D'aventure

Me revoilà après des années d'errances. Tu m'as attendu.

Je le sais. Je l'espère.

J'essaye surtout de m'en convaincre.

Pourquoi l'aurais-tu fait ? Après tout, moi je suis bien parti vers d'autres corps que le tien. Je ne suis jamais resté longtemps près d'eux. Ils ont défilé dans ma vie. A travers eux, c'est toi que je cherchais. Je les comparais à toi en tout point. Pour moi, aucun ne souffrait la comparaison, tu étais toujours au dessus d'eux. Largement. Et pourtant, je te fuyais toujours plus avant.

Paradoxalement.

Je te cherchais en eux en croyant t'oublier. Toi, l'héritier de la grande et sombre famille Snape.

Tu me connaissais mieux que quiconque, même mieux que James. Etonnant n'est ce pas ? Le savais-tu ? Non, tu ne l'avais même pas deviné. Je te faisais une confiance totale. Alors, je suis parti.

C'est dangereux la confiance. Tu pouvais faire de moi ce que tu voulais. Je te donnais tout pouvoir sur moi. Risqué. Trop. Il ne fallait pas que tu le découvres.

Je suis fou … de toi, certes, aussi.

Je suis fou tout court.

Je suis d'un sang maudit. Mon mental est atteint. Tu as représenté mon ancre dans ce monde. Pourquoi toi, je ne saurais le dire. J'ai eu mal de te laisser. Je ne voulais pas un jour devoir te faire subir un de mes accès de folie. Te blesser, je ne l'aurais pas supporté.

Alors, je suis parti.

Ou plutôt un jour, je ne suis pas revenu.


Séverus revenait dans son appartement de jeune professeur pour y rejoindre son amant. En ouvrant la porte, il s'attendait à le voir assis derrière le bureau, entrain de rédiger une de ses nombreuses lettres à l'un de ses amis ou même un rapport sur sa dernière mission d'Auror. Peut-être serait-il allongé sur le canapé, endormi, fatigué de l'attendre. Il est vrai que Séverus prenait à cœur son métier et rentrait souvent bien après l'heure.

Seulement, il voulait faire ses preuves. Sa mère, elle le jugeait sans cesse, rien de ce qu'il faisait, n'était assez bien. Prouvé à chaque minute qu'il était apte d'être l'héritier de la famille Snape, à défaut d'être un grand nécromancien, il se devait d'être un maître des potions prestigieux ; et ce n'était pas une affaire de tout repos.

Tout cela pour dire qu'il attachait une grande importance à son Art. Sans pour autant négliger sa vie privée qui était par ailleurs jalousement protégée aux yeux des autres. Les seuls au courant de la situation était lui-même et … son amant. Même pas le directeur qui les avait pourtant hébergé durant les sept ans de leur jeunesse.

Leur idylle s'était formée entre les murs même de l'école, dans la plus grande discrétion. Même ceux qui auraient pu à la rigueur se douter de quelque chose à cette époque, ne pouvaient s'imaginer qu'ils vivraient ensemble à leur sortie de Poudlard.

Les voisins, peut-être…la personne âgée un peu désœuvrée dans l'appartement d'en face, elle était bien gentille. Madame Haus ne pouvait plus descendre et monter les escaliers quand bon lui semblait, alors ses jeunes voisins si aimables l'aidaient en lui faisant quelques courses à l'occasion. En échange de quelques gâteaux et de la surveillance du couloir. Madame Haus était autrefois mariée à un militaire de carrière. Avant, elle surveillait le quartier entier et les années passant son territoire se réduisit à son étage. Finie de jouer la grand-mère du quartier, tirant les oreilles des mauvais garnements, indiquant le chemin d'un plombier ou prévenant de la présence d'individus suspects. Son univers, c'était ses enfants quelques fois dans le mois, et les deux jeunes d'en face. Tout cela pour dire, que Séverus était aussi attaché que son compagnon à elle. Sans lui, il n'aurait sûrement pas osé adresser la parole à qui que cela soit dans son immeuble, même pas à la gardienne.

Sirius lui donnait l'assurance qui lui manquait. Il l'aidait à s'ouvrir aux autres, à prendre confiance dans d'autres personnes que lui-même. La confiance, cette chose si précieuse et si rare. Considérée comme dangereuse par Séverus et indispensable par Sirius.

Séverus faisait un effort pour paraître moins sarcastique envers les autres, pour lui, c'était un moyen de signifier défense d'approcher. Il ne savait pas gérer ou composer avec les autres. Son amant étant plutôt démonstratif et communicatif, il réalisait un bon compromis en travaillant ainsi verbalement son approche social.

Ce soir là, il retrouva un appartement froid et vide. Il savait que quelque chose n'était pas comme d'habitude. Biensûr, il arrivait à Sirius d'avoir des missions et de partir plusieurs jours sans penser à l'avertir. Or, ce froid qui l'envahissait, lui soufflait que ce soir tout était différent. Ce soir, Sirius était vraiment parti.

Séverus refusa d'écouter cette petite conviction perfide qui s'insinuait dans son esprit et il réussit à se convaincre que Sirius reviendrait avant la fin de la semaine. On ne partait pas définitivement en laissant son pull préféré sur le fauteuil. Il n'avait qu'à l'attendre. C'était d'une logique imparable. Sirius reviendrait, il en était persuadé.

Le lendemain, il partit travailler comme d'habitude. D'ailleurs, il ne changea aucun point de son programme durant toute la semaine, vu que tout était comme d'habitude.

La deuxième semaine, il s'inquiéta. Il devait être arrivé quelque chose à son compagnon. Un imprévu, un accident…il lui enverrait certainement un message pour le prévenir de ne pas s'en faire de trop.

Et toujours ce froid persistant.

Le pull restait à sa place dans le fauteuil à attendre son propriétaire.

Ce lundi matin là, celui de la troisième semaine de solitude, avant d'aller travailler, il se dirigea vers la maison de James Potter, le meilleur ami de Sirius. S'il avait été dans l'incapacité de le prévenir, Potter serait au courant. Il était sa seule chance d'avoir des nouvelles, même de manières détournées.

James fut étonné de trouver « Servilus » assis sur les marches de son perron, emmitouflé dans sa cape noire.

Seul le regard désespéré de Snape l'empêcha de faire le moindre commentaire envers le jeune homme transis de froid.

Qu'est ce que tu veux, lança-t-il doucement.

Black. … Sirius…

Pourquoi ? demanda James surpris.

Le tuer bien évidemment…, répondit Séverus d'un air las en partant.

James Potter savait au fond de lui que ce n'était pas la bonne réponse. Il eut envie de l'aider mais il ne savait pas où Sirius était parti. Il avait juste démissionné de son ancien poste et déclaré que personne n'avait à s'inquiéter. Il avait décidé de voyager et vu qu'il était sans attache à part ses amis de l'école, il pouvait se permettre de tout lâcher du jour au lendemain sans se préoccuper de rien. Apparemment, il restait au moins une personne qui se faisait du soucis pour lui. Il s'interrogea quelques temps sur l'étrangeté de cette visite puis l'oublia.

Séverus finit sa journée de cours complètement hors de lui. L'inquiétude avait laissé place à la colère et à l'incompréhension. Sirius n'était ni en mission, ni blessé. Il devait être le seul à ne pas savoir ce qu'il faisait en ce moment même. Un comble, c'est Sirius lui-même qui refusait de le laisser sans nouvelle d'habitude.

Ce soir là, il ne rentra pas chez eux. Il se dirigea vers la demeure familiale des Snape. En arrivant, sa mère n'osa pas lui adresser la parole, face à son regard de tempête, présageant un ouragan. Elle le laissa s'enfermer dans sa chambre et frissonna aux sons de ses cris de rage pure et des bris de meubles.

Puis dans un silence de mort, Séverus s'endormit au milieu des débris du carnage, totalement épuisé.

Curieuse et surtout soucieuse, sa mère monta sans bruit les escaliers, poussa doucement la porte et demeura stupéfaite. Interdite, elle porta sa main à ses lèvres pour retenir un cri. Son cœur se serra à la vue de son fils, les joues dévastées par les larmes d'impuissance qu'il avait versé. Elle se précipita à ses côtés et le prit contre son cœur pour le bercer doucement. Pour la première fois de sa vie, elle céda à ses instincts de mère. Le carnage n'avait pas d'importance, seul son enfant en avait, il en avait toujours eu d'ailleurs.

Une autre chambre les accueillie pour la nuit, où elle resta à son chevet. Fière et digne dans sa robe de velours mauve, assise dans la causeuse, elle pensait à son fils, son unique enfant.

Au déjeuné, personne ne fit de commentaires. Séverus se sentit le bienvenu pour la première fois depuis toujours. C'était pourtant la même ambiance au sein de la maison. Juste que lui-même la percevait différemment, il la comprenait maintenant. Sentiments indéfinissables. Son père et sa mère étaient égaux à eux-même, les domestiques menaient leurs vies à travers la maison. Tout était tellement comme d'habitude. Il était juste bien chez lui.

Dans l'après-midi, il fit venir son notaire. Il exigea qu'on ne touche pas à son appartement et fit faire le nécessaire pour que rien ne change en son absence, indéterminée pour le moment. Il ne s'occupa de mettre entre parenthèse seulement ce qui les concernait Sirius et lui. Le reste ne le concernait déjà plus.

Puis, il ne prononça aucun mot et ne s'intéressa plus à rien. S'enfonçant lentement dans le silence de l'absence.

Le directeur de Poudlard, son employeur, finit par venir en personne, vu qu'aucune de ses missives ne recevait de réponse. Ce sont les parents de Séverus qui le reçurent.

Madame Snape le pria froidement de ne pas importuner son fils. Monsieur Snape, lui, plus diplomate, consentit à l'introduire pour quelques instants auprès de Séverus.

Ce dernier était assis dans le jardin d'hiver, le regard dans le vide. Il ne s'aperçut même pas de la visite. Le soleil baignait doucement le visage pâle et donnait une étrange lueur dorée à ses yeux noirs d'ancre.

Il ne faut pas se laisser aller à l'abandon de tout, tenta Albus Dumbledore.

Vous suggérez qu'un Snape puisse abandonner, Monsieur. Mon fils est las. Il se repose simplement. Veuillez ne plus nous ennuyer, siffla Madame Snape.

Albus se leva et étreignit l'épaule de son jeune professeur avant de sortir, suivi de la mère.

Je n'avais pas souvenirs que le repos de votre fils vous ait tant tenu à cœur durant les précédentes années.

Je n'ai pas à justifier de mes actes devant qui que cela soit !

Madame Snape était une aristocrate qui ne rendait de compte à personne. Son argent lui donnait droit à la suffisance de sa position. Elle savait tenir son rang et défendre sa famille. Le fait qu'elle ait élevé son fils comme un spartiate, ne l'empêchait pas de l'aimer comme n'importe quelle mère. Aujourd'hui, son fils souffrait d'un mal que seuls deux personnes pouvaient guérir : la personne qui l'avait abandonné et lui-même.

Après avoir renvoyé le directeur, elle revint auprès de son fils.

Pardon. J'ai tout fait pour que tu ne connaisses pas le besoin de dépendre de quelqu'un d'autre. J'ai échoué, avoua-t-elle d'une voix brisée, à genoux aux pieds de son enfant.

Séverus lui caressa doucement les cheveux. Il lui pardonnait de là où son esprit était parti se réfugier. C'est le seul signe d'activité qui fut noté. Sa mère se promit de tout faire pour retrouver la personne manquant à son fils. Elle le sauverait. Elle le sauverait de lui-même, et irait en Enfer s'il le fallait.

Elle convoqua le notaire qui lui remit les derniers actes signés de son fils et aussi le trousseau de clefs de l'appartement de Séverus.

Elle se rendit sur place et fouilla dans les affaires de son fils et d'un autre garçon ! Son fils fréquentait un autre homme. La photographie sur la table de chevet les montrait heureux. Elle ne pût s'empêcher de sourire. Les deux garçons souriaient et lui faisaient coucou de la main. Son fils, elle ne lui avait pas laissé l'occasion de lui sourire comme cela. L'autre garçon ne pouvait être qu'un Black. Dans ce milieu, tout le monde se connaissait. Il y avait de quoi faire avoir une bonne crise cardiaque à Black senior.

Qu'est ce que vous faîtes ici ? interrogea une vieille dame debout sur deux cannes.

Madame Snape se retourna voulant faire taire d'un regard l'importune qui osait pénétrer en ces lieux sans permission.

Oh ! Vous devez être la mère du petit Séverus. Enchantée de vous connaître. Je suis Madame Haus, leur voisine. Il m'a tellement parlé de vous.

Madame Snape eut du mal à s'imaginer que son fils puisse s'épancher sur une inconnue. Après quelques minutes de conversation, elle comprit que cette vieille dame était tout simplement le reflet de ce qu'aurait dû être la grand-mère de Séverus. Elle la trouva fort sympathique. Et c'est devant une tasse de chocolat bien chaud et sucré chez madame Haus que madame Snape lui raconta ce qui se passait, du moins ce qu'elle savait.

Comment va-t-il maintenant ? Je ne vois pas comment le jeune Sirius aurait pu l'abandonner ! Il faut l'entendre parler de lui ou rien que de voir les regards qu'ils se lancent ! Ce que vous me contez, est impensable, termina-t-elle dans une quinte de toux.

Madame Haus paraissait très affectée par la nouvelle. Peut-être cela bouleversait son petit univers ou alors était-elle réellement attachée aux deux jeunes hommes ? Quoi qu'il en soit, elle ne savait pas où était Sirius. Ainsi c'était lui, le Black qui avait rendu Séverus amoureusement malade. Cette famille était atteinte de folie congénitale, la consanguinité ne les arrangeait certainement pas. Il fallait absolument retrouver ce misérable traître, et le pousser à s'assumer comme le fou qu'il était.

Je sais ce que vous pensez Madame Snape, mais je suis persuadée qu'il est parti parce qu'il l'aimait.

Il voulait le protéger car il l'aimait trop, analysa la mère de Séverus.


Qu'as-tu fait de tout ce temps sans moi ? Tu as sûrement passé des heures dans ton laboratoire, ou auprès de tes étudiants. Ta mère doit être fière du petit Séverus. C'est pour elle que tu te donnes tant de peine au travail. Rien de ce que j'ai fait ou aurais pu faire, n'a rendu mes parents fiers de moi, et encore moins ma satanée mère.

Je quitte cet hôtel et cette chambre où je laisse le lit défait et le corps de mon dernier amant. Il n'a pas eu de chance. Ou il en possédait de trop. Je l'ai achevé pour ne pas qu'il agonise trop longtemps. Il n'était vraiment pas toi.

James me dit que tout va bien dans sa dernière lettre. Je passerais bien les voir, lui et Lily, Rémus, Peter. Traîner comme avant. Ils auraient dû me garder près d'eux comme Moony les soirs de pleine lune.

En fait, non. C'est ton absence qui a libéré ma folie de ses chaînes. Mon errance doit s'arrêter. Tu es mon gardien. Jamais je n'aurais dû partir. Ça me ronge, là, à l'intérieur de moi. Mon âme est atteinte par ce mal.

J'ai envie de pleurer.

J'ai envie de tuer, de frapper.

J'ai besoin de sortir.

Non.

Je dois juste te retrouver.

J'en ris de cette folie qui me prend. Elle me tient dans ses bras. Caresse mon esprit comme la meilleure des amantes. Douce et insolente.

Capricieuse. Elle te veut. TOI. Juste pour se reposer. Lascive.

En vérité, jamais elle ne t'aurait blessé. Ce n'était qu'un prétexte pour te fuir, pour quitter ce bonheur qui s'installait. J'avais peur que tu ne finisses par découvrir qui je cachais dans le noir de mon âme. Cet être vil qui a envie de tuer comme envie de prendre une bière et qui veut te faire l'amour avec la même passion que celle qui l'anime quand il allume un brasier.

Alors je suis parti me consumer loin de toi. J'ai soufflé sur les braises de ma folie pour la faire vivre loin de ta chaleur… Elle avait besoin de toi. J'ai besoin de toi.


Demeure des Snape

Monsieur trempait sa tartine dans un bol de café noir en lisant son journal, lorsque sa femme, Louisa fit son entrée. Elle s'installa à sa place habituelle après avoir embrassé son fils, toujours perdu dans ses pensées.

Des nouvelles ce matin ? interrogea-t-elle.

Rien. A part des faits divers. Un incendie magique dans une librairie à Melbourne. Et puis, les australiens cherchent toujours le tueur, un nouveau corps a été retrouvé hier, soupira Barthélemius. Et de ton côté toujours rien sur ce que tu recherches ?

Louisa fit un signe négatif de la tête. Sa chouette cherchait toujours. Evidemment, le seul Black manquant à l'appel était Sirius. Fils maudit. L'entretien avec Madame Black avait été une vraie torture. Elle n'avait cessé de vociférer des insultes envers lui, elle priait même pour qu'il soit mort ! Louisa Snape, elle, priait pour que le rejeton damné des Black soit toujours en vie. C'est de cet imbécile que dépendait son fils. Elle prévoyait déjà de le ressusciter pour le faire mourir dans d'atroces souffrances. L'air vibrait autour d'elle faisant trembler la vaisselle sur la table.

Louisa, veuillez modérer votre tempérament, déclara Barthélemius d'un ton neutre en reposant sa tasse sur la coupelle.

A l'entrée de Della, l'elfe de maison, tout était redevenu calme dans la pièce. Elle fit emmener Monsieur Séverus dans le jardin d'hiver et vint assurer Madame Louisa, que Madame Haus n'avait besoin de rien aujourd'hui. Ciguë, le hibou de Madame, n'était toujours pas de retour, hélas.


Australie, Hobart

Un homme, l'air dément brillant au fond de ses yeux noirs, traînait d'un pas chancelant dans les rues d'Hobart. Pourtant ce n'était pas dû à l'abus d'alcool, non, cet homme avait soif d'autre chose. Un jeune appuyé contre le mur d'une maison close osa l'interpeller.

Beau brun, ça te dit de monter ? Je te ferais un prix, juste parce que c'est toi , minauda-t-il aguicheur

Les longs cheveux noirs tournoyèrent pour dégager un visage angélique. Son regard détaillait le visage de son interlocuteur pour tenter de trouver quelque chose, une ombre, une illusion. L'air de séduction grossière du jeune, le corps alangui qu'il présentait, ne lui rappelait rien en particulier. Peut-être la peau laiteuse de son visage ?

Séverus ? hésita-t-il d'une voix rauque d'anticipation.

Oui, affirma le jeune, habitué à n'importe quel nom pour satisfaire ses clients.

Perdu dans son mirage Sirius se laissa entraîner jusque dans une chambre. Le jeune commença à déboutonner la chemise de son client puis atteint vite la barrière de la ceinture. Il fit tomber la chemise à terre en caressant les épaules musclées de Sirius, puis s'agenouilla devant lui pour défaire sa boucle de ceinture.

Il ne vit pas la lueur malsaine remplaçant le regard de paumé du sorcier. Celui-ci saisit sa baguette et chantonna un crucio. Il explosa de rire devant la douleur du jeune homme.

Tu n'es pas lui ! riait-il en lançant d'autres sorts de tortures.

« Sirius … »

Il avait cru entendre une voix.

Séverus ? Où es-tu ?

Il n'eut pas de réponse. Il se désintéressa totalement du corps ensanglanté et mutilé, tombé derrière le lit.

Il faut que je retourne auprès de Séverus. Tu m'excuseras mais ton accueil laissant à désirer, je m'en vais, cria-t-il en pensant que son hôte était dans la cuisine. Séverus m'attend mais je ne sais pas où il est… je dois rentrer à la maison. C'est sûr, il m'attend. Il doit même s'inquiéter.

Un homme aux longs cheveux noirs quitta définitivement les terres australiennes ce soir-là, dans un rire d'aliéné.

Il transplanna en Angleterre, toujours en se parlant à lui-même. Et c'est la pluie qui l'accueillit.

Jamais il ne s'était senti si proche de son ancienne vie. Cela lui fit presque peur. Seul l'idée de souffrir encore de l'absence de Séverus le poussa à chercher un abri dans Londres même. Depuis tout ce temps qu'il avait froid, que le soleil ne le réchauffait plus. La vie avait abandonné ses jours. Les rues lui semblaient familières, le quartier avait une allure de déjà vu. Et cet homme le dévisageant de l'autre côté de la rue, n'était autre que son ami James.


-Alors mon vieux Paddy, que deviens-tu ? demanda James, après s'être installé confortablement derrière une chope de bière au beurre.

Un instant désorienté, Sirius laissa errer son regard dans la chaleur du pub. Il fixa son attention sur son vis à vis avant de sourire.

Et bien, ma foi. Tout va pour le mieux. Le monde n'est pas si vaste que je reviens déjà. J'ai un besoin d'espace si grand que tu ne peux même pas le concevoir.

Sirius mentait si bien que James le crut. En vérité, son besoin se rétrécissait à une unique personne et il avait hâte de la retrouver. Mais son ami le pressa de questions diverses et variées. Il se retrouva à converser jusque tard dans la nuit, comme au temps de l'adolescence et cela lui fit du bien. Il était enfin à la maison.

James lui proposa bien entendu de rentrer avec lui, voir Lily et que demain, ils organiserait une sortie entre potes. Revoir Rémus, Peter, Lily. Peut-être faire un tour à Pré au lard ?


Demeure des Snape

Madame s'activait dans son laboratoire au milieu dans cercle de protection de haut niveau. Pour faire revenir un mort, et encore plus quand on voulait le ramener avec son esprit, il fallait se protéger des indésirables. Comme à chaque fois qu'elle ramenait son frère, elle détressait ses longs cheveux noirs et les laissaient cascader le longs de ses épaules jusqu'à sa taille. Aujourd'hui, elle avait besoin de lui pour des raisons personnelles ou plutôt, comme d'habitude, pour protéger sa famille.

Il ne fallait pas faire la moindre erreur. Elle avait un don inné pour la nécromancie, comme tous ceux de sa famille. Très tôt, elle avait manifesté ses aptitudes et avec son frère, ils avaient exploré seuls les différents chemins de leur Art. Après tout, leur famille s'était distinguée par cette faculté hors du commun et à travers les générations le Pouvoir s'était accru.

Flammes des bougies bien hautes, cercles d'invocations dessinés, voix claire.

Légère fumée tournoyante, lumière infernale.

Un corps nu apparaît dans le deuxième cercle. Cheveux noirs et courts : Alekseï Louis Snape.

Une fois debout, il contemple sa sœur avant de déclarer :

Que se passe-t-il ? Tu as l'air confronté à l'impossible ?

Soulagée, Louisa leva les protections et se blottit dans les bras de son frère.

Arrête, tu m'inquiètes. La grande nécromancienne Louisa Alexandrina Snape ne ressuscite pas son jumeau pour s'écrouler épuisée et en pleurs dans ses bras.

Il savait qu'elle ne pleurait jamais. Il se demandait ce qui pouvait la hantée au point d'avoir besoin d'aide, de son aide.

Après s'être calmée, elle lui expliqua le cas de Séverus, et son incapacité à retrouver Sirius. Elle n'était même pas sûr que le ramener puisse aider son fils.

Ma pauvre Louisa, c'est une peine de cœur.

Il ne bouge plus Alekseï ! Ne réagit à rien. Je ne peux pas le laisser partir avec la destinée qu'il devrait avoir !

Il se protège…il est curieux ce gamin. Ok, il est censé avoir un rôle important pour l'avenir. Mais toi, tu es l'ombre de toi même.

Je ne peux pas assurer seule toutes les fonctions de la famille, il est temps que tu reviennes.

Cela ne présentait rien de bon. Il se doutait qu'un jour, ce moment arriverait. Il avait lui aussi son rôle à jouer. Et pour cela, il avait besoin de son neveu.

Il est temps.


Pré au lard

Joyeux pique-nique entre amis. Dans le parc, en bas de la cabane hurlante sur des couvertures étalées, cinq amis déjeunaient en riant.

Nous fêtons le retour d'un ami, levons nos verres, cria Peter.

Au retour de Sirius, répondirent les autres.

Ils étaient heureux du retour de leur ami. Bien que Rémus le trouve légèrement distant et fiévreux par moment, les autres ne perçoivent rien et bien vite son impression se dissipe.

Jusqu'au moment où les souvenirs de l'école soient évoqués.

La mention de Séverus rendait Sirius nerveux. Il commençait à jouer avec son couteau et à fixer étrangement la lame, lorsqu'une main se posa sur son épaule…