Il ne pouvait pas le tuer. C'était au dessus de ses forces. Jusqu'à maintenant, il avait très bien tenu son rôle. Il avait exécuté chacun des ordres qu'on lui avait donnés. Certes, parfois, avec un temps de réflexions et d'exhortation à lui-même, plutôt conséquent, mais, il avait toujours obéit. Quand le seigneur des ténèbres lui avait demandé d'organiser la chute de Dumbledore et de Poudlard, il n'avait pas hésité. Qu'aurait-il pu faire d'autre ? Refuser ? Cela aurait équivalut à signer de son propre nom, la disgrâce de sa famille déjà en fâcheuse posture ! Sa tante elle-même commençait à lasser le maître. Non, il n'avait pas eu le choix. Et, en ce moment, il se demandait s'il ne l'avait jamais eu. Si, bien qu'il eut éprouvé du plaisir à accomplir certains de ses plus anciens méfaits passés, ce plaisir n'eut pas été procuré par l'idée de se sentir craint et respecté, plutôt que par celle de faire souffrir, qui lui avait toujours fait ressentir une gêne… Une gêne ? Ou… Un affreux mal aise ?
Non, non, ce soir, il ne pouvait pas. Il n'était pas un meurtrier. Pas plus qu'un tortionnaire. Il ne pouvait simplement pas. C'était impossible, impossible pour lui, de tuer ce vieil homme si frêle, qui, pourtant, ne semblait avoir besoin de rien de plus qu'un coup de vent pour, à présent, s'effondrer sans plus jamais se relever.
Dans cette lente escalade de l'horreur, vers l'impardonnable statut d'assassin, Malefoy n'avait jamais douté. Il n'avait jamais comprit. Mais, ce soir, c'était le geste de trop, qu'on lui ordonnait.
Il fallait qu'il réagisse. Il tourna la tête. Ils étaient là, derrière lui, ils venaient d'arriver, ils lui parlaient. Il fallait qu'il fasse autre chose. Il fallait qu'il le sauve, cet homme, là, si frêle. Lui, une fois hors de danger, pourrait les aider. Peut-être pas pour gagner, peut-être simplement pour mourir quelques heures plus tard, mais pour mourir en hommes libres. Pour mourir en tant que lui, Draco.
Au moment où il se mit à chercher des yeux une faille dans leur posture, il remarqua Severus Rogue, qui les rejoignait. Il le soupçonnait d'être avec Dumbledore, bien qu'il eut prêté allégeance au maître des Ténèbres. Et, à présent que, sortant de sa léthargie, il avait entendu le ton que le vieil hurluberlu avait employé, il ne pouvait qu'être évident, pour qui y prêtait attention, que c'était un appel au secours en bonne et due forme. S'il restait un espoir de secourir Dumbledore, c'était bien Rogue.
Profitant du fait que Rogue le bousculait, Malefoy se prépara à changer de cible. Sa main ne tremblait plus. Il attendait l'action de Rogue. Mais, il s'arrêta net, dans son entreprise quand, soudain, il vit le cœur du directeur de Poudlard, tel une poupée désarticulée, s'élancer au dessus des remparts. Rogue avait trahi. Rogue était avec le seigneur des Ténèbres.
