Bonsoir !

J'avais promis de re-poster cette histoire au plus vite après un malencontreux incident... Et voilà, j'ai laissé le temps s'écouler, les journées passer... Et je n'ai quasiment pas mis un pied sur Internet depuis plus d'un mois. Donc voilà. Je commencer à poster le premier chapitre aujourd'hui, je l'ai revu et corrigé.

Je posterai désormais sur cette histoire tous les dimanches, sauf si j'oublie. Dans ce cas, si rien n'est apparu le lundi matin, n'hésitez pas à envoyer un PM pour me le rappeler ^^.

Bonne Lecture.

-L'histoire commence après que Jaspera s'est éloigné de Maria, et continuera jusqu'à la rencontre d'Alice et Jasper d'avec les Cullen. Les chapitres seront tantôt du POV d'Alice, tantôt du POV de Jasper-


Jasper

Je lève le poing vers le ciel. Une fois, deux fois. Comme un signal de rappel, sauf que je n'ai personne à rassembler. La solitude ne me pèse pas, bien au contraire.

Je souris, sans doute malgré moi. Je sais que j'ai le contrôle de mes émotions. Que jamais je ne les laisse transparaître.

Et bien aujourd'hui, je voudrais que cela change. Je voudrais que tous comprennent ce que je viens de faire. Et qu'ils puissent me l'expliquer. Parce que moi, j'en suis incapable.

J'ai même du mal à me rappeler les derniers évènements.

Des flashs qui me reviennent, les uns après les autres, rapidement. Le visage de Peter, qui apparaît, plus clair que les autres. Sans doute parce qu'il est le seul à qui je peux me fier.

J'ai l'impression de courir après lui, mais je ne sais même pas pourquoi. Je suis parti, sur un coup de tête.

J'avais une vie sûre. Enfin, sûre…

Je n'avais pas à prendre de décisions. Je n'avais pas à décider, ni à me mettre en danger. Plus maintenant.

Au fil des années, j'avais appris à me défendre, à être plus fort que tous ceux qui arrivaient, tous ces nouveau-nés.

Ces humains que nous avions transformés. A qui nous donnions le pouvoir de vivre, quelques mois. Pas plus d'un an, jamais.

Ils luttaient, bien sur. Ils se défendaient, ils essayaient d'échapper à ce destin que Maria leur avait choisi. Ils pensaient toujours, ils espéraient que leur sort serait différent. Qu'ils resteraient.

Mais non. Ils le savaient au fond d'eux. Les quelques mois qu'ils avaient vécu en temps que vampire n'étaient qu'un sursis qu'ils ne pouvaient pas contrôler. Et un jour... C'était la fin.

J'étais celui qui contrôlait. Mais je n'avais pas à me préoccuper de moi-même.

Maintenant, j'ai fui. Je n'ai plus aucune notion de qui je suis, de ce que je suis censé faire. Mes sentiments même me sont inconnus.

Je sais que je dois fuir, loin, et vite. Que je ne dois plus jamais croiser la route de celle qui a fait de moi ce que je suis aujourd'hui. Maria.

Ce nom me hantera certainement longtemps, trop longtemps. Maintenant, quand je cours, seul, c'est ce nom qui me pousse à m'éloigner. Je ne veux pas revivre cela, pas encore une fois. J'ai peur. C'est la première fois que j'ai peur.

Cela fait trois jours que je suis parti. Trois jours où je n'ai fait que courir, le plus vite possible, sans me préoccuper de qui e verrait, de qui m'arrêterait.

Courir en direction du Nord, comme Peter m'a dit de le faire.

Il ne m'a pas attendu, il savait que c'était encore plus risqué pour lui que pour moi. Il m'a simplement dit de suivre son odeur, de remonter le plus au Nord possible. Qu'il me dirait quand j'aurais at teint un lieu sûr, le sien.

Je n'ai pas encore pris le temps de me nourrir. Je vais bientôt devoir m'arrêter, parce que rien de bon ne découlera d'une diète. Je serais capable de me jeter sur le premier humain que je croiserai. Je ne le veux pas. Pour la première fois, j'ai des remords quant à la vie que j'ai menée pendant toutes ces années.

Je cours, et, pendant que j'avance, j'essaye de me rappeler des souvenirs heureux. Ce n'est pas fa cile, surtout pas pour moi. Il y a tellement de temps que j'ai oublié tout ce qui pouvait me donner une part d'humanité.

Alors, je continue à courir. Il ne me reste rien d'autre à faire, n'est-ce pas ?

Je ne sais pas combien de temps s'est écoulé depuis que j'ai abandonné l'idée de penser. Courir, cou rir, me concentrer sur mes pas. Peut-être que le soleil s'est couché, une fois, peut-être plus. Plus d'un jour, certainement.

Je me suis arrêté, ce matin. Le matin, parce qu'un semblant de soleil de sang se levai t à ma gauche.

Il était seul, le long de la route. Il marchait, sans se douter de rien. J'ai pris ma chance, parce que c'est dans ma nature. Je n'allais pas laisser passer une telle occasion.

La soif me dévore toujours. J'ai appris il y a bien longtemps qu'un seul humain ne suffisait pas à me rassasier.

Je peux attendre, je pense. Quelques heures, quelques jours. Le temps de retrouver Peter. Il ne de vrait plus être loin, maintenant.

Il me semble que ma volonté s'est affaiblie, maintenant que je suis loin de Maria. Comme si j'avais l'impression que, maintenant, j'étais hors de portée, hors de danger. Je me semble plus calme, mais plus inutile, aussi.

J'avais un rôle, là-bas.

« Jasper »

Ce n'est guère plus qu'un murmure. J'aurais du l'entendre avant. J'étais trop concentré sur ma course pour saisir les odeurs autour de moi, les bruits, son pas. Je me retourne. Mes yeux se sont habitués d'eux-mêmes à l'obscurité qui vient de tomber.

Malgré la faim qui me dévore et qui aurait espéré qu'un humain se trouve à sa place, je suis heureux de voir Peter. Il se tient en retrait, à l'ombre d'un buisson. A l'ombre. Alors même que la nuit est tombée, il cherche à se dissimuler. Je me rends compte que je n'ai pas peur, par rapport à lui. Sa tra hison sera plus grande encore, aux yeux de Maria.

Mais je ne devrais pas penser à elle. Je l'ai quittée, je suis libre. Libre.

-Peter.

Ma voix à moi est un soupir. J'ai enfin trouvé ce que je cherchais. Celui que je cherchais. Comme si j'arrivai à la fin d'une quête. Une nouvelle vie qui m'attend.

-Je suis désolé de ne pas t'avoir attendu, mais…

Je sens son doute de là. Sa peur, aussi. Elle s'infiltre en moi, elle me saisit. J'ai peur, peur pour lui et avec lui. Je balaye ses excuses d'une main. Respire calmement. Chasser cette peur de mon corps. Elle n'est pas mienne.

Je commence à me relâcher. La peur se transforme en tension, puis en doute, et enfin elle disparaît. Je peux à nouveau respirer normalement.

Je remarque que Peter semble se détendre en même temps que moi. C'est étrange, mais j'ai remarqué que j'avais ce pouvoir sur les gens. Je laisse leurs émotions m'envahir, puis je les fais disparaître en moi. Elle s'estompe chez eux aussi.

C'est plus facile de tuer ainsi.

Mon esprit se relâche, et mon corps aussi. J'abandonne la posture que j'avais adoptée. Mes pieds se rapprochent l'un de l'autre, mon dos se redresse. Je n'avais même pas réalisé que j'avais préparé ma défense. Ces dernières dizaines d'années ont forgé mon caractère, et mes réflexes.

Lentement, Peter s'approche. Il sourit.

Je lui souris en retour. C'est plus simple ainsi, de partager ses émotions.

-Charlotte nous attend.

Ce nom provoque des réactions étranges en moi. Je me crispe, d'abord. Je me crispe, parce que j'ai trop entendu ce nom dans la bouche de Maria ces derniers mois. Il était lié à des mots de colère, des paroles de revanche. Mon corps réagit instantanément, et mes yeux scannent le paysage autour de moi. J'avale le poison qui vient à mes lèvres.

Il ne faut plus que je pense ainsi.

Je souris alors. Cela semble être la réaction qu'attendait Peter.

Il tourne les talons, sa main m'indiquant de le suivre. Je fronce les sourcils. Les paroles semblent inutiles en cet instant. Pourtant, j'aimerais pouvoir ouvrir la bouche.

Nous avançons rapidement.

Je remarque pour la première fois que le paysage est différent, vraiment très différent de celui auquel j'avais fait attention pour la dernière fois. Ici, pas d'étendues vides, pas de déserts arides. Pas de chaleur étouffante, et une brise qui souffle doucement sur mon visage.

Il y a tellement longtemps que je n'avais pas pris le temps de sentir la caresse du vent sur mon visage. Je voudrais sourire, sourire encore et ne plus m'arrêter.

Nous devons approcher. Les pas de Peter se font plus lents, son souffle aussi. Je sens la peur l'envahir.

Ce n'est pas la même peur que celle que j'avais l'habitude d'affronter, chez les jeunes vampires que Maria condamnait à mort. Eux, ils craignaient de quitter le monde. Toutes leurs pensées tournaient autour de cette simple notion, sans doute. La colère, aussi, les animait. Ils n'avaient pas peur de moi, mais de ce qui les attendait. Dirigeant plus vers moi une attitude de défi, de bravade.

Peter a peur de moi. Je le sens, et cela me rend nerveux à mon tour. Je ne me suis jamais considéré comme un danger, ni pour moi ni pour lui. C'est… Nouveau.

Il devrait savoir que je ne leur ferais pas de mal, jamais. Mais il hésite. Il a peur que la vue de Charlotte ne ravive mes anciennes habitudes.

Je pose ma main sur son épaule, quand il ne s'y attend pas. Il se détend immédiatement. C'en est presque effarant. Je pourrais arriver à tant de choses…

Charlotte surgit alors devant nous. Elle est semblable au souvenir que je gardais d'elle, même si je devais m'y attendre. Le regard qu'elle pose sur Peter n'a pas changé non plus. Encore une émotion qui, lorsqu'elle m'envahit, me rend nerveux. Je ne l'ai jamais ressentie moi-même. Cette impression de sûreté, de confiance… De total abandon.

Elle a l'air moins timide que lors de notre précédente rencontre. Je dois me rappeler que j'étais alors celui qui menaçait sa vie. Pourquoi aurait-elle tenu à me parler ? A chercher à créer un lien avec moi ?

Son sourire est chaleureux.

Je n'ose pas m'approcher d'elle. Je sens qu'à chacun de mes gestes, et presque malgré lui, Peter se raidit. Je me contente d'adresser à Charlotte un signe de la tête. Elle me répond de la même manière. Et pourtant, la situation n'est pas étrange entre nous.

Je ne sais pas si c'est à moi d'engager la conversation. Je ne me sens pas encore assez à l'aise. C'est trop différent, trop… Tellement contraire à ce que j'ai appris.

-Tu as besoin de te nourrir ?

Je mets un instant à me rendre compte que c'est à moi que s'adresse Peter. Je hausse les sourcils. Oui. Oui et non. Je peux m'habituer à leurs habitudes de chasse, s'il le faut. Si nous devons partager la vie des autres, autant sacrifier mes besoins pour chercher une unité.

-Pas plus que cela.

Il hoche la tête. Comme s'il comprenait. Il comprend.

-Il y a une ville, pas très loin. Des promeneurs s'égarent souvent dans les chemins de la forêt.

Autant de détails que j'aurais pu deviner par moi-même. Mais j'acquiesce.

Il est plus facile de parler que de chercher le conflit, n'est-ce pas ?

-Nous ne resterons pas ici longtemps. Nous voyageons beaucoup. Cela fait déjà deux semaines que nous sommes là… Que Charlotte est là. Si nous sommes trois…

Si nous sommes trois, il faudra plus nous nourrir. Nous aurons besoin de plus de proies, de plus de victimes. Il ne faut pas que cela se sache. Il faut que nous errions, sans cesse, afin de ne pas attirer l'attention. Ça aussi, je le sais.

-Nous partirons un peu plus vers le Nord, si cela te convient…

-Tout me convient.

Mon ton est brutal, je l'ai coupé. Mais je ne veux pas m'imposer.

Le rire commence à gagner les lèvres de Peter. Je le regarde, à la fois étonné et amusé. Cela fait tellement longtemps que je n'ai pas entendu un son comme celui-ci… Tellement longtemps que je n'ai pas pris le temps de rire.

Une fois de plus, une fois de trop, le visage de Maria s'impose dans mon esprit. Ses lèvres, serrées l'une contre l'autre. Son inhumaine beauté, son inhumaine sévérité. Elle, je ne l'ai jamais vue rire.

Peter rit, Charlotte rit. Je voudrais partager leur émotion, mais je ne peux que la sentir tourner autour de moi, en ce moment. Cela aussi, il va falloir que je l'apprenne. Par bien des cotés, je suis en core comme tous ces enfants. Innocent, possédé. Tout ce que j'ai appris s'avère être trop peu. Inutile, dans cette nouvelle vie.

Le visage de Maria disparaît. Je ne peux pas dire que mon cœur ne s'est pas serré un instant. Je réalise que, s'il s'évanouit maintenant, jamais plus je ne le reverrai. J'ai peur de quitter ce que j'ai tou jours connu.

Je ferme les yeux. Un autre visage, plus flou, remplace celui de Maria. Je ne le vois pas précisément, c'est à peine si je peux dire qu'il est féminin. Je ne sais pas qui est cette personne. Ses traits n'apparaissent pas.

Je sais seulement qu'il y a quelqu'un. Ce sera plus facile ainsi, n'est-ce pas ?

J'ouvre de nouveau les yeux. Le visage de Maria a disparu, entièrement. Je ne veux pas le faire revenir, maintenant.

L'oubli.

Oublie-la.

Je reste ainsi un instant. Ce n'est que la voix de Charlotte qui me sort de mon songe.

-Tout va bien ?

Serait-ce du souci dans son ton ? Y aurait-il de la compassion, aussi ?

Elle se mord la lèvre inférieure, attendant ma réponse. Peter s'est placé à coté d'elle, un bras autour de ses épaules. Elle paraît fragile, comme ça.

Alors, je desserre les lèvres. Je souris. C'est un début.

-Tout va bien, oui. Il me restait juste à me débarrasser de quelques souvenirs… Délicats.

Elle regarde Peter, et leurs yeux brillent. Je fronce les sourcils.

Ils secouent la tête.

Avant d'éclater de rire.

Ils ont aussi du se dégager de tous ces souvenirs, en leur temps.

Je peux rire, moi aussi ?


A dimanche prochain, n'hésitez pas à me laisser des remarques, étant donné que je suis en pleine correction des chapitres suivants.

Elve.