Suis-je la seule à avoir remarqué qu'il n'y avait qu'un lit dans la cellule d'Athos et de Rochefort? :p

Pourquoi Pas 12 : Mon meilleur ennemi

Athos jeta négligemment une carte sur la table.

« Grâce à vous, j'ai trouvé un compagnon pour jouer aux cartes… C'est très réjouissant ! »

La voix du mousquetaire était plus que sarcastique, et Rochefort ne cacha pas son mécontentement : il grogna en guise de réponse à la moquerie d'Athos.

Après plusieurs heures passées à bouder, le bras-droit du cardinal avait enfin décoléré, même si l'ironie avait fait en sorte qu'il soit emprisonné dans la même prison que son maître, dans la même cellule qu'un mousquetaire…et il fallait que ce mousquetaire soit Athos, pour couronner le tout !

Contrairement à Rochefort, Athos était amusé de cette situation, semblant presqu'avoir oublié que son nouveau compagnon de cachot avait tenté de l'assassiner quelques mois auparavant. Il s'en était tiré avec une estafilade au front et une vilaine plaie au côté, mais malgré la gravité de ses blessures, il n'en gardait pas rancune à Rochefort : que les mousquetaires et les gardes du cardinal veuillent s'entretuer, c'était de bonne guerre, voire sain.

Qui plus est, l'heure n'était plus aux rivalités : ils avaient maintenant un ennemi commun, et même les mousquetaires préféraient de loin la gouverne radicale de Richelieu que les conseils de cet étrange Manson…

« Quand je pense que cet idiot de Jussac a préféré servir un autre que Son Éminence ! Ça m'enrage ! » avait vociféré le cyclope. « Nous ne pouvons faire confiance à personne, de nos jours ! L'honneur et la fidélité ne sont plus rien ! »

« Calmez-vous, Rochefort, vous allez avoir une attaque…» ricana encore le mousquetaire en ramassant les cartes sur la table.

« Ne me parlez pas de cette façon ! » hurla Rochefort. « D'ailleurs, dois-je vous rappeler que, vous aussi, vous avez été trahi par un des vôtres ? »

Athos leva le sourcil. Il répondit, d'une voix rembrunie. « Ah, vous voulez parler d'Aramis ? »

Le comte eut un rictus mêlé de victoire et de dédain.

« En fait, nous aurions dû, Porthos et moi, accepter les brevets, nous aussi. Nous n'avons pas réfléchi à l'avenir…» poursuivit Athos avec absence, en mélangeant le paquet.

« Comment ? » s'écria Rochefort, scandalisé. C'en était trop ! Athos venait-il de lui avouer qu'il n'avait aucun honneur ? Pourtant, il avait pu sentir chez l'aîné des mousquetaires une étrange noblesse et une fidélité à toute épreuve qui ressemblait beaucoup au dévouement qu'il vouait lui-même au premier ministre…

Athos se cala sur sa chaise et fixa intensément son interlocuteur un moment. Puis, se penchant par-dessus la table, il fit signe à Rochefort de s'approcher. Celui-ci, curieux, s'avança prestement.

« Nous aurions du accepter les brevets tous les trois, pour pouvoir les attaquer de l'intérieur. Ce rusé d'Aramis l'a compris, lui ; c'est plutôt nous qui l'avons trahi. Pire, je suis en prison, et la tête de Porthos est mise à prix !»

Bouche bée, Rochefort analysait la confidence de l'autre soldat. Il frappa la table de son poing. « Sacrebleu ! » Ce n'était certainement pas Jussac qui avait réfléchi de cette façon !

« En effet, » acquiesça le mousquetaire en croisant les bras sur sa poitrine. « Un énorme complot se trame…d'ailleurs, vous connaissez Milady mieux que moi, et ce dont elle est capable ! …»

Rochefort grogna à l'allusion faite sur ses anciens rapports avec la belle anglaise. Il détourna son visage, se leva et se mit à faire les cents pas. « Palsambleu ! Nous devons sortir d'ici ! »

Après avoir tenté, en vain, de leurrer le garde à l'intérieur de leur cellule, les deux hommes durent admettre qu'il leur serait plus difficile de sortir de l'endroit qu'ils ne l'en avait d'abord pensé. D'ailleurs, le soleil commençait à se coucher, ce qui signifiait des tours de gardes accrus.

« Nous devrions dormir quelques heures, et refaire nos forces. Nous réfléchirons mieux à tête reposée, » avait judicieusement suggéré Rochefort.

« Vous avez bien raison… »

Ils se tournèrent alors vers l'unique grabat du cachot. Sans bouger, ils échangèrent un regard avant de se précipiter, tous les deux, brusquement sur le lit, chacun voulant s'approprier le relatif confort de la couche.

Les yeux grands ouverts, couché sur le côté, Athos regardait le mur de pierres devant lui, trop troublé pour trouver le sommeil. Couché sur l'autre moitié du lit, son dos pressé contre le sien, Rochefort, lui, semblait dormir paisiblement.

Le mousquetaire se releva et s'assit sur le bord du grabat en frissonnant. Dieu merci, la chaleur que dégageait le corps de l'autre homme l'avait gardé bien au chaud, car il faisait plutôt froid dans la prison. Se frottant les bras, il se leva et se dirigea vers la fenêtre. A travers les barreaux, il contempla la Seine qui coulait, juste en bas, la lune éclairant assez la rivière pour en distinguer la majorité des détails. Comme il aimait voir, et entendre, le clapotis de l'eau qui suivait paisiblement son cours ! Il avait souvent songé, dans ses sombres moments, à s'embarquer pour ce pays qu'on appelait la « Nouvelle-France », y refaire sa vie, loin de tous et de tout. Mais lorsqu'il revoyait en mémoire les sourires de ses amis, il secouait la tête en souriant lui-même doucement, se disant que, malgré son goût pour la solitude, il les aimait beaucoup trop pour partir sans eux….

Un soupir le tira de sa rêverie et Athos se retourna : Rochefort venait de rouler sur le dos, s'accaparant toute la couche.

« Hé ! » fit le mousquetaire à voix basse, non content de s'être fait voler sa place. Il s'approcha du lit et s'arrêta, regardant l'homme qui n'avait plus qu'un œil. Dans son sommeil, il avait l'air si différent, si doux… Comment en était-il arrivé à perdre la moitié de sa vue ? Athos s'assit sur le bord du grabat et, sans réfléchir, approcha sa main du visage de Rochefort. Celui-ci grogna aussitôt et se retourna, redonnant à Athos la place qui lui revenait.

Le mousquetaire resta surpris, voir presque insulté d'avoir été rejeté de cette façon, mais n'en était pas moins content de retrouver son espace. Voilà ma chance ! Il se recoucha, dos contre l'homme, son corps appréciant tout de suite la tiédeur dont il bénéficiait grâce à Rochefort.

Il détestait faire ce constat, mais il aimait beaucoup cette pression contre son corps, même s'il s'agissait de son « meilleur ennemi ». Il se rappelait la fois où, blessé, il s'était appuyé sur Aramis. Ou encore sur la route de Calais, lorsqu'il avait serré d'Artagnan dans ses bras….Oui, il détestait se l'avouer : le contact d'un corps contre le sien lui manquait terriblement.

Il soupira profondément. Dès qu'il sortirait de prison, il laisserait sa Bible et son catéchisme de côté et irait se trouver une fille chez Madame Morand ! Il en avait plus qu'assez, de se forcer à l'abstinence.

« Vous ne dormez pas ? » fit une voix derrière lui.

Couché sur le côté, Athos jeta un regard par-dessus son épaule. « Vous non plus, il me semble, » répondit le mousquetaire.

Rochefort se releva et s'assit lentement pour faire face à l'autre homme, laissant à Athos le loisir de s'allonger sur le dos et de s'étirer un moment. « Je connais des méthodes efficaces… » Sans sourciller, le borgne se déplaça sur le lit et alla s'asseoir directement sur le bassin d'Athos.

« Mais que… ?! » commença le mousquetaire. Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que Rochefort l'empoignait par le col de son pourpoint, le forçait à se redresser et à appuyer son dos contre le mur derrière lui.

« Laissez-moi faire… » chuchota le cyclope à l'oreille d'Athos après s'être penché vers lui, ce dernier frissonnant lorsqu'il sentit le souffle chaud du comte caresser son cou. Il n'avait plus du tout froid : tout son sang bouillait de plaisir sous l'érotisme de la position de leurs corps. Il sentit même la sueur perler à son front et une vague de chaleur soudaine le submerger tout entier lorsqu'il perçu la main de l'homme contre le bas de son abdomen. Se frayant un chemin entre les plis de sa chemise, les doigts trouvèrent les agrafes de sa culotte : celles-ci furent détachées avec une lenteur lascive…Rochefort était vraiment un homme qui aimait la torture sous toutes ses formes.

« Ahhhh », gémit Athos tandis que l'autre libérait son érection et la caressait sensuellement. Il ferma les yeux et se laissa sombrer dans le plaisir. A quand remontait la dernière fois où il avait été caressé aussi adroitement ? Les doigts enroulés autour de son membre durci exerçaient une pression parfaite, ni trop forte, ni trop légère. Son pouce en balayait l'extrémité en mouvements circulaires; parfois, son index le rejoignait et tous deux le pinçaient doucement. Athos se mordait alors la lèvre inférieure afin de rester le plus discret possible, mais Rochefort pouvait tout de même percevoir, provenant du fond de sa gorge, des grondements de pur délice.

Athos perçut alors le son du froissement de tissus : ouvrant lentement les yeux, il vit que Rochefort détachait aussi son vêtement d'une seule main, sans cesser de le toucher. Bientôt son propre sexe fut aussi libéré.

Tandis que Rochefort approchait son érection de plus en plus d'Athos, ce dernier eu soudain des sueurs froides. Est-ce que Rochefort allait le sodomiser ? Malgré la panique, il ne bougea pas.

Le capitaine, sentant la crainte du mousquetaire, sourit légèrement. Il se pencha et laissa ses lèvres frôler très légèrement celles d'Athos. « Non, pas ça... » murmura-t-il, semblant avoir deviné ses pensées. Forçant leurs bassins à se presser l'un contre l'autre, Rochefort attrapa d'une seule main leurs deux membres et se mit à les caresser à l'unisson.

Athos se laissa faire : qu'importe si ce touché provenait d'un homme ou d'une femme…personne n'en saura jamais rien, de toute façon ! C'était si bon, ce contact corporel après tout ce temps de disette…il aurait aimé qu'il dure toute la nuit ! Mais déjà il sentait son plaisir grimper en vitesse, et il savait qu'il n'en aurait plus pour très longtemps avant d'exploser. Encore un peu…oui…un peu plus vite, oui !...

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Athos se réveilla en sursaut, haletant, son entrejambe douloureusement gonflée par un orgasme interrompu juste au bon moment. Confus, il regarda autour de lui : il était dans sa cellule, au Châtelet…et Rochefort dormait paisiblement à ses côtés.

« Je deviens fou…me voilà qui rêve de jouir dans les mains d'un homme ! » pensa-t-il, l'obscurité camouflant son visage rouge de gêne. Avait-il gémit durant son sommeil ? Avait-il dit quelques paroles compromettantes ? Par chance, l'autre était endormi…

Il soupira profondément. Dès qu'il sortirait de prison, il laisserait sa Bible et son catéchisme de côté et irait se trouver une fille chez Madame Morand ! Quelle idée aussi, de se forcer à l'abstinence! En attendant, peut-être qu'il pourrait se soulager un peu ?... Portant la main vers son sexe, il s'apprêtait à se complaire mais il arrêta son geste. Mais non, ça réveillerait certainement Rochefort !

« Vous ne dormez pas ? » fit une voix derrière lui qui le fit sursauter.

Couché sur le côté, Athos jeta un regard inquiet par-dessus son épaule. « Vous non plus, il me semble, » répondit le mousquetaire en tentant de garder son calme.

Rochefort se releva et s'assit lentement pour faire face à l'autre homme. « Je connais des méthodes efficaces… »

Athos ne fit aucun mouvement de recul lorsque Rochefort se pencha vers lui…

FIN

FIN ALTERNATIVE….Auto-dérision ;)

Rochefort se releva et s'assit lentement pour faire face à l'autre homme. « Je connais des méthodes efficaces… »

Athos ne broncha pas quand Rochefort, un rictus sur les lèvres, se pencha vers lui très lentement…avant de lui asséner un formidable coup de poing sur le front. Athos perdit aussitôt conscience et s'écroula comme une masse sur la couche.

« Trop facile ! » se moqua Rochefort en se recouchant à côté de la forme inerte du mousquetaire...

…. FIN