La jeune fille marchait d'un pas léger et discret en longeant les murs du temple de sa protectrice : Pallas Athéna. Elle était d'un naturel timide, discret et serviable. Elle n'aimait pas attirer l'attention. Elle avait deux sœurs ainées qui le faisaient pour elle. Elle adorait ses sœurs et ne leur en voulait absolument pas de vouloir être admirée et vus de tous. Elles n'en faisaient pas trop non plus. Disons qu'elles étaient coquettes et aimaient voir leurs efforts porter leurs fruits. La jeune fille était plus discrète, n'aimant pas attirer le regard des hommes elle préférait rester à l'ombre. Vouant ses journées à la déesse protectrice, dont elle était devenue prêtresse, elle n'avait pas le temps pour se trouver un mari et préférait préparer des sacrifices, rituels et fêtes au nom d'Athéna.
Elle aimait bien son travail et aimait sa déesse par-dessus tout. Elle l'admirait pour sa sagesse, son savoir, sa philosophie, ses aptitudes à calmer les ardeurs des autres dieux et faire preuve de ruse au lieu de force brute. Et elle aimait lire. Elle adorait découvrir les écrits. Bien sur les femmes n'étaient pas autorisées à faire de la politique ou des hautes fonctions dans la société, sauf si elles y étaient liés de naissance, mais en tant que prêtresse, la jeune demoiselle avait accès au temple d'Athéna et pouvait y pénétrer et profiter des manuscrits. Elle avait appris lire et écrire comme les autres prêtresses et prêtres. Elle n'était pas la plus douée, ni la plus mauvaise, ni la plus appliquée ou encore la plus rapide. Mais elle aimait lire et découvrir les savoirs cachés aux travers des lettres de chaque page de parchemin.
Mas depuis quelques temps le quotidien de la jeune fille était troublé. Un beau jeune homme, un pêcheur d'après ses dires, s'était éprit d'elle. Il veillait à être là le matin lorsqu'elle quittait la demeure familiale accompagnée de ses deux sœur pour se rendre au temple, pour l'apercevoir et l'attendais le soir lorsqu'elle rentrait, repartant souvent rassuré de la voir revenir saine et sauve. Mais il lui faisait aussi des présentes comme des herbes aromatisées, des huiles pour le corps, un peigne pour ses cheveux finement travaillé, un bracelet, une parure de perles. Elles ne savaient que faire, gênées par ces attentions alors qu'elle n'était tout simplement pas intéressée. Son père avait été parlé au jeune homme, craignant pour sa benjamine, cependant le jeune homme avait sincèrement affirmé être épris de la plus jeune et vouloir la prendre pour femme. Le père le trouvant bon partit ne fit pas plus de démarche. De plus ce jeune homme arrivait à décourager d'autres éventuels admirateurs du coup, il gagnait à tous les coups. Sa petite protégée serait à l'abri des hommes, entre les mains d'un bon homme.
La jeune fille le vivait mal au début. Discrète elle n'avait pas l'occasion, ni l'habitude, d'être couverte d'attention. Elle avait même eu peur que ses sœurs ne la jalousent et la repoussent mais ce ne fut pas le cas. Ses sœurs la poussaient à accepter cette proposition d'engagement, trouvant elle aussi le jeune mari bon partit. Hésitante la benjamine resta distante un premier temps, pas froide ni méchante, toujours polie et n'oubliant jamais de le remercier pour ses cadeaux mais elle ne sautait pas non plus de joie ou autre. Suivant l'idéal de sa déesse elle préféra observer la situation un moment avant de prendre une décision, préfèrent la sagesse à une action irréfléchie et des répercussions négatives.
Mais au fils des jours elle y prit goût. Elle commença à apprécier le fait qu'il l'attende le matin pour la saluer, le fait qu'il veille sur elle le soir. Elle commençait à apprécier ses attentions, sans être matérialiste c'était agréable de voir quelqu'un penser à vous de la sorte. Elle commençait même à trouver la présence de ses deux sœurs gênantes alors qu'ils marchaient à quatre, les trois sœurs et le marin, vers le temple d'Athéna. Elle aurait aimé apprendre à le connaître ne tête à tête. Alors un jour elle sortit de la maison seule. Le marin la regarda étonné. S'armant de son courage à deux mains, la jeune fille fit sous-entendre dans un rougissement adorable qu'elle aimerait qu'il l'accompagne au temple aujourd'hui. Juste eux deux. Elle eut en réponse un immense sourire. A partir de ce jour les deux jeunes se rapprochaient petit à petit. La jeune fille tomba sous le charme un peu plus jour après jours.
Un soir alors qu'il était venu la chercher pour la ramener chez elle, il lui fit faire u détour, lui montrant un coin de son village d'où on avait une vue élevée sur les environs de la ville. On aurait pu croire que la vue était moins belle de nuit que de jour mais non. Des centaines d'étoiles scintillaient dans le ciel dégagé et la lune éclairait les vallées environnantes, faisant ressortir collines, maison, montagnes et même ruisseaux dont l'eau semblait scintiller. Emerveillée la jeune fille s'était laissé innocemment contre le jeune homme qui lui en avait profité pour lui voler un baisé chaste, qui la surprise, avant de capturer ses lèvres dans un baisé plus profond, lent et sensuel. Un tel comportement aurait dû être encadré de fiançailles, d'engagements mais sur le moment la jeune femme ne voulait que profiter de la douce sensation, même si sa raison lui disait que ce n'était pas bien. Lorsqu'ils se séparaient le jeune homme promis de demander sa main à son père une fois de retour chez elle, le soir même. Se mettant alors en route, mains dans la main, la jeune fille avait la tête pleine de rêves. Elle qui n'avait jamais aspiré à une vie amoureuse était sous le charme des attentions de son compagnons. Et puis comment ne pas l'être, devant une telle concentration de qualités ?
Seulement voilà, une fois arrivée à sa demeure la déception fut grande. Son père était partit pour une urgence familiale. Leur oncle avait des soucis et vivais à deux journées de trajets de leur ville. Le jeune homme ne pouvait donc demander officiellement la main de la jeune femme. Le marin partit boudeur et froissé ce soir là au grand malheur de sa promise. Elle se sentait coupable et déçue aussi en quelques sortes. Elle aurait aimé être officiellement engée envers ce beau jeune homme qui avait réussi à faire battre son cœur. Elle fut soulagée en le revoyant le lendemain. Il l'attendait comme d'habitude. Son sourire un peu moins joyeux mais là quand même. Il s'excusa de sa réaction le soir précédent, mettant le tout sur le coup de ne pas être engagée avec elle officiellement comme il l'aurait tant espéré. Attendrie la jeune fille lui vola un léger baisé avant d'arriver à proximité du temple, à l'abri des regards. Le sourire de son jolis pêcheur, sourire qu'elle avait réussi à lui rendre, l'accompagna toute sa journée la distrayant légèrement. Assez pour qu'une autre prêtresse le remarque et lui demande ce qu'il se passait. Elle avoua alors avoir accepté la demande d'engagement du marin. Tout le monde savait qu'il la courtisait depuis un moment déjà. Elle raconta aussi l'absence de son père qui avait fait tomber à l'eau leurs plans la veille. La deuxième prêtresse eu un sourire tendre pour la jeune fille, plus jeune qu'elle et lui sortit avec un sourire calme que « tout vient à point à qui sait attendre ».
Le soir son marin était là aussi l'attendant avec un joli sourire complice et taquin qui la fit fondre. Elle salua l'autre prêtresse avant de se mettre sur le chemin du retour avec le jeune homme. Ils discutèrent de tout et de rien avant de finalement arriver à la maison de la jeune fille. Il l'a quitta sur le perron avec un simple baisé sur la joue qui étonna la jeune fille mais cela lui permis de remettre en perspective sa situation. Sans l'aval de son père elle ne pouvait entreprendre une relation avec le jeune home, malgré ses sentiments. Ce manège dura trois jours. Le quatrième jour une des sœurs de la benjamine vint voir celle-ci au temple, lui annonçant que leur père avait prolongé son séjour chez leur oncle, ce dernier ayant réellement besoin de lui. Légèrement démoralisée la jeune prêtresse retourna à ses tâches mais ne perdit pas espoir. Bientôt elle serra marier à son marin. Ce dernier la salua bien chaleureusement ce soir-là, mais perdit son sourire lorsqu'elle lui annonça la nouvelle. Elle voyait bien qu'il avait espéré tout comme elle que le voyage prenne fin le jour même où le jour suivant mais pas qu'il s'éternise. Elle lui prit alors tendrement la main pour essayer de le rassurer. Au fond ils s'étaient épris l'un de l'autre ? S'armer d'un peu de patience ne pouvait leur causer de torts. Plongeant alors ses yeux verts dans les siens bleu il l'attira à lui avant de l'embrasser tendrement pour ensuite approfondir le baisé.
Surprise la jeune fille ne réagit pas directement et lorsqu'elle aurait pu réagir elle fut trop grisée par les sensations ressenties pour pouvoir repousser son beau marin. Elle le laissait donc l'embrasser de la sorte sans pouvoir lui refuser une telle chose. Lorsqu'il se recula d'elle il avait l'air plus apaisé un léger sourire flottait sur leur lèvres. Cependant la jeune fille savait que s'ils continuaient ainsi, ils risquaient de s'attirer des ennuis. Elle se recula alors et demanda à son marin de patienter. Son père finirait par revenir et ils pourraient se fiancer officiellement. Jusque-là ils ne pouvaient se comporter de la sorte. Le jeune homme eu l'air déçu mais la raccompagna chez elle, un léger sourire quand même aux lèvres. Les jours suivants il tenta de se rapprocher de multiples manière mais la jeune demoiselle restait inflexible, toujours en souriant elle le repoussait en essayant de le blesser le moins possible. Elle avait envie qu'il la prenne dans les bras comme il voulait le faire mais elle avait peur de ne pas résister à la tentation de l'embrasser à nouveau.
Un soir alors qu'il était venu la chercher au temple d'Athéna, elle avait finit plus tard que prévu et il l'avait attendu près des doubles portes, sans entré, inquiet de ne pas la voir arrivée. Ils s'étaient alors retrouvés seuls devant la double porte imposante du temple et il avait encore tenté une approche beaucoup plus directe. La prenant doucement par la taille il avait essayé de l'embrassé. Il avait raffermit sa prise, la tirant plus contre lui, parsemant sa nuque de baisers alors qu'elle avait tourné la tête pour éviter un baisé. Elle essaya de se défaire de son étreinte mais sans grand suces. Le pire était pour elle d'être tiraillé entre les sensations procurée par son amant et le fait qu'ils n'étaient pas engagés et que ce genre de comportement étaient de ce fait déplacé et risquait de leur attirer des grandes ennuies. En plus devant le temple de sa déesse fétiche. Mais il insista. Bientôt sa poigne commença à lui faire mal alors qu'elle essayait de se débattre de plus en plus. Il plaqua sa bouche violement contre sa sienne étouffant ainsi le gémissement de douleur de la jeune prêtresse.
La poussant de force à l'intérieur du temple il referma les portes et la plaqua contre l'un des battants. Le plaisir avait disparu, laissant place à une peur glaçante et pétrifiante alors qu'il l'embrassait encore et encore. Elle avait de plus en plus de mal à bouger et aucun son ne parvint à sortir de sa bouche tandis que les mains de son pêcheur parcouraient son corps. Son pêcheur qu'elle aimait. Celui qu'elle avait voulu épouser. Celui en qui elle avait eu confiance Celui à qui elle avait demandé d'être patient. Ce même pêcheur qui maintenant se montrait tout autre que patient ou charmant. Ce même pêcheur qui lui procurait des baisés contre son gré, qui avait les mains baladeuse et qui la déshabillât. Elle essaya de bouger mais n'y arriva pas. Elle arrivait encore moins à crier ne parvenant qu'à bouger des lèvres lorsqu'il avait sa bouche plaquée contre la sienne, ce qui étouffait ses protestations. Elle était prise au piège ne comprenant pas d'où venait son inertie.
Elle dut subir la chose la plus dénigrante pour la gente féminine, se retrouvant anéantie par la personne qu'elle aimait. Elle se sentait souillée. Et le fait d'avoir profané l'endroit sacré de la déesse à qui elle avait prêté serment et loyauté la rendait encore plus malade. Les larmes coulèrent bien avant qu'il ne lui prenne les derniers vestiges de son innocence, mais au moment où il conclut l'acte un éclair de couleur argentée illuminât la pièce et une femme, la copie conforme de la statue de Pallas Athéna présente dans le hall du temple se tenait là. Fusillant le pêcheur du regard elle allât parler lorsque lui riait à grand éclats. Il se détourna alors de la jeune fille qui s'effondra au sol, tétanisée par la douleur et la peur pour pouvoir réagir, les larmes coulant toujours. Le jeune homme fut entouré d'un halo vert sombre un instant avant qu'un homme d'âge mur se tienne à sa place, armure vêtue et trident à la main. Lançant un sourire narquois à sa nièce il lui lança :
« Mon charme semble avoir gagné sur ta sagesse. Tu as gagné Athènes, j'ai gagné ta prêtresse ! Tout l'Olympe serra au courant de ma victoire et de ce fait de ta défaite ! »
Rigolant alors à gorge déployée il disparut d'un coup, l'écho de son rire résonant toujours. La déesse guerrière avait l'air de vraiment mauvaise humeur. Elle ferma les yeux quelques secondes, avalant une boule d'amertume et de colère avant de foudroyer la jeune fille du regard, toujours effondrée au seul.
« Espèce d'idiote ! Tu payeras pour me faire passer pour une perdante ! »
Alors que la déesse leva la main la jeune prêtresse se retrouva à se tordre de douleur sur le sol, des ailes lui poussèrent et ses ongles se transformèrent en griffes. Ses cheveux se changèrent aussi doucement en serpent. En quelques secondes la jeune fille discrète s'étaient vue transformée en montre. Alors qu'elle regarda sa déesse d'un regard importateur elle n'eut pas l'occasion de prononcer un mot car quelqu'un fit irruption dans le temple. La prêtresse plus âgée alertée par les cris, avait décidé de venir voir ce qu'il se passait mais dès l'instant ou les yeux des deux prêtresses se croisèrent la plus âgée se transformât en quelques secondes en statues de pierre.
Regardant son amie anéantie Médusa poussa alors un cri de douleur mais Athéna y fut indifférente ne lançant qu'un regard désobligeant à la jeune fille.
« Profite de ta solitude pour méditer jeune fille ! »
Disparaissant elle aussi, l'ancienne prêtresse se retrouva alors seule dans la pièce silencieuse. Le seul bruit qui brisait le silence était ses sanglots. Lorsque les premières lueurs du soleil se reflétaient dans le temple, elle sut qu'il était temps de partir pour ne pas se faire bruler vive. Enroulant alors u châle autour de sa tête pour cacher son visage elle s'enfuit. Elle réussit à faire parvenir une lettre à ses sœurs mortes d'inquiétude suite à la disparition de la benjamine et du marin. Apprenant alors le sort qu'avait subi leur sœur, elles prièrent les dieux, voulant pouvoir être là pour la troisième. Leurs prières furent entendues et elles se transformèrent elles aussi en monstre. Ailées, des griffes à la place des ongles, des serpents à la place des cheveux elles étaient devenues aussi hideuses que leur plus jeune sœur. Elles qui avaient été si coquettes avaient tout quitté pour pouvoir restées unies. Elles rejoignirent alors Méduse dans la grotte dans laquelle elle s'était réfugiée et elles y restèrent cachées. Les deux sœurs n'avaient pas le regard pétrifiant mais avaient obtenu l'immortalité. Elles restèrent alors unies et se promirent que personne ne les séparerait jamais ainsi que de faire payer tous les humains s'approchant trop de leur cachette. L'envie de sang et de chair fraiche avait envahir leurs esprits petit à petit.
Elles réussirent à prévenir leur père de leur mésaventures et celui pris ses affaires une nuit sans lune avant de disparaitre dans la campagne, trouvant refuge auprès de son frère qu'il avait aidé. Personne au village ne vit plus jamais le marin, ou le père avec ses trois filles. Cependant des rumeurs se répandaient comme quoi trois horribles monstres vivaient dans une grotte éloignée de la ville. On les appelait les gorgones.
