Titre : le sexe
des anges
Auteur : ylg
Fandom : Good
Omens
Personnages/Couple : Crowley, Aziraphale
Rating
: R / M
Disclaimer : Terry Pratchett et Neil Gaiman
Thème
: transformation + UST pour 31 jours
Fic
classée première et gagnante de la « catégorie
spéciale » (tension sexuelle non résolue) au vote de décembre. J'ai
honte, j'm'étais pourtant promis de ne jamais présenter
de scène de cul à une élection de fic XD
Le comité de censure vous certifie qu'aucune tasse de chocolat chaud n'a été molestée pendant l'écriture de cette lamentable scène. En revanche, la vulgarité et le mauvais goût y ont pris quartier libre.
oOo
Ça
n'était pas tout d'avoir convaincu Aziraphale de coucher
avec lui, se rendait compte Crowley.
(Chut, non, ne demandez pas
comment il a fait. Secret professionnel.)
Parce que pour
l'instant, il n'avait qu'un accord de principe. Passer à
la pratique était un peu plus… ardu.
Ça avait bien
commencé, pourtant. Et maintenant, le démon se trouvait
au centre d'un problème métaphysique de premier
ordre. Reprenons logiquement, se dit-il : il y avait eu des mots
d'agrément, des baisers, comme c'était à la
mode à cette époque et dans ce coin de terre, des
enlacements, un effeuillement en règle. L'ange appréciait
ses gestes, il en était sûr, et les rendait de son
mieux.
Restait juste, un problème, il n'allait pas dire
« de taille » parce qu'à ce stade il n'était
même plus question de taille. Pas exactement un « os »
non plus. Ni une « couille dans le potage », passez-lui
l'expression. Pendant qu'il s'évertuait à trouver
le mot juste pour lui faire remarquer, Aziraphale nota quand même
que quelque chose n'allait pas et lui en fit question.
Crowley
regretta d'avoir ôté ses lunettes noires et de ne pas
pouvoir les remonter pour se donner une contenance.
«
Hum. Tu n'as pas l'impression qu'il manque quelque chose
?
-Quelque chose ? »
Aziraphale chercha désespérément.
Ils avaient échangé les mots et les marques d'affection
d'usage. Ils avaient gagné le lit plutôt que de faire
ça sur la moquette du salon. Il avait même pensé
à tirer les rideaux pour épargner le spectacle aux
voisins. Le répondeur de Crowley enverrait balader d'éventuels
importuns. Qu'oubliaient-ils ?
« Euh… un anneau ?
»
Crowley cligna des yeux. Plusieurs fois.
C'est fou
comme il ressemble à un serpent quand il fait ça, se
dit Aziraphale, mais c'est normal après tout… Mais bref :
auraient-ils dû attendre le mariage pour faire cela ? Ça
serait embêtant que Crowley pense cela, tout de même
!
'Faudrait d'abord quelque chose sur quoi l'enfiler !Crowley se retint juste à temps de prononcer ces mots. Lui
qui trouvait toujours à baratiner et convaincre n'import qui
de n'importe quoi, voilà qu'il hésitait sur les
explications à donner.
« Euuh, n-non. Pas
précisément.
-Alors quoi ? Pas ces machins que les
humains appellent préservatif ? On n'en a pas exactement
besoin, quand même. »
Aziraphale contempla, incrédule,
Crowley tomber à court de mots. Pire, renoncer à un
projet en cours. Le démon quitta leur position couchée
pour adopter celle du Penseur de Rodin.
« Non,
effectivement, on n'en a pas besoin. Surtout toi.
-Quoi, moi
?
-Ne te vexe pas, mais tu as comme qui dirait un défaut
mécanique. »
Un défaut mécanique ?
Impensable ! Aziraphale entretenait correctement son corps. Quand
il ne s'oubliait pas pendant des jours et des jours d'affilée
dans ses vieux livres, il mangeait sainement et faisait de
l'exercice, notamment en ralliant l'étang de Saint-James's
Park à pied. Il s'inspecta de haut en bas. Tout avait l'air
parfaitement en ordre… À moins que…
«
Oh.
-He. »
Effectivement, réalisa-t-il enfin : ne
se servant jamais de cette fonction-là d'habitude, il n'y
avait pas pensé…
« Hum. Est-ce si important ? Dans
les… œuvres que tu apprécies tant, on n'a besoin que d'un
seul de ces organes à la fois. Et tu es largement pourvu, de
ce côté, n'est-ce pas ? »
Crowley se racla la
gorge, hésitant entre remercier pour le compliment et
poursuivre son idée. Il choisit de poursuivre. L'ambiance
était complètement retombée, de toute façon
: un peu plus, un peu moins…
« C'est pas la question. Ça
ne marchera pas comme ça. Écoute, tu vas sans doute
trouver ça bizarre de ma part, mais…
-Mais quoi ?
-Ça
ressemble à rien, là !
-J'aurai tout entendu ! Toitu as besoin d'un cadre conventionnel ?
-J'ai besoin de
savoir à quoi je fais l'amour, oui.
-À quoi
?
-Oui, quoi. Je sais parfaitement à qui, merci beaucoup,
mais c'est pas seulement ça. Un homme ou une femme ou tout
ce qu'il y a entre les deux, naturel ou non… Stop, ne
m'interromps pas là-dessus, je sais que ça existe,
les gens qui naissent hermaphrodites ou qui modifient leur corps
volontairement. »
Aziraphale sembla sur le point de
faire une remarque sur ce sujet, mais heureusement se ravisa. Par
pitié, qu'il ne soit pas question de Création Divine
à ce moment-là !
« Mais là,
continua Crowley, je ne peux pas. Il n'y a rien.
-Il n'y
a jamais entièrement rien. Et il me semblait que ce jeu était
avant tout une question de créativité… »
Il
est dit que les anges ne créaient pas, ne font que reproduire
l'œuvre du Patron. Mais là n'était pas la
question.
« Si, rien. Rien de rien. Tu as bien des mains,
une bouche, mais pour ce qui est des « parties importantes »,
pas même un trou : je ne peux pas être créatif
là-dessus.
-Oh. J'ai oublié ça aussi
?
-Oui, tu as oublié ça aussi. »
L'ange
laissa passer un silence contrit avant de demander :
«
Est-ce vraiment si « important » ? Si toi tu es équipé
à ta convenance...
-Ben… c'est une question d'équité,
tu vois ? Pas forcément qu'on soit identiques, ni
entièrement complémentaires, enfin, qu'on ait chacun
quelque chose…
-Le mot que tu cherches, est-ce «
réciprocité » ?
-Ouais. Quelque chose comme
ça.
-À une époque, les démons se
contentaient de prendre ce qu'ils voulaient sans rien donner. La
réciprocité, ils s'en souciaient comme d'une
guigne.
-Oh, pas que, fanfaronna Crowley : les guignes, on peut en
faire plein de trucs ! »
Mais un ange bien élevé
ignorait ce genre de réparties douteuses.
« Bref.
Pourquoi t'en préoccuper ? sérieusement ?
-Qui te
dit que donner n'est pas un moyen d'induire plus avant en
tentation, hm ? »
Aziraphale médita cela, et garda sa
conclusion pour lui, avant de revenir au problème premier :
« Ça
peut s'arranger. Il suffit de demander.
-C'est ce que
j'essaie de faire depuis tout à l'heure.
-Et bien
maintenant que le message est passé, que veux-tu que je fasse
? »
Dans quel contexte avait-on parlé de créativité,
déjà ?
« Quelle apparence veux-tu que je
prenne ? » insista Aziraphale.
En pure perte hélas
; c'était peut-être déjà trop tard.
Crowley n'était plus d'humeur. Bon… mais peut-être
qu'une petite séance de morphing pourrait remettre la
machine en route ?
« Je ne me sentirais pas très à
l'aise dans le corps d'une femme, avoua l'ange, mais si c'est
ce que tu préfères, au niveau des, hum, organes… »
Il
y avait de quoi y réfléchir : Aziraphale avec son corps
tout plat, son ossature et sa musculature masculines, et entre les
cuisses un minou tout doux tout chaud ? L'image était
sérieusement dérangeante. Mais en même temps,
assez sulfureuse pour avoir un charme d'un genre particulier.
«
Ou au contraire si une virilité triomphante t'attire plus ?
»
…Soit, un Aziraphale monté comme un âne ?
C'était tentant aussi. Dans un sens bien plus conventionnel.
Quoi qu'il en soit, n'importe quoi serait toujours mieux que cet
horrible rien. On ne fait pas l'amour à une figurine en
plastique Action Man !
Les anges n'ont pas de sexe, à
moins qu'ils ne fassent vraiment un effort. Et quand Aziraphale
décidait de faire un effort, Crowley en avait maintes fois été
témoin, il ne le faisait pas à moitié. Quoi
qu'il décide au final, le résultat devrait être
impressionnant.
Il avait vraiment intérêt à
l'être, parce que là, Crowley était hélas
revenu à zéro. Et l'effort de se remettre en route,
il ne se trouvait pas l'envie de le faire, malgré la
promesse d'Aziraphale. Il avait besoin de voir pour croire, cette
fois. À regret, il dut l'éconduire :
«
Non, pas pour le moment. Sois un amour, va plutôt nous refaire
un chocolat chaud et on verra plus tard, » jeta-t-il avec toute
la muflerie dont il était capable.
Aziraphale se leva,
vexé.
« Faudrait savoir ce que tu veux. »
Répondre
: « Toi » règlerait bien des problèmes.
Mais c'était bien trop difficile à dire. On dit
parfois des hommes qu'ils ne valent pas mieux que des démons
; l'inverse est vrai aussi. De toute façon, Aziraphale avait
déjà passé une robe de chambre et se dirigeait
vers la cuisine. Il n'allait pas la rappeler juste maintenant.
«
Je suis maudit, geignit néanmoins Crowley.
-Ça, ce
n'est pas nouveau, » lui lança Aziraphale.
Ah, il
était encore à portée d'oreille, il aurait
pu encore le rappeler. Crowley se rallongea.
Les bruits discrets venant de la cuisine le renseignaient sur l'activité de son hôte. Il pouvait retracer ses mouvements à l'écouter. Il contempla quelques secondes l'idée de se reprendre à la main et y renonça. L'image d'Aziraphale dans sa cuisine… Avec un peu de chance, l'ange penserait à effectuer la transformation nécessaire pendant ce temps et quand il reviendrait dans la chambre avec deux tasses de chocolat fumant sur un plateau, Crowley n'aurait qu'à le renverser sur le lit… et… hmm… Oui, il allait juste attendre un peu.
