Morior

« L'Homme a succombé à la fourberie, à la haine et au doute. Son cœur, où le liquide de vie afflue, bat de travers, ses gonflements sont tristes et recrachent un liquide sombre dans toutes les veines du corps humain. Tout a été souillé, lentement, sûrement. C'est la mort du petit cheval. Les âmes mortelles hurlent à la vengeance et à la rage, on tue, on étripe, on arrache, on écrase et on hait on perd notre humanité et la troquons contre un bien sombre état d'âme. L'Homme a pris les armes, l'Homme avance sur le chemin du massacre, où gisent déjà les cadavres putrides, vides de toute vie, Il écrase les squelettes et les réduit en poussière. Le son d'un craquement sinistre résonne dans l'air, Il avance et s'approche de plus en plus. Brandissant l'épée de la justice d'une main et la masse du désespoir dans l'autre, Il a les yeux bandés et avance à tâtons. Le diable lui a retiré toutes capacités de raisonnements, Il est devenu bête. Nous sommes en danger, notre futur est incertain. Les enfants se font abandonner dans les rues dangereuses des bourgs, ils meurent de faim ou se font avaler par les porcs affamés. Les non-sorciers ont lancé l'assaut, fourches et torches en mains…, aidés par des exorcistes. Les parents délaissent leurs enfants, car ils sont habités par le diable. Les hommes commencent à nous haïr, à nous considérer comme des rejetons du diable, délaissés à la naissance par le Tout-Puissant qui ne nous aimait plus. Nous sommes immondes, infectes, inhumains… On nous écrase comme des insectes, on tue nos enfants. Les sorciers sont des monstres atroces, qui tuent à chaque fois qu'ils respirent et qui élèvent des démons mangeurs d'humains. Spéculations… Des jeunes âmes impétueuses veulent se lever et combattre, tuer les non-sorciers pour nous protéger d'eux. Créer une race pure, où seul le sang des sorciers fait foi. Arracher le cœur des non-sorciers et protéger les enfants nés dans une famille qui pourrait souhaiter leur mort. L'Homme a pris les armes… pour combattre ses semblables. Nous entrons dans une nouvelle ère, on tue au nom de la paix, de la justice, de la sécurité, au nom de Dieu, pour détruire le mal, on s'entre-tue pour sauver notre monde de toute souillure. Pour que nos terres infertiles, où le sang noir des démons s'était infiltré et avait pourri les sols, puissent reproduire des choses bonnes. L'Homme s'est catégorisé, la guerre humains-sorciers a été enclenchée. Un des exorcistes, dont les entrailles sont pourries depuis des décennies, crie à la rébellion, il a trouvé une arme ultime qui anéantit le démon qui habite le corps des sorcier, qui détruit leur énergie vitale.

Les sorciers lèvent le poing en direction du ciel, ils ne veulent plus se laisser faire, que ce soit au nom de Dieu ou de quelqu'un d'autre…, ils ne veulent plus se laisser persécuter ! Nous ne pouvons plus vivre en paix, nous sommes devenus aveugles. Nos yeux se sont voilés et notre cœur cherche à se suicider.

La guerre a toqué à ma porte un matin d'hiver et je dois, les yeux vidés, observer mes semblables, non-sorciers et sorciers avancer dans les ruelles un pied dans la tombe. »

Rowena Serdaigle.