Sexy Games
Chapitre 1
Lundi 11 février
Loft, New-York, 18 h.
Dans son bureau, Rick, concentré, était en train d'écrire. Il y avait passé la journée, sans pour ainsi dire quitter son fauteuil et son ordinateur, comme cela lui arrivait de temps en temps, quand l'envie et l'inspiration le prenaient, et surtout, en réalité, quand Kate devait travailler sans que sa présence à ses côtés ne soit utile. Aujourd'hui, elle témoignait à la Cour d'Appel dans une affaire compliquée où la condamnation de la suspecte semblait compromise par les accusations de son avocat à l'encontre de la police de New-York qui aurait commis des erreurs procédurales lors de l'arrestation de sa cliente et de la transmission des preuves au laboratoire judiciaire. Il était rare qu'il passe une journée entière sans la voir. Mais aujourd'hui, elle était partie à l'aube, et il n'avait que le souvenir de la douceur du baiser qu'elle lui avait déposé sur la joue alors qu'il était encore endormi, bien au chaud sous la couette. Ils avaient échangé quelques messages rapidement ce midi. Elle était encore au tribunal. Le procès était compliqué et les auditions n'en finissaient pas. Elle espérait ne pas en avoir pour le reste de la journée. Il se devait de reconnaître qu'une journée entière sans elle, c'était long, tellement il avait l'habitude de passer la plupart de son temps auprès de sa femme. Néanmoins, il en avait profité pour écrire, et avancer son prochain Nikki Heat, dans un loft étonnement calme. Depuis quelques jours, sa mère n'était plus qu'un courant d'air, enchaînant les filages pour la dernière pièce de théâtre de Stoppard dont elle avait décroché l'un des premiers rôles il y a quelques mois. La première serait donnée d'ici quelques jours, et l'actrice qu'elle était, oscillait, selon les moments, entre euphorie et panique la plus totale. Quoi qu'il en soit, elle passait sa vie au théâtre, et ne rentrait dormir que quelques heures dans la nuit. Quant à Alexis, en pleine période d'examens et de stress, elle ne quittait la bibliothèque universitaire que quand le sommeil se faisait trop insistant. Inutile de dire que quand sa mère et sa fille se retrouvaient au loft ensemble ces temps-ci, l'atmosphère était pesante tant la tension était palpable.
Rick termina sa phrase, et s'enfonça dans son fauteuil, en réfléchissant. Il avait retravaillé aujourd'hui tout son premier chapitre, n'arrivant pas à y mettre l'émotion qu'il souhaitait pour la réponse de Nikki Heat à Jameson Rook. Certes, il avait vécu ce moment-là, mais il était difficile de faire passer par des mots les sensations, les sentiments qu'il avait ressentis quand lui-même avait fait sa demande en mariage à Kate. Il était néanmoins parvenu à quelque chose qui lui semblait acceptable mais dont il n'était pas encore pleinement satisfait. Peut-être que Kate pourrait l'aider. En fan digne de ce nom, elle aimait être surprise, et ne s'immisçait jamais dans ce qu'il écrivait. Parfois, elle tentait bien d'apprendre un petit détail croustillant en avant-première. Il adorait d'ailleurs quand elle jouait les fans impatientes, prête à tous les subterfuges, souvent les plus délicieux, pour le faire craquer, et l'amener à lui glisser une information intéressante concernant le devenir de la relation amoureuse entre Heat et Rook. Quoiqu'il en soit, il avait besoin de sa muse pour cette scène particulièrement délicate qui ouvrirait son nouveau roman.
Il se leva, et quitta son bureau pour rejoindre la cuisine et se faire couler un café. Tout en grignotant un carré de chocolat, il se perdit dans ses pensées, observant sa tasse se remplir lentement au gré du ronronnement de la machine. Il se sentait de nouveau serein. Il se sentait de nouveau bien, maître de sa vie, depuis qu'il avait épousé Kate en novembre dernier. Ses cauchemars, qui le hantaient et ses tracas qui l'empêchaient de dormir la nuit, avaient presque disparu. Le mystère planait toujours sur ces deux mois effacés de sa mémoire, et le tourmentait encore, mais la vie continuait. Kate faisait de lui le plus heureux des hommes. Le plus dur était derrière eux désormais. Il avait réussi patiemment à la rassurer, à lui prouver jour après jour combien il l'aimait, même si elle n'en avait jamais douté. La douleur qu'il lui avait causée sans le vouloir l'avait torturé. Sentir le chagrin et la souffrance qui avait continué d'empoigner le cœur de Kate des semaines durant, lui faisait un mal fou. Et il ne pouvait rien faire d'autre qu'être près d'elle, encore et toujours. Malgré tout, elle avait été là pour lui, elle-aussi, patiente, aimante, à essayer de comprendre, de l'apaiser, de le rassurer aussi. Petit à petit, l'un près de l'autre, l'un avec l'autre, comme depuis toujours, ils étaient allés de l'avant, ils avaient retrouvé leurs repères, ils avaient surmonté leurs souffrances. Leur mariage avait achevé de cicatriser leurs blessures. Le bonheur de Kate avait fait le sien. Tant que le mystère ne serait pas élucidé, il resterait au fond du cœur de chacun une pointe douleur. Mais si, au début, il vivait dans l'urgence de trouver des réponses à ses incertitudes, depuis quelques mois, il avait pris conscience que son bonheur avec Kate n'avait pas de prix, et qu'ils finiraient par trouver ce qui s'était passé, ensemble, en prenant leur temps, comme ils l'avaient fait pour le meurtre de la mère de Beckett.
Il commençait à boire son café, quand il vit la porte du loft s'ouvrir, et Kate entrer, tout sourire.
- Hey ! Déjà là ! sourit-il, heureux de la voir rentrer si tôt.
- Oui …, répondit-elle en enlevant son manteau. Ça m'a paru interminable …
Il se figea en la contemplant, posant sa tasse, subjugué, ses yeux se portant sur ses jambes nues, ses talons hauts, sa jupe de tailleur, alors qu'elle s'avançait vers lui. Il ne l'avait jamais vue aller travailler ainsi vêtue. Sauf une fois, dans un autre monde. Mais là … il ne rêvait pas. Elle croisa son regard, et sourit, amusée par l'air qu'il avait pris, réjouie aussi de l'effet qu'elle produisait sur son mari.
- Un problème Castle ? fit-elle, taquine, en contournant l'îlot central pour le rejoindre.
- Tu es …, balbutia-t-il, cherchant le mot le plus juste.
Elle s'approcha pour venir lui déposer un baiser sur les lèvres.
- C'est juste une jupe …, sourit-elle, alors qu'il avait posé ses mains sur sa taille, et continuait de l'admirer.
- Oui … mais ….
- Tu ne m'as jamais vu en robe peut-être ? le taquina-t-elle.
- Si … mais ça … c'est une jupe de … travail …, fit-il, avec un petit sourire.
- Oui, et ?
- Un de mes fantasmes prend vie sous mes yeux, répondit-il, avec un air coquin.
- Ah oui ? Je suppose que dans ton fantasme, je suis au poste dans cette tenue …
- Au poste oui, mais ici ça me va très bien aussi, sourit-il, avant de l'embrasser. Veux-tu un café ?
- Avec plaisir …
- C'est comme si c'était fait, répondit-il joyeusement.
Il desserra son étreinte pour aller s'occuper de son café, tandis qu'elle se retournait pour ouvrir les quelques lettres à son nom posées sur l'îlot central. Elle constata qu'il s'agissait de factures concernant son appartement. Il allait falloir qu'elle prenne une décision.
- Que me vaut le plaisir de voir cette jupe si … sexy ? demanda Rick, tout en sortant une tasse du placard.
- Ce n'est pas une tenue sexy, Castle … C'est très professionnel, répondit Kate en lisant son courrier.
De nouveau, alors qu'elle était concentrée, lui tournant le dos, il la contempla, faisant courir ses yeux de ses jambes fines, jusqu'à ses cuisses, dont il pouvait aisément imaginer la douceur, s'attardant sur ses fesses joliment moulées par cette jupe qu'il chérissait déjà, admirant enfin les boucles de cheveux qui s'échappaient de son chignon, tombant sensuellement dans sa nuque. Il n'en fallait pas plus pour que cette vision délicieuse mette tous ses sens en émoi, et qu'il sente une agréable chaleur envelopper tout son être.
- Une tenue professionnelle peut-être … mais sur toi, c'est totalement, complètement, follement … sexy …, fit-il, tout en tentant de se reconcentrer sur la machine à café.
- Heureusement que je ne m'habille pas ainsi tous les jours alors, sourit Kate. Tu n'arriverais plus à réfléchir à quoi que ce soit …
- Je ne te le fais pas dire ! s'exclama-t-il. Alors, pourquoi cette jupe ?
- Selon Lanie, cette tenue était plus adéquate pour témoigner au tribunal, expliqua Kate.
- Plus adéquate ? s'étonna Rick.
- Il paraît que montrer ses jambes peut permettre d'influer sur les juges, répondit-elle, le plus simplement du monde, en se retournant, adossée à l'îlot central.
- Ne me dis pas que toi, Katherine Beckett, tu as montré tes jambes dans le but de corrompre la justice ? fit-il mine de s'indigner, en la dévisageant.
- Il fallait gagner cette affaire, Castle ! lança-t-elle en riant.
L'éclat de son rire joyeux et son visage radieux intensifièrent encore son envie d'elle.
- Et ça a marché ? demanda-t-il avec un petit sourire, s'avançant vers elle.
Elle savait parfaitement l'effet qu'elle produisait sur lui à cet instant. Elle lisait son envie dans ses regards. Elle adorait avoir ce pouvoir sur lui. L'exciter sans même le toucher, ni l'embrasser. Juste parce qu'il la regardait. Elle avait follement envie de se blottir dans ses bras et de s'abandonner complètement sous ses caresses. Elle venait de rentrer d'une journée difficile, et il n'avait fallu que quelques mots, quelques regards, quelques sourires, pour qu'elle se retrouve plongée dans cet instant, comme suspendu hors du temps, où elle savait qu'il allait la faire chavirer de plaisir.
- Je crois, répondit-elle. Le verdict sera annoncé demain … Enfin, je ne sais pas si mes jambes y sont pour grand-chose.
- Des jambes pareilles … Elles y sont forcément pour quelque chose …, répondit-il, ses yeux brûlants de désir accrochés aux siens, tout en la plaquant doucement contre l'îlot central de ses mains posées sur sa taille.
Le contact, viril et tendre à la fois, du corps de Rick se pressant contre elle, la douceur et la fermeté de sa main se posant sur sa cuisse, son souffle contre sa bouche quand il se pencha pour l'embrasser, déclenchèrent au fond de son ventre une myriade d'exquises sensations. Elle l'attrapa par le col de sa chemise pour attirer son visage plus près du sien encore, et lui rendre son baiser avec volupté. Leurs lèvres se happèrent, se mordillèrent doucement dans des murmures de plaisir, avant que leur baiser ne s'embrase sous l'effet de la caresse sensuelle de leurs langues. Quand la main de Rick remonta lentement le long de sa cuisse, glissant sous sa jupe, effleurant ses dessous, pour venir caresser ses fesses, et la presser plus encore contre lui, Kate sentit la chaleur s'intensifier en elle. Contraints de reprendre leur souffle le temps d'un instant, ils se regardèrent avec un sourire, front contre front, conscients tous les deux de cette envie impatiente qui s'était emparée d'eux. Mais ils aimaient se jouer de cette envie, l'intensifier pour mieux l'assouvir ensuite, la nourrir du jeu de leurs regards, et faire durer ce moment qui les rendaient fous de désir.
- Tu as réussi à écrire ? chuchota Kate, tout en commençant à déboutonner sa chemise.
- Je n'ai fait que ça …, répondit-il, savourant la caresse légère des mains de sa muse sur son torse, à mesure qu'elle défaisait les boutons.
- C'est bien vrai ce mensonge ? s'étonna-t-elle, contemplant la lueur de plaisir dans ses yeux, à mesure que ses mains l'enveloppaient de caresses.
- Vrai de vrai, juré craché …, répondit-il, prenant son air de petit garçon qui la faisait tant craquer.
Elle sourit, attendrie, faisant glisser sa chemise dans son dos pour l'en débarrasser. Il se pencha pour venir l'embrasser dans le cou, jouant de sa langue et de ses lèvres sur sa peau.
- Nikki a dit « oui » alors ? demanda Kate, repensant à ce premier chapitre qui devait contenir la réponse de son alter ego de fiction à la demande en mariage de Rook.
Elle ferma les yeux, se laissant complètement enivrer par le plaisir que lui procuraient les baisers chauds et humides de Rick, la caresse de ses mains, qui empoignaient ses fesses sous sa jupe, la pressant contre son bassin, la sensation du désir furieux qui émanait de chacun des gestes de son homme. Elle enfouit ses mains dans ses cheveux, pressant son visage contre son cou, comme pour qu'il ne cesse pas ce délice, et l'attirer toujours au plus près d'elle.
- Tu es bien curieuse …, murmura-t-il, faisant remonter complètement sa jupe sur ses hanches.
- Elle est obligée de dire oui …, chuchota-t-elle, alors que Rick avait délaissé ses fesses pour faire glisser son string à ses pieds.
- Tu crois ? fit-il, s'arrachant à la douceur de son cou pour la regarder.
- Hum … Il faut qu'elle sache le bonheur que c'est d'être une femme mariée …
Il sourit, de ce sourire grisé par l'envie qui grondait en lui, et la joie de l'entendre dire qu'elle était heureuse.
- Tu sais que je t'aime ?
- Embrasse-moi …, répondit-elle de sa voix suave.
Il se jeta furieusement sur sa bouche, happant ses lèvres avec passion, tout en la plaquant virilement contre lui, de ses mains posées sur ses fesses. Leurs bouches s'effleurèrent, se saisir rageusement, se goûtèrent amoureusement, les rendant tous deux ivres d'excitation. En un instant, il la débarrassa de ses derniers vêtements, et enveloppa tout son corps de caresses, la pressant contre lui. Ils sentaient leur impatience grandir mutuellement à l'intensité des caresses de leurs mains qui parcouraient fiévreusement la moindre parcelle de peau, les faisant frissonner d'un plaisir exquis.
- Rick … On est seuls ? s'inquiéta soudain Kate, réalisant qu'ils étaient sur le point de faire l'amour en plein milieu de la cuisine, et qu'elle était déjà complètement nue.
- Non …, sourit-il, taquin, ma mère et toute sa troupe sont à l'étage …
- Tu es bête …, répondit-elle avec un sourire.
- Madame Castle … je vais vous rendre folle de désir …, chuchota-t-il caressant sa lèvre du bout de sa langue.
- Des mots … toujours des mots … Monsieur l'écrivain …, murmura-t-elle, mutine.
Il la regarda, avec un léger sourire, cessant de l'embrasser pour observer le plaisir sur son visage à mesure que sa main caressait l'intérieur de sa cuisse, puis son ventre, remontait jusqu'à ses seins pour les pétrir de caresses. Il se pencha pour titiller ses tétons du bout de sa langue, s'amuser à les faire durcir entre ses lèvres, tandis que ses doigts effleuraient son sexe, la faisant aussitôt se cambrer et gémir sous l'effet du plaisir. Il la caressa, doucement, lentement, sensible aux réactions du corps de sa femme, au plaisir qu'elle prenait, comme si c'était la première fois qu'il découvrait son intimité. Elle sentit la bouche de Rick glisser lentement sur ses seins, puis son ventre, jouer avec son nombril, avant de rejoindre ses doigts sur son sexe. Elle sentit alors les lèvres et la langue de son homme venir entreprendre entre ses cuisses cette caresse exquise qui la rendait folle. Elle enfouit ses mains dans ses cheveux, pressant son visage contre elle, alors que du bout de sa langue experte, il titillait tous ses sens. Il se nourrissait de ses gémissements, de plus en plus intenses, à mesure qu'il caressait, léchait, embrassait son sexe, joignant ses doigts à sa langue, pour la faire succomber de plaisir. Il sentait son corps se tendre autour de sa bouche, ses mains s'agripper à lui, son bassin tressaillir quand le plaisir se faisait trop intense et difficile à maîtriser. C'était un des moments qu'il préférait, et qui le rendait absolument fou d'elle. Aussi fort émotionnellement que son propre orgasme. Entendre Kate gémir son nom, sentir son bassin onduler contre sa bouche pour réclamer plus encore de plaisir, la savoir s'abandonner totalement à lui. La faire jouir simplement, par la caresse la plus intime, la plus aimante, qu'il pouvait lui offrir.
- Oh Rick …, murmura-t-elle dans un souffle, relâchant la pression de ses mains dans ses cheveux, pour lui faire comprendre qu'il était temps qu'il cesse cette savoureuse torture.
Il embrassa son sexe, puis son ventre, alors qu'elle accompagnait de ses mains, son visage, qui de baiser en baiser sur son corps, venait retrouver le sien. Elle l'embrassa furieusement, tout en se hâtant de le débarrasser de son pantalon et de son boxer. Ses mains s'emparèrent de son sexe, le caressèrent, comme si elle avait besoin de sentir la force du désir de son homme entre ses doigts. Il gémit dans un souffle, s'arrachant à sa bouche, pour baisser les yeux vers ses mains qui, sensuellement, délicatement, achevaient de l'exciter. Il aurait pu jouir en quelques secondes entre ses mains, tant il avait envie d'elle, tant ce désir en devenait douloureux. Incapable de résister plus longtemps au besoin impérieux d'être en elle, de la sentir lascive entre ses bras, il empoigna ses fesses pour la soulever, et l'asseoir sur l'îlot central. Aussitôt, elle passa ses bras autour de sa taille, agrippa ses fesses pour l'attirer à elle, tout aussi impatiente que lui. Sans plus attendre, il se glissa en elle dans une douce frénésie alors qu'elle couvrait son dos, ses fesses, de caresses électrisantes, enroulant ses jambes autour de sa taille. Leur étreinte se fit très vite urgente, impétueuse, leur baisers plus sauvages, pressants, captivants. Ils ne communiquaient plus que par leurs souffles, leurs gémissements, leurs regards qui se cherchaient toujours, s'accrochaient l'un à l'autre, nourrissant leur plaisir mutuel. Rick la vit fermer les yeux, abandonner sa bouche, se cambrer sous l'effet des va-et-vient de plus en plus puissants qu'il impulsait en elle. Quand elle rejeta la tête en arrière pour savourer l'ultime extase dans un long gémissement de plaisir où elle murmura son nom encore et encore, les palpitations de son sexe autour du sien, tout son corps qui frémissait entre ses mains, l'emportèrent instantanément dans un tumulte de plaisir et d'émotions, le libérant de cette envie délicieuse qu'avait déclenché, quelques minutes plus tôt, la simple vision de sa femme en jupe.
Ils restèrent enlacés quelques secondes, essoufflés et en sueur, le temps de reprendre leurs esprits. Kate, de ses bras entourant son cou le serrait contre sa poitrine, tandis qu'il enveloppait son dos de caresses. Doucement, leurs souffles et leurs cœurs reprirent leur rythme normal. Rick releva la tête pour la regarder avec un sourire.
- Ton café doit être froid … Je crois que je suis bon pour t'en refaire un …
- Tu as intérêt, oui, répondit-elle, souriante.
Il la prit dans ses bras pour la faire descendre de l'îlot central, et la reposa doucement sur ses pieds. Elle caressa sa joue et vint déposer un baiser sur ses lèvres.
- Heureusement que je ne mets pas de jupe au poste …
- Jusqu'à maintenant …, fit-il en riant, la serrant toujours contre lui.
- Tu peux toujours rêver … maintenant que je sais l'effet que ça te fait, je ne prendrais pas le risque …
- On verra …
- Comment ça ? On verra ? C'est tout vu !
Il éclata de rire.
- A quelle heure commence ta soirée poker ? demanda-t-elle doucement.
- Vers vingt-heures trente … Tu es sûre que tu ne veux pas rester avec nous ? proposa-t-il.
- Non … C'est un truc d'écrivains … Ta muse pourrait te déconcentrer, sourit-elle. En plus, je risquerais de tous vous plumer !
- Je voudrais bien voir ça ! lança-t-il en riant.
- Et puis, je dois retrouver Lanie, ça fait longtemps qu'on n'a pas passé une soirée entre filles.
- Ok …, sourit-il, en lui déposant un baiser sur le front, desserrant son étreinte.
- Si on allait prendre une douche ? fit-elle en le prenant par la main.
Il se contenta de lui sourire, se laissant entraîner vers la chambre.
Quelques minutes plus tard …
Ils étaient tous deux en train de se rhabiller dans la chambre, elle se préparant pour sortir, lui pour recevoir ses amis écrivains.
- J'ai pensé à quelque chose pour la St Valentin …, fit Rick, tout en boutonnant sa chemise. C'est la première en tant que mari et femme …
- Oui, répondit Kate, en enfilant un jean.
- Alors, je me suis dit qu'on pourrait peut-être pimenter un peu les choses … enfin, un peu ou beaucoup …, et jouer à un petit jeu tous les deux.
- Lequel ? Celui avec les glaçons ? Ou plutôt celui avec la chantilly, ou bien … répondit-elle, en le regardant avec un petit air coquin.
- Non, l'interrompit-il avec un sourire. Plutôt un défi spécial St Valentin … un défi sexy …
- Hum … un défi sexy …, fit-elle songeuse, se demandant quelle idée farfelue il avait pu lui passer par la tête, tout en rejoignant la salle de bain pour finir de se coiffer.
Rick était joueur. Avec lui tout pouvait devenir prétexte à jouer ou à parier. Et comme elle aimait jouer elle-aussi, et il n'était pas rare que l'un ou l'autre propose un petit jeu coquin au cours de leurs ébats, ce qui en faisait, à chaque fois, des moments totalement uniques. Mais ce défi sexy semblait être une idée complètement nouvelle.
- Un défi sexy, oui. Celui qui remporterait le défi deviendrait le maître de la St Valentin, expliqua-t-il, en la suivant, pour se poster dans l'encadrement de la porte de la salle de bain.
- Ou la maîtresse de la St Valentin …, fit-elle remarquer, en se regardant dans le miroir.
- Bien-sûr, répondit-il en souriant.
Il avait pris son air tout excité et tout content, impatient qu'elle accepte de se lancer dans ce défi, se réjouissant à l'avance de ce qui les attendait.
- Et quels pouvoirs me donnerait le fait d'être la maîtresse de la St Valentin ? demanda-t-elle avec un petit sourire curieux, tout en se tournant vers lui.
- Tu pourras faire de moi ce que tu veux le jour de la St Valentin. Tous tes désirs seront exaucés …
- Vraiment ? fit-elle.
- Vraiment, affirma-t-il, sentant qu'elle se laissait séduire par cette idée, même s'il ne lui avait pas encore expliqué le contenu du jeu. Mais si je gagne, tu devras exaucer tous mes désirs.
- C'est très tentant …, mais très risqué … pour toi …, tu sais que je suis redoutable pour ce genre de défis …, fit-elle d'un air parfaitement assuré, n'imaginant pas pouvoir perdre, et se retrouver à la merci des fantasmes les plus délirants de Rick.
Il éclata de rire. Il aimait la joueuse qu'elle était. Elle allait être redoutable, oui, il le savait. Elle était comme lui pour ça. Il fallait qu'elle gagne, et surtout il savait bien qu'elle n'avait pas envie de finir en femme totalement soumise le jour de la St Valentin. Kate avait besoin de contrôler les choses, sauf quand elle s'abandonnait tout à lui, lascive entre ses bras. Elle connaissait très bien la plupart de ses fantasmes, et devait redouter qu'il ne profite de cette occasion pour tenter de réaliser certains d'entre eux.
- Tu sais que pour moi la défaite est inimaginable …, fit-il, très sérieusement.
Elle sourit car elle savait bien que Rick allait être un adversaire de taille. Il voulait gagner, toujours, et pouvait même s'avérer mauvais joueur et mauvais perdant, sauf quand il s'agissait de leurs jeux coquins, où là, peu importait qu'il gagne ou non, tant le résultat faisait le plaisir du gagnant comme du perdant.
- Alors, Madame Castle, partante pour un petit jeu sexy avec votre mari ? proposa-t-il avec son sourire enjôleur.
- Hum … Il faut voir … Quelle est la règle ?
- On compte les points, tout simplement.
- Les points ?
- Oui. Il reste deux jours avant la St Valentin. Chaque jour on se lance deux défis. Je choisis le défi de la journée de demain, et toi celui d'après-demain.
- Et quel défi tu proposes pour demain ? demanda-t-elle, redoutant un peu ce qu'il allait lui annoncer.
- L'objectif est d'embrasser l'autre dans un lieu insolite ou à un moment inapproprié …et à chaque fois, on marque des points.
- Sérieusement ?
- Oui, pourquoi ? fit-il avec son sourire ravi.
- Castle … je ne vais pas passer mon temps à t'embrasser, non pas que l'idée ne soit pas tentante, mais on va être toute la journée au poste demain …
- Justement ! lança-t-il, tout content.
- Je travaille moi, Castle …
- Justement !
Elle soupira, le regardant avec son air à la fois exaspéré, et un brin alléché par ce défi qu'il lui proposait. Elle savait bien que s'ils jouaient à ce petit jeu au poste, ça allait mettre tous leurs sens en émoi, et cela l'émoustillait à l'avance. Mais elle n'aimait pas franchement mélanger plaisir et boulot. Elle mettait toujours un point d'honneur à ne pas être trop tactile ou tendre avec lui au poste. Et connaissant Castle, il risquait de largement se laisser aller à ce petit jeu, et en profiter pour l'embrasser n'importe où et en toute circonstance. Tout le monde allait penser qu'ils avaient perdu la tête.
- Ne réfléchis pas, Kate …
- Je ne réfléchis pas …, mentit-elle.
- Menteuse, je le vois bien, sourit-il. Allez, on va s'amuser …
Elle avait bien envie de se laisser tenter. Après tout, elle aimait ce grain de folie que Castle mettait dans sa vie, dans leur vie. Elle n'aurait même pas pu s'en passer. Et ils s'étaient promis de se surprendre tout le temps, de faire en sorte de ne jamais s'ennuyer ensemble.
- Si ça peut te rassurer, je ne suis pas totalement fou …, je ne ferai rien qui puisse être déplacé, ou te mettre mal à l'aise, assura-t-il.
- Promis ?
- Oui, promis, sourit-il. Tu vas adorer, j'en suis sûr … Et puis après-demain, c'est toi qui choisis le jeu … Tu pourras te venger !
- J'y compte bien, répondit-elle avec un sourire. Comment ça fonctionne ton histoire de baisers ?
- Celui qui a l'initiative du baiser gagne les points, expliqua-t-il.
- Combien de points ?
Il s'approcha d'elle, et l'embrassa sur la joue.
- Un baiser, comme ça, ça fait dix points.
Elle acquiesça d'un regard souriant.
- Et comme ça …, continua-t-il en déposant un baiser sur ses lèvres, trente points. Et pour finir, le top du top …
Il glissa sa main dans son cou pour attirer sa bouche à la sienne, et l'embrasser langoureusement.
- Au moins cinquante points, un baiser pareil, sourit Kate, alors qu'il détachait ses lèvres des siennes.
- Oh oui … Alors ? Tu es d'accord ?
- Oui …, sourit-elle.
Il avait l'air tellement enthousiaste à cette idée, autant pour le jeu en lui-même, très certainement, que pour la récompense finale. Et elle ne pouvait rien lui refuser. Elle savait qu'elle allait bien s'amuser, et prendre du plaisir, même si, c'était certain, ce jeu risquait de lui valoir quelques sueurs froides.
- Génial ! lança-t-il, tout heureux.
- Mais tu as parlé de deux défis chaque jour ?
- Oui … En plus du jeu des baisers, demain, tu dois me préparer une surprise sexy ou romantique, ou les deux … quand tu veux, où tu veux … ce que tu veux …
- Hum … intéressant comme idée …, sourit-elle, tout à coup très motivée par ce défi, qui allait s'avérer follement excitant.
- Et après-demain, ce sera mon tour. Si la surprise fait son effet, on marque cent points d'un coup. Ok ? lança-t-il, levant la main pour qu'elle tape dans la sienne.
- Ok, fit-elle, scellant le pacte en tapant dans sa main.
- Ça va être la meilleure St Valentin de tous les temps ! s'exclama-t-il, tout joyeux.
Belleclaire Hotel, Upper West Side, Manhattan, 21 h 30.
Elle avait beau avoir usé de toutes ses forces, elle n'était pas parvenue à le retourner sur le dos. Son amant gisait donc là, entièrement nu, étendu sur le ventre, inerte, sur les draps de satin blanc, la tête légèrement tournée sur le côté. A travers le loup décoré de plumes colorées qui dissimulait une partie de son visage, elle apercevait ses yeux exorbités, désormais dénués de toute lueur de vie. Il ne bougeait plus, il ne respirait plus. Il était mort. Affolée, elle s'était levée d'un bond, récupérant à la hâte toutes ses affaires pour se rhabiller.
Quelques minutes plus tôt, elle l'avait vu, en plein ébat torride, se mettre à se gratter les bras, et le cou, comme subitement pris de démangeaisons. Il lui avait dit que ce n'était rien, sûrement une petite réaction allergique aux plumes que devaient contenir les oreillers. Ils avaient continué, comme si de rien n'était, emportés par le plaisir des sens. Il était dans son dos, elle ne le voyait pas, et ne percevait que son souffle haletant mêlé à quelques râles de plaisir. Mais tout à coup, il avait ralenti le rythme de ses va-et-vient en elle, sans rien dire, comme s'il était complètement épuisé, peinant à reprendre son souffle. Elle l'avait connu meilleur amant la veille au cours de l'après-midi, et bien plus vigoureux. Elle s'était fait la réflexion qu'il était étonnant qu'un aussi jeune homme ne soit pas plus résistant sur la durée. Certes, ils avaient déjà fait plusieurs fois l'amour aujourd'hui, mais Victor était connu pour être un véritable étalon. Aucune de ses amies, ni même personne au sein de la confrérie, ne s'en était jamais plaint. Bien au contraire. Victor était très demandé par la plupart des couples, qui voyaient en lui, un excellent moyen de pimenter leurs ébats. Il faisait le plaisir de ces dames, mais de leurs maris aussi. Oui, Victor était un véritable petit bijou, au service de la confrérie depuis peu, mais dont les talents étaient déjà appréciés de tous. C'est pour cela qu'elle l'avait enjoint de la retrouver au Belleclaire Hotel, afin d'être sûre de pouvoir profiter de lui, comme elle l'entendait, sans avoir à le partager.
Il s'était retiré, et quand elle lui avait demandé ce qui se passait, se retournant pour voir ce qui n'allait pas, elle l'avait vu suffoquer, transpirer, paniquer, chercher à happer de l'air. En un instant, son visage était devenu écarlate, puis violacé. Mais elle n'avait rien pu faire. Elle avait vu son regard qui la suppliait de l'aider. Sous le choc, ne comprenant pas ce qui arrivait, elle avait été incapable d'agir, et en quelques secondes, elle l'avait vu s'écrouler sur le matelas. Il était mort.
Il fallait qu'elle parte. On ne pouvait pas la savoir ici avec lui. Elle ne savait pas pourquoi Victor était mort subitement comme ça. Mais elle avait tout intérêt à filer. Elle observa le matelas, et ramassa les quelques cheveux épars qu'elle put trouver sur les draps. Elle souleva comme elle put le bassin de Victor pour glisser sa main entre lui et le lit, et récupérer le préservatif, puis elle s'assura de n'avoir rien laissé traîner. Elle enfila ses chaussures à talons, se regarda dans la glace pour se donner une allure présentable, repositionna son loup sur ses yeux, et quitta la chambre le plus simplement du monde. A cette heure-ci, elle ne devrait croiser personne. Tout le monde était encore à la soirée pour de longues heures de luxure.
