Bonjour, bonsoir et bienvenue sur ma toute première looooongue fanfiction sur l'univers de TWD. Bon, je triche un peu puisqu'il s'agit d'un crossover, mais autant aller jusqu'au bout et allier deux univers d'invasion de zombies, pas vrai ? C'est la toute première fois que j'écris sur Zombieland, j'ai encore un peu du mal à gérer les personnages de ce film, mais je fais du mieux que je peux. Si cela sonne faux pour vous, n'hésitez pas une seule seconde pour me le signaler, et je rectifierai le tir ! J'ai voulu garder l'ambiance un peu décontracté de Zombieland, mais sans tomber dans la parodie de TWD, alors j'espère vous faire rire ou, au contraire, vous émouvoir.

L'histoire prend place durant la saison 1, donc on reprend TWD depuis touuuut le début.

Je vous souhaite une bien bonne lecture !

.

Je remercie chaleureusement Nnoxx qui, sans le vouloir, m'a donné une super idée de départ -que tu reconnaîtras- et m'a motivé à écrire la suite, sans même s'en rendre compte. Elle m'a un peu poussé à me bouger les fesses pour poster ce chapitre, mine de rien, alors je te remercie de m'avoir foutu la pression, ahaah.

.

Disclaimer : Les paroles de début de chapitres sont issues des films Disney, les personnages sont issus de TWD et de Zombieland qui ne m'appartiennent en aucun cas. Et heureusement pour eux, d'ailleurs !

.


Premier Arc

CHAPITRE 1 : L'AUDACIEUSE GAMINE

.

« Comme un homme,
Sois plus violent que le cours du torrent.
Comme un homme,
Sois plus puissant que les ouragans.
Comme un homme,
Sois plus ardent que le feu des volcans,
Secret comme les nuits de lune de l'Orient. »

Mulan

.


« Eh, Tallahassee, t'as pas bientôt fini de pisser ? »

Le dénommé Tallahasssee ne se retourna même pas. De sa main de libre, il leva son majeur à son intention, puis continua sa petite affaire en sifflotant. En bon gamin qu'il était, il s'amusa même à dessiner la première lettre de son surnom, ce qui le fit grassement ricaner.

« Ça fait trois jours que t'as pas pissé ?

Tu m'emmerdes, Wichita. »

Adossée contre le capot de sa voiture, Wichita souffla une énième fois tout en roulant des yeux. La patience et elle, ça faisait trois et Tallahassee –qui était, malgré tout, son ami- avait ce don si agaçant de la faire régulièrement sortir de ses gonds. Son regard charbonneux se posa alors sur l'horizon et l'espace d'un instant, elle songea à prendre la voiture et partir. Ce ne serait que la troisième fois qu'elle le laisserait sur le bas-côté, après tout. Tallahassee remonta sa braguette puis se retourna, une main reposant sur son arme.

« Tu comptes pisser sur les zombies ? »

Il arqua un sourcil, tout en avançant jusqu'à la portière côté conducteur.

« C'est quoi ton problème avec le mot pisser ?

- J'sais pas, j'aime bien, répondit-elle en haussant les épaules, tandis qu'un maigre sourire jouait sur ses lèvres.

- Allez, viens poser tes fesses là, ordonna-t-il en tapotant la place à côté de lui. On doit encore retrouver ton boyfriend et la mioche. »

La jeune femme ne se le fit pas redire deux fois et claqua la porte avec entrain. Elle avait eu beaucoup de mal de laisser Little Rock, sa jeune sœur et Columbus, son boyfriend, ensemble à la recherche d'un peu de nourriture dans une petite supérette. Malgré son attachement pour eux, elle avait toujours considéré qu'ils étaient les plus faibles du groupe. Pas que c'était péjoratif, non, mais ils étaient plutôt empotés avec une arme entre les mains. Sa sœur avait même failli tirer dans la jambe de Tallahassee un jour, heureusement que ce dernier avait eu la présence d'esprit de mettre le cran de sécurité avant de lui tendre la fameuse arme. Columbus, quant à lui, avait tendance à vite se laisser déborder, paniquant légèrement quand tout s'enchaînait trop vite.

« T'inquiètes, ils sont increvables ces deux-là, comme de la mauvaise herbe, la rassura maladroitement son ami. »

Elle eut un vague sourire. Elle avait peur qu'une quelconque merde leur arrive, c'était vrai, mais néanmoins, elle leur faisait confiance. Parce qu'ils étaient quand même une sacrée équipe, des plus singulières, et tant qu'ils étaient ensemble, ils se pensaient invincibles. Wichita ouvrit alors la boite à gants et en sortit la carte routière. Elle la déplia, la retourna dans tous les sens jusqu'à trouver où ils étaient, dans l'état de Géorgie. Elle pointa ensuite Marietta, ville qu'ils avaient quitté il y a une petite heure puis fit glisser son doigt jusqu'au croisement de la route 75 et 85, là où ils devaient tous se retrouver. Elle supposa leur temps de route à deux petites heures de quoi faire un bon somme reposant. Elle demanda donc à Tallahassee si ça ne le dérangeait pas qu'elle dorme un peu ce à quoi il répondit par un signe de négation de la tête. La jeune femme ne tarda pas à s'endormir, bercée par le ronronnement de la BMW.

Quelques heures plus tard, Tallahassee la réveilla en lui donnant un coup de coude. Elle marmonna quelque chose, comme quoi il pourrait être plus doux parfois avant que ses yeux ne s'ouvrent grand. Devant elle se trouvait la petite voiture de Columbus. Elle la reconnaîtrait entre mille puisqu'ils s'étaient tous longtemps foutu de lui quand il s'était ramené avec ce vieux tas de ferraille sur roues à la couleur complètement dépassée. Elle n'en était pas sûre, mais il lui semblait que le moteur tournait encore et pourtant il n'y avait, visiblement, aucun signe de vie à l'intérieur. Elle se redressa alors dans son siège, fronçant les sourcils.

« Qu'est-ce qu'ils foutent ? questionna-t-elle sans quitter la voiture du regard. »

Tallahassee ne répondit pas. Il coupa le moteur, serra le frein à main puis sortit de la voiture sans faire trop de bruit, pour une fois. Il récupéra le Winchester qui traînait sur la banquette arrière, vérifia qu'il était chargé avant de le braquer sur la voiture. Avec prudence, il avança. De part et d'autre, il entendait le souffle mourant des morts-vivants, mais aucun ne semblait suffisamment prêt pour qu'il s'inquiète outre mesure. Arrivé à hauteur de la vitre arrière, il remarqua que la portière côté conducteur était mal fermée. Il en déduisit donc qu'ils ne devaient pas se trouver à l'intérieur et un coup d'œil approfondi dans l'habitacle lui confirma son hypothèse. Il se hissa néanmoins côté passager pour arrêter le moteur puis en ressorti aussi rapidement. L'homme haussa les épaules à l'adresse de Wichita qui était restée dans la voiture. Il fit ensuite un tour sur lui-même à la recherche d'un quelconque indice mais rien ne l'interpella particulièrement. Putain, Atlanta grouillait de zombies en plus ! Ils auraient dû écouter Columbus et choisir un autre point pour se retrouver… Quelle bande d'idiots !

C'est alors que le premier rôdeur tomba sur Tallahassee, perdu dans ses pensées. Ils s'écrasèrent lourdement sur le macadam, le cow-boy en position de faiblesse en tentant de faire bouclier avec son fusil. Sous l'effort, sa mâchoire se contracta ainsi que tous les muscles de ses bras. Bordel, cette merde allait finir par lui arracher un œil ! Dans un ultime effort et avec un cri de rage, il réussit à repousser la créature. Tout se passa ensuite très vite. Il eut juste le temps de prendre appui sur ses genoux pour écraser la tête du rôdeur contre la voiture à l'aide de la crosse de son arme avant qu'il n'aperçoive un second clopiner jusqu'à lui.

« Putain d'merde, marmonna-t-il dans sa barbe. »

De son côté, Wichita s'était installée derrière le volant tant bien que mal. Les mains moites, elle démarra rapidement la berline et ses pneus crissèrent lorsqu'elle écrasa la pédale d'accélération. Elle s'arrêta net ensuite à hauteur de son ami qui s'engouffra dans l'habitacle sans attendre une seconde de plus. Wichita accéléra une nouvelle fois en braquant son volant à fond sur la gauche, si bien que Tallahassee se retrouva presque écrasé contre sa portière. Elle percuta un zombie qui vint dégueulasser son pare-brise, mais ne s'en formalisa pas plus que ça. Elle voulait juste mettre de la distance entre elle et ces choses. Ce n'est qu'une fois que le panneau d'Atlanta se retrouva derrière eux qu'elle se décida à ralentir jusqu'à s'arrêter. Son cœur tambourinait beaucoup trop vite dans sa cage thoracique et la moiteur de ses mains ne s'était pas non plus améliorée. Elle souffla longuement tout en posant son front contre le volant avant qu'une vague de colère ne monte en elle. Sans plus attendre, la jeune femme quitta avec hargne l'habitacle puis ne se gêna aucunement pour donner un coup de pied contre le pneu.

« Merde ! s'exclama-t-elle à la fois pour avoir perdu sa sœur et la douleur qui montait le long de sa jambe. »

Tallahassee sortit à son tour. Il fit le tour de la voiture et avant qu'il n'ait eu le temps de dire quoique ce soit, Wichita le plaqua contre la portière.

« Putain, on n'aurait pas dû les laisser que tous les deux ! T'aurais dû m'écouter pour une fois au lieu d'vouloir tirer à la courte paille !

- Oh, calme-toi, gamine, rétorqua-t-il en la repoussant doucement. Y'avait pas d'armes, sur la banquette arrière, ils sont partis avec. »

Elle serra les poings si forts que ses ongles lui écorchèrent avec force la paume de ses mains et, avant qu'elle ne fasse quelque chose de stupide comme tenter de l'étrangler sur le champ, elle s'éloigna de quelques pas. Puis, la survivante marcha dans tous les sens durant quelques secondes tandis que sa colère descendait peu à peu.

« Mais quelle conne, mais quelle conne ! Pourquoi on les a laissé partir ?

- Parce qu'ils savent survivre, peut-être ? répliqua-t-il en esquissant un faux sourire.

- C'est quoi la règle six ?

- Quoi ? questionna-t-il en fronçant les sourcils, pas certain de l'utilité de sa demande. »

Wichita roula des yeux avant de répéter, avec plus de dureté :

« La règle six.

- Voyager avec un déodorant ? tenta-t-il, toujours pas familier avec la multitude de règles de Columbus.

- Non ! s'insurgea-t-elle en donnant un nouveau coup de pied dans une pierre imaginaire. Voyager en groupe ! »

Elle avait crié cela comme si c'était une règle à laquelle elle accordait de l'importance alors qu'elle avait toujours trouvé cette manie de tout lister risible. Mais c'était les règles de Columbus et elle s'y accrocherait parce qu'au fond, elle imaginait que ça pouvait peut-être le faire revenir. Le soleil commençait à décliner et, à vue de nez, tout serait plongé dans la pénombre d'ici une à deux heures. Alors Tallahassee prononça la phrase qu'elle ne voulait pas entendre :

« On trouve un abri pour la nuit et on les cherchera demain. »

Demain. C'était long. Presque douze heures et il pouvait s'en passer des choses durant ce laps de temps. Surtout en pleine nuit, où les rôdeurs ne semblaient plus avoir besoin de dormir. Un éclair d'hésitation passa dans son regard. Elle voulait les retrouver maintenant, pour sûr, les prendre dans ses bras pour s'assurer qu'ils étaient bien là, mais à quoi bon jouer les héroïnes quand on n'était même pas certain de voir le soleil se lever le lendemain ? Elle acquiesça donc, à contrecœur. Cette fois-ci, ce fut le cow-boy qui prit le volant. Elle ne protesta pas, elle était épuisée, lasse de devoir fuir pour vivre. Elle les guida, néanmoins, jusqu'à un chalet de repos qui se trouvait non loin de là, enfoncé dans les bois. La jeune femme était loin de connaitre Atlanta comme sa poche, mais pour avoir fait quelques pique-niques dans la forêt bordant la ville avec quelques amis, elle devait tout de même avouer que les sentiers battus la connaissaient un peu.

« C'est ça, un chalet ? demanda alors Tallahassee lorsqu'ils arrivèrent, arquant un sourcil. »

Pour lui, c'était juste un vieux cabanon en bois rongé par les mites. Wichita haussa les épaules.

« On a un toit sur la tête, c'est déjà bien. »

Et ils se reposèrent ici sans même se douter qu'à quatre kilomètres de là se trouvait un second groupe de survivants.

.


.

Columbus et Little Rock étaient en vie. Enfin, pour le moment, parce que d'ici quelques minutes, les rôdeurs allaient leur bondir à la gorge à cause d'une tête brûlée qui avait joué le malin dans un tank, plus tôt dans la journée. Rick, qu'il s'appelait et bien qu'il était shérif du comté de King, il n'avait vraisemblablement jamais entendu parler de la règle 16. Ne pas jouer les héros.

« On n'aurait jamais dû les aider, lui glissa Little Rock à l'oreille dans un soupir exaspéré. J'ai pas envie de mourir à cause de ces bouseux. »

Columbus lui donna un coup de coude, lui intimant de ne pas les appeler comme ça. Certes, même lui passait pour un pro de la gâchette à côté d'eux, mais il fallait mieux ne pas se les mettre à dos pour le moment. Surtout la blonde qui avait sauté à la gorge de Rick dès qu'il s'était retrouvé dans le centre commercial et l'autre blaireau qui lui rappelait bien trop Tallahassee, mais en pire. La plupart du groupe –ils étaient cinq, avec Rick- était monté sur le toit tandis qu'Andrea –la blonde- était restée au rez-de-chaussée avec eux. Quand la première rangée de porte vitrée se brisa sous les coups des créatures, ils sursautèrent tous. Little Rock chargea son fusil. Elle glissa un regard sur la jeune femme, se retenant de justesse de lui demander si elle avait enlevé son cran de sûreté, sur le ton de la moquerie. Ce n'était vraiment que tous des bouseux.

« On devrait monter sur le toit, déclara alors Andrea en reculant pas à pas.

- Et sauter ? rétorqua l'adolescente.

- On devrait faire ça, répondit Columbus en posant une main sur l'épaule de son amie, ignorant volontairement sa remarque. »

Cette dernière le dévisagea d'un regard mauvais, sous-entendant clairement qu'il n'était qu'une fillette pour ne pas oser protester. Il lui fit les gros yeux, elle roula les siens. Andrea ouvrit alors la marche dans l'escalier de service tandis que derrière, Little Rock trainait les pieds. Elle avait envie de se battre, de les saigner à blanc et de gagner le titre de meilleure tueuse de zombie du mois parce que pour le moment, c'était Tallahassee qui le détenait en ayant balancé une grenade à l'aide du club de golf. Une vraie explosion de tripes, Columbus n'avait pas mangé de la journée, après. Quand ils arrivèrent sur le toit, l'ambiance électrique lui hérissa tous les poils de son corps. Ils venaient de débarquer au beau milieu d'une dispute.

Merle, qui ne semblait être apprécié de personne, riait à gorge déployée, comme s'ils n'allaient pas mourir d'une minute à l'autre.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? questionna Andrea, les sourcils froncés.

- Ce connard est complètement taré, répondit T-Dog en serrant la mâchoire. »

La première fois que Little Rock l'avait vu, la veille, elle avait étouffé un rire. Columbus lui avait adressé un drôle de regard et elle avait simplement répondu que dans les films, les noirs ne survivaient pourtant pas plus d'une demi-heure à une fin du monde.

« J'ai juste proposé qu'on sacrifie l'blackos. C'pas comme si on avait vraiment besoin de lui. »

Merle avait déclara cela comme si c'était logique et la réaction de T-Dog ne se fit pas attendre. Il voulut se jeter sur lui, mais Rick et le bridé –Glenn, elle le retiendra plus tard- le retinrent de justesse. L'adolescente en déduisit donc que ce ne devait pas être la première fois qu'il désirait lui refaire le portrait. Elle balaya rapidement le toit du regard avant de tomber sur une barre en fer qui trainait à seulement quelques mètres de là. Au moins, si la situation dégénérait, elle avait de quoi en assommer quelques-uns. Le ton de la conversation monta d'un cran, mais elle n'y faisait déjà plus attention, se glissant avec discrétion jusqu'à l'arme qu'elle avait trouvé. C'est alors que le premier coup de poing partit. Elle ne vit pas qui avait frappé qui, mais les cris du groupe ne lui annonçaient rien de bon. Little Rock abandonna donc la discrétion pour se saisir de la barre de fer. Elle se retourna et frappa avec force Merle, qui se trouvait juste devant elle, dans le tibia.

« Ah putain, sale petite garce, susurra-t-il en s'écroulant à genoux tant la douleur était insoutenable. »

Si la plupart des personnes la regardèrent avec de grands yeux, Rick eut au moins la présence d'esprit de le maîtriser rapidement en le menottant au tuyau d'aération. Il leva alors le regard sur l'adolescente avant qu'un mince sourire n'orne ses lèvres.

« Bien joué. »

Elle accepta le compliment d'un hochement de tête. Sa main ne desserra pas pour autant la barre de fer. Si elle venait d'éliminer un problème, il y en avait toujours un autre qui les attendait, des étages plus bas et s'ils ne s'en occupaient pas, le saut de l'ange serait la dernière chose qu'ils feraient volontairement.

« Il faut trouver une issue de secours, déclara Rick. »

Finalement, elle disait des choses sensées, la tête brûlée.

« On a tout essayé, rétorqua Andrea en croisant les bras. Les égouts sont impraticables.

- Et la porte de service, par laquelle vous m'avez fait entrer ?

- Il a raison, on essayer ça, intervint Little Rock. En tout cas, Columbus et moi, on va sortir par-là, que vous nous suiviez ou non. »

Les regards convergèrent sur Columbus qui n'avait, jusque-là, rien dit. Il ouvrit la bouche, ayant l'air plus idiot qu'autre chose avant que finalement, un son ne franchisse ses lèvres.

« Je la suis où qu'elle aille. »

L'adolescente eut un petit sourire victorieux. Elle traversa le groupe sans leur adresser un seul regard puis dévala les escaliers. Le jeune homme les regarda une dernière fois. Il haussa les épaules tandis que ses lèvres s'étiraient en un mince sourire d'excuse avant de quitter à son tour le toit. Little Rock descendit les marches deux à deux, sa main glissant le long de la rambarde. De temps à autre, son fusil percutait cette dernière et elle le remettait correctement sur son épaule. Alors qu'ils atteignaient le premier étage du centre commercial, ils entendirent la porte se claquer violemment avant que des chuchotements ne parviennent jusqu'à leurs oreilles. Columbus s'arrêta puis leva la tête. Il eut un sourire en coin. Finalement, ils avaient décidé de les suivre. Ce n'est qu'une fois au rez-de-chaussée qu'ils se stoppèrent tous les deux pour attendre le reste du groupe.

Little Rock laissa son regard vagabonder sur les zombies qui s'entassaient de l'autre côté de la baie vitrée. Un frisson lui parcourut l'échine et elle grimaça. Elle avait beau jouer les durs, ces choses-là lui fichaient une peur bleue, surtout lorsqu'ils étaient si nombreux. S'ils ne sortaient pas vite d'ici, ils seraient tous morts en moins d'une minute dès que la vitre cédera. Et ça, elle ne pouvait pas se le permettre, parce que malgré l'épidémie, elle avait encore trop de chose à vivre pour mourir si jeune. Ce fut Rick qui pointa en premier le bout de son nez. Il regarda rapidement les rôdeurs avant de presser Columbus et Little Rock de filer dans la réserve arrière où une issue de secours se trouvait.

« Dépêchez-vous, dépêchez-vous, ne cessait-il de répéter, ses attitudes de shérif revenant au galop. »

Une fois que le dernier survivant eut couru dans la réserve, Rick s'autorisa un dernier regard sur la baie vitrée. Une fissure apparut, puis une seconde. Sa mâchoire se contracta et il suivit le reste de son groupe.

« Et maintenant ? grimaça Andrea. »

Little Rock leva les yeux au ciel. Cette femme ne cessait de l'exaspérer avec son air toujours hautain de petite citadine. Au lieu de passer ses nerfs sur elle, l'adolescente ouvrit la porte de secours. Trois rôdeurs tournèrent la tête dans sa direction et elle eut juste le temps d'apercevoir une camionnette au loin avant que Rick ne la force à fermer la porte.

« J'allais pas partir en courant, déclara-t-elle d'un ton cassant. »

Puis, elle passa sous le bras du shérif qui lui bloquait le passage et se positionna à côté de Columbus.

« J'ai vu une camionnette, lui dit-elle. »

Il comprit rapidement où elle voulait en venir, mais son regard se porta sur les autres survivants. Même s'il nourrissait une crainte justifiée envers les inconnus, il devait tout de même avouer que ça l'embêtait de les laisser ici. Après tout, ils se côtoyaient déjà depuis la veille. Le jeune homme décida donc de prendre les choses en main.

« Okay, alors on va appliquer tout de suite des règles. »

Andrea arqua un sourcil, n'appréciant pas spécialement qu'un jeunot lui dicte quoi faire. Mais elle se garda de tout commentaire, elle sentait au fond d'elle que ces deux étrangers étaient bien leur unique chance de s'en sortir. Elle jeta un regard à Glenn qui lui répondit par un hochement de tête.

« On t'suit, annonça T-Dog en parlant pour l'ensemble du groupe. »

Columbus leva l'index.

« Règle numéro un : avoir un bon cardio.(Il leva le majeur.) Règle numéro deux : pas d'armes à feu. (Puis l'annulaire.) Et enfin, règle numéro trois : ne pas jouer les héros. »

Tallahassee avait l'habitude de ricaner à l'entente de ses règles, si bien que lorsqu'il ne reçut que des regards surpris de la part du groupe, il ne sut dire si c'était ou non une bonne chose.

« Pas d'armes à feu ? répéta alors Andrea, pas enchantée plus que ça par cette règle. »

Little Rock lui lança alors sa barre de fer qu'elle rattrapa in-extremis.

« Parce que ça les rameute tous, répliqua l'adolescente. Il y en a trois dans la rue. Tu t'occupes du premier avec ça et Columbus et moi, on s'charge des deux derniers avec la crosse de notre fusil. »

Tiens, elle lui avait cloué le bec à cette blondinette.

« Les autres, vous nous suivez, à moins que vous ne trouviez une quelconque arme dans le local, reprit-elle avant de froncer les sourcils, remarquant qu'il manquait une tête. Mais… il est où, votre pote ? »

Rick ouvrit la bouche pour répondre, mais avant qu'il n'ait eu le temps de prononcer la moindre parole, la baie vitrée se brisa dans un fracas effroyable. Le sang de Little Rock ne fit qu'un tour, tandis qu'un éclair de peur vint traverser le regard d'Andrea. Cette dernière serra d'autant plus sa barre de fer puis ses yeux rencontrèrent ceux de l'adolescente. Elles ne s'observèrent pas longtemps, peut-être deux ou trois secondes, mais ce fut suffisant, pour les deux seules femmes du groupe, pour retrouver assez d'audace et de courage. Elles allaient s'en sorte coûte que coûte.

« Ouvre cette putain de porte, aboya la plus âgée à Rick qui avait déjà la main sur la poignée. »

Il s'exécuta sans protester et, à peine eut-elle fait deux pas dehors que le premier rôdeur lui tomba dessus, les bras tendus. Elle ravala un cri de surprise, recula puis, avec toute la rage de vivre qui bouillonnait dans son ventre, elle abattit sa barre sur la créature. Des projections de sang vinrent salir son chemisier et le mur, tandis que le rôdeur chancela jusqu'à tomber à terre. Les dents serrées, Andrea écrasa une nouvelle fois son arme sur sa boite crânienne. Puis, elle releva la tête, le souffle court et les joues rouges. Elle ne se serait jamais crue capable d'en tuer un au corps et corps, sans ressentir autre chose que de la haine, mais elle n'eut pas le temps de se pencher plus longtemps là-dessus que, déjà, un nouveau monstre traînait la patte jusqu'à elle. La jeune femme leva sa barre, prête à rééditer son acte lorsque celui-ci perdit, tout bonnement, sa tête. Il s'écroula pour laisser place à Little Rock, un sourire en coin.

« Pas mal, pas mal, complimenta l'adolescente en faisant référence à son premier rôdeur. »

Andrea arqua un sourcil avant de ne se détendre. Décidément, elle ne savait pas sur quel pied danser avec cette gamine, en ayant tantôt envie de lui faire avaler sa foutue arme, tantôt envie de la remercier pour le bon sens dont elle faisait preuve. Derrière Little Rock, Columbus s'occupa du troisième rôdeur, mais de nouvelles créatures clopinaient déjà à eux, s'engouffrant dans la petite ruelle.

« Dépêchez-vous de sortir ! hurla la gamine au reste du groupe. »

L'adrénaline leur tiraillant le ventre, ils ne discutèrent pas les ordres. Rick avait pris naturellement la tête de la bande, tandis que Little Rock le talonnait. Il évita de justesse les dents d'un rôdeur qui rencontrèrent la crosse de l'adolescente dans un bruit des plus dégoûtants. C'est alors qu'arrivé devant la portière de la camionnette, il ignora la règle numéro deux et dégaina son arme pour tirer dans l'œil d'un des monstres qui s'approchaient dangereusement de lui. En plus de contracter la mâchoire de Columbus, le coup de feu eut pour effet d'attirer l'attention de tous les rôdeurs à la ronde. Certains même ressortaient du centre commercial, plus affamé que jamais.

« Mais quel con, jura Little Rock à bout de souffle, épuisée par tous les efforts qu'elle venait de faire. »

Coup de chance ou non, la portière n'était pas verrouillée, mais impossible de mettre la main sur les clés. Le shérif s'allongea donc à moitié sur les pédales, bien conscient du risque qu'il encourrait en laissant ses jambes à l'extérieur. Mais il ne devait pas perdre ses moyens, parce que tout reposait sur lui désormais, et qu'il avait affronté des situations bien pires lorsqu'il était en fonction. Enfin, c'est ce qu'il ne cessait de se répéter pour tenter de banaliser toute cette situation incroyable. Ses doigts trouvèrent rapidement les fils qu'il cherchait et il remercia mentalement son père de lui avoir un jour montré comment démarrer sa voiture s'il venait à perdre ses clés. Alors qu'avec son coude il appuyait sur l'accélérateur, Rick entendit le moteur ronronner. En se relevant avec rapidité, il se cogna le haut du crâne sur le volant, grimaça brièvement puis ignora la douleur. Un rapide coup d'œil dans le rétroviseur lui indiqua que les autres survivants combattaient toujours. Une idée –que Little Rock qualifiera de stupide plus tard- lui traversa alors l'espoir et, sans attendre plus longtemps, il claqua la portière et s'en alla.

Andrea ouvrit la bouche, interdite, si bien que son arme faillit lui glisser des mains. Derrière elle, T-Dog qu'elle protégeait depuis le début lâcha un joli nom d'oiseau.

« C'est quoi le plan B ? cria Glenn. »

L'adolescente se retourna vers lui, mais elle n'eut aucune réponse à fournir. Elle n'avait absolument pas prévu que Rick n'était qu'un lâche de première qui les laisserait tomber dès qu'il en aurait l'occasion. Ça lui apprendra à vouloir aider de parfaits inconnus ! L'espace d'un instant, la détresse passa dans son regard et Glenn prit conscience que malgré ses airs de fille forte, elle restait avant tout une enfant. Elle secoua la tête, désabusée, n'ayant pas la force de lui dire qu'elle n'avait pas de plan de secours. Elle voulut même lui avouer qu'elle était désolée, parce qu'il avait été sympathique avec eux depuis le début, mais ses mots moururent contre ses lèvres lorsqu'elle entendit le bruit si particulier d'un moteur.

Little Rock fit volte-face et ses yeux s'écarquillèrent lorsque la camionnette de Rick écrasa sans vergogne les quelques rôdeurs qui se trouvaient sur sa route. Devant ce spectacle, Andrea eut un haut-le-cœur, elle manqua même de tourner de l'œil, la faim et la fatigue tiraillant ses dernières forces. Rick bloqua l'entrée de la petite ruelle et les survivants n'eurent plus qu'à se hisser par la portière côté passager, les uns après les autres. Little Rock, l'avant dernière à monter, se retourna pour tendre la main à T-Dog, le dernier, mais elle n'attrapa que de l'air. Ses yeux s'ouvrirent en grand lorsqu'elle le vit le cul par terre, un rôdeur fermement agrippé à sa cheville qui semblait avoir rampé sous le véhicule.

« Enculé, siffla-t-il entre ses dents alors qu'il dégageait sa jambe pour pouvoir se relever. »

L'adolescente hurla alors à Rick de reculer, mais sans pouvoir quitter ce spectacle des yeux. C'était la première fois qu'elle voyait un homme faire face à une telle situation et d'aussi près, si bien qu'elle n'arrivait plus à penser correctement. Le shérif réagit au quart de tour, il enclencha la marche arrière et la créature ne fut bientôt plus qu'un simple buste. Dans un même temps, T-Dog écrasa son pied dans sa mâchoire, et ses mains lâchèrent prise. Sous le choc, il mit un certain temps qui parut durer une éternité avant de se relever tandis que Little Rock lui tendait une main. Elle avait la bouche ouverte, sans doute lui criait-elle de se magner, mais il n'entendait que les battements frénétiques de son cœur résonner dans ses tympans. Sa vision semblait s'être réduite également, mais il puisa dans ses dernières forces pour se hisser dans la camionnette. Il soupira longuement, tentant de calmer son rythme cardiaque alors que, déjà, Little Rock et Andrea le tirait en arrière. Il protesta, mais Glenn l'ignora, relevant son pantalon pour laisser apparaître quatre traces rouges bien distinctes sur sa peau. Il n'y avait pas de sang qui coulait, la peau ne semblait même pas écorchée et pourtant, les marques étaient bien présentes. Le Coréen les fixa longuement, ne sachant quoi faire dans un premier temps, avant de lever ses yeux sur le visage de son ami.

« Je… commença-t-il, sans vraiment savoir quoi dire. »

T-Dog s'appuya sur ses coudes pour se relever. A son tour, il observa les marques et ses sourcils se froncèrent automatiquement.

« Non, souffla-t-il.

- Mec, j'ai pas de mots, là, déclara Glenn en reculant doucement. »

L'afro-américain tourna alors la tête vers Andrea qui, elle aussi, avait pris ses distances. Elle ne faisait que fixer sa cheville, le regard perdu dans le vague. Il eut un rire forcé.

« Oh, les gars, c'est pas possible, j'vais pas crever, hein. »

Ce n'était pas plus une affirmation qu'une question.

« Ce salop m'a griffé par-dessus mon pantalon, ajouta-t-il, comme pour se convaincre que tout allait encore bien. »

Il glissa ensuite son regard sur Columbus, le seul à secouer la tête légèrement.

« Gamin, l'interpella-t-il, ce qui eut pour effet de le faire quitter des yeux sa blessure. C'est quoi la règle pour ça ? Parce que j'compte pas clamser comme une merde.

- Je sais pas, avoua-t-il en ayant vraiment l'air désemparé.

- Je suis désolée, murmura alors Little Rock, se mordant l'intérieur des joues. Je voulais juste que tout le monde s'en sorte. »

L'adrénaline était retombée, et la peur aussi. Encore une fois, elle laissa tomber son masque pour ne laisser apparaître qu'une enfant de quatorze ans, perdue dans un monde bien trop violent pour elle. Mine de rien, elle avait souhaité sauver tout le monde, réellement. C'était bien pour ça qu'elle et Columbus les avaient aidé lorsqu'ils les avaient vu courir au milieu des rues d'Atlanta avec des armes bien trop ridicules pour espérer s'en sortir. Ils avaient repéré Glenn en bien mauvaise posture et, sans réfléchir, ils avaient quitté leur petite voiture, le moteur tournant toujours. Peut-être que grâce à eux, ils avaient eu la vie sauve, ou peut-être pas. T-Dog lui empoigna alors la main et ce simple geste la fit sursauter. Une fois la surprise passée, elle se perdit dans son regard, il lui offrit son plus beau sourire. Et elle crut bien qu'elle allait fondre en larmes à cause d'un parfait inconnu qui allait mourir par sa faute.

.

.


Merci d'avoir lu, j'vous aime !