Star Wars ne m'appartient pas. L'histoire de fond et les personnages sortent de l'imagination (géniale) de Georges Lucas.

Ce qui va suivre est à considérer comme l'écume au sommet de la vague.

Destroyer Imperial II, ESV262 «Destiny Blade», puis de tir bâbord S7-31 «Bunker Hill».

Le chaos…

C'est ce que vivait le canonnier Vierbein depuis le départ du dernier destroyer stellaire de l'Empire, l'ESV262, officieusement baptisé «Destiny Blade», qui avait quitté le chantier spatial de Kuat juste avant l'invasion de la planète et des chantiers de construction par les forces républicaines.

Par manque de temps, des tranches entières n'étaient pas pressurisées, et seul deux propulseurs sur trois étaient opérationnels. Une armée de techniciens travaillait sans relâche pour démarrer le troisième réacteur, mais si l'on devait en croire les rumeurs que les corvées de ravitaillement ramenaient, cela n'allait pas tout seul.

Le puis de tir, qui était le monde du canonnier et du reste de l'équipe d'artilleurs spatiaux à laquelle il appartenait, consistait en un cylindre découpé en plusieurs étages. L'étage supérieur, la tourelle en contact avec le vide spatial comprenait les systèmes de visée directe et les quatre tubes des turbolaser. En service normal, personne n'avait à y rentrer, le tir étant dirigé par les centrales de pointage et le rechargement automatique. En cas de problème de fonctionnement ou de guidage, l'accès était assuré par un sas comprenant deux combinaisons pressurisées légères, une pour le pointeur et une pour le canonnier. Ces combinaisons devaient être enfilées en un temps strictement limité, et répétitions et entrainements se succédaient sans relâche.

Immédiatement sous la tourelle se trouvait la tranche technique, qui comportait toutes les servitudes des turbolaser. Cette tranche était le domaine réservé de l'ingénieur de tir qui régnait en maître sur cet amoncellement d'armoires et de câbles de tous types et de toutes sections. Cette tranche était pressurisée et puissamment ventilée pour évacuer les calories du système.

Enfin, encore en dessous, se situait le quartier de l'équipage, qui comportait la salle commune, qui servait à la fois de réfectoire, de centre de transmission et de salle de repos, qui était pris deux par deux. Un couloir étroit partait de cette salle, qui conduisait à la quatrième artère de circulation bâbord du destroyer. Du à l'inachèvement du vaisseau, ce couloir n'était pas non plus pressurisé, et la corvée de ravitaillement qui avait lieu tous les cinq jours spatiaux (le terme étant conventionnel, la notion de jour, terrestre ou non, n'ayant aucun sens dans l'espace) devait se faire en combinaison.

De fait, le vaisseau entier n'était qu'un conglomérat de petites cellules autonomes, renforcé encore par la pressurisation lacunaire.

Vierbein en était à ce point de sa réflexion lorsque la poignée de la porte d'accès se mit à tourner. Le sergent Hanson entra dans la pièce, referma le sas, retira son casque, le rangea dans le logement prévu à cet effet, et posa sur la table centrale les vingt rations standard pour la nouvelle période d'autonomie, le tout sans prononcer un mot.

-Quelles sont les nouvelles ? demanda Josse, le pointeur.

-Rien d'officiel encore, mais ça grouille de «noirs» dans les parties centrales, répliqua Hanson d'une voix neutre.

Tous savaient ce que cela signifiait. Les «noirs», le surnom des Death Trooper, étaient la force d'élite de l'Empire, qui maintenait d'une main de fer la discipline dans ce qui restait de l'armée impériale. Les savoir en grand nombre dans le vaisseau ne voulait dire qu'une seule chose : que l'on se dirigeait au cœur des emmerdements.

-Mais encore ? Tu as bien du apprendre quelque chose à l'ordinaire ? Ajouta Virbein.

-Il y aura une communication générale de Louchké avant la fin de la période, répondit Hanson, qui prit le tas de ration sur la table pour les mettre dans le compartiment réfrigéré.

Cela signifiait : fin de communication, foutez-moi la paix.

«De toute façon, «Le Cobra» n'aura pas le choix : on doit bien avoir la moitié de la flotte Réps au cul», intervint Haberg, l'ingénieur de tir. Il va bien falloir qu'il nous dise quand on doit faire préchauffer nos canons.

Haberg ne pensait qu'en terme professionnel. Son cœur et son cerveau devaient se trouver dans ses armoires parmi les prises et les disjoncteurs, se dit Virbein.

«Le Cobra» était le surnom de l'amiral Louchké, en rapport avec son aspect froid et impassible. Malgré cette appellation peu protocolaire, il était très respecté par la troupe et avait fait mainte fois ses preuves lors de la retraite qui avait suivi la destruction de l'étoile de la mort.

Les quatre hommes ne se connaissaient pas encore vraiment.

Les équipages avaient été formés à la hâte, juste avant le départ, en totale infraction avec les règlements de la flotte qui prescrivait toujours une longue préparation au sol avant de partir en mission dans l'espace.

Des quatre, Josse était le plus expérimenté. Il avait déjà servi à Yavin et Endor, ou il était sur le Devastator. Récupéré sur le Thunderflare après la destruction de celui-ci, il avait suivi la retraite du reste de l'escadre jusqu'à Kuat, d'où il avait été finalement affecté au «Destiny Blade». Avoir participé à deux batailles perdues lui avait donné un grand respect et une grande soif de revanche à l'égard des forces républicaine.

Venaient ensuite Hanson et Haberg, qui avaient aussi servi à Endor sur le Stalker, quoique pas au même emplacement, puis Vierbein, qui était sur le Tyrant à Hoth, ou il avait été blessé par le tir du fameux canon ionique des rebelles. Après une longue convalescence, il avait été affecté à un croiseur léger de classe Pursuit, à bord duquel il avait participé à quelques escarmouches secondaires.

Le départ avait eu lieu il y a six jours, juste avant la prise du chantier par les forces expéditionnaires républicaines, les LRSS, les fameux «Long Range Space Squad». Ceux-ci avaient donné l'assaut à la garnison de la planète, qui avait résisté le temps au vaisseau de quitter ses cales et de se mettre en route vers l'espace libre. Le LRSS, trop faiblement armé pour affronter directement un destroyer stellaire, avait du se résigner à le laisser partir mais il avait certainement alerté le reste de la flotte qui devait actuellement se mettre en formation et calculer sa trajectoire d'interception pour surgir d'un moment à l'autre de l'hyperespace.

En quittant le chantier, le vaisseau avait emporté en plus de sa dotation standard de TIE, trois transporteurs et une escadrille de SturmRam, ces TIE/sa blindés dotés d'un armement lourd leur permettant d'affronter directement les frégate républicaines.

Du fait de la non-pressurisation de tranches entières du vaisseau, les équipages embarqués devaient dormir dans ou autour de leur vaisseaux, ce qui ne facilitait pas la cohabitation avec l'équipage du destroyer. La surpopulation énervait tout le monde, sentiment encore renforcé par les conditions acrobatique du départ du chantier.

De son poste, c'est tout ce que savait le canonnier à ce jour.


Destroyer Imperial II, ESV262, « Destiny Blade », salle de conférence.

L'amiral Louchké était assis au bout de la table de rapport, la place protocolaire en usage dans la flotte de l'Empire. Devant lui se tenaient les responsables techniques : navigation, propulsion, support et soute. A sa droite, les chefs d'escadrilles embarquées, soit chasse, transport et assaut. Contrairement à la dotation habituelle, il n'y avait pas de groupe de bombardement, celui-ci ayant été remplacé par l'escadrille d'assaut. A sa gauche enfin, les places réservées aux dignitaires. L'éclairage de la salle était assuré par des luminaires portatifs de campagne, le câblage interne du vaisseau n'ayant pas pu être complété avant le départ.

Ce furent d'abord les responsables techniques qui s'exprimèrent. La navigation avait peu à dire, ignorant encore la destination finale du vaisseau. L'amiral appris néanmoins que l'ensemble du matériel avait été étalonné et que la passerelle de commandement principale était pleinement opérationnelle, ce qui était une bonne nouvelle compte tenu des circonstances.

Vint ensuite le tour de la propulsion, pour qui le rapport fut plus long et les nouvelles nettement moins bonnes. En effet, le propulseur central ne fonctionnait toujours pas, la dernière tentative de démarrage s'étant soldée par une explosion et plusieurs morts dans la chambre des pompes. Une nouvelle tentative était prévue à la fin de la période, mais en attendant la vitesse ne permettait pas d'effectuer le grand saut pour échapper à la flotte ennemie.

Après la brève intervention des responsables support et soute, Louchké prit la parole :

-J'ai à vous communiquer les ordres du Conseil Impérial. La mission qui nous a été confiée est de briser le blocus de Dvar et d'assurer le renforcement de la garnison de «New Massada».

Un silence de plomb accueillit cette déclaration. Tous pensaient la même chose : Dvar était à plusieurs années lumières de Kuat. Comment penser y arriver avec un vaisseau incapable d'accélérer ? De plus, la base impériale était soumise depuis des mois au blocus implacable de la flotte républicaine, qui avait réussi malgré de lourdes pertes à débarquer sur la planète. Deux frégates patrouillaient en permanence autour du système auquel appartenait Dvar et à part quelques petits vaisseaux de contrebandiers, rien ne parvenait à la garnison ou ce qu'il en restait.

L'amiral poursuivit : «A cet effet, la présence à bord des transporteurs et de deux régiments de la légion noire doit nous permettre de remplir cette mission avec succès».

«Tu parles !» pensa très fort le responsable soute. «Rien ne dit que les deux régiments soient destinés à la garnison. Cela m'étonnerait fort que le premier conseiller Pestage sacrifie sa garde prétorienne dans la fournaise de «New Massada»».

Il ne put s'empêcher de dévisager l'amiral.

Ulysse Louchké était natif de Commenor, fils d'un petit fonctionnaire impérial. Il avait intégré l'académie impériale d'où il en était sorti à un rang honnête pour commander d'abord sur canonnière d'assaut, puis il était rapidement monté en grade jusqu'à prendre le commandement d'une frégate à Yavin, puis d'un destroyer à Hoth.

Pour d'obscures raisons, il avait été arrêté après cette bataille pour haute trahison, dégradé et interné au Jagg Island Detention Center.

Après la destruction de l'étoile de la mort, l'Empire manquant dramatiquement d'officiers supérieurs, il avait été libéré, réintégré à son ancien grade aux effectifs d'active, et assuré la protection des régiments impériaux lors de la retraite jusqu'à Kuat. Il n'avait appris sa nomination sur l'ESV262 (qui ne s'appelait pas encore le « Destiny Blade ») qu'une semaine avant l'appareillage.

Es-tu encore celui que tu as été ? Et si on ne t'avait confié cette mission que pour mieux te perdre, et nous avec ?

Il tourna ensuite légèrement la tête du coté des dignitaires. Il y en avait quatre, tous des hommes.

Le premier s'appelait Heini Crebs. C'était un homme âgé, assez grand, maigre et un peu voûté. Il ne portait pas d'uniforme, mais la tunique des Jedi, quoique l'ordre Jedi n'existât parait-il plus. Il portait aussi à la ceinture un sabre laser, en complète contradiction avec les règlements de la flotte qui proscrivait le port permanent des armes individuelles à bord des vaisseaux. Il devait cette liberté à son statut d'envoyé spécial du Conseil Impérial auprès de l'amiral chargé de contrôler le bon déroulement de la mission.

Qu'est-ce que as pu bien faire pour sauver ta peau ? Se demanda le responsable soute. Un trou noir doit être lumière à coté de ta conscience…

Le suivant était un colonel des Death Trooper, ce qui indiquait son appartenance au premier cercle de l'Empire. Il avait pour nom Ayad Isse et commandait les deux régiments de la garde noire.

Le troisième, le plus jeune, s'appelait Ryan Taman. Il portait un uniforme de capitaine de la garde impériale et commandait les troupes de renfort destinées à Dvar. Il avait aussi dirigé à Kuat le combat de retardement contre le LRSS. Etoile montante de l'armée impériale, il rêvait de briller dans cette campagne et d'intégrer la garde noire.

Le dernier enfin, portait aussi une tenue de Jedi mais pas de sabre laser. Il était petit, ridé, et n'avait manifestement pas l'intention de se mêler à la conversation en cours. Seuls ses yeux parcouraient lentement l'assistance. Sa fonction était la même que celle d'Heini Crebs, mais lui devait suivre Ryan Taman et les troupes de renforts sur Dvar.

Il avait accepté sans hésitation ni murmure cette mission qui ressemblait plutôt à un suicide sur ordre. Son nom était Wolfgang Bujac.

Heini Crebs prit la parole :

-Amiral, le Conseil Impérial vous a accordé sa confiance pour cette opération vitale pour l'empire. Vous savez que Dvar est le dernier point d'appuis avancé de ce qui reste de notre territoire spatial. Je ne doute pas un seul instant de votre détermination…

-Je serai bien curieux de savoir comment, nom de Dieu ! L'interrompit sèchement Ryan Taman. Je ne vois pas en quoi ce rafiot peut nous être utile pour servir l'Empire !

Il fixa Louchké droit dans les yeux.

-Vous êtes censé nous amener à Dvar pour appuyer notre débarquement et vous êtes incapable d'accélérer !

Tous les membres de l'assemblée se figèrent sauf l'amiral. Lui regardait Taman et en même temps semblait voir derrière lui.

Ce fut à Isse d'intervenir :

-Non, non, Ryan, pas comme ça. Tu es invité sur le vaisseau de l'amiral, il faut être poli. Il t'a autorisé à monter à bord toi et tes hommes, et là, tu vois, il va t'expliquer comment il compte s'y prendre pour t'amener à pied d'œuvre.

Il avait parlé d'une voix douce, comme quand on veut calmer un enfant capricieux.

Louchké reprit alors la parole :

-La situation est la suivante : nous n'avons pas actuellement les capacités de passer en hypervitesse. Si la nouvelle tentative échoue, les troupes impériales devront sans tarder quitter le vaisseau pour faire le trajet par leurs propres moyens vers Dvar.

Il se tourna à sa droite et s'adressa aux équipages embarqués :

-Réunissez-vous et établissez un plan de navigation et d'attaque de la flotte de blocus républicaine. Vous avez dix heures pour revenir nous présenter ce que vous aurez trouvé.

Taman reprit la parole. Il ne regardait plus l'amiral mais les chefs d'escadrilles.

-Vous n'imaginez quand même pas attaquer les frégates républicaines sans destroyer ?
-Oh que si ! répondit une voix nette face à lui.

L'officier qui venait de parler ainsi était le commandant de l'escadrille d'assaut.

Elle s'appelait Jay Hawkers. C'était une femme de taille moyenne, plutôt musclée, avec un visage banal et des cheveux coupés courts. Sa veste d'uniforme de la flotte impériale portait les insignes de major, de pilote de vaisseau et, moins courant, de tireur d'élite.

-Nous l'avons déjà fait et nous le ferons encore, ajouta-elle.

Taman reprit :

-J'espère pour vous que ce ne sont pas des paroles en l'air !
-Nous détruiront ces vaisseaux ou nous y mourrons tous ! répliqua Jay.

Crebs la regarda. C'est exactement ce qu'il nous faut pensa-il.

L'amiral conclut :

-L'essentiel a été dit. Nous allons laisser les chefs d'escadrille travailler et nous verrons ce qu'ils ont préparé pour appuyer le débarquement. Prochaine réunion de commandement dans dix heures.

Tous les participants de la réunion se levèrent et quittèrent la salle sans un mot.