Les personnages du manga détective Conan et du manga Magic Kaito appartiennent à Gosho Aoyama.
Cette merveilleuse fic appartient à son auteur Teainapot (Cliquez sur mon profil, vous trouverez son nom dans la liste de mes auteurs préférés).
Et cette humble traduction qui, je l'espère, rendra justice à ce chef d'œuvre, m'appartient.
C'est bon, vous avez bien compris à qui appartient quoi ? Alors, bonne lecture.
Les contes de fée ne mentent jamais
« Eh… »
« Quoi ? »
« Tu n'arrive pas à t'endormir ? »
« Les dormeurs sont dans l'impossibilité d'avoir une conversation, Kudo. Cela fait partie des lois universelles de la nature au même titre que l'attraction universelle… »
« Tu marques un point. »
« En temps normal, on t'entend déjà ronfler trente minutes à peine après que les autres aient commencé à le faire…Quelque chose te donne des soucis? »
« Pas grand-chose…Juste les moustiques qui prennent un malin plaisir à me sucer le sang… »
« Il n'y a aucun moustique dans cette tente, et de toute façon je t'ai vu t'appliquer ta lotion anti-moustique, Kudo. »
Haibara se replongea dans le silence avant de ricaner.
« Ne me dis pas que c'est le match qui a été disputé la nuit dernière qui continue de te tracasser ? »
« Quel match ? »
« La rencontre entre le japon et le Brésil…qui s'est terminée par la défaite de notre équipe nationale pour ce que j'en sait… »
« … »
« Allez, dis-toi qu'ils ont eu la chance de perdre face à l'une des meilleurs équipes de football au monde. C'est toujours mieux pour eux que de s'être fait lamentablement écraser par l'obscure équipe d'un petit pays dont personne ne cherche à retenir le nom… »
« Maintenant que j'y pense… »murmura Conan avec un ton provocateur. « Higo participait à ce match, non ? Pas étonnant que tu sois aussi insomniaque que moi cette nuit… »
« Cela n'a rien avoir… J'étais en train de procéder à mes recherches, il ne faut pas chercher l'explication plus loin… »
« Des recherches ? A d'autres… Maintenant je comprends pourquoi la viande que tu as faite griller sur ce barbecue était trop cuite… »
« Certes, mais en toute objectivité, le repas n'en restait pas moins de meilleure qualité que celui que tu nous a préparé la semaine dernière. Au moins, la viande n'était pas aussi noire que du charbon, et Ayumi n'as pas eu à ce précipiter dans les toilettes les plus proches du camping avant la fin du repas… »
« … »
« Ecoutes. Plutôt que de gâcher notre temps à pousser chacun de nous à bout, pourquoi est ce que nous n'essayerions pas plutôt de l'employer de manière plus constructive ? »
« Et de quel façon ? En comptant les moutons ? »
« Ce n'est pas une idée aussi stupide que cela. Une étude menée par des scientifiques à Genève a démontré… »
« Haibara, par pitié… »marmonna Conan avec un regard affligé tandis qu'il se retournait dans son duvet. « Je ne sais pas, essaye plutôt d'avoir recours à l'hypnose si tu veut nous endormir tout les deux au plus vite… »
« Est-ce que… est ce que tu pense que nous raconter des contes de fée pourrait être un moyen efficace de nous endormir ? »
« Je ne sais pas. »répondit en toute honnêteté Conan, légèrement décontenancé par la suggestion. Jusque là, il avait été persuadé que les mots conte de fée et le nom Haibara ne pouvaient avoir aucune chance d'être utilisés dans la même phrase. « Qu'est ce qui te fait penser que cela pourrait marcher ? »
« Quand j'avais entre cinq et six ans, Akemi, ma grande sœur, me lisait des contes de fée pour m'endormir… Des histoires de lapins, de fée ou de dragons, pour le peu que je m'en rappelle… »
« Ta sœur… »
Lorsqu'il murmura ces mots, la voix de Conan était totalement dépourvue de la prétention à laquelle Haibara avait été habituée venant de lui. Ayant une vague idée de la direction qu'était en train de prendre leur conversation, une direction qui ne lui convenait guère, elle décida d'y mettre fin sur le champ.
« Tu veux que je te dise ? Essaye de penser à la chose la plus ennuyeuse possible. Les cours de mathématiques du professeur Kobayashi par exemple. Avec un peu de chance, cela finira par t'endormir…Bonne nuit. »
Elle eût la désagréable surprise de se rendre compte que sa tentative de couper court à la conversation avait échouée lorsque le détective insomniaque se tourna doucement vers son amie pour la secouer légèrement.
« Euh… »marmonna Conan d'un ton hésitant. « Je pense que ce serait effectivement une bonne idée d'essayer de nous endormir en nous racontant des contes de fées… »
Haibara soupira.
« Tu en es vraiment sûr ? Je ne pense pas que tu serais capable de t'immerger dans ce genre d'histoire. Les contes de fée ne sont rien d'autres que des mensonges qu'on raconte aux enfants pour leur dissimuler les aspects les plus sombres et les plus douloureux de la vie. La seule chose qui t'intéresse c'est la vérité, rien que la vérité et toute la vérité, non ? »
Conan demeura silencieux quelques instants avant de répondre.
« C'est amusant. Ma mère disait au contraire que les contes de fée ne mentaient jamais à ceux qui les écoutaient, qu'ils soient des enfants ou des adultes… »
« Eh bien, dans ce cas… »murmura Haibara en se tournant vers le détective pour le fixer de ses yeux ensommeillés. « Je vais te raconter ma version d'un conte de fée. Choisis celui que tu préfère… »
« Alice au pays des merveilles. »répliqua Conan instinctivement.
Haibara fit de son mieux pour dissimuler aux yeux de son compagnon le petit rire qui l'avait agité, sans succès.
« Qu'est ce qu'il y a d'amusant ? »marmonna-t-il d'un ton vexé.
« Oh…C'est juste que c'est tellement ironique que tu me demande ça…que je ne sais pas de quelle façons je vais commencer mon histoire… »
Alice in (Tropical) Land
Il était une fois une petite fille nommée Alice, une petite fille qui aimait beaucoup s'amuser. Résoudre des devinettes était son jeu favori. Si vous aviez pris la peine de lui en demander la raison, elle vous aurait répondu, après avoir haussé les épaules, qu'elle avait toujours été curieuse. Ensuite elle aurait été curieuse de savoir pourquoi vous lui aviez demandé cela, et encore plus curieuse de savoir pourquoi est ce qu'elle était si curieuse de savoir pourquoi vous lui aviez demandé cela…
Il avait toujours été curieux. Curieux jusqu'à l'obsession. Lorsqu'il était âgée de sept ans, réellement âgée de sept ans, le petit curieux se glissait dans le bureau de son père une fois minuit passé. Pour cela, il glissait un chewing-gum dans le trou de la serrure, de manière à ce que les portes de chênes ne soient jamais vraiment fermées quand son père allait se coucher après avoir verrouillé la pièce.
C'était une bonne chose que sa mère n'ait jamais essayé de lui lire des contes de fées pour l'endormir. Ce genre d'histoires étaient faites pour les autres gamins, pas pour lui… Les enquêtes de Sherlock Holmes, voilà le genre d'histoire qui l'intéressaient, celles de ce détective à la voix grave et profonde lorsqu'elle résonnait dans l'imagination du petit garçon pour dévoiler les résultats de ses déductions. Lorsque sa mère lui lisait ces histoires, elle donnait systématiquement au détective de Beiker street la voix aigu d'un gamin immature. Et le petit garçon préférait ne plus penser à la manière dont elle faisait parler le docteur Watson…
Tout avait commencé avec le tiroir du haut. Les petites astuces, qu'on aurait pu qualifier d'illégales, du père de Shinichi, et que son fils avait écouté avec beaucoup d'attention en faisant semblant d'être assoupi dans la voiture familiale, elles lui avaient ouvertes les portes d'un nouvel univers, qu'il se faisait une joie d'explorer. Un univers qui se trouvait à l'intérieur du tiroir. Un tiroir débordant de choses intéressantes. En fait, il y avait beaucoup de choses intéressantes dans le manoir des Kudo pour peu qu'on sache où les chercher. Pourquoi est ce qu'aucun cambrioleur n'avait tenté de s'en emparer alors qu'il n'aurait eu aucun problème à le faire ? Le petit garçon se posa souvent la question sans y trouver de réponse.
A cette époque, les seuls gadgets dont il avait besoin était une épingle à cheveux qu'il avait dérobé à sa mère et une paire de crochets qu'il avait demandé à son gentil voisin de lui prêter, soit disant pour les utiliser pour ses cours d'art plastique.
Le commissaire Maigret lui demanda un jour, par simple curiosité, à quel moment de sa vie il avait été confronté à l'aspect le plus sombre de la résolution des mystères et des énigmes. A quel moment il s'était éveillé du monde douillet de l'enfance pour être confronté, pour la première fois, aux ombres qui s'étendaient derrière les silhouettes tourmentées des arbres morts. Le moment où il avait remarqué, pour la première fois, les sourires inquiétants qui semblaient apparaître le long de la surface du bois desséché des arbres morts de cette inquiétante forêt où un petit garçon faisait ses premiers pas… Il avait répondu au commissaire qu'il avait fini par oublier, dissimulant son mensonge derrière le plus naïf et le plus enfantin des sourires.
Peut-être que c'était au moment où il avait contemplé pour la première fois ces photographies en noir et blanc soigneusement rangées à l'intérieur de volumineuses enveloppes sur lesquelles le mot « confidentiel » était inscrit à l'encre rouge. Il se rappelait de la douce sensation d'horreur qui avait parcouru un petit garçon chaque fois que son regard se posait sur une nouvelle photographie. Des scènes de crimes qui portaient encore les traces de la mise en scène grotesque de la tragédie qui s'y était déroulé… La peau jaunie par la décomposition… Les lèvres bleuies par l'absence d'oxygène… Le sang écarlate qui avait aspergé le sol… Tout cela figé pour l'éternité sur des feuilles de papier glacé où ne se reflétait pas la moindre émotion…
Le petit garçon avait déjà vu des cadavres, dans les films, sur les photographies des coupures de journaux et même sur les couvertures des romans de son père mais c'était la première fois qu'ils lui apparaissaient auréolé d'une telle sensation d'intimité…et de réalité… Il n'y avait plus de musique dramatique pour accompagner les découvertes du petit garçon, la voix de Sherlock Holmes ne résonnait plus pour lui donner la solution du mystère… Juste une nouvelle forme de devinette qui le mettait au défi d'être résolu…C'est à ce moment là, qu'il cessa d'être un simple spectateur admirant le détective résoudre son enquête…
Il était une fois une petite fille nommée Alice…et si vous vous demandiez encore comment elle a pu trouver la porte menant au pays des merveilles, maintenant vous connaissez la réponse… Pour vous la donner, elle vous aurait pris par la main et vous aurait conduit au bord du terrier d'un lapin, le terrier où toute l'histoire a commencé…Si vous lui aviez demandé qu'est ce qu'elle a ressenti en basculant dans ce gouffre noir dans l'obscurité duquel rôdaient peut-être des monstres qui ne rêvaient que de la dévorer, elle aurait éclaté de rire en vous répondant que les monstres, ça n'existe pas…Mais à ce moment là, regardez bien jusqu'au fond de ses petits yeux. Peut-être qu'à ce moment là, vous pourriez apercevoir une lueur de peur briller au fond de ses petits yeux bleus et scintillants.
Il aurait du s'arrêter là… Fermer la porte derrière lui, remonter dans sa chambre et enfouir son petit corps tremblant sous les couvertures en espérant de tout son coeur que des fantômes et des morts-vivants n'allaient pas s'immiscer dans ses rêves et les transformer en cauchemars… Au lieu de faire cela, il ouvrit le second tiroir sans la moindre hésitation. Il sentit le rythme de son petit cœur s'accélérer un peu plus à chaque page et même à chaque ligne de ces pages qu'il déchiffrait… Il y avait beaucoup de mots qu'il ne comprenait pas encore, des termes de médecine légale… S'emparant d'un tabouret, il grimpa dessus et attrapa le gros dictionnaire sur l'une des étagères, le gros dictionnaire qu'il voyait parfois sur le bureau de son père quand il écrivait ses romans. Il voulait en savoir plus, encore plus, beaucoup plus. Lorsqu'il se réveilla le lendemain matin, qu'il sentit la chaleur et la douceur de son lit, et qu'il entendit le rire de son père et la douce voix de sa mère, il compris qu'il ne verrait plus jamais le monde de la même façon…
Sa meilleure amie passait son temps à lui dire que sa dépendance irrépressible pour les mystères était tout sauf saine. Ses remarques l'irritaient beaucoup. Le mot de dépendance ne devait s'appliquer que pour décrire des substances nocives et malsaines qui brûlaient, corrompaient et tuaient lentement ceux qui étaient sous leur emprise. Quelque chose qui permettait à une personne de satisfaire ses désirs égoïstes en détruisant la vie d'une autre. Comment pouvait-on seulement penser à utiliser ce mot pour décrire son attirance pour les mystères ? Après tout, elle servait une juste cause, dissipait les ombres en y apportant la lumière de la vérité, forçait des criminels à faire face à la justice qu'ils fuyaient, sauvait des innocents…
Et quelquefois, elle lui donnait une sensation de puissance, comme si c'était lui qui tirait les ficelles de ce complexe réseau d'histoires au sein duquel il circulait… La première histoire, le long du fil de laquelle il glissa pour pénétrer dans cette toile, commença dans l'avion qui le conduisait à Los Angeles. Elle commença lorsqu'il se retrouva face à face avec un cadavre, un cadavre encore imprégné de sang, le cadavre encore chaud de quelqu'un que l'on venait d'assassiner… Il rassembla les pièces du puzzle en quelques minutes avant d'oublier comme si c'était une chose sans importance la devinette qu'il venait de résoudre… mais il s'écoula à peine une journée avant que le destin ne le mette au défi avec une autre devinette… Il accepta le défi, et remporta la victoire…
Après tout, il ne s'était pas enfui la première fois qu'il avait découvert ce monde qu'il commençait à conquérir…
Il était une fois une petite fille nommée Alice… Et si vous la rencontriez, elle vous dirait de ne jamais boire au goulot d'une bouteille dont vous ne connaissez pas le contenu, même si l'étiquette qui y est accroché vous ordonne de le faire… « La curiosité tua le chat » dit-on… Mais ce que l'on ne dit pas, c'est qu'elle l'a torturé de la pire des façons avant… La curiosité est un monstre cruel…
Les gens ont toujours tendance à avoir recours à des expressions des plus poétiques lorsqu'ils parlent de la mort, décrivant d'un ton mélancolique chacun des derniers instants au cours duquel votre vie vous est brutalement arrachée… Ils vous disent que chaque moment de votre vie, ceux que vous associez au bonheur comme ceux que vous associez au malheur, votre premier anniversaire, votre premier amour comme le premier baiser qui l'a suivi vont se mettre à défiler sous vos yeux… Qu'à ce moment là, vous aurez l'impression de dire au revoir à votre dernier coucher de soleil avant de vous assoupir et d'être englouti dans une nuit qui ne cessera jamais… Et ils vous disent aussi qu'à près cela, vous ne ressentirez plus jamais la moindre souffrance…
« Ouais, ben bande de menteur, laissez moi vous dire que c'est loin de se passer comme ça à ce moment là… »
Il savait déjà qu'il ne fallait jamais prendre au sérieux ce genre de descriptions des derniers instants de votre vie. Après tout, les poètes, les écrivains comme les réalisateurs qui tentent de vous les décrire n'ont jamais ressenti le baiser glacial de la mort dont ils parlent, n'est ce pas ? Bon, il était prêt à admettre que quelques uns d'entre eux avaient peut-être effectivement vu la mort de près, mais cela n'avait plus vraiment d'importance de toute façons…
La douleur parcourût sa peau lui donnant l'impression qu'elle était en train de se déchirer, et il se demanda pourquoi il n'y avait pas une seule goutte de sang pour jaillir de ses pores alors qu'il luttait pour respirer tandis que sa gorge lui donner l'impression de brûler… Non, son corps entier lui donnait l'impression d'être en train de se consumer et il se sentait petit à petit réduit en cendres… Des cendres que le vent avait déjà commencé à disperser dans les airs… Ce qui lui passa devant les yeux à ce moment là, ce ne fût pas les précieux moments qui avaient formés les dix-sept premières années de sa courte vie… Non, ce qui lui vint à l'esprit à ce moment là, ce fût les coups de téléphone qu'il aurait du passer à sa mère avant de mourir, tout les cadeaux qu'il aurait du offrir à Ran quand il en avait encore le temps, tout ces moments où le professeur lui proposait de partir à la pèche avec lui et toutes les excuses qu'il lui donnait pour décliner des invitations qu'il aurait du accepter tant qu'il en avait l'occasion…
Il était une fois une petite fille nommée Alice, et quelquefois, elle pouvait vous intriguer quand vous la regardiez… Parfois, elle se parlait à elle-même, se réprimandait elle-même ou se conseillait elle-même. Vous comprenez, c'est qu'à une époque de sa vie, elle aimait jouer toute seule le rôle de deux personnes différentes… Si vous lui demandiez si elle aime toujours le faire, elle vous répondrait avec un air fatigué et mélancolique que non… Non, maintenant elle veut juste être seulement Alice…
La destinée lui fit don d'une seconde chance, mais elle lui fit payer cette faveur au prix fort… Il allait devoir s'enfermer dans une vie de mensonge qui finirait peut-être par le séparer à tout jamais de celle dont il était amoureux….Mais il ne recula pas, cette fois non plus… Il ferait tout son possible pour trouver la sortie du terrier de ce maudit lapin…
Il était une fois une petite fille nommée Alice, et maintenant vous la regardez tandis qu'elle croque dans le gâteau sans la moindre hésitation… Vous vous rappelez de ce moment où elle vous disait de ne jamais avaler quelque chose dont vous n'étiez pas absolument sûr que ce n'était pas empoisonné… Et si maintenant, vous lui demandiez pourquoi elle a si soudainement changé d'avis, elle vous répondrait que c'est parce qu'elle croit que tout le monde a le droit à une seconde chance…
Et ensuite, elle s'immisça dans son histoire pour y jouer un rôle, elle aussi. Comme un elfe surgi d'une légende lointaine, la petite fille aux cheveux auburn surgit sans crier gare dans l'histoire, sans une musique dramatique ou même quelques mots d'introductions pour annoncer son arrivée… Non, elle apparût soudainement dans un nuage de fumée… Comme le font toutes le créatures étranges d'un monde enchanté, elle lui offrirait un miracle, un moyen de sortir enfin du terrier du lapin. Mais ce ne serait cependant pas aussi facile que s'il s'agissait juste de faire un pas de plus sur le long chemin de son histoire…
Après tout, elle n'était pas réellement un elfe. Elle n'avait jamais cru en l'existence des elfes de toutes façons. S'il avait eu la mauvaise idée de lui dire qu'elle en était un, il était certain qu'elle le lui ferait payer en l'immergeant dans un grand récipient débordant des poisons les plus dangereux qui soit… Et de toutes façons, pour lui, les elfes étaient supposés être adorables et joyeux… Et elle était tout sauf adorable et joyeuse…
Enfin, elle pouvait tout de même être adorable quelquefois… Quand ils s'asseyaient ensemble devant un feu de bois au milieu des montagnes, se réchauffant à la douce chaleur des flammes consumant le bois, il la contemplait discrètement. Son visage était calme et serein tandis qu'elle regardait les flammes lécher le bois, envoyant une nuée d'étincelles orangées danser dans les airs. Parfois, elle s'apercevait qu'il la regardait et lui disait sèchement d'arrêter de le faire. Dans ces moments là, il lui adressait un sourire aussi affectueux que sarcastique tout en se disant, au fond de lui, qu'elle était peut-être une véritable fée qui lui dissimulait sa vraie nature…
Certes, la logique des contes de fée ne cessait de lui rappeler que les elfes, les fées et toutes les créatures enchanteresses qui leur étaient associé étaient supposé aider le héros plutôt que d'être responsable de ses malheurs, mais comment pouvait-il lui en vouloir pour ça ? Les monstres l'avaient emprisonnée toute sa vie, l'avaient élevée dans une sombre caverne où la lumière du soleil ne pénétrait jamais, lui avaient pris sa famille, et à présent cherchaient à l'attraper pour boire son sang…
Quand il la regarda de nouveau, au moment où son propre sang recouvrait ses cheveux rouges, ses vêtements et sa peau blanche tandis qu'elle était allongée sur le siège arrière de la wolskwagen…Quand il croisa à ce moment là son regard froid et déterminé, c'est à ce moment là qu'il finit par comprendre ce qu'elle était… Elle était réellement un elfe… Un petit elfe mutilé et blessé, qui faisait de son mieux pour dissimuler les ailes en lambeaux qui pendaient derrière son dos tout en s'efforçant de paraître forte aux yeux des mortels comme lui… Même s'il attendait un million d'années pour cela, elle n'admettrait jamais devant lui qu'elle avait besoin d'aide, elle ne le fit même pas quand la pluie finit par tomber sur ses ailes, dispersant leurs dernières plumes au loin…
Il l'aida à retrouver ses plumes, une par une, tandis qu'ils marchaient côte à côte, laissant deux séries d'empreintes parallèles sur le sol boueux… Elle le remercia d'un doux murmure tandis qu'ils commençaient leur voyage… Le long voyage au cours duquel ils seraient toujours ensemble…
Un jour, ils finirent par trouver la sortie du terrier du lapin, plusieurs dizaines de mètres au dessus de l'endroit où ils étaient arrivés sans pouvoir aller plus loin… La douceur des rayons du soleil qui surgissaient de ce trou, illuminant le gouffre où ils étaient emprisonnés, lui redonna l'espoir… L'espoir qu'il était enfin arrivé au terme de son voyage…
A ce moment là, elle détacha ses ailes de son dos et les lui offrit pour qu'il puisse s'envoler hors de ce gouffre noir…
Il restait tout juste assez de force dans les petites ailes pour sauver seulement un seul d'entre eux, et ils le savaient tout les deux… Il leva les yeux vers l'issue du terrier, songeant à son ancienne vie, ses parents, ses amis, tout ceux qui l'avaient attendu et étaient sûrement encore en train de le faire…
Et c'est à cet instant qu'il prît sa décision… Après tout, de quel droit pouvait-il se permettre de dire aux gens de ne pas fuir leur destinée s'il était incapable de faire face à la sienne ?
Il était une fois une petite fille nommée Alice, c'est le nom qu'elle donna au lapin blanc tandis qu'elle tendait la main vers lui pour lui proposer d'être son ami, alors qu'ils étaient tout les deux devant le trou où toute l'histoire avait commencé… Le lapin blanc étonné cligna des yeux et lui demanda si elle était vraiment, mais vraiment sûre de son choix… Elle jeta un dernier coup d'œil vers son ancienne maison avant de sauter dans le terrier sans la moindre hésitation, abandonnant son ancienne vie derrière elle…
Elle lui glissa doucement la pilule dans la main avant de lui tourner le dos sans dire un mot. Il lui attrapa le poignet et la força à se tourner vers lui avant de la regarder droit dans les yeux pour lui demander si elle pensait vraiment qu'il allait s'enfuir et l'abandonner derrière lui… Elle lui répondit d'un ton glacial et indifférent qu'il était temps qu'il arrête de jouer les idiots se sacrifiant pour les autres au lieu de penser enfin à eux…Il la relâcha et elle commença à se précipiter hors de la pièce aussi vite qu'elle put…
C'est à ce moment là qu'elle entendit la petite pilule tomber sur le sol et rouler jusqu'à ses pieds… La pilule s'était ouverte en deux en tombant et la poudre qu'elle contenait était maintenant dispersée sur le sol, mélangé à la poussière qui le recouvrait… Elle éclata de rire, sans savoir ce qu'elle devait faire ou même seulement penser de ce qui venait de se passer…
Elle aurait du être furieuse. C'était le fruit de son dur travail au cours des trois derniers mois, le précieux trésor qu'elle avait acquis en y sacrifiant son sommeil, sa stabilité physique et émotionnelle et sa santé mentale… Tout cela pour lui, et au lieu de la remercier, cet ingrat avait…
Il tressaillit quand il la vît se rapprocher, au point d'être à seulement quelques centimètres de lui. Peut-être qu'elle allait le réprimander, le gifler, envoyer son poing sur sa tête, peut-être même qu'elle avait un revolver dissimulé dans la poche de sa blouse de scientifique, un revolver dont elle allait lui vider le chargeur dessus… Au fond de lui, il reconnaissait que c'est ce qu'il aurait mérité…Mais il ne s'attendait certainement pas à sentir ses cheveux lui caresser la joue tandis qu'elle refermait ses bras autour de sa taille pour l'étreindre doucement.
Et à ce moment là, plus rien n'eut la moindre importance pour lui… Le pays des merveilles, le pays imaginaire, la quatrième dimension, et tout les autres mondes étranges dans lesquels ils allaient être emprisonnés, tout comme la longue route qu'ils leur restaient à parcourir ensemble… Cela n'eut même plus d'importance pour lui que les mots « Et ils vécurent heureux.. » ne seraient jamais inscrits sur la dernière page du conte dont ils étaient les héros…
Après tout, les vraies histoires d'amour n'avaient pas de fin…
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« Attends un peu, tu veux dire qu'Alice a finalement décidé de rester dans le pays des merveilles ? »
« Oui. »
« Pourquoi ? »
« Parce qu'elle en avait envie… »murmura-t-elle irritée.
« Ca n'a aucun sens ! »
« Pas plus que de voir des fous bloqués toute leur vie à l'heure du thé ou un lapin qui se promène avec une montre gousset…La logique n'a rien à faire dans les contes de fée… Je te l'ai dit, non ? Tu ne peux apprécier les contes de fée que si tu mets de côté ton incrédulité et que tu fais semblant de croire leurs mensonges… »
« Certes, mais le poison qui fait rétrécir quand on le boit, moi cela me paraît parfaitement logique vu ce que nous sommes en train de vivre… »
« …ce n'est pas drôle, Kudo… »
« Pardon… »répliqua-t-il sur le champ, réfléchissant aussi vite qu'il pouvait à une manière de changer de sujet. « Bon, de toutes façon, c'est mon tour de raconter une histoire, non ? Alors laquelle préférerais-tu entendre, scandale en Bohème ou la ligue des rouquins ? »
« Ce ne sont pas des contes de fée… »
« Eh bien, ce sont des fiction qu'on lit aux enfants pour les endormir donc techniquement… »
« Je n'ai jamais rencontré personne à qui on lisait les histoires de Sherlock Holmes pour l'endormir quand il était encore un enfant… »
« Eh bien, sache que tu as une personne comme ça en face de toi, en ce moment même… »
Il souligna ses paroles avec un sourire sarcastique tandis qu'il faisait un geste de la main pour faire semblant de se présenter, faisant naître ainsi une expression affligée sur le visage de la chimiste.
« Tu voulais me raconter une histoire de gens dont les cheveux étaient rouges, c'est ça ? Eh bien, autant s'en tenir à la couleur rouge dans ce cas, raconte moi l'histoire du petit chaperon rouge… »
« Hum… »
« Quoi ? »
« Rien, je vérifie juste que je ne me trompe pas d'histoire avant de commencer… Le méchant de l'histoire est un loup, c'est ça ? Pas un chasseur ou un ours ? Et elle part rendre une visite à…à sa mère ou sa grand-mère déjà ? »
Haibara écarquilla les yeux avant de se retenir de nouveau d'éclater de rire.
« Je le savais. »
« Quoi ? »
« Shinichi Kudo, le stupéfiant détective lycéen, ne connaît strictement rien aux contes de fée… Je m'en rappellerais quand j'aurais besoin d'indices pour la prochaine chasse au trésor que j'organiserais avec le professeur… »
Elle croisa les mains derrière sa tête avec une expression songeuse tandis qu'elle semblait réfléchir le plus sérieusement du monde à ce qu'elle venait de dire. Elle n'avait qu'à tourner légèrement les yeux pour voir que le détective était en train de rougir comme une pivoine en s'efforçant de dissimuler son embarras. A cet instant, Haibara regretta d'avoir rangé son téléphone portable avec appareil photo intégré dans le sac à dos du professeur au lieu de l'avoir glissé dans la poche de son pantalon.
« Ne te casse pas trop la tête, va. Tu peux remplacer le loup par un yakuza, un vampire, un zombie, un monstre cybernétique avec sept tentacules, ou ce que tu veux d'autres, ça ne m'empêchera pas d'apprécier l'histoire… »
Elle demeura silencieuse quelques instants avant d'ajouter une dernière chose.
« La seule chose que je te demande c'est de ne pas le remplacer par un de nos amis habillés en noir, cela risquerait de me faire faire des cauchemars…»
Conan secoua la tête avant de plonger son regard dans les deux yeux bleus qui le scrutaient avec une expression faussement innocente.
« Ce n'est pas drôle… »marmonna-t-il en roulant des yeux d'un air irrité. « Pas drôle du tout… »
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Notes du traducteur : j'ai préféré laisser le titre du premier conte de fée en anglais dans le texte dans la mesure où le jeu de mot de l'auteur passerait complètement à la trappe dans la traduction… Certes, je pourrais rendre Alice in Wonder land/Alice in tropical land par Alice aux pays des merveilles/Alice au pays des tropiques mais honnêtement, non seulement ce serait ridicule mais en plus, personne ne ferait le rapprochement avec le parc d'attraction où Conan rencontre les hommes en noir pour la première fois…
Quand à Higo, pour ceux qui l'auraient oublié, il s'agit du joueur de foot qui apprend à Haibara que même les traîtres ont le droit à une seconde chance…Voir le volume 34 pour plus de détails…
