Bien le bonjour, noble lecteur !
Bienvenue dans cette fiction entièrement dédiée à l'univers de The Elder Scrolls V : Skyrim. Si tu ne connais pas ou si tu viens tout juste de commencer le jeu, passe ton chemin car je vais méchamment spoil les quêtes principales.
Si tu es un joueur aguerri, je te souhaite alors une bonne lecture !
Charlie
PS : Dans cette fiction, toi lecteur tu seras confronté à deux personnages agenres (c'est-à-dire ni homme, ni femme, ni autre). Le pronom "iel" et le masculin sont utilisés pour les désigner. Si tu ne tolères pas cela, passe ton chemin.
PAX
"Ulfric Sombrage ! Pour vos actes de haute trahison envers Bordeciel et l'Empire, vous êtes condamné à mort !"
"Je te promets de t'aimer et de te chérir, dans cette vie comme dans la suivante, dans la prospérité et dans la pauvreté, dans la joie et l'adversité, que rien ne puisse nous séparer."
"J'avais confiance en toi, Ulfric. Mais tu nous as trahis. Tu m'as trahis."
"Maintenant et à jamais."
Ulfric se réveilla en sueur, alerté pas les coups tambourinants contre l'épaisse porte de bois. Encore dans les bribes de son cauchemar, il mit un certain temps avant d'élever la voix pour faire cesser les coups.
"Qu'y a-t-il ?"
Sa voix était plus rauque qu'à l'accoutumée, traduisant sa nuit mouvementée. Tout comme ses draps en désordre, d'ailleurs. Il espérait ne pas avoir trop crier, montrer ses faiblesses était bien la dernière chose qu'il avait envie de faire.
"M-mon j-jarl, pardon de troubler votre sommeil ainsi, m-mais-
-Faîtes vite ! »
La voix qui lui répondit était cependant faiblarde et tremblotante, signe que cela devait une jeune recrue qui s'adressait à lui.
« O-oui, d-désolé ! On vous mande dans le hall."
Un grognement lui répondit et le fit détaler à toute allure. Personne ne voulait affronter un tel ours à l'aurore.
« -Enfin, Ulfric. Voilà une heure que l'nouveau venu poireaute à l'entrée du Palais !
-J'espère qu'il a une excellente raison de m'avoir réveiller à cette heure-ci. »
Son ami eut un rire moqueur en dévisageant la mine fatiguée du nordique.
« J'n'ai jamais vu quelqu'un descendre les escaliers aussi vite, le bleu est tout traumatisé !
-Il suffit, Galmar. »
Ulfric soupira devant sa bêtise et s'avança vers son trône. Il y trouva ses deux conseillers en train de discuter sagement avec une troisième personne dont il ne pouvait voir le faciès. Il s'avança un peu plus et interrompit la conversation d'un toussotement forcé.
Les trois se retournèrent vers lui, Ulfric put donc avoir le loisir de dévisager l'inconnu. D'une taille moyenne voir petite, iel était maigrichon, habillé en haillons. La hache d'arme dans son dos semblait peser une tonne et renforçait son allure de faible. De plus, ses cheveux blancs retombaient mollement sur son visage tâché de terre, et ses yeux étrangement oranges n'exprimaient qu'une extrême fatigue.
« C'est pour ça que vous m'avez dérangé ?! »
Il passa une main lasse sur son visage pour se frotter les yeux puis s'assit sur son trône, ou plutôt il se laissa tomber dedans.
« Toujours d'aussi bonne humeur, à ce que je vois. »
Ulfric lui adressa un regard noir qui la fit doucement rire.
« Hum » Commença timidement Jorleif. « -Il se trouve que cette jeune personne souhaiterai s'engager dans nos rangs.
-Et c'est tout ?
-Non, non ! Enfin c'est surtout le principal, mais-
-C'est l'Enfant de Dragon. »
Surpris, Ulfric se tourna vers la mage qui affichait une mine sérieuse.
« En es-tu sûre, Emyr ? Cela pourrait être un menteur, ce ne serait pas la première fois que quelqu'un s'amuse à dire à tort et à travers dans les rues qu'il est de telle nature. »
Elle se tourna vers le principal concerné et lui murmura un petit « Vas-y » qui le fit trembler de tous ses membres. Intimidé par les regards insistants du Jarl de Vendeaume et de ses deux conseillers, iel s'éloigna de quelques pas, de sorte à être face à la grande table du hall. Iel prit une grande inspiration et, dans un hurlement rauque, lança un déferlement qui fit voler toute la vaisselle.
« Je... » Ulfric était abasourdi. « Les rumeurs étaient donc vraies. Vous étiez à Helgen, n'est-ce pas ? Vous l'avez vu, vous aussi ? »
Iel acquiesça.
« -J-je m'en rappelle. Vous étiez là, la tête sur le billot à deux doigts d'être tranchée, quand il est arrivé. Le grand dragon noir. Tout n'est devenu que flammes et hurlements. C'était terrifiant.
-Je sais, je sais. J'étais là. » Le coupa Ulfric, impatient. « -Votre nom ?
-Rhoka. Je m'appelle Rhoka. »
Ulfric jeta un coup d'œil à Jorleif, qui, sous la demande muette, s'empressa de rejoindre la pièce adjacente à leur gauche.
« -Et donc, Rhoka, vous souhaitez rejoindre les Sombrages. Pourquoi ?
-Car je comprends votre combat. Je veux me battre pour Bordeciel, pour la liberté.
-Vous savez ce que cela engendre ? Êtes-vous prêt à donner votre vie pour notre cause ? À vous battre jusqu'à la mort s'il le faut ? »
Rhoka se redressa, et d'une manière fière énonça un « Oui. » ferme. Les lèvres du jarl s'étirèrent en sourire en coin et il se tourna vers son bras-droit qui venait d'entrer dans la grand salle.
« Je vous présente Galmar Rudepoing, le plus grand combattant de notre armée. Il vous aidera dans votre première mission pour savoir si vous êtes digne de nous rejoindre. Au nord, à l'Est de Fortdhiver, se trouve prêt de la Pierre du Serpent un spectre de glace. Je veux que vous alliez là-bas et que vous le tuiez. Ensuite, si vous revenez vivant bien-sûr, vous ferrez officiellement parti des Sombrages. Bon courage, camarade. »
« Tu es complètement inconscient, Ulfric. Ce p'tit, c'est la chance de ta vie ! Quelle idée de l'envoyer dans des terres hostiles, tu sais très bien qu'iel est trop inexpérimenté pour ce genre de quête ! »
Emyr avait frappé durement du poing le bois de la table. Son œil valide fusillait l'autre nordique et ses lèvres fines étaient tordues dans une expression haineuse. Pourtant, Ulfric se servit un verre d'hydromel dans le plus grand des calmes et s'assit sur l'un des nombreux fauteuils du bureau.
« Justement. Iel doit se renforcer. Enfant de dragon ou pas, on ne va pas accueillir un faible dans nos rangs ! »
La jeune femme soupira en remettant ses courts cheveux blonds en place.
« -Si iel se fait tuer, nous aurons l'air malin ! Qu'allons nous faire contre les dragons si iel repose six pieds sous la glace ?! Ce n'est pas avec ta petite et ridicule armée que nous allons repousser Alduin, légende parmi les légendes !
-Les dragons sont le cadet de mes soucis.
-Eh bien, cela ne devrait pas l'être. »
Emyr continua de le fixer avec colère mais abandonna bien vite, connaissant le caractère de son ami, et se laissa elle aussi tomber sur l'un des fauteuils.
« Parfois je me demande pourquoi je me suis laisser embarquer par un abruti pareil... »
Rhoka avait cessé d'écouter Galmar depuis qu'iel avait mis un pied dehors. Son cœur tambourinait à toute vitesse dans sa poitrine sans qu'iel ne puisse l'arrêter. Iel n'avait jamais vu un homme aussi impressionnant que le jarl de Vendeaume. Tout dans sa posture transpirait l'assurance. Iel s'était senti si minable face à lui, ou même face aux autres grands personnages.
Savoir qu'iel allait devoir faire ses preuves le mettait dans un tel état qu'iel ne remarqua pas la plaque de glace juste avant les escaliers et glissa dessus. Le nordique à ses côtés explosa d'un rire à s'en tenir les côtes et ne fit pas un geste pour l'aider à se relever. Les soldats autour ne firent également rien pour arranger les choses, se contentant de petits ricanements moqueurs absolument pas discrets.
« La moindre des choses, Galmar, serait de relever ce pauvre petit bout avant qu'il ne gèle sur place. »
Rhoka rougit à l'entente du surnom et se releva précipitamment. Devant lui se trouvait deux soldats sombrages bien différents des autres. Le premier, celui qui s'était adressé à lui, avait un visage fin et des traits doux. Ses longs cheveux blonds emmêlés retombaient sur ses épaules, et certaines mèches venaient entraver sa vue. Il lui adressait un doux sourire, et ses yeux émeraudes avaient une expression chaleureuse, ce qui n'était pas le cas de la personne qui l'accompagnait.
Elle portait la tenue intégrale des rebelles et avait une expression très sévère, bien plus que celle d'Ulfric. Ses yeux rouges et ses cheveux de jais tirés en arrière typiques des elfes noirs renforçaient cet aspect. Elle avait tout d'une guerrière, comme le prouvaient les deux épées à sa taille ainsi qu'un arc et des flèches dans son dos.
« Une nouvelle recrue, n'est-ce pas ? Je suis Tolède mais tout le monde m'appelle Tol ici. Et elle, c'est le capitaine Cœur-de-glace ou Smialisc pour les intimes.» Rhoka les salua d'un mouvement de tête. « Galmar, j'espère que tu ne l'emmène pas sous une idée encore farfelue de mon père. La dernière fois, on a même pas retrouvé le corps ! »
Un frisson traversa l'enfant de dragon, mais iel tenta de garder contenance en affichant un visage fermé.
« Désolé gamin, mais tout le monde doit faire ses preuves. »
Le vent froid mordait sa peau. Rhoka resserra la fourrure sur ses épaules et continua d'avancer, se retournant une dernière fois pour contempler les minuscules silhouettes de Galmar et quelques autres soldats. Voilà une heure qu'ils l'avaient laissé là, au milieu de nulle part, avec pour seul indication d'avancer tout droit vers le sommet de la plus grande île.
Sautant de morceaux de glace en morceaux de glace, iel priait pour ne pas tomber dans l'eau gelée. Son arme pesait lourd dans son dos et le faisait souffrir. Ulfric avait raison de le tester, après tout iel n'avait qu'un combat contre un dragon, et encore, voir quelques bandits de pacotille à son actif.
Après les étendues de mer gelée, c'était la neige crissante et les rochers glissants. Accéder à la Pierre du Serpent fut ardu. Ses genoux avaient souffert des nombreuses chutes et ses bottes de fourrure étaient trempées, le faisant grelotter de la tête aux pieds. Et malheureusement, ses souffrances étaient loin d'être achevées.
Sa cible semblait danser au-dessus de la neige, comme si elle attendait patiemment sa venue. Rhoka se saisit de sa hache d'armes et inspira un grand coup. Iel avait si peur d'échouer, si peur de perdre face à tous ces gens qui croyaient en lui.
Mais iel n'y réfléchit pas plus longtemps et s'élança sur le spectre de glace. Bien trop vite, car son assaut fut esquivée avec souplesse. Iel ne perdit pas plus temps et asséna une attaque circulaire qui, cette fois, toucha sa cible. Elle émit un cri suraiguë et fondit sur la peau nue de ses bras, la mordant avec force. Rhoka gémit de douleur en sentant le froid envahir sa peau et engourdir ses muscles, mais iel n'en resta pas de marbre. Iel porta un coup plus puissant que le précédent, touchant une nouvelle fois le spectre de glace.
Ce dernier, se sentant s'affaiblir, s'éloigna pour retrouver des forces. Mais il n'en eut heureusement pas le temps, car Rhoka le frappa de nouveau. Il se désintégra, laissant comme butin une de ses dents.
Rhoka la ramassa en souriant et se laissa tomber à terre pour reprendre des forces. Iel se traîna à l'ombre d'un rocher, loin du soleil qui avait pomper toute son énergie durant le combat.
Iel avait hâte de voir la tête de Galmar à son retour.
Le soleil était à son zénith. Du haut de son balcon, Ria admirait cette belle ville qu'était Solitude, s'enivrant des multiples parfums et bruits ambiants qu'elle dégageait. Son regard dévia des jeunes soldats qui s'entraînaient en bas dans la cour aux enfants courant joyeusement dans les rues. Elle pouvait sentir les odeurs des marchands un peu plus loin, se délectant du doux fumet d'épices et de fleurs. À sa droite, le forgeron battait régulièrement le fer ou l'acier, peu importait. Ici, loin des campagnes de sa famille, elle se sentait bien, elle se sentait en paix.
Malheureusement, cela ne dura pas longtemps. Un pas militaire troubla ses pensées et elle se retrouva face à un Impérial puant la sueur et le parfum de basse qualité. Elle perdit son expression détendue pour une mine renfrognée qui tira une discrète grimace au soldat.
«Monseigneur Martirius et le conseil vous demande ma dame. »
Elle le suivit avec un grand regret, laissant derrière elle tout ce qu'elle n'aura jamais.
« -Avec tout le respect que je vous dois, Monsieur, je pense que nous ferions mieux de nous préoccuper de la sécurité de Monseigneur votre père plutôt que des Sombrages, qui ne sont qu'une faible menace.
-Mon père n'a rien à craindre là où il est. Seul un fou tenterait quoique ce soit envers l'Empereur, et aux dernières nouvelles les fous sont tous derrière les barreaux. »
Le conseiller s'excusa en baissant la tête. L'arrivée de Ria renforça l'ambiance tendue déjà installée, les divers généraux déglutissant sous son regard de glace. Elle s'installa silencieusement aux côtés de son époux, ignorant son manque de réaction face à sa présence.
Penché sur une immense carte de Bordeciel, ses yeux sombres allaient et venaient entre les punaises rouges ou bleues plantées un peu partout dans le papier. Machinalement, il gratta sa barbe de quelques jours dans un silence pesant.
« Si je peux me permettre, la plus grande menace reste Ulfric lui-même. » Dit l'un des hommes en s'approchant. « Regardez, nous avons l'avantage du nombre dans la plupart des châtelleries, et même dans celles qui ont porté allégeance aux Sombrages. Ulfric est la tête pensante du groupe, sans lui, ils sont perdus, complètement désorganisés. Il nous suffit de le supprimer pour arrêter leur minable révolution. »
Le silence revint après ce monologue plein de sens. Tous les regards étaient tournés vers Martirius, imposant tant par sa présence que par le charisme qu'il dégageait. Ses traits durs y étaient sûrement pour quelque chose, ainsi que son physique de soldat aux larges épaules et au membres musclés. Seuls ses courts cheveux bruns négligés et la perle de cristal à son oreille gauche cassaient son image militaire, mais au final lui rajoutaient de la prestance.
« -Vous n'avez pas tord Claudius. Cependant il est difficile à atteindre. Il est peut-être le cerveau des révolutionnaires mais il a su s'entourer de muscles. Il faudrait donc tout d'abord s'emparer de son bras-droit puis envoyer nos meilleurs soldats à Vendeaume si nous voulons le capturer.
-Cela me semble être un bon plan. Dois-je donner les ordres dès maintenant ?
-Non. »
Le dénommé Claudius se tourna vers la seule femme du conseil restreint. On ne l'appelait pas la mauvaise pour rien, que ce soit pour son physique ingrat -entre autre son nez crochu, son corps rachitique et ses petits yeux jaunes- ou l'aura malveillante émanant d'elle.
« Ma Dame, vous avez quelque chose à ajouter ? » Demanda-t-il d'une voix nasillarde.
« -Oui, sinon mon intervention n'aurait pas lieu d'être. Vous faîtes une grossière erreur en considérant Ulfric comme la seule tête pensante du groupe.
-Son fils ne compte pas. » Intervint durement son mari.
« Tu sais très bien que je ne parle pas de lui. Tout le monde est au courant qu'une puissante mage à rejoint les rangs il y a des années de cela, sans que son identité soit dévoilée... Jusqu'à aujourd'hui. »
Pour une fois, on lui accordait toute l'attention qu'elle méritait. Pour une fois, elle n'était pas juste la potiche du fils de l'Empereur. Pour une fois, elle n'inspirait pas seulement la crainte, mais aussi le respect.
« -Il y a quelques jours, un barde originaire de Vendeaume chantait une ode à la « Magicienne de Feu aux Yeux de Glace » au Palais Bleu. Et tu sais aussi bien que moi, Martirius, qu'une seule personne correspond cette description.
-...Emyr. »
« Emyr ! Emyr ! Iel est revenu ! »
Tolède entra tel une tempête dans les appartements de la mage, un grand sourire collé aux lèvres, ses cheveux plus en bataille que jamais.
« Qui donc ? » Interrogea-t-elle en soupirant devant la tornade qui lui faisait face.
« -Le nouveau ! Iel s'est présenté aux portes ce matin, père et Galmar n'en revenaient pas ! Tu aurais dû voir leurs têtes, c'était comique.
-Et personne ne m'a prévenu avant ?! »
La mage se précipita hors de sa chambre suivit du plus jeune tout guilleret. Ils descendirent jusqu'à la salle de réunion en un temps record, Emyr ne prenant même pas le temps de mettre une tenue plus appropriée pour l'extérieur.
C'est avec soulagement qu'elle découvrit Rhoka en un seul morceau, discutant avec Ulfric, Galmar et Jorleif, tandis que quelques soldats dont Smialisc se tenaient à l'écart.
« On vous donnera une armure complète basique, ainsi qu'un lit dans le baraquement des gardes. Vous aurez également droit à un coffre pour vos affaires personnelles. En attendant, vous rejoindrez Galmar à l'entrée de la crypte le plus vite possible. »
Emyr n'en croyait pas ses oreilles. Alors qu'iel était à peine rentré, Ulfric envoyait l'Enfant de Dragon faire ses sales besognes à sa place. Ce maudit nordique ne manquait pas de toupet !
« Tout d'abord » Intervint-elle « -Rhoka va prendre le repos nécessaire pour préparer son nouveau voyage. Et de plus, j'aimerai m'entretenir avec lui, sa nouvelle mission devra donc attendre.
-Emyr, j'ai besoin de cette couronne. »
Emyr l'ignora et attrapa le bras de Rhoka pour l'emmener près de la chaleur du feu brûlant dans la cheminée des cuisines. Une fois à l'intérieur, elle confia l'Enfant de Dragon au cuisinier et à Tolède qui ne l'avait pas lâché d'une semelle, avant de retourner auprès de ses supérieurs.
« Je suis content que tu sois revenu intact ! » Commença le jeune homme en s'asseyant face à lui. « J'étais sûr que tu allais réussir, en même temps je n'attendais pas moins de l'Enfant de Dragon ! »
Rhoka rougit et murmura un vague « Merci... ». Iel fit plus ample connaissance avec Tolède, qui d'ailleurs était un grand bavard. En une heure, Rhoka avait eu le temps d'apprendre qu'il n'était autre que le fils unique d'Ulfric Sombrage lui-même.
En y réfléchissant, l'Enfant de Dragon trouva de nombreuses similitudes dans les traits des deux hommes. Seulement, Tolède avait un visage bien plus doux et chaleureux que celui de son père. D'une manière générale, le jeune homme était d'une très bonne compagnie, et passez la soirée avec lui fut l'un des meilleurs instants de sa vie.
La porte avait claqué très violemment, si bien qu'elle faillie sortir de ses gongs. Le choc fit trembler les murs et les meubles, et l'un des nombreux vases de la pièce se fracassa au sol sous le regard désolé de Ria. Son mari ne s'en soucia guère, continuant de ruminer dans son coin.
« C'est impossible ! Jamais elle n'aurait fait ça à son pays, à Cyrodiil ! Tes informateurs se sont trompés, ce sont de fausses informations que tu as là! »
Son visage était déformé par la haine. De vilaines veines de colère battaient sur ses tempes, et dans ses yeux habituellement si inexpressif pulsait un étrange mélange explosif de sentiments. Il était tout bonnement effrayant.
Pour une fois, elle avait peur.
Peur de lui.
Peur de ce qu'il pouvait redevenir.
« C'est pourtant la vérité. » Répondit-elle calmement malgré tout. « -C'est certes surprenant, mais pas improbable. Elle n'a jamais été vraiment d'accord avec les lois de l'Empire, et ce depuis toujours.
-C'est impossible... » Continuait-il de murmurer, impuissant face à la réalité.
« Écoute... » Dit Ria en posant une main rassurante sur son épaule. « Je comprends ce que tu ressens, mais c'était il y a treize ans. Elle a eut tout le temps de t'oublier... »
Martirius la repoussa violemment. Ses idées noires se mélangeaient avec ses souvenirs, créant un tumulte monstrueux à l'intérieur de son crâne. Il fallait trouver une solution, et vite. Aucun de ses conseillers ne connaissaient la raison de cet accès de colère, et ils ne devaient surtout rien savoir de plus.
« Préviens le capitaine qu'une nouvelle tête est mise à prix. Qu'il se débrouille pour le montant de la prime, le but étant qu'elle ne puisse pas entrer dans une ville sans être arrêtée. Fais-vite, les affiches doivent être prêtes pour demain. »
Ria acquiesça, satisfaite de sa décision. Elle espérait que ses mots lui avaient rendu la raison.
« Et... Précise qu'il nous la faut vivante. »
L'espoir n'a jamais été aussi mince.
La lune était claire depuis Vendeaume. Très peu de nuages venaient troublés sa clarté, et les étoiles brillaient tels mille joyaux dans le firmament. Il était très tard dans la nuit. La ville était complètement endormie sous l'épaisse neige, même le pas régulier des gardes ne parvenait à troubler le silence.
Du haut de la tour de garde, Smialisc admirait les étendues sauvages à l'extérieur des remparts. Parfois, un loup hurlait à la mort. La guerrière se sentait minuscule, ainsi emmitouflée devant la beauté de la nuit.
« Ces stupides flocons sont si fascinants que ça ? »
Smialisc soupira à l'entente de la voix moqueuse de son ami. Elle se décala légèrement pour lui faire une place auprès du feu et lui asséna une petite claque à l'arrière du crâne.
« Abruti. Tu as tout gâché. » Il rit, encore une fois. « -T'étais avec le nouveau ?
-Oui. Iel est très gentil. Par contre, je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi timide ! »
L'elfe noire haussa les épaules. Qu'importe qu'iel soit timide ou non. Le principal, c'est qu'iel sache se battre, et qu'iel soit fidèle à Ulfric. Rien d'autre n'importait dans la légion.
« Je pense que c'est la bonne nouvelle qu'il fallait à mon père. On a besoin de Rhoka dans nos rangs, il est un atout considérable. Je pense qu'on lancera bientôt une attaque, enfin si l'Enfant de Dragon réussi sa prochaine mission. »
Smialisc écoutait silencieusement. Elle espérait tout simplement que la révolte l'emporte sur ces maudits impériaux, pour pouvoir un jour revenir dans sa famille et vivre une vie paisible.
Les quartiers d'Ulfric étaient extrêmement agréables, de part leur constante chaleur et l'aménagement luxueux. Emyr les préférait largement à ses propres appartements situés à l'autre bout du palais, non-loin de la chambre du mage officiel de la cour qu'elle ne pouvait supporter. De plus, le Jarl de Vendeaume avait un placard rempli d'alcools divers et variés, pour sa plus grande satisfaction.
Elle fit d'ailleurs tournoyer son vin dans le verre de cristal, pour le boire d'une traite avant de répondre à Ulfric.
« -Prendre les châtelleries une à une est certes une bonne idée, mais tu dois ménager tes troupes, surtout si tu souhaites t'attaquer à Blancherive en premier.
-Plus on agit vite, mieux ce sera. Les troupes impériales seront désordonnées par le nombre de sièges à repousser, cela nous laisserait plus de facilité lors de la bataille décisive. »
Emyr resta dubitative. Malgré ce qu'avançait Ulfric, elle doutait que le chef de ma Légion se laisse dérouter aussi facilement.
« -Et l'Enfant de Dragon ?
-Le meilleur atout que nous avons ! Si iel réussi sa prochaine mission avec Galmar, iel deviendra une sorte de modèle, d'emblème pour la rébellion. Si iel accepte d'être sur le front à chaque offensive, iel serait un plus pour le morale des soldats ! »
Cela faisait beaucoup trop de « si », de potentiels échecs, mais les yeux d'Ulfric s'était illuminé et Emyr préféra taire ses inquiétudes. Le Jarl était assez morose comme ça, et seule son obsession de renverser l'Empire pouvait le sortir de cette torpeur, tellement qu'il en oubliait tout le reste.
Qu'adviendra-t-il donc lorsque tout cela aura pris fin ?
« C'est de la folie pure ! C'est tout simplement brillant ! De quoi redorer le blason de la Confrérie Noire, qu'elle soit à nouveau crainte et respectée ! »
Delphine allait et venait devant lui, un air de folie brillant dans ses prunelles habituellement froides. Lui ne disait rien, n'esquissait pas un geste. Iel attendait dans le silence le plus total, comme toujours.
Au loin, on entendait les cris de joie de Cicéron, ainsi que les discrets grognements de Babette, occupée au laboratoire alchimique.
« Nous allons le faire. » Répétait Delphine. « Oh ça oui, nous allons le faire. » Elle se tourna enfin vers lui. « Oreille Noire ! Puisque tels sont les ordres de la vénérée Mère de la Nuit, nous allons accomplir cette mission, et en beauté ! Partez tout de suite pour Solitude. Dans quelques jours aura lieu le mariage entre Asgeir Chasseneige et Vittoria Vici, la chère cousine de l'empereur. Vous savez ce qu'il vous reste à faire... »
Calypso eut un sourire carnassier. La Mort allait encore frapper.
