Jumeaux
Lorsqu'il vit sa sœur au loin, Wufei sentit tout de suite que quelque chose clochait, comme un mauvais pressentiment. Elle était droite, froide par rapport à tout ce qui l'entourait, comme dans un autre monde. Lorsqu'il s'approcha, il vit son regard vide et son visage ravagé par la tristesse. Il pouvait presque sentir sa solitude et sa détresse. Non, en fait il les sentait réellement, lui déchirant sournoisement le cœur. Il réprima l'envie qu'il avait de la prendre dans ses bras pour la consoler comme quand ils étaient enfants, en lui demandant doucement ce qu'il y avait. Peu à peu, cet ancien lien empathe qui les reliaient autrefois refaisait surface. Pourquoi ? Et surtout pourquoi maintenant ? Est-ce qu'elle est vraiment perturbée pour que ça m'atteigne ou alors est-ce moi qui…. Perdu dans ses pensées, Wufei sentit soudain une main se poser sur son épaule.
Il se retourna vivement sur le coups de la surprise mais reprit bien vite son air stoïque et limite arrogant. Il se trouva devant un adolescent aux cheveux blonds et aux yeux opales.
- Wufei, tu n'aurais pas vu Trowa par hasard ? demanda-t-il, l'air inquiet.
- Non Quatre, aucune idée, répondit-il en haussant les épaules.
Il jeta un coup d'œil du côté où se trouvait sa sœur : elle avait disparu.
- Dis, tu m'écoutes ? s'exaspéra Quatre.
Le blond avait continué la conversation (seul !) mais Wufei n'y avait même pas prêté attention. Il se sentait nerveux et Quatre commençait sérieusement à l'agacer.
- Tu sais ce qu'avait Katsumi tout à l'heure ? préféra-t-il demander plutôt que d'envoyer paître le blondinet.
- Non, aucune idée, je ne l'ai pas vue de la journée, pas plus que Trowa d'ailleurs…
Wufei préféra aller faire le tour de la base et avant que Quatre ne reprenne son bavardage.
- Merci Quatre.
Il se dirigea ensuite vers la sortie du hangar comme s'il suivait une piste invisible mais que chaque parcelle de son corps ressentait, chaque cellule vibrait sous l'appel de sa sœur jumelle.
Répondre à cet appel ne serait ce pas montrer un signe évident de faiblesse ? S'abaisser au niveau d'une femme ? Cette idée le répugnait au plus haut point. Depuis ses huit ans, son père lui avait enseigné à dénigrer les femmes : elles n'avaient pour seul but que de s'occuper du foyer et d'apporter un héritier. Néanmoins c'était sa sœur et, bien qu'il ne l'avouerait jamais, elle était d'une nature plutôt positive et forte, la voir désemparée à ce point ne lui avait pas parut de bonne augure. Bon sang Kat, où es-tu ? Que se passe-t-il ?.
A ce moment, il entendit l'un des soldats qui travaillait à côté.
- Tu as vu la fille qui vient de passer ? Je te parie que dans une semaine, elle est avec moi.
- Bien sûr, c'est pas du tout un mec comme toi qu'il lui faut, plutôt moi ! C'est la sœur d'un des pilotes je te rappelle. Mais vas-y, je te laisse une chance. En attendant, t'as qu'a la suivre sur le toit !
Le toit ? Mais qu'est-ce qu'elle fiche !
Il sortit et vit que l'on pouvait effectivement monter au toit par une espèce de gouttière. Tout en grimpant avec l'agilité d'un félin, il appréhendait le moment où il lui faudrait parler avec Katsumi, il avait beau chercher, il ne trouvait pas le moyen de lui expliquer, de lui donner une raison. C'est vrai que j'ai peut-être été injuste avec elle quelques fois, voire carrément odieux. Peut-être ne le méritait-elle pas… lui fit une voix sourde au fond de son esprit. Mais d'un autre côté, elle n'avait aucun honneur, aucun respect pour les enseignements des Anciens du clan et s'attirait toujours des ennuis, en plus elle pleurnichait pour un oui ou un non, comme… une fille faible et fragile, impuissante, alors que lui grâce à Nataku, il pouvait changer le déroulement de cette guerre…
Il arriva enfin sur le toit, regarda à gauche puis à droite. Sa sœur était là, au bout du bâtiment. Ses jambes étaient repliées et ses mains enserraient ses genoux, le menton posé dessus. Elle semblait regardait au loin dans le désert qui s'étendait à perte de vue sous leurs yeux.
- Que fais-tu là ? demanda-t-il.
Il avait encore parlé de cette voix dure et agressive qu'il aurait souhaité mettre en veilleuse à cet instant.
- Tu le vois, j'observe le paysage. Après tout, je n'ai rien d'autre à faire dans une base militaire.
Sa voix était lointaine et voilée. Il s'assit à côté d'elle. Il ressentait l'immense détresse de sa sœur et en même temps une pointe d'irritation à son égard.
- Que se passe-t-il ? Sa voix était plus neutre.
Elle ne répondit pas mais tourna la tête vers lui. Il put voir ses yeux, noirs comme les siens, mais emplis de souffrance.
- Pourquoi un tel changement dans ton attitude ? Je ne suis qu'une femme, faible et insignifiante, pourquoi cette subite attention de ta part ?
Le reproche piqua au vif Wufei et il s'apprêtait à répliquer lorsque Katsumi reprit la parole.
- Je sens ta compassion et aussi ton orgueil. Cela faisait longtemps que je n'avais pas éprouvé cette sensation. Je croyais que plus jamais tu ne voulais partager tes émotions avec moi. Alors pourquoi ?
Il ne répondit pas. Tout d'abord parce qu'il ne voulait pas se justifier, ensuite parce qu'il n'avait pas de raison à donner. Il se sentait honteux car il se rappelait les paroles des sages du clan : « un guerrier ne doit jamais agir sans raisons valables et ses actes ne seront motivés que par sa mission ». Or, il ignorait ce qui l'avait réellement poussé à venir, à part ce lien empathe qui ressortait d'on ne sait où…
- Tu avais raison finalement, je ne suis qu'une idiote, une inconsciente…
Bizarrement, cet aveux n'apporta pas à Wufei le sentiment de triomphe auquel il s'attendait. Ce qu'il sentit fut plus… de la peur ? Jamais elle n'avait concédé pareille chose et cela l'inquiéta au plus haut point. Mais depuis quand s'inquiétait-il pour elle ?
Depuis que j'ai failli la perdre résonna une voix dans son esprit. Oui, à partir de ce jour, où Heero avait manqué de la tuer, il avait sentit quelque chose se fendre, se craqueler en lui. Et cette fissure n'avait cessé de grandir au fil du temps. La rencontre avec leur père n'avait pas arrangée cela.
- Pourquoi dis-tu ça ? demanda-t-il.
Il avait perdu le ton agressif avec lequel il avait pris l'habitude de lui parler.
- J'ai parlé avec Trowa…
Jusque là, il n'y avait rien d'extraordinaire, bien qu'employer le verbe « parler » au sujet de Trowa était un peu excessif.
- … Je veux dire, que je lui ai avoué mes sentiments…
Le jeune homme leva un sourcil : il était de notoriété publique que sa jumelle était proche avec le pilote français mais de là à éprouver ce genre d'émotions… Et puis il y avait Quatre.
- Et alors ?
- Alors, reprit Katsumi. Même si je savais que ce n'était pas réciproque, il a fallut que je lui dise, c'était plus fort que moi… Et je m'en veux tellement maintenant.
- Mais que s'est-il passé ?
Wufei savait que jamais sa sœur n'aurait ouvert son âme si elle n'avait pas intensément ressentit cette attirance pour Trowa.
- Involontairement, je lui ai imposé un choix : entre l'affection qu'il a pour moi et… l'amour qu'il a pour… Quatre.
Elle gémit à ce moment puis reprit.
- Je lui ai fait du mal alors que je ne le voulais pas, je ne suis qu'une égoïste. Et pourtant… je l'aime…
Le désespoir pointait dans sa voix, en même temps qu'une certaine résignation. Wufei parlait - enfin normalement - avec sa sœur, qui plus est, de ses peines de cœur. Et il l'écoutait, sans faire de sarcasmes et même avec… attendrissement.
Au fond, il comprenait ce qu'elle vivait : aimer quelqu'un d'inaccessible ; même si dans son cas la séparation était irréversible ; d'ailleurs le temps contribuait à refermer la blessure.
Inconsciemment, il avait passé son bras autour des épaules de sa sœur.
- Ca passera, déclara-t-il. Avec le temps ça s'atténuera, la souffrance que tu ressens partira.
Puis il se tut brusquement en se rendant compte de ce qu'il disait. Il consolait sa sœur ! Il commençait vraiment à perdre les pédales !
Katsumi se serra contre lui. Cette chaleur si réconfortante, apaisante et familière. Comme avant. Non mais, ça n'allait vraiment pas du tout, s'attacher à de stupides souvenirs n'allait pas lui permettre d'être un guerrier, bien au contraire ! D'ailleurs se rapprocher autant d'une personne pourrait compromettre leur mission à eux cinq, les pilotes de Gundam.
- Bon, c'est bon tu peux me lâcher maintenant, déclara le jeune chinois, l'air à la fois gêné et confus mais heureux au fond.
- Xièxie gēge, murmura Katsumi, tout en s'écartant de lui à contrecœur.1
Ils restèrent tous deux assis encore un moment, savourant ce moment unique. La nuit n'allait pas tarder à tomber et les ombres commençaient à s'étendre sur les dunes du désert.
- Bon, allons-y, ils vont avoir besoin de nous en bas, dit Wufei.
Ils étaient sur le point de partir lorsque Katsumi s'immobilisa soudain.
- Wufei, qu'est-ce que c'est ces points noirs là-bas ?
Elle désigna l'horizon.
- Il n'y avait pas de patrouilles à l'extérieur pourtant, ajouta-t-elle.
- Non, répondit-il. Et pas de troupes en renfort non plus.
- Donc si ce ne sont pas des alliés… Ce n'est pas normal, à cette distance les radars auraient dû les repérer.
- Oui, il y a un problème, en plus à terre, on ne peut pas les voir, le soleil les cache. Viens, on va voir ça de plus près.
1 xièxie gēge merci grand frère (attention, je n'y connais pas grand chose en chinois mais ça doit ressembler à ça en gros)
Wufei - (furieux) Non mais ça va pas la tête ! T'avais bu quand t'as écrit ce chapitre ou quoi ! Jamais tu ne me verras consoler une femme !
Mm - C'est ma fic, je fais ce que je veux, na !
W - T'es sûre ?
Mm - Oui.
W - Bon bah alors, tu vois, ça c'est mon sabre et je découpe qui je veux avec. (se jette violemment à la poursuite de l'auteuse qui va se réfugier derrière Katsumi).
Mm - Tu peux le résonner stp.
Katsumi - Bien joué ! Tu l'as mis en rogne, il va vouloir me découper aussi maintenant ! (se mettent à courir dans tout l'appart). Eh puis d'abord, pourquoi tu me fais toujours jouer les rôles misérables ?
Mm - Je sais pas. Duo ! Protège-moi !
K - Et moi !
Duo - (très faussement modeste) Quel succès j'ai avec les filles moi…
