Auteur : Aeter
Titre : « Au nom de l'Invisible »
Disclaimer : Les personnages de Saint Seiya ne m'appartiennent pas… Kurumada-Sensei est trop génial de toute façon huhu…
Rating : K
Note : Cette fic est davantage centrée autour des Spectres d'Hadès, peu exploités.
Résumé :
L'histoire se déroule après la Guerre Sainte. Athéna a demandé la résurrection de ses chevaliers, et on accède à sa requête à une condition : que tout ceux qui sont tombés pendant cette guerre se relèvent aussi, chevaliers et spectres compris. Equité ou pas, l'inflexible Hadès n'est pas d'accord...
PROLOGUE
Grèce, Athènes
Milo déambulait dans les rues d'Athènes, sa ville natale. En civil et les mains dans les poches, il s'abandonnait à l'existence du simple mortel, même si cela ne durerait que quelques heures. Les choses avaient tellement changé depuis leur retour sur terre… Jamais il n'avait pensé qu'une guerre pouvait changer un homme à ce point. Bien sûr, il n'était pas naïf, loin de là, car un chevalier d'Athéna est préparé à toutes sortes de choses. Mais la Guerre Sainte, cet oxymore abominable, était si loin au –dessus des autres batailles qu'ils avaient menées depuis, et les surpassait tellement en tout ce qu'il y avait de plus choquant… Milo réfléchissait à tout ça chaque jour, en traversant la vieille ville de la capitale, tout en se disant que ses frères d'armes étaient dans le même cas que lui. A vrai dire, cette pensée le préoccupait également beaucoup. Ses frères d'armes… Tout le monde avait tellement changé, et si peu d'entre eux l'acceptaient… Se pourrait –il qu'ils aient manqué d'entraînement ?
Le chevalier du Scorpion, le regard braqué au sol, s'engagea dans une ruelle plus étroite et moins fréquentée, comme celles où il aimait serpenter habituellement. Non, ce n'était pas une question d'entraînement. Ils étaient des êtres humains, voilà tout. Juste des êtres humains… Si Mû était à systématiquement à deux doigts de craquer dès que quelqu'un haussait le ton, si Saga ne sortait plus de son temple que la nuit, si Shaka lui-même avait admis avoir douté un bon moment… C'est parce qu'ils étaient des êtres humains. Et si, suite à une décision divine de très haute instance, on les avait ramenés à la vie, tous n'étaient pas encore capables d'en profiter. Même pas lui, Milo du Scorpion.
Aldébaran était certainement de ceux qui s'en sortaient le mieux, jugeant qu'une vie, dans tous les cas, ne devait pas être gâchée. Et le brave Taureau d'efforçait tous les jours de remonter le moral de ceux qui en avaient besoin, de toutes les manières possibles, allant de sa simple présence jusqu'à l'accolade la plus fraternelle. Camus quant à lui avait fait abstraction de toute information passée, du moins en apparence, pour rendre sa vie utile. Ainsi, chaque jour, il ne parlait que du lendemain, et un peu à la manière d'Aldébaran s'appliquait à être présent pour ceux qui en auraient besoin, découvrant avec plus de franchise une épaule solide et le visage immensément humain du Verseau. Shura, qui avait au même titre que Saga et Camus retrouvé le pardon et l'estime de ses pairs, admettait peu à peu qu'une deuxième vie n'avait pas été donnée pour rien et que, comme la précédente, elle serait offerte à Athéna à la première occasion. Si le comportement du Capricorne tenait du fanatisme pour certains, les autres savaient bien que c'était surtout une manière de se pardonner à lui-même. Aiolia quant à lui faisait de son mieux pour se montrer sous son meilleur jour, mais la guerre l'avait usé lui aussi, d'autant plus que, contrairement aux autres, son frère Aioros ne s'était pas vu accorder une deuxième vie. Shaka était vite retombé sur ses pieds à force de méditations et un autre recours simple, que seul l'être humain est capable d'inventer : le dialogue ! Mais les autres… Mû s'était complètement renfermé, Saga était rongé par les remords, Deathmask était… définitivement coupé du monde ou presque, et Aphrodite ne supportait plus la solitude.
En bref, le Sanctuaire d'Athéna était dans un état lamentable.
Milo poussa un soupir nerveux quand une chose blanche manqua de lui atterrir dessus. Il l'évita de justesse avant de s'apercevoir qu'il ne s'agissait que d'un linge, tombé d'un étendage tiré entre deux fenêtres. Il grommela. Un simple et inoffensif objet suffisait à l'énerver, lui prouvant par la même occasion qu'il n'était jamais autrement que sur le qui-vive. Et c'était la même chose pour tout le monde… On les avait ramenés à la vie à la fin d'une guerre, mais ils étaient incapables de trouver la paix.
Alors depuis, tous les jours, Milo faisait le tour de la ville à pied, errant sans but, à la recherche de quelque chose d'impossible à trouver.
On leur disait que c'était normal, que ça passerait… Milo sourit en coin. Ça leur allait bien de dire ça, ces immortels ! Des humains, des millions d'humains depuis la nuit des temps s'étaient battus pour eux et avaient sacrifié leur vie pour conserver la leur ! Ils pouvaient essayer de les rassurer maintenant, peine perdue ! Ils s'en sortiraient seuls, entre mortels, comme ils l'avaient toujours fait jusqu'à maintenant… Milo secoua la tête. Non, ce genre de pensée ne lui ressemblait pas… Il finit par s'assoir sur le rebord d'une balconnière vide et prêta l'oreille aux bruits alentours, comme il le faisait souvent. Ce contact avec le monde était la seule chose, après le cosmos d'Athéna bien sûr, à être infiniment rassurante. Milo se remit à penser aux autres Chevaliers d'Or et se prit à espérer que tout redevienne comme avant, avec la corruption en moins… Ses pensées dérivaient logiquement vers Saga quand un bruit sourd sollicita encore sa vigilance susceptible. Il tourna la tête d'un coup sur sa gauche et se leva, aux aguets. Rien. Il avança discrètement vers le fond de la ruelle, qui tournait bientôt vers une autre, abandonnée à l'usage de bennes à ordures. Mais là, autre chose attira son attention : un cosmos. Il écarquilla les yeux : là, jeté contre un mur de pierre, un corps se vidait de son sang. Milo ne réfléchit pas davantage et se précipita vers lui. La première idée qui lui vînt, en voyant ce corps d'où s'échappait le sang de tant d'endroits, fût qu'il avait du être massacré par plusieurs hommes.
« Tenez bon. » Fît –il avec un calme surfait, examinant rapidement les plaies pour savoir d'où venait l'hémorragie principale.
Le Chevalier du Scorpion pinça les lèvres en constatant non seulement que tous ses os ou presque devaient être brisés, mais que le sang le quittait incroyablement vite. Alors il fît brûler un peu de son cosmos autour d'une de ses mains, pour tenter quelque chose.
Mais l'autre, un homme d'une vingtaine d'années aurait –on dit, des cheveux noirs désordonnés en mèches fines et raides sur le visage, agrippa le poignet du Scorpion avec une force inouïe. Milo releva le regard vers celui du blessé et se figea. Les yeux de l'homme étaient d'un gris électrique qui, bien que son corps fût presque exsangue, le fixaient avec un mélange de colère infinie et d'affliction profonde. Le Scorpion se tût alors, devinant sans mal qu'il avait quelque chose à dire et qu'il lui restait peu de temps pour le faire.
Tremblant de tout son corps sous l'hypothermie, l'homme entrouvrit les lèvres avec peine, fixant rageusement le dernier être humain qu'il lui serait donné de voir.
"Ch… Chevali…er… » Parvînt-il à articuler à bout de souffle.
Milo fronça les sourcils. Si cet homme avait un cosmos, et qu'il avait en plus repéré le sien… Mais il n'eût pas le temps d'y réfléchir davantage. L'autre serra la mâchoire sous la douleur et reprit tant bien que mal :
« Ils… vont… tous… nous tuer… Souffla –t-il en s'appuyant sur le dernier mot. Mais… si vous… aviez… vu leur reg… ard… Vous auriez v… vu que… que… »
A ce moment –là, l'homme eût sourire désespéré entre ses mèches brunes.
"… Qu'ils… n'en pens… pensaient pas... un mot..."
Alors le regard du Scorpion fût gagné par l'affliction de l'homme. C'est en serrant la mâchoire nerveusement qu'il posa sa main sur le front sanglant. Alors l'inconnu ferma les yeux, avant d'expirer :
« … Ha… Hadès… »
Et sa main tomba du poignet de Milo.
(à suivre)
