The First Time
Auteur : NinA-san (ou Nina. Ou Anaïs. Au choix.) Bye-Bye Lovy-San o/
Genre : Yaoi/Slash, OOC, UA, Humour, Romance
Disclaimer 1 : Les personnages appartiennent à JKR (#heartbroken) et le titre de cet OS vient d'un film que j'aime beaucoup dans lequel joue mon petit Dylan O'Brien : "The First Time". Saluez mon originalité ! o/
Disclaimer 2 : L'image de cette fanfiction appartient à l'artiste Mi-Hyun Kim. Comme les liens apparaissent mal sur le site, je le met là pour les curieux. Si la photo vous plait, je pense que vous apprécierez ses œuvres. Pour moi, c'est un véritable coup de cœur ! Le lien (recoller les espaces entre les caractères) : www . oai 13 point com / sexualite / mois - de - la - photo - 2014 - des - baisers - dhommes - photographies / (J'ai pas eu le choix pour point com, ça passait pas sinon... Et si vous avez la flemme de le réécrire, je l'ai posté sur Facebook aussi)
Petites notes sur The First Time :
1. Ceci est une réaction à pétage de câble, un gros ras-le-bol des premières fois parfaites en fait... Enfin, ça devait être ça... Et puis c'est devenu un défouloir. Parce que dans la vie, rien n'est parfait. Y en a à qui tout sourit, et d'autres qui ont l'impression de se trouver dans une énorme blague (comme moi et ma maladresse devenue légendaire pour mon entourage). Donc évidement, il y a une part de true-story, comme dans toutes mes histoires, parce que des choses qui m'arrivent sont tellement énormes que ça ne peut-être qu'une blague dans cette fiction, bien que beaucoup de choses soient modifiées. Priez pour Oliver, parce que je ne vais pas l'épargner x)
2. C'est également le préface d'une autre fiction que je prépare une fois que j'aurais terminé celle-là ;) MAIS chaque chose en son temps !
3. Je ne donne pas de rythme de parution : ça viendra quand ça viendra car en ce moment j'enchaine boulot et révisions intensives pour mes concours, donc je ne peux écrire que le week-end quand je ne révise pas. Soyez donc indulgents, quand à moi je promet de ne pas faire de gros cliffhangers comme ça a souvent été le cas pour TO. Bisous à tous !
4. Le rating commence en T et évoluera en M (je vous voir sourire derrière vos écrans). Le ton de l'histoire commence légèrement, avec de l'humour mais quelques passages importants plus tard la feront basculer sensiblement vers l'ansgt, mais pas pour longtemps, c'est pas le but, hein (c'est la vie, Julie. Pardon pour cette vanne pourrie. Paix sur vous.).
Sur ce, bonne lecture !
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« The First Time »
First Met / Première Rencontre
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« T'étais pas la première personne que Blaise à introduit de force dans ma vie. Mais contrairement aux autres, tu avais cette audace, ce culot que je n'avais jamais rencontré chez quelqu'un. T'es rentré dans ma vie d'un coup, en foutant le bordel et en me faisant remettre en question tous mes principes. Tu m'as vraiment fait chier, provoqué, et je crois que c'est ça qui a fait que je n'ai pas pu m'empêcher de penser à toi dès le départ. Tu t'es introduit dans mon cœur de la même façon que tu l'as fait dans ma tête et dans ma vie : à grands coups de pieds, sans regarder en arrière. En conquérant. » _ Oliver Wood
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Mercredi 13 juillet 1997
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Le dortoir était silencieux, troublé de temps en temps par le bruit de succion d'une tétine ou un léger ronflement fluet. Ce fut lorsque sa tête heurta le mur du côté qu'Oliver se rendit compte qu'il commençait sérieusement à s'endormir. Bravo l'animateur responsable ! Honteux, il jeta un coup d'œil méfiant autour de lui, même si c'était inutile dans le noir. En retenant un soupir, il s'étira, faisant craquer le petit lit dans lequel il s'était calé le temps de la sieste. Autour de lui, une dizaine de couchages étaient occupés par les bambins du centre de loisirs. L'heure de la sieste était avancée et ils dormaient tous d'un sommeil bienheureux, comme en attestait certains petits ronflements vers le fond de la pièce.
La porte du dortoir s'entrouvrit, projetant un rai de lumière à ses pieds. Une silhouette s'infiltra et lui posa une main sur l'épaule.
- C'est bon, va prendre ta pause, chuchota Astoria.
- Merci, glissa Oliver en se levant péniblement.
Une bouffée de joie l'envahit et il se leva en s'étirant une dernière fois, les muscles au supplice avant de s'éclipser sans un bruit. La lumière naturelle de la salle de jeu l'agressa mais la pensée de sa future pause lui donna le courage de filer dans les vestiaires attraper sa bouteille d'eau et son paquet de cigarettes si précieux. Puis vint la fameuse auto-palpation. Où était encore passé son briquet ? Bermuda ? Poches avant et arrière ? Négatif.
Gémissement pitoyable. Il l'avait encore oublié, merde ! Ou alors Blaise le lui avait encore piqué avant d'aller bosser. Un coup d'œil furtif à sa montre lui indiqua qu'il était 15h02. Blaise était en pause jusqu'à 15h10 ! Oliver fusa dans le centre le centre de loisir vide jusqu'à l'espace de repos, désert lui aussi. Il était toujours seul en pause le mercredi. Une cafetière lui faisait de l'œil sur la table mais il se contenta de traverser la pièce jusqu'à la petite cour.
C'était un endroit horrible à cette heure de la journée. Le seul arbre qui aurait pu y apporter de l'ombre était desséché et le soleil tapait fort sur sa tête. Pourtant, la petite cour avait un avantage sans précédent : elle était adjacente à celle de l'école primaire où Blaise était en pause. Oliver s'approcha de la plaque de métal qui séparait les deux établissements.
- Oh Zab, t'es là ? lança Oliver en toquant avec l'index.
- Quoi ? répondit une voix qui le fit tiquer.
Ah, ça pour le coup ce n'était pas du tout celle de Blaise. C'était trop grave pour être celle de son ami, donc pas de Blaise à l'horizon. Problème. Il avait vraiment besoin de fumer, sinon il allait claquer tous les petits qui pleuraient... Son pied tapota nerveusement le sol alors qu'il posait son front contre la plaque de métal.
- Je suis un ami de Blaise, répondit-t-il. Il est là ?
Bruit d'un emballage qu'on déchire.
- Nope, répondit la voix de tout à l'heure. On a échangé nos emplois du temps, il nettoie la cuisine.
Jésus, Allah, Bouddha, pourquoi tant de malheur sur lui ? Il se passa une main dans les cheveux. Attendre Blaise serait sûrement trop juste. Bon, tout n'était pas totalement perdu quand même. Il lui restait un espoir...
- Okay... Dis-moi par hasard, est-ce que tu fumes ? tenta-t-il.
Bon, pour la finesse on repasserai, mais sa phrase donna lieu à un léger gloussement. Assez troublant d'ailleurs, venant d'une voix si grave...
- Je vois. Besoin d'un briquet, c'est ça ?
Au ton amusé de son interlocuteur, il pouvait presque deviner qu'il souriait. Oliver grimaça.
- Ouais, si t'en a un.
- Cet enfoiré de Blaise a piqué le mien. Mais j'ai une boite d'allumettes, si tu veux, répondit l'autre.
Ce fut au tour d'Oliver de glousser. Alors comme ça il n'était pas le seul à qui Blaise piquait les briquets... c'était amusant en un sens. Ou alors ça prouvait juste l'immaturité légendaire de son ami d'enfance.
- Tiens, mais rend-là moi après, j'en ai besoin aussi, signala l'autre.
Puis la boite d'allumette apparu à ses pieds, poussé sous la plaque par une basket noire aux lacets verts émeraude. Particulier comme couleur, mais Oliver ne s'attarda pas trop dessus. Le saint Graal était enfin apparu !
- Merci infiniment ! lança-t-il en se penchant pour le ramasser.
- De rien.
S'en suivit un court silence où Oliver craqua l'allumette. Bientôt, la fumée envahit ses poumons et il se retint de pousser un soupir de bonheur.
- Merci encore, fit-il en se penchant pour rendre la boite.
- Pas de soucis, je comprend ta détresse.
Oliver eut un léger sourire en se calant dos à la plaque, les mains dans les poches et la cigarette au bec. Ça, c'était le nirvana... Son moment à lui loin des cris des gosses et l'attention constante qu'il devait avoir sur ces petits bouts. Non pas qu'il n'aimait pas son boulot, quand même. Mais les pauses étaient toujours bienvenues et là, il pouvait faire ce qu'il voulait sans se soucier des bambins. Comble du bonheur, il finissait tôt ce soir. Il pourrait peut-être avoir le temps de prendre une bière avec Blaise...
- Je t'entends plus, t'es mort ? ricana l'autre voix.
Oliver s'aperçut qu'il avait fermé les yeux. Sa cigarette avait déposé un peu de cendre sur son tee-shirt qu'il chassa d'une pichenette.
- Je dirai même que je revis, merci enco...
Sa phrase fut coupée par le bruit d'une porte en métal s'ouvrant et claquant très probablement contre un mur, d'après le " BAM" qui résonna dans le petit espace. Oliver fronça les sourcils, ça ce n'était pas de son côté...
- Ah bah t'es là, Jackie ! fit une voix qu'il connaissait bien alors que la porte claquait à nouveau, certainement pour se refermer.
Même si personne ne pouvait le voir, Oliver roula des yeux. Un sourire ourla ses lèvres tandis qu'il tirait à nouveau sur sa cigarette. Blaise, évidement. Ce manque de délicatesse ne pouvait venir que de lui...
- Appelles-moi encore une fois Jackie et je te frappe tellement fort que ta tête va voltiger, Blaise, grogna la voix de l'autre gars.
- Oh voyons ne soit pas si susceptible... Jackie.
Cette fois, ce fut un bruit étouffé suivit d'un "HMPF !" qui parvint au jeune homme. Blaise souffla une insulte en riant à moitié. Il devait s'en être pris une bonne...
- T'es un sale connard, Flint, rit son ami.
- Tu l'as pas volé, celle-là, se justifia l'autre.
Puis il y eut un petit coup porté contre la plaque, comme Oliver l'avait fait juste avant.
- A plus, galérien, fit le type apparemment nommé Jackie Flint.
- Salut, répondit automatiquement Oliver.
La porte claqua à nouveau tandis qu'il entendait les pas de Blaise se rapprocher. Son cerveau avait focalisé sur "Jackie". C'était pas commun du tout comme nom, ni comme surnom...
- Oliver ? C'est ta douce voix d'ange que j'entends ?
- Non, c'est celle de la Vierge Marie.
- Comment ça va au pays des Schtroumpfs ? fit Blaise.
- Bien. Ils roupillent dans le dortoir, répondit Oliver en tirant à nouveau sur sa cigarette. C'était qui ce Jackie ?
- Un Agent Technique qui bosse avec moi. Et il s'appelle Marcus mais on l'emmerde parce que son deuxième prénom c'est Jacques. Il est un peu con mais sympa. Je l'ai invité pour notre anniversaire, tu pourras faire plus ample connaissance avec lui, fit l'autre, la voix lourde de sous-entendus.
Oliver hocha la tête pensivement avant de se figer, la cigarette à deux centimètres de ses lèvres. Oh, merde, l'anniversaire ! Dans trois jours Blaise et lui fêteraient leurs dix-neuf ans et il ne lui avait toujours pas acheté de cadeau... Bonjour l'amitié depuis la maternité. Il allait falloir qu'il se dépêche de trouver un truc... Son pied tapota nerveusement le sol alors qu'il tentait de rester zen.
- Dis-moi, pourquoi j'aime pas la manière dont tu as dis ça ? lança-t-il tout à coup en réalisant le ton que son ami avait pri.
- Tu doutes de mon honnêteté honnête ? fit semblant de gémir Blaise. Tu me blesses, vraiment.
- Accouches, Zabini ! lança Oliver en s'accroupissant pour écraser son mégot avant de le jeter dans un pot prévu à cet effet.
- Il croit qu'il est bi, répondit naturellement l'autre.
- En quoi ça me concerne, ça ? s'exclama Oliver.
- Bah je me suis dis qu'étant donné que t'es gay, tu peux tester avec lui.
Sa phrase laissa l'autre sans voix. Non mais il se foutait de sa gueule ou quoi ? Il était habitué à ce que Blaise lui fasse des plans foireux mais là c'était le summum de toutes les conneries qu'il avait faites. En tout cas, ça n'empêcha pas Blaise d'en rajouter une seconde couche :
- Je lui ai parlé de toi et je lui ai dit que t'étais gay et encore puceau. Zéros complexe des deux côtés, ça va être nickel...
- T'as pas dis ça ? s'écria Oliver en planquant ses mains contre la séparation de métal. Non mais t'as pas vraiment dis ça ?
Oh bordel, s'il n'y avait pas la plaque pour les séparer, Oliver l'aurait massacré !
- Mais quoi ? répondit Blaise. Avoue que ça craint d'être encore puceau à 19 ans !
- Mais je t'emmerde ! s'écria Oliver en cognant contre la plaque. T'as pas à dire ça au premier venu, putain ! gémit-il en serrant son poignet endolori contre lui.
- Mais y a rien de mal ! Ça fait d'une pierre deux coups ! continua de se justifier Blaise.
- Mais j'ai dit non !
- Non ?
- Non !
- Égoïste, va..., bouda Blaise.
Mourir. Il voulait juste mourir. Disparaitre de la surface de la Terre. La seule chose qui le fit relativiser était qu'il n'avait pas donné son nom au type. C'était déjà une honte d'épargnée pour la journée. Et lors de la soirée, il n'aurait qu'à l'éviter, tout simplement, songea-t-il en croisant les bras sur son torse. Voilà, c'était ce qu'il allait faire. Et Woodie ne rencontrerait jamais Jackie...
Minute... Comment il pouvait éviter un type dont il n'avait jamais vu la tronche ?
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Samedi 16 juillet 1997
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Ce fut le bruit d'un jet d'eau qui réveilla Oliver. Ce dernier ouvrit un œil paresseux avant de s'étirer de tout son long dans les draps, baillant à s'en décrocher la mâchoire. La chambre était encore silencieuse hormis l'eau dans la salle de bain adjacente, le tout dans une pénombre agréable. Impossible de savoir exactement quelle heure il était, mais il ne se sentait pas particulièrement fatigué, même si Blaise et lui s'étaient couché très tard. Ses pensées avaient encore un peu de mal à s'organiser dans sa tête mais il eut le réflexe de se relever sur les coudes, en quête du réveil holographique de son ami. Ses yeux fatigués louchèrent un moment sur les chiffres rouges. 14h26, sérieusement ? Oh putain, ça c'était une bonne grasse matinée comme il les aimait ! Un petit sourire aux lèvres, il roula dans l'autre sens dans le grand lit. Il était seul, ce qui confirmait que Blaise devait être en train de se doucher. Tant mieux, il allait pouvoir profiter encore un peu du lit rien que pour lui. Un petit sourire satisfait ourla ses lèvres quand il ramena le drap sur lui, les yeux fermés et la tête enfoncée joyeusement dans son oreiller...
Puis ce fut le carnage. Son cerveau encore embrumé ne put pas tout restituer dans l'ordre, sinon que la porte de la chambre claqua, suivit de près par le bruit d'un crétin qui cour les pieds mouillés sur le carrelage de la chambre... et qui s'écrase de tout son long en hurlant, l'étouffant sous prêt de soixante-dix kilos de viandes sauvage.
- Putain Blaise ton genoux me broie le dos ! s'écria Oliver, la tête enfoncée dans l'oreiller.
La chose à peu près humaine murmura une excuse brève avant de carrément lui marcher dessus à quatre pattes, puis Blaise tira le draps comme le sale enfoiré qu'il était. Oliver ne put réagir que deux bras l'attrapèrent pour le tourner et le redresser dans le lit avant de le secouer comme un prunier.
- PUTAIN ON A DIX-NEUF ANS, MEC ! beugla l'autre en sautillant sur le lit.
Puis Blaise le lâcha et se mit debout sur son lit, les bras au ciel, totalement nu et encore mouillé de sa douche. Oliver soupira avant de détourner la tête pudiquement.
- Cette journée va être parfaite ! continua son ami en sautant sur le lit. Ce soir on se bourre la gueule jusqu'à plus se rappeler de qui on est, j'emballe Pansy et Marcus va accepter de te dépuceler enfin ! cria Blaise avant de sauter du lit.
Oliver se laissa retomber sur le matelas. Voila. Réveil en douceur made in Blaise. Adieu sommeil si réparateur... Putain d'enfoiré. Et il remuait encore le couteau dans la plaie. Dire qu'il était sûr de lui avoir fait oublier cette idée à la con...
- Merci de me rappeler que je suis encore puceau de si bon matin... grommela Oliver en frottant ses yeux fatigués.
- Pas de quoi ! répondit Blaise avant de tirer les rideaux d'un coup. Mais il y a dix-neuf ans, on est né ensemble dans le même putain d'hôpital ! Je te dois bien ça, mon poulet !
Oliver se protégea les yeux de la lumière vive en ramenant les draps sur lui, avant de se mettre en position fœtale. Il venait à peine de se lever et Blaise lui pompait déjà toute son énergie. Saleté de faux-frère hyperactif...
- Ça ne peut qu'être parfait ! continuait Blaise en ouvrant sa penderie d'un mouvement brusque. J'ai pas mal discuté avec lui en plus ! Il pense qu'il est vraiment gay ou au moins bi, t'auras qu'à l'aider un peu ! Et comme c'est notre anniversaire, je vous laisse ma chambre et vous allez enfin pouvoir baiser ! Sans déconner, encore puceau à dix-neuf ans, faut le faire... se lamenta Blaise.
Ne pas le tuer, ne pas le tuer, ne pas le tuer...
Oh et après tout, c'était quoi qui l'en empêchait ? Ils n'étaient même pas frères du tout, leurs mères s'étaient juste connues à la maternité, ils n'avaient qu'une date en commun. Est-ce qu'un drap serait une bonne arme pour l'étrangler sans laisser de preuves ? Sérieusement, si Blaise lui balançait encore une seule fois qu'il était encore puceau, il le massacrait sur le champs. Ce n'était absolument pas comme s'il l'avait choisis, en plus...
- Chemise verte ou rouge ? demanda Blaise tout d'un coup.
- J'aime bien la rou...
- Va pour la noire, merci mec ! le coupa son ami.
Pourtant, quand Oliver se redressa sur son lit, il était en train d'enfiler son pantalon à l'envers... C'était pas possible d'être aussi excité si tôt...
- Dis-moi, tu ne crois pas que tu en fait un peu trop ? Mec, on a dix-neuf ans...
A ces mots, Blaise se figea une jambe en l'air. Puis ses yeux en amende se plissèrent avant qu'un doigt se pointe sur lui.
- Tu te rappelles de nos dix-huit ans ?
Oliver hocha la tête. Sérieusement, comment oublier ça ? Blaise avait organisé une fête tellement énorme qu'ils avaient dormis tout le week-end après. Quand ils avaient enfin émergés, le salon de la maison de Blaise était jonché de cadavres de bouteilles en tout genre et un de leurs amis avait détruit un vase en porcelaine de Chine de sa mère. Ils avaient passé toute une soirée à essayer de le recoller pour au final se faire déglinguer quand elle s'en était rendu compte... C'était là aussi qu'Oliver s'était découvert gay en roulant le patin du siècle à un mec qu'il ne connaissait même pas. Autant dire qu'il n'était pas vraiment sûr quant à cette nouvelle soirée...
- Il y aura pas mal de monde alors habilles-toi vite pour qu'on puisse planquer tout ce qui a de la valeur avant qu'ils arrivent, continua Blaise. Et il va falloir installer le rester. Alors debout ! Putain mec, j'ai mis mon pantalon à l'envers !
Un sourcil arqué et un léger sourire moqueur aux lèvres, Oliver regarda son ami pester en se rhabillant. Ouais, cette soirée allait être énorme. Et le stress de sa rencontre commençait à monter tout doucement...
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C'était énorme. Enfin, ça pouvait l'être quand même, vu le temps qu'ils avaient passé à tout installer. La maison de la mère de Blaise était immense et remplie d'objets précieux, aussi tout planquer dans la cave avait pris un certain temps. Il avait ensuite fallut préparer les chambres, Blaise insistant bien sur le fait qu'ils n'allaient pas que sucer des glaçons. Vers 19 heures, ils avaient poussés tous les meubles pour libérer une grande piste de danse et utilisé des rallonges à bloc pour relier la chaine Hi-Fi aux baffles. Avec les canapés dégagés aux murs, le salon semblait encore plus grand. L'imposante table en merisier était couverte de boites de pizzas et de bouteilles en tout genre. Oliver se prenait même zieuter à l'avance le saladier de sangria.
Le tout avait été fatiguant mais il fallait reconnaitre que ce n'était pas mal du tout. Il était plus de 21h et le salon grouillait déjà de personnes dont Oliver ne connaissait même pas le quart.
- ... et lui c'est un mec qui bosse avec moi, Terence, fit Blaise en désignant du doigt un type assez élancé qui se servait du punch.
- D'accord. Et son pote blond ?
- Je sais pas, jamais vu.
Blaise resserra ses bras autour de ses épaules. Ce petit enfoiré avait décidé de ne pas le lâcher avant de lui avoir présenté son ami. Vraiment, Blaise était la pire dame marieuse de l'Histoire...
- Ensuite le gros au fond c'est un connard qui s'appelle Vincent.
- Si c'est un connard, pourquoi tu l'as invité ?
- Parce que c'est un pote de Pansy.
Oliver roula des yeux. Bien sûr, ça justifiait tout... Alors pour Pansy, Blaise se pliait en huit et lui offrait limite des fleurs tandis que lui n'avait droit qu'à des plans foireux. C'était moche ça, vraiment.
Blaise continua de déblatérer tandis qu'Oliver cherchait un moyen de se barrer discrètement. Un plan tout en finesse, parce que Blaise serait quand même capable de l'attendre devant les toilettes s'il prétextait l'envie d'y aller. Ses yeux sondaient la foule d'invités avec une attention toute particulière, cartographiant mentalement le chemin le plus simple pour filer en douce.
Puis son ami resserra sa prise au niveau du muscle de sa clavicule, le faisant grimacer. Oliver suivit son regard et tomba sur un type qui s'avançait vers eux, assez grand et large d'épaules, vêtu d'une veste en cuir avec un jeans foncé. Ce qui fascina Oliver fut le fin collier de barbe qu'il portait, incroyablement bien entretenu. Non vraiment, pas mal du tout selon son standard. Peut-être qu'il irait lui taper la causette plus tard...
Le regard du type balaya la foule des invités avant de s'arrêter avant de s'arrêter sur eux. Il leva un bras amical vers eux et Oliver resta bloqué sur son sourire. Enfin son sourire... Mais comment une personne normalement constituée pouvait avoir une dentition comme ça ? Bordel mais sa bouche c'était Tchernobyl ou quoi ? Oliver eut un sourire crispé en lui rendant son salut d'un geste automatique. Un fou rire nerveux menaçait de s'échapper de sa gorge et il le ravala avec toutes les peines du monde.
- C'est qui lui ? grinça Oliver. Putain Blaise, on dirait qu'il s'est prit un pare-choc dans la gueule...
- C'est Marcus... répondit Blaise après un court moment de silence.
- C'est qui ...? répéta Oliver d'une voix faible en perdant son sourire.
La boulette. Oh la grosse boulette... La nervosité lui faisait dire n'importe quoi. Avec le regard d'un condamné, il observa le gars s'approcher d'eux. Ses jambes finirent enfin par lui répondre.
- Je vais voir là-bas, fit Oliver en se dégageant rapidement.
- Que... Oliver, reviens ici tout de suite ! cria Blaise.
Son ami l'ignora en se faufilant entre les invités, désireux de s'éloigner le plus possible. C'était mort, mort, mort... Il ne pouvait pas voir ce type en face en sachant ce qu'il venait juste de dire. Pourquoi il avait balancé un truc pareil ? C'était le genre de truc qu'il pensait juste, il ne le disait jamais ça ! Son slalom entre les invités se termina quand il atteignit la baie vitrée et s'engouffra dans le jardin, loin de toute le monde et de la honte monumentale qui l'attendait.
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Cigarette ou bière ?
La cigarette serait sa septième de la soirée et la bière... il avait perdu le compte. Finalement, Oliver décida qu'il allait coupler les deux. Clope perchée aux lèvres, il tenta de se rappeler comment décapsuler une bière avec un briquet. L'alcool ne rendait pas vraiment la chose facile, de même que sa vision trouble et ses doigts tremblants. Bordel, il faisait trop froid ce soir ! Le jeune homme rajusta son sweat à capuche dans une vaine tentative pour se réchauffer avant de revenir à sa tâche. Son enthousiasme fut récompensé quand la capsule se détacha enfin.
Il reposa sa cigarette encore intacte sur ses genoux et prit une grande gorgée de bière, le regard fixant les étoiles sans les voir réellement. Il était le seul isolé social dans le jardin. C'était ironique de penser que tout le monde s'en foutait de lui. Personne ne l'avait vu s'éclipser dans le jardin et au fond, c'était tant mieux. Trop de monde autour de lui, ça le mettait mal à l'aise et il n'était pas assez bourré pour s'en foutre et danser avec les autres. En plus, il avait passé une bonne partie de sa soirée à éviter le pote de Blaise. Cet enfoiré l'avait même bloqué dans les toilettes le temps d'aller le chercher. Oliver ne savait même pas ce qui lui avait prit de passer par la fenêtre pour sortir dans le jardin, mais c'était fait. Il n'était plus coincé et tant pis si Blaise était certainement en train de l'assassiner mentalement. Il ne lui avait rien demandé, merde ! C'était quoi cet acharnement ? A ce qu'il savait, ce n'était pas une tare d'attendre d'être avec quelqu'un de confiance pour passer le cap !
Sa bière descendit trop vite à son goût et il renifla en la posant sur les dalles de la petite terrasse en tintant. Restait la clope. C'était bien, la clope. De toute façon il avait trop la flemme de bouger pour aller chercher une autre bouteille. En soupirant, Oliver se cala un peu plus contre le mur, les jambes étendues devant lui. Son pied s'amusait à donner des petits coups dans les yuccas. 'Tain, même allumer sa cigarette lui prit un moment. Il devait faire trop pitié...
Le bruit de la porte coulissante de la baie vitrée attira brièvement son attention. Il y eut un juron et un mec fut brusquement jeté dehors. Oliver étouffa un gémissement pitoyable en reconnaissant la veste en cuir et... les chaussures. Baskets noires. A lacets verts. Ses yeux s'arrondirent de stupeur.
Oh bordel...
L'autre gars tenta de rentrer mais la baie vitrée coulissa et il entendit le "CLIC" caractéristique de son verrouillage.
- Putain, Blaise je vais te tuer ! cria le gars en donna un coup contre la vitre.
Il n'eut pas de réponse. Oliver se sentit désolé pour lui un instant. Puis il réalisa. Si la baie était verrouillée, ça voulait dire qu'ils étaient coincés dehors. Tous les deux. Ça lui suffit pour se mettre debout et foncer vers la baie derrière laquelle Blaise lui offrit un large sourire innocent.
- Ouvres-ça, espèce de connard ! cria Oliver, sa voix étouffée par le verre et la musique forte qui résonnait dans le salon.
Et évidement, l'autre sourit encore plus. Puis il souffla sur la vitre jusqu'à la recouvrir de buée. Oliver le regarda tracer lentement ce qui ressemblait au début d'un cœur très mal fait et... oh en fait ce n'était pas un cœur... Le jeune homme roula des yeux devant le dessin obscène.
- Oh c'est fin ça, bravo ! s'écria Oliver en s'éloignant de baie vitrée, les bras croisés sur son torse dans une mine boudeuse.
S'il croisait encore son ami, il allait vraiment le buter... Le faire souffrir très très très lentement. C'était le summum. Il était coincé avec un type qu'il ne connaissait pas et à qui Blaise avait ouvertement dit qu'il était encore puceau. Mais à quoi cet enfoiré avait pensé ? Qu'est-ce qui se passait dans son petit crâne pour qu'il puisse croire une minute que ça ferait plaisir à Oliver ? Ses mains commençaient à trembler sans qu'il sache si c'était de nervosité, de honte ou de colère. Peut-être un peu tout ça. Il avait honte. Horriblement honte. Et envie de frapper dans un truc. Fort.
Sachant qu'avec sa chance légendaire il se ferait plus mal qu'autre chose, il retourna dans son coin et shoota dans sa bouteille de bière vide, pour faire bonne mesure. Voilà, il était stressé à mort et il allait commencer à paniquer. Tu parles d'un anniversaire... Oliver se laissa tomber contre le mur et sortit une autre cigarette. L'autre avait finit dans les buisson dans son empressement.
Avec tout ça, il n'avait même pas fait attention à l'autre gars. Ce dernier souffla et finit par s'asseoir près de lui, sortant également une cigarette qu'il alluma avant de rejeter la tête en arrière contre le mur. Tiens, l'était gaucher, le type ?
- Galérien, lança-t-il en guise de salut.
- Jackie, répondit automatiquement Oliver sur le même ton avant de réaliser sa bêtise. Non je... Pardon. Vraiment... J'ai un peu bu, fais pas gaffe. Marcus, c'est ça ?
L'autre acquiesça, tirant à nouveau sur sa cigarette. Oliver frotta ses yeux avec la manche de son pull. Comment on pouvait encore appeler son enfant Marcus ? Ses parents devaient pas l'aimer ou quoi ?
Aucun des deux ne parla durant un long moment. Peut-être que ce Marcus était aussi gêné que lui, en fait. Si Blaise lui avait parlé avec autant de délicatesse qu'à lui, c'était largement compréhensible. Vraiment, son ami avait un don pour lancer des pavés dans la marre...
- Est-ce qu'il est toujours comme ça ? demanda finalement Marcus.
C'était une tentative un peu banale pour briser le silence, mais c'était mieux que rien.
- Ça lui arrive, éluda Oliver. Et c'est pire quand il est déchiré.
Ce n'était pas du tout comme si Blaise faisait une fixation sur sa virginité depuis qu'ils avaient seize ans, après tout. Pour nouvel an, il était même allé jusqu'à trouver un gigolo à qui Oliver avait gentiment demandé de se rhabiller avant de quitter sa chambre et de ne plus jamais revenir. Au fond, il ne savait pas qui avait eu plus honte, lui ou l'autre gars. Il allait vraiment falloir que Blaise arrête de mêler des gens à sa vie privée. C'était carrément malsain et flippant. Sans compter que la plupart du temps, ça tournait toujours mal.
- Est-ce que je te plais ?
La phrase était sortie de nulle part et Oliver se stoppa en plein mouvement, la cigarette à quelques centimètres de ses lèvres. Dans le genre truc inattendu, il y avait pas mieux. Ou pire. Non mais il était sérieux, lui ? Oliver battit des cils avant de tourner lentement la tête vers lui, l'évaluant du regard. Qui sortait des phrases de ce genre dans un contexte pareil ?
- Je t'ai choqué ? sourit doucement l'autre en tirant sur sa cigarette.
Il souriait. Bordel de bordel, il souriait et il était détendu. Donc il ne se foutait pas de lui. Comment réagir dans ce genre de situation ? Ça n'arrivait jamais une situation pareille ! Personne ne lui avait donné de mode d'emplois pour ça...
Interdit, il fallut un moment à Oliver pour se ressaisir et encore, sa main tremblait quand il aspira une nouvelle bouffée de fumée. Peut-être que l'autre gars était bourré lui aussi. Ouais, c'était forcément ça.
- Non mais c'est juste... commença Oliver avant de s'interrompre pour chercher ses mots. C'est la première fois qu'on me dis ça comme ça.
- T'es timide, alors ?
Mais c'était quoi ces questions ? Il n'arrivait même pas à savoir si c'était malsain ou flippant. Ou même totalement bizarre. Le jeune homme se gratta la nuque en se relevant, maudissant ses jambes de mettre autant de temps à réagir. C'était décidé, il allait mettre les choses à plat direct. Même s'il détestait faire ça, il serait tranquille après.
- Alors déjà, je suis désolé que Blaise t'ai mis là-dedans, vraiment, commença-t-il en se mettant à faire les cent pas. Je te connais pas donc c'est pas contre toi, mais quoi que Blaise t'ai dis, c'est mort. Je suis pas de ce genre là. Pas du tout même... Si tu veux te faire un mec pour tester, c'est certainement pas à moi qu'il faut demander !
Marcus leva les deux bras dans une attitude défensive tout en hochant la tête. Toujours détendu et calme. Sa voix grave était posée.
- Je t'ai juste demandé si je te plaisais, fit-il remarquer.
Ses yeux se plissèrent presque imperceptiblement et ses lèvres prirent une courbe légèrement amusée, laissant Oliver au dépourvu. Il en avait fait trop, pas vrai ? Et voilà, il se sentait comme un idiot. Encore. Le jeune homme croisa les bras sur son torse dans une attitude défensive.
- Je... je sais pas, mentit Oliver en le dévisageant à nouveau tout en essayant d'avoir l'air détaché.
Non parce que vraiment, globalement, ça allait. Grand, les cheveux bruns relevés avec du gel, des yeux sombres perçants et il avait l'air sympa en plus. Certainement pas le profil d'un mannequin - de toute façon Oliver avait focalisé sur ses dents... - mais globalement, il regrettait ce qu'il avait dit à Blaise. Pourtant, plutôt crever que de l'avouer à un gars qu'il venait juste de rencontrer. Il avait une fierté et refuserait de marcher dans le sens de Blaise. Plutôt mourir que lui donner raison. Les trucs à l'eau de rose, c'était dans les films. Avec Brad Pitt, de préférence. Ses pensées devenaient de moins en moins cohérentes, l'alcool lui montait trop à la tête.
Au sourire narquois qui étira les lèvres de Marcus, Oliver comprit qu'il avait cramé que son attitude détachée était bidon. Le brun étendit ses jambes et désigna le sol.
- Tu peux te rasseoir, tu sais. C'est pas comme si j'allais te violer.
- Je trouve pas ça drôle, cracha Oliver.
Marcus se contenta de hausser les épaules.
- Moi non plus mais t'as l'air convaincu que c'est ce qu'il va se passer, répondit tranquillement son interlocuteur. Poses tes fesses qu'on discute.
- Et si je veux pas ?
- Sois logique, on est enfermé dehors et je connais assez Blaise pour savoir qu'il ne nous laissera pas rentrer avant un moment. On peut simplement discuter comme des gens civilisés.
Bon point pour lui. La mine renfrognée, Oliver abdiqua et se rassit contre le mur, les jambes ramenées vers son torse. Il posa le menton sur ses genoux, attendant que l'autre parle, se contentant simplement de fumer en silence. La fatigue commençait à pointer le bout de son nez.
- Dis-moi, commença Marcus. Comment tu as su que tu étais gay ?
Celle-là pour le coup, Oliver s'y attendait. S'il était à sa place, il aurait demandé la même chose. Avec un peu plus de tact, quand même, mais il l'aurait fait. C'était pourquoi il n'était pas si surpris que ça. Contrairement aux autres gens qui le lui demandaient alors que ça ne les regardait pas, Marcus ne le jugerai certainement pas puisqu'il était concerné lui aussi.
Oliver se redressa, triturant ses mains. Il n'était pas très doué pour parler de lui aux gens qu'il connaissait à peine, aussi il se contenta de rester le plus synthétique possible. Marcus avait les yeux braqué sur lui et ce serait mentir que dire que ça ne lui faisait ni chaud ni froid. Oliver le trouvait impressionnant, autant physiquement que dans son attitude. Trouver ses mots ne fut pas très facile et il se retrouva plusieurs fois à frotter ses yeux avec sa manche. Il ne devait pas accorder d'importance à lui.
- En fait, j'ai jamais eu de copines, répondit-il simplement. Toujours des amies, tu vois. Des potes filles. Mais aucune qui m'attirait plus que ça. Ça intriguait Blaise alors un jour il a fait en sorte que j'embrasse une fille pour un jeu débile. Ça m'a pas fait grand-chose, ni chaud ni froid. Et l'année dernière, pour nos dix-huit ans, j'étais un peu torché et je déconnais beaucoup avec mec qui était gay. Je sais plus comment on est arrivé là, mais après on s'est embrassé et j'ai vraiment adoré ça. On a passé la soirée à se peloter après. C'était génial.
Très certainement qu'il devait avoir un sourire niais en racontant son souvenir. Rien à fiche, c'était quand même trop bien.
- Vous êtes pas allé plus loin ? demanda Marcus.
Oliver hésita et se passa la langue sur les lèvres, nerveusement.
- Non. Le lendemain je n'ai pas assumé et je me suis barré. Parce que tu vois, c'était pas normal que je trouve bien de me faire peloter par un mec, même bourré. Alors après je suis souvent sorti en boite. Je voulais savoir ce qui allait pas chez moi. J'ai essayé de coucher avec une fille mais je n'ai pas réussi. Elle était vraiment belle, mais... je la désirais pas, tu vois. Alors j'ai pris le truc à l'envers et je suis allé dans une boite gay.
- Et t'as aimé ?
- Ouais, carrément, fit Oliver en souriant, les yeux fermés.
Cette soirée resterait gravée pour toujours dans sa tête. C'était là-bas qu'il avait rencontré son premier petit-ami, Roger. Ils étaient resté deux mois ensembles avant que l'étudiant ne parte en programme Erasmus en Angleterre. Au début ils s'étaient envoyé beaucoup de lettre, puis petit à petit l'éloignement avait eu raison d'eux. Cette première relation avait beaucoup marqué Oliver et elle restait une de celles qu'il chérissait le plus. La simplicité d'une relation platonique lui suffisait, juste être bien avec la personne aimée. Le visage taquin de Roger se forma dans son esprit et un sentiment de nostalgie l'accompagna. Marcus sembla s'en apercevoir s'il en croyait le léger froncement de sourcils qui assombrissait son regard.
Oliver perdit son sourire et détourna le regard.
- Et toi ? demanda-t-il. Qu'est-ce qui te fait penser que tu es gay ? Ou bi ?
L'autre mit un moment à répondre. Oliver rouvrit les yeux et le regarda, la tête rejetée en arrière, faire des ronds de fumée vers le ciel.
- Je ne sais pas, en fait. Je fais du théâtre en amateur. Et dans un rôle que j'ai joué, mon personnage était homosexuel. C'était bizarre, au début. J'arrivais pas à me projeter dedans et l'idée d'embrasser ce mec sur scène me révulsais un peu, tu vois. Mon père déteste les homosexuels et j'ai été élevé dans l'idée que c'était des erreurs de la nature. (Oliver ravala de justesse la pique qui s'apprêtait à jaillir de sa bouche). Du coup, j'y arrivais pas et les répétitions étaient merdiques à cause de ça. Mais je voulais vraiment garder mon rôle. Alors je me suis entrainé avec mon compagnon de théâtre. Au début c'était juste pro.
Oliver le regarda se gratter la barbe distraitement, le regardé rivé au sol. A son ton un hésitant, il devina que c'était pas facile pour lui non plus de se confier. Compatissant, Oliver le laissa continuer. Ça lui rappelait la première fois qu'il était allé voir Blaise pour lui avouer qu'il était homosexuel... La mine désespérée et le mélange de larmes et de morves en moins.
- Et un jour, alors que je me disais que c'était pas vraiment si bizarre que ça, j'ai bandé, continua Marcus et Oliver le vit détourner le visage. C'est là que j'ai eu la trouille et je me suis barré. J'ai abandonné le rôle et j'ai refusé de revoir le gars. Puis ça a commencé à merder avec ma copine et j'arrivais plus à coucher avec elle. Je me suis rendu compte que j'avais focalisé sur mon compagnon de théâtre. Mais ça m'a pas fait ça avec d'autres mecs, tu vois. Donc je sais pas du tout.
Le châtain tira une dernière fois sur sa cigarette avant de l'écraser sur la surface carrelée de la terrasse. La mère de Blaise l'assassinerai si elle trouvait son mégot dans les plantes alors il se contenta de le laisser au sol à côté de lui. Ça lui faisait aussi penser qu'il allait devoir retrouver la bouteille dans laquelle il avait shooté.
- C'est peut-être juste sexuel, réfléchit Oliver en s'étirant. Il y a pas mal de gens qui essayent pour voir si ça leur plait vraiment. Après, tu peux être bi aussi. Je ne suis pas à ta place, mais je te conseillerais de faire tes propres expériences. Au moins tu seras fixé. Et puis s'il faut, c'était juste une fixation sur le gars, comme une obsession. Ça ne veut rien dire, on ne peut pas se baser sur une seule expérience. Enfin, c'est ce que je pense.
Sa dernière phrase fut accueillie par un temps de silence confortable durant lequel Marcus resta immobile, sa cigarette perchée aux lèvres et le regard dans le lointain, comme s'il méditait ses paroles. Au fond, Oliver ne s'était pas vraiment foulé. Il était doué pour écouter les gens mais se trouvait trop maladroit pour les conseiller. Ces paroles étaient celles que Blaise lui avaient dites quand il s'était confié à lui, totalement perdu et effrayé par la découverte. Elles l'avaient bien aidé alors si c'était aussi le cas pour l'autre gars, tant mieux. Fallait bien se soutenir entre jeunes hommes perdus entre l'adolescence et un monde d'adultes où chaque chose devait correspondre à une étiquette morale préétablie. Oh c'était beau ça, songea Oliver en hochant la tête sans s'en rendre compte, fasciné par sa capacité de raisonnement alors qu'il devait être à quoi, bien 2 grammes d'alcool ? Il faudrait qu'il l'écrive avant d'oublier...
- C'est moi ou ça caille pour un mois de juillet ? lança Marcus en ramenant ses jambes contre lui.
Oliver le regarda jeter son mégot de cigarette d'une pichenette.
- Je trouve que ça caille aussi. En plus j'ai envie d'aller me coucher, ajouta Oliver.
Marcus le regarda un peu de travers avant de jeter un coup d'œil à sa montre.
- Il est 23h, ça craint pas un peu pour l'anniversaire de ton pote ?
- 'M'emmerde celui-là... grommela Oliver dans sa barbe inexistante. C'est aussi le mien, merci.
- Sérieux ?
Se lever lui demanda un effort surhumain. Pas qu'il ait ingéré que des bières en plus, la saladier de punch était trop tentant pour qu'il se contente uniquement de binouze bon marché. Ce qu'il regrettait, c'était de ne pas avoir trop mangé, ce qui était dommage avec toutes les pizzas sur la table... Avec la fatigue, ce serait un miracle s'il rentrait dans la maison sans trébucher et se casser les dents sur le carrelage de la terrasse.
- Comment tu comptes rentrer, au juste ? questionna Marcus.
- Fenêtre des toilettes, répondit simplement Oliver.
Il l'avait fait pour sortir, alors pourquoi pas pour rentrer ? Oliver tenta de garder une expression neutre en marchant le long de la terrasse, le dos bien droit. Très certainement que ça devait se voir à des kilomètres qu'il était déchiré, mais il préféra se consoler en se disant qu'il sauvait un peu de sa dignité. Un peu. Ou pas du tout, même... Pas besoin de se retourner pour savoir que l'autre l'avait suivit. Ses pas trainaient sur le carrelage.
La fenêtre des toilettes était ouverte. Maintenant allait se poser une question simple : comment rentrer ? La fenêtre n'était pas petite mais le siège des toilettes se situait juste en dessous. Sortir avait été facile, il n'était pas très épais et avait prit appui sur la cuvette. Et il n'avait pas vraiment prit le temps de réfléchir, Blaise étant en train de s'exciter sur la poignée en l'insultant dans toutes les langues qu'il connaissait. C'était l'instinct et il n'était pas embrouillé par l'alcool. Par contre rentrer sans se retrouver la tête en avant dans la cuvette, c'était autre chose. Tant qu'à faire, il préférait ne pas avoir à se coucher la tête aspergé de produit bleu...
- Tu devrais passer devant, t'es le plus grand, fit Oliver en essayant de garder une mine sérieuse.
Marcus le regarda, un sourcil levé et un sourire moqueur étira ses lèvres lentement.
- Pour te rattraper si tu te croutes, hein ?
Oliver sentit ses joues s'échauffer de honte. Ouais, c'était le truc. C'était même carrément dans ce but qu'il avait fait cette proposition. Perspicace le type, quand même... C'était écrit sur son visage à ce point ? A court d'argument, Oliver sa gratta l'arrière de la tête avec un piètre sourire. L'autre le dépassa en souriant et se hissa sur la pointe des pieds, les doigts sur le rebord de la fenêtre, évaluant du regard la manière dont il allait s'y prendre. Oliver le regarda se reculer, retirer sa veste en cuir et la lui donner.
- J'arrive pas à croire que je fais ça... lança Marcus.
- Bienvenu dans l'entourage de Blaise, ironisa Oliver en faisant une petite pirouette approximative avec son poignet.
Bon, il fallait qu'il arrête vite avant de se ridiculiser... Parce que la, il atteignait le stade critique. Qu'est-ce que ce type allait penser de lui ? A sa surprise, Marcus lui offrit juste un sourire compatissant avant de prendre appui sur ses mains pour se hisser sur le rebord. Évidemment, il était trop grand aussi Oliver fit un effort surhumain pour ne pas ricaner quand il se tapa le haut du crâne contre le montant. Non, c'était pas drôle, il ne devait pas rire. Il réprima son envie en demandant à l'autre si ça allait. Un grognement plus tard, Marcus fit passer sa jambe gauche à l'intérieur et Oliver le regarda descendre précautionneusement. Une chance qu'il ait laissé la lumière allumée. Bravo Oli. Futur James Bond. Oliver s'approcha pour lui faire passer sa veste.
- Essayes de faire comme moi, ça ne craint pas, lança la voix de Marcus.
Avec une mine concentrée, Oliver évalua à son tour la hauteur du rebord. Il avait des bras aussi solides que des baguettes chinoise mais pourquoi pas. Il n'allait juste pas autant se la péter que Marcus, ça c'était sûr. Une petite voix lui soufflait que s'il s'y amusait dans son état, le risque de se péter un truc était trop important. Oliver joua donc la carte de la prudence en se contentant de sauter et grimper à plat ventre sur le rebord.
Marcus le regardait, les bras croisés sur le torse, son sourire narquois toujours accroché aux lèvres.
Mauvais idée.
- Je pense que tu devrais réessayer, constata Marcus et Oliver ne manqua pas la manière dont il serrait la mâchoire.
Cet enfoiré se retenait de rire. Plus jamais boire comme ça, se promit Oliver en se laissant descendre.
La seconde tentative fut beaucoup mieux. Il galéra juste un peu à pivoter et à passer ses jambes sur la cuvette, mais ce n'était pas sa faute. Pour sa défense, il s'appliquait à éviter le regard amusé de Marcus. Saleté. Traitre. Pourquoi il souriait tout le temps ? Il se moquait de lui, c'était ça ? Il n'était pas du tout comme Oliver se l'était imaginé lorsqu'il lui avait parlé derrière le panneaux de métal... Avec sa voix grave il l'imaginait plus neutre, moins... souriant. L'éclairage rendait encore plus fragrante sa dentition atomisée et son attitude tranchait avec son physique impassible. C'était super perturbant.
Par fierté, Oliver tapa la main que Marcus lui tendit pour l'aider à descendre de la cuvette.
- C'est bon, j'y arrive seul, maugréa-t-il.
Allez c'était bien... Un pied, ensuite l'autre. Hey, il avait réussi sans rien se péter. Si ça c'était pas une victoire ! Peut-être qu'il commençait à décuver...
- Oliver t'es où, frère ? beugla la voix de Blaise dehors.
La rapidité de sa réaction sembla étonner Marcus dont les sourcils se froncèrent. Par réflexe, Oliver flanqua un coup de poing sur l'interrupteur et plaqua son autre main sur la bouche de son vis-à-vis. Avec eux deux, l'espace était assez étroit mais il n'avait pas le temps de se soucier leur corps collés l'un à l'autre.
- 'Parles pas sinon je fais en sorte que tu ne puisse jamais te reproduire ! chuchota-t-il à ce qu'il pensait être l'oreille de Marcus.
- Dans ce cas je te conseille de viser plus à droite. Si ce que je sens est le genoux avec lequel tu me menaces, tu vas juste cogner la porte, murmura l'autre.
La vitesse avec laquelle les joues d'Oliver s'enflammèrent lui fit bénir l'obscurité. Maintenant c'était finit, il se taisait. La légère barbe de Marcus frottait contre sa joue et sous ses doigts. C'était bizarre comme contact.
Le bruit de pas sur le carrelage de la terrasse commença à s'éloigner et Oliver se retint de justesse de laisser échapper un soupir. Il ne lui restait plus qu'à filer jusque dans la chambre. Easy.
- Pas que ça me gène, mais je pense que t'as plus besoin d'être collé contre moi, lança doucement Marcus.
Nouveau pic de honte qui le fit se raidir. Avec une lenteur tout sauf préméditée, il se recula, hésitant à allumer la lumière. Il ne savait même pas quoi répondre à ça. Lui qui avait souvent de la répartie, il ne trouvait rien à balancer. Ce type avait vraiment le don de lui couper le sifflet et de le choquer. Et ça l'amusait apparemment.
- Je propose qu'on se sépare, reprit Oliver en tâtonnant à la recherche de l'interrupteur. Toi tu vas t'amuser et moi je...
Le frottement de la barbe contre sa joue aurait du être un signe. Vraiment, il aurait du réagir, être alerté.
A place, ses yeux s'ouvrirent en grand en sentant la bouche curieuse de Marcus se poser sur la sienne. Légèrement, avec hésitation. Tout son corps se raidit et il se fit violence pour contrôler irrésistible envie de gifler son vis-à-vis. C'était pas son truc, la violence. Aussi, il se contenta de reculer en tendant les bras pour ramener une distance de sécurité respectable. L'irréalité de la chose le faisait lui donnait l'impression d'être dans une mauvais série. Genre très mauvaise, avec des mauvais acteurs. Et bourrée de clichés.
- Je peux savoir ce que tu fous, là ? demanda Oliver, une fois remit de son état de choc.
- Je fais mes propres expériences, répondit simplement l'autre.
Ah oui, la fameuse conversation. Mais c'est-à-dire qu'Oliver ne s'attendait pas à ce genre d'application, loin de là. Il ne se faisait donc pas d'illusion : ce type était bizarre. C'était ça le décalage flagrant entre la fois où ils s'étaient parlé derrière la grille et les sous-entendus presque lourds. La situation commençait à devenir gênante et Oliver n'avait qu'une envie : se barrer.
- Ouais, d'accord, lança-t-il pour meubler le silence. Mais quand je disais ça, ça ne s'appliquait pas à moi, hein... Moi je... je fais pas ça, ajouta-t-il en cherchant le verrou de la porte à tâtons.
- "Pas ça" quoi ?
Sentant l'agacement pointer à grande vitesse, Oliver prit une grande inspiration. C'était son anniversaire, il n'allait pas s'énerver.
- J'embrasse pas les gens que je connais pas, répondit-il simplement.
- C'est moi qui t'ai embrassé, souligna Marcus. T'es timide ?
Cette phrase fut le summum. La colère s'empara de lui avec la vitesse et la violence d'un claquement de fouet. Tant que c'était léger, comme un jeu, il admettait et acceptait de marcher parce que c'était fun. Cependant il y avait une limite à ne pas dépasser et cet enfoiré l'avait bien franchie.
- Mais tu m'emmerdes ! s'écria Oliver. C'est quoi ton délires ? Tu te sens plus pisser ? Parce que je suis gay et que Blaise essaye de nous maquer ensemble, tu crois qu'on va baiser directement ? Allez, pour pousser le cliché encore un peu plus loin, on va tomber éperdument amoureux l'un de l'autre, aussi ! Le coup de foudre ! Peut-être même que je vais tomber enceinte et te donner des triplés aussi !
La colère l'aida à déverrouiller la porte rapidement. Marcus commença à dire quelque chose mais la voix d'Oliver couvrit la sienne alors qu'il continuait de vider son sac. Tant pis pour la crise de nerf, tant pis s'il passait pour un dégénéré, ça faisait du bien d'évacuer, merde !
- ... alors ouais, je suis timide ! Ouais je suis encore puceau aussi, mais parce que j'attends d'être avec la bonne personne. Et quitte à choisir avec qui je perdrais ma virginité, c'est pas avec un connard arrogant aux dents de traviole comme toi que je le ferais. Vas dans une boite gay et tapes-toi le premier gars que tu vois - parce que ça à l'air d'être ton style, hein ? Maintenant, moi je me casse et tu m'oublies, je n'existe plus pour toi ! Tu peux le comprendre, ça ?
Sa main s'abattit sur la poignée de la porte et il quitta les toilettes comme une furie, le visage brûlant de colère. Pour faire bonne mesure, il mit tout son cœur pour claquer la porte, sans se retourner. L'envie d'aller se coucher disparut alors qu'il continuait d'insulter Marcus dans sa tête. Puis vint le tour de Blaise aussi. C'était de sa faute si tout tournait toujours mal ! Les larmes de rage brûlaient ses yeux alors qu'il serrait les poings forts. Il savait que ça serait un plan foireux, il l'avait vu venir à dix kilomètres ! D'un mouvement vif, il essuya ses larmes d'un revers de manche, sans aucune délicatesse.
En remontant le couloir vers le salon et l'accès aux chambres de l'étage, la voix de Michael Jackson le tira de ses sombres pensées, comme si sa bulle venait d'éclater. Il se retrouva, pantelant, immobile dans le couloir. C'était son anniversaire. Il avait 19 ans et au lieu de fêter ça, il restait à se morfondre dans son coin, à jouer l'isolé social. La musique forte dans le salon résonnait, vibrant dans sa cage thoracique. Il adorait cette chanson, en plus. L'envie de se changer les idées s'empara de lui. Il voulait danser, s'amuser avec les autres. Et boire. C'était décidé, il allait se prendre une bonne grosse cuite à l'ancienne.
En jouant des coudes, Oliver se faufila entre les invités, saluant le peu qu'il connaissait. La musique forte ainsi que le monde dansant autour de lui suffirent à le rendre euphorique. C'était ça qu'il aimait dans les soirées. La bonne humeur contagieuse, la musique si forte qu'elle résonnait dans son corps et dans sa tête. Tout cette ambiance, cette foule où il pouvait relâcher sa timidité, s'amuser, chanter faux s'il le voulait parce que de toute façon, personne ne s'en rendrait compte. Il ne savait pas vraiment danser, aussi il se contenta de sautiller sur place jusqu'à ce que son regard tombe sur une boite de pizza ouverte. Oh yeah. Il fondit dessus sans attendre. Ce fut en croquant avec joie dans la première part qu'il constata qu'il était affamé. Il eut le loisir d'en déguster deux autres parts avant de se servir un petit verre de sangria, bien raisonnable. Il était déjà à moitié pété, pas besoin d'en rajouter...
Sa bonne résolution fondit comme neige au soleil quand Blaise lui mit la main dessus vers minuit moins vingt. Le volume de la musique avait été augmenté et la fête était à son paroxysme. Oliver ne sut jamais comment il s'était retrouvé à danser torse nu sur la table du salon avec Blaise, à beugler comme un veau pour tenter de couvrir le son de la musique. C'était sa fête, et il était bien et heureux, avec son frère de cœur. Il avait chaud, mais c'était pas grave, il s'en foutait de tout ! Et quand minuit sonna enfin, Blaise leur lança un défi à tous les deux qu'Oliver ne compris pas vraiment. Tout était flou et il se sentait bien, aussi l'idée de tenter les dix-neuf shots pour leur anniversaire lui sembla une bonne idée.
oOo
C'était une putain de mauvaise idée, se répétait Oliver en longeant le couloir approximativement, le cœur au bord des lèvres. Il était brûlant de chaleur, sa vision était trouble et l'envie de vomir se faisait tellement pressante qu'il avait peur de tout lâcher sur le parquet. Seule son aversion pour le vomit lui donnait la force nécessaire pour aller jusqu'aux toilettes. Il détestait ça. Quand les autres vomissaient, son corps faisait pareil automatiquement et il paniquait toujours. C'était comme ça depuis qu'il était petit. Foutu organisme défectueux...
Vaseux et en se tenant tant bien que mal d'une main, il se précipita dans les toilettes, faisant fi du couloir qui bougeait sans arrêt. Par un miracle inexpliqué, il parvint à tomber à genoux devant la cuvette. Une vague de nausée eut raison de lui et il se retrouva à se vider les tripes, le dos arqué et les mains serrant compulsivement la cuvette. Le corps parcourut de tremblement incontrôlables, les larmes montèrent immédiatement à ses yeux. C'était pitoyable mais totalement indépendant de sa volonté. Une nouvelle vague de nausée le faucha alors qu'il grelottait de tous ses membres.
- Oh p-plus jamais... plus jamais... se lamenta Oliver en repensant au concours stupide qui avait conduit à son état actuel.
Le verre de trop, en général, il le sentait arriver vite. Sauf que cette fois, il était tellement préoccupé par l'envie de se mettre bien qu'il ne l'avait pas vu venir, et il ne savait même pas lequel ç'avait été. Tenter les dix-neuf shots était vraiment une idée à la con qu'il n'aurait pu avoir que vraiment imbibé. En plus il n'avait pas tenu plus de huit...
Son bras se leva mollement pour chercher la chasse d'eau. Ne pas regarder la cuvette, ne pas regarder... Son index trouva le mécanisme qu'il actionna aussitôt. Maintenant il grelottait de froid... Un nouveau spasme le fit gémir et il s'arqua à nouveau, dans l'attente d'un autre haut-le-cœur. Il entendit à peine des petits coups à la porte. Il n'y avait que Blaise qui savait l'état dans lequel il était lorsqu'il vomissait.
- Blaise... Blaise je s-suis en train d-de c-c-rever, couina-t-il avant d'être secoué d'un nouveau spasme.
Une pensé lui vint comme quoi son ami était certainement plus pété que lui. Tant pis, au point il en était, un peu de compagnie ne serait pas de trop. Il renifla en essuyant ses larmes avec le revers de sa manche. Un haut-le-cœur particulièrement mauvais le fit se tendre alors qu'il se vidait à nouveau, les yeux obstinément fermés, le diaphragme au supplice sous la violence des nausée. Son ami se mit à genoux derrière lui, le torse contre son dos tremblant. Une main l'enlaça et se posa sur son ventre douloureux, exerçant une pression suffisante pour être rassurante sans oppresser, écho ironique de la position qu'il utilisait au travail quand les enfants étaient malades.
Le corps contre lui bougea et Oliver entendit le bruit de la chasse d'eau puis celui du papier toilettes qu'on déchire. Il s'autorisa à ouvrir les yeux timidement. Juste après, une main lui essuyait la bouche avec le papier toilette et Oliver bloqua sur la pigmentation de la peau. A moins que Blaise ne soit devenu Michael Jackson en un temps record, cette main blanche ne pouvait pas être à lui. Et Blaise était droitier, pas gaucher. Il lui fallut plus de temps que nécessaire pour que l'information monte à son cerveau, et quand elle arriva enfin, Oliver tourna un visage horrifié vers son sauveur.
- T-toi ?
Le visage soucieux de Marcus le fixa un instant, ses épais sourcils noirs froncé lui donnant un air grave qu'Oliver n'avait encore jamais vu chez lui.
- Tu te sens comment ? demanda-t-il en ignorant sa remarque précédente.
- S-super bien... commença à mentir Oliver avant de sentir une nouvelle nausée le secouer.
Il n'eut pas le temps d'en dire plus. D'une mains dans ses cheveux, Marcus ramena rapidement la tête sur la cuvette avec un timing remarquable. Il cala l'arrière de sa tête dans le creux de son épaule et sa main repris sa place sur son ventre, appuyant doucement pour le calmer.
- Calme-toi, demanda Marcus. C'est ta panique qui déclenche les autres nausées.
- Je peux p-pas, commença Oliver alors qu'il tremblait comme une feuille.
- Calme-toi, répéta Marcus, et cette fois ça sonnait comme un ordre.
La main sur son ventre massa la peau de son ventre, chaude et consolatrice. La voix grave de Marcus était basse mais son ton ferme l'aida à se calmer petit à petit.
- C'est la bile, tu ne peux pas vomir plus alors juste calme toi, d'accord ?
Les mains crispée sur la cuvette, Oliver hocha la tête lentement, haletant et les yeux à nouveau fermé obstinément. A nouveau sa bouche fut essuyée et la chasse fut tirée. Oliver sentit des doigts agripper les siens en une invitation silencieuse à lâcher la cuvette.
- C'est bon, ça va, répéta Marcus. Je vais juste changer de position le temps que tu te calmes, d'accord ?
A nouveau, Oliver ne fut capable que de hocher la tête. Un puissant coup de barre s'abattait sur lui au fur et à mesure qu'il commençait à se calmer. Il était à peine conscient de ce que Marcus lui disait. Il se sentait juste mou, endolori et sale. Et tellement fatigué. Il lui sembla qu'à un moment, Marcus lui caressait le bras, mais il s'en foutait royalement. Sa tête retomba contre l'épaule de Marcus et il s'endormit aussitôt.
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Dimanche 17 juillet 1997
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Ce fut une secousse sur son épaule qui réveilla Oliver. Ce dernier grogna avant d'ouvrir un œil paresseux, louchant sur la prunelle de Blaise décidément trop proche. Un son entre le grognement et le gémissement fila entre ses lèvres tandis qu'il se redressait du... corps de Marcus ? Dans le coaltar total, il se demanda un instant comment il avait atterrit dans le couloir et surtout ce qu'il foutait endormis sur la moquette... dans les bras de Marcus. Oh bordel. Ses membres engourdis crièrent au supplice quand il se mit en position assise.
- Je vois que la nuit a été intéressante, ricana Blaise.
- Ta gueule, grogna Oliver en lui envoyant un regard noir. Il est quelle heure ?
- Presque midi, répondit son ami. Petit dèj ?
- Je crois que je vais me mettre à la diète aujourd'hui, renchérit Oliver avant de se lever.
Tandis qu'un petit bonhomme s'appliquait à cogner son cerveau avec assiduité, Oliver se traina jusqu'au salon, un arrière-goût dégueulasse dans la bouche. Ah oui, la fin de soirée lui revenait lentement en tête. Il avait merdé.
Quelques invités étaient resté dormir et Oliver n'en reconnu pas plus de trois. Sur le canapé, Pansy dormait paisiblement, les cheveux en bataille. Oliver nota qu'elle était la seule invité à qui Blaise avait daigné donner une couverture. Faux frère.
- Tu sais, ça me gène de dire ça, mon vieux, commença Blaise et lui tapotant l'épaule. Mais tu sens le poney, ajouta-t-il avec un sourire timide.
- T'as pas senti ton haleine, répliqua Oliver dans un grognement. Si tu ouvres encore la bouche toutes les tapisseries vont se décoller...
Un ricanement franchit les lèvres de Blaise et il lui flanqua une taloche derrière la tête.
- T'as pas senti la tienne non plus, je te signales, lança son ami. Allez va prendre une douche et après on vire tout le monde.
- "Tout le monde" ? répéta Oliver en levant un sourcil.
- Non, pas Pansy, corrigea Blaise d'une voix plus douce tout en détourant le regard.
C'était toujours amusant de voir le petit sourire niais et l'expression de gamin de Blaise dès qu'il parlait de Pansy. Il était fou d'elle à un point que ça en devenait souvent ridicule. Oliver savait que la jeune femme était dans le même état mais aucun des deux n'arrivait à faire le premier. C'était le paradoxe de Blaise...
Bien que fatigué, Oliver concéda un sourire et fit lentement demi-tour pour monter les escaliers. Blaise avait raison, il lui fallait une bonne douche et surtout, surtout, qu'il se lave les dents ! C'était une chose sur laquelle il ne faisait jamais l'impasse d'habitude et son aversion pour les causes de l'arrière-goût dans sa bouche le motiva à grimper les escaliers. Après quelques grimaces provoquées par les courbatures dues à sa nuit par terre, il finit par arriver dans la salle de bain où il se déshabilla aussitôt.
Des multiples pièces de la maison, la salle de bain était une des préférées d'Oliver. Elle était grande et très lumineuse, avec une large baignoire d'angle en faïence de qualité et une douche à l'italienne pouvant facilement accueillir trois personnes de son gabarit. Le carrelage caramel et blanc des murs se mariait bien avec le faux parquet et donnait à l'ensemble une harmonie chaleureuse. La mère de Blaise était vraiment une femme de goût.
Comme l'avait dit son ami, il sentait la mort. Ses habits empestaient diverses odeurs nauséabondes. Le cocktail olfactif lui donna la nausée et il fourra tous ses habits dans la panière à linge. En attrapant sa brosse à dent et le tube de dentifrice dans le même mouvement, il entra dans la cabine de douche, tirant à peine le rideau transparent à motifs orientaux. Se caler sous le jet tiède fut un vrai moment de délice, et il en profita pour laver les dents avec une attention particulière.
De manière générale, Oliver n'était jamais vraiment réveillé tant qu'il n'était pas sous la douche. C'était son petit moment à lui. Souvent, il restait juste cinq minutes sous le jet avant de se laver tranquillement, de la tête au pieds. La sensation de l'eau coulant sur son visage puis sur son corps était parfaite. Légèrement tatillon sur l'hygiène, il ne fut satisfait qu'après s'être lavé les dents trois fois et être sûr qu'aucun recoins de sa bouche n'avait été oublié. Cette première étape faite, il passa au shampooing, se perdant dans ses souvenirs de la veille. L'odeur de l'amande douce emplit son nez tandis qu'il massait son crâne doucement à cause de sa migraine.
Il s'était prit une cuite monumentale, ça c'était certain et il y avait de grandes chances qu'il n'assume pas de reprendre le boulot le lendemain. Il restait tout le salon à remettre en place, les gens à réveiller et à faire partir gentiment... Cette dernière pensée lui arracha un gémissement pitoyable tandis qu'il ébouriffait sa chevelure pour rincer la mousse. Il ne voulait pas être celui qui réveillerai Marcus.
Un sentiment mitigé s'empara de lui. Il avait peut-être réagit excessivement en l'envoyant chier. Mais le type avait été lourd, donc il avait bien fait ? Non, ce n'était pas une raison pour l'insulter, quand même... Marcus était quand même venu l'aider dans les toilettes. Il lui était alors redevable ? Il détestait se sentir redevable. Oliver fronça les sourcils sous le jet d'eau. Non, il n'était pas redevable. Marcus avait insisté, donc il l'avait remballé. L'autre était venu l'aider de son plein gré, Oliver ne lui avait rien demandé. Pourtant il avait été sympa tout le moment où ils avaient discuté ensemble...
Toutes ses réflexions firent augmenter son mal de crâne en plus de ne lui apporter aucune réponse. Il décida alors de laisser couler, et d'y repenser plus tard, à tête reposée.
oOo
- Non, plus à droite le canapé, indiqua Blaise en plissant les yeux.
Oliver résista à la tentation de l'envoyer chier et se contenta de le foudroyer du regard tandis que lui et Marcus décalaient à nouveau le meuble. L'après-midi était bien avancée et les derniers trainards étaient rentrés chez eux. Seule Pansy avait été autorisée à rester, parce que Blaise voulait profiter d'elle au maximum encore. Puis il y avait eu Marcus qui avait décidé de rester pour aider à ranger, argumentant sommairement que c'était sa manière de remercier pour la soirée. Oliver l'avait regardé discrètement du coin de l'œil pendant son court laïus, méfiant au possible.
C'était comme ça que Blaise, vautré de tout son lard dans un fauteuil, se contentait de leur indiquer la position exacte des meubles pour tout remettre en ordre avant le retour de sa mère. Enfin, ça devait être ça. Oliver soupçonnait ce petit merdeux de s'amuser de l'ambiance glaciale entre lui et Marcus. S'ils avaient été proche au début de la soirée, Oliver s'était fait un point d'honneur à n'avoir aucun contact visuel avec le brun. Leurs interactions se résumaient donc à un "Salut" glacial quand ils s'étaient croisés après la douche d'Oliver, et c'était tant mieux du point de vue du jeune homme.
Marcus était toujours dans la case "Affaire à traiter", déclaré comme inclassable pour le moment. Oliver ne l'avait vu qu'une fois, mais son comportement était trop spécial pour lui. Le type n'était pas méchant, mais tant qu'il ne l'aurait pas cerné en entier, il restait un suspect à surveiller de loin. Son attitude ne collait pas avec la première impression qu'il lui avait donné et Oliver sentait qu'il y avait vraiment anguille sous roche.
- Je crois que c'est pas mal, ça, fit Blaise en se relevant.
Après un petit tour sur lui-même pour évaluer l'ensemble, il finit par hocher la tête avec un sourire satisfait.
- On a bien bossé, déclara-t-il en tapant dans ses mains.
- C'est gonflé de la part d'un mec qui n'a rien branlé, souligna Marcus en levant un sourcil sombre.
Pour une fois, Oliver était bien d'accord avec lui. Et puis c'était bien envoyé, quand même. Blaise se contenta de tirer en langue en grimaçant tandis que Marcus attrapait sa veste sur le porte-manteau. Les trois jeune homme gagnèrent l'entrée en silence.
- Si vous n'avez plus besoin de moi, j'y vais, signala-t-il en ouvrant la porte.
Puis il s'immobilisa un instant dans l'encadrement et se retourna.
- On se voit demain, Blaise ? demanda-t-il.
- Yep !
Mais Marcus ne bougea pas, la veste toujours dans ses mains. Oliver se douta qu'il y avait un truc bizarre quand Blaise le regarda droit dans les yeux avec un large sourire et un regard de psychopathe. C'était quoi cette merde ?
- Je vais voir si Pansy a besoin d'aide, lança-t-il en fixant toujours Oliver avec sa tête bizarre.
- Elle prend sa douche, rétorqua Oliver en croisant les bras, sentant le coup fourré à huit kilomètres à la ronde. Elle n'a pas de besoin de toi normalement.
Le jeune homme lui lança un regard suggestif lui interdisant de le laisser seul avec Marcus, mais son ami l'ignora royalement.
- Ouais mais je ne lui ai pas donné de serviettes ! répliqua Blaise et son regard se durcit, lui laissant comprendre qu'il ne l'aiderait pas.
D'accord, c'était un coup foireux, Oliver le sentait désormais à cent pourcent. Il s'apprêtait à rappeler à Blaise que Pansy connaissait la maison par cœur mais ce faux-frère fila monter les escaliers deux à deux. Il sembla un instant à Oliver qu'il s'était croûté dans son empressement quand un "BAM !" significatif se fit entendre, suivit d'un juron. Blaise parti, un silence inconfortable s'installa, rythmé par le tic-tac atroce de la pendule. Tout en maudissant son ami intérieurement, Oliver força un sourire et daigna enfin regarder Marcus un court instant.
- Bon ben salut, fut tout ce qu'il trouva à dire.
Puis sa conscience l'amena à rajouter un :
- Et merci, pour hier soir. Dans les toilettes, hein, pas pour le reste, bafouilla-t-il en se rendant compte qu'il s'enfonçait tout seul.
- C'est bon, fit l'autre. Je sais que j'ai merdé.
Sa remarque surprit légèrement Oliver. Pour autant, il nota que Marcus ne s'excusait pas non plus. Fallait pas abuser quand même, constata Oliver en le regardant brièvement. Le décalage était à nouveau là. Son ton n'avait plus les moqueries de la veille, de même que les regards bizarres. C'était un changement radical, mais qui collait beaucoup plus à l'image qu'Oliver s'était faite de lui lorsqu'ils s'étaient parlé la première fois.
- Mais tu me plais bien. J'aimerais qu'on se revoit, ajouta Marcus en plantant ses yeux sombres dans les siens.
Ses paroles firent l'effet d'une gifle chez le châtain qui ne put s'empêcher de se retourner pour regarder derrière lui. Non, c'était bien à lui qu'il parlait... C'était... inattendu. Bizarre ? Ouais, carrément bizarre. Vu comment Oliver l'avait envoyé boulé la veille, il ne s'attendait pas à ça. Mais pas du tout. Oliver eut un sourire crispé en lui envoyant un regard hésitant.
- C'est... une blague, hein ? tenta-t-il.
- Pas du tout, assura l'autre.
D'accord, c'était bizarre. Là, il n'avait plus les mots. Son cerveau avait bloqué, cherchant comment ils avaient pu en venir là mais ne trouvant aucun raisonnement logique. Parce que ça n'était pas logique ! C'était du grand n'importe quoi ! Aucun algorithme logique ne pouvait aboutir à un tel résultat. Ses pensées étaient confuses et il ne savait pas quoi dire. Embrouillé, Oliver eut un signe flou de la tête, entre le oui et le non, totalement perdu.
Non mais les trucs comme ça c'était dans les conneries des Feux de l'Amour que regardait sa mère! Ça existait pas en vrai, ça ! Son absence de réponse fit froncer un sourcil à Marcus. Puis ce dernier secoua la tête, et sourire léger étira ses lèvres.
Et ce fut la, encore, que ce salaud l'eut pas surprise. Avec juste un pas en avant, il referma la distance entre eux et plaqua sa bouche sur la sienne. L'acte eut l'effet d'un coup de jus sur Oliver et eut moins le mérite de le faire sortir de ses pensées, en décalé cependant. Parce qu'il réalisa vraiment ce qu'il se passait quand la langue de l'autre fila entre ses lèvres, et ses yeux s'écarquillèrent d'horreur. Ah non mais ça, même pas en rêve ! Oliver eut un violent mouvement de recul tout en le repoussant franchement, la bouche ouverte de dégoût, prêt à répandre ses tripes du le sol.
Il lui avait roulé une pelle. Une putain de pelle ! Le truc qu'il détestait le plus au monde. Il allait vomir. Encore. Et l'hygiène dans tout ça, bordel de merde !?
- Dis-moi juste quand tu voudras qu'on se voit, lança Marcus.
Pour toute réponse, Oliver le poussa dehors et lui claqua la porte au nez avant d'actionner tous les verrou fébrilement. Une fois sûr que tout était fermé, il se laissa glisser contre la porte, perdu, la langue désespérément tirée hors de sa bouche. C'était dégueulasse, putain ! Il était trop occupé à essuyer sa langue avec ses doigts pour entendre Blaise dévaler les escaliers.
-Oh mon dieu ! s'écria Blaise, le visage lumineux. J'ai pas rêvé, il t'as roulé une pelle, là ?
- Je sais pas..., articula Oliver d'une voix blanche en ramenant ses jambes contre son torse.
- D'accord, je vais demander autrement, fit Blaise en s'agenouillant à sa hauteur. Oliver, est-ce que ce gentil monsieur vient d'introduire sa langue dans ta bouche ?
Oliver lui lança un regard noir en lui adressant un doigt d'honneur. Il allait s'évanouir. Ses pensées commençaient à s'affoler, son cerveau rejouait la scène en boucle. Immonde, dégueulasse...
Blaise fit caquer ses doigts devant son visage.
- Oliver, tu veux une poche pour respirer dedans ou ça va aller ?
- Je sais pas ! finit par s'écrier Oliver, la panique atteignant des sommets.
- Tu vas le revoir ? tenta Blaise d'une petite voix.
La violence avec laquelle Oliver s'empara de ses épaules pour amener son visage près du sien fit sursauter Blaise.
- Je ne veux plus qu'il m'approche, ce mec est un malade ! hurla Oliver en le secouant compulsivement. Les gens normaux ne font pas ça ! C'est totalement dégueulasse !
- D'accord, d'accord ! Mais je peux dire un truc ?
D'une poussée comme il l'avait fat avec Marcus, Oliver l'écarta avant de se mettre debout. Il pointa un doigt accusateur sur Blaise, ainsi qu'un regard lui promettant mille souffrances.
- Non ! Toi tu... tu dis plus rien ! Je veux plus t'entendre ! Je... je vais me coucher ! s'écria Oliver d'une aigüe.
Tadam o/
Allez, c'est le moment où je défend mon beefsteak : Oliver légèrement tapette ? Totalement, mais à cause de l'alcool, 'comprenez. Marcus absolument connard ? Totalement, mais du point de vue d'Oliver qui est déçu par rapport à ce qu'il attendait de lui.
J'avais bien dit que ce serait un massacre, basé sur l'humour en grande partie, et également légèrement OOC. Cette histoire est particulière, si vous n'aimez pas, passez votre chemin. J'ai d'autres projets beaucoup IC à venir ;D
Comme toujours, on retrouve le tandem Oliver/Blaise que j'adore. Y a tellement de choses à faire avec eux, c'est ouf :)
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, en bien comme en mal !
Et je vous dis à la prochaine ;)
