Disclaimer : Rien ne m'appartient

« Pour qui a des racines, fuir n'a pas grand sens, puisqu'il implique un retour. » Yves Thériault

Au bout du conte

Cela fait bien longtemps que cette porte a claqué derrière lui, un beau matin, alors qu'il s'en allait sans se retourner. Et aujourd'hui il est là, debout devant l'entrée, stupéfait, parce que si lui a autant changé, ici rien n'a bougé.

Il monte les marches, et alors qu'il pose sa main sur la poignée, se fige. Après avoir passé la moitié de son existence dans cet endroit et l'autre moitié à le fuir, le revoilà. Ses yeux se ferment, ses épaules se relâchent en même temps qu'il vide ses poumons avant de pousser la porte.

Pour l'instant tout n'est qu'obscurité, ses paupières sont toujours closes. Tant d'années se sont écoulées, bien du temps a été perdu. Il a connu la joie, l'amitié, la douleur, la tristesse, la peine, la trahison, la haine, la peur et la folie aussi. Il a été accusé, jugé, emprisonné, recherché, pardonné. Il se sait courageux, têtu, impulsif, il s'en vante même. Et pourtant, il est immobile sur le paillasson du 12 Square Grimmaurd et n'ose pas ouvrir les yeux.

Il est seul. Ils sont tous mort. Il le sait, mais ses souvenirs sont là. Il craint de voir son frère qui le regarde du haut de l'escalier, son père le jugeant dans l'obscurité du couloir et sa mère le menaçant de sa baguette dans l'entrée. Il entend sa voix qui résonne encore le long du corridor, l'insultant de tous les noms alors qu'il leur tourne le dos. Et de la sienne qui lui répond, comme une promesse, comme une menace, que son histoire à lui, il l'écrira sans eux. Puis, il y a le bruit de la porte qui claque comme un écho bien réel.

Le premier pas a été effectué à l'aveugle. Désormais, il est à l'intérieur, sans échappatoire, dans le silence et dans le noir. Il était parti, il avait fui sa famille et jamais il n'aurait imaginé revenir. Avec un soupir, ses yeux s'ouvrent après tant d'années sur le lieu de son enfance.

Dans la semi-opacité du hall, Sirius observe cette maison emplie de vide, d'ombres et de poussières. Et il se dit que peut-être c'est vrai, ce que les livres racontent. Peut-être qu'on rentre tous, au bout du conte.