Cartman serait fier de lui, son élève modèle avait suivi ses instructions à la lettre. En y mettant tout de même sa petite touche personnelle.

Comme le lui avait conseillé son confident, Clyde s'était montré discret durant la journée de cours, pas fuyant mais moins expansif qu'à son habitude. Pour créer un certain manque chez Craig, donner l'impression d'insaisissabilité, un point important pour se faire désirer et encore plus aimer par son complice. Enfin, d'après la grande connaissance d'Eric Cartman, et Clyde devait bien avouer que ça tenait la route. Et puis cela ne blessait pas son ami comme il ne le fuyait pas, c'était bien plus subtil !

En somme, pas mal de petits détails importants avant de proposer très solennellement à son meilleur ami de l'accompagner dans le restaurant qui allait le ruiner. Mais avant ce moment fatidique et fatal pour ses pauvres économies, la journée lui avait semblé plus longue et interminable que jamais, maintenant que Craig était presque son petit ami... Oui, un micro doute subsistait. Pouvaient-ils déjà prétendre être comme un couple juste après un premier rencart à ne même pas avoir résulté sur un tendre baiser, ou une étreinte pleine de romantisme ? Peut-être même que les homosexuels ne fonctionnaient pas de la même manière, qu'un certain rituel devait se mettre en place avant une mise en couple officielle.

Petit ami ou pas, dès son réveil, Clyde avait tout de même attrapé son portable pour envoyer un message à celui qui restait toujours son meilleur ami (Si ses calculs étaient pour une fois exacts, le fait de sortir avec une personne ne rayait pas la relation amicale passée).

Avec malgré tout un peu d'appréhension mêlée à une vive excitation très joviale, le gamin avait donc rapidement rédigé l'amorce de leur première conversation matinale. Sans réfléchir trop longtemps ou se questionner sur la portée de chaque mot. Sinon, le soupirant sans cesse éconduit de Bebe Stevens savait qu'il allait changer d'avis, couper son portable, et préférer adresser la parole à son ami en le voyant dans le bus. En sachant très bien qu'il n'oserait jamais dire en face à face à Craig qu'il repensait encore à leur rencart de la veille. Alors que par message cela semblait si simple et idéal...

Sauf l'attente insupportable suite à cet envoi. Et le petit moment de stress grimpant en même temps que ce combat mental pas forcément logique, qui consistait à s'incendier soi-même pour avoir osé envoyer un message aussi niais à un pote. Affreusement niais et dégoulinant de naïveté !

À coup sûr, dès qu'il allait le voir, le fan de cochons d'Inde allait se moquer de lui et le traiter de petite fille romantique. Sous entendant qu'il ne voulait pas d'un petit ami aussi ridicule et mièvre. Mais un gars instruit et brillant, comme Mark. Alors que Clyde était plus que jamais convaincu d'être sans conteste meilleur et plus séduisant que cet indésirable. Son reflet lui faisant face pendant qu'il se coiffait de la plus cool des façons n'allait sûrement pas lui dire le contraire.

Ni Craig, puisque celui-ci venait de justement répondre à son message. Plus rapidement qu'à l'accoutumée ! D'habitude, son compère prenait tout son temps pour se manifester. Parce que, selon lui, ce genre de chose pouvait attendre. Peut-être aussi qu'il prenait d'abord le soin de s'occuper de Stripe. Et Clyde ne s'en vexait pas, il se servait même de ce détail pour taquiner gentiment son compère si dévoué et surprotecteur.

En revanche, ce matin, son cher ami très proche du titre de petit ami lui avait répondu quelques minutes après. En avouant que lui aussi y repensait beaucoup à ce rencart... Décidément, le gamin adorait ce mot, surtout quand ce terme bien précis se liait à son meilleur ami.

Pour un bon nombre de non connaisseurs, ces messages entre deux amis visiblement très maladroits avec le nouveau tournant de leur relation paraîtraient bien futiles. Voire ridicules. Mais pas pour Clyde, qui avait à moitié bondi de surprise devant ce message pas attendu si tôt, dont la réponse lui faisait esquisser un immense sourire ému. Ces quelques mots, cette réponse très brève, lui faisait ressentir quelque chose de très agréable. Un bonheur à la fois physique et mental, une sensation que l'éternel admirateur de Bebe Stevens se serait fait une joie de ressentir encore un peu si son père n'avait pas frappé à sa porte pour le prévenir gentiment de se dépêcher s'il ne voulait pas rater son bus et arriver en retard à l'école.

Oui, l'école. Le lieu où il allait revoir son meilleur ami, très proche de devenir son petit ami vu le message que Craig lui avait envoyé. Ou peut-être que leur situation de couple serait officielle une fois le bon moment passé, quand ils pourraient enfin échanger sans trop de problème un vrai baiser...

En attendant, Clyde avait fait de son mieux pour passer une journée de cours des plus normales. En plaisantant avec ses amis, affichant sa bonne humeur habituelle, sa bonne volonté lors de ses interventions hélas pas toujours très concluantes durant les heures d'études. Et, bien sûr, sans éviter Craig Tucker. Celui-ci ne s'était d'ailleurs pas montré particulièrement différent de d'habitude. À part peut-être quelque petits regards appuyés sur la personne de son meilleur ami, cette fois complètement consentant et au courant des sentiments de son complice. Des sentiments peut-être bien partagés, mais Clyde ne pouvait pas encore l'affirmer ni se sentir complètement stable à ce sujet. Et sentait qu'il avait besoin de l'intervention de Craig. Que ce dernier manifeste, lui et ses sentiments, de manière un peu plus explicite. Pas forcément le premier pas, mais un peu plus que ces brefs coups d'œil ou ces petits sourires touchants mais trop lointains. Sauf si les gays se démarquaient encore une fois des codes romantiques, par prudence ou pour rendre le jeu plus excitant. Sans chercher à s'investir davantage dans la relation finalement peu sérieuse si on excluait le sexe...

Non, Craig ne pouvait pas être comme ça. Sinon, pourquoi lui aurait-il envoyé un si beau message ce matin, en admettant que ce rendez-vous le hantait lui aussi. Donc que ce moment comptait à ses yeux et voulait bien dire quelque chose !

Craig avait peut-être juste besoin d'un peu de temps. Si ça se trouve, ses sentiments amoureux tournés vers son meilleur ami dataient de longtemps, de l'école élémentaire par exemple. Ainsi, comme par miracle, devenir enfin le petit ami de Clyde Donovan devait lui sembler trop beau pour être vrai. De quoi le rendre tout à fait légitime de quémander un petit moment d'adaptation.

Même si son meilleur ami autrefois aimé uniquement secrètement, lui, se sentait plus que prêt. La preuve : Sans jouer les tire-au-flanc, ce bouffeur de tacos plus que jamais impatient d'arriver à l'heure-H d'un futur nouveau rencart avait foncé chez lui dès la fin des cours. Bien sûr, sans oublier avant de saluer tous ses amis. Surtout Craig auquel il avait fait un petit clin d'œil assez discret. Tellement discret que le fervent défenseur de cochons d'Inde paraissait douter de cette marque d'affection très particulière. En tout cas, Clyde savait d'avance que son cher ami ne se contenterait pas de simplement hausser un sourcil une fois qu'il le verrait au moment de l'invitation à un dîner aux chandelles, tout à l'heure.

Car son compère allait soigner chaque détail, à commencer par sa tenue.

En faisant une petite entorse aux consignes de Cartman, son protégé bien dissipé n'avait pas choisi ses vêtements les plus chers pour cette grande occasion dans un endroit si huppé. À la place, Clyde s'était rabattu sur des habits de la couleur préférée de son ami. Tout aussi élégants, mais pas trop non plus. Son instinct lui soufflait de ne pas en faire des tonnes, et que ce petit clin d'œil vestimentaire plairait déjà beaucoup à celui avec lequel il allait passer la soirée.

En attendant d'avoir l'approbation de celui que le gamin était encore tout ému de désigner comme son petit ami, l'image que lui renvoyait le grand miroir de sa chambre lui plaisait. Le bleu était une couleur qui lui allait plutôt bien. Pourvu que Craig pense la même chose... Pourquoi au lieu de le titiller pendant des années pour savoir quel était son style de fille il ne lui avait pas plutôt demandé ce qui lui plaisait chez un gars...!

Tant pis. Pour se redonner du courage face à ce petit moment de doute, Clyde avait relu la fameuse réponse à son message de la matinée. Une adorable réponse. Si inattendue de la part de son ami. Bien plus précieuse que n'importe quel message que quelques jolies filles avaient daigné lui envoyer. À part peut-être ceux des filles assez délurées, qui n'hésitaient pas à parler de sexe ou de sujet tout aussi excitants. Quoique, ça ne produisait pas le même plaisir que le récent message de son meilleur ami. C'était donc ça la différence entre l'amour et la simple attirance purement primaire ?

Peu importe, d'un pas fièrement décidé, il était sorti de chez lui pour traverser les quelques mètres qui le séparait de la maison des Tucker. C'était presque trop rapide, subitement stressant...

Depuis toujours, le gamin bénissait un dieu assez gentil pour lui avoir fait la grâce d'être le voisin de son meilleur ami. Comme ça, ils pouvaient plus souvent jouer ensemble et se voir en se penchant simplement à la fenêtre.

En ce moment, Clyde aurait sérieusement préféré marcher un peu plus que quelques pauvres secondes. Pour pouvoir penser à plein de choses existentielles, comme la réaction qu'aurait son pote, la qualité du menu de ce fameux restaurant, l'instant où il raccompagnerait Craig et où ça serait peut-être le bon moment... Se dire aussi qu'il était encore temps de faire demi-tour, revenir à ses vieux démons l'entraînant dans une dangereuse lâcheté.

Mais pas si vite se faire la réflexion qu'à cette heure-ci, les parents de Craig devaient être rentrés du travail. L'invité surprise priait donc très fort pour que ça soit son ami qui lui réponde. Ou Tricia. Mais pas des adultes auxquels il devrait mentir et soutenir leurs regards chargés d'une pauvre confiance sauvagement poignardée pour une bonne cause.

Fort heureusement, c'était la personne que le gamin avait le plus envie de voir qui venait de lui ouvrir la porte. Pour un peu, Clyde se serait jeté sur son ami pour lui offrir son plus chaleureux câlin. Avec une petite touche d'émotion en plus. Sauf que Craig ne semblait pas franchement ravi de le voir. Pas en colère, juste mal à l'aise, contrarié. Comme s'il avait remarqué le soin qu'avait apporté son compère à sa tenue, son air solennel, et la demande qui allait sûrement avec. Une demande qu'il ne pourrait honorer, Mark l'avait devancé et invité le fan de cochons d'Inde dans un restaurant encore plus chic... Impossible !

Quand même, celui qui n'était visiblement pas attendu voulait en avoir le cœur net. Pour, si besoin, aveuglement écouter les conseils de Cartman et saboter ce rendez-vous intolérable.

- Je te dérange ?

- Stripe vient de renverser du jus d'orange sur lui. J'allais lui donner un bain.

Si la situation ne devenait pas de plus en plus bancale au fur et à mesure que les secondes passaient, Clyde aurait tout bonnement éclaté de rire. En écoutant son ami lui conter la mésaventure de son animal de compagnie. Et très bien imaginer le petit cochon d'Inde observer son ami humain en train de lui préparer minutieusement son dîner. Ravi de tout le mal qu'il se donnait en coupant délicatement chaque fruit et légume lui étant destinés. Stripe restait néanmoins très impatient, et un peu maladroit, si bien qu'il avait fait tomber le jus d'orange mis de côté pour assaisonner son plat.

Finalement, en apprenant qu'après s'être ébroué, Stripe en avait profité pour entamer son bon repas, comme si de rien était et de la plus innocente des façons malgré sa petite bêtise, Clyde n'avait pu réprimer un fou rire. Puis avait failli instantanément perdre ses moyens une fois sa brève hilarité passée pour être en mesure de remarquer que son ami le regardait avec un petit sourire très doux. Comme si Craig trouvait son rire mignon, pensant même qu'il était tout simplement adorable durant une crise de rire. Malgré que son complice lui ait toujours affirmé le contraire (Que ça lui donnait juste un air stupide), et qu'il avait bien vite repris ses esprits (lui aussi) pour proposer à son ami d'entrer.

Histoire de ne pas le laisser rentrer misérablement chez lui, la queue entre les jambes, alors que son enthousiasme scintillait encore de mille feux.

À vrai dire, là c'était surtout son cerveau qui surchauffait et faisait des étincelles. En se dépêchant de laver le petit rongeur, ils pouvaient arriver à temps pour le bus et donc se rendre en courant au grand restaurant réservé exprès. Mais, connaissant son compère, le gamin savait que Craig allait passer un temps fou à s'occuper de Stripe, jusqu'à sécher méticuleusement chacun de ses poils. Et Clyde ne lui jetait pas la pierre, lui aussi pensait à la bonne santé du cochon d'Inde. D'un autre côté, ce rendez-vous restait aussi très important pour leur couple pas encore tout à fait certifié. Il y avait bien un petit quelque chose, mais un certain truc manquait encore. Comme un certain baiser. Encore fallait-il que cette embrassade soit donnée le plus romantiquement possible. Mais comment embrasser convenablement celui qui le mois dernier était encore son meilleur ami... À tous niveaux, les choses restaient donc encore très confuses.

Pour couronner le tout et confirmer la situation de crise, Clyde venait à l'instant de penser qu'il avait besoin des conseils de Cartman. Savoir s'il devait agir comme un véritable petit ami dominant et forcer tendrement la main à sa moitié pour qu'ils puissent passer une soirée inoubliable. Ou se comporter comme le meilleur ami modèle de Craig Tucker, et le laisser en tête-à-tête avec Stripe.

Même s'il avait déjà une vague idée de la réponse de son confident, le gamin ressentait le besoin d'avoir une oreille attentive, une bouée de sauvetage, et le seul au courant pour sa relation de plus en plus incertaine.

Heureusement, Craig le connaissait assez bien pour ne pas se méfier et avoir de sérieux doutes lorsque son pote lui avait demandé s'il pouvait utiliser la salle de bain alors qu'il aurait pu y aller chez lui. Clyde Donovan était le genre de gars assez étourdi pour se lancer à corps perdu dans un projet et se rendre compte au mauvais moment qu'il avait une envie pressante. Il avait déjà fait le coup lors de son grand moment en tant que Seigneur des Ténèbres, quand le banni de Kupa Keep avait dû foncer aux toilettes et mettre un temps fou à réajuster son costume, alors qu'il était censé faire un glorieux discours de remerciement à tous ceux qui venaient s'allier à sa cause. Heureusement que son fidèle assassin lui avait prêté main forte pour se rhabiller correctement, et avoir ainsi fière allure devant ses nouveaux alliés heureusement pas trop regardants de son léger retard.

Ce coup-ci, le Seigneur des Ténèbres déchu était seul pour faire face à ce petit changement de programme. Enfin presque, son ancien ennemi juré durant la quête du Bâton de la vérité allait peut- être le tirer de ce guêpier. Si ce gros lard voulait bien se bouger le cul et tendre le bras pour attraper son portable avant qu'il ne soit trop tard... ! À chaque fois que des pas s'approchaient de la salle de bain, Clyde sentait sa dernière heure arriver.

Au bout de bien trop longtemps, des tonalités insupportables à compter, Eric Cartman avait finalement décroché. Et, à en juger par le ton de sa voix, il n'était pas spécialement ravi de se faire déranger par son élève auquel il n'était pas censé offrir des heures supplémentaires de ses précieux cours. En faisant le moins de bruit possible, son petit protégé devait donc expliquer le plus calmement et succinctement possible l'état actuel des lieux.

- Tu as une drôle de voix... Craig t'a torturé ?!

En tête de sa liste de choses à faire absolument, Clyde notait mentalement en grosses lettres capitales rouges d'humilier Cartman dès qu'ils se reverraient. Le cogner serait trop risqué comme toute sa graisse devait le rendre invincible aux coups. Et puis, certains de ses conseils restaient tout de même précieux pour sa relation avec Craig.

Seulement, ce gros con faisait encore exprès d'ajouter des éléments exagérément libidineux à une réalité beaucoup moins... Surréaliste ! En demandant d'une voix ingénue si la gorge profonde qu'il avait dû faire à son pote gay adoré était la cause de cette voix enrouée et étouffée. Comme si Craig allait lui demander une chose pareille... Toutefois, en apprenant que son ami (jusque-là déclaré comme strictement hétérosexuel) commençait à se découvrir une attirance pour les hommes, peut-être allait-il en profiter et lui demander des choses très peu amicales. Alors que son complice ne brûlait pas d'impatience de découvrir ce genre de chose sous la contrainte, plutôt sous un jour beaucoup plus romantique. Si bien sûr la chose était possible avec celui qui était presque complètement son petit ami.

En fait, le seul génie du mal ici c'était Cartman. Un génie diabolique très loin d'être un imbécile, et donc parfaitement à même de comprendre que son interlocuteur devait chuchoter pour ne pas que le fervent défenseur de cochons d'Inde soit au courant de leur conversation téléphonique.

Sauf si c'était justement ce que ce gros lard voulait ! Que Craig découvre l'étrange mais pour le moment solide relation de confiance à s'être nouée entre son meilleur ami et ce gars qu'il détestait cordialement. Malgré ses sentiments amoureux, qu'il soit terriblement déçu de la conduite de ce misérable bouffeur de tacos toujours aussi peu futé et trop impétueux. Pour finalement couper définitivement les ponts avec lui et se consoler dans les bras de Mark Cotswolds. Triste dénouement. Un plan machiavélique digne de l'esprit torturé d'Eric Cartman...

Heureusement, au lieu de continuer dans les moqueries de très mauvais goût, ce dernier écoutait attentivement les dernières nouvelles au sujet de la gaffe très mignonne de Stripe, à mettre surtout en péril un futur rencart aussi chic que romantique. Mais son confident n'était plus un grand sorcier capable de quelques miracles causés par le pouvoir de l'imagination, il s'illustrait à présent comme une présence fataliste mais au combien réaliste.

- Laisse tomber, Clyde. Ça va durer des heures et vous allez tout rater. Ce fétichiste de cochons d'Inde serait prêt à vendre sa mère si sa bestiole le lui demandait...

Encore une fois, Eric exagérait un peu mais n'avait pas non plus complètement tort. Tous les proches de Craig Tucker savaient combien il adorait les cobayes, et s'inquiétait davantage des moqueries faites sur Stripe que celles au sujet de sa propre mère !

Un jour, pour défendre l'honneur de son animal de compagnie et de tous les cochons d'Inde réunis, le gamin au bonnet péruvien s'était même battu avec un élève de l'école. Celui-ci argumentait que les cochons d'Inde grillés étaient paraît-il délicieux. Que ça avait le goût du poulet ! Et avant d'avoir eu le temps de détailler la recette du ragoût à base de viande de cochon d'Inde, ce petit plaisantin s'était brutalement fait mettre à terre pour recevoir une pluie de coups, répliquer de plus belle, et provoquer une formidable animation. Bien sûr, les parents des deux garnements indisciplinés n'en avaient pas cru leurs oreilles en apprenant la raison de cette bagarre. Mais beaucoup de gamins avaient appris combien les cochons d'Inde pouvaient devenir un sujet sensible. Presque sacré !

Ce n'était donc pas la peine de faire miroiter à Craig un repas dans un restaurant étoilé. Encore moins un éventuel baiser de sa part. Son presque petit ami se demandait d'ailleurs s'il comptait plus que Stripe... Avant de s'engager sur ce terrain glissant et tortueux, Clyde avait eu droit à la sage conclusion de son cher confident.

- Je pense que tu ferais mieux de rentrer chez toi, pour te changer les idées avec quelques magazines...

Trop tard, Clyde venait de lui raccrocher au nez avant de savoir la nature de ces magazines. Le gamin connaissait déjà le sujet des fameuses revues. Et savait très bien ce qu'il devait faire pour le cas de Craig.