Bonjour bonjour bonjour. Oui, c'est encore Jylle. Ou l'auteur qui a beaucoup de fics commencées en même temps. Breuf, on ne s'inquiète pas, je tiens les rythmes de poste malgré tout ce boulot :)
Concernant celle ci, et bien...non, je ne me suis pas droguée avant. C'est juste une inspiration nocturne, basée sur une certaine folie dénuée de logique. On peut appeler ça du surréalisme. C'est aussi de la science fiction. Et puis surtout une idée complètement démente sortie de ma tête. C'est un univers alternatif, dans lequel je place nos charmants protagonistes tirés du jeu ff13. Ils ne sont normalement pas OCC, leurs caractères sont bien gardés.
Ce qui est écrit est fait pour ne pas être normal et logique. Je mets un peu la réalité sans dessus dessous. Alors pas de scandale sur certaines idées complètement anormales et farfelues.
Je pense avoir tout dit, surtout, on hésite pas à laisser une review. C'est toujours plus agréable d'écrire une fic quand on sait qu'elle intéresse. Je ne demande pas un roman, mais juste un petit mot en passant :)
Chapitre 1 :
En l'année 2046. Autrefois, un romancier en avait fait un ouvrage, dont le titre portait ce numéro de chambre. Pour Lightning, il s'agissait tout aussi bien de celui de son appartement, perdu au dessus de la 39ème rue de la vieille Paris. Les rues se contaient sur les cartes à partir de l'entrée du Nord Sud, pour descendre d'Est en Ouest vers le Sud Nord, coincées entre elles toutes comme un immense serpent désarticulé.
On pouvait dire de cette ville que ses vents étaient froids. Suintant entre les rues, ils regorgeaient de vices. Gisaient sur le béton des cadavres d'automates aux rouages déboulonnés, tombés des cieux. Tombés de ces sphères semblables aux bulles de savon crachées de la bouche des petites filles en mal d'occupation, sur les si grands murets de la 34ème.
Lightning pouvait avouer aimer cette ville de ruines, bien que les engrenages et autres métaux en perdition abandonnés au sol lui déplaisaient. Il n'y avait que la 11ème épargnée par ce genre d'incidents, trop fréquentée de part son entrée directe vers les égouts de la ville. On y croisait toujours les commerçants de poussières et les contrebandiers voleurs d'amphores et de livres. Chaque jour, on pouvait les voir rôder. Il n'y avait pas la moindre poussière, dans la vieille Paris. Trop prisée par la haute, elle se faisait bouffer par les revendeurs avant d'avoir pu réellement apparaître.
La jeune femme aux cheveux roses regardait tout cela de sa fenêtre, seule part de son logement encore épargné par les photos. Des clichés plus grisâtres que colorés, représentant une multitude de personnes sans lien. Des tranches de vie.
Lightning avait pour métier de les voler. Elle les ramassait comme elle le souhaitait, dans toutes maisons ou tout jardins. Elle n'en était pas réellement riche, mais cette activité de voleuse de clichés photographiques lui payait de quoi se nourrir et se loger. Elle les revendait à n'importe qui lui en demandant. Elle en avait rapidement conclu que son activité illégale permettait aux gens seuls de se trouver une impression de vie familiale au travers de souvenirs qui n'étaient pas les leurs. Parfois, ils pleuraient en les recevant. Mais cela lui importait peu.
Elle en avait comme cela un stock important accroché à ses murs blancs, s'effritant sur leur papier glacé. La jeune femme se plaisait à rentrer dans les appartements en ruine de la vieille Paris, sautant du haut des immeubles avec pour seul bagage un large élastique pour la remonter. Des fois, elle s'y laissait même pendre, une fois sa besogne terminée. Juste pour le plaisir de rebondir. Ainsi, elle se sentait vivre. Libre. Elle sautait, tombait, et brisait les vitres. Veillant à ce qu'il n'y est personne, elle y rentrait sans mal. Rares étaient les logements encore habités dans la vieille Paris, trop effondrée. Mais le mobilier et les photos y étaient restés intactes. La plupart du temps, ces gens avaient tout perdu, et partaient pour recommencer au fond des égouts. Lâchant leurs souvenirs.
Parfois, Lightning se faisait poursuivre par ces policiers tout vêtus de vert, et plus chauves que des œufs. On les appelait chasseurs de bulles de savon, car les seules choses encore utiles qu'ils faisaient étaient de pourchasser les pirates et travailleurs illégaux, virer les gamines des trottoirs, et achever les automates laissées pour mortes au milieu de nulle part. Ces pauvres corps aux jointures rouillées. Ces corps de femmes.
Jamais Lightning ne se lasserait de cette décoration si atypique qu'elle avait imposé à son petit logement. Ces photos volées cachaient la peinture vieillie et les trous des murs effrités. Elle aimait beaucoup cette photo dont le temps avait élimé les couleurs. Cette photo d'enfant aux traits pour le moins curieux. Cette gamine aux cheveux roux et grossiers n'était pas vraiment belle, mais on ne pouvait la croire sans chaleur au vu du sourire innocent qu'elle arborait. L'innocence. Un sentiment qui semblait ne plus être connu. A la place, les enfants avaient dans les bottes des montagnes de questions d'adultes. Sur leurs visages crasseux ne brillaient plus rien que des petits yeux. Les kilomètres de vie en rose qui avaient été cherchés pendant trop d'années, avaient été perdus en si peu. Dans la vieille Paris, ce n'était plus simple d'être heureux. Lightning le savait bien. La jeune femme avait trouvé cette photo comme tant d'autres, dans un vieil appartement décrépi, dans une ruelle humide de pluie et de savon jeté là par des gosses. Parmi les débris de verre et de rideaux broyés, de casseroles rouillées.
Alors elle regardait ces quelques restes de gens encore à la surface. Chacun mentait à sa manière. Certains montaient dans les vieux trains, principalement ceux de la 38ème, et attendaient un départ pour la brume. D'autres faisaient la cour à des murènes, sans jamais se soucier des morsures. Les derniers jouaient de la guitare désaccordée devant les restes d'engrenages et les morceaux de verres de fenêtres brisées. La vieille Paris était un petit bout de chacun.
Lightning regardait toujours par la fenêtre. Un peu hier, un peu aujourd'hui. Un peu tout le temps. Avant de manger, elle regardait. Même si elle avait faim, elle continuait. Elle cherchait une trace, quelqu'un, un chat, un chien. Le jeune homme sur cette photo. Photo qu'elle avait volé la veille, dans un logement de la 33ème. Il ne la regardait pas, sur le papier. A moitié déchirée, l'image ne dévoilait que peu de choses, aux couleurs aussi indistinctes que confuses. Néanmoins, des cheveux gris argent prenaient part du décor en flamme. Des pierres volantes, un feu plus bleu que vert, mais jamais rouge. Une peau pâle. Un regard fin. Quelque chose de beau.
Lightning n'aimait pas y penser. Pour la simple raison qu'elle y pensait toujours. Perchée au dessus de sa cuisine, la photo la narguait. Parce qu'elle ne savait pas qui était dessus. Et qu'elle aurait voulu le savoir. Autant que le chasseur de poussière veut de la poussière. Autant que la petite automate veut plaire, ou que le traqueur de bulles de savons veut les éclater.
D'un geste brusque, la jeune femme se jeta sur une porte, laissant tomber quelques photos sur son passage. Derrière celle ci, une salle de bain. S'y engouffrant, elle ne prit pas la peine de se déshabiller, et s'assit en tailleur dans la baignoire métallique. La remplissant d'une eau tiède, elle y laissa fleurir des nénuphars. Un bain de nénuphars, juste pour guérir quelques tourments. Ces nénuphars si bleus qu'ils en deviennent roses, et même parfois blancs. Aux larges feuilles vert écarlate et doucereuses. Lightning les aimait. Elle avait même décidé de choisir un savon de la même couleur. Vert, mauve et blanc. Avec une belle pointe de pâle. Un peu comme la peau du jeune homme de la photo. Nénuphar, Lightning se plaisait à le nommer. Ainsi, elle s'en sentait proche. Même si elle ignorait tout de lui. Peut être devrait-elle le chercher ?
- Et toi, qu'en penses tu ?murmura-t-elle en attrapant son cube de savon.
Malgré le tissu collant contre sa peau, la jeune femme entreprit de le frotter énergiquement contre ses jambes. Son pantalon n'en fut que plus blanc.
Lightning regarda longuement la brique odorante en l'attente d'une réponse. Finalement, elle sourit timidement.
- C'est ce que je pense aussi, chuchota-t-elle. Il devient important, hein.
Elle frotta le savon contre ses cheveux roses. Elle avait pris pour habitude de lui parler depuis qu'elle n'était plus seule. Il n'y avait aucun mal à cela. Après tout, si son confident devait être un savon pensif. Rien ne le justifiait, mais rien ne s'y opposait non plus. Certains choisissaient d'oser, d'autres cassaient du verre contre les murs de la 18ème, et peignaient parmi les débris. D'autres encore cultivaient l'alcool sur des vieilles routes en pentes, en périphérie de la 39ème. Ils glanaient de vieux bouchons de liège pour les planter à même le bitume, et en tirait des crues plus goûteuses que chères. Ils en tiraient dix petits grammes de poussières, et s'ils avaient de la chance, un poisson rouge noir. Des poissons capricieux, disait on.
Lightning plongea tout entière dans son eau devenue froide, avant de se lever pour quitter son bain. D'un geste agile, elle dénoua sa ceinture, puis déboutonna sa chemise. Laissant tomber l'intégralité de ses vêtements trempés, elle sortit pour se diriger vers la cuisine. Jamais elle n'avait été habillée pour cuisiner. C'était une habitude qu'elle avait prise, comme d'autres aiment ramasser les talons de chaussures sur les trottoirs. Alors, elle se servait nue dans ses placards. Une casserole de cuivre et un bouquet de roses, qu'elle jeta dedans. Coupant les tiges au fur et à mesure, elle les remua. Elle les chauffa légèrement, puis arrêta le feu avant qu'elles ne perdent de leur fermeté croquante. Elle les versa dans un assiette, et planta une fourchette dans le premier bouton. Les roses étaient appréciées. Ni trop chères, ni pas assez, elles restaient agréables au goût. Sauf peut être les rouges, qui restaient hors de prix. Dans la vieille Paris, elles ne poussaient plus vraiment, sauf dans la 18ème. Alors elles étaient destinées à la haute dans les égouts. Par chance, Lightning les aimait vertes. Avec leur goût salé de miel absolument unique.
Elle croqua d'un coup de dent, avant de rouvrir les mâchoires pour une poignée de pétales. Aux yeux de la jeune femme, les roses valaient largement les orchidées, chassées par les contrebandiers en quête de richesses. Sur une de ses photos, Lightning avait vu sur un chant de fleurs, dans lequel poussaient des orchidées fanées. Celle ci restait chère, malgré ses coins écornés. Il était trop rare de voir autant de fleurs pour la laisser à deux grammes de poussière ou trois boulons.
Elle termina bien vite son repas, et saisit l'assiette à deux mains pour la casser au sol d'un geste brusque. Elle n'avait que trop peu d'eau pour se permettre de la laver. Alors elle la cassait. Elle en trouvait tellement dans les logements abandonnés qu'elle pouvait le faire. Elle ramassa les morceaux de porcelaine, pour les balancer par la fenêtre. Ils se brisèrent plus encore en atteignant le bas, d'un bruit sec proche de la pluie.
Lightning chercha un instant de quoi se vêtir, avant de saisir une ceinture et un élastique. Regardant la fenêtre encore ouverte, elle s'en approcha. Un jour, elle avait muré sa porte de planches de bois, juste pour ne pas être dérangée. Et pour le plaisir de sauter de sa fenêtre. Un corde y était nouée, remontée, puis descendue. Elle s'y élança, les mains à peine accrochées. Elle avait encore plusieurs photos à trouver. Elle avait une commande d'une de ses plus grandes clientes. Et amie. Et jamais elle ne laissait une commande attendre.
Parfois, il lui arrivait de jouer avec avant de les remettre aux acheteurs. Elle s'étalait sur son lit, et les mettait dans un ordre qu'elle jugeait juste et illogique. Alors elle inventait une histoire à ces clichés. C'est ainsi qu'elle a pu vendre la vie d'un homme amoureux d'un vélo, tueur de gamins pour le récupérer, gardien de nuit et de chiens. La vie d'une femme blondes chassant le soleil sur une vieille côte, armée simplement de bottes à talons et d'une fermeture éclaire, à cheval sur une grenouille. Un lézard éteint brûlé par les cendres d'un feu froid fait de neige.
