Le SEIGNEUR des ANNEAUX

Le dernier Anneau

PROLOGUE

L'aube s'éveilla faiblement, projetant de froid rayons de soleil. Le chant des oiseaux ne résonnait pas de sa douce sonorité fluette et virevoltante dans la vallée. Les animaux se terraient, jappant et gémissant dans le fond de leurs tanières. Le murmure du vent dans les arbres se taisait et l'on aurait dit que la forêt s'écartait au passage de l'étrange humain.

Humain ? On ne pouvait plus l'appeler ainsi. Car il était mort des années auparavant et, asservit par le pouvoir de l'Anneau Unique, il avait rejoint les rangs de Sauron pour semer mort et douleur sur son passage. Pourchassant un petit homme qui portait toute l'espérance des terres du milieu, échouant lamentablement à sa mission qui l'avait contraint à errer – sans corps, sans âme – dans le monde des vivants, l'au-delà lui refusant son accès à une autre vie.

Incompris, déboussolé, sans but précis autre que celui légué par Sauron, le Ténébreux : trouver et tuer le semi homme porteur de l'Anneau Unique. Autrement dit : tuer Frodon. Tel était sa mission et il l'accomplirait, car il n'avait d'autre but dans ce bas monde. La chasse au Hobbit continuait à l'insu de la proie qui tentait de vivre avec le mal qui le rongeait.

Le cavalier noir continua sa lente chasse.

Chapitre I - LE CHEMIN DES RETROUVAILLES

A Hobbitbourg, Maître SamSagace devenait maire de la Comté pour la troisième fois. Les jours filaient rapidement sur la longue toile du temps.

Sa fille, Elanore, l'Etoile-Soleil, était une sublime femme qui ressemblait plus à une elfe qu'à une hobbite. Ses longs cheveux blonds tombaient en cascade dans son dos et étincelaient au soleil suscitant le regard envieux de tous les jeunes hobbits. Même Faramir, le fils de Pippin, ne cessait de rechercher sa compagnie.

« C'est une belle dame Elfe. » disait tout le temps l'enfant quand il l'a voyait passer de temps en temps au pays de Bouc où se rendait souvent Sam.

« Sam dépêches-toi ! » cria Rosie qui attendait sur son poney baie et tenait l'autre, Bill, par la bride.

Sam se tourna une fois encore vers la demeure de Cul-de-Sac, là où avait vécu Frodon et Bilbon avant lui. Sa compagnie lui manquait, mais il songea au plaisir de revoir Grand Pas, le Roi Elessar, seigneur du Gondor.

« Le Gondor n'est pas à porté de main et nous devons chevaucher de longs jours avant de retrouver ta fille, la dame d'honneur de la reine Arwen, ainsi que ton compagnon le roi Elessar. C'est un grand honneur que d'être invité à sa cour, » confia Rosie en tendant les rênes du poney à son mari. Sam frotta le museau de Bill baptisé en souvenir du vieux poney qui avait suivi un temps le périple de la communauté de l'anneau.

Ils traversèrent la Comté où tous les saluaient et les encourageaient.

« Vous vous rendez en Gondor ? » leur demanda-t-on.

« Vous allez voir le grand Roi Ellesar ! »

« Maître SamSagace, vous n'avez pas à vous inquiétez. Je m'assurai de remplir mon rôle de maire suppléant au mieux de ma tache. Si quelques ennuis nous arrivaient, je vous le ferais savoir au plus vite ! »

« Je compte sur vous, maître Tolman Cotton », répondit Sam au hobbit qui souriait de fierté à assumer une tâche si estimable.

« Bon voyage en Gondor, Maître Sam ! Le voyage ne sera-t-il pas trop long pour vous deux ? »demanda le Maître Tolman Cotton en suivant le pas lent des poneys.

« Nous ne partons pas seul, Tolman. Des amis nous accompagnent. Peregrin est au service du Roi Elessar et celui-ci le mande pour une mission. Meriadoc n'est pas prêt à le laisser partir seul », ajouta le hobbit en souriant.

Cela faisait longtemps qu'ils ne s'étaient retrouvés tous trois à chevaucher ensemble.

Ils les rejoignirent, fougueux et impatient, à la fin du chemin de Lézeau. Pippin le salua de loin, debout sur les étriers de son poney.

Ils s'étreignirent comme si cela faisait longtemps qu'ils ne s'étaient vus. Ils étaient pourtant réunis pour la nomination de Sam comme maire de la Comté et la fête qui s'en suivit quelques semaines plus tôt.

Sam, la main levé vers le soleil, dit : « En route, mes amis. Grand-Pas et sa dame nous attendent ! »

Sans plus perdre de temps, ils se mirent en route.

Aragorn se leva et un étrange pressentiment le traversa. Les oiseaux ne chantaient pas, le vent se dérobait dans les arbres. Un vent glacial pénétra dans la chambre et le fit frissonner. Il secoua la tête quand la nature se remit à vivre puis il se pencha amoureusement vers sa Belle. Il déposa un baiser sur son front et s'éloigna.

Il erra dans les couloirs et se remémora le temps passé de la Compagnie de l'Anneau. Dans peu, peut-être, seraient-ils presque au complet au Gondor. Il savait qu'il manquerait toujours celui qu'il estimait beaucoup. Le petit homme n'avait pas eu peu de défier ouvertement le pouvoir absolu de Sauron et risquer la mort pour sauver les Terres du Milieu.

Gandalf et Frodon, à la suite des porteurs de l'anneau et de nombreux belles gens, avaient pris la mer pour un voyage sans retour.

Un jeune serviteur le tira de sa rêverie en le saluant, haletant pour reprendre son souffle.

« Roi Elessar, Roi Elessar, le roi Eomer du Rohan est là ! »

Aragon parut étonner. « Eomer ? Sa venue n'était pas annoncée. »

« Je le sais Seigneur, mais il est là, dans la salle du trône et il vous attend. Il me faut vous prévenir…. Son visage paraît soucieux, une ombre voile son regard et ses lèvres sont fermées, retenant une nouvelle qu'il ne veut dévoiler. »

Aragorn congédia l'homme d'un hochement de tête et s'arrêta près d'une fenêtre qui donnait sur la longue étendue verte de la Marche.

Il descendit enfin dans la salle du trône où il trouva le Roi Eomer de Rohan, immobile dans l'ombre d'une colonne.

Aragorn le regarda en silence, puis il s'avança et ses talons résonnèrent sur les dalles de pierres sortant le Roi du Rohan de sa méditation.

« Eomer de Rohan, mon frère, je suis agréablement surprit de votre venue dans notre cité ! Que me vaut ce plaisir ? » dit-il.

Eomer leva son regard triste vers Aragorn, puis il regarda la fenêtre qui dispersait une lumière diffuse et froide dans l'immense salle.

« Le soleil est froid ! » murmura-t-il. « N'avez-vous pas senti un trouble, Elessar ? Le chant des oiseaux a changé, les animaux se terrent… la nature a peur et craint un danger ! »

« Qui pourrait faire frémir ainsi la nature ? Qui a ce pouvoir d'influer sur les éléments ? » demanda Aragorn en invitant Eomer à s'asseoir autour d'une table.

« Qui, n'est pas la question… mais plutôt quoi, car ce n'est plus vivant, mort depuis des générations. »

La pensée d'Aragorn se mua en mot et il ne put retenir : « Les cavaliers noirs ! »

Les yeux d'Eomer se froncèrent dans une moue d'écœurement.

« Des hommes de mon pays m'ont rapporté le passage d'un étrange cavalier, vêtu de noirs et montant un cheval de nuit. » Il laissa un silence. « Ils m'ont parlé d'un silence oppressant, comme si la nature retenait son souffle sur son chemin et d'une abondance anormale d'insectes, » expliqua le Roi du Rohan en s'asseyant. « Savez-vous ce que cela veut dire ? »

Aragorn grogna en détournant son regard d'Eomer. « Qu'ils n'ont pas tous péri avec Sauron ! »

« Et si une menace encore plus grande nous guettait. Et si Lui n'avait pas péri ! »

« L'Anneau Unique a été détruit », riposta fermement Aragorn. « Frodon la menait au Mont du Destin et Gollum est tombé avec dedans… Si Sauron n'avait péri, nous ne serions pas là à en parler, car c'est Frodon et lui seul qui nous a tous sauvé. Sinon nous aurions disparu sous les forces du Ténébreux. »

« Comment expliquer alors la présence de ce cavalier noir ? »

Aragorn souleva les épaules. Il n'avait aucune réponse à donner au Roi du Rohan.

« Je vous demanderai, Eomer, de ne parler à personne de ce que vous venez de me révéler. Je ne veux pas jeter le doute dans le cœur de mes sujets. Nous retrouvons à peine la paix, le souffle invisible des Ténèbres s'efface à peine des cœurs et des âmes… il n'est pas temps de semer une fois encore le trouble. »

« Je ne faisais qu'avertir un ami ! » répondit Eomer en souriant.

« Allons Ami, aujourd'hui doit être un jour joyeux. Nous nous retrouvons et Samsagace, Pippin et votre Thain Meriadoc viennent à moi dans peu. Nous ferez-vous l'honneur de rester et de les rencontrer ? »

Un sourire apparu sur le visage fatigué du Roi du Rohan.

« Cela fait longtemps déjà que je n'ai revu le Thain Meriadoc et ses compagnons. Je resterai avec plaisir ! »