Titre : Meurtre

Auteur : Anders Andrew

Genre : OS Matt/Mello gentiment angsty

Notes : Je voulais écrire quelque chose de totalement différent en écoutant une chanson des Stooges qui me semblait convenir parfaitement à Matt. Je ne suis pas vraiment satisfaite de cet OS que j'ai réécrit plusieurs fois.

J'ai choisi un point de vue narratif un peu particulier, comme s'il s'agissait d'un observateur qui connaîtrait bien Mello. Peut-être Near, qui sait ? En tout cas, les dialogues seuls sont hors du point de vue narrateur, car le "tu" disparais au profit de "Mello".


Le soleil vient à peine de se lever sur L.A.

Tu rentres chez toi.

Cette nuit, tu as tué pour la première fois.

Tu te débarrasses de tes rangers boueuses et les envoie balader d'un coup de pied. Elles rebondissent sur le mur, presque sans bruit, laissant des traces sur le papier peint défraîchi. Mais tu t'en fiches. Ce n'est pas comme si tu allais rester, de toute façon.

Tu entres au salon; les stores sont baissés, laissant à peine filtrer un rayon de soleil pâle, pourtant tu te déplaces avec l'agilité d'un chat. Tu retires ton blouson de cuir suintant de pluie que tu déposes sur une chaise. Les gouttelettes imprègnent la moquette, créant des taches sombres sur le sol clair. Un instant, tu écarquilles les yeux, persuadé que c'est du sang.

Cependant, lorsque tu allumes précipitamment la lumière, un soupir de soulagement s'échappe d'entre tes lèvres gercées; ce n'est que de l'eau.

Tu inspectes tes vêtements, tes mains. Il n'y a rien. Juste une vague odeur de poudre qui s'accroche à tes cheveux comme le parfum d'une amante après une étreinte passionnée.

Tu pourrais croire que rien ne s'est passé, qu'il s'agit d'un mauvais rêve.

Néanmoins, tu es trop intelligent pour te laisser duper; tu sais que tu l'as fait.

Tu as appuyé sur la détente. Sans aucun état d'âme.

Soudainement fatigué, tu décides que tu as besoin de repos. Tu traverse le couloir et rejoint ta chambre.

Elle n'a pas de fenêtre et est plongée dans l'obscurité. A tâtons, tu te diriges vers le lit. Tu savoures un bref instant la froidure du lino sous tes pieds nus, avant de rencontrer le bord du pieu. Tu pousses un juron et t'effondre sur la couette en tenant dans ta main tes orteils douloureux. Tu as mal, mais paradoxalement, ça fait du bien.

A côté de toi, tu entends un grognement.

« Kékiya ?, marmonne Matt, encore à moitié endormi.

- Rien, réplique Mello.

Tu te tournes vers lui et l'enlace. Comme à son habitude, il dort en sous-vêtement, et tu peux te laisser aller contre son torse, agripper ses épaules solides et t'y cramponner. Tu sens toutes tes forces te quitter, tu es si fatigué.

Mais tu n'arrêtes pas de repenser au regard de ta victime. C'était une personne sans importance. Juste une épreuve. Un obstacle vers ton accession au pouvoir. Rodd a voulu te tester, n'est-ce pas ?

Tu trouves ça méprisable. Mais tu as l'habitude des tests. Et comme tous les tests, tu as réussi celui-là.

- Est-ce que ça va, Mel ?, interroge doucement Matt à voix basse, comme s'il comprenait qu'il ne fallait pas sous-entendre une faiblesse chez son compagnon de façon trop appuyée.

- Je vais bien, répond la voix rocailleuse de Mello.

Les bras de Matt l'embrassent. Ses bras blancs comme neige à force de rester enfermé, caché.

- Je t'aime, chuchote le rouquin en fermant les yeux.

Ses yeux…deux orbes bleus aussi pur qu'un ciel d'été sans nuage. Un regard tendre plein de lumière et de rires d'enfants. Ce sont les yeux innocents de la personne qu'il aime. De beaux yeux ourlés de longs cils roux. Les yeux de Mail.

- Elle avait tes yeux, Matt. Elle m'a regardé avec tes yeux…et j'ai tiré quand même..

- Chuuuut….ça va, tout va bien.

C'est alors que tu te rendis compte que tu pleurais.