et les personnages à J.K.Rowling
Cette histoire se passe après la Chambre des Secrets.
Dans une cellule froide, humide et sale, située au plus bas niveau de la plus terrifiante prison du Monde Magique, Harry Potter, treize ans, frissonna, alors que les Détraqueurs arrivaient silencieusement vers sa cellule, faisant resurgir dans son esprit des souvenirs déplaisant.
" Les larmes de phénix..." Dit Riddle, calmement, en regardant le bras de Harry. "Bien sûr...un puissant remède contre les blessures... je l'avais complètement oublié..."
Il ancra ses yeux dans ceux de Harry. "Mais ça ne fait rien. En fait, je préfère qu'il en soit ainsi. Juste toi et moi, Harry Potter...toi et moi..."
Il brandit la baguette.
Puis, dans un bruissement d'ailes, Fawkes tournoya alors au-dessus de Harry et laissa tomber sur ses genoux -- le journal intime.
Pendant une fraction de seconde, Harry et Riddle, la baguette toujours levée, regardèrent fixement le petit livre noir.
Puis, sans réfléchir, sans hésiter, comme s'il avait toujours su ce qu'il fallait faire, Harry saisi le crochet du Basilic qui se trouvait par terre à côté de lui, et le plongea droit dans le coeur de Tom Riddle.
Il y eut un long hurlement perçant, un hurlement terrifiant. Riddle se tordait de douleur sur le sol, agitant vainement les bras, en criant de toutes ses forces.
Et soudain...
Il avait disparu.
La baguette de Harry tomba sur le sol avec fracas, puis ce fut le silence.
Tremblant de tous ses membres, Harry se releva. Sa tête tournait comme s'il venait juste de parcourir des dizaines de kilomètres par la Poudre de Cheminette.
Doucement, il ramassa sa baguette et le Choixpeau.
Un faible gémissement se fit entendre au fond de la Chambre; Ginny remuait.
Comme Harry se précipitait vers elle, elle se redressa. Assise par terre, elle promena un regard perplexe de l'énorme cadavre du Basilic, vers Harry et sa robe trempée de sang, et enfin sur le journal dans sa main.
Un sourire narquois ourla les coins de sa bouche.
"Harry -- oh, Harry -- J'ai essayé de te le dire, mais tu ne m'as pas écouté, n'est-ce pas ?" dit-elle. "Quoique je doive confesser être très surpris que tu aies assez de présence d'esprit pour avoir détruit mon ancien corps."
Les souvenirs magiquement convoqués commencèrent à s'évanouir alors que l'esprit de l'adolescent revenait doucement à la réalité. Les cris de ses parents assassinés n'étaient plus le plus terrible des souvenirs de sa courte existence. En fait, ces souvenirs auraient même été les bienvenus, maintenant. D'autres images le hantaient ces jours-ci, bien plus pire que la mort de personnes qu'il n'avait pas vraiment connu.
Comme les derniers effets des monstrueux gardes disparaissaient, il entendit un petit "pop" provenant de la cellule adjacente à la sienne, et la voix de son parrain résonna dans la pièce pratiquement vide.
"Prongs, tu es là ?" le murmure venait du coin juste à côté de la tête de son lit de camp.
Ils avaient gratté le mortier entre quelques uns des blocs de pierre les plus mal encastrés dans le mur, pour créer un petit trou entre leurs cellules respectives. Ce n'était pas grand-chose, mais cela leur permettait de parler plus facilement que par les grilles de la porte en métal.
"Prongs !" répéta-t-il d'une voix tremblante, légèrement plus forte cette fois. "Allez, secoue-toi !"
Harry savait que Sirius le confondait parfois avec son père, mais l'homme n'était pas aussi cinglé que la plupart des autres résidents de ce niveau.
"Vas-y, Prongs," insista la voix. "Transforme-toi. Vas-y, gamin. Ne m'abandonne pas maintenant. Transforme-toi. Tu sais que tu ne peux pas rester ainsi pour toujours."
Pourquoi pas ? Pensa Harry
Pourquoi était-ce si mal de passer le reste de sa sûrement-très-courte-existence dans la peau d'un animal ? Son esprit était beaucoup plus paisible comme cela. Peut être, s'il restait comme cela assez longtemps, il oublierait tout, et n'aurait plus jamais à revivre un de ses cauchemars.
"S'il te plaît ?" supplia Sirius, doucement. "Je ne sais pas si je pourrais continuer si tu abandonnes maintenant."
Harry soupira intérieurement.
La seule chose, qui aurait pu être considérée comme bénéfique dans son emprisonnement, été l'effet que cela avait sur son Parrain.
Sirius répondait à la présence de Harry, traînant son esprit malade des profondeurs où il se cachait, vers l'extérieur. Parfois, surtout quand il racontait d'heureux souvenirs à son filleul, il avait presque l'air normal.
Abandonner et le laisser détruirait sans aucun doute l'homme, surtout après l'effort que le prisonnier de longue date avait fait pour se présenter et gagner la confiance de Harry.
"Si tu ne te transformes pas immédiatement, je vais venir et te donner la raclée de ta vie, jeune homme !" se moqua Sirius, avec ce qui était supposé être une extrêmement mauvaise imitation de la mère de Harry.
Incroyablement, cela fit rire Harry.
Avec un petit "pop", il redevint un maigre et pâle jeune garçon, couché sur une couverture usée jusqu'à la corde, sur un lit de camp branlant, probablement dans la pire prison du monde. Mais il souriait - Un faible sourire, mais un sourire néanmoins.
"J'aimerais bien voir ça," dit Harry, la vois rauque et mal assurée.
"Ne me tente pas," répondit Sirius, le soulagement clairement audible dans sa voix. "Je suis certain qu'en réalité, tu es assis sur ton moelleux lit double, buvant du jus de citrouille, grâce à une paille de 1,40 mètres, pendant que je pourris dans cette cellule de la taille de toilettes."
"Je te l'ai dit des millions de fois," répondit Harry. "C'est une paille de 1,50 mètres !"
Sirius rit brièvement avant de demander ce que Harry savait qui allait venir.
"Alors, qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui, pup (1) ? On a quelques heures avant que les Détraqueurs ne reviennent avec notre dîner. Tu penses à quelque chose ?"
Harry soupira encore. Ils avaient commencé à jouer à ce jeu peu de temps après qu' Harry soit arrivé, après que Sirius se soit remis de la vue d'un clone de James Potter âgé de 13 ans, emmené dans la prison.
Quelques prisonniers avaient répondu à l'emprisonnement de Harry. Etonnamment, le peu qui restaient à peu près sain d'esprit, étaient indignés et dégoûtés qu'un si jeune garçon soit enfermé dans la même section qu'eux. D'autres étaient moins courtois.
Un grand nombre d'ancien supporter de Voldemort avaient hué, risquant un coup de baguette des gardes humains, pour rire à la figure de la personne autrefois célébrée comme le Sauveur du monde magique.
Comment il fut accusé d'avoir libéré la créature de la Chambre et entraîné des dégâts à l'école, ou comment il fut considéré responsable du coma de Ginny: c'était toujours un mystère pour Harry.
Il ne savait pas non plus pourquoi Sirius n'avait jamais eu de procès.
"Je sais pas, aujourd'hui, Padfoot" répondit-il. "Je crois que je vais faire la grasse mat'. Tu sais, prendre un jour de congé -"
Il fut interrompu par un cri inhumain, de terreur et de désespoir, provenant d'une cellule un peu plus loin dans le couloir.
Même s'il (sur)vivait depuis des mois dans cette prison, il était toujours ébranlé par les occasionnels accès de folie dont certains des autres détenus souffraient. Merlin savait à quel point il était aussi prêt de hurler de folie lui-même.
Beaucoup de leurs conversations étaient coupées par les autres prisonniers dans leurs moments de lucidité, quoique peu d'entre eux fussent assez sains d'esprit pour parler avec eux.
"LA FERME, VIEILLE HARPIE!" hurla Sirius, quasi hystériquement, en réponse. "ON ESSAIE D'AVOIR UNE CONVERSATION CIVILE ICI !"
Une demi douzaine d'autres voix se joignirent à lui, vociférant jusqu'à ce que les hurlements cessent.
Harry savait qu'il serait devenu un des "hurleurs", comme Sirius les appelait, depuis longtemps, si, dans un sursaut d'ironie tellement incroyable pour être vrai, il n'avait pas été placé dans la cellule adjacente à celle de son Parrain, sain d'esprit la plupart du temps.
Parfois, il se demandait si Dumbledore était derrière tout ça, agissant par pitié, ou si c'était Malfoy, comme peine de plus.
Harry ne comprenait peut-être pas comment il avait pu être envoyé dans cet endroit, sans parler de comment il avait pu être transféré dans le niveau le plus sécurisé, mais il savait, sans l'ombre d'un doute, qui en était responsable.
Lucius Malfoy.
Entre ce dernier, cet idiot maladroit de Fudge, Lockhart imposteur à moitié remis, et l'aimante famille de Harry - les Dursley, il avait été présenté comme étant en passe de devenir le prochain Voldemort.
Comment quelqu'un avait pu croire à l'invraisemblable histoire de Lockhart à propos de son combat contre le Basilic, surtout à la lumière des témoignages de Harry et Ron, cela le dépassait. Mais les sorciers ne l'avaient pas seulement cru, ils étaient totalement convaincu qu'il était Voldemort réincarné.
Se fiant à ce que Malfoy avait dit, et sans doute due en partie à un paquet d'argent changeant de main, Ron fut envoyé à St Mungos, et Harry condamné à l'enfer, pendant que Lockhart et Malfoy montaient en flèche dans les cottes de popularité.
"Allez, gamin," encouragea Sirius, une fois que tous les hurlements eurent stoppés et que le niveau sonore fut retourné à ses habituels murmures de misère et de souffrance.
"Tu es beaucoup trop jeune pour gaspiller ta vie à rêver aux filles et au Quidditch. C'est l'heure de se lever et de se bouger. Allez, fainéant."
Sirius gardait Harry sain et vivant. Pendant les premières semaines, il lui parla quasiment non-stop. Même quand les Détraqueurs se trouvaient à côté, il avait continué à lui parler, l'appelant à travers les barreaux, l'exhortant à ignorer les atroces souvenirs, pour se concentrer sur un seul fait: qu'il était innocent.
Quand la présence des Détraqueurs menaçait de détruire Harry, Sirius lui racontait des histoires sur la jeunesse de ses parents.
Et quand cela devint moins efficace, il lui apprit à devenir animagus.
Que Harry soit capable d'exécuter la complexe transformation en une si courte période les avait stupéfait tous les deux. Sirius était sûr que cela avait quelque chose à voir avec la jeunesse de Harry, depuis que les Maraudeurs trouvèrent que cela était plus simple d'apprendre en étant adolescent qu'en tant que sorcier ayant deux fois leur âge.
Il pensait que le manque de familiarité de Harry avec la magie avait aussi aidé - quelque chose à propos de sa magie pas encore clouée à son corps...- mais Harry suspectait la pression d'essayer de survivre l'éternelle damnation que la vie en prison était pour lui.
Ca aurait même pu être quelque chose comme de la magie accidentelle que la plupart des adolescents faisaient encore occasionnellement jusqu'à leur 4ème année, qui aurait accéléré la transformation.
Pas que cela ait de l'importance. Tout ce qui importait c'était que, il y a un mois de cela, il réussi pour la première fois à se transformer, et que cela sauvait son esprit et sa vie.
Le problème maintenant, c'était que cela devenait de plus en plus dur de se retransformer, particulièrement depuis que les effets des Détraqueurs avaient l'air de devenir plus fort.
"Ca devient pire, Sirius," dit-il, toute trace d'humour le quittant brusquement. "J'ai presque vu toute le Chambre cette fois; juste après que j'ai tué le Basilic."
Il entendit Sirius s'effondrer sur le sol de sa cellule, à côté du trou.
"On doit s'échapper, alors," répondit-il. "C'est le seul moyen."
C'était un plan fou, sûrement voué à l'échec, mais s'il ne sortait pas de cette prison bientôt, il savait qu'il était condamné de toute façon.
L'espoir que Dumbledore ou l'un de ses professeurs vienne le secourir s'était envolé depuis longtemps.
L'échec du Directeur pour le sortir de cette situation avait tout d'abord laissé a Harry un sentiment de trahison; et les attaques des aînés Weasley, malgré la défense loyale de Ron, l'avait fait se sentir coupable au-delà de tout ce qu'il avait pu ressentir auparavant.
Dans un sens, il sentait qu'il méritait d'être là, pour ne pas avoir pu sauver Ginny.
Sirius lui avait parlé de cette spirale d'auto condamnation. A travers des heures de conversation, l'homme avait débattu, et ri, et appris à Harry la vie, de son point de vue sciemment corrompu.
Quand Harry regardait en arrière, il pouvait clairement voir combien Sirius allait mieux depuis qu'il était devenu son voisin de cellule, et en retour, Harry trouva un véritable ami dans un endroit qui n'avait connu autrefois que haine et peur.
"Quand ?" demanda-t-il, savant qu'il les engageait sur une ligne de conduite probablement fatale .
"Ce soir," répondit Sirius, après une courte pause. "Pas besoin de la remettre à plus tard, surtout si cela empire. Cela ne va pas être facile, tu sais ?"
"Je sais," répondit Harry
"Alors prend des forces,"
Harry acquiesça, prenant conscience que Sirius ne pouvait pas le voir, et ferma les yeux.
Il fit quelques exercices de méditation que son parrain lui avait appris, et s'enfonça bientôt profondément dans un sommeil qui allait encore une fois être interrompu par ses cauchemars.
Ronald Weasley avançait péniblement dans le long couloir de l'hôpital, loin de ce qu'il savait être l'une de ses dernières consultations.
Ses pantoufles étaient incapables d'émettre plus qu'un léger bruissement - il avait beau essayer - mais à cet instant il était bien trop soucieux pour même penser à essayer.
Après des moins de thérapie intensive, Ron était au-delà de tout besoin enfantin de faire étalage de sa rébellion, mais il le faisait quand même, juste pour être régulier.
En fait, mentalement, Ron était un homme nouveau.
D'avoir été subtilement sondé par des experts en légilimencie, examiné des souvenirs particulièrement important dans une pensine, et avoir été forcé de longues heures durant à discuter et confronter ouvertement ses émotions et sentiments, donnèrent à Ron un calme et une stabilité mentale dont il n'avait jamais rêvé auparavant, tellement cela semblait impossible.
Tous les Médicomages étaient d'accord - quand ils pensaient qu'il n'était pas là pour entendre leurs bavardages - qu'il n'était rien de plus qu'un ado normal et angoissé avec un léger complexe d'infériorité et une jalousie maladive, ce qu'ils aidèrent à résoudre assez facilement.
Maintenant, après avoir passé des semaines à travailler avec les plus talentueux spécialistes de l'esprit de Grande-Bretagne, il était devenu un adolescent sensible et réfléchi, bien plus mâture que la majorité de ses pairs.
Il avait même vaincu sa peur mortelle des araignées.
Enfin presque.
L'unique chose qu'ils n'étaient pas capable de faire pour l'instant, ce que, même les vantardes compétences des Médicomages les mieux payés de la société ne pouvaient changer, c'était de lui faire incriminer Harry Potter pour l'état de sa soeur.
Tout leur travail assidu avait renforcé sa confiance en ses convictions, et avait instillé en lui une foi inébranlable en son meilleur ami.
Même ses parents, au début convaincus que Harry avait quelque part embrouillé l'esprit de Ron, commencèrent à douter de leurs propres croyances quand ils furent confrontés à la totale conviction de leur plus jeune fils sur l'innocence du Survivant, et commencèrent à se questionner sur les différentes versions de l'histoire dont ils avaient entendu parler à propos de l'enlèvement de leur fille unique.
Les frères aînés de Ron ayant des opinions partagées, étaient interdit de discuter de l'affaire, aussi bien à la maison que quand ils venaient rendre visite à Ron, après que cela ait dégénéré en un combat à main nue durant une réunion "supervisée" avec les Médicomages dans le cadre de la thérapie du jeune garçon.
L'un des Médicomages le résuma parfaitement dans une autre de leur réunion supposées secrètes.
"Nous devrions mentir à Fudge sur les progrès du jeune Mr. Weasley, car la seule manière de faire changer d'avis à ce garçon serait de lui enlever le cerveau pour l'échanger contre l'un de ceux du Département des Mystères. Il m'a presque convaincu!"
C'est comme ça que Ron devina que son séjour dans la prison blanche arrivait à son terme.
Il sut qu'il les avait tous battu.
Ce n'était pas de la fierté enfantine, ni de l'arrogance injustifiée. C'était la confiance calme de quelqu'un qui avait cherché au plus profond de son âme pour trouver, combattre, et bannir les démons qui se cachaient là.
Dès qu'il serait dehors, il allait secourir Harry - qu'importe le prix àvpayer.
C'était le plan, jusqu'à ce que, lors d'une réunion avec les trois Médicomages qui surveillaient son cas, ladite réunion fut rudement interrompue par une paire d'Aurors agressifs demandant à interroger Ron.
Au travers du déluge de questions sans queue ni tête qui lui furent balancées, avec une indifférence brutale pour son état supposé "fragile", et sous les objections de ses médecins, Ron découvrit un nouveau fait: Harry Potter, le Survivant, son meilleur ami, avait une fois de plus fait l'impossible.
Il ne s'était pas seulement échappé d'Azkaban - la prison supposée la plus sûre qui ait jamais existé - mais il avait aussi secouru son parrain, pendant qu'il y était.
Un sourire vint fleurir sur les lèvres de Ron, tandis qu'il retournait dans sa chambre stérile, une pile de devoirs l'attendant patiemment.
Il semblerait qu'il ne soit pas le seul avec une volonté inébranlable.
"Harry -- oh, Harry -- J'ai essayé de te le dire, mais tu ne m'as pas écouté, n'est-ce pas ?" dit Ginny, calmement. "Quoi que je doive confesser être très surpris que tu aies eu la présence d'esprit de détruire mon ancien corps."
La peur serra le coeur de Harry alors que la voix de Ginny résonnait dans la Chambre. Elle était dure, froide, comme celle de Riddle.
"Tu as raison," approuva la jeune fille en voyant son expression. "Mon âme est maintenant dans ce corps, comme je te l'ai dit, et rien de ce que tu pourras faire ne changera cela."
Et Ginny éclata de rire. Un rire terrifiant qui fit frissonner Harry, alors qu'il paniquait de plus en plus.
"Elle ne peut pas être morte," dit-il. "Je vous ai détruit!"
Le rire s'arrêta et des yeux froids le regardèrent comme s'il avait été un insecte.
"Non, Harry, tu as seulement détruit mon simulacre de souvenir - L'ancien corps que j'habitais, en attendant que la vie s'échappe de celui-ci."
Ginny/Riddle se leva, une baguette apparaissant soudainement dans sa main.
"Bien sûr, je ne peux pas te permettre de rester en vie, Harry. Alors, Adieu."
Au moment où elle levait sa baguette, il lui jeta le Choixpeau au visage et s'élança en avant.
Ginny évita sans mal le Choixpeau en faisant un pas sur le côté, mais pas Harry. Il l'empoigna par les poignets et les fit tomber tous les deux sur le sol.
En dépit de sa mauvaise condition physique, la force de sa peur le contrôlait, mais le combat avec les Basilic se faisait ressentir et la meilleure condition de Ginny commença à se manifester alors qu'ils luttaient. Doucement elle commença à pointer la baguette vers lui, malgré ses efforts pour la repousser.
Grognant sous l'effort, Harry comprit qu'il allait perdre, et à la seconde où cette baguette le tiendrait en joue, tout serait finit.
"Abandonne, Potter," gronda-t-elle. "Tu vas mourir."
En désespoir de cause, Harry changea la direction où il poussait les bras de Ginny et les tira vers son visage. La baguette frôla sa joue. La dangereuse manoeuvre fonctionna et le sort qu'elle avait conjuré hâtivement passa au-dessus de son épaule, si près qu'il sentit l'air brûlant à côté de son oreille.
"Qu'est-ce que tu penses faire, Harry," demanda Ginny, essayant manifestement de le distraire pendant qu'elle lutter pour ramener la baguette vers elle. "Me tuer de tes propres mains ?"
Et soudain, Harry sut ce qu'il devait faire.
D'une main, il poussa les bras de Ginny d'un côté, et appliqua l'autre sur un côté de son visage, exactement comme il avait fait avec Quirrel un an auparavant.
"AAAAARGHH!"
Un cri de douleur inhumain sortit de la bouche de Ginny alors qu'elle lâchait sa baguette, essayant de s'extirper de sous Harry. Son visage se couvrit de cloque, comme celui de Quirrel; ses doigts fumèrent là où ils avaient été en contact avec la peau du jeune garçon.
Harry attrapa l'autre côté du visage de la jeune fille de sa main libre et s'y accrocha comme à une bouée de sauvetage.
Ses hurlements atteignirent un nouveau plafond alors qu'elle secouait ses bras sauvagement et dégageait son corps violemment, tentant d'échapper au tourment, mais il l'immobilisa avec ses jambes et tint bon.
La chaire était presque en ébullition sous ses mains, et Harry flancha mentalement devant l'horreur de ses actions, mais il continua à les appliquer tandis que les cris et les débats diminuaient.
Quand Ginny arrêta de bouger, il s'effondra sur elle en pleurant. Il sentit la chaleur de son sang se mêler avec les larmes qui coulaient sur son visage.
Harry fut réveillé par des gouttes d'eau tombant sur son visage.
Peu à peu il se rendit compte qu'il s'était blotti sous une couverture chaude et poilue, et qu'il avait plus chaud que jamais depuis qu'il avait été emprisonné. Mais il se sentait mal.
D'une part car il s'était endormi sur le côté en étant toujours sous sa forme d'oiseaux, et que les corps d'animagus n'était pas vraiment fait pour une position aussi peu naturelle.
L'autre raison de sa gêne, était le poids de sa "couverture poilue". La forme de chien de Sirius était assez grande, malgré sa maigreur, et le poids c'était car Harry se trouvait sous les pattes du Grim, repliées sous le menton du chien endormi.
Finalement, Harry réalisa que la source majeure de son inconfort était l'odeur.
Les chiens mouillés sentent.
Et Sirius était très mouillé.
Ils étaient parvenus à Ю s'échapper de la forteresse noire quelques jours auparavant; le plan complètement dingue de Sirius fonctionnant presque exactement comme il l'avait prévu. Les Détraqueurs n'avaient pas remarqué le chien se faufilant hors de la cellule quand ils vinrent ramasser les gamelles vides du précédent repas, et n'eurent pas le temps de réagir, quand le même chien entra dans la cellule suivante, et en ressortit, portant, dans sa gueule, un oiseau.
Les deux cellules vides furent découvertes le lendemain au moment de la distribution des repas; mais Sirius avait eu le temps de transporter un Harry inconscient à travers le dédale qu'était la prison et ils l'avaient quitté avant que commencent les recherches pour les retrouver .
Comment il arriva à escalader le parapet, et ensuite à nager dans la vaste mer, c'était un mystère pour Harry qui avait eu des brefs instants de conscience durant cette journée de cauchemar.
Des souvenirs embrouillés de vagues s'écroulant sur eux, menaçant de les emporter loin du rondin de bois qu'ils utilisaient comme radeau, entrecoupés de flash où les mâchoires massives du Grim se refermaient avec douceur sur son petit corps fragile.
Sirius avait juré qu'il avait reçu de la part de Harry quelques regains d'énergie de temps en temps, mais admit que lui non plus n'était pas tellement lucide à ce moment-là.
Depuis lors, ils étaient rarement sous leur forme humaine, se retransformant seulement quelques heures pour des courtes pauses et pour essayer de se préserver de la folie qui venait quand on restait trop longtemps sous sa forme animale. Les choses étant ce qu'elles étaient, ils savaient qu'ils se rapprochaient du but, mais ça n'était pas comme s'ils avaient le choix, à l'heure qu'il était.
Harry avait du mal à apprendre à voler. Cela aurait été marrant s'ils n'avaient pas été si désespérés.
Sirius avait argué qu'ils n'avaient pas encore eu la chance de se sécher, depuis leur "baignade", ce qui conduisait à l'actuelle mauvaise situation de Harry, l'animagus chien essayant de le réchauffer et de le sécher par cette nuit pluvieuse, en l'abritant de sa fourrure à l'intérieur du taudis qu'ils s'étaient fait en branchages.
Le petit cri indigné de Harry troubla le sommeil du chien endormi qui prit quelques instants pour se réveiller avant de se lever soudainement et de jeter Harry sur le sol par inadvertance.
Harry sauta sur ses pieds et laissa échapper un autre petit cri, espérant communiquer la profondeur de son dégoût. Il reçut en retour, de la part du chien, un semblant de sourire - idiot en plus -, avant qu'il ne fasse un pas en arrière et se secoue dans la plus ancienne tradition des chiens mouillés, mais avec bien plus de satisfaction qu'un animal normal.
Harry étendit ses ailes et les battit avec préaution, décollant subitement du sol de quelques centimètres. Il n'y avait aucun doute qu'elles étaient plus légères et plus fortes.
Ca peut marcher, pensa-t-il, avant de faire un autre essai.
Son premier puissant battement d'aile l'envoya directement du sol droit dans la branche au-dessus de sa tête, l'assommant presque au passage et le faisant retomber à plat sur son dos, des étoiles dansant devant ses yeux. Sirius aboya joyeusement.
Avec un petit "pop", il reprit sa forme humaine, hurlant de rire.
Harry le rejoignit quelques secondes plus tard, se massant le haut du crâne, où une énorme bosse se formait.
Il savait qu'ils agissaient un peu hystériquement, mais ils avaient bien besoin d'une pause. Ne manger que le peu que Sirius trouvait, et se cacher des diverses équipes de recherches, incluant des groupes de Détraqueurs, avait éprouvé leurs nerfs pendant les deux derniers jours.
Il n'y eut guère que pendant les dernières heures que les choses se calmèrent un peu, sûrement parce qu'ils se trouvaient assez loin de la prison, ou peut-être parce que, n'ayant pas de signe de vie des deux prisonniers, leurs poursuiveurs avaient du décider qu'ils avaient trouvé la mort dans la mer déchaînée.
C'était soit ça, soit Harry et Sirius se trompaient de chemin et se rapprochaient de la prison, que les équipes de recherche avaient déjà inspecté, au lieu de s'en éloigner.
"Oh, Tweety (Nda: c'est Titi en anglais)," dit Sirius en rigolant. "Tu as peut-être appris à te transformer plus vite que n'importe quel animagus dans toute l'histoire de la magie, mais je suis sûr que tu es aussi celui qui a le plus du mal à maîtriser ledit animal."
"Hey !" protesta Harry. "Tu m'offenses là. C'est pas ma faute si les premières semaines où j'ai essayé d'apprendre à voler, ça c'est passé dans une pièce à peine assez large pour que je puisse étendre mes ailes !"
"Je ne sais même pas quelle sorte d'oiseau je suis, à part ta brillante observation de 'c'est une espèce de faucon' !"
Ils rirent encore quelques minutes avant que la gravité de leur situation ne les rattrape une nouvelle fois.
"Bon, où est-ce qu'on va, maintenant ?" demanda Harry.
Il ne s'était concentré que sur sa survie, et ensuite sur son évasion de prison. Sirius avait mentionné quelques options, mais ils n'en avaient pas parlé plus que cela, n'osant pas tenter le destin en planifiant trop loin dans le futur.
"Tout d'abord, il faut que tu manges correctement," répondit Sirius, en regardant Harry d'un oeil critique. "Tu es beaucoup trop maigre et léger pour un garçon de ton âge."
Harry ne commenta même pas. Son traitement au main des Dursleys l'avait toujours laissé trop fin, mais des mois en prison avait fait son ancienne apparence positivement grosse, en comparaison. Sirius n'avait pas particulièrement l'air en bonne santé non plus.
"Nous aurons besoin d'aide, éventuellement," continua Sirius. "J'ai bien un ou deux amis qui risqueraient leurs peaux pour nous, mais on va devoir être très prudents. Les Aurors et Malfoy ne vont pas te laisser partir facilement."
"Toi non plus," dit Harry. "Comparé à moi, tu es probablement au sommet de leur liste des hommes les plus recherchés."
Sirius se redressa, faisant une moue indignée, "Qu'est-ce que ça veut dire 'comparé à toi' ?"
Cela prit encore une ou deux heures, mais finalement Harry réussit à s'envoler. Il se sentait de mieux en mieux sous sa forme d'animagus. Il ne savait toujours pas qu'elle sorte d'oiseau il était, et à part dire qu'il était une sorte de faucon, Sirius n'en avait pas non plus la moindre idée.
"Hey, les seuls oiseaux qui m'intéressaient portaient des robes et du maquillage" rigola Sirius.
Une fois que Harry fut dans les airs, tout vint naturellement. C'était comme sa première fois sur un balai, mais mille fois mieux. Avant qu'il le réalise, il faisait des piqués et des plongeons à des vitesses incroyables, prenant les autres oiseaux par surprise dans de dramatiques passages éclair.
Soudain, son ventre gargouilla, et son instinct de chasseur revint au galop. En un battement de cil, il transportait entre ses serres le cadavre d'un pigeon obèse.
Harry put dire que Sirius avait l'air très impressionné quand il lui présenta leur dîner mais essayait visiblement de ne pas le montrer.
"Pas aussi bien que le lapin que j'ai attrapé l'autre soir," dit Sirius en regardant le pigeon d'un oeil critique. "Mais acceptable."
"Est-ce qu'on peut le manger, s'il te plaît ?" plaida Harry.
"Bien sûr. Dès que tu auras appris à faire un feu." Répondit Sirius, en souriant narquoisement.
Harry grogna. Il avait déjà essayé la technique "du frottement des deux bouts de bois" pendant une heure, avant d'abandonner et de se transformer en oiseaux pour manger le lapin. Sirius pouvait manger presque tout, sous sa forme canine et aussi sous sa forme humaine, qu'importe que cela soit cuisiné ou pas, mais l'estomac de Harry était un peu plus fragile.
Au même moment, un horrible et familier sentiment de froid et de désespoir leur parvint du ciel précédemment clair et dégagé.
"Transforme-toi !" cria Sirius, en jetant la pigeon par terre et en saisissant Harry par le bras. "Transforme-toi, MAINTENANT !"
Harry combattit la vague de souvenirs et la panique qui grandissaient dans son esprit, et força son corps à se transformer.
C'était la pire année que Hermione Granger avait eu dans toute sa vie.
Après avoir été pétrifiée, sans avoir dit à personne excepté une préfète de Serdaigle sa théorie concernant le monstre de Serpentard, elle s'était réveillée à l'infirmerie pour découvrir que son meilleur ami avait été arrêté pour avoir pratiquement tué la soeur de son autre meilleur ami.
Pas seulement cela, mais les arguments logiques qu'elle avait préparé pour la défense de Harry furent balayés dédaigneusement par les autorités, arguant que ce n'était rien de plus que les dénégations sans fondements d'une fan hystérique.
Même ses professeurs l'avaient mise à l'écart, ignorant ses suggestions dans leur hâte de protéger le Directeur qui était tenu pour responsable des actions supposées de Harry.
Devoir se tenir en retrait et regarder ses deux meilleurs amis se faire condamner alors qu'elle les savait innocents, avait été de trop pour elle. Même si elle était forte, et plus brave que n'importe qui, voir Ron et Harry embarqués dans cette histoire sans pouvoir rien faire était plus qu'elle ne pouvait supporter.
"Maman," dit-elle, après avoir entendu le verdict et vu un Harry Potter enchaîné être entraîné en dehors de la salle par les Détraqueurs. "Je ne veux pas retourner à Poudlard."
"Je comprends," la consola sa mère. "Il ne reste plus qu'un ou deux jours d'école de toute façon. Je suis certaine que le Directeur te laissera rentrer à la maison plus tôt."
Hermione secoua la tête tristement, les larmes continuant de couler sur son visage.
"Non, maman. Pas seulement cette année. Je ne veux jamais retourner à Poudlard. Plus jamais."
"En fait," continua-t-elle, la conviction faisant trembler sa voix, malgré les rivières de larmes coulant à flot de ses yeux. "Je ne veux plus jamais mettre les pieds dans le monde magique, pas tant que Harry sera en prison et Ron dans un hôpital psychiatrique."
A la fin, la plupart de ses souhaits s'étaient réalisés. Elle n'était pas retournée à Poudlard, mais avait continué à étudier la magie grâce à des professeurs particuliers et par elle-même.
Pour la plus brillante sorcière de sa génération, découvrir qu'une mineure pouvait utiliser la magie à des fins éducatives fut la cerise sur le gâteau représentant cette société hypocrite .
Pendant des décennies, des sorcières et sorciers, sans aucun doute des Sang-purs, pouvaient utiliser la magie grâce à l'une des plus stupides solutions imaginables. Avec seulement un professeur lui étant assigné pour quelques heures par semaine, Hermione pouvait utilise la magie 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pendant l'année scolaire et pendant les vacances.
Le fait qu'il y ait plus d'un professeur, et pour beaucoup plus qu'une heure par semaine, était sans rapport.
Elle ne cherchait pas à apprendre comment faire partie de la communauté cachée - elle voulait seulement apprendre ce qu'ils savaient. Au lieu de restreindre ses études à Poudlard, elle se donna le devoir de rattraper ses études moldues, et était déterminée à aller à une université moldue et à avoir, plus tard, un travail moldu - et le monde magique pouvait bien aller se faire pendre.
Se noyant dans les études pour oublier la douleur, elle devint l'ombre de ce qu'elle était autrefois, sa seule détermination la faisant continuer.
Ses professeurs, moldus et magique, firent part de leurs inquiétudes à ses parents, qui en retour, se désespèrèrent de faire sortir un jour leur fille unique de sa dépression. Ne sachant vers qui se tourner, ils écrivirent une lettre, et la postèrent avec la plus vague adresse imaginable écrite sur l'enveloppe.
Deux jours plus tard, l'intensif régime studieux d'Hermione fut dérangé par des coups inattendus frappés à la porte.
Ses parents travaillaient presque toute la journée, même s'ils avaient changé leurs emploi du temps pour être sûrs qu'au moins l'un d'eux soit présent à la maison quand les professeurs n'étaient pas là, et personne ne venait la voir pendant la journée.
En ce jour particulier, le professeur de math moldu était partit dix minutes plus tôt que prévu, et sa mère l'avait appelée pour lui dire qu'elle serait un peu en retard à cause d'une complication avec la racine (dentaire) d'un patient, donc Hermione était toute seule.
Ne désirant pas interrompre sa concentration, pour ce qui ne serait sûrement qu'un vendeur de porte à porte, Hermione garda les yeux sur son livre et ouvrit la porte sans peur, sachant qu'elle avait remis l'écran de sécurité après que son professeur soit parti.
Quand elle leva finalement les yeux, ce fut pour tomber sur ceux, amusés, de quelqu'un elle ne pensait vraiment pas revoir de sitôt.
"Salut, Hermione," dit Ron.
1) Je n'ai pas traduit cette expression car c'est un terme affectif qui veux dire "mon petit chiot"! Et je me voyais mal dire ça dans la phrase...
