Libère-moi

Auteur : Yohko the demo

Fandom : Naruto

Genre: angst. Comme d'hab. Y a du fluff aussi. Des insinuations yaoi, et du futur yaoi déclaré. Et pis du gore hein, après tout c'est moi qui écris XD

Disclaimer : Pas à moi, tout à Kishimoto, bla bla bla, on aura compris…

Note : Fic spéciale de Nowel rien que pour Fennel mon beau seme, alias Shihodo, allez baver sur ses fics elles sont BIEN.

Note 2: Fic que je reposte paske je l'avais enlevée, désolée si j'ai fait des faux espoirs à quelqu'un, c'est pas un nouveau chap '


« Hey Jira ! Tu viens, y en a de la bonne chez Mizu ce soir ! »

« Attends-moi merde ! »

« Mais bouge-toi y en aura plus ! »

« T'inquiètes ils me connaissent… »

Jiraya accéléra tout de même le pas. C'était rare, à Konoha, de trouver de la morphine pure. Rare, et dur d'en avoir, heureusement que sa réputation le précédait. Au début, ça avait été dur, mais il s'était vite imposé.

On ne savait pas vraiment qui il était dans les bas-fonds, juste qu'il était un ninja très fort, presque du niveau d'un anbu.

Bien que certainement trop drogué pour être anbu.

Heureusement, les rumeurs le concernant n'étaient jamais parvenues aux quartiers où vivaient les ninjas qu'il côtoyait le jour. Bien sûr certains moyennes classes chargés de faire respecter la loi devaient avoir fait le rapprochement, il n'y avait pas deux adolescents de quinze ans avec sa force et son physique, mais pour l'instant aucun membre de son équipe ne semblait au courant, et c'était tout ce qui comptait.

Mais au fond, est-ce que ça importait vraiment ? Peut-être qu'Orochimaru le regarderait enfin ?

Il le mépriserait, sûrement.

Jiraya sentit les larmes sous ses paupières et se mordit vivement les lèvres. Puis la drogue entra dans son organisme et il oublia, ou en tout cas essaya.

Morphine, héroïne. Encore d'autres sûrement. C'était une soirée d'éclat, une soirée où l'on mélange tout, où les hallucinations semblent encore plus réelles que d'habitude.

Une soirée de faste et de débauche, de terreur parfois, mais toujours de grosses conneries.

Une soirée idéale pour oublier et se réfugier dans un monde utopique mais plus brillant.

Ses pensées dérivaient de plus en plus à mesure que la drogue se propageait dans son organisme. Il ne pensait même plus, il se contentait de se perdre dans les myriades de couleurs et de sensations qui l'envahissaient.

Il ne vit pas la silhouette qui se glissait d'ombre en ombre, silencieuse et invisible.


Tsunade s'arrêta devant sa porte, hors d'haleine. Elle contourna la maison et rentra discrètement par la fenêtre de sa chambre, restée ouverte.

Elle resta prostrée contre le mur, les images qu'elle venait de voir dansant dans son cerveau.

Jiraya, au milieu des dealers minables.

Jiraya, une seringue dans le bras.

Jiraya, les yeux fous, dans le même état que tous les autres.

Il était visiblement un habitué. Et elle n'avait absolument rien vu.

Un sanglot lui déchira la gorge et l'âme. Elle pleura longtemps, essayant d'étouffer ses cris de rage et de douleur dans son oreiller.

Elle finit par essuyer ses larmes et se coucher, mais elle ne dormit pas de la nuit, pleurant encore par intermittence.

Que faire ?


« Jira ! »

« Mmh quoi ? »

« Faut que je te parle. »

Etait-ce le ton, les paroles, l'air sérieux de la jeune femme ? En tout cas, l'adolescent terrible sentit son cœur plonger dans sa poitrine.

Il passa tout l'entraînement à essayer de se raisonner, de se calmer, elle ne pouvait pas savoir, il avait été prudent, et même si elle savait, ça changeait quoi ?

Mais quand elle le rattrapa à midi et lui demanda si elle pouvait manger avec lui, il ne put empêcher son cœur de s'affoler une fois de plus.

« Mais bien sûr princesse ! »

Elle s'installa en silence pendant que Jiraya fouillait dans sa cuisine à la recherche de restes potables, dissimulant avec une sueur froide les tubes suspects.

« Et voilà princesse, le met du chef ! J'ai plus que du ramen, désolé. Va falloir que j'aille dépenser les sousous du village pour m'acheter à bouffer ! »

« Et le village, il sait ce que tu en fais vraiment de ses sous, ou je suis la seule ? »

« Il sait que je les utilise pour me payer une vie correcte, avec nourriture et vêtements, oui. »

« Et le reste, tu l'achètes comment alors ? Parce que c'est sûrement pas gratuit ? Tu prends l'argent des missions ? Tu bosses au noir ? Tu tabasses les dealers ? Tu deales ? Me dis pas que tu te vends, je crois que je le supporterais pas. »

Jiraya soupira. Mauvais, très mauvais. Garder son calme, surtout ne pas craquer. Rester vague. Essayer d'obtenir tout ce qu'elle sait, ensuite contre-attaquer.

« Je fais comme je peux… Je rends des services aux gens. »

Il la dévisagea, essayant de lire ses pensées, prêt à contrer ses piques, prêt à sauver sa damnation.

Elle détourna la tête la première.

« Comment t'en es arrivé là ? »

« Parle pas comme si c'était une catastrophe… »

Mener le jeu des questions. Savoir. Qu'est-ce qu'elle sait. Avoir tous les éléments en main, puis frapper juste.

« Tu te fous de moi ? Je t'ai vu en train de te shooter à l'héroïne, à la morphine, et probablement à la majorité des drogues existant sur Terre ! C'EST une catastrophe ! »

Elle sait tout. Elle l'a mis à jour. Il faillit paniquer, puis se reprit. Elle ne sait pas tant de choses. Son savoir est trop récent.

« T'as rien à dire, t'es pas ma mère que je sache ! »

Savoir, toujours le même mot. Quelle carte poser. Quel jeu jouer face à elle. Comment l'enfermer.

« Quand un de mes amis va mal, si, je le dis ! »

Ami.

Jiraya sentit son mode automatique s'effondrer et ses barrières craquer l'espace d'un instant. Ami. Pas juste équipier, non. Ami. Etre cher.

Il détourna les yeux.

« Dis-moi, Jira. Dis-moi. »

« Mais qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Ouais, je me drogue. Je bois, je fume, je couche avec la première venue. Et après ? »

« Tu sais ce que tu fais là ? Un suicide. C'est rien d'autre que ça, un suicide. »

« Au moins je contrôle ma vie écoute. »

« Tu contrôles rien du tout, et tu le sais ! Il faut que t'arrêtes, maintenant. Il faut que t'arrêtes. »

Sa voix n'était plus qu'un souffle. Des larmes perlaient dans ses yeux.

Jiraya sentit brièvement les siennes, avant qu'elles ne sèchent. Il ne pouvait pas pleurer.

Maintenant il sait. Quelle carte poser. Quel jeu jouer. Les barrières sont revenues, il protège ses conneries, il protège sa damnation. Il la protège. Il les protège tous.

« T'inquiètes, je sais bien. Je suis en train de baisser les doses là, je vais arrêter. Ca va pas se faire en un jour, c'est long une désintox', mais je vais y arriver. »

« Promis ? »

Elle est enfermée maintenant.

« Bien sûr. »

Si facile. S'est-elle jetée volontairement dans le piège ? Peu importe, le résultat est le même.

« S'il te plaît, n'en parle à personne. Je préfère le faire moi-même. Je le dirai à Sarutobi quand je serai débarrassé de cette saleté. Peut-être pas à Oro, hein ! »

Rire. Sourire. Plaisanter, mais avec la dose suffisante de gêne. Mener le jeu jusqu'au bout.

« Tu me promets que tu vas arrêter ? »

« Oui ! »

« Ok… Si jamais tu as besoin d'aide, je suis là, d'accord ? Je serai toujours là pour t'aider je te le promet. »

« Merci, princesse… »

Les barrières vacillent, mais tiennent bon cette fois. Il a déjà signé son contrat.

Tsunade soupira doucement et sourit doucement, puis entama son bol de ramen.


Jiraya entra dans sa salle de bain. Il n'était pas sorti ce soir. Tsunade le surveillait, il le savait. Elle l'avait laissé la voir, elle voulait qu'il sache qu'elle ne le laisserait pas faire.

Peut-être qu'au bout de deux mois, elle avait fini par comprendre quelle dupe elle était, ou quel menteur il était.

Il n'était pas sorti, ce soir, mais il avait ses réserves personnelles à la maison. Il avait tout fini.

Complètement défoncé, il fixa le miroir, paniqué. Il n'arrivait pas à voir son reflet. Il n'avait plus de reflet. Il n'existait plus. Mais il y avait des Créatures, partout autour de lui.

Il n'arrivait pas à distinguer les choses, tout était faussé. Il essaya de fracasser la glace, mais au bout de ce qui lui sembla un siècle d'acharnement à la frapper, il renonça et s'écroula sur le sol.

Puis, lentement, luttant contre les Créatures qui essayaient de le retenir, il se traîna jusqu'à sa chambre.

Il y avait des bouteilles quelque part, il le savait. De l'alcool. Pour partir encore plus. Les Créatures les gardaient, mais il les vaincrait. Il était Jiraya, disciple de Sarutobi et équipier de Tsunade et d'Orochimaru.

Il roula mollement sur le côté et attrapa une canette de bière à moitié pleine. Il n'arriva pas à trouver l'opercule et s'en renversa la moitié dessus avant de réussir à en laper une gorgée, qu'il recracha aussitôt.

La canette vola et une bouteille vide suivit, allant s'écraser contre le mur trop proche.

Il gémit, il y avait des éclats de verre partout, et du sang sur ses mains. Il savait que c'était dangereux, qu'avec toute la morphine il ne sentirait sûrement pas la douleur à temps, mais il ne voyait pas quoi faire.

Il réussit par miracle à attraper une autre bouteille. Il ne savait même plus ce qu'il y avait à l'intérieur, mais il le but. Il ne sentit même pas le liquide qui coulait sur son torse et son visage, ni ses quintes de toux. Il ne sentait plus rien, il ne voulait qu'une seringue.

Il laissa tomber la bouteille et resta là, sans bouger pendant un temps à la fois long et court.

Puis il essaya de bouger, mais son corps se rebella et un violent haut-le-cœur l'obligea à tourner au moins tête sur le côté pour vomir, tordu par les spasmes mais sans ressentir aucune douleur.

Ca n'allait pas, il lui fallait plus, il lui fallait quelque chose qui le fasse voler trop haut pour pouvoir jamais redescendre, il lui fallait quelque chose qui l'emmène loin des horreurs de la vie.

Il gémit à nouveau, mais il n'entendit rien, alors il se mit à crier. Il fallait que la drogue vienne, il ne savait plus où elle était, il en avait besoin.

Il était inconscient lorsque Orochimaru défonça la porte de l'appartement et que Tsunade se précipita dans sa chambre.


Tsunade s'était endormie, allongée sur trois chaises de la salle d'attente. Sarutobi avait dû s'absenter pour régler une affaire urgente.

Orochimaru, sûr que personne ne pouvait le voir, appuya sa tête contre le mur et ferma les yeux.

Il avait une migraine terrifiante, et l'image de Jiraya, allongé sans connaissance au milieu des bouteilles, des cachets et de tout ce qu'il avait rejeté ne cessait de le hanter.

Il en était sûr, il avait vu des larmes sur les joues de son coéquipier, mêlées au vomi et à l'alcool.

Il y avait des larmes aussi dans les yeux de Tsunade lorsqu'elle leur avait dit tout ce qu'elle savait.

Il se planta vivement les ongles dans la main et laissa couler les siennes, qu'il retenait depuis le début de la soirée, en même temps que son sang.

Il fallait qu'il reste fort, il ne fallait surtout pas craquer en ce moment.

Mais la culpabilité qu'il ressentait était si forte.

Comment avait-il pu louper ça ? Toutes les pièces du puzzle, toutes ses impressions vagues s'assemblaient. Huit mois qu'il le sentait confusément. Huit mois que l'autre idiot se tuait en riant.

Mais le pire était sans doute qu'il ne comprenait pas pourquoi il s'en voulait autant. Il aurait dû en être conscient, certes, il avait commis une erreur.

Mais pourquoi se sentait-il donc responsable de ce qui arrivait à ce crétin ?

Pourquoi s'en voulait-il de l'avoir laissé sombrer ?

Ca n'était pas si grave. L'équipe s'en sortirait sans lui le temps qu'il revienne à un état meilleur.

Alors, pourquoi ?

Il décrispa les doigts et se lécha lentement la main pour essuyer le sang, avant d'essuyer également les quelques larmes sur ses joues.

Une infirmière surgit soudain par la porte comme un ninja hors de l'ombre, et il s'empressa de baisser sa main.

« Vous êtes là pour Jiraya ? Vous pouvez entrer, mais il dort. »

Il se leva sans un mot et s'approcha de Tsunade pour la réveiller.

Mais elle se redressa sans l'attendre et se dirigea vers le couloir. Ainsi, elle ne dormait pas ? Il aurait dû s'en douter. Une erreur de plus. Enfin, elle lui tournait le dos, elle n'avait sûrement rien vu.

Il essaierait de savoir plus tard.

Jiraya était bien endormi, le corps enfoui sous une épaisse couverture. Il avait des cernes immenses, le teint beaucoup trop pâle. Il paraissait même plus maigre.

Tsunade s'assit sur une chaise à côté de lui et Orochimaru s'appuya contre le mur au pied du lit.

Et ils attendirent.

Les minutes s'égrenèrent dans le silence feutré qui régnait dans l'hôpital de nuit, parfois rompu par le passage d'une infirmière.

Le masque à oxygène sur le visage de leur équipier se couvrait périodiquement de buée, en rythme avec sa respiration. Tsunade comptait les secondes à l'intervalle, prête à intervenir au cas où il serait trop long.

Orochimaru, la voyant devenir de plus en plus frénétique, s'avança et lui posa une main sur l'épaule.

Elle sursauta, puis baissa la tête.

« Mais qu'est-ce qu'on va faire ? »

La question sembla résonner.

« Chut… Pour l'instant on va rester avec lui, et puis on trouvera. »

« On va le sauver, hein ? »

« Bien sûr. »

Sa voix ne trembla pas, son corps resta impassible. Il savait se maîtriser.

Mais l'avenir lui paraissait soudain trop nébuleux.

Et le fait qu'il y attachait de l'importance le déroutait encore plus.

Il s'assit à côté de Tsunade et contempla longuement le visage de Jiraya, jusqu'à ce que l'infirmière les mette dehors et qu'ils se retrouvent face à un Sarutobi plus ridé que la veille.

« Rentrez. Demain on organisera des tours de garde. »


Jiraya se redressa précautionneusement et arracha l'aiguille plantée dans son bras. Mauvaise aiguille, quelle ironie.

Il repoussa les couvertures et posa ses pieds sur le sol froid. Sa tête tournait, ses perceptions étaient complètement faussées, il avait du mal à réfléchir. Il avait vraiment fait un mauvais trip.

Mais le pire, c'est qu'il était encore en bas, encore en vie.

Il n'avait qu'une seule certitude : il ne voulait pas rester dans cet hôpital, rester en vie.

Il alla vers la fenêtre et l'ouvrit. Premier étage. Pas facile avec ses sens chamboulés, mais pas infaisable.

Il inspira à fond l'air froid de la nuit, puis monta sur le rebord. Il manqua glisser, mais se rétablit de justesse et regarda le sol. Il avançait et reculait devant ses yeux, et ses mains tremblaient. Il inspira de nouveau à fond, puis se laissa glisser le long du mur. Ses mains lâchèrent soudain le rebord et il s'écroula brutalement sur le sol.

Il resta allongé un moment, le souffle coupé et des papillons devant les yeux. Puis, au bout d'un long moment, il se redressa en frissonnant et avança d'un pas hésitant vers le grillage ceignant le petit parc.

Il se souvenait vaguement de quelque chose qui aurait dû l'empêcher d'y retourner et d'en finir pour de bout, mais son cerveau était un trop lointain souvenir pour y consacrer plus d'efforts.

Il faillit tomber mais se rattrapa de justesse. Ses pensés incohérentes tournaient autour d'un seul mot : drogue.

Soudain, quelque chose bougea devant lui. Il recula, mais trébucha et s'étala de tout son long, le souffle à nouveau coupé.

Un visage se pencha vers lui. Le teint pâle, les longs cheveux noirs, les yeux vivants sous la couche de glace… Orochimaru.

Et puis la glace sembla fondre, et des bras l'aidèrent à se relever.

Voyant qu'il tenait à peine sur ses jambes, le serpent soupira puis le hissa sur son dos. Incroyable ce qu'il était léger, il avait vraiment beaucoup maigri.

Sur le dos de son équipier, Jiraya se laissa aller et enlaça étroitement son cou, rendant presque sa respiration difficile. Il lui semblait avoir identifier ce qui le retenait, qui l'empêchait de partir.

Il posa son visage sur son bras replié, le nez dans les cheveux d'Oro, et ferma les yeux, souriant.

Il était bien.

Le porteur raffermit sa prise et s'avança vers l'hôpital. L'imbécile avait besoin de soins.

Et puis, son corps et son cœur s'affolaient trop à son contact.

Il se mordit les lèvres. Il savait que ça n'était pas bon. Il ne devait jamais être trop proche de quelqu'un, c'était trop dangereux, le manque de contrôle trop important.

Il se demandait pourquoi il le ramenait. Il ferait mieux de le laisser partir et mourir dans un coin sombre comme un simple drogué, anonyme. Tsunade et Sarutobi lui en voudraient à mort. Il trancherait en une fois les trois liens qui le rattachaient à trop de sentiments.

Oui, il devait faire ça. Mais pourquoi ne s'arrêtait-il pas ?

Il ralentit le pas. Peu importe si c'était dur et peu importe pourquoi ça l'était, il devait le faire.

Mais Jiraya bougea doucement la tête, rapprocha sa bouche de son oreille et lui murmura d'une voix rauque « Merci Oro… »

Etaient-ce les mots, la chatouille des cheveux de Jiraya sur sa joue, son souffle dans son oreille, son étreinte désespérée ?

Ses résolutions s'évanouirent comme la neige au soleil.

« C'est normal. »

Il remonta par la fenêtre pour ne pas alerter les infirmières et recoucha son fardeau. Ses yeux étaient trop brillants. Il remonta les couvertures, puis allait partir lorsque sa main fut retenue.

« Me laisse pas tout seul… »

Il tint bon.

Trois virgule cinq secondes.

Puis abandonna.

« Ok, laisse-moi au moins fermer la fenêtre.Lâche-moi, je te dis que je reste ! »

Jiraya lâcha sa main à contrecœur, puis la rattrapa aussitôt qu'il revint.

Orochimaru essaya de rapprocher une chaise, puis renonça.

« Pousse-toi un peu. »

Il se glissa sous la couverture, laissant le drap fin pour les séparer.

Le malade se serra contre lui et il fut bien obligé de lui ouvrir les bras.

Ils s'endormirent ainsi enlacés, la tête de Jiraya contre son torse, ses lèvres perdues dans ses cheveux.

Il se demanda l'espace d'un instant dans quoi il s'était embarqué, puis décida de laisser tomber.


« Orochimaru a quitté son poste cette nuit ! »

« Tsunade… »

« Vous devriez l'engueuler maître ! Et si Jira s'était enfui, hein ? »

« Tsunade… »

« Il abuse vraiment cette fois ! Et où il est maintenant hein ? »

« Derrière toi. »

Tsunade interrompit net la réplique sur le point de passer ses lèvres.

Orochimaru referma la porte de la chambre et fit signe à Tsunade de se taire avant de l'entraîner dans le couloir, suivi par un Sarutobi mort de rire.

« T'étais où bordel ! »

« Dans sa chambre. »

« Oh. Et qu'est-ce que tu foutais dans sa chambre ? »

« Je le surveillais. »

Pas une hésitation, ton formel voire ennuyé, rien d'anormal.

A part que surveiller quelqu'un allongé dans le même lit et le nez dans son cou n'était pas une position des plus banales.

Devant l'air dubitatif de Tsunade et celui plus moqueur de Sarutobi, il soupira.

De toute façon, ça se reproduirait sûrement.

« Il a essayé de s'enfuir, je l'ai ramené dans sa chambre, c'est tout. Et il aurait pu aller chercher de la morphine dans les réserves de l'hosto. »

« Ah… »

L'histoire de la morphine ne tenait pas debout, tout le matériel étant dûment gardé, même contre l'un des trois grands disciples de Sarutobi, mais il fallait bien une justification, et il se voyait mal avouer qu'il avait craqué devant les yeux trop brillants et la voix suppliante de celui qu'il devait garder.

C'est vrai, on a une réputation, on la respecte.

Un Orochimaru ne se laisse jamais avoir par un Jiraya, si convaincant soit-il.

Soudain, des éclats de voix retentirent dans tout le bâtiment.

« Ca, c'est l'autre pervers… » Soupira Tsunade avant de suivre les deux hommes vers la chambre.

Un infirmier les accosta quelques mètres avant.

« Il est devenu complètement fou, il refuse toutes les perfusions, il a même essayé de tuer le médecin ! »

Un peu plus loin, le pauvre homme haletait, cloué contre le mur. A ses pieds, une enfilade de trous et de kunais plantés dans le sol allant jusqu'à la porte béante.

Tsunade fronça vivement les sourcils.

Orochimaru s'écarta d'un pas, lui cédant le passage.

Elle se jeta littéralement dans la chambre. L'instant d'après, la dernière infirmière se retrouva propulsée dehors et la porte claqua violemment.

On entendit pendant quelques minutes une série de hurlements et de bruits de violent combat et d'objets cassés, puis tout redevint calme.

Dans le couloir, on aurait pu entendre une fourmi éternuer.

Orochimaru sourit, puis ouvrit tranquillement la porte, entra nonchalamment et la referma silencieusement.

La pièce était bien digne d'un lieu d'affrontement entre ces deux-là. Les divers équipements médicaux étaient brisés, le lit en morceaux, chaises et tables éparpillées et presque déchiquetées, des fleurs piétinées répandues un peu partout.

Leur salaire allait être sucré pendant un bon bout de temps, heureusement qu'ils rendaient au village de grands services par les missions accomplies.

Jiraya était recroquevillé dans le coin à l'opposé de la fenêtre, les bras enserrant ses genoux et la mâchoire crispée.

Tsunade était debout face à lui, un pied de chaise encore à la main.

Le serpent lui passa une main dans le dos qui la fit presque sursauter, puis alla s'accroupir auprès de l'adolescent.

« Hey ? »

Il eut à peine le temps de prendre appui avant que son équipier se jette contre lui. Il referma ses bras autour de son corps tremblant et le serra doucement, le visage dans ses cheveux.

Ils restèrent ainsi à se balancer doucement, et Tsunade vint s'agenouiller auprès d'eux pour caresser avec une délicatesse contrastant sa force le dos de Jiraya.

« Vous allez m'aider ? Me laissez pas tomber, s'il vous plaît, s'il vous plaît… »

« T'inquiètes pas… »

La jeune femme lui passa la main dans les cheveux.

« On va pas laisser un ami dans cet état » Sourit –elle en ravalant ses dernières larmes.

Jiraya releva la tête et plongea son regard dans celui d'Orochimaru.

« Vrai ? »

Tsunade se mordit les lèvres. Pourvu qu'il ne fasse pas de gaffe, pourvu qu'il comprenne, pourvu qu'il ne reconstruise pas le mur du « coéquipier » !

Mais il se contenta de sourire doucement et d'embrasser le front du ninja.

« Bien sûr que c'est vrai, crétin. »

Sarutobi, appuyé contre le montant de la porte, fut presque surpris.

Les yeux de son disciple le plus talentueux mais le plus glacial étaient chaleureux.

Et sincères.