Bonjour,
J'ai essayé de résister, de ne plus écrire, mais j'ai cédé et me revoilà. Je vous propose une toute nouvelle fic, légère, drôle, caustique, pour vous divertir quelques minutes par chapitre. Je ne vous garantis pas que les personnages soient identiques aux originaux (de toute manière, s'ils l'étaient réellement, ils ne seraient pas ensemble), mais ils ne vont pas non plus chasser les bisounours et les arc-en-ciel...
Merci à ma beta, Nekozuni, de me supporter une nouvelle fois héhéhé
Allez, bonne lecture !


CHAPITRE 1

Ses pas répétaient le même schéma depuis une bonne demi-heure : ils traçaient des cercles. Martelant le marbre gris qui habillait son hall d'entrée, leurs bruits raisonnaient contre les murs, se mélangeant aux plaintes exprimées par le sorcier.

Elle était en retard et il détestait cela. Pire, il en avait tout bonnement horreur. La ponctualité était une chose à laquelle il tenait. Et c'était très certainement la seule qualité qu'il attendait de la part des personnes avec qui il interagissait. De quel droit se permettait-elle de jouer avec sa patience ? D'autant plus qu'il n'en avait jamais vraiment eue.

Argh.

Il savait que cette idée avait été stupide dès lors qu'elle avait germé dans son esprit, quelques mois plus tôt : faire appel aux services d'une agence pour qu'une professionnelle l'escorte durant une semaine, dans sa famille paternelle.

C'était pathétique, pensa-t-il tout en reniflant d'agacement.

Mais il n'avait aucune envie de se rendre chez sa tante et au mariage tout seul. Il serait une nouvelle fois la cible des railleries de son cousin, ce crétin ne ratant jamais une occasion pour se moquer de lui. S'il n'était pas un moldu qui ignorait encore sa condition de sorcier, Severus aurait très bien pu se défendre en l'envoyant dans les airs à coup d'Expelliarmus. Sauf que sa tante habitait dans une zone moldue renforcée, ce qui signifiait qu'il n'avait le droit à aucune magie, sous peine de recevoir une beuglante salée. Pas même le moindre petit sortilège sans baguette, rien.

À chaque fois qu'il se rendait là-bas, c'était comme se sevrer de sa magie. Il devait revivre de façon entièrement moldue, ce qui lui demandait quelques heures d'accoutumance. Mais qu'importe, il avait toujours apprécié les séjours qu'il faisait dans cette branche de sa famille, la seule qu'il lui restait aujourd'hui. Peut-être parce qu'ils avaient toujours ignoré les horreurs que la magie avait provoquées, ou alors c'était cet air méditerranéen qui le changeait de l'humidité écossaise de Poudlard.

- Cette femme m'énerve déjà ! Pesta-t-il en s'arrêtant brutalement.

Elena McFray.

Severus ne la connaissait pas, ne l'ayant jamais rencontrée. Il savait simplement qu'elle était âgée de vingt-cinq ans et qu'elle résidait à Londres. Le sorcier l'avait choisie parce qu'au vu de sa condition de Cracmolle, elle était capable de vivre de manière moldue. Mais surtout, elle n'avait pas été à Poudlard. Il ne l'avait donc jamais eue en tant qu'élève. C'était déjà assez humiliant de devoir payer pour qu'une femme l'accompagne pendant sa semaine de vacances, alors inutile qu'en plus, elle soit l'une de ses anciennes élèves. Merlin non, grimaça-t-il.

- Peut-être que la Miss a eu un empêchement…, soumit soudainement une petite voix.

Le professeur de DCFM tourna la tête sur sa droite, ses yeux se posant sur son elfe. Teddwyn. Vêtu d'un chiffon noir difforme, il se tenait devant les escaliers. Depuis quand était-il ici à l'observer ?

- Je n'espère pas, sinon je devrais y aller tout seul et dans ce cas, autant rester ici, maugréa-t-il d'une voix basse.

- Teddwyn pourrait alors accompagner le Maître dans son voyage, s'il ne veut pas s'y rendre seul, proposa innocemment l'elfe avec un grand sourire.

- Que tu…non ! Intervint brutalement le Serpentard en fronçant les sourcils.

Son refus fut probablement un poil trop sévère, puisque dans la seconde qui suivit, la pauvre créature baissa les oreilles, avant que ses yeux ne tombent sur ses pieds nus, déçus. Severus serra les dents, n'appréciant pas que son plus fidèle compagnon se mette dans un état pareil. Il poussa un profond soupir, avant de croiser ses bras contre sa poitrine, fixant toujours son serviteur.

- Je veux être accompagné d'une femme, pas d'un elfe…, tenta-t-il d'expliquer, …Surtout qu'ils ne savent rien sur le monde magique, alors s'ils te voyaient, ils ne comprendraient pas.

Relevant brusquement les yeux, le petit être sembla rassuré. Son Maître n'avait rien contre sa présence.

- Mais Teddwyn aurait pu trouver une femme sur l'Allée des Embrumes pour le Maître, parce que Teddwyn connait l'elfe qui sert une maison remplie de sorcières qui reçoivent plein d'hommes…

Severus se pinça l'arête du nez, sentant ses quelques réserves de patience disparaitre à chaque nouvelle explication qu'il devait fournir à son elfe. Et la gourgandine qui n'était toujours pas arrivée !

- Je ne veux pas d'une souillon pleine de puces prête à ouvrir ses cuisses pour moi, siffla-il, indigné. Je veux simplement une femme qui soit capable de faire croire à ma famille que nous sommes…ensemble…

Ce dernier mot lui écorcha presque la bouche. Jamais il n'avait partagé ce genre de relation avec une femme. Voilà pourquoi il avait fait appel à une professionnelle, elle devait suffisamment être compétente pour donner l'illusion de s'intéresser à lui. Si elle daignait venir chez lui, pensa-t-il, irrité.

Sa solitude l'inquiétait réellement parfois. Comme aujourd'hui. Non seulement il payait une femme pour qu'elle prétende l'aimer durant sept jours, mais en plus, il tenait une conversation avec son elfe. Sa vie ne pouvait-elle pas être plus pitoyable que cela ?

S'il avait un hippogriffe dans le jardin, il n'irait sûrement pas le voir pour lui expliquer ses problèmes. Pourtant avec Teddwyn, Severus avait depuis longtemps passé outre sa condition d'elfe. Cette créature était devenue plus qu'un serviteur, bien qu'il soit parfois –voire très souvent– agaçant.

Le sorcier finit par pousser un second soupir, son attention n'ayant pas encore quittée son elfe.

- Je compte sur toi pour t'occuper du manoir en mon absence, l'informa-t-il. Et si jamais tu tailles les haies, par pitié, fais-le avec un sécateur moldu cette fois-ci. Je ne serai pas là pour éteindre l'incendie…

Mal à l'aise, Teddwyn se dandina sur place à l'évocation de sa dernière erreur. Avec l'arrivée du printemps, il avait voulu redonner une certaine fraîcheur aux arbustes qui entouraient la propriété de son Maître. Sauf qu'il ne maîtrisait pas encore les sortilèges de jardinage et s'était clairement emmêlé les doigts dans les formules. Au lieu de couper les branches mortes, il les avait enflammées. Heureusement que Severus avait été présent pour éteindre le feu qui s'était rapidement développé dans toutes ces broussailles.

Un vrai maladroit. Il était parfois même pire que certains élèves qu'il avait en classe.

Le sorcier ne comptait plus les bêtises qu'il lui avait faites. Mais il ne s'en était jamais séparé. Il n'avait connu que lui, qui pourrait le remplacer ? D'autant plus que malgré ses gaucheries chroniques, Teddwyn était un vrai cordon-bleu. Et puis, il connaissait ses habitudes et ses envies par cœur, réussissant même parfois à les anticiper. Non vraiment, cet elfe était sans aucun doute la meilleure compagnie que puisse imaginer Severus.

Et justement, alors qu'il commençait à se perdre dans ses pensées au sujet de sa créature, la sonnette de sa porte d'entrée se fit entendre. Teddwyn sautilla sur place, observant son Maître avec un large sourire.

- La Miss est là ! La Miss est là ! Répéta-t-il comme s'il s'agissait d'un évènement exceptionnel.

Il était vrai que Severus n'avait quasiment jamais fait venir de femmes chez lui, ne voulant pas que ses conquêtes sachent où il habitait exactement. Le sorcier ne tenait pas spécialement à ce qu'elles puissent revenir l'importuner, sous prétexte de lui rendre une visite surprise. Il préférait de loin se déplacer jusque chez elles, les éloignant de ce lieu qui symbolisait la tranquillité absolue à ses yeux. Seules ses plus proches connaissances étaient autorisées à transplaner sur sa propriété, ce qui ne représentait qu'une infime poignée de personnes. Mais aujourd'hui, il allait faire une exception pour cette inconnue qu'il ne connaissait que de nom jusqu'à présent.

Reposant son attention sur l'elfe, Severus fronça les sourcils en s'apercevant qu'il sautillait toujours près des escaliers, n'ayant pas bougé d'un poil.

- Et tu attends peut-être qu'elle soit rentrée chez elle pour aller lui ouvrir la porte ?! Railla-t-il devant l'inactivité de son serviteur.

Le concerné cessa de se trémousser de joie, ses oreilles tombant sous le mécontentement qu'il distingua dans le timbre de la voix de son Maître. Il hocha brièvement de la tête, avant de se dépêcher de rejoindre la porte d'entrée sous l'œil inquisiteur de Severus qui suivit sa petite silhouette du regard. D'un claquement de doigts, Teddwyn ouvrit la lourde porte en bois massif, avant de lever son visage pour observer la jeune femme qui lui faisait désormais face. Il rencontra un sourire chaleureux et deux noisettes lumineuses qui le charmèrent instantanément. Elle dégageait une certaine bienveillance et une douceur qui mirent de suite Teddwyn en confiance devant cette invitée. Il l'appréciait déjà.

- Vous êtes la Miss attendue par mon Maître ? Finit-il par demander d'une voix enjouée.

- Exactement. Il est là ? Je suis vraiment désolée pour le retard…, commença-t-elle avec une mine contrite. Je suis venue dès que j'ai su, j'espère qu'il ne va pas m'en tenir rigueur. Si je me souviens bien, Rogue est très pointilleux sur les horaires.

Elle termina sa phrase avec un léger sourire amusé qui se transmit très vite à l'elfe.

- Teddwyn ne doit pas dire du mal de son Maître, mais Teddwyn peut au moins affirmer que la Miss ne se trompe pas là-dessus…, confirma-t-il d'une petite voix comme s'il espérait que cela ne reste qu'entre eux.

Avait-il oublié que son Maître en question n'était qu'à deux pas derrière lui ?!

Caché derrière la porte, il ne pouvait être vu de ces deux compères qui commençaient à sympathiser tranquillement sur son perron. Severus ne savait pas de quoi il devait être le plus horrifié. Du fait que cette voix féminine lui était familière, que cette femme semblait le connaître ou que son elfe et elle discutaient paisiblement alors qu'ils étaient affreusement en retard. Son esprit ne chercha pas à y trouver une réponse, trop occupé à mettre un nom sur cette voix. Des milliers de visages défilèrent devant ses yeux, tandis que ses oreilles analysèrent en boucle ce timbre qui lui était si coutumier. Il ne pouvait pas s'agir d'Elena McFray, puisqu'ils ne s'étaient jamais rencontrés. Mais alors, pourquoi avait-elle dit qu'elle était bien celle qu'il attendait ?!

Par Merlin, qui était cette femme ?

Cette histoire commençait sérieusement à se compliquer. Cela semblait pourtant très simple à la base : il avait choisi une femme et elle n'avait plus qu'à le rejoindre pour qu'ils puissent partir ensemble. Et voilà qu'il y avait déjà un problème. L'agence qui employait cette Elena McFray allait l'entendre dès qu'il serait revenu de sa semaine de vacances ! Ils étaient visiblement très mal organisés, ce qui le fit douter sur leur professionnalisme.

Contrarié, Severus serra les dents, tandis que ses poings se refermèrent. Il détestait les imprévus. Cette journée avait été planifiée par ses soins comme une recette de Potions, à l'ingrédient près. Sauf qu'à présent, il ne maîtrisait plus rien, sentant son chaudron prêt à exploser à tout instant.

Sa patience l'ayant quitté depuis plusieurs minutes, le sorcier finit par se déplacer à son tour pour venir derrière son elfe. Et lorsque son regard se posa sur cette femme, il ne put retenir une mine des plus stupéfaites. Évidemment qu'il avait reconnu cette voix ! Il l'avait eue en cours pendant sept années, puis il avait dû la côtoyer dans l'Ordre du Phénix jusqu'à cette fameuse Guerre. Elle était restée la même, ne générant qu'un profond agacement chez l'homme. Peut-être parce qu'il l'avait à jamais associée à cette image d'horripilante petite sorcière qu'il gardait d'elle. Lui qui espérait s'être débarrassé de cette bande de Gryffondors qui lui rappelait toute cette sombre époque qu'ils avaient vécue, voilà que le cerveau attitré de la troupe se trouvait sur son perron. Souriant jusqu'aux oreilles, elle paraissait se délecter de sa confusion.

Le professeur plissa les yeux, alors que ses bras se croisèrent sur son torse.

- Par Salazar, que faites-vous ici Granger ?! Intervint-il enfin en ayant retrouvé un visage des plus impassibles.

Seuls ses yeux paraissaient encore déconcertés, balayant chacun de ses traits pour s'assurer qu'il s'agissait bel et bien d'elle, et qu'il ne s'était pas trompé. Hermione Granger. Où était donc Elena McFray ?!

- Et bien, je viens vous accompagner pour vos vacances, répondit-elle le plus naturellement possible.

À son tour, la jeune femme laissa courir son regard aiguisé sur son visage. Un examen visuel que n'apprécia nullement Severus. Peu de sorciers osaient le détailler ainsi, souvent rebutés par son nez disgracieux, ses traits apathiques et son air polaire trahi par ses deux perles noires. Mais pas elle. Manifestement, cette sorcière n'était plus aussi intimidée par lui, même s'il la dominait toujours d'une tête.

- Vous n'avez pas changé…, laissa-t-elle échapper avec une sorte de satisfaction qui fit froncer les sourcils au concerné. Et votre petite maison est vraiment très mignonne. Ça doit être plaisant de vivre dans ce coin de l'Angleterre…Même si je dois avouer que j'ai eu du mal à la trouver, perdue au bout de ce chemin de campagne…

- Ce n'est pas « une petite maison », mais un manoir, la reprit-il froidement. Et que je ne vous entende plus le qualifier de « mignon ».

Petite maison mignonne.

Une grimace tordit ses traits.

Non mais vraiment ! Tous les Prince avaient dû faire un bond dans leurs tombes en entendant cette sorcière parler ainsi de l'ancestrale demeure familiale. Cette niaiserie était inappropriée. Que croyait-elle ? Qu'il y avait un élevage de licornes dans le parc ? Que toutes ses tapisseries étaient colorées dans les tons pastels, avec des motifs fleuris et extravagants ? Certainement pas. Mignon. Ce qu'il pouvait détester ce mot.

- Vous n'avez toujours pas répondu à ma question : que faites-vous sur ma propriété, alors que vous n'y étiez pas invitée ? Enchaîna-t-il en ne cachant plus son animosité.

Vaccinée depuis longtemps de son ton bougon et de ses sarcasmes épineux, Hermione ne se formalisa nullement de cet air détestable. Son sourire resta encré sur ses lèvres, illuminant ce visage qui contrastait en tout point avec celui de Severus.

- Je vous l'ai dit, je viens vous accompagner pour votre semaine de vacances, répondit-elle calmement.

Une réponse qui ne lui suffit évidemment pas, si elle en croyait ce tressautement d'impatience au niveau de la jointure de ses mâchoires.

- Elena n'a pas pu venir, finit-elle par développer. Un empêchement de dernière minute, pour raisons familiales si j'ai bien compris…Mais comme elle a besoin de cet argent pour financer ses études de médecine, elle n'a pas voulu informer son employeur qui aurait rompu votre contrat. Alors comme elle sait que je suis allée à Poudlard, elle en a déduit que je vous connaissais. Et par conséquent, que je pourrais la remplacer en vous rendant ce service : vous accompagner à sa place. Comme ça, elle touchera son argent et vous, vous n'irez pas seul dans votre famille.

Une explication qui exaspéra Rogue. Il avait payé pour se retrouver avec cette McFray, pas avec Granger ! Il n'avait pas du tout envie que cette fouine l'accompagne chez sa tante. C'était sa vie privée. Voilà pourquoi il tenait tant à ce que la femme qui se joigne à lui soit une parfaite inconnue.

- Elena habitait dans le même quartier moldu que moi, ajouta-t-elle soudainement en l'obligeant à reporter son attention sur elle. Nous étions ensemble à l'école avant que je n'aille à Poudlard. C'est une très bonne amie…

Forcément.

Sur toutes les Cracmolles du pays, Severus était tombé sur l'amie d'enfance de son ancienne élève. Pourquoi Merlin s'obstinait-il à lui compliquer les choses ? Il avait suffisamment donné de sa personne pour sauver ce fichu monde sorcier.

Un détail le chiffonna.

En venant à la place de McFray, Granger s'évertuait –en tant que bonne Gryffondor– à rendre service à son amie. La Cracmolle obtiendrait donc le versement complet de la coquette somme qu'il s'était engagé à verser. Et en échange, lui, aurait effectivement Granger à ses côtés pour cette semaine. Mais elle, que gagnait-elle à agir ainsi ? Pourquoi semblait-elle si réjouie à l'idée de venir une semaine avec lui ?!

- Pourquoi voudriez-vous vous joindre à moi ? L'interrogea-t-il d'un ton inquisiteur alors que son regard sonda le sien.

- Je suis également en congés pour cette seconde semaine de vacances. Alors j'ai trouvé l'idée intéressante…

- Intéressante ?! S'offusqua-t-il en haussant un sourcil.

- Distrayante, attirante, enthousiasmante…Choisissez le terme qui vous convient le plus, s'amusa-t-elle en souriant toujours. J'avais simplement envie de rendre service…

- Une simple poussée d'altruisme venant d'une Rouge & Or ? Il est vrai que mettre ces deux informations dans la même phrase sonne comme un pléonasme…, railla-t-il avec l'ombre d'un rictus sur le bord des lèvres.

- Vous pouvez pester autant de fois que cela vous divertira…, commença-t-elle légèrement sur la défensive suite à cette nouvelle pique, …mais je reste votre seule alternative. Soit vous y allez seul, soit vous y allez avec moi.

La noirceur de ses yeux s'accentua, bouillonnant de colère. Cette peste venait de le remettre à sa place, lui rappelant au passage l'impasse dans laquelle il se trouvait. Aussi horripilante qu'elle soit, la Lionne avait effectivement raison, ce qui ne fit qu'accroître un peu plus son agacement. Il était trop tard pour trouver une autre escorte-girl. Et en jetant un coup d'œil à sa montre moldue, Severus se rendit compte du retard qu'ils accumulaient. Par la barbe de Merlin ! Il allait réellement devoir y aller avec cette sorcière. Cela ressemblait à une vulgaire blague qu'on était en train de lui faire. Mais il ne voyait pas qui pourrait en être l'auteur. Bien qu'il ait malmené cette bande de Lions lorsqu'il les avait eus en cours, ils n'étaient pas assez revanchards pour se jouer ainsi de lui après tant d'années passées. C'était ridicule. Granger était-elle donc sincère ? Avait-elle sérieusement envie de passer sa semaine avec lui ?

- Que vous a dit McFray ? Lui demanda-t-il finalement, capitulant.

- Vous voulez une personne pour vous accompagner une semaine chez votre tante, afin d'assister au mariage de votre cousin, expliqua-t-elle posément. Ils vivent dans le monde moldu et ne savent rien sur la vie sorcière, ni sur votre condition j'imagine…

- Effectivement, acquiesça-t-il. Et ?

Tiens. Voilà que son visage perdait un peu de l'assurance qu'elle s'était portant obstinée à avoir depuis le début de leur discussion. Mais Severus ne fut pas certain que cela soit de la gêne qui flottait désormais dans l'ambre de ses yeux. Non…Cette Gryffondor devait juste traverser quelques secondes de panique, ne sachant pas quoi répondre à la question qu'il lui posait. Comme quoi, l'élève qu'elle était avait tout de même laissé des traces. Et pour la première fois de l'après-midi, ses lèvres se soulevèrent en un rictus amusé à cette vue.

- Elena devait agir comme si vous étiez ensemble ? Tenta-t-elle. Ce n'est pas un problème, je pense pouvoir réussir à faire semblant.

- Je ne doute pas de vos qualités dans le domaine de la simulation, étant donné que la gente féminine y excelle, ne put-il s'empêcher de laisser glisser sur ses lèvres.

Mais sans doute ne s'était-il pas attendu à ce que son sarcasme ne lui revienne en pleine face, comme un maudit boomerang.

- Pour affirmer une telle chose…, commença-t-elle d'un air espiègle, …vous ne pouvez parler qu'en connaissance de cause.

Severus plissa les yeux, fixant cette audacieuse Lionne. Il devait l'admettre, elle avait bien plus de répondant que dans son souvenir. Sûrement parce qu'elle n'était encore qu'une enfant à l'époque. Sa semaine promettait d'être plus animée que prévue, finalement. Il finit par détacher son regard du sien, le posant sur son elfe qui était toujours à ses côtés.

- Je te confie le manoir Teddwyn, annonça-t-il. Ce n'est ni un château de cartes et encore moins un truc mignon, alors prends-en soin en mon absence.

L'elfe hocha de la tête, fier de se voir confier de telles responsabilités. Tandis qu'Hermione ne put se retenir de sourire. Apparemment, le terme « mignon » lui restait au travers de la gorge. Elle l'observa s'avancer vers elle, la rejoignant sur le perron. Il sortit sa baguette magique, ainsi qu'un trombone, avant de lever les yeux vers elle.

- Puisque vous tenez tant à venir avec moi, ne perdons plus de temps, l'informa-t-il.

La jeune femme distingua cet air résigné qui transparaissait dans ses paroles. Il n'était évidemment pas aussi enthousiaste qu'elle à l'idée de passer la semaine ensemble. Dans la seconde qui suivit, elle l'entendit murmurer une formule qui anima le petit objet qu'il tenait dans son autre main. Désormais, il brillait d'une lumière bleutée. Le portoloin sans doute, devina-t-elle. Mais avant de porter sa main au trombone, Hermione leva son visage vers le sien. Il lui manquait un détail, pourtant crucial.

- Où allons-nous ?

- Dans le Sud de la France, à Narbonne.

Une destination qui n'était pas pour lui déplaire, n'ayant jamais été là-bas. Sans plus attendre, Hermione vint porter sa main à l'objet devenu magique, convaincue que cette semaine allait être réellement intéressante. Et dans un bruissement de vêtements tourbillonnants, les deux sorciers disparurent.


Ce n'est effectivement pas drôle d'aller seul à un mariage. Mais y aller avec une ancienne élève, la plus casse-pieds des Gryffondors, est-ce vraiment une bonne idée ? Peut-être qu'il va regrette sa solitude au final ahahaha. Merci d'être passé lire ce premier chapitre (une petite mise en bouche), à très vite pour le deuxième.
Passez un bon week-end chocolaté de Pâques ;p