Nouvelle fic sur HG.
La plupart des persos appartiennent à Suzanne Collins.
Merci à ma VIP pour le conseil. Je me sentais un peu tiraillée, j'avais envie de parler de la rencontre entre Katniss et Gale dans mon autre fic mais cela se serait étendu et aurait pu déplaire.
Donc un petit tour d'horizon sur la vie de Gale post mocking-jay. Cette histoire est parallèle à mon autre fic et inclura leur rencontre.
Relecture par Brynamon.
LA VIE AVANT TOUT 2
Partie 1
PDV Gale
Trois ans après son arrivée dans le deux.
J'ai terminé mon service, je me change dans les vestiaires, range mon arme et referme mon casier. Encore une bonne journée de faite mais l'idée de rentrer chez moi me déprime, je n'aime pas être seul entre ces quatre murs froids. J'hésite, conscient de ma stupidité car je n'ai pas d'autre choix que de rentrer, il est tard et je ne vois pas ce que je pourrais faire d'autre. Et puis, je ne veux pas encore m'incruster chez ma mère qui m'a rejoint ici, il y a bientôt un an. Elle s'est installée hors de la ville avec mes frères et ma sœur. Je n'ai pas vraiment d'amis. La seule que j'avais, c'était une fille un peu brute, entière et intègre. Mais c'était il y a longtemps, avant que je ne la blesse de la pire manière qui soit. Depuis j'ai banni l'amour et l'amitié de ma vie. Je ne chasse plus non plus.
J'essaie de reléguer cette sensation abominable au fond de mon cœur pour ne pas recommencer à me blâmer.
Je n'ai rien d'autre que mon boulot, que j'adore, c'est vrai. J'arrive le premier et je repars le dernier, acceptant astreintes et contraintes et missions de toutes sortes. Je forme ainsi nos pacificateurs. Des pacificateurs d'un nouveau genre. Je suis leur modèle, leur binôme, leur repère. C'est important pour moi de bien les former, tant sur le plan technique que sur le plan humain. Je ne tolère pas la cruauté, l'indifférence, la passivité. Je mets en avant l'importance de chaque vie humaine.
Je souris tristement. J'ai appris de mes erreurs mais à quel prix ?
Ben, un de mes meilleurs éléments, entre se changer. Je ne savais pas qu'il était encore là. Il me trouve figé devant mon casier, fait semblant de rien.
-Pourquoi es-tu encore là ? Le questionné-je.
-Je préparais la salle de simulations pour demain matin.
-Tu étais censé le faire demain matin en arrivant.
Tandis qu'il se déshabille, je retrouve tout doucement l'usage de mes jambes.
-Je dois sortir ce soir, je préférais m'avancer au cas où.
-Mouais, je marmonne, un peu envieux.
Au moins, lui, a une vie. Je me dirige vers la sortie et ouvre la porte quand il me hèle :
-Vous voulez vous joindre à moi, Chef ?
J'hésite. Demain nous travaillons tôt. Cependant…
-Pas longtemps, continue-t-il, je vais rejoindre mon pote, il fête ses 18 ans au restaurant, si on se dépêche, on peut les rejoindre pour le champagne.
-Je ne voudrais pas m'incruster.
-Plus on est de fous plus on rit, et mon pote vous admire (je me crispe), ça créera la surprise et ce sera mon cadeau. Ça m'évitera d'y aller les mains vides, rit-il. Avec nos horaires, je n'ai pas eu le temps d'y aller.
Ben est comme moi, travailleur.
-Allez, insiste-t-il.
-Ok. Mais pas longtemps.
Il termine rapidement d'enfiler sa chemise, ravi de mon accord. Je me détaille un instant, soucieux de mon apparence.
-Ça ira ma tenue ?
J'étais en t-shirt, en jean, et en chaussure de ville.
-Mais oui, on ne va pas dans une soirée au Capitole.
Je tressaille, repensant à des choses que je veux oublier.
Je monte dans sa voiture, je suis venu à pied, je n'habite qu'à 4 kms d'ici. Je regarde le paysage urbain du deux défiler. Les choses changent, les gens, la mentalité, les infrastructures et le plus flagrant ce sont tous ces enfants dehors, jouant sans état-d'âme, insouciants, inconscient de leur chance…
Le deux n'a jamais souffert de la pauvreté, cependant, le prix à payer était le même partout quand il s'agissait des jeux : la mort.
Quand il se gare, j'hésite. Je fixe le restaurant, peu habitué à fréquenter des lieux publics en dehors de mon travail. Je descends quand Ben s'extirpe du véhicule. Dans la salle étonnamment bondée, je suis mal à l'aise. Je sens des regards sur moi. Ou alors est-ce de la paranoïa ? Il se dirige vers la tablée la plus bruyante et me présente d'une voix forte qui me liquéfie quand je vois le silence s'instaurer et l'attention se porter sur moi. J'ai perdu mon assurance il y a bien longtemps, je ne suis plus que l'ombre de ce que j'étais, j'avais fait une croix sur le bien-être et la joie de vivre.
Le pote de Ben, Colin, se lève, contourne la table et me salue chaudement avant de faire le tour des invités qu'il me présente. Maggie, la dernière qu'il me montre du doigt, est sa grande sœur, elle est jolie et chaleureuse. Elle tire une chaise installée derrière elle et la tapote. Je ne me fais pas prier, me pressant pour m'asseoir à ses côtés et ainsi ne plus être le point de mire.
Le gâteau arrive, le champagne aussi. Je n'en prends qu'une coupe, je n'ai pas mangé. Malgré deux parts de gâteau, j'ai encore faim. J'écoute distraitement les discussions de cette famille sympathique quand Maggie se tourne vers moi et entame une conversation plus intime avec moi. Elle me pose mille questions auxquelles je tente de répondre, souvent gêné.
-Et tu as une copine ?
-Non.
-Pourquoi ?
-Parce que.
Elle hausse les sourcils, puis les épaules et se sert un troisième verre.
-Tu devrais y aller mollo.
-On a la picole facile dans cette famille mais t'inquiète, j'encaisse bien.
-Ok.
Elle se lève subitement, tendant un cadeau à son frère qu'elle a tiré de son sac à main. Les autres cadeaux suivent mais Colin reste fixé sur le cadeau déballé de sa sœur, les yeux soudain embués. Elle aussi est mélancolique. Il y a un silence qui est rompu par Ben et un bagout que je ne lui connaissais pas. Maggie sèche ses larmes et sourit mais cela n'atteint pas ses yeux et elle se sert à nouveau.
-Ça ne va pas ?
Elle me lance un « non » sec et définitif. Je n'insiste pas. Elle termine son verre d'une traite et se lève en attrapant son sac.
-Y'en a qui bosse demain.
Elle salue d'un geste la foule et quitte la table pour aller récupérer son blouson à l'entrée. Déçu de la voir partir comme ça, j'en prends mon parti. Mais le cœur n'y est plus.
-Je vais y aller aussi, décrété-je après quelques minutes.
Je parviens à partir au bout de quelques accolades et remerciements. Je ne comprends pas pourquoi on me remercie mais, au moins, je me sens moins seul l'espace d'un instant.
-Je te ramène ? Propose Ben, en se levant.
-Non, je vais marcher.
-Mais c'est à au moins 8 bornes.
-Ça va aller je te dis. Profite de tes amis et, demain, tu peux arriver plus tard.
Je ne lui laisse pas le temps de protester et je quitte les lieux. Je suis prêt à entamer ma marche quand je remarque Maggie au volant de sa voiture, les yeux dans le vague. Je toque à sa vitre. Elle sursaute, la baisse, darde sur moi des yeux méfiants.
-Oui ?
-Ça va ?
-Oui.
Elle remonta sa vitre. Un peu vexé, je reprends mon chemin. J'aime marcher, l'air frais de la nuit me fait du bien. J'ai remonté la rue quand une voix me sort de mes réflexions.
-Tu es à pieds ?
Maggie me dévisage avec perplexité, au volant de sa voiture.
-Oui.
-T'habite loin ?
-Après le cimetière.
-C'est loin. Viens je te ramène.
-Non ça va, j'aime marcher.
-C'est sur mon chemin, ne fais pas l'idiot.
Je l'observe, ses yeux brillants sont anxieux. Je me demande ce qui cause tout ça.
-Ok, mais je conduis, t'as l'air à côté de tes pompes.
Elle ne répond pas, se contente de se garer et de se glisser côté passager. Je m'installe au volant, prenant mes marques. Nous roulons tranquillement jusque devant chez moi. Elle observe ma maison d'un air perplexe.
-C'est ça chez toi ?
Je souris, habitué aux remarques. Je vis dans une vieille bâtisse en pierre, isolée des autres maisons, au plus près de ce qui ressemble à un champ. Je ne chasse plus, mais j'aime toujours autant la nature, et ce qui s'en rapproche. Je descends et elle se remet tant bien que mal sur le siège conducteur. Contrarié d'avance par ma réaction, je me penche vers elle et je lui propose de la reconduire chez elle. Elle voit que ça ne m'enchante pas, elle refuse et elle démarre sur les chapeaux de roues. Je reste à fixer l'horizon, même quand elle a disparu de mon champ de vision.
J'aurais dû la ramener. Je m'en veux. C'est pire. Et cette sonnette d'alarme dans le coin de ma tête m'énerve encore plus. Je remonte mon allée, découvre un panier devant ma porte et un mot de ma mère : « Passe à la maison demain soir».
J'entre et me déchausse. Je dépose le panier dans la cuisine, inspecte le continu, salive d'avance. Un quart d'heure plus tard, après une bonne douche, je suis prêt à aller me coucher mais j'ai faim. Je déguste le diner de ma mère, l'esprit ailleurs.
Le tic-tac de l'horloge pèse sur mes épaule, rien ne sert de retarder les choses, autant aller dormir… et affronter mes cauchemars. C'est sans compter le retour de Maggie. Car je sais que c'est elle qui frappe à la porte avec virulence même si je n'ai pas entendu le son de sa voiture. J'ouvre, agacé. Elle est toute échevelée, comme si elle avait couru. Elle se remet en place, ramenant ses cheveux blonds en arrière. Elle me détaille, je m'en fiche, j'ai le droit de me balader en caleçon chez moi.
-Tu comptes me laisser sur le pas de ta porte.
-Oui.
Elle reste saisie de stupeur.
-Je ne cherche pas les problèmes.
Des aventures sans lendemain j'en avais, mais là ce n'était pas gérable, Ben les connaissais, je ne voulais pas de problèmes avec lui.
-Si tu parles de Ben, ça va aller, je suis une grande fille, et je n'ai pas de compte à lui rendre. C'est le pote de mon frère pas le mien.
Cette assurance qu'elle affiche est branlante, sur le point de s'effondrer. Je connais cette sensation. Je devrais refermer la porte mais quelque chose dans son regard me fait hésiter, elle en profite, passe le bras à travers la porte et entre…
Quand je me lève vers cinq heures pour aller travailler, je réalise ce qui s'est passé. Elle dort encore, je fais le moins de bruit possible et je me prépare. J'avale mon café, contrarié. Dois-je la réveiller ? Il est encore tôt. Je franchis le seuil vers six heures en me concentrant sur ma journée à venir.
Les jours puis les semaines passent, je n'ai pas de nouvelles d'elle. L'attitude de Ben est restée la même, je finis par me détendre. J'avais peur d'un cafouillage dans ma vie déjà bien bousillée.
Au gré de mes déplacements dans les différents districts, je rencontre une autre fille, puis encore une autre. Ça me va. Pas d'attaches, pas de promesses.
J'ai toujours pu esquiver d'aller dans le douze, n'étant pas une zone nécessitant un grand investissement en pacificateurs. C'est le district le plus petit, le plus tranquille et le moins peuplé. C'est mieux comme ça.
Je rencontre occasionnellement la Présidente Paylor. Aujourd'hui, j'ai une réunion avec elle (et certains membres délégués de son gouvernement) qui me félicite et souhaite que je fasse un repérage dans le douze pour voir la possibilité d'y établir une base. Elle voit mon hésitation, m'explique ce qu'elle a en tête et souhaite un rapport détaillé rapidement pour le soumettre à ses administrateurs.
Je m'y retrouve donc malgré tout ce que j'ai pu faire pour ne pas y retourner. Toujours dans l'hélicoptère, je contemple le paysage et je me sens démuni. Une fois un pied à terre, je suis oppressé par cette odeur de mort qui ne m'a jamais quitté. Tout a changé, la ville est en reconstruction. Certains s'arrêtent à mon passage, semble me reconnaitre. Avec deux de mes agents, nous sillonnons la ville, repérons tel ou tel point d'ancrage. L'un d'entre eux souhaite voir le village des vainqueurs mais je refuse.
-Pas le temps pour ça.
La déception se fait sentir, les regards aussi. Ils connaissent mon passé, ils savent que je suis relié à ces trois-là d'une certaine manière. J'aimerais faire abstraction de cette ancienne vie, redevenir quelqu'un de lambda.
Il est tard quand nous nous installons enfin pour diner. Accueillis chez l'habitant, nous dinons sommairement avant de dormir sur des paillasses à même le sol. Cependant je ne dors pas. Mes collègues ronflent quand je décide de ressortir.
Je longe la ville, tentant de me repérer jusqu'à mon ancienne maison. Mais il n'en reste rien. A la place, il y a une ébauche de bâtiment. Je continue de marcher pour ne pas flancher. Sa maison aussi a disparu. J'observe les alentours, me remémore les grillages, le bois, les parties de chasses. Je marche encore et encore, engloutissant les kilomètres. Mes pas m'emmènent évidemment là où je ne devrais pas être. Là où ça fait le plus mal.
Devant les grilles, je ne m'aventure pas plus loin. Il ne règne que le silence dans le village des vainqueurs. Tout est éteint.
Comme mon cœur depuis trois ans.
Je m'accroche aux barreaux, ferme les yeux. Je les rouvre rapidement, malmené par le visage de Prim.
Je voudrais pleurer.
Tout extérioriser.
Me délivrer.
Mais je ne pleure jamais.
Je meurs juste à petit feu.
Merci à ceux qui y ont trouvé un intérêt.
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