Chapitre 1

Cette soirée qui semblait être catastrophique

Il faisait froid ce soir-là. Moi, j'avais noyé ma colère dans l'alcool depuis plus d'un quart d'heure. Ce qui m'énervait au point de faire le genre de choses que je ne faisais jamais, c'était mes amis.

Tout avait commencé dans l'après-midi alors que je bouquinais tranquillement dans ma véranda. Jessy et son petit ami, Alex, étaient passés me voir pour une raison qui m'avait échappé. J'avais à peine fait attention à eux et Jessy parlait sans s'arrêter, je n'avais donc rien vu venir. De plus, j'étais plongé dans les chefs-d'œuvre d'Alexandre Dumas, alors pour qu'elle me foute la paix je disais « oui » à tous ses propos.

C'est ensuite dans la soirée, que j'ai compris l'impact de mon écoute. Elle était revenue couverte et brillante de paillettes et de strass. Maquillée comme un Picasso. Elle riait fort et parlait encore trop et toute seule. Alex avait piqué ses vêtements claquants et fluorescents à un fan de l'époque disco et semblait quelque peu éméché.

Jessy me poussa dans ma chambre et me gueula quelque chose comme « habille-toi vite, on va être en retard ! Et surtout, fais ça bien, pas de vieux pull miteux de bibliothécaire ». Je posai le pull en question en l'entendant beugler derrière la porte, fouillant dans mon placard pour trouver quelque chose à la mesure de Picasso et d'un membre des bee gees. Une fois habillé, je sortais de ma chambre sous les applaudissements de Jessy conquise.

Je m'étais donc retrouvé dans la voiture du couple. Je ne savais absolument pas où nous allions et je n'osais pas demander non plus. D'ailleurs, ça ne m'intéressait pas. Arrivé là-bas, la musique cognait déjà et beaucoup de gens dansaient sur l'estrade. D'autres personnes buvaient et mangeaient près des stands. Bon sang, qu'es-ce que je foutais là !

Jessy et Alex allaient à la rencontre de beaucoup de personnes que je ne connaissais pas. Et alors que je regardais la foule l'espace de deux minutes, ils avaient disparu. Je les avais cherchés partout, sans aucun résultat.

Ils avaient dû se dire « ben tiens, on va le laisser là l'aigri. Comme ça, ont sera tranquille ». J'étais fatigué et en colère et c'est comme ça que je m'étais retrouvé à boire alors que je ne le faisais jamais.

Mais c'est alors que je gisais presque sur le comptoir que j'aperçus une silhouette se diriger vers moi. Encore un qui voulait tenter sa chance alors qu'il était bourré et moche... Eh bien non justement. Il n'était pas bourré et il était même d'une beauté qui me fit sursauter sur ma chaise.

Il s'accouda aux comptoirs et me regarda de ses grands yeux bleus.

« Bonsoir, me dit-il de sa voix suave .

- Bon... bonsoir.

- M'accorderais-tu une danse ? »

Je le regardai un moment me tendre la main puis, sans même m'en rendre compte, je l'avais saisi. Il me souriait, comme jamais personne ne m'avait souri. Ce sourire était tellement pur et vrai qu'il me fascinait. Je n'avais jamais ressenti ça avant, jamais. Il me paraissait tellement... parfait.

Il m'avait conduit sur la piste et m'avait approché de lui en douceur, avec toujours ce sourire qui me donnait confiance. Son corps était chaud alors qu'il faisait un peu froid et que le mien commençait déjà à geler. Cette chaleur m'enveloppait, me réchauffait. La musique était lente et je ne savais plus s'il y avait du monde autour de nous, car mes yeux étaient plongés dans les siens. Il avait ce quelque chose qui me fascinait.

Il me chuchota qu'il se nommait Milo et je lui répondis timidement que je m'appelais Gabriel. Il me colla un peu plus à lui. J'avais l'impression que nos corps s'épousaient parfaitement. Est-ce que les autres le voyaient ou était-ce juste moi qui me mettais à rêver ?

Nous dansâmes ainsi longtemps. Je ne savais plus l'heure qu'il était quand nous nous sommes arrêtés, mais ce qui était sur c'est qu'il devait être tard.

Gentiment, il m'avait invité à passer la nuit chez lui. Lui faisant confiance et ne sachant pas où aller, j'avais accepté. Il m'avait à nouveau souri en me donnant la main pour me guider.

Il m'avait emmené dans une petite maison qu'il habitait seul. Elle était plutôt bien rangée et elle sentait, bizarrement, la cannelle et la vanille. Il me conduisit vers sa chambre et dans l'entrée, il m'embrassa tendrement. Je ne savais plus où j'étais. Ce moment était si agréable que j'avais tout oublié. Je n'étais pas comme ça d'habitude. Surtout, je ne me laissais jamais emballer. Mais ce soir là, c'était mon cœur qui parlait.

Milo m'allongea sur son lit et pour la première fois, je découvris l'amour. Il était doux et tendre alors qu'on ne se connaissait à peine. J'avais l'impression qu'il me dévorait de l'intérieur et malgré moi, j'aimais ça.

Une bonne heure plus tard, nous étions couchés l'un près de l'autre. Il me gardait dans ses bras et jouait avec mes cheveux. Mon cœur n'avait cessé de battre depuis que je l'avais aperçu. Alors qu'il caressait mes joues de ses doigts, j'ouvris la bouche :

« Milo ?

- Hum ?

- Je crois que... que je suis amoureux de toi...

Il sourit.

- Alors nous avons un problème !

Mon cœur rata un battement.

- Ah bon ?

- Oui... parce qu'il semblerait que moi aussi je sois amoureux de toi ! »

Je me sentis revivre en entendent ses mots. Quel sentiment bizarre ! Je n'avais jamais ressenti ça. C'était étrange.

Milo me regarda de son regard profond. Je plongeais mes yeux dedans. On ne se connaissait pas, finalement. La seule chose que je connaissais de lui était son prénom. Je n'en revenais pas. J'étais tellement difficile d'habitude. Pourtant, tout ça était bien réel. Ce soir là, des tonnes de pensées m'animaient. Dans les bras de Milo, je m'étais assoupi.