Voici des bonus de la trilogie Confiance et Trahison, plus particulièrement de Modus Vivendi.

Avoir lu l'histoire permet de comprendre toutes les références mais si vous ne l'avez pas fait et/ou que vous ne le souhaitez pas le faire vous pouvez comprendre tout de même. Par contre, vous mettre à la lecture de la fic ensuite n'aura pas le même charme !

Pour ceux qui connaissent, cet OS correspond au passage "boxe et natation" que j'ai oublié d'expliquer précisément dans la fic. Je me rattrape enfin ! C'est du TBC.

À noter que Hearl et Clay sont des personnages inventés pour l'occasion. Ne les cherchez pas dans Confiance et Trahison, ils n'y sont pas.

Bonne lecture !


Boxe et natation

Tout corps plongé dans un liquide finit par avouer.

Jean-Pierre Cuny

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Pablo venait de lui dire qu'on l'attendait dans le bureau. Dès son entrée, il avait compris que ça irait mal pour lui. Il s'était assis face au Fantôme. Il n'avait pu que l'écouter détailler sa vie, sa vraie vie, et son parcours. Il ne lui avait pas laissé la possibilité de répondre. Il avait appelé Hearl et Clay. Les deux hommes étaient entrés le visage sans expression. Il n'avait pas cherché à se débattre quand ils l'avaient attrapé. À quoi cela aurait-il servi ? Il se souvenait ensuite d'un coup à l'arrière de son crâne, de la douleur, puis du noir.

Voilà, ce sont ses derniers souvenirs avant de se réveiller ici. Il est assis sur une chaise vissée au sol, pieds et poings liés, bâillonné. C'est une petite pièce de quatre mètre sur trois. Il fait froid, très froid. Il sent bien l'humidité environnante faute d'être couvert. Il ne porte qu'un jean et une chemise. Ses pieds sont nus.

Il lève les yeux au plafond pour découvrir une ampoule allumée pendant à des fils électriques. La porte en face de lui est en acier, sans ouverture. Un interrupteur se trouve à droite, du même côté que la poignée.

Il patiente, longtemps. Il est frigorifié quand la porte finit par s'ouvrir.

Les deux sous-fifres, qu'il n'a fait que croiser jusqu'à présent et qui l'ont assommé, entrent. Ils précèdent Pedro Alcazar.

- Angel, salue celui-ci.

Il ne l'appelle pas par son véritable prénom comme il l'a fait plus tôt dans le bureau. Il se doute de ce que cela annonce.

- Vois-tu, je m'assure toujours de l'identité de mes hommes et de leur loyauté. Je n'ai trouvé que deux choses pour éprouver cette dernière.

Il affiche un air ennuyé.

- Malheureusement pour toi, je ne peux pas user de penthotal ou d'un de ses dérivés. Il ne reste que la seconde partie de ma méthode. J'ai dû l'adapter à ta personne.

Il recule et fait signe aux deux autres.

- Nous nous verrons plus tard. D'ici là, tu seras devenu disposé à me dire la vérité.

Il quitte la pièce. La porte se referme dans un bruit sourd. Le premier coup de poing atteint son visage. C'est le premier d'une longue série.


Son corps n'est plus que douleur. Il ne sent rien d'autre qu'elle. Le sang qui coule et imbibe sa chemise, sa respiration difficile et les battements anarchiques de son cœur, les liens qui lui cisaillent la chair... tout est occulté par la douleur. Il oscille entre conscience et inconscience.

Régulièrement ils reviennent et recommencent. Il est arrivé à un stade où rien ne peut l'atteindre. Un coup de plus ou de moins, quelle importance.

De temps en temps, il sent qu'on lui met dans la bouche de la nourriture qu'il n'arrive pas à identifier, puis on le force à déglutir.

Il voit les jours se succéder, marqués par les comprimés qu'on le force à avaler avec de l'eau sucrée, les médicaments dus à son état de santé. Il trouve ça risible, soigner son corps puis le blesser.

Quelques jours de répit lui sont accordés. Il ne reprend pas vraiment des forces, mais il a le sentiment de se reposer.

Puis la méthode change.

Son bâillon est enlevé. On le détache de sa chaise pour le traîner hors de la pièce. Ses mains sont liées devant lui. Sa chemise n'est qu'un souvenir depuis un moment déjà.

Il voit un couloir puis une nouvelle porte. Ils entrent dans une autre salle. Il a juste le temps de découvrir un bassin rempli d'eau qu'il est jeté dedans. Il sent qu'on appuie sur sa tête pour le maintenir sous la surface. Il tente de retenir sa respiration le plus longtemps possible, de se débattre, de remonter à l'air libre... Peine perdue, il échoue à chaque tentative.

On le sort avant qu'il se noie. Généralement c'est à temps, parfois de justesse, d'autres fois c'est trop tard. D'abord il y a le néant, puis il ouvre les yeux en crachant l'eau contenue dans ses poumons après qu'une main lui est écrasée la poitrine pour le ramener d'outre tombe.

Quand il faut faire une pause, on le laisse tomber au sol. On lui donne de quoi tenir, on le laisse dormir un peu, puis on recommence.

Les deux gorilles ne parlent jamais. Il ne lui permette pas non plus d'ouvrir la bouche pour prononcer un mot. Sa tête entre en contact avec le liquide avant.

La méthode du Fantôme est la torture.

Selon ses pratiques habituelles, elle sert de complément au sérum de vérité. Au vu de son état de santé, il a préféré éviter de le lui injecter. Lui aurait préféré plutôt que de subir ça.

Il a déjà été torturé, voilà qu'il y a droit de nouveau.

On le torture. Il n'y a rien à dire d'autre que ça. C'est la triste réalité.

Torture. Ce mot fait peur, à raison. Il est difficile à prononcer, à écrire aussi. C'est un mot interdit, tabou pour lui. Il n'aime pas ce mot. Dire qu'il est torturé revient à dire qu'il est en position de faiblesse. Il n'aime pas être faible, pas devant les gens. Seul il s'autorise parfois à craquer, mais c'est rare, extrêmement rare.

Il hait vraiment ce mot. Il le hait d'autant plus qu'il le subit.


Il a perdu toute notion du temps.

Il tousse à présent. Il tremble de froid et de fièvre. Il a les yeux fermés. Il sent qu'on l'attrape. On le traîne au sol, ailleurs.

On lui lève les mains. Il est soulevé puis suspendu. Ses pieds touchent le sol mais c'est tout ce qu'ils font. Ce sont ses poings et ce qui les entoure accrochés en hauteur qui l'empêchent de s'écraser de tout son poids.

Son esprit est vide. S'il pense, rêve ou cauchemarde, il ne sait pas à quoi.

Il ressent la douleur, le tiraillement de ses muscles. C'est bien la seule chose qui occupe véritablement ses pensées.

Il n'a plus de forces. Avant il tenait, il pouvait réfléchir, constater ce qui lui arrivait sans pouvoir réagir. Avec les passages dans le bassin, son énergie s'est envolée.

Il reste comme ça plusieurs heures. Il sent une aiguille pénétrer sa chair à un moment. On lui injecte de quoi tenir encore un peu. Il faut qu'il reste vivant. On veut seulement le briser.

Jusqu'à présent on l'a préparé à ce qu'il va arriver dès qu'il entre dans la pièce. Il s'en rend compte quand il l'appelle.

- Allez Angel, on se réveille.

Il reconnaît la voix de Lennoy Mencken, alias El Diablo, diminutif Dia. Il ignorait la signification de ce surnom jusqu'à ce qu'il ouvre les yeux.

L'homme tient un fouet dans ses mains. Ça lui rappelle Zorro. Mais l'utilisation qu'il compte en faire est toute autre. Il frissonne, mais l'autre ne s'en aperçoit pas.

Les secondes passent et il ne fait que regretter de ne pas être mort plus tôt. Il a eu tellement d'occasions. Mais non, il vit. Il sait que d'ici peu il va vouloir passer de l'autre côté pour de bon.

Dia s'approche de lui et attrape son collier.

- Un ange, commente-t-il. C'est d'un ridicule.

Il se contente de fermer les yeux et d'attendre ce qui va forcément suivre.

- J'attends ce jour depuis qu'on s'est rencontré, dit-il avec ravissement en lâchant le pendentif. Je peux t'assurer que je vais me faire plaisir !

Il passe dans son dos. Quelques secondes plus tard, la lanière de cuir déchire sa peau. Il n'a plus la force de crier, ni même de parler. Ses muscles endoloris ne se contractent pas sous le coup ou l'annonce du suivant qu'est le léger rire de son tortionnaire. Il est épuisé, vidé.

Il n'est plus rien tandis que les coups s'abattent sur son dos et ses bras les uns après les autres. Il n'est que douleur. Elle seule occupe ses pensées, elle, le sang qui coule et le fouet qui s'abat de nouveau.

Il entend les commentaires de Mencken sans en comprendre le sens. Ça n'a pas d'importance, plus rien n'en a.

Il supplie en silence que cela s'arrête. Il veut mourir. Il sait pourtant que, peu importe ce qu'il va subir encore, il vivra. Alcazar le veut vivant. Il ne pense pas à lui pour l'instant. Le Fantôme, le NCIS, Chris et tout le reste, il n'y pense plus.

Enfin, il perd connaissance.


Quand il reprend conscience, il constate qu'il est de retour sur la chaise. Ses bras sont attachés dans le dos. Son dos meurtri est appuyé contre le dossier. Il sent que sa chair est à vif. Il sent aussi qu'elle l'est à des endroits où ce n'était pas le cas auparavant.

Il se souvient des passages de la bande de cuir sur sa peau. Ses bras avaient été touchés une seule fois, le bas de son dos aucune. Ce n'est plus le cas. Il devine que Dia ne s'est pas arrêté lorsqu'il s'est évanoui. Il est El Diablo. Il n'a pas failli à son nom. L'homme aime faire du mal. Il voulait lui en faire. Il ne s'est pas privé.

Tout son corps lui fait mal. Il ne peut rien dire d'autre. Il a mal, c'est tout. On ne peut pas mettre de mots sur la douleur.

Sa vue est floue. Il redresse la tête avec difficulté tandis qu'elle devient nette. Il reconnaît Pedro Alcazar debout devant lui.

- J'aurais vraiment aimé que cela se passe autrement, commence-t-il d'une voix peinée. Avec ton état et tes médicaments, je n'ai pas voulu prendre de risques. C'est pour cette raison que je n'ai pas utilisé de sérum de vérité et que tu as subi ceci. C'était une idée de Lennoy, une qui soit compatible avec ta santé. Il sait ce qu'il faut faire pour tester quelqu'un.

Il tente de se concentrer sur ce qu'il vient de lui dire. Il comprend qu'Alcazar a confiance en Mencken et sa façon de tester les gens. Il croit sincèrement que la torture qu'on lui a infligée et la manière dont ça l'a été étaient en accord avec son état de santé.

Il est ahuri de la naïveté du Fantôme sur le sujet. Il est révolté et aussi atterré. Il n'arrive pas à trouver de mot correspondant à la situation.

- Je pense que maintenant nous pouvons parler.

Il plante son regard dans celui du vieil homme.

- Parler ? répète-t-il d'une voix rocailleuse.

Il ne pensait pas être capable de prononcer un seul mot. Il se surprend.

- Qui es-tu ? répond l'autre.

Il fixe intensément son tortionnaire. Ce qui est arrivé depuis qu'il est allé dans son bureau passe comme des flashs dans sa tête. Le visage de Pedro laisse la place à celui des autres membres de la famille. Celui de Chris se dessine nettement. Il revoit le visage du petit garçon quand ils jouent ensemble et du sourire qu'il lui a fait juste avant de finir ici. Il se rappelle ensuite des agences et de la mission. Tous ses souvenirs lui reviennent. Les visages de ses amis apparaissent avant de laisser de nouveau celui de l'enfant s'imposer.

Son regard se fait décidé.

- Angel, répond-il sûr de lui.

L'homme hoche la tête satisfait.

- Bienvenue parmi nous Angel. Bienvenue dans la Famille.


Voilà, j'espère que ça vous aura éclairé !

Le prochain bonus sera un Tiva. Beaucoup ont été déçu qu'il n'y en ai pas dans la fic, alors je vais remédier au problème.

En attendant, si vous me disiez ce que vous pensez de cet OS ?