Désinhibition

Chapitre 1

L'horizon bleu de la Porte des Etoiles laissa passer un militaire portant un P-90 serré contre sa poitrine et une radio à sa ceinture. Il fut aussitôt suivi par deux femmes : une petite aux cheveux châtains qui lui arrivaient un peu au dessus des épaules et une brune aux cheveux long attachés en une queue de cheval qui lui arrivait jusqu'au milieu du dos ; toutes deux étaient vêtues d'uniforme militaire : kaki et informel pour la première, noir pour la seconde, et elles étaient toute deux armées : la plus petite d'un bâton accroché dans son dos et un 9 millimètres à la ceinture, l'autre d'un P-90 attaché en bandoulière autour de son torse. Deux hommes les suivaient : l'un grand au teint mat ses yeux verts balayant le paysage à la recherche de possibles ennemis, ses bras croisés sur sa poitrine et un air renfrogné sur son visage partiellement caché par ses dreads, l'autre petit et un peu rondouillard regardait d'un air critique autour de lui une main sur son côté droit où se trouvait son PDA.

La jeune femme à la queue de cheval s'avança un peu, regardant autour d'elle avant de retourner ses yeux sur l'appareil qu'elle tenait dans sa main, elle appuya sur quelques touches de l'écran tactile et dit :

"D'après la sonde... le village que nous cherchons doit se trouver à deux kilomètres... dans cette direction."

Elle pointa un doigt vers la droite, son regard toujours fixé sur l'appareil.

"Deux kilomètres…" grommela le plus petit des hommes d'une voix geignarde. "Sheppard, pourquoi n'avons-nous pas pris le Jumper?"

Tandis que le lieutenant colonel John Sheppard levait les yeux au ciel qui, il remarqua, avait une jolie teinte rosée; le major Cheyenne O'Bannon rangea son appareil dans une poche située sur son ceinturon, et dit avec un sourire ironique, tout en tapotant le ventre du scientifique :

"Enfin, Rodney, ça ne peut pas vous faire de mal de marcher un peu…"

Le docteur Rodney McKay resta pantois, la bouche ouverte, faisant des grimaces montrant son mécontentement, cherchant en vain une remarque à renvoyer à l'insolente. Il ne vit pas les sourires de ses camarades alors que ses lèvres formèrent une moue qui ressemblait à celle d'un enfant gâté vexé parce qu'il n'avait pas eu ce qu'il souhaitait. Sheppard ne lui laissa pas le temps de reprendre ses esprits et de trouver la réponse qui commencerait une nouvelle bataille interminable d'insultes et d'insinuations avec le major O'Bannon, et ordonna que la petite troupe se mette en route.

"Quelle direction on doit suivre, major ?" demanda Sheppard.

"L'Est, mon colonel."

"Teyla, Ronon, vous fermez la marche. Rodney, on ne traîne pas."

Le scientifique ouvrit la bouche, mais Sheppard ajouta :

"Et pour une fois, McKay, fermez-la…"

Cheyenne accéléra le pas pour se retrouver devant aux côtés de Sheppard. Rodney avançait lentement derrière eux grommelant à propos de l'insensibilité militaire pour ses pauvres pieds, et Teyla Emmagan et Ronon Dex se placèrent derrière lui, surveillant ainsi leurs arrières. Ils progressèrent ainsi, Sheppard et O'Bannon armes contre leur poitrine, main droite près de la gâchette et main gauche sur le haut du canon, Teyla se tenait droite et alerte au moindre bruit tout comme Dex dont les yeux n'arrêtaient pas de balayer les alentours, tous essayaient avec plus ou moins de succès de faire abstraction des plaintes continuelles de McKay quand une branche lui griffait le visage ou à propos du terrain accidenté ou de la distance trop longue ou lorsqu'il demandait comme un enfant de dix ans quand ils allaient arriver…

Ils arrivèrent enfin avec soulagement au village. McKay allait peut-être enfin se taire. Mais, rapidement, Sheppard comprit que quelque chose n'allait pas. Il leva la main pour faire taire les incessantes plaintes de Rodney, qui bizarrement, pour une fois, se tut immédiatement. Il tendit l'oreille essayant de capter un son. Mais pas un bruit ne provenait du village. Il fit signe de la main à son équipe deux petits coups secs sur la droite désignant O'Bannon et Teyla et un autre coup sec sur la gauche signalant à Ronon de le suivre.

Rodney regarda autour de lui inquiet : qui devait-il suivre?

Il décida qu'il serait mieux pour lui et pour ses pieds endoloris d'attendre au centre du village. Il resta debout au centre de la grand place, sautillant d'un pied sur l'autre et jouant avec ses mains, murmurant des théories sur le silence ambiant.

Quelques minutes plus tard, les autres le retrouvèrent au centre du village.

"Ils sont tous morts", dit Ronon d'une voix terne…

"Pas tous", dit Teyla. "Il y avait certaines maisons qui étaient vides. Peut-être que leurs habitants sont toujours en vie..."

Sheppard ferma les yeux, un air concentré sur le visage. Il prit une grande respiration et dit :

"Ok. Rodney, vous retournez sur Atlantis faire un rapport à Weir. Nous, on va faire un tour, voir si on peut retrouver des survivants."

Rodney n'attendit pas qu'on le lui dise deux fois et sans même protester, il obéit. Les deux kilomètres du retour lui semblaient être un choix beaucoup plus attrayant que de marcher encore pendant des heures à la recherche d'improbables survivants.

Les quatre autres composèrent des équipes de deux, Ronon avec Teyla, et Cheyenne avec Sheppard. Chaque équipe partit de son côté. Au bout de quelques heures de recherches infructueuses, Sheppard décida de faire une halte près d'une source d'eau, et tandis qu'il remplissait sa gourde et celle de Cheyenne, celle-ci contacta Teyla par radio lui demandant son rapport. De leur côté aussi, les recherches s'étaient avérées vaines. Sheppard jeta un coup d'oeil au ciel, il n'avait pas vraiment remarqué que la nuit était tombée, le ciel étoilé et les trois lunes éclairant comme en plein jour. Il prit la radio des mains de Cheyenne et informa Teyla et Ronon qu'ils se retrouveraient devant la Porte des Etoiles. Il rendit sa radio à Cheyenne la remerciant et prit une longue gorgée d'eau de sa gourde fraîchement remplie, puis fit signe à Cheyenne qu'ils repartaient. La jeune femme but une grande rasade d'eau, et le suivit.

"A votre avis, qu'est-ce qui a bien pu arriver à tous ces gens ?" demanda-t-elle.

"Je ne sais pas. C'est très bizarre. En tous cas, les Wraiths n'y sont pour rien", dit Sheppard, d'un ton distrait.

"Pour une fois…"

Sheppard sourit discrètement à cette remarque. Il aimait bien le major O'Bannon. C'était lui qui avait tenu à ce qu'elle intègre son équipe, alors que lui-même n'était que major. Elle était aussi têtue et indisciplinée que lui, et il avait pris cela comme un challenge de la prendre sous ses ordres, et avait parfois des relents de regret concernant sa propre attitude vis-à-vis de ses supérieurs. Mais elle était avant tout un atout de taille : très intelligente, fin stratège, redoutable au combat à mains nues et ses qualités ne s'arrêtaient pas là, compensant ses quelques défauts, aux yeux de Sheppard tout du moins.

Il sourit, se rappelant qu'à chacun de leurs entraînements, elle lui avait sacrément botté le train. Même Ronon s'était pris quelques dérouillées mémorables et Teyla, au combat au bâton, s'était vue envoyer à terre plus d'une fois comme si elle n'était qu'une débutante. Elle s'était vite intégré dans l'équipe, discutant tactique avec Teyla et combat avec Ronon ; elle était aussi rapide à mettre son adversaire au tapis, qu'à trouver des répliques acerbes, et toujours pleines d'humour, ce qui donnait lieu à de longues « discussions » avec Rodney, qui semblait apprécier d'avoir quelqu'un avec qui se chamailler. Cela ne lui servait d'ailleurs pas qu'à titiller le brillant docteur McKay mais aussi à énerver les ennemis, pour preuve, ceux qui avaient été victimes de sa langue acerbe -parfois elle recevait même l'aide précieuse de McKay qui surenchérissait- sortaient souvent de leur gonds, à tel point qu'ils en commettaient les plus grossières erreurs ! Ce qui faisait la plus grande joie du colonel, qui s'amusait à chaque fois de ces joutes verbales.

Les Wraiths en avaient souvent fais les frais. Il se souvenait parfaitement de cette fois où, alors qu'ils étaient à bord d'un vaisseau ruche, retenus prisonniers par toute une armada de Wraiths, elle avait commencé, d'un ton énervé, à critiquer et à remarquer leurs petits défauts comme leur visage peu attrayant « comment arrivez-vous à attirer vos victimes avec un visage aussi horrible ! On dirait une méduse ! » s'était-elle exclamé vindicativement, les petits tics comme le fait que lorsqu'un Wraith était énervé, ses ouies s'ouvraient « laissant une belle ouverture à l'ennemi » avait-elle assuré, elle était allé jusqu'à critiquer leur façon de manger qu'elle avait qualifiée de « dégoûtante et inefficace ». N'en tenant plus le garde s'était approché pour la faire taire, et d'un geste rapide, Cheyenne avait attrapé sa tête et l'avait fracassée contre les barreaux corailleux de leur cellule, leur permettant ainsi de s'enfuir, non sans avoir, auparavant, piégé la ruche.

Mais l'atout qui avait convaincu leurs supérieurs de l'envoyer sur Atlantis malgré son dossier chargé d'insubordination et de bagarres, était qu'elle possédait, comme lui, le gène des Anciens. Ses supérieurs avaient d'ailleurs grincé des dents quand il leur avait fait part de son désir de l'intégrer à son équipe. Deux John Sheppard dans la même équipe avaient de quoi donner des sueurs froides à tout haut responsable militaire.


Ils finirent par arriver à la Porte des Etoiles. Ronon et Teyla y était déjà, discutant de façon discrète de leurs différentes théories sur la disparition des villageois. La jeune Athosienne s'arrêta, jetant un coup d'oeil vers Sheppard qui venait de sortir de la lisière de la forêt. Elle entra le code d'Atlantis sur le DHD, puis envoya leur code d'identification grâce au GDO accroché à son poignet. La Porte s'ouvrit dans un souffle et Sheppard ouvrit une communication avec la dirigeante d'Atlantis, le docteur Elizabeth Weir :

"Atlantis", ici Sheppard.

"On vous écoute, John tchhhhhh", lui répondit la voix de Weir, entrecoupée de parasites.

"Nous n'avons trouvé aucun survivant. Je ne sais pas ce qui a pu les tuer. Ils n'ont aucune blessure apparente. Je vous conseille de préparer l'équipement nécessaire à une infection biologique."

"C'est déjà fait, John. Vous pouvez passer la Porte. On vous attend."

John coupa la communication, et donna un léger coup de tête vers la Porte. Il regarda d'un oeil ses hommes partir, d'abord le major O'Bannon puis Teyla et Ronon. Et après s'être assuré qu'il n'y avait personne alentour, il les suivit à travers la Porte.


L'équipe de Sheppard avait rejoint Rodney à l'infirmerie. L'homme, comme à son habitude, geignait, remettant en cause les compétences du docteur Carson Beckett, qui était couvert d'une combinaison blanche qui ne lui permettait pas suffisamment de latitude pour bouger le rendant ainsi encore plus maladroit que d'habitude, et d'un masque de plexiglas qui s'embuait à chacune de ses respirations. Après avoir noté quelques observations dans son calepin, Beckett sortit de la salle, refermant la porte hermétique derrière lui. Après quelques minutes, il revint les voir, et l'équipe put voir avec soulagement qu'il avait retiré la combinaison utilisée en cas d'alerte biologique.

"Je suppose qu'on va bien", statua Sheppard.

"En effet, colonel. Vos examens sont revenus, et vous êtes en parfaite santé", assura Beckett, re-vérifiant les résultats.

Cheyenne écrasa immédiatement le pied de Rodney, l'empêchant de déblatérer la remarque blessante qu'il avait sur le bout de la langue. Le scientifique la fusilla du regard, laissant échapper une exclamation de douleur, ce qui lui valut un coup d'œil assassin de la part de Sheppard. Rodney laissa transparaître sa colère, par une moue d'enfant gâté et croisa les bras sur son torse décidé à ne plus parler.

"Alors, si ce n'est pas dans l'air, qu'est-ce qui a pu tuer ces gens ?" demanda Teyla, fronçant les sourcils ignorant l'attitude enfantine de Rodney.

"Je ne sais pas encore. J'ai demandé qu'on me ramène des corps pour que je puisse faire une autopsie, et une équipe a ramené différents échantillons."

Beckett se préparait à ressortir lorsqu'il se tourna pour ajouter quelque chose.

"Ah, au fait, j'oubliais : vous pouvez retourner travailler, vous n'êtes plus en quarantaine", dit-il d'un ton jovial.

Ils ne se le firent pas répéter deux fois. Dans les secondes qui suivirent, Carson se retrouva tout seul dans son infirmerie, un petit sourire satisfait sur les lèvres, alors qu'il regardait à droite puis à gauche les sorties par lesquelles les explorateurs s'étaient enfuis.


En sortant de l'infirmerie, l'équipe se rendit dans une salle de conférence pour faire leur rapport à Weir. Cheyenne, qui d'habitude n'avait aucun mal à suivre les longs et ennuyeux rapports qu'exigeait le docteur Weir, avait du mal à se concentrer. Pendant que Sheppard relatait leur expédition sur la planète M4-221, elle avait les yeux fixés sur ses mains qui semblaient essayer de mimer les mots que Sheppard articulait. Cheyenne ferma les yeux, se mordant délicatement la lèvre inférieure. Elle rouvrit les yeux et se trouva comme hypnotisée par le mouvement des lèvres du colonel. Elle ne réalisa pas que le colonel s'était tu, et qu'il la regardait, intrigué.

"Major, vous allez bien ?" lui demanda-t-il.

Cheyenne sortit de sa contemplation. Elle se sentit rougir, et se rendit compte que tout le monde la regardait. Elle se rassit normalement, se demandant comment elle avait pu ainsi se retrouver affalée sur sa chaise sans s'en apercevoir, puis dit :

"Très bien, mon colonel."

La jeune major passa le reste du débriefing à se surveiller, afin qu'une telle situation ne se reproduise pas. Pour ce faire, elle s'efforça de ne pas regarder son supérieur. Comment avait-elle pu se laisser aller comme ça ? Bien sûr, elle trouvait que le colonel Sheppard était un homme attirant, mais c'était avant tout son supérieur hiérarchique, et jamais, elle n'avait été autant troublée en le regardant. Ce débriefing avait été très étrange. Elle s'était laissée déconcentrer par les mains, la bouche et les yeux de Sheppard. En le regardant, elle avait ressentit une douce chaleur l'envahir. Même le son de sa voix lui faisait un effet monstre. Lorsque le débriefing fut fini, elle se dépêcha de sortir et d'accompagner Teyla pour leur séance d'entraînement journalière. Elle comptait se défouler avec Teyla, puis prendre une bonne douche et aller se reposer, mettant son trouble de tout à l'heure sur une légère fatigue.

"Vous êtes sûre que vous allez bien, Cheyenne ?" lui demanda Teyla.

"Bien sûr, je dois être un peu fatiguée, c'est tout."

Elles se dirigèrent vers la salle d'entraînement. Sheppard, qui était sorti juste après elles, ne put s'empêcher de les regarder partir. Son regard glissa le long du dos de Cheyenne, et s'arrêta sur son postérieur. Il admira un moment le balancement de ses hanches, puis secoua la tête quand il se rendit compte de ce qu'il était en train de faire. Qu'est-ce qui lui prenait, tout d'un coup ?


Teyla et Cheyenne se combattaient et comme à l'accoutumée, elles ne retenaient pas leurs coups ; l'une comme l'autre acceptant la même excuse : « cela permettait de rendre plus réels leurs combats » alors qu'il s'agissait plus d'une question de rivalité enfantine pour savoir qui était la plus forte. Les seuls bruits qu'on entendait du gymnase étaient ceux des bâtons des deux femmes qui s'entrechoquaient violemment, ainsi que leur respirations bruyantes à chaque coup et quelques exclamations de douleur. Lorsque Cheyenne tomba à terre pour la énième fois depuis qu'elles avaient commencé à s'entraîner, Teyla lui dit :

"Vous n'êtes vraiment pas concentrée sur le combat, major."

Les yeux de Teyla étaient fixés sur son adversaire à terre alors qu'elle lui tendait la main pour l'aider à se relever.

"Je sais", soupira Cheyenne attrapant la main de Teyla. "Je ne sais pas ce qui m'arrive. J'ai du mal à rester concentrée sur ce que je fais."

Teyla lui sourit en la tirant vers elle, et dit :

"Je pense qu'une bonne nuit de repos vous fera le plus grand bien. On reprendra l'entraînement demain."

Elles se dirigèrent toutes deux vers leurs quartiers dans un silence relativement serein. Une fois la porte refermée, Cheyenne ôta son uniforme, et alla prendre une longue douche chaude, passant délicatement l'éponge sur les parties de son corps qui avaient souffert de son combat avec Teyla surtout son côté gauche où un énorme bleu se formait déjà. Puis, elle passa le short et le débardeur qui composaient son pyjama, et se glissa avec délice sous les draps de coton. Elle s'endormit rapidement, et le rêve qu'elle fit cette nuit-là lui sembla très réel ; il était des plus agréables et des plus troublants à la fois. C'était comme un flash-back : elle était revenue sur M4-221, et se trouvait avec le colonel Sheppard près de la source au milieu de la forêt. Mais, ils ne portaient pas vraiment l'uniforme réglementaire de l'armée. A dire vrai, ils étaient entièrement nus, et violaient une des règles les plus importantes de l'armée des Etats-Unis : la loi de non-fraternalisation. Une loi que Cheyenne avait toujours mis un point d'honneur à respecter. Mais là, elle ne s'occupait guère de cette loi car elle était en train de faire l'amour avec le colonel Sheppard. Ce rêve avait tellement l'air vrai, qu'il lui semblait qu'elle sentait effectivement le poids du corps de Sheppard sur le sien, son souffle sur sa peau, ses muscles roulant sous ses mains, et jusqu'à l'odeur de son parfum mélangé à sa sueur. Elle ouvrit les yeux écarquillés, elle était en sueur, son souffle était court. Elle repoussa ses draps qui, trempés de sueur, semblaient avoir décidé de lui coller à la peau, et se dirigea vers la salle de bain. Une bonne douche froide, pour se remettre les idées en place, voilà ce dont elle avait besoin. Et ensuite, un bon jogging dans la cité. Ça devrait l'épuiser suffisamment pour avoir un sommeil sans rêves. Non que celui-ci fut désagréable remarqua-t-elle pour elle même, bien au contraire, mais il allait à l'encontre de tout ce qu'on n'avait cessé de lui répéter au cours de ses classes et des principes de base que son père lui avait enseigné.

"La vache, c'est froid !" s'exclama-t-elle, lorsqu'elle ouvrit le robinet d'eau froide de la douche, en frissonnant.


Sheppard, de son côté, était passé au mess, pour manger un morceau avant d'aller se coucher. Il y resta un long moment, réfléchissant au comportement étrange de son major. Cela n'était pas dans les habitudes d'O'Bannon de se comporter ainsi pendant un débriefing. Elle avait l'air totalement ailleurs, et ça, c'était plutôt à lui que ça arrivait quand Rodney se lançait dans ses explications scientifiques auxquelles il ne comprenait strictement rien. Il avait aussi remarqué le regard qu'elle lui avait lancé, et qui n'avait rien de professionnel. D'ailleurs, il se rappela qu'il avait été loin de le laisser indifférent. Quant à son comportement à lui à la fin du débriefing, il n'avait rien de plus professionnel que celui de Cheyenne. Qu'est-ce qui lui avait pris de la reluquer comme il l'avait fait ? Certes, elle avait un physique athlétique et bien proportionné, mais pourquoi, alors que cela faisait trois ans qu'ils travaillaient ensemble, il se mettait subitement à être troublé en sa présence ? L'image des fesses de Cheyenne lui revint en mémoire, et il se surprit à sourire à l'évocation de ce souvenir des plus appréciables. Il grimaça en se rendant compte de ce à quoi il pensait, secoua la tête, puis dit à voix haute :

"Va te coucher, Sheppard, ça ira mieux demain."

Il se leva, et se dirigea vers ses quartiers. Quand il passa devant ceux de Cheyenne, il entendit une exclamation venant de l'intérieur de la pièce : « La vache, c'est froid ! ». Il sourit, puis continua son chemin jusqu'à ses quartiers. Lui aussi prit une douche et se coucha. Et lui aussi, fit un rêve digne des films qu'il regardait en cachette quand il n'était qu'un adolescent boutonneux. Sauf que dans son film, Cheyenne était la vedette et c'était lui qui la rendait extatique. Il se réveilla, lui aussi en sueur et le souffle court, et un regard sous les draps lui apprit que son corps réagissait à ce rêve des plus réels.

"Génial", grommela-t-il. "Heureusement que je me suis réveillé avant, sinon j'étais bon pour changer les draps. Bon sang, Sheppard, qu'est-ce qui t'arrive ?"

Il se leva, et se dirigea vers la salle de bain. Pour lui aussi, il était temps de prendre une bonne douche froide.

To be continued...

Je remercie Yum2 qui m'a aidé pour cette histoire, notamment pour les descriptions, et pour mieux expliquer les choses. Elle m'a permis de mieux développer mes idées...