Naoya était venu réclamer à son frère l'autorisation de dormir avec lui au beau milieu de la nuit. Cette demande, il ne la faisait plus depuis des années. Il était trop grand, et puis même s'il avait peur de beaucoup de choses, il savait contrôler ses angoisses, depuis le temps. Naoto n'avait donc plus eu à assumer ses fonctions de grand frère de ce côté-là, en ce qui concernait le réconfort nocturne dans un même lit. Mais cette nuit, il semblait y avoir quelque chose de différent, Naoya s'exprimait d'une voix geignarde dont il usait seulement dans les situations de grand désespoir ou de terreur extrême. Naoto crut donc rêver pendant un moment, et ne réagit que très peu.

"Qu'est-ce qu'il y a ? marmonna-t-il tandis que son frère le secouait par l'épaule.

-Nii-san, il y a des monstres dans mon lit, gémit Naoya. Je peux venir avec toi, s'il te plaît ?

-Hein ? Des monstres ?"

Naoto se retourna sur le flanc et cligna des yeux, confus et ensommeillé. Qu'est-ce-que c'était que cette histoire de monstres ?

"Tu as fait un cauchemar ? s'enquit-il devant les yeux cernés et terrifiés de son petit frère.

-Non, ils sont réels ! Ils grouillent sous les couvertures pendant que je dors. Nii-san, je peux venir ? S'il te plaît ! J'ai vraiment peur !

-D'accord, très bien. Viens avec moi si ça t'aide à te sentir mieux."

Reconnaissant, Naoya se dépêcha de se faufiler dans le lit de son frère.

"Qu'est-ce-que tu as ? s'inquiéta Naoto en adoptant une position assise. Tu es bizarre.

-Ce n'est pas de ma faute, c'est à cause des monstres, murmura Naoya en enlaçant résolument le bras de son frère et en fouinant contre sa peau tiède. Ils aspirent mon énergie vitale et ils me donnent mal aux yeux.

-Quoi ?"

Interloqué, Naoto regarda son frère serrer ses bras autour de sa poitrine en un énorme câlin. Depuis quand Naoya était-il aussi ouvertement affectueux ? Machinalement, Naoto referma ses bras autour de lui et l'attira plus près. Ce faisant, il perçut la chaleur suspecte de sa peau et ses vêtements légèrement humides et collants de transpiration.

"Tu as de la fièvre ? comprit-il en le redressant un peu sur son séant pour sentir son front."

Naoya acquiesça d'un murmure, mais tint à ajouter :

"C'est à cause des monstres dans mon lit. Ils me donnent chaud à force de s'agiter sans cesse.

-Oui, oui, j'en suis certain. En attendant, décréta Naoto tout en se libérant du câlin de son frère, tu vas prendre du repos. Je vais te chercher un médicament."

Le frère aîné glissa à bas du matelas et allongea Naoya sous les couvertures. Le jeune homme cligna des yeux d'un air misérable et s'accrocha sans un mot au col du t-shirt que son frère portait pour dormir.

"Naoya, lâche-moi, ordonna ce dernier avec patience. Je vais juste te chercher un médicament dans la trousse de secours de la salle de bain, d'accord ? Il n'y a aucune raison de s'inquiéter."

Naoya le fixa encore quelques instants de son regard de bébé chat désespéré et consentit enfin à le libérer de son emprise. Il se tourna faiblement sous les couvertures pour suivre le cheminement de son frère jusqu'à la salle de bain, puis son retour, doté des médicaments promis et d'un verre d'eau.

"Tiens, bois-ça, l'encouragea Naoto avec douceur en prenant place au bord du lit. Tu te sentiras mieux après."

Le malade avala les pilules en silence, les fit passer avec un peu d'eau puis tendit les bras à Naoto. Ce geste enfantin et tendre bouleversa le coeur de l'homme aux cheveux noirs, mais il émit pourtant une objection :

"Tu veux vraiment que je reste avec toi ? Ça ne va pas t'aider à récupérer si nous devons dormir à deux dans un lit simple.

-Nii-san... s'il te plaît... je me sens vraiment mal... tiens-moi dans tes bras... juste pour cette nuit..."

Le coeur de Naoto fondit. Il se laissa convaincre. De toute façon, il avait envie de faire des câlins à son frère, lui aussi.

"... D'accord."

Il souleva la couverture et se glissa de nouveau dans le lit aux côtés de Naoya, qui se colla aussitôt à lui en poussant un petit soupir soulagé. Mais le frère aîné interrompit sa douillette installation et se redressa sur un coude.

"Attends, ton pyjama est trempé. Je vais te chercher des vêtements de rechange."

Naoto quitta une nouvelle fois la chaleur des couvertures et de son frère qui brûlait comme une bouillotte et ouvrit le placard. Il parcourait du regard les affaires de Naoya, réfléchissant au vêtement sur lequel il allait arrêter son choix, lorsqu'une petite voix s'éleva :

"Nii-san ? Je peux utiliser un de tes sweat-shirts, s'il te plaît ? Je me sentirai plus en sécurité. Les monstres ne pourraient pas m'atteindre, même s'ils passaient par mes rêves."

Naoto renonça à comprendre la logique délirante que la maladie inspirait à son frère.

"D'accord. Mais c'est toi qui iras faire la lessive. Quand tu iras mieux.

-Hum..."

Le frère aîné choisit un de ses sweat-shirts, un vert foncé, puis referma la penderie. Il rejoignit son frère dont la petite tête brune émergeait à peine de sous les couvertures et l'aida à se déshabiller. Le pantalon de survêtement et le t-shirt tâchés de sueur atterrirent par terre près du lit, en une boule toute molle que Naoto repoussa du bout du pied, et le sweat-shirt trop large et trop long glissa sans problème sur la peau brûlante de Naoya. Une fois cela fait, l'aîné se remit au lit et installa Naoya dans ses bras, lequel se délectait visiblement de la douceur du vêtement trop grand de son frère contre sa peau. Il fut attiré dans un câlin bien chaud, et quand il posa sa tête contre la poitrine de son frère, il s'endormit presque aussitôt.

Il fallut bien plus de temps à Naoto pour trouver le sommeil. Il tenait son frère au sweat-shirt trop grand dans ses bras, et son odeur si familière lui emplissait le nez à chaque inspiration. Bien sûr, il ne se réjouissait pas le moins du monde que Naoya soit suffisamment malade pour chercher un peu de réconfort fraternel, mais il devait admettre que ça lui réchauffait le coeur d'avoir son petit frère blotti contre lui avec amour, comme si rien d'autre n'importait. Quand même bien Naoya brûlait comme un petit radiateur et que la sueur coulant sur ses joues, qu'il s'obstinait à frotter contre celles de Naoto dans son sommeil, lui empoissait la peau. A un moment, le frère aîné transpira tellement qu'il repoussa les couvertures du pied et les enroula toutes entières autour de Naoya, puis se rallongea à côté de lui sur le matelas, soulagé par la fraicheur de la chambre. Il finit par s'assoupir.

Lorsqu'il s'éveilla, la respiration haletante de son frère soulevait doucement la pointe de ses cheveux noirs. Il ouvrit les yeux et s'appuya sur un coude. Toujours serré dans son cocon de couvertures, Naoya avait les cheveux plein de transpiration et de fines gouttes de sueur traçaient des lignes sur ses joues. Naoto se redressa complètement, alerté.

"Naoya ? Hé, Naoya, tu m'entends ? s'inquiéta-t-il en secouant son frère par l'épaule."

L'interpelé se contenta de gémir d'inconfort et ne revint pas à lui. Sans attendre, Naoto quitta le matelas et contourna le lit pour libérer son frère du cocon de couvertures, qu'il laissa tomber au sol -elles étaient souillées de transpiration, de toute manière. Il le redressa en position assise sur le lit et essaya de lui faire rependre connaissance en le secouant doucement, malgré sa tête qui ballotait d'un côté et de l'autre.

"Merde..., jura silencieusement le grand frère en sentant son front bouillant."

Sans plus se poser de question, il empoigna Naoya à bras le corps et le traina jusqu'à la salle de bain. Là, il l'assit avec précaution contre le mur et se dépêcha d'ouvrir le robinet d'eau froide. Tandis que la baignoire se remplissait avec un chuintement régulier, Naoto débarrassa son frère de son sweat-shirt collant, le jeta en boule sur le carrelage et entreprit de faire reprendre connaissance à son cadet en lui tapotant les joues.

"Naoya ? Naoya ! Réveille-toi, allez !"

Ses supplications restèrent vaines. Naoya se bougea pas d'un cil. On aurait dit une poupée aux fils tranchés, gisant contre le mur sans réaction et sans force, comme sur le point de s'écrouler sur le carrelage à tout instant. Naoto serra les dents. Derrière lui, la baignoire se remplissait lentement mais sûrement, et le glougloutement de l'eau était tout ce qui lui rappelait qu'il restait encore un moyen d'aider son frère, de le soulager de cette terrible fièvre qui l'accablait. Dès que la baignoire fut pleine, il n'hésita pas : il empoigna Naoya à bras le corps et le traina jusqu'au bain glacé, préoccupé par ses jambes inertes qui glissaient sur le carrelage. Là, il souleva son frère dans ses bras et l'abaissa précautionneusement vers l'eau frémissante. Il espérait pouvoir installer Naoya dans la baignoire rapidement, mais à peine son pied eut-il rencontré la surface miroitante que le jeune homme reprit tout à coup connaissance et poussa un cri de surprise. Son corps fut agité d'un violent sursaut et il accusa un brusque mouvement de recul, s'accrochant désespérément au cou de son frère pour s'éloigner de l'eau.

"Naoya, qu'est-ce-que tu..., gargouilla Naoto, étranglé par les bras de son cadet et complètement déséquilibré par le poids de son corps qui était parti vers l'arrière.

-Nii-san, non ! Je ne veux pas y aller ! gémit Naoya.

-Naoya, ce n'est que de l'eau...

-Je ne veux pas !"

Naoto grogna et recula prudemment, puis se laissa tomber sur le siège des toilettes.

"Naoya, sermonna-t-il son petit frère encore cramponné à son cou. Ne fais pas l'enfant, monte dans cette baignoire !

-Non ! s'obstina le jeune homme en serrant les paupières aussi fort que possible.

-Pourquoi ?

-Si je rentre là-dedans, je ne pourrai plus jamais en ressortir ! L'eau va m'empêcher de nager et je vais me noyer !

-Naoya, c'est une baignoire. Tu as pied.

-Non ! C'est un abîme au milieu de l'océan ! Nii-san, comment peux-tu ne pas le voir ?"

Naoto soupira tandis que Naoya se recroquevillait dans ses bras et paraissait vouloir s'éloigner le plus possible de l'étendue miroitante. Sa peau était toujours brûlante mais son corps accusait de violents frissons, Naoto ne savait pas si c'était de peur ou de froid. Quoi qu'il en soit, il ne pouvait pas laisser son frère dans cet état, et comme son cadet paraissait sourd aux arguments raisonnables, il résolut d'employer la manière forte. Naturellement, Naoya le sentit et tenta d'échapper aux bras de son frère, qui l'empoigna fermement.

"Non, Naoya, tu n'iras nulle part avant d'avoir pris ce bain ! déclara sévèrement Naoto. Ton état va empirer si tu restes comme ça !

-Je ne veux pas, Nii-san ! Je ne veux pas ! Lâche-moi !"

Sourd à ses supplications, Naoto se releva, bloqua les membres agités de son petit frère et le porta à la baignoire, dans laquelle il l'immergea jusqu'aux épaules. Naoya se débattit mais son aîné était beaucoup plus fort que lui, plus la fièvre qui l'affaiblissait terriblement, et finalement, il dut se résoudre à abandonner la lutte. Son corps se relâcha et Naoto abandonna prudemment ses épaules. Tremblant, il ramena ses membres contre sa poitrine et tourna résolument la tête. Son frère soupira, coupable et blessé par cette fâcherie, mais il répliqua :

"Je fais ça pour ton bien, Naoya. Ta fièvre ne fera qu'empirer si tu ne te rafraichis pas. Et je ne laisserai pas ça arriver."

Il se releva et quitta la pièce pour aller nettoyer la chambre, laissant Naoya seul dans l'eau froide. Le malade renifla, autant de froid que de chagrin, rendu encore plus sensible par la fièvre. Il en voulait à son frère de l'avoir forcé à quelque chose dont il n'avait pas envie, et il ne voulait plus lui adresser la parole. Cependant, plus il passait de temps à tremper tout seul dans la baignoire glacée, avec pour fond sonore le remue-ménage de Naoto dans la pièce d'à-côté, plus il se sentait faible et malheureux, et plus il avait envie de pleurer. A la fin, il aurait donné n'importe quoi pour que son aîné revienne et lui donne un peu de réconfort, pour qu'il se sente moins triste et moins vulnérable. Heureusement, Naoto se tarda pas à regagner la salle de bain, des vêtements propres à la main.

Il tiqua devant les yeux suppliants de Naoya, qui visiblement avait fini de bouder, et s'accroupit près de la baignoire.

"Est-ce-que tu te sens mieux ? demanda-t-il doucement en palpant son front."

Le malade répondit par un murmure et se laissa extirper de l'eau froide. Naoto l'assit sur le tapis de bain et l'essuya doucement de l'épaisse serviette blanche, puis l'aida à enfiler des vêtements propres -un autre de ses sweat-shirts, puisque Naoya était si insistant à ce sujet. Après quoi, il le raccompagna à la chambre et le recoucha. Son regard préoccupé s'attarda un moment sur la forme frissonnante recroquevillée sous les couvertures et son coeur balança entre deux options : attendre de voir si l'état de son frère allait s'arranger tout seul, ou aller lui chercher un médicament plus efficace. C'était le matin, la ville s'était réveillée et les pharmacies devaient être ouvertes, cependant il ne pouvait pas se résoudre à laisser Naoya tout seul alors qu'il était si faible. D'une part, son frère ne voudrait jamais le laisser partir, d'autre part, que se passerait-il si son état empirait pendant son absence ? Mais attendre qu'il se rétablisse de lui-même semblait hors de question : outre le fait qu'il n'allait pas supporter longtemps d'être aussi mal, le frère aîné ne voulait pas que sa maladie s'aggrave.

"Nii-san...

-Oui, je suis toujours là."

Naoto s'accroupit au bord du lit mais ne toucha pas son cadet, de crainte qu'il lise dans ses pensées.

"Tu as besoin de quelque chose, Naoya ? s'enquit-il doucement. A boire, à manger, plus de couvertures ?"

Au lieu de répondre, le jeune homme tendit une main hors du lit.

"Non... Rien de tout ça, je voudrais... enfin... j'aimerais que tu...

-Oui ?

-Me tiennes la main. S'il te plaît."

Il était difficile de dire non aux yeux misérables de Naoya. Cependant, Naoto hésita. Il ne voulait pas que son frère le saisisse à bras-le-corps et l'empêche de bouger si jamais il découvrait son intention de sortir à la pharmacie la plus proche.

"Heu...

-Qu'est-ce qu'il y a, Nii-san ? s'inquiéta Naoya. Tu penses que je suis contagieux ?"

Sans le savoir, son frère venait de lui fournir un argument imparable.

"Heu... Oui, peut-être, acquiesça Naoto -et ce n'était presque pas un mensonge. Essaie de te reposer encore un peu, d'accord ? Je serai juste à côté."

Il s'isola dans la salle de bain pour se rafraichir le visage et s'habiller. Son pyjama disparut dans la corbeille à linge sale avec le sweat-shirt qui trainait sur le sol. Il n'était pas malade, mais il était couvert de presque autant de transpiration que son frère. Il savait bien que dormir ensemble était une mauvaise idée. C'était l'une des nuits les moins reposantes qu'il avait jamais passées.

Le temps qu'il revienne dans la chambre, Naoya s'était assoupi comme une masse. Les lèvres entrouvertes, il respirait par la bouche et ronflotait doucement. Naoto lui toucha légèrement la joue pour voir s'il allait se réveiller, puis, n'obtenant aucune réponse, il se prépara silencieusement à sortir. Ses chaussures, son manteau, et les clés de la chambre dans une main, il jeta un dernier coup d'oeil à son cadet endormi et quitta la pièce. Dans le couloir, il se dit qu'il aurait peut-être dû laisser un mot, au cas où Naoya se réveillerait. Puis il haussa les épaules. Son frère se débrouillerait très bien le temps qu'il revienne. Et puis, il ne serait pas long.

A la pharmacie, encore presque déserte à cette heure matinale, il acheta un médicament un peu plus efficace que celui déniché dans la trousse de secours, et une compresse en plastique censée garder la fraicheur quand on la mettait au congélateur, pour servir ensuite à apaiser la fièvre. Il fit aussi un saut dans une épicerie pour acheter de la soupe de poulet instantanée et de la compote en bocal, puis il s'engagea sur le chemin du retour. Le ciel très clair était zébré de stries oranges et roses, plus quelques nuages blancs qui dérivaient paresseusement vers l'ouest et Naoto huma l'air matinal. Si son frère n'avait pas été aussi malade, il l'aurait volontiers trainé dehors pour se promener dans la ville avec lui.

Cependant, ses pensées réjouies furent coupées net lorsqu'il franchit la porte automatique de l'hôtel. Quelques clients étaient amassés dans le salon de l'entrée et semblaient tous focalisés sur les escaliers, devant lesquels se tenait un groupe de plombiers. Naoto fronça les sourcils, intrigué, et se dirigea vers la réceptionniste.

"Excusez-moi, que se passe-t-il ici ? se renseigna-t-il.

-Oh, eh bien, plusieurs clients nous ont avertis d'une fuite d'eau qui provient de la chambre soixante-quatre, répondit la femme. Comme personne ne répondait à la porte, ces messieurs sont là afin de la forcer et de découvrir ce qu'il en est."

Naoto ne l'écoutait déjà plus, le coeur battant.

La chambre soixante-quatre... C'est notre chambre !

Il se précipita vers les plombiers prêts à monter à l'assaut de la porte.

"Excusez-moi, mon frère se trouve à l'intérieur de la chambre dans laquelle vous vous apprêtez à monter, déclara-t-il très vite au premier employé qu'il trouva sur son chemin. Vous n'avez pas besoin de défoncer la porte, j'ai les clés sur moi !

-Oh. C'est une bonne nouvelle, concéda le plombier. Cependant, notre collègue est déjà monté pour casser la porte... Je ne saurais que trop vous conseiller d'appeler votre frère pour le prévenir que... ou d'arriver avant lui, termina l'homme dans le vide, car Naoto s'était précipité dans les escaliers."

Au moment où il arrivait au tournant du couloir où se trouvait leur chambre, essoufflé, il entendit un fracas assourdissant, puis Naoya qui poussait un cri terrifié.

"Naoya !"

Il accéléra le pas et déboula sur le seuil de la chambre pour trouver l'employé accroupi près de son frère, qui était recroquevillé contre le placard de l'entrée, les cheveux complètement désordonnés et ses yeux rougis de fièvre écarquillés avec horreur.

"Non ! Ne le touchez pas ! cria Naoto en voyant l'homme tendre la main vers l'épaule de son frère."

Sans réfléchir, il lâcha son pouvoir et repoussa le plombier en arrière. Celui-ci tomba sur les fesses, abasourdi, et Naoto en profita pour le contourner et se précipiter vers son frère.

"Naoya ? Naoya, est-ce-que ça va ? Qu'est-ce-que tu fais hors du lit ?"

Naoya ne répondit rien au début. Il tremblait de tous ses membres, les yeux agrandis de peur.

"Excusez-moi, est-ce qu'il y a un problème avec, heu... ce garçon ? s'inquiéta l'employé en se redressant sur ses jambes chancelantes."

Naoto s'étonna qu'il ne se pose pas de questions à propos de ce qui venait de lui arriver. Sans doute pensait-il avoir perdu l'équilibre tout seul.

"Il a eu peur, c'est tout, répondit-il laconiquement, les mains posées sur les épaules de son frère. Pourquoi avoir défoncé la porte comme ça ?

-J'ai toqué pour savoir s'il y avait quelqu'un, mais personne n'a répondu."

Sur la moquette de la chambre, Naoya continuait de trembler, les mains accrochées aux avant-bras de son aîné. Naoto s'inquiéta de ne rien l'entendre dire, avant de remarquer qu'il avait les lèvres trop sèches pour parler. Soucieux, il lui caressa les épaules.

"Naoya, tout va bien. Calme-toi.

-Nii... Nii... -san..., balbutia le jeune homme.

-Oui, je suis là."

Naoto jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule et suivit du regard le plombier qui s'était aventuré dans la salle de bain pour faire son travail. Il ne l'avait pas remarqué en arrivant, tout à sa précipitation d'atteindre Naoya avant cet inconnu, mais le couloir était inondé par au moins cinq centimètres d'eau. Il souleva son talon et observa la tâche sombre qui s'agrandissait sur sa jambe de pantalon. Pendant que le plombier fabriquait il ne savait quoi avec la baignoire, Naoto entreprit de remettre son frère debout et de le guider jusqu'au lit. Naoya paraissait encore plus faible que quelques heures plus tôt, et l'aîné s'en inquiéta en silence.

"Je ne comprends pas, monologuait l'homme dans la pièce d'à côté. La baignoire n'a rien, pareil pour le lavabo, alors qu'ils fuyaient il y a encore une minute ! Qu'est-ce-que c'est que cette histoire ?"

Naoto remonta la couverture sur la poitrine de son petit frère et eut un geste pour se redresser et aller voir ce qu'il en était, mais tout à coup Naoya l'attrapa au niveau du torse et essaya de le tirer en avant.

"Est-ce-que tout va bien avec la baignoire ? s'enquit-il plutôt en haussant le ton pour se faire entendre du professionnel".

L'homme revint dans la chambre, l'air perplexe.

"Tout est en parfait état, répéta-t-il. Il n'y a aucun problème.

-Mais alors, toute cette eau... ?

-Les canalisations de votre chambre ont cessé de couler toutes seules. On dirait même qu'il n'y a jamais eu le moindre problème. Je ne comprends pas.

-C'est bizarre..."

Il était néanmoins soulagé. Ça n'aurait pas été de tout repos de voir défiler un cortège d'ouvriers dans leur chambre alors que Naoya était si mal. D'ailleurs, il essaya de se libérer de l'éteinte de son frère qui lui compressait la poitrine, mais finit rapidement par renoncer.

"Et pour la porte ? se renseigna-t-il.

-Oh, nous allons envoyer quelqu'un pour la réparer tout de suite. L'hôtel n'aura plus qu'à voir avec son assurance."

Le plombier quitta les lieux après les avoir salués. Naoto fixa de nouveau son attention sur son frère.

"Bon. Est-ce-que tu sais ce que c'était ? demanda-t-il. D'où venaient les problèmes d'eau ?

-C'est à cause des monstres qui vivent dans les abysses, geignit Naoya en raffermissant son étreinte. J'ai cru qu'ils t'avaient emporté !

-Calme-toi, soupira son frère. Tu vois bien que je suis là."

Il lui caressa la tête pour l'apaiser. Ses cheveux étaient trempés et collants, mais malgré cette sensation désagréable, Naoto continua de passer doucement ses doigts entre les mèches en berne, et Naoya ferma les yeux et poussa un soupir. Après quelques minutes silencieuses de papouilles, le jeune homme tenta d'entrainer son frère en avant sur le lit.

"Non, attends une minute ! protesta Naoto en faisant de son mieux pour ne pas lui tomber dessus. Je veux que tu prennes le médicament que je t'ai rapporté, d'abord.

-Mais ça ira mieux si je me tiens à toi !

-Je doute que ça fonctionne comme ça, Naoya. Allez, lâche-moi. Ta fièvre m'inquiète."

Il se libéra enfin des bras affectueux et prépara le cachet. Il profita de ce que son frère l'avalait docilement pour ôter ses chaussures et son manteau avec un soupir d'aise. La porte était toujours à moitié défoncée, maintenue en place par ses attaches métalliques, et un responsable de l'hôtel dressait l'étendue des dégâts avec le plombier auquel Naoto s'était adressé. L'homme aux cheveux noirs envisagea d'aller à leur rencontre pour leur demander quand ils comptaient remplacer la porte, mais la voix geignarde de Naoya qui l'appelait le fit changer d'avis. Il retourna vers le lit.

"Nii-san, tu peux venir avec moi, maintenant ? gémit le jeune homme. J'ai peur..."

Naoto soupira.

"Oui, j'arrive."

Préoccupé, il sortit le bocal de compote qu'il avait acheté de sa poche en plastique et dévissa pensivement le couvercle. C'était vrai, la fièvre de Naoya l'inquiétait. Non, elle l'alarmait. Son frère ne se comportait plus comme d'habitude. Il n'arrêtait pas de gémir et de chercher ses caresses, alors que sa personnalité était normalement beaucoup plus affirmée. Certes, il lui arrivait d'être terrorisé et de venir chercher sa protection et son réconfort, de rester en retrait derrière lui pour décourager le contact avec les autres, d'avoir besoin qu'il soit là pour le consoler et le rassurer. Mais il avait acquis une plus grande force de caractère au cours de ces derniers mois, depuis leur évasion du centre de recherche. Désormais, il faisait face au danger, et même s'il avait peur -car il restait tout de même très impressionnable, et facile à effrayer-, il prenait sur lui et faisait de son mieux pour soutenir son frère. Sans compter le fait qu'il n'était déjà pas démonstratif à la base. Même lorsqu'ils étaient enfants, c'était pratiquement toujours Naoto qui prenait l'initiative des câlins.

On pouvait donc comprendre que le comportement de Naoya causait d'autant plus de soucis à l'homme aux cheveux noirs.

"Comme je ne savais pas ce que tu pourrais manger, je t'ai acheté de la compote, déclara Naoto en repêchant une cuillère dans le tiroir du bureau. Il faut que tu continues à t'alimenter si tu veux reprendre des forces.

-D'accord..."

Le frère aîné s'assit au bord du lit et abandonna le pot de compte dans les mains moites du malade, qui essaya tant bien que mal de saisir la cuillère sans trembler. Mais ses gestes étaient si saccadés que Naoto lui reprit l'ustensile et le récipient au bout de quelques minutes et entreprit de le nourrir lui-même. Il plongea la cuillère dans l'épaisse substance sucrée, d'une belle couleur orange, et la porta patiemment à la bouche de son frère. Celui-ci hésita un instant mais finit par tendre le cou et refermer ses lèvres autour de la tête de l'ustensile. Au début, les deux frères se sentaient un peu gênés par cette situation plutôt embarrassante, mais ils s'y firent assez vite et bientôt, cela devint un geste normal.

Alors qu'il essuyait un peu de compte au coin des lèvres de son frère, Naoto s'arrêta.

"Qu'est-ce qu'il y a ? murmura Naoya.

-Oh... rien. Ça me rappelle simplement..."

Il touilla distraitement la purée de fruits et en remplit une nouvelle cuillère.

"Ça m'a juste rappelé quand nous étions enfants, avoua-t-il en enfournant la compte dans la bouche de Naoya. Maman... me laissait te donner ton dessert, de temps en temps. Généralement, c'était de la compote. Je viens de m'en souvenir."

Naoya demeura silencieux. Le petit-déjeuner se poursuivit, puis il finit par admettre :

"J'aimerais pouvoir m'en souvenir.

-Oh, il n'y pas grande chose à se rappeler, commenta Naoto en raclant le fond du pot. A moins que tu ne veuilles te souvenir que tu en mettais partout par terre ? Ça rendait Papa complètement fou, à chaque fois.

-C'est vrai ?

-Oui. D'ailleurs, je ne comprends pas comment c'était possible. Tu voulais tout le temps manger, comment ça se fait que tu t'amusais à en laisser tomber par terre ?

-Heu... Je... je ne sais pas..."

Naoya l'observa à la dérobée, malgré ses paupières lourdes, tandis que son aîné lui donnait sa dernière cuillère de compote. Pourquoi son frère se mettait-il à évoquer leur passé, tout à coup ? Surtout avec un ton aussi léger. Ça ne lui ressemblait pas.

"Nii-san ? murmura-t-il.

-Oui ?

-Tu peux... continuer ?

-A faire quoi ?

-A continuer de parler de ça..."

Naoto alla remplir la carafe d'eau à la salle de bain sans répondre, et Naoya continua de le fixer avec espoir tandis qu'il remplissait un verre pour lui.

"Comme je l'ai dit, il n'y a pas grand chose à raconter, soupira le grand frère. Tu passais ton temps à manger, lorsque tu étais petit. Tu essayais toujours d'attraper ce qui trainait sur la table depuis ta chaise haute, à l'heure des repas. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle Maman ne me laissait pas te donner à manger trop souvent. Elle disait que je cédais trop à tes caprices. Tiens, bois-ça. C'est important de s'hydrater quand on est malade."

Au cas où il aurait encore du mal à tenir les objets tout seul, Naoto le bascula légèrement en arrière sur son bras replié et lui porta le verre d'eau aux lèvres. Pris au dépourvu, Naoya but rapidement l'eau qui arrivait et en même temps, il capta la nouvelle image qui s' était imposée dans l'esprit de son frère.

Il vit un souvenir flou et incomplet, sans doute trop lointain dans la mémoire de Naoto. Mais elle montrait l'homme aux cheveux noirs lorsqu'il était encore un jeune enfant, pratiquement dans la même posture qu'il avait à cet instant. Assis sur un canapé, le bras droit replié, l'autre main tenant un biberon rempli de lait. Et sur ses genoux, la tête posée sur le bras qui faisait office d'oreiller, se trouvait bébé Naoya.

Le vrai Naoya poussa un long soupir. Naoto éloigna le verre maintenant vide.

"Qu'est-ce qu'il y a ? se renseigna-t-il devant le sourire béat de son frère.

-Ton souvenir...

-Mm ?

-Celui que tu viens de voir... je l'ai vu aussi.

-Oh."

Naoto le recoucha dans le lit et se retourner pour poser le verre sur la table de nuit.

"Je l'aime, déclara Naoya avec un sourire fatigué.

-Quoi donc ?

-Le souvenir.

-Oh. Oui. Je l'aime aussi."

Cette fois-ci, Naoto n'attendit pas que son frère le lui redemande pour se ménager une place sous les couvertures avec lui. Il s'allongea face à Naoya et l'attira silencieusement entre ses bras, le laissant se blottir tout à son aise contre lui. Son petit frère fouina et frotta longuement sa tête contre sa poitrine avant de décider où s'y nicher et de cesser de bouger. Distraitement, Naoto joua avec les mèches de cheveux qui rebiquaient derrière sa tête tandis que son frère l'enlaçait par la taille. Il l'observa pendant quelques minutes, et au moment où il ouvrait la bouche, Naoya chuchota :

"Pourquoi est-ce-que tu es parti comme ça, tout à l'heure, Nii-san ?

-Je te l'ai dit. Je devais aller t'acheter un meilleur médicament, répondit Naoto d'une voix douce. Je ne voulais pas te réveiller pour ça. Et puis, admit-il en ajustant son bras sous la tête de son frère, tu ne m'aurais jamais laissé partir, n'est-ce-pas ?"

Naoya se contenta de froisser et de défroisser le tissu de sa chemise dans son poing pendant de longues minutes. Naoto recommença à lui lisser les cheveux.

"Oui, avoua finalement le frère cadet d'une petite voix. Je me sens tellement... vulnérable, quand tu n'es pas là.

-Naoya..."

L'aîné bougea pour essayer de voir son visage fiévreux dans la pénombre de la pièce -il n'avait pas ouvert les rideaux pour que le malade puisse se reposer. Naoya lui renvoya un regard un peu coupable, mais surtout très affaibli.

"Naoya, tu sais prendre soin de toi-même, maintenant, lui rappela Naoto. Tu saurais très bien te débrouiller sans moi.

-Non !"

Et voilà que son petit frère roulait plus près de lui et enfouissait son visage contre sa poitrine.

"Naoya, je ne suis pas en train de dire que je vais te laisser tomber, protesta Naoto tandis que l'étreinte de son cadet lui comprimait le ventre. Seulement que tu n'as plus besoin de moi pour te débrouiller.

-Ce n'est pas vrai, Nii-san, affirma Naoya d'une voix étouffée par le tissu de sa chemise."

Il ne dit rien de plus, et Naoto renonça à en apprendre davantage. De toute façon, vaincu par la fièvre, Naoya s'était endormi. Comme il avait pris peu de repos durant la nuit, il s'assoupit à son tour.

Les heures qui suivirent furent un peu incertaines pour Naoto. Tandis que le soleil croissait dans le ciel derrière les rideaux tirés, il alterna périodes d'attente avec périodes de réconfort. Quand Naoya dormait, le frère aîné somnolait un peu, ou il attrapait le livre qui trainait sur sa table de nuit et, à la lueur de la lampe de chevet, poursuivait sa lecture là où il l'avait laissée. Son frère se réveillait à intervalles irréguliers, souvent en sursaut, et pendant quelques secondes, il tâtonnait avec appréhension le long du matelas si d'aventure Naoto avait commis l'erreur de rouler un peu trop loin, à la recherche de son bras ou de sa main à attraper. Evidemment, Naoto le ramenait toujours contre lui et faisait en sorte de lui donner à boire, de décoller les cheveux qui empoissaient sa nuque ou de le serrer dans ses bras quand il avait trop peur. Les premières heures de la journée passèrent et il finit par comprendre que quelque chose ne tournait pas rond.

La fièvre de son frère ne baissait toujours pas.

Le jeune homme haletait, faiblement étendu sur ses genoux, la tête contre sa poitrine et les doigts mollement passés dans l'échancrure de sa chemise. Il n'avait presque plus de forces, et cela terrifia Naoto.

"Ce n'est pas normal..., souffla le grand frère. Les médicaments auraient dû faire effet au moins pendant quelques heures !"

Sans répondre -il n'avait plus la force de parler-, Naoya passa ses bras autour du cou de Naoto et attira sa tête contre la sienne afin de pouvoir enfouir son visage contre sa clavicule. Il brûlait tellement que le frère aîné lui-même s'en sentit incommodé, mais il rapprocha tout de même Naoya de son coeur, comme pour empêcher la maladie de submerger le corps affaibli de son frère et de l'emporter telle une marée destructrice. Il lissa et caressa longuement ses cheveux tout poisseux, en un geste presque désespéré qui attira l'attention de son frère. Celui-ci ôta sa tête de dessous son menton et tenta de maintenir bravement les yeux levés pour fouiller ceux de son aîné. Sa bouche sèche articula silencieusement "Nii-san" et "Ne t'inquiète pas", mais cela ne fit qu'attiser l'angoisse de Naoto, qui attira de nouveau la tête de son frère contre sa poitrine et s'accrocha à lui de toutes ses forces.

Il sentait confusément que son petit frère était en train de mourir et cela l'épouvantait au-delà des mots. Ses forces menaçaient de le quitter lui aussi, et, il devait user de toute sa volonté pour ne pas laisser cette vague de désespoir et de peur l'emporter. Quant à Naoya, il était au-delà de toutes ces considérations; il voulait juste que son grand frère le tienne entre ses bras et continue de le bercer doucement contre son coeur, rien de plus. Il n'avait presque pas conscience que son état d'affaiblissement extrême était pire qu'alarmant. Son cerveau embrouillé par la fièvre ne parvenait à se focaliser que sur deux choses : la douleur qui l'épuisait et les bras câlins de son frère. Même son pouvoir semblait s'être endormi et il ne captait même plus les pensées de Naoto. Aussi cela lui tordit-il d'autant plus le coeur lorsque son frère gémit tout à coup :

"Naoya, tu ne peux pas me faire ça ! Reste avec moi, je n'en prie ! Ne... ne me laisse pas tout seul !"

Naoya aurait voulu trouver la force de répondre quelque chose; rassurer son frère, le consoler, essayer de le convaincre que sa fièvre n'était pas si grave, que ce n'était sûrement qu'une grippe passagère. Il y croyait lui-même autant que c'était possible avec la faiblesse extrême qui l'accablait, mais il ne pouvait en informer son frère. Tout juste eut-il la force de relever un peu la tête, mais comme elle était calée sous le menton de Naoto, il ne parvint pas à rencontrer ses yeux.

"Naoya, s'il te plaît... s'il te plaît, ça ne peut pas arriver ! Je refuse que ça arrive !"

Péniblement, le jeune homme tenta à nouveau d'articuler "Nii-san", mais sa bouche sèche ne produisit pas le moindre son. Il ne parvint pas plus à exhaler un souffle surpris lorsque Naoto attira de plus belle sa tête contre sa poitrine avec désespoir.

"Je ne laisserai pas ça arriver ! Jamais !"

Naoya aurait aimé être capable de rétorquer qu'il ne pouvait pas y changer grand chose. Mais sa tête pulsait comme un compteur au bord de l'explosion et dissimuler son visage brûlant contre la douce chemise de son frère était tout de même une perspective bien plus attrayante. Mais Naoto ne lui en laissa pas le temps; il l'écarta tout à coup de lui pour le recoucher dans le lit et bondit rapidement à bas du matelas. Cette fois, Naoya n'eut même pas la force de protester, même si la sensation d'être aussitôt beaucoup trop vulnérable l'horrifia.

Naoto se saisit du téléphone de leur chambre d'hôtel, composa un numéro à la va-vite, laissa passer trois sonneries. Juste avant la quatrième, on décrocha. Le frère aîné ne laissa pas le temps à son interlocuteur de comprendre ce qui lui arrivait, il entonna sans détour :

"Naoya a contracté une maladie très grave, vous devez faire quelque chose pour le soigner !"

Il accorda à peine trois secondes à son interlocuteur pour s'étonner, probablement balbutier un "Naoto..." surpris, et poursuivit :

"Vous êtes médecin aussi, il me semble ! Et votre centre grouille de chercheurs, alors je ne vous laisse pas le choix ! Vous allez aider mon frère, autrement je... je..."

Il semblait sur le point de craquer. D'étouffer un sanglot sans larmes, peut-être. Mais la voix au téléphone sembla conciliante, et visiblement l'homme aux cheveux noirs obtint ce qu'il voulait :

"Très bien, nous arrivons tout de suite. A bientôt."

Naoto raccrocha brutalement et se tourna vers son cadet, faiblement pelotonné sous les couvertures du lit de son frère. Les draps se soulevaient et retombaient au rythme de sa respiration saccadée.

"Naoya, nous retournons au centre de recherche. Mikuriya va t'aider à aller mieux."

Il l'espérait. Mais s'il y avait une chance, une seule, il devait la saisir. Retourner dans cet endroit maudit, détesté, celui où on les avait enfermés dès leur plus jeune âge. Mais peu importait. Pour Naoya, il le ferait. Ils pouvaient bien se retrouver de nouveau prisonniers, Naoto n'en avait cure. Pour son frère, il ferait n'importe quoi. Même les choses les plus insensées.


Je ne sais pas où je vais avec ça, mais j'y vais x3 Je ne sais pas non plus ce que je vais en faire, mais j'espère que ça donnera quelque chose de bien. Enfin, c'est Night Head Genesis. Ça ne peut QUE donner quelque chose de rien éwè

En tout cas, y'a presque trop de fluff x3 Mais ahhhh, le fluff !

Naoto et Naoya sont juste parfaits, je les adore ;w;

Et c'est bien pour ça qu'ils douillent dans toutes les histoires. Rien de mieux pour leur faire faire plein de fluff.

Mais cette fanfic devrait avoir un peu plus de profondeur. Enfin, j'espère. Je ferai de mon mieux.