Bonjour à tous !
Je vous présente le début d'un nouveau cross-over, entre Touhou Project et Harry Potter.
Je choisis délibérément de modifier le placement chronologique de la trame de Harry Potter. Je décale l'action de vingt ans dans le futur. En conséquence, toutes les dates du canon sont décalées. Même si cela n'a guère d'importance pour l'intrigue, il s'agit d'éviter certains anachronismes liés à notre héroïne. C'est assez ironique d'ailleurs, puisque je consacre des lignes à un phénomène qui n'est que très secondaire par rapport à l'intrigue de l'histoire. Enfin, je préfère être clair là-dessus dès le début, que ce fait soit clair.
A part ceci, je ne modifie pas le canon pour les personnages.
J'espère que cette nouvelle histoire vous plaira, n'hésitez pas à me faire part de vos remarques et de vos commentaires.
Bonne lecture à tous !
Chapitre 1 : Un hibou pour Sumireko
Tokyo était une ville immense, vraiment immense, même par rapport aux standards de la planète où elle se trouvait. Cette orgueilleuse métropole, peuplée de plus de trente-cinq millions d'habitants, s'étendait entre la montage et la mer, couvrant la région de sa multitude d'orgueilleuses tours qui touchaient les cieux. Dans la capitale nippone, des millions de cœurs battaient collectivement, des millions d'êtres vivants coexistaient plus ou moins pacifiquement. Cette masse grouillante travaillait dans le centre de cette nation qui vouait un culte au progrès et à la science.
La capitale comportait de nombreuses écoles et lycées, de nombreux lieux formant la jeunesse pour prendre le relais de la classe laborieuse. Au sein de ces établissements visant l'excellence, de nombreux étudiants apprenaient mécaniquement, désireux de faire leurs preuves au sein d'un système économique concurrentiel, là où l'exclusion et la course à la productivité étaient des rouages centraux de cette société.
Un de ces établissements scolaires, un lieu tout à fait normal, était pourtant fréquenté par une personne qui n'avait rien d'ordinaire. Une personne qui n'avait guère sa place dans un monde entièrement fait de rationnalité et de science pure.
Au second étage de l'aile est d'un lycée, plus particulièrement dans les toilettes des filles, l'un des cabinets était verrouillé.
Assise sur le couvercle de céramique, une jeune fille avait ouvert un bento enveloppé dans un chiffon à carreaux et mangeait silencieusement des sushis accompagnés de riz.
Elle saisit soigneusement une boulette de viande entre deux baguettes, avant de la glisser entre ses fines lèvres roses.
Elle mangea avec calme, sans se presser. Elle ne savourait pas sa nourriture comme le ferait un gourmet, mais ne se bâfra pas non plus avec hâte. Elle avait le temps, après-tout, songea t-elle en ne regardant même pas la montre entourant son poignet gauche.
L'adolescente repoussa une de ses couettes derrière son oreille, rejetant ses cheveux châtains, poursuivant son repas solitaire.
Dix minutes plus tard, elle acheva son repas avec calme, refermant la boîte de plastique blanc dans son mouchoir rouge et blanc, rangeant le tout dans son sac qui était posé sur le sol dallé de milliers de carreaux de mosaïque.
La jeune fille se dirigea vers le lavabo, faisant couler l'eau sur ses doigts gras aux ongles rognés. Alors qu'elle se savonnait les mains, les frictionnant avec vigueur, elle entendit un tapotement régulier et agaçant, provenant du soupirail entrouvert.
Le claquement était trop régulier pour n'être du qu'au vent, songea la jeune fille, dont les yeux aux reflets de miel se tournèrent vers la lucarne entrebâillée.
A sa grande surprise, elle aperçut un petit hibou, qui picorait vigoureusement contre la fenêtre, martelant le verre fumé.
Lorsque la jeune fille observa le rapace nocturne, l'oiseau de proie cessa ce pénible tapotement et sembla adopter une expression inquisitrice, comme s'il critiquait sa lenteur d'esprit.
L'animal hulula, tendant sa patte. Une enveloppe de papier kraft grossier y était nouée et le hibou sembla hocher la tête en un geste typiquement humain, comme s'il l'invitait à la prendre.
La jeune fille approcha et saisit la lettre, alors que le noeud se défit sans effort.
L'oiseau resta en place, alors que la jeune fille observa l'enveloppe, couverte par une écriture fine, dont les caractères étaient latins. La jeune fille n'eut aucun mal à comprendre, puisqu'elle lisait et parlait très bien l'anglais.
Elle lut les mots suivants :
Melle Usami Sumireko,
Dans les toilettes du second étage,
Tōkyō Toritsu Hibiya Kōtōgakkō
Nagata-chō, Chiyoda,
Tokyô, Nihon
Le document, orné d'un étrange blason, était adressé à son nom et indiquait parfaitement le lycée qu'elle fréquentait, ainsi que l'adresse des toilettes où elle déjeunait habituellement. Une telle précision était étonnante et presque inquiétante.
Elle détestait les pervers et les stalkers, tous ces gens qui épiaient l'objet de leurs désirs et de leurs fantasmes, sans oser avouer leur flamme ou même essayer de sympathiser avec celui qui était aimé.
La jeune fille regarda autour d'elle, plissant les yeux, tentant de savoir si on l'épiait.
Elle regarda par la fenêtre, mais ne vit rien d'autre que le petit parc situé derrière le lycée, avec ses buissons et ses arbres aux feuilles emplies de vie.
Sumireko renonça à trouver qui que ce soit dans cette masse végétale. Elle referma la fenêtre, se retrouvant de nouveau seule dans les toilettes.
Elle ouvrit l'enveloppe et en sortit un message au contenu pour le moins étrange.
COLLÈGE DE POUDLARD, ÉCOLE DE SORCELLERIE
Directeur : Albus Dumbledore
Commandeur du Grand-Ordre de Merlin, Docteur ès Sorcellerie, Enchanteur-en-chef, Manitou suprême de la Confédération internationale des Mages et Sorciers.
Chère Melle Usami,
Nous avons le plaisir de vous informer que vous pouvez bénéficier d'une inscription au collège Poudlard pour l'année 2015-2016. Vous trouverez ci-joint la liste des ouvrages et équipements nécessaires au bon déroulement de votre scolarité.
Bien que vous ne soyez pas située dans la zone de recrutement de notre établissement, nous constatons que l'académie de Mahoutokoro ne vous a pas adressé d'invitation. En conséquence, notre établissement vous adresse une proposition de scolarisation, en raison de vos évidents talents.
La rentrée étant fixée au 1er septembre, nous attendrons votre réponse par hibou le 31 juillet au plus tard.
Dans l'intervalle, afin de répondre à toutes les questions que vous puissiez avoir, vous pouvez solliciter un entretien avec un membre du personnel de notre établissement.
Veuillez croire, chère Melle Usami, en l'expression de nos sentiments distingués.
Minerva McGonagall
Directrice-adjointe.
La lycéenne observa le second document, composé d'une liste de manuels et de fournitures absolument étrange à ses yeux.
Cependant, elle sut d'instinct que ce n'était pas une blague.
Tout son être semblait traversé par cette intime conviction, comme si son inconscient savait qu'elle pouvait croire en la véracité de ces mots. Elle le sentait au plus profondément d'elle-même, ayant l'intuition que cette mystérieuse école était réelle.
Son cerveau vint à la rescousse, en lui faisant remarquer que les hiboux étaient difficiles à dresser et que personne n'aurait consacré tant de temps et d'énergie pour une simple farce, même si son intérêt pour l'occultisme était relativement connu.
Sumireko saisit son bloc-note, rédigeant une note rapide en guise de réponse, dans laquelle la jeune fille sollicitait une rencontre avec cette mystérieuse école de Poudlard, expliquant brièvement sa situation, tout en les informant qu'elle avait besoin de plus larges réponses.
Après cette rencontre qui brisa l'ordinaire, la lycéenne passa le reste de la journée à s'ennuyer. Tout lui sembla extrêmement fade, que ce soit les cours qu'elle comprenait avec aisance, son environnement classique, sans parler de ses camarades parfaitement normaux.
Elle détestait cette normalité insipide, cette volonté de conformisme absolument ennuyeuse, cette pâleur qui ôtait toute couleur à la vie et qui lui donnait l'impression de vivre dans un univers terne et dépourvu de toute aventure, de toute excitation, sans le moindre frisson.
Lorsque la sonnerie marqua la fin de sa dernière heure de cours, la jeune japonaise rangea calmement ses fournitures dans sa serviette, classant soigneusement ses cahiers et ses livres, avant de mettre sa chaise sur la table, bien qu'un geste fébrile trahissait parfois son excitation qu'elle se forçait à contenir.
Alors que ses camarades s'engouffraient dans la sortie, elle salua son professeur, plus par formalisme que par respect réel, avant de quitter la pièce.
Dans le couloir, elle marcha seule.
La jeune fille à la robe violette passa au milieu de la masse grouillante d'élèves. Les rares personnes encore situées sur son chemin se poussèrent précipitamment. Personne ne voulait être sur la route de cette fille étrange, personne ne voulait ne serait-ce que courir le risque de la frôler.
Les chuchotements sur son chemin étaient légion. Les murmures pernicieux l'entouraient, alors que les rumeurs concernant la fille bizarre se répandaient tout autour d'elle.
Sumireko marcha calmement, rehaussant ses lunettes rouges qui glissaient sur son nez à cause de la sueur.
Elle ne soupira pas, malgré que la chaleur estivale était aggravée par la lourdeur de l'atmosphère orageuse. Ce serait absolument indigne d'elle, elle n'allait pas montrer que la chaleur l'incommodait.
Sumireko avança, la démarche raide, avec son arrogance habituelle. Ses chaussures claquèrent sur le sol, alors qu'elle progressait le long de ce couloir.
Arrivée à une intersection, la jeune fille manqua d'être percutée par une personne provenant de l'autre côté.
Lorsque les deux personnes furent à deux doigts de se heurter, Sumireko se figea. L'autre personne, une jeune fille de son âge, fut repoussée sur le côté, comme si un bouclier invisible l'avait frappée avec force, la rejetant avec une violence délibérée.
La jeune fille à terre gémit, les mains écorchées. Elle observa ses affaires éparses, qui s'étaient répandues sur le sol lorsque son sac s'était ouvert, avant de tourner la tête vers Sumireko.
L'étudiante la toisa de haut, son regard de miel semblait luire d'un éclat de mépris. La lèvre supérieure de Sumireko se souleva légèrement, en un rictus de dégoût.
Sumireko leva les pieds, enjambant l'étudiante sans lui adresser le moindre mot, ni même lui proposer de l'aider. Elle ne fit pas preuve de la moindre compassion, ignorant la maladroite qui s'était mise sur sa route en la considérant comme si elle n'était qu'un papier gras.
Les chuchotements se transformèrent en accusations, mais Sumireko les ignora superbement. Un regard glacé les dissuada de dire quoi que ce soit d'autre.
A une vingtaine de mètres, un sempai particulièrement populaire, mais qui la regarda méchamment, trébucha malencontreusement sur le sol sec et dégagé de tout obstacle.
Tandis que le bel étudiant gémissait à propos de ses dents cassées, Sumireko descendit l'escalier et atteignit rapidement l'allée bordée de haies qui reliait l'entrée du lycée à la grille qui entourait l'établissement. Par réflexe, elle remit son chapeau noir, orné d'un nœud écarlate.
Elle saisit son téléphone portable et consulta distraitement ses messages, ainsi que son Facebook encombré de notifications provenant de pages indispensablement inutiles, avant de rejoindre son foyer.
Même sans lever les yeux de l'écran de son mobile, elle parcourut sans encombre le chemin qui la conduisit jusqu'à l'appartement où elle résidait en compagnie de sa mère.
Sumireko monta les marches jusqu'au troisième étage, déverrouillant la serrure avec sa clé accrochée à un porte-clef orné d'une petite figurine qui clignotait lorsqu'on l'agitait.
Lorsqu'elle ouvrit la porte bien huilée, le silence l'accueillit.
Comme d'habitude.
Son regard se posa sur le cadre posé sur un guéridon, représentant un couple souriant avec une petite fille d'à peine trois ans.
L'adolescente observa la photographie, notant l'expression de bonheur sur les visages de ses deux parents. Son père avait les yeux pétillants, malgré son visage carré qui lui donnait un air dur. Sa mère était gaie et emplie de vie, tandis qu'ils tenaient leur fille.
Une vague de nostalgie envahit Sumireko, qui ne se souvenait presque pas de cette visite dans un parc d'attraction. Son esprit semblait brumeux lorsqu'elle voulait retrouver les doux souvenirs de cette époque, lorsque sa famille était encore unie.
La lycéenne baissa la tête, comme si une main exerçait une forte pression sur ses épaules. Ces jours anciens étaient perdus à jamais et les doux souvenirs étaient teintés d'amertume. Désormais, ce passé était révolu. Elle ne voyait plus que rarement ses parents divorcés. Elle vivait avec sa mère, qui travaillait souvent à des heures indues, tandis que son père était souvent en voyage.
Sumireko siffla, amère, songeant à cette secrétaire qui avait brisé le ménage de ses parents. Elle se détourna de la photographie et jeta son cartable le long du mur d'entrée.
La jeune fille se dirigea vers le réfrigérateur, cherchant de quoi combler son estomac. Il n'y avait pas grand-chose, puisque sa mère devait s'arrêter pour faire les courses, alors elle se contenta d'un gâteau de riz nappé de chocolat, sa faiblesse.
Sumireko grignota devant la télévision, regardant un show insignifiant peuplé de super sentai en costumes ridicules, plus pour avoir un fond sonore que par réel intérêt.
Lorsqu'elle eut fini ce bref goûter, elle essuya les commissures de ses lèvres, avant d'éteindre le poste de télévision et de faire les quelques devoirs qu'elle n'avait pas bouclés.
Lorsqu'elle se coucha, plusieurs heures après avoir terminé une ultime équation, sa mère n'était toujours pas rentrée. Sumireko songea qu'elle allait devoir faire les courses elle-mêle, puisque demain était le début du week-end.
La jeune fille eut beaucoup de mal à trouver le sommeil. La mystérieuse lettre et le hibou restaient dans un recoin de sa mémoire, trottant incessamment et elle ne put s'empêcher d'être excitée. Elle avait hâte que quelqu'un vienne s'entretenir avec elle à propos de cette mystérieuse missive et de l'étrange académie de Poudlard.
